1,2,3,4,5,6,7,8,9,10,11,12,13,14,15,16,17,18,19,20,21,22,23,24,25,26,27,28,29,30,31,32,33,34,35,36,37,38,39,40,41,42,43,44,45,46,47,48,49,50,51,52,53,54,55,56,57,58,59,60,61,62,63,64,65,66,67,68,69,70,71,72,73,74,75,76,77,78,79,80,81,82,83,84,85,86,87,88,89,90,91,92,93,94,95
Lupin d’hiver : les 7 points-clés de réussite de l’implantation du protéagineux
Terres Inovia a listé les sept facteurs à ne pas négliger pour réussir l’installation de la culture et lui donner toutes ses chances.
Bien que rustique, le lupin d’hiver nécessite une certaine vigilance au moment de l’implantation, étape clé de la réussite de la culture. Celle-ci se prépare dès la récolte du précédent. Tour d’horizon des éléments incontournables pour donner toutes ses chances à la culture.
1) Bien choisir la parcelle
Le lupin d’hiver est une plante rustique, qui nécessite peu d’interventions en cours de campagne si tant est que son implantation soit réussie. Le premier facteur de succès de la culture réside donc dans le choix de la parcelle. En effet, le lupin est une culture exigeante en termes de sol.
Ainsi, doivent être évitées :
- les parcelles hydromorphes. Le lupin est très sensible aux excès d’eau, beaucoup plus que le pois ou la féverole ;
- les parcelles qui présentent un taux de calcaires actifs supérieur à 2,5%. Le calcaire actif bloque le développement du lupin, qui jaunit, reste nain et finit par disparaître ;
- les parcelles qui présentent un fort risque de salissement. Peu de solutions sont homologuées sur lupin, la gestion de l’enherbement est un point sensible de l’itinéraire technique de la culture.
2) Anticiper le risque mouche des semis
La mouche des semis est un des principaux ravageurs du lupin. Attirée par les composés organiques volatils émis par les pailles fraîches en décomposition, la femelle y pond plusieurs centaines d’œufs. Durant les trois semaines qui suivent, la larve alléchée par les graines en germination, peut s’attaquer aux jeunes plantules de lupin. Elle creuse alors des galeries dans les cotylédons, les tigelles et les jeunes pousses, détruisant le germe et provoquant le pourrissement des tissus. La période de risque pour le lupin se situe avant le stade 4 feuilles ; au-delà, les tissus sont assez durs pour résister.
Afin de prévenir le risque mouche, trois leviers doivent être actionnés :
- la gestion des pailles : sitôt la récolte terminée, il est important d’en exporter au maximum afin de limiter la présence de résidus végétaux frais sur la parcelle ;
- la préparation du sol un mois avant le semis afin d’enfouir au maximum les pailles restantes, puis ne plus toucher au sol ;
- semer en travaillant au minimum le sol, dans des conditions ressuyées, à 3 cm maximum de profondeur, afin de favoriser une levée dynamique et atteindre rapidement le stade 4 feuilles.
- Ces leviers permettront également une gestion des limaces, second ravageur problématique pour le lupin.
3) Raisonner le choix variétal
Quatre variétés de lupin d’hiver sont inscrites au catalogue (Orus, Magnus, Ulysse et Angus). Orus et Magnus sont principalement multipliées aujourd’hui. Le choix doit se faire en fonction du débouché envisagé (couleur des graines, teneur en protéines...) ainsi que de la localisation de la parcelle, en considérant les aspects liés à la résistance au froid et la précocité à floraison. Attention à utiliser des graines saines : la principale maladie du lupin, l’anthracnose (Colletotrichum lupini) est transmissible par la semence.
4) Penser à l’inoculum
Contrairement au pois ou à la féverole, le rhizobium spécifique du lupin (Bradyrhizobium lupini) n’est pas naturellement présent dans tous les sols français. Il est donc fortement conseillé d’inoculer une parcelle portant pour la première fois du lupin, afin d’assurer son autonomie azotée. Pour cela, un unique inoculum est accessible en France, Inoculum Lupin NPPL Tourbe, à appliquer sur les semences juste avant le semis.
5) Ne pas tarder à semer
Il est recommandé de semer le lupin sur les deux dernières décades de septembre, l’optimum se situant entre le 10 et le 20 septembre. Dans le Sud-Ouest, les semis peuvent être retardés jusqu’à la mi-octobre. Après ces dates, les jours moins longs et les températures fraîches ralentissent la levée du lupin, qui est ainsi davantage soumis aux ravageurs de début de cycle (mouches, limaces).
L’idéal est de semer dans de bonnes conditions de ressuyage afin de favoriser la mise en place d’un système racinaire solide, et une bonne nodulation.
Ne semer ni trop dense pour limiter le risque de maladie, ni trop profond : 25 à 30 graines/m², à 2-3 cm de profondeur pour un objectif de 20 à 25 plantes par m² en sortie d’hiver.
L’important est de favoriser une levée rapide et homogène, et de dépasser au plus vite le stade de sensibilité à la mouche des semis (avant le stade 4 feuilles).
6) Attention aux ravageurs de début de cycle
Si le lupin est peu soumis aux attaques de ravageurs en cours de culture, il demeure sensible en tout début de cycle, notamment à la mouche, mais également aux limaces, taupins et thrips, qui peuvent causer des dégâts importants. L’application d’un molluscicide à l’implantation peut s’avérer nécessaire.
7) Pas d’impasse sur le désherbage de prélevée
Enfin, un désherbage de prélevée est indispensable. Une unique solution antidicotylédones étant homologuée sur lupin d’hiver en post-levée, le désherbage de prélevée est obligatoire. Il est recommandé d'intervenir au plus près du semis en associant Cent 7 (isoxaben) avec du Centium CS (clomazone) ou du Bismark CS (clomazone et pendiméthaline)
Le désherbage mécanique peut également permettre une bonne gestion des adventices, et offre une solution complémentaire au désherbage chimique. Si le semis est réalisé au semoir à céréales, un passage de herse-étrille peut être envisagé 3 à 5 jours après le semis. Plus efficace, l’utilisation de la bineuse quand le semis le permet, entre les stade 4 feuilles et début floraison, permet une bonne gestion des adventices en post-levée du lupin.
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Pour aller plus loin Terres Inovia propose un guide de culture complet du lupin |
Contact : B. Remurier, b.remurier@terresinovia.fr
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Choix variétal en colza : l’outil Myvar prend en compte le rendement et l’agronomie
Pour vous aider à sélectionner les variétés de colza les plus adaptées à vos objectifs technico-économiques et à vos contraintes de production, Terres Inovia propose l’outil Myvar gratuit et en ligne. Les données sont issues d’évaluations rigoureuses obtenues en conditions réelles.
Chaque variété est classée selon un compromis entre sa productivité (rendement) et ses caractéristiques agronomiques (vigueur, tolérance aux maladies, à la verse, à l’élongation automnale, aux larves d’altises...), le tout compilé dans un indicateur unique : le mérite agronomique.
Les informations détaillées sur les variétés ainsi que la fonctionnalité permettant de comparer les profils variétaux restent accessibles.
Myvar, l’outil d’aide au choix variétal de Terres Inovia
est disponible gratuitement sur www.myvar.fr puis cliquez « Choisir ».
Il est consultable sur smartphone et ordinateurs.
Pour un détail du fonctionnement du site, rendez-vous sur la plateforme.
Contact : A. Van Boxsom, a.vanboxsom@terresinovia.fr
Récolte du tournesol : choisir un matériel adapté et maximiser la marge
La récolte est une étape essentielle. Parmi les points clés figurent le réglage adéquat de la moissonneuse-batteuse, le choix du bon stade et d’un système de coupe adapté au contexte de production. Récolter à l’humidité optimale permet de maximiser la marge économique.
Les suivis de chantiers de récolte du tournesol, réalisés par Terres Inovia entre 2020 et 2022 avec des conditions satisfaisantes (absence de verse, humidité des graines proches des normes commerciales de 9%), montrent des niveaux de pertes de graines libres et de capitules réduites, à la fois au niveau de la coupe et à l’arrière de la moissonneuse-batteuse.
Exemple de coupe standard aménagée avec des plateaux. Ici, les doigts des rabatteurs ne sont pas recouverts d’une plaque. Celle-ci limiterait le risque de « piquer » des capitules, qui peuvent alors être éjectés de la coupe. La forme arrondie et convexe du diviseur limite les phénomènes de « blocage » des plantes. Celui-ci entraîne leur verse à côté de la coupe. Il est à l’origine de l’essentiel des pertes (capitules au sol) lors d’un chantier de récolte. Crédit : Terres Inovia
Dans des conditions satisfaisantes de récolte, avec un réglage optimal de la machine et une coupe standard aménagée pour le tournesol, les pertes – sous forme de capitules éjectés au sol ou de tiges sectionnées ou écrasées avec le capitule – ont été comprises entre 10 et 1000 capitules/ha, soit un maximum de 80-100 kg/ha, équivalent à une perte maximale de 40 (en conventionnel) à 80 (en agriculture biologique) €/ha (1). Dans le cas de tournesols versés, les pertes peuvent être beaucoup plus élevées si le système de coupe n’est pas adapté à cette situation délicate mais exceptionnelle.
Ainsi, pour être récolté, le tournesol nécessite une adaptation de la coupe classique destinée à la récolte des céréales à paille.
Choisir un système de coupe adapté
Les coupes standards aménagées avec des plateaux sont une adaptation d’une coupe à céréales à paille et sont le premier équipement à s’être développé pour récolter le tournesol. L’investissement est limité puisqu’elles ne nécessitent pas l’achat d’une coupe spécifique et elles permettent de récolter des tournesols avec différents écartements entre rangs. En revanche, le débit de chantier est limité (plafond conseillé de surface récoltée estimé à 50 ha/an selon les constructeurs) et elles ne permettent pas de récolter des tournesols versés.
Les coupes intégrales spécifiques au tournesol peuvent être équipées d’un broyeur de cannes positionné sous la coupe. Dernièrement, ce type d’équipement est en progression en France. Le débit de chantier est important grâce à une vitesse d’avancement élevée (8 à 15 km/h), elles offrent un confort de récolte et de larges coupes (≥ 6 m), elles sont capables de récolter du tournesol avec différents écartements entre rangs et, pour certains modèles, de récolter et broyer en un seul passage. En revanche, l’investissement dans ce type de coupe spécifique au tournesol est important [avec un prix indicatif de 3 à 7 k€ HT (2) par mètre linéaire en 2024 ainsi qu’un surcoût significatif du broyeur ou d’une coupe pliable]. De plus, elles ne permettent pas de récolter des tournesols versés.
Les conditions de battage peuvent être différentes selon les parcelles et les variétés. Pour minimiser les pertes et obtenir une récolte propre, après avoir réalisé un premier réglage souvent automatique des différents organes de battage, il est essentiel de faire des ajustements durant le chantier de récolte. Crédit : Terres Inovia
Parmi les coupes intégrales, les coupes de type « stripper » ont un rouleau cranté sous la coupe qui tire les tiges pour une coupe juste au-dessous du capitule. Elles sont destinées à la récolte de grandes surfaces grâce à leur débit de chantier élevé. Avec des largeurs de coupes réduites, elles sont par ailleurs utilisées en tournesol de semences. En limitant la quantité de matière à battre, elles facilitent la récolte d’une culture encore humide, situation fréquente en production de semences.
Les becs cueilleurs sont soit de type maïs grain avec l’ajout d’un kit d’adaptation pour la récolte du tournesol, soit spécifiques à l’oléagineux. L’écartement entre les becs cueilleurs doit correspondre à l’écartement entre rangs du semoir. Cela peut être une limite pour les entrepreneurs de travaux agricoles qui récoltent chez différents clients qui possèdent des semoirs de divers écartements entre rangs. Ce type d’équipement permet de récolter des tournesols versés et, de façon générale, d’être particulièrement adapté à la récolte de tournesol hauts et végétatifs. S’agissant des kits adaptatifs, l’investissement dans un kit adaptateur est limité et cela permet de disposer d’un seul cueilleur pour le maïs grain et le tournesol. Les becs cueilleurs spécifiques au tournesol permettent un débit de chantier élevé. Ils représentent quant à eux un investissement significatif, de l’ordre de 3,5 à 5 k€ HT par rang.
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Pour aller plus loin |
(1) Hypothèse de prix de vente du tournesol : 400 €/t en conventionnel et 800 €/t en agriculture biologique.
(2) k€ = 1000 €.
Contact : V. Lecomte, v.lecomte@terresinovia.fr
Et pour lire l'article dans Arvalis & Terres Inovia, c'est ici.
Ravageurs du soja : Terres Inovia intensifie ses recherches en 2024
En raison des fortes attaques de pyrale du haricot sur les parcelles de soja en 2022 et 2023, l’institut avait mis en place plusieurs essais et réseaux de piégeage. Mais la campagne 2024 a été différente puisque le petit papillon a laissé la place à l’héliothis et les observations confirment ce qui avait été précédemment observé sur pois chiche.
Les attaques d’héliothis en août 2024 soulignent l’importance d’intervenir
tôt après les premières arrivées sur la parcelle.
Crédit : Quentin Lambert, Terres Inovia.
La pyrale du haricot (Etiella zinckenella) a causé d’importants dégâts en 2022 et 2023 dans les zones de production du soja en sec du Sud-Ouest notamment. Compte tenu de ce passif, Terres Inovia avait mis en place plusieurs dispositifs (essais et réseaux de piégeage) en 2024 de façon à progresser sur l’identification des moyens de lutte chimique et avec des trichogrammes entre autres, car « ceux-ci ne sont pas connus. En termes de solutions, on est un cran en retard », précise Arnaud Micheneau, ingénieur au sein de l’institut.
Très tôt après l’éclosion de l’œuf déposé par les femelles adultes, la larve de pyrale du haricot pénètre dans les gousses de soja, inflige des dégâts aux graines et est ainsi protégée de toute action de contact de l’insecticide. De plus, il est difficile d’atteindre par pulvérisation les individus présents sur les gousses les plus basses en raison de l’architecture du couvert de soja. Les essais mis en place dans le cadre de la lutte insecticide conventionnelle et biocontrôle avaient donc pour but de toucher les adultes à leur arrivée sur les parcelles. Toutefois, cette application sur les adultes pourrait avoir une action collatérale/secondaire (non encore mesurée) sur les larves lors de l’ingestion au moment où elles pénètrent dans les gousses.
Poursuivre l'évaluation des moyens de lutte
L’impact de la pyrale du haricot a été gobalement négligeable en 2024, toutefois un des deux essais Terres Inovia en Haute-Garonne a subi des dégâts importants (50 % de gousses attaquées dans le témoin non protégé) ; il a permis d’évaluer certaines solutions d’intérêt. La lambda-cyhalothrine, autorisée pour deux applications contre les punaises sur soja (modalité Karaté Zéon appliquée ici trois fois) a réduit le pourcentage de gousses attaquées à 20% ; avec deux applications de chlorantraniliprole (Coragen/Altacor), le pourcentage de gousses attaquées tombe à 10-15%.
Les efficacités obtenues sont encourageantes, de l’ordre de 60 à 80% (figure 1). Cependant le chlorantraniliprole (Coragen/Altacor) n’est pas homologué en soja, mais a fait l’objet d’une demande de dérogation par Terres Inovia en 2025. Des résultats complémentaires dans un essai punaise ont confirmé un intérêt de lutter contre l’adulte et d’appliquer de la lambda-cyhalothrine sur la deuxième quinzaine d’août dans le contexte 2024.
La détection du vol des pyrales de haricot, grâce au piégeage est un préalable indispensable au bon positionnement de la lutte, sur lequel, les travaux se poursuivent en 2025.
Des pistes vers des solutions efficaces contre l’héliothis
Ainsi, les redoutées punaises (Nezara viridula) et pyrales du haricot ont été discrètes en 2024, mais les héliothis (Helicoverpa armigera) ont été particulièrement présents et nuisibles dans certains cas. « Les essais pyrale du haricot ont néanmoins été conservés pour mesurer l’efficacité des solutions contre l’héliothis. Leur objectif initial a donc divergé de la valorisation », souligne Arnaud Michenau.
Première observation : la lambda-cyhalothrine, homologuée en soja contre la punaise verte mais qui ne bénéficie pas d’un usage contre héliothis, perd en efficacité. La résistance des populations d’héliothis à cette molécule semble généralisée et un insecticide de la famille des pyréthrinoïdes comme la lambda-cyhalothrine ne permettra pas de gérer les populations d’héliothis.
Seconde observation : dans l’essai conduit par la station d’Agen, le chlorantraniliprole (Coragen/Altacor) obtient de bons résultats. Terres Inovia met tout en œuvre avec la société FMC pour déposer auprès du ministère une demande de dérogation art53. Dans l’essai, deux applications ont été réalisées, car le protocole était initialement destiné à lutter contre la pyrale du haricot. « Cependant, par rapport à la problématique héliothis, une seule application suffit, ce qui est important en termes de coût économique », poursuit Arnaud Micheneau.
Troisième observation : parmi les solutions autorisées, les seules efficaces aujourd’hui sont à base de Bacillus thuringiensis ou Bt (Dipel DF testé dans l’essai, ou Costar WG, XenTari) ou à base de virus comme Heéicovex, non testé dans l’essai. Les travaux de l’Unilet, qui font référence en haricot (communication à la conférence Ciraa 2024 de Végéphyl), ne montrent pas de différences notables entre le Bt et Hélicovex dans les essais avec plus de 10% des gousses de haricot attaquées (efficacité respective de 58 et 51%).
Parallèlement, les résultats de l’essai mené au nord d’Agen confirment ceux précédemment acquis sur pois chiche ; et bien qu’il soit géolocalisé puisque c’est une problématique à 80% régionale, les résultats sont exploitables en national.
Intervenir rapidement dès les premières arrivées
Les attaques d’héliothis en août 2024 soulignent l’importance du positionnement avec une intervention rapide après les premières arrivées sur la parcelle. De manière générale l’intervention doit être d’autant plus rapide que les solutions à base de Bt ou de virus sont efficaces sur les premiers stades du ravageur. Un réseau de suivi des vols permettra de mieux positionner les interventions et de les renouveler. En effet, avec les Bt et Helicovex plusieurs interventions sont nécessaires ; selon les conditions météorologiques, il est recommandé de renouveler tous les 10-15 jours si l’activité persiste.
Contacts : A. Micheneau, a.micheneau@terresinovia.fr et L. Ruck, l.ruck@terresinovia.fr
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Colza associé à des légumineuses : une stratégie validée par les agriculteurs du Sud-Ouest
Cette technique complémentaire aux fondamentaux, dont fait partie l’implantation, limite le recours aux insecticides et augmente la quantité d’azote disponible pour la culture oléagineuse.
Échange entre techniciens et agriculteurs dans une parcelle de colza associé :
l’occasion de partager des retours d’expérience et d’ajuster les pratiques en collectif.
Crédit : Terres Inovia
Parce qu’elle confère au colza des bénéfices agronomiques incontestables, l’association colza-légumineuses séduit de plus en plus d’agriculteurs. Selon Terres Inovia, en 2023, un hectare de colza sur six était conduit de cette façon au niveau national. La motivation principale des producteurs est de réduire les attaques d’insectes et limiter le recours aux insecticides, ainsi qu’améliorer la quantité d’azote disponible pour le colza, limiter les risques d’asphyxie racinaire.
Dans le Sud-Ouest, des agriculteurs pionniers associent le colza à des légumineuses depuis plusieurs campagnes. Dans le cadre du projet Caso’Pure animé par Terres Inovia, ils ont été suivis par leur technicien au sein d’un groupe technique autour de cette thématique et composé de onze structures. Les résultats obtenus par ce collectif sont riches d’enseignements : l’association de légumineuses permet d’envisager la culture du colza différemment, en actionnant des leviers agronomiques efficaces (voir encadré).
Priorité à une implantation réussie
Toutefois, cette pratique, prise isolément, ne produit pas de miracle si les fondamentaux ne sont pas au rendez-vous. L’implantation reste un des clés de la réussite du colza.
Aussi, que le colza soit seul ou associé, l’interculture doit être raisonné avec soin. Il faut tenir compte de l’état structural du sol, de la gestion de la paille et du risque de salissement précoce pour adapter sa préparation. Une implantation précoce et soignée permet de sécuriser le démarrage du colza et des plantes compagnes en favorisant un développement optimal des légumineuses.
De plus, il est préconisé d’éviter les interventions trop profondes si elles ne sont pas nécessaires tout comme les passages multipliés qui vont assécher l’horizon de surface. Par conséquent, le semis en un seul passage est plus sécurisant, car il préserve la structure du sol et limite l’assèchement. Dans le cas de petites graines (trèfles, lentilles, fenugrec), il est possible d’utiliser le microgranulateur du semoir monograine pour les implanter en même temps que le colza. Sinon, il est possible de semer en 2 passages. Cette méthode est souvent utilisée en association avec la fèverole. Les interventions doivent alors être rapprochées, idéalement le même jour. Il faut rester vigilant à la profondeur de semis des petites graines. Des agriculteurs témoignent de leur pratique d’implantation du colza associé dans la vidéo suivante.
Espèces et densités à associer au colza
La densité de semis du colza reste inchangée : 30 à 60 graines/m² selon les pertes estimées, avec un objectif de 20 à 45 plantes/m². Du côté des légumineuses, l’intérêt est de combiner 2 ou 3 espèces pour cumuler les effets et sécuriser la réussite de la pratique. Les critères de choix peuvent être : le port, la précocité des espèces associées… Fenugrec et trèfle d’Alexandrie mono-coupe sont des espèces précoces qui ne nécessitent que rarement une destruction chimique, contrairement aux féveroles qui demandent d’adapter son programme de désherbage (dans le Sud-Ouest le gel n’est pas suffisant).
Quelques repères de densité de semi : lentille, vesce et fenugrec autour de 10-13 kg/ha, féverole 50-80 kg/ha. Pour les espèces pures, augmenter légèrement les doses. Dans le Sud-Ouest, attention aux vesces : sans gel marqué, elles peuvent concurrencer le colza au printemps.
Semis des légumineuses en cours :
une étape clé pour assurer une implantation réussie et homogène du mélange.
Crédit : Terres Inovia.
Adapter le désherbage est incontournable
Les programmes de désherbage classiques sont généralement phytotoxiques pour les légumineuses. Les traitements de pré-semis sont déconseillés et les applications de prélevées sont à éviter au maximum, car elles sont moins sélectives que les applications de post-levée. Cela rend cette pratique peu adaptée aux parcelles très infestées en adventices.
Pour les graminées, même stratégie que pour le colza seul, avec un rattrapage en hiver. En revanche, pour les dicotylédones, les doses et stades d’application des produits diffèrent d’un colza seul. Privilégier des applications au stade rayonnant, voire 2 à 4 feuilles du colza avec des produits types Alabama, Novall. Fractionnez en deux passages si besoin.
Les retours des agriculteurs montrent qu’il n’y a pas une seule bonne méthode, mais plusieurs sont possibles, selon les objectifs et le matériel disponible. Toutefois, une chose est sure, le colza associé, bien conduit, permet d’obtenir une culture robuste, plus résiliente face aux insectes et aux aléas climatiques et répondant aux attentes des agriculteurs.
Colza associé. Crédit : Terres Inovia.
Article paru dans Arvalis & Terres Inovia infos de juin 2025. A consulter ici.
Pour aller plus loin : Colza associé : une pratique aux nombreux avantages (Jeudi de TI, 15 mai 2025)
Contact : C. de Saintignon, c.desaintignon@terresinovia.fr
Colza : les variétés évaluées par Terres Inovia
Comment identifier les meilleures variétés de colza adaptées à sa région ? Grâce au réseau d’essais élargi conduit par Terres Inovia. Les performances des variétés – productivité, régularité, tolérance aux maladies – sont analysées avec un affichage régionalisé pour coller au plus près des réalités de terrain.
Les variétés de colza d’hiver, après leur inscription au catalogue par le CTPS, font l’objet d’une évaluation par Terres Inovia. Cette évaluation a lieu dans un réseau d’essais multi-local, qui couvre l’ensemble des régions de production. Afin d’évaluer plus de variétés, Terres Inovia a mis en place un nouveau réseau variétés colza avec plusieurs séries variétales dont un tronc commun. Ainsi les variétés sont présentes dans un nombre d’essais différent.
Pour pouvoir comparer les variétés, les indices de rendements sont donc désormais exprimés par rapport aux témoins (en 2024 : Felicano KWS, Helypse et LG Aviron).
Depuis 2023, trois nouveaux grands regroupements ont été créés : quart nord-est, quart nord-ouest et moitié sud. Les regroupements régionaux habituels sont conservés. Dans une quinzaine de lieux sont ajoutées des variétés issues du catalogue européen et des variétés résistantes à certains pathotypes de hernie des crucifères.
Ces essais font l’objet d’une double validation agronomique et statistique très rigoureuse. S’ils sont retenus, ils sont alors regroupés par grandes régions.
Ces données sont le résultat d’un travail collectif. Le réseau est composé d’environ cent essais mis en place, et réalisés en étroite collaboration avec nos partenaires du développement agricole : organismes stockeurs (coopératives ou négociants), Organismes professionnels agricoles (chambres d’Agriculture, Groupements de développement agricole, Centre d’études des techniques agricoles, lycées agricoles...), et avec l’Union française des semenciers.
Outre les aspects productivité et caractères technologiques, Terres Inovia conduit également des essais spécifiques pour l’évaluation de la tolérance aux maladies des variétés.
Le tableau présente les principales caractéristiques des variétés évaluées en 2024. Les graphiques reprennent les performances obtenues pour le rendement (en pourcentage de la moyenne des témoins, sauf pour le graphique de la série complémentaire nationale l’indice est calculé par rapport à la moyenne des essais) et la régularité de celui-ci correspond à la longueur de la barre : La longueur des barres illustre la régularité de la variété ; elle est égale à deux écarts types (ET). Plus la barre est longue, plus la variété est irrégulière.
Consultez l'intégralité des informations dans les PDF joints.
Contacts : C. Motard, c.motard@terresinovia.fr et E. Verdois, e.verdois@terresinovia.fr
Documents à télécharger
Consultez le dernier numéro d'Arvalis & Terres Inovia infos
Le numéro régionalisé de juin d'Arvalis & Terres Inovia infos est disponible et consultable en ligne (PDF téléchargeables ci-dessous).
A découvrir dans ce numéro :
OLÉOPROTÉAGINEUX
- Colza d’hiver : les variétés évaluées par Terres Inovia
- Colza associé à des légumineuses : une stratégie validée par les agriculteurs du Sud-Ouest
- Ravageurs du soja : Terres Inovia intensifie ses recherches en 2024
- Récolte du tournesol : choisir un matériel adapté et maximiser la marge
- Lupin d’hiver : les clés de réussite de l’implantation du protéagineux
Bonne lecture !
Documents à télécharger
Les effets bénéfiques des légumineuses pour des pratiques agricoles durables
Terres Inovia a partagé les résultats de travaux dans le cadre du projet européen Climate Farm Demo, confirmant les atouts des légumineuses pour des pratiques agricoles durables. Un webinaire à destination des conseillers techniques a même été organisé le 30 avril dernier.
Lancé en 2022, Climate Farm Demo est un projet européen visant à accélérer l'adoption de pratiques agricoles vertueuses pour atteindre la neutralité carbone d'ici 2050. Coordonné par l’Idele, il réunit 81 partenaires (dont Terres Inovia) dans 28 pays.
Dans le cadre de ce projet, un webinaire destiné aux conseillers techniques a été organisé, le 30 avril dernier, pour mettre en avant les effets bénéfiques des légumineuses pour des pratiques agricoles durables. Objectif : accompagner la transition climatique des agriculteurs européens, en particulier les 1500 producteurs qui sont partenaire du projet.
Visualisez le webinaire
Ces résultats portent principalement sur les effets bénéfiques des légumineuses en matière de fixation de l’azote, d’émissions de gaz à effet de serre (GES) et de rendement des cultures suivantes. Ils sont issus d’essais réalisés par Terres Inovia, Arvalis,l’INRAE et l’ADAS.
Une fixation symbiotique de l’azote par les légumineuses
Ces cultures permettent une fixation symbiotique de l’azote et peuvent donc être cultivées sans qu’il soit nécessaire de recourir aux engrais azotés. Selon les espèces de légumineuses, la fixation représente de 40 à 90% de l’azote présent dans ces cultures.
Une réduction des gaz à effet de serre (GES)
Les cultures de légumineuses émettent 70 à 80 % en moins de GES que les cultures à fort intrant azoté (blé, maïs, colza). L’empreinte carbone moyenne est inférieure à 1000 kg éqCO₂/ha par exemple pour le pois, la féverole et le soja. Les émissions de GES sont également réduites sur la culture suivante grâce à la baisse des apports d'engrais (-230 kg éqCO₂/ha pour un blé suivant pois par exemple).
Les effets positifs sur le rendement des cultures suivantes
• En agriculture conventionnelle
Le blé après une légumineuse augmente son rendement de +0,3 à +1,2 t/ha comparé à un blé après céréale. Les pratiques de fertilisation sont peu différenciées entre les précédents culturaux alors qu’il y a un potentiel de réduction de la dose d’engrais après une culture légumineuse.
• En agriculture biologique
Le gain de rendement est de +1,0 à +2,2 t/ha.
En résuméLes résultats présentés dans le cadre du projet Climate Farm Demo confirment que l’intégration de légumineuses dans les rotations culturales : |
En savoir plus sur le projet Climate Farm Demo
Arsène : accompagner le développement de la filière lupin
Le projet Arsène, qui a démarré en 2024, ambitionne de développer la filière de lupin blanc. Focus sur cette légumineuse à graines riches en protéines et sur le rôle de Terres Inovia dans ce projet.
Dans un contexte de transition agroécologique et alimentaire favorable à l’émergence d’une nouvelle filière protéique, la culture du lupin est pleine de promesses. Fixatrice d’azote atmosphérique, sa graine est, en outre, riche en protéines.
- Retrouvez nos conseils techniques sur le lupin d'hiver et le lupin de printemps
Objectif : 25 000 ha de surfaces
Mais, avec 5 000 hectares de surface, cette espèce est encore très minoritaire dans les assolements. Pour la rendre plus attractive auprès des agriculteurs, un projet, Arsène, a vu le jour en 2024.
Piloté par Cérience, et impliquant notamment le groupe Terrena, ancré dans le Grand Ouest de la France, Arsène ambitionne d’atteindre 25 000 ha de surfaces, soit 75 000 tonnes produites annuellement, avec un objectif de rendement moyen de 30 q/ha.
Pour cela, le projet s’attachera à faire progresser la création variétale, les connaissances en conduite agronomique, et à accompagner la possibilité d’atteindre trois grands marchés rémunérateurs innovants : la nutrition animale, l’alimentation humaine et la cosmétique.
Des leviers agronomiques travaillés par Terres Inovia
Ce projet, qui va de l’amont à l’aval de la production, mobilise Terres Inovia. « Nos travaux vont se concentrer sur les leviers agronomiques pour améliorer la productivité de lupin et, surtout stabiliser son rendement, en visant 30q/ha », explique Agathe Penant, ingénieure de développement de Terres Inovia.
Comment ? « En construisant des itinéraires techniques pour rendre le lupin moins sensible aux bioagresseurs, et en communiquant largement sur les leviers de robustesse accessibles via des formations, des animations de terrain… », répond-elle.
Parmi les leviers possibles, le travail initié sur l’optimisation de la densité de semis va permettre « d’équilibrer les risques entre un excès de végétation favorisant les maladies et un sol trop exposé laissant place aux adventices », renchérit Agathe Penant.
RTTI Webinaire - Maladie du tournesol et orobanche : supports de présentation
Documents à télécharger
- Phoma, phomopsis et sclérotinia sur tournesol : Gestion des 3 maladies les plus fréquentes dans le Nord-Est de la France – Aurore BAILLET
- Le mildiou du tournesol – Cécilia FONTYN et Gwénola RIQUET
- Le verticillium du tournesol – Cécilia FONTYN et Gwénola RIQUET
- Les orobanches – Christophe JESTIN