1,2,3,4,5,6,7,8,9,10,11,12,13,14,15,16,17,18,19,20,21,22,23,24,25,26,27,28,29,30,31,32,33,34,35,36,37,38,39,40,41,42,43,44,45,46,47,48,49,50,51,52,53,54,55,56,57,58,59,60,61,62,63,64,65,66,67,68,69,70,71,72,73,74,75,76,77,78,79,80,81,82,83,84,85,86,87,88,89,90,91,92,93,94,95
Pourriture racinaire du pois : choisir les légumineuses pour préserver l’état sanitaire des sols
Terres Inovia propose une mise à jour des données sur la sensibilité à Aphanomyces des variétés de vesce et de trèfle et rappelle le conseil sur la gestion des rotations.
Symptômes d’Aphanomyces sur racines de vesce. De gauche à droite : variétés sensible, partiellement résistante et totalement résistante. Crédit photo : Anne Moussart, Terres Inovia.
La pourriture racinaire due à Aphanomyces euteiches est la maladie tellurique la plus préjudiciable sur pois. Il n’existe actuellement aucune méthode de lutte efficace, mais des solutions existent pour gérer durablement le risque Aphanomyces. Parmi celles-ci, la préservation de l’état sanitaire des sols est déterminante et dépend notamment d’une bonne gestion des rotations. Le pathogène peut infecter plusieurs espèces de légumineuses, mais il existe des différences de sensibilité inter et intraspécifiques.
Plusieurs tests menés en conditions contrôlées ont mis en évidence que certaines espèces sont très sensibles (lentille, luzerne, gesse), alors que d’autres sont très résistantes voire dans certains cas non-hôtes (féverole, lupin, pois chiche, fenugrec, lotier), et ce quelle que soit la variété évaluée. Dans le cas de la vesce et du trèfle, il existe en revanche des différences au sein même de l’espèce, avec des variétés totalement résistantes, partiellement résistantes et sensibles.
Ces différences permettent de raisonner la place des espèces et variétés de légumineuses dans la rotation en tenant compte de leur sensibilité à la maladie et du Potentiel infectieux (PI) de la parcelle. Le renouvellement variétal implique, en revanche, si l’on veut pérenniser le conseil, une mise à jour régulière des données sur la sensibilité variétale, en particulier pour la vesce et le trèfle. Dans ce contexte, Terres Inovia a mené une nouvelle étude sur une large gamme de variétés de vesce et de trèfle inscrites ces dernières années.
Une variabilité importante
Le niveau de résistance à Aphanomyces de 50 variétés de trèfle et 31 variétés de vesce, de différentes espèces a été évalué en conditions contrôlées. Une variété présentant une note de maladie (Indice de nécrose racinaire) inférieure à 1 est considérée comme résistante.
Le niveau de résistance par variété au sein de chaque espèce est présenté dans le tableau 1, en distinguant les variétés résistantes des variétés partiellement résistantes à sensibles.
Tenir compte du PI de la parcelle
L’importante variabilité inter et intraspécifique de sensibilité à la maladie permet d’insérer sans risque une ou plusieurs légumineuses dans la rotation, en tenant compte du PI de la parcelle.
- Légumineuses en culture principale : des légumineuses très résistantes à la maladie comme la féverole peuvent remplacer le pois en culture principale dans les parcelles fortement contaminées, ou être cultivées en alternance avec cette espèce sensible dans les parcelles faiblement contaminées ou saines, afin d’allonger les rotations et donc de limiter le risque aphanomyces.
- Légumineuses en couverts d’interculture, dérobé, associé ou plantes compagnes : le cycle du pathogène est très rapide (quelques semaines suffisent pour multiplier l’inoculum en conditions optimales) et les conditions climatiques peuvent être favorables au développement de la maladie (températures douces et précipitations) entre mars et fin octobre. Les légumineuses semées à partir de fin juillet-début août et détruites avant la fin de leur cycle végétatif durant l’hiver ou semées au printemps peuvent multiplier le pathogène même si leur cycle cultural est court. Le choix de l’espèce ou de la variété est donc important. Lorsque le PI est inférieur à 1 et qu’il n’existe pas d’espèce sensible, comme le pois ou la lentille, en culture principale dans la rotation, il n’y a pas de restriction. A l’inverse, si le PI est supérieur à 1 ou si des légumineuses sensibles sont présentes dans la rotation, il est recommandé de choisir des espèces/variétés très résistantes. Le risque de multiplier le pathogène est très faible pour les légumineuses semées à partir d’octobre et détruites avant la fin de l’hiver.
Quel que soit le type de couvert, le respect des fréquences de retour conseillées est indispensable, même pour des variétés très résistantes.
Pour aller plus loin : www.terresinovia.fr/pois-hiver/maladies
Contact : A. Moussart, a.moussart@terresinovia.fr
Lire l'article dans le n° de septembre d'Arvalis & Terres Inovia infos : ici.
Stockage du colza : rappel des bonnes pratiques
Si l’oléagineux n’est pas sujet aux attaques d’insectes en cellules, d’autres paramètres sont à prendre en compte comme la température et l’humidité. Revue des points à surveiller.
Le seul traitement insecticide possible avant remplissage est une application
de pyrimiphos-méthyl sur les cellules ou cases vides. Crédit : Terres Inovia
Le premier paramètre de réussite de la conservation du colza est le taux d’humidité du lot à l’entrée du stockage. Pour une durée supérieure à 6 mois, l’humidité des graines de colza doit être comprise entre 8 et 9 % à la récolte (tableau 1). En deçà, le risque de graines cassées augmente.
Au-delà, le principal risque est de voir la qualité du lot s’altérer, notamment par l’acidification des graines due aux moisissures. L’acidification des graines entraîne une dégradation de la qualité de l’huile qu’elles contiennent. Le processus dégrade le rendement en huile au moment du raffinage et constitue le principal dommage d’un problème de conservation.
Si un lot est récolté à des teneurs supérieures aux recommandations, ventilation ou séchage sont de rigueur pour éviter l’échauffement des tas et assurer leur bonne conservation dans le temps. Pour une humidité comprise entre 9 et 11 %, une ventilation de refroidissement à l’air ambiant conviendra pour regagner 1 à 2 %. En revanche, au-delà de 15 %, il faut rapidement passer le lot au séchoir (air chaud à 75°C pour le colza). Vu le niveau des frais de séchage, mieux vaut récolter une graine sèche.
Refroidir par paliers
Il importe de refroidir les graines oléagineuses dès la récolte, en plusieurs étapes, pour parvenir à une température du lot de 10°C en entrée d’hiver. L’idéal est de refroidir les graines de colza en trois paliers, le premier dès la rentrée du lot, avec une température de l’air ambiant (température de consigne) de 20°C. Le deuxième palier sera mis en place dès que les températures extérieures passent sous les 12°C, ce qui advient souvent dès le mois de septembre. Le troisième palier est à déclencher à l’occasion des premiers froids, en novembre (température de consigne de 5°C).
Un contrôle régulier de la température permet de maîtriser ce refroidissement et de prévenir tout échauffement. Pour éviter tout risque de condensation sur les parois du stockage, l’amplitude de refroidissement entre le lot et l’air de ventilation doit être comprise entre 7 et 10°C. C’est la raison pour laquelle on refroidit souvent la nuit.
Pour éviter toute complication au stockage, le taux d’humidité à la récolte
d’un lot de colza ne doit pas être supérieur à 9%. Crédit : Terres Inovia
Attention aux acariens
L’absence d’insecticide autorisé n’est pas problématique : les graines de colza ne sont pas sujettes aux attaques d’insectes. En revanche, un lot de colza mal stocké peut voir se développer des acariens du colza du type Tyrophagus putrescentiae. Ces petites arachnides blanchâtres (0,5 à 1 mm), qui ressemblent à une « poussière vivante », se concentrent en surface. Elles ne posent généralement pas de problème de commercialisation mais leur présence indique que la graine n’a pas été conservée dans de bonnes conditions.
Par ailleurs, le seul traitement insecticide possible avant remplissage est une application de pyrimiphos-méthyl sur les cellules ou cases vides. Cependant, il faut veiller au risque de présence de résidus de cet insecticide dans le colza, venant de contamination par contact avec les parois traitées. Dans ces situations, veiller à respecter les doses homologuées ainsi qu’un délai minimum de deux semaines entre l’application du produit et le remplissage du stockage. A défaut, la limite maximale de résidus (LMR) peut vite être dépassée et poser un problème de commercialisation : le seuil de tolérance est très bas.
Pour être efficace, ce traitement insecticide préventif doit être précédé d’un nettoyage méticuleux, incluant soufflage, balayage et aspiration des poussières de toute l’installation de stockage ainsi que des équipements de manutention. Un nettoyage de fond en comble sans insecticide est tout aussi préférable pour les graines oléagineuses.
Pour aller plus loin : www.terresinovia.fr/colza/stockage
Contact : S. Dauguet, s.dauguet@terresinovia.fr
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Gestion des ravageurs : obtenir un colza robuste grâce à un apport d’azote
Depuis l’automne 2024, il est possible de fertiliser la crucifère en début de cycle, principalement pour lutter contre les larves d’altises. Terres Inovia a mené des essais pour justifier un tel apport.
Selon l’institut, les apports d’azote minéral au semis ou
en végétation sont très bien valorisés. Crédit : Terres Inovia.
Les infestations de larves d’altises à l’automne sur colza sont souvent critiques en raison de l’extension de la résistance de ces populations aux traitements insecticides, lesquels voient leur nombre de solutions diminuer. Il s’avère donc nécessaire de recourir à des techniques de protection intégrée afin que la crucifère soit plus tolérante à ces attaques.
L’apport d’azote minéral au semis ou en végétation à l’automne constitue un des leviers pour produire un colza robuste, bien implanté, avec une croissance continue tout au long de l’automne et une reprise la plus précoce et dynamique possible au printemps.
Cette pratique est possible depuis l’automne 2024 dans le cadre du 7e programme d’actions national « nitrates » (PAN7). Le PAN7 prévoit une réévaluation de cette autorisation en 2027 et exige la preuve que cette pratique n’engendre pas une augmentation significative du risque de lixiviation de l’azote. Ainsi, Terres Inovia et ses partenaires ont conduit, sur les quatre dernières campagnes (2021 à 2024), un réseau national de 104 essais dans les principales régions de production de colza en France (voir les modalités en encadré).
Un intérêt réel et bénéfique
Les résultats concernant la croissance et l’absorption d’azote par les plantes, ainsi que la quantité d’azote minéral dans le sol, montrent qu’en moyenne :
- les apports d’azote minéral au semis ou en végétation sont très bien valorisés et atteignent des niveaux équivalents à l’entrée de l’hiver par rapport aux résultats obtenus sur la modalité témoin. Le gain moyen de biomasse fraîche aérienne est d’environ 500 g/m² pour l’ensemble du jeu de données ;
- les dynamiques de croissance sont quant à elles différentes : la croissance est plus active en fin d’automne (à partir d’octobre) à la suite de l’apport en végétation par rapport à l’apport au semis, en particulier lorsque la croissance plafonne pendant cette période sur le témoin sans apport ;
- les gains de biomasse fraîche aérienne enregistrés à l’entrée et à la sortie de l’hiver, à la suite des apports de 30 unités d’azote au semis ou en végétation, permettent de réduire la dose à apporter au printemps d’une vingtaine d’unités en moyenne. La dose totale d’azote minéral apportée sur la culture pendant l’ensemble de son cycle est donc peu modifiée par rapport à la situation sans apport d’azote minéral au semis ou en végétation à l’automne ;
- les quantités d’azote minéral présentes dans le sol à l’entrée de l’hiver pour les modalités fertilisées en végétation ou au semis sont équivalentes, en moyenne, à celles obtenues pour la modalité non fertilisée. Ces essais illustrent que les risques de perte d’azote par lixiviation à l’automne semblent limités, que l’apport ait lieu au semis ou en végétation. En parallèle, les plantes en profitent davantage, comme l’illustrent les mesures de biomasse fraîche. L’intérêt de fertiliser les colzas à l’automne semble donc réel et bénéfique.
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Protocole des essais : quatre modalités possibles Deux configurations étaient présentes dans tous les essais. D’une part, le témoin, sans apport d’azote ni au semis ni plus tard. D’autre part, un apport de 30 U en végétation à l’automne (souvent en octobre). La troisième modalité, facultative, concerne un apport de 30 U au semis. Enfin, la quatrième modalité, facultative également, requiert 60 U (30 U au semis suivies de 30 U en végétation à l’automne). Tous ces apports concernent de l’engrais minéral. Les principales mesures réalisées portent sur la biomasse aérienne fraîche et la quantité d’azote absorbée par la culture. La quantité d’azote minéral dans le sol (au semis et à l’entrée de l’hiver), le nombre de larves de grosse altise par plante (à l’entrée et à la sortie de l’hiver) ainsi que le pourcentage de plantes avec un port buissonnant et/ou déformées au printemps ont également été étudiés. |
Contacts : Luc Champolivier, l.champolivier@terresinovia.fr - Emile Lerebour, e.lerebour@terresinovia.fr
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Nouveau catalogue de formations 2025-2026 : enrichissez vos compétences avec Terres Inovia
Terres Inovia et Arvalis ont le plaisir d’annoncer la parution du nouveau catalogue de formations 2025-2026, pensé pour accompagner les agriculteurs, techniciens, conseillers et acteurs de la filière dans l’évolution des pratiques agricoles. Fidèle à leur mission, les deux instituts enrichissent leur offre (130 programmes) en proposant des thématiques en phase avec les enjeux actuels : performance des cultures, adaptation au changement climatique, réduction des intrants et valorisation des ressources.
Le nouveau catalogue de formations d'Arvalis et Terres Inovia est disponible !
Les nouveautés Terres Inovia 2025-2026
Cette nouvelle édition propose 7 formations inédites, conçues pour répondre aux besoins concrets des producteurs d’oléagineux et de légumineuses à graines :
- « Gestion des insectes ravageurs du colza, vers de nouvelles approches collectives et territoriales » pour lutter contre la résistance accrue des ravageurs aux insecticides et explorer des stratégies durables grâce aux leviers agroécologiques, à la régulation biologique et à la mise en place d’actions collectives.
- « Optimisation de la trituration et de l’extraction mécanique des graines oléoprotéagineuses » afin d’approfondir et maîtriser les procédés de trituration et de l’extraction mécanique des graines oléoprotéagineuses et analyser les impacts sur la composition chimique des huiles et des tourteaux.
- « Soja : diagnostiquer les accidents climatiques » pour identifier rapidement les symptômes liés aux aléas climatiques, les différencier des autres causes afin de réagir rapidement et adapter les leviers de décision pour sécuriser les rendements.
- « Réussir le pois et la féverole dans le Sud-Ouest » afin de mettre toutes les chances de son côté pour réussir ces cultures de l’implantation à la récolte, grâce à des conseils adaptés aux réalités régionales (climat, pressions sanitaires etc).
- « Maîtrise agronomique de la culture du pois chiche et de la lentille dans le Sud-Ouest » pour profiter des bienfaits agronomiques de ces légumineuses, maîtriser les itinéraires techniques et appliquer les bonnes pratiques pour faire du pois chiche et de la lentille des atouts de diversification dans une rotation.
- « Tournesol : diagnostiquer les accidents climatiques » pour reconnaître plus facilement les impacts climatiques des autres causes sur les parcelles de tournesol et adapter les décisions en conséquence afin de sécuriser la production.
- « Réussir la culture du soja dans le Sud-Ouest » pour tirer profit du potentiel de la culture, obtenir les clés pour maîtriser les itinéraires techniques adaptés aux conditions régionales du Sud-Ouest et sécuriser chaque étape de la culture, de l’implantation à la récolte.
Une offre toujours plus proche des besoins de terrain
Avec ces nouveautés, Terres Inovia confirme son rôle d’acteur clé dans l’accompagnement de la filière oléagineuse, protéagineuse et chanvre. Chaque formation associe expertise scientifique, retours d’expérience et conseils pratiques, pour offrir aux stagiaires des outils immédiatement opérationnels dans leurs activités.
Pour plus d’informations et pour consulter le catalogue complet, rendez-vous sur les sites de Terres Inovia (rubrique "nos formations") et Arvalis.
📩 Pour vous inscrire ou en savoir plus, contactez-nous à : formation@terresinovia.fr
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Graminées adventices dans le colza : multiplier les leviers contre ray-grass et vulpins
Maîtriser la concurrence des mauvaises herbes passe par la combinaison des moyens herbicides, mécaniques et agronomiques.
Historiquement, les levées de ray-grass et vulpins dans le colza étaient automnales. Désormais, ces graminées adventices sont présentes toute l’année avec des infestations fortes au-delà de 100 ray-grass/m².
Afin de contrôler ces graminées adventices tout en maintenant le potentiel du colza, Terres Inovia recommande la gestion précoce – dès l’implantation –dans les cas de forte pression, sans attendre l’hiver. Sur une infestation importante de ray-grass, une application de post-semis/prélevée donne des résultats qui avoisinent en moyenne les 60%, avec une variabilité importante selon les conditions d’application. Cette application évite l’étouffement du colza, lequel sera plus robuste face aux autres adventices.
Une autre méthode de contrôle des graminées adventices consiste en un traitement incorporé en présemis avec du napropamide, type Colzamid 2 l/ha (figure 1). Cette pratique offre une meilleure régularité de l’efficacité, tant sur ray-grass que sur vulpin, en particulier dans les situations sèches.
La prélevée étant inutile sur les repousses de céréales, préférez un anti-graminées foliaire à l’automne. D’ailleurs, celui-ci pourrait avoir un impact sur la gestion des ray-grass et vulpins si tant est que ceux-ci n’ont pas développé de résistances.
En situation de forte infestation, en complément des interventions de prélevée ou de post-semis/prélevée, une application de propyzamide est nécessaire à partir de novembre, en conditions de sol froid (inférieur à 10°C) et d’humidité, afin d’assurer la pleine efficacité de cette molécule à action racinaire. « L’utilisation des anti-graminées foliaires créent une pression de sélection de résistance des ray-grass à ces solutions. Par conséquent, Terres Inovia recommande l’utilisation de la propyzamide dans ces situations pour éliminer les ray-grass ‘selectionnés’ par l’anti-graminées foliaire, et ainsi réduire la pression de sélection », Arnaud Micheneau, responsable herbicides chez Terres Inovia.
Gérer à l’échelle de la rotation
Entre une céréale et un colza, l’interculture est courte d’où le risque de concurrence entre les repousses et l’oléagineuse. Le choix du mode de destruction des repousses de céréales, par glyphosate ou bien par scalpage avec un travail du sol superficiel, est à raisonner en fonction des conditions et doit être positionné au moins deux semaines avant le semis du colza pour que les repousses de céréales n’assèchent pas trop le sol avant l’implantation du colza.
Introduire des cultures de printemps dans la rotation est un levier agronomique intéressant pour trois raisons essentielles. D’une part, cette stratégie vise à décaler les levées d’adventices et donc à en limiter la pression. Privilégiez le maïs, le tournesol, le sorgho ou le soja, semés en avril-mai, davantage que l’orge de printemps, la lentille ou le pois-chiche, semés en mars, pour lesquels la rupture des cycles des adventices en moins flagrante. D’autre part, le sol nu à l’automne, si un couvert n’est pas mis en place, rend possible la réalisation d’un faux-semis (mais jamais avant un colza) suivi d’une application de glyphosate ou d’un travail du sol par temps séchant pour détruire les levées.
Ne pas délaisser le labour
Les graines de graminées adventices enfouies grâce à un labour (idéalement avant une céréale ou une culture de printemps) perdent au moins 60-70% de leur capacité germinative. En revanche, il faut garder à l’esprit les potentiels impacts négatifs de cette pratique : altération de la fertilité des sols, de leur structure et risque de remontée des graines de dicotylédones. En conséquence, Terres Inovia suggère de se limiter à un passage tous les 3 à 4 ans et le déconseille avant un colza en sol argileux au risque d’assécher le profil, au détriment d’une bonne implantation de l’oléagineuse.
Enfin, appliquez les bonnes pratiques suivantes : récoltez les parcelles sales en dernier pour limiter la dissémination des graines d’adventices ; nettoyez à fond la moissonneuse ; récoltez les menues pailles, qui contiennent beaucoup de graines adventices, pour réduire la pression dans les parcelles. Terres Inovia s’investit dans la gestion des graminées en travaillant les solutions en culture (projet Gramicible) et la combinaison de leviers différents dans la rotation (projets Gramicombi et Gigan), dont les descriptifs complets sont en ligne sur www.terresinovia.fr.
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Le binage, un allié du colza Un binage de septembre/début octobre sur colza (en fonction de la météo) limite le salissement de la parcelle. Cependant, sur ray-grass très développés, il n’offre qu’un court répit, puisque ces graminées adventices redémarreront rapidement. C’est donc pour cela qu’il vaut mieux intervenir tôt. Et comme le binage se limite au travail de l’inter-rang, un herbicide sur le rang peut être nécessaire en complément. |
Pour en savoir plus, visionnez le replay du webinaire Terres Inovia consacré au sujet :
Contacts : Fanny Vuillemin, f.vuillemin@terresinovia.fr - Arnaud Micheneau, a.micheneau@terresinovia.fr - Franck Duroueix, f.duroueix@terresinovia.fr
Lire l'article dans le n° de septembre d'Arvalis & Terres Inovia infos : ici.
Consultez le dernier numéro d'Arvalis & Terres Inovia infos
Le numéro d'Arvalis & Terres Inovia infos daté septembre 2025 est disponible et consultable en ligne (PDF téléchargeables ci-dessous).
A découvrir dans ce numéro :
OLÉOPROTÉAGINEUX
- Graminées adventices dans le colza : multiplier les leviers contre ray-grass et vulpins
- Gestion des ravageurs : obtenir un colza robuste grâce à un apport d’azote
- Stockage du colza : rappel des bonnes pratiques
- Pourriture racinaire du pois : choisir les légumineuses pour préserver l’état sanitaire des sols
- Protéagineux d’hiver : tenue de tige et résistance au froid, un gage de productivité
- Réduction des gaz à effet de serre : accompagner les agriculteurs dans la transition bas carbone
Bonne lecture !
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Campagne 2024-25 : un bilan très satisfaisant pour le colza
La dernière campagne a été marquée par de bons, voire d’excellents, résultats dans toutes les régions de l’hexagone. Semis, croissance de la plante, ravageurs, floraison, PMG... retour sur les faits marquants dans les différentes régions.
En 2024-25, les surfaces de colza ont atteint 1 263 000 ha, soit une baisse de 4,7% par rapport à 2023-24 (Source Agreste, août 2025).
Le rendement aurait néanmoins progressé d’après les experts de Terres Inovia et les informations de terrain obtenues dans différentes régions, se situant autour de 35 à 36 q/ha au plan national, soit + 10 % par rapport à la moyenne quinquennale (+ 5 à 10 q/ha en règle générale).
Comme toujours, de grandes variabilités s’observent entre parcelles et bassins de production. Le gradient croissant des niveaux de rendement du Sud vers le Nord du pays se vérifie en 2025 (voir carte ci-contre).

Rendements estimés au 08/08/2025 (Source : Terres Inovia et acteurs locaux)
Pas de difficulté insurmontable pour l’installation de la culture
Les semis majoritairement réalisés entre le 15 et le 25 août ont bénéficié de pluies orageuses bénéfiques. Les semis de septembre, régulièrement plus fréquents dans les régions du Nord et du littoral de la Manche, se distinguent par une plus faible vigueur au démarrage. Des températures fraiches et des cumuls pluviométriques importants en septembre ont accentué cet effet. Ces conditions ont par ailleurs favorisé la prolifération des limaces, obligeant un investissement conséquent en produits molluscicides et parfois des re-semis.
D’après le Bulletin de Santé du Végétal (BSV), le stade « 4 feuilles » s’est observé en moyenne autour du 15-20 septembre dans les zones les plus continentales, et vers le 25-30 septembre dans les régions de bordure maritime.
Les altises d’hiver, toujours présentes et un peu plus résistantes aux pyréthrinoïdes, ont épargné les jeunes colzas cette année. Les producteurs ont davantage dû gérer l’arrivée des limaces et tenthrèdes (Bourgogne-Franche Comté, Sud-Ouest, Bretagne), voire les ravageurs souterrains (vers gris en Poitou-Charentes par exemple). Les colonisations par les pucerons verts jusqu’au stade 6 feuilles ont été faibles à modérées, y compris dans les régions historiques du tiers nord du territoire.
Les graminées adventices et les repousses de céréales constituent toujours les enjeux principaux en matière de désherbage. Les molécules à action acinaires ont été dans l’ensemble bien valorisées.
Colza robuste à la fin de l’automne et larves de coléoptères moins nombreuses
Les biomasses avant hiver ont souvent dépassé 1,5 à 2 kg/m² dans le quart nord-est et les régions de Bretagne, Pays de la Loire, Auvergne-Rhône-Alpes. En Poitou-Charentes, Centre Val-de-Loire, Ile-de-France et Normandie, ces valeurs ont été légèrement inférieures (1 à 1.2 kg/m²).
Les larves d’altises n’ont pas -ou peu- inquiété les régions Centre, Grand-Est, Normandie, Ile-de-France et Hauts-de-France. Bien que plus abondantes en Bourgogne, Poitou-Charentes et Auvergne Rhône-Alpes, les larves n’ont finalement pas provoqué de dégâts de grande ampleur. Il en est de même pour les charançons du bourgeon terminal dans les secteurs historiques du Centre, de l’Ile-de-France, de la Bourgogne-Franche Comté et du Grand-Est. Globalement, pour ces deux ravageurs principaux, les dommages ont été limités et sans commune mesure avec ceux des années précédentes, de 2015 à 2021.
Durant l’hiver, des phénomènes d’hydromorphie se sont manifesté dans plusieurs régions (Lorraine, Poitou-Charentes, Sud-Ouest) mais globalement la culture garde bien le cap. Après une reprise de végétation assez calme, le temps a été relativement doux jusque fin mars, ensoleillé et, à l’exception de la région Centre, déficitaire en pluies.
Avec peu de pluies, mais quasiment toujours au bon moment, la culture a donc bien valorisé les nutriments disponibles et les apports de la fertilisation. Par rapport aux cinq années précédentes, les doses d’azote conseillées en 2025 ont été régulièrement inférieures de 10 à 20 U (source AIRBUS-Farmstar).
Au moment d’entrer en floraison, la culture a mis en place une biomasse satisfaisante, sans excès, dans la plupart des bassins de production. Avant cela, les stades D1, D2, E se sont enchainés sur un rythme « normal », 2-3 jours plus tôt que ce qu’indiquent les statistiques pluriannuelles.
Ravageurs discrets et floraison éclatante
Les pics de vols de charançons de la tige ont été plus tardifs que d’habitude, les dégâts directs restant insignifiants. La culture a également dominé face aux méligèthes, y compris dans les régions les plus exposées au risque en 2025 (Sud-Ouest, Nouvelle-Aquitaine). Les variétés « pièges à méligèthes » ont bien joué leur rôle de leurre, comme en 2024.
Avec 3 à 5 jours d’avance par rapport à l’habitude, la floraison du colza a débuté en moyenne du 25 mars au 5 avril selon les régions. De très bonnes conditions étaient réunies en avril, en particulier avec le rayonnement et la température obtenus sur la partie Nord et pour la pluviométrie pour les régions plus au Sud. Des comptages de siliques réalisés par Terres Inovia ou par des partenaires locaux indiquent des valeurs moyennes parmi les plus élevées de ces 10 à 15 dernières années (7 000 siliques/m²) en région Centre-Val de Loire, Hauts-de-France, Bourgogne, Franche-Comté et Grand Est. Les valeurs hautes sont plus fréquentes que d’ordinaire.
PMG moyen et nombre de graines élevé
Après une hausse considérable des températures fin avril, le colza a défleuri rapidement. En mai et juin, le remplissage a globalement bénéficié de bonnes conditions. La pluie a été déficitaire en mai sur les deux-tiers Nord du pays. La fin de cycle du colza a surtout été marquée par une vague de chaleur remarquablement précoce et durable de mi-juin à début juillet. Fin de cycle écourtée, échaudage et perte probable de PMG s’en sont suivis.
Le déficit hydrique déjà installé en mai dans les sols superficiels a pu gagner des sols plus profonds, mais dans l’ensemble, les rendements restent en adéquation avec l’offre climatique et le potentiel des terroirs. Les pluies survenues quelques jours avant la mi-juin ont pu limiter la casse, même si des orages vers le 15 et 25 juin ont causé des dégâts spectaculaires (Normandie, Hauts-de-France, Centre …).
Des PMG variables et moyens entre 3,8 à 4,3 g (- 0,2 à 0,3 g p/r rapport au pluriannuel)


Composantes de rendement établies à partir des regroupements d’essais variétaux, 1 point correspondant à une variété pour un lieu donné.
Les valeurs de PMG résultent des contraintes durant le remplissage ou de l’effet des compensations entre composantes de rendement (en l’absence de facteur limitant, toute augmentation du nombre de graines/m² se traduit par une diminution du PMG).
Dans le jeu de données, le nombre de graines/m² affiche des valeurs moyennes en 2025 parmi les plus élevées depuis plus de 10 ans. Des exceptions sont constatées dans le grand quart Sud-Ouest. Des rendements de près de 60 q/ha sont même enregistrés dans les sols profonds de Hauts-de-France, Normandie mais aussi à d’autres endroits.
Sur le plan sanitaire, on redoutait une résurgence de mycosphaerella mais le temps sec couplé à des vents d’Est en avril et mai a limité les contaminations. De même, la cylindrosporiose et le sclerotinia ont été maîtrisés.
Dans les territoires du Centre et de l’Ouest de la France, le charançon des siliques a pris ses quartiers une dizaine de jours avant le stade sensible (stade G2). Des taux de siliques éclatées ont parfois été jugés élevés mais l’impact réel reste difficile à jauger. Des pucerons cendrés ont été signalés fin mai dans le Centre et Centre-Est du pays mais il a été difficile de réagir dans des circonstances aussi tardives. L’orobanche rameuse, quant à elle, a continué sa propagation en Vienne et Vendée et reste un problème local important en Poitou-Charentes. La hernie des crucifères suscite toujours des préoccupations dans les secteurs historiques. De nouveaux cas sont signalés chaque année.
Partout, les récoltes ont commencé tôt. Les humidités des graines ont chuté rapidement début juillet (5-6 %). Les récoltes se sont ainsi exécutées dans de bonnes conditions et rapidement jusqu’au 14 juillet dans la plupart des régions. Dans la ferveur d’une moisson précoce, certaines parcelles ont sans doute été récoltées trop tôt dans les secteurs septentrionaux. Les pluies survenues en juillet ont d’ailleurs interrompu les moissons et les ont décalées jusque début août dans plusieurs terroirs de Normandie et des Hauts-de-France. Cela a permis de récolter les derniers quintaux.
Enfin, les analyses de graines attestent de teneurs en huile très élevées, voire excellentes, avec plus de 45 % aux normes dans la grande majorité des échantillons. Les chiffres doivent être consolidés mais on s’oriente vers un rendement en huile très satisfaisant, parmi les meilleurs de ces dernières années.
Niveaux de présence des bioagresseurs estimés en 2025

Source : expertise Terres Inovia (BSV, acteurs locaux, suivis…). Ces indicateurs ne reflètent pas un niveau de dégât.
Légende : 0 = absent ou rare ; 1 = faiblement observé ou localisé ; 2 = régulièrement observé ; 3 = fréquemment observé ; 4 = très fréquemment observé
Contact
Jean Lieven- j.lieven@terresinovia.fr
Faut-il déclencher le semis des colzas ?
La levée précoce (avant le 1er septembre pour atteindre le stade 4 feuilles avant le 20 septembre) est une des clés pour obtenir un colza robuste, ce qui est à rechercher notamment dans les contextes concernés par les problématiques d’insectes d’automne. De ce fait, et dans un contexte de sols parfois frais et de faibles cumuls de pluie annoncés dans les 15 prochains jours, des questions se posent sur la pertinence de déclencher les semis de colza dans les jours à venir. Terres Inovia fait un état des lieux des situations et des éléments à prendre en compte pour vous aider à prendre la décision de déclencher les semis.
L'actualité complète est disponible en PDF ici.
Quelle est la situation aujourd’hui ?
Des cumuls de pluviométries hétérogènes depuis les deux dernières semaines
La situation est très hétérogène en fonction des secteurs :
- Dans la moitié nord de la France : des cumuls de pluie parfois importants ont été enregistrées depuis le 15 juillet (30 à 60 voire plus de 100 mm). Dans le nord des Hauts de France et en bordure maritime, des récoltes sont encore en cours et les pluviométries actuellement observées ne rendent pas les semis de colza d’actualité.
- Dans la zone centre : nous observons une forte hétérogénéité des cumuls de pluie depuis le 15 juillet en lien avec des passages orageux (10 à 60, voire 100 mm).
- Dans la zone sud : les cumuls de pluie sont dans la grande majorité inférieurs à 30 voire 10 mm. Les sols sont trop secs pour envisager un semis.
Des parcelles pas toujours prêtes à être semées !
Dans les situations de récolte précoce, les interventions de préparation du sol pour les semis (restructuration éventuelle en profondeur et préparation du lit de semence) se sont terminées ces derniers jours ou sont en cours de finalisation. Dans ce contexte, nous observons un dessèchement du lit de semence, défavorable au déclenchement des semis.
Seules les parcelles prévues en semis direct ou travaillées tôt après la récolte du précédent et roulées maintiennent leur fraîcheur, dans la mesure où la pluviométrie a été suffisante.
Par ailleurs, il convient d’intégrer le risque lié aux repousses de céréales. Hormis dans les situations de travail précoce après la moisson, les repousses de céréales ne sont pas encore toutes levées. Les semis de colza risquent de stimuler leur levée et ainsi concurrencer les colzas, notamment dans un contexte de fortes températures et de faibles disponibilités en eau.
Quels sont les besoins en pluviométrie pour faire lever les colzas ?
Les besoins en eau pour faire lever les colzas sont fonction de l’état de surface et de la fraicheur déjà présente.
| Besoin en précipitation (mm) pour faire lever le colza | |
| - Sol bien affiné en surface - Présence de fraîcheur dans les 30 premiers centimètres du sol (souvent des sols de limon travaillés superficiellement) | - Sol motteux en surface - Sol sec dans les 30 premiers centimètres du sol (souvent des sols argileux avec travail profond) |
| 10 mm | 30 mm |
Quelles perspectives pour les prochains jours ?
Les prévisions météorologiques prévoient une hausse des températures jusqu’au 18 août, avec des maximales avoisinant les 40°C. Ce phénomène amplifiera l’assèchement du sol, notamment dans les premiers centimètres du sol !
Parallèlement, les cumuls de pluie prévus dans les 15 jours à venir sont globalement très faibles : aucun secteur n’excède 50% de probabilité de cumuler plus de 10mm de pluie d’ici au 18 août.
Raisonnement du déclenchement des semis
Deux situations sont possibles :
- Dans les secteurs ayant cumulés 40 à 50 mm de pluie depuis les deux dernières semaines : si votre sol est prêt à être semé (= lit de semence bien affiné), que le risque de levée des repousses de céréales après le semis est faible, que l’humidité du sol sur l’horizon 0-30 cm est suffisante et que vous bouleversez peu ou pas le sol au semis (semis direct ou semoir de précision), alors un semis dans les prochains jours est possible avec une levée assurée par l’humidité présente au semis. Il y aura une incertitude sur la réussite de cette levée en fonction de l’intensité des températures à venir. Afin de maximiser les chances de réussir, il convient de semer assez profondément (environ 4 cm).
- Dans les autres situations : attendre le prochain épisode pluvieux significatif pour déclencher le semis. En effet, avec des cumuls de pluie hétérogènes depuis les deux dernières semaines, l’état d’humidité du sol est peut-être limitante. Le semis avec des outils bouleversant le sol (herse rotative ou outils à dents), ou le risque de levées des repousses de céréales après le semis risquent d’entrainer un assèchement rapide du lit de semence compte tenu des températures annoncées d’ici la fin de semaine prochaine. Si besoin, profiter de cette période pour finaliser les préparations et rouler le sol pour garder la fraîcheur. Nous referons un point dans quelques jours.
Nous rappelons que l’objectif est d’avoir un colza au stade 4F au 20 septembre (arrivée des adultes de grosses altises). Pour cela, le colza doit être levé au 1 septembre. Il n’y a donc pas d’urgence à semer les colzas début août dans un contexte climatique très hétérogène.
Vous pouvez consulter le site Aleapluie pour visualiser les probabilités de cumuls de pluie à 15j actualisées quotidiennement.
Recommandations au semis
Si vous décidez de semer vos colzas, quelques recommandations sont à prendre en compte :
- Dans un contexte de sol frais et d’absence de pluie significative annoncée post-semis, conserver la fraicheur : semer dans la foulée en cas de travail du sol et rouler après le semis (en sol sensible, attention au risque de battance en cas de pluie tardive si les levées ne sont pas rapides ou échelonnées, en fonction de la régularité de la profondeur de semis).
- Ne pas semer superficiellement : l’objectif est de positionner la graine au plus près de la fraicheur, même à 4-5cm, tout en l’éloignant de la zone superficielle de risque d’assèchement (horizon 0-4cm selon la méthode de semis utilisée). Attention, en cas de semis de plantes compagnes avec le colza, les semis profonds peuvent pénaliser la levée des petites graines (trèfles notamment).
- Privilégier les semis au semoir monograine.
- Adapter sa stratégie désherbage : en cas de travail du sol, les conditions de fraicheur du sol après le semis seront favorables à l’absorption des produits racinaires de prélevée (surtout dans les programmes contre le ray-grass). En situation de semis direct avec présence de paille, et/ou de stratégie contre le vulpin, et/ou de présence de plantes compagnes : possibilité de décaler les applications d’herbicide racinaire en post levée précoce. Attention à l’absence de sélectivité des programmes de pré-semis incorporé (napropamide) sur les plantes compagnes en dehors de la féverole.
- Surveiller les limaces : les conditions de forte humidité du sol au printemps et la forte présence de résidus de paille sont particulièrement favorables à la multiplication et à l’activité des limaces. Evaluer le niveau de risque par observation ou si nécessaire par piégeage avant le semis.
Protéagineux : premiers résultats de campagne positifs
Terres Univia, Terres Inovia et la FOP se félicitent des premiers résultats positifs de la campagne protéagineux 2024/2025, ces cultures clefs dans la rotation et si déterminantes pour notre souveraineté protéique. Ces résultats sont un signal particulièrement encourageant qui vient conforter la mobilisation sans faille des acteurs de la filière oléoprotéagineuse pour rendre les protéagineux plus attractifs auprès des agriculteurs grâce à leurs performances. Malgré des surfaces estimées à 98 000 hectares (ha)*, la production de pois est à un niveau satisfaisant cette année. Qu’il s’agisse du pois d’hiver ou du pois de printemps, toutes les surfaces ont pu être récoltées avec globalement de bons niveaux de rendements. Avec des débouchés prometteurs et en pleine croissance, la production pourra être valorisée sur notre territoire tant en alimentation animale qu’humaine.
Une campagne 2024/2025 réussie pour le pois !
Si les surfaces semées à l’automne en 2024 étaient en baisse, conséquence d’une campagne 2023/2024 perturbée par une pluviométrie élevée, la récolte 2025 est particulièrement satisfaisante en pois d’hiver, culture qui représente 30 à 35 % des surfaces de pois au niveau national. Le rendement moyen national en pois d’hiver est estimé entre 40 et 45 quintaux/hectare (q/ha).
Si dans certaines régions, les rendements ont pu parfois atteindre 60 à 70 q/ha, les experts de Terres Inovia ont également constaté quelques rares mauvais rendements causés par l’hydromorphie hivernale ou par des implantations réalisées dans de mauvaises conditions. La pression des maladies a été faible et bien maîtrisée par des traitements précoces, conformément à la stratégie de protection préconisée par Terres Inovia. Cette pression maladies a ainsi été quasiment absente sur la moitié nord, et modérée en Nouvelle-Aquitaine (Colletotrichum) et Occitanie (ascochytose). Cette campagne est riche d’enseignements et confirme que le pois d’hiver exprime toutes ses performances dès lors que la pression maladies est faible ou bien maîtrisée tout comme une forme de résilience face aux stress hydriques et thermiques de fin de cycle.
En ce qui concerne la compétitivité de la culture, les marges obtenues en pois sont comparables à celles du blé tendre, avec les prix, rendements et charges de la campagne 2024/2025. De plus, l'effet précédent du pois, par rapport à un précédent blé, représente un gain de marge brute de + 140 à 200 €/ha sur le blé suivant grâce notamment aux économies d’azote que permet cette culture aux multiples atouts environnementaux.
Les premières estimations en pois de printemps font également état d’une campagne satisfaisante avec un rendement moyen national estimé à 35-40 q/ha. Ce résultat a été permis avant tout grâce à des semis précoces favorisés par de bonnes conditions météorologiques et une phase d’implantation de qualité. La pression modérée des ravageurs et les stress climatiques limités ont également préservé le potentiel de la plante. La date de semis s’illustre une nouvelle fois comme un levier performant pour éviter les stress climatiques : rendements de 40 à 55 q/ha pour les semis précoces contre 20 à 30 q/ha pour les semis tardifs, qui ne concernaient qu’une minorité des surfaces.
La qualité des pois d’hiver et de printemps semble être au niveau des standards attendus pour le marché de l’alimentation animale avec notamment des teneurs en protéines correctes. Des informations plus précises seront disponibles prochainement.
Premier bilan correct pour la féverole
Les informations disponibles à date laissent apparaître un bilan moyen pour la féverole d’hiver, en comparaison avec une récolte 2024 particulièrement réussie. A l'inverse du pois, les surfaces ont fortement progressé en féverole sur cette campagne 2024/2025, atteignant 120 000 ha*.
Les rendements tournent autour de 30-35 q/ha avec quelques résultats dépassant les 45 q/ha. Le manque d’eau observé en fin de cycle a eu un effet limitant dans l’expression du potentiel de la plante, à la différence des pois. Les féveroles d’hiver ont néanmoins pu éviter une partie des stress à floraison à la différence des féveroles de printemps, dont les rendements sont plutôt attendus autour de 25-30 q/ha.
Si les conditions d’implantation et l’hydromorphie hivernale ont aussi pu entamer le potentiel de certaines parcelles de féverole comme pour le pois d’hiver, le stress hydrique et les fortes chaleurs lors du remplissage ont aussi eu un impact majeur. Terres Inovia a observé une faible présence de maladies sur la campagne sauf en Occitanie et en Nouvelle-Aquitaine où le botrytis a certes été observé mais a été bien maîtrisé.
« Tout agriculteur le sait : les années se suivent mais ne se ressemblent pas. Les défis sont de taille pour la culture de protéagineux mais cette campagne le montre : c’est possible, les rendements peuvent être au rendez-vous et ces cultures peuvent redevenir de vraies opportunités dans nos assolements ! De nombreux programmes de recherche et de structuration de filière sont en cours, en particulier pour le pois. Les experts de Terres Inovia sont mobilisés pour permettre, de nouveau, de cultiver ces espèces sur le long terme dans notre pays », déclare Gilles Robillard, agriculteur et président de Terres Inovia.
La recherche et l’accompagnement technique prouvent leur importance stratégique
Les conseils prodigués auprès des conseillers agricoles et des agriculteurs par Terres Inovia sur le terrain ont une nouvelle fois montré leur efficacité. Le transfert des connaissances acquises par l’institut dans le cadre de ses essais, programmes de recherche et observations de terrain est central afin que chaque producteur de pois ou de féverole puisse bénéficier des dernières avancées.
C’est d’ailleurs tout l’enjeu du Programme Cap Protéines+ (2024-2027), coordonné par Terres Inovia avec les instituts techniques agricoles, Arvalis, Idele, Ifip et Itavi, et l’interprofession Terres Univia. Le consortium de 117 partenaires a pour ambition d’acquérir des références technico-économiques afin d’accompagner les acteurs des filières et de favoriser une appropriation massive des innovations et des connaissances notamment sur le pois et la féverole.
« Cette récolte nous confirme que la mobilisation sans précédent des acteurs de la filière en faveur des protéagineux va dans le bon sens. Avec la volonté claire affichée par la FOP qui vise à ce que les producteurs retrouvent un réel intérêt pour le pois et puissent le produire efficacement, des moyens financiers interprofessionnels conséquents sont aussi engagés pour donner à la production de pois en France de réelles perspectives d’avenir. C’est tout l’objet de Cap Protéines+ mais également du renforcement d’actions de structuration de filière, du pilotage d’un observatoire interprofessionnel annuel des prix payés aux producteurs, de la création de normes de qualité ou bien encore de la mise en place des projets de démonstrateurs territoriaux de production et de valorisation du pois », complète Benjamin Lammert, agriculteur, président de Terres Univia et de la FOP.
Retrouvez sur le site internet de Terres Inovia les recommandations clés des experts de l’institut.
* estimations Agreste
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Récolte du chanvre textile : les producteurs dans les starting-blocks
Les pratiques et la date de récolte du chanvre dépendent des débouchés visés, selon que l’on cherche à valoriser la paille — et en particulier le type de fibre — ou la graine. Et le textile, c'est pour la semaine prochaine !
La récolte du chanvre ne s’improvise pas : elle doit être rigoureusement adaptée au débouché visé, qu’il s’agisse de fibres ou de graines (chènevis). Chaque filière impose ses propres exigences en termes de stade de récolte, de matériel et d’organisation, conditionnant directement la qualité des produits obtenus.
La diversité des pratiques – récolte en un ou deux passages, fibres longues ou courtes, paille ou chènevis – reflète la richesse des débouchés, mais suppose une bonne coordination entre agriculteurs, industriels (le chanvre est cultivé sous contrat avec un industriel chargé de la première transformation) et équipementiers.
Débouché textile
Pour un usage textile, le chanvre est récolté à pleine ou fin de floraison, dès la libération du pollen par les fleurs mâles (90 à 100 jours après semis) et, pour une majorité des producteurs, ce sera la semaine prochaine. Une récolte trop tardive entraîne la formation de fibres secondaires, moins adaptées aux exigences du textile.
Le type de fibre visé détermine le matériel utilisé
- Fibres longues : la récolte doit permettre de paralléliser les pailles, lesquelles ne doivent pas excéder 1 m de long pour s’adapter aux outils de transformation du lin. La machine Hyler Sativa 200A a été développée pour cela. Les pailles étant sectionnées en deux, lors du pressage les balles de têtes et de pieds doivent être séparées pour un teillage différencié. Ces fibres permettent de produire des vêtements 100 % chanvre.
- Fibres courtes : récoltées avec une faucheuse à section (type Sauerburger), puis andainées et pressées (balles rondes ou carrées), les pailles sont ensuite acheminées vers une ligne de transformation dédiée à la production de fibres courtes. Elles sont utilisées en mélange avec du coton pour produire du fil cotonisé.
Débouché graines
La récolte pour le débouché graines aura lieu peu ou prou dans un mois, puisque celles-ci mûrissent 4 à 6 semaines après la floraison. Toutefois, cette maturité n’est pas uniforme au sein d’une même inflorescence : alors que certaines graines sont déjà tombées, d’autres, situées plus haut, peuvent encore être vertes.
Bon stade de récolte du chènevis (moins de 10% de graines vertes).
Crédit : Louis-Marie Allard, Terres Inovia.
Une récolte trop précoce donne trop de grains verts ; trop tardive, elle provoque des pertes par déhiscence. Le stade optimal de récolte peut se résumer ainsi :
- les enveloppes des graines situées à la base de l’inflorescence commencent à se détacher ;
- les graines situées au sommet sont encore au stade pâteux ;
- les tiges sont presque entièrement défoliées ;
- moins de 10 % des graines restent vertes (ce que l’on peut évaluer en battant des inflorescences à la main).
À ce stade, la paille est également mûre. Deux méthodes de récolte sont possibles.
Récolte de la graine et de la paille en un seul passage
Les chanvrières peuvent être équipées de moissonneuses-batteuses spécifiques, de type BAFA. On utilise généralement des becs Kemper d’ensileuse adaptés, et le rotor coupe la paille en segments de 50 à 60 centimètres.
L’ensemble des brins de paille passe dans le batteur et les secoueurs, ce qui permet d’assurer le battage complet de toutes les têtes, même en cas d’hétérogénéité de hauteur sur la parcelle.
Matériel de récolte équipé d’un bec Kemper type BAFA.
Crédit : Louis-Marie Allard, Terres Inovia.
Récolte en deux passages : la graine puis la paille
Dans un premier temps, la graine est récoltée avec une moissonneuse-batteuse classique, à condition d’y apporter quelques adaptations simples pour éviter que les fibres de chanvre ne s’enroulent autour des éléments de la machine.
Les principales modifications à prévoir :
- ajouter des tôles de protection sous la machine pour empêcher les fibres d’atteindre et de s’enrouler autour des organes hydrauliques et également de réduire l’usure du matériel liée à l’abrasivité des pailles ;
- installer des diviseurs à l’avant pour limiter l’écrasement des plantes par les roues.
D’autres équipements peuvent aussi être utiles, comme un système de type col-de-cygne placé entre la barre de coupe et le convoyeur. Ce dispositif permet de relever la hauteur de coupe à plus de 2 m, afin de ne récolter que la partie haute des plantes, là où se trouvent les graines. Cela réduit considérablement l’entrée de tiges dans la machine et donc les risques d’enroulement, à l’intérieur comme à l’extérieur.
Une fois la graine récoltée, différentes étapes restent nécessaires pour récupérer et valoriser les tiges. Juste derrière la moissonneuse-batteuse, elles sont coupées au plus près du sol avec une faucheuse à section type Busatis. Elles vont alors sécher et rouir. Sous l’action des conditions climatiques (rosée, pluie, soleil) et des micro-organismes, le rouissage a pour objectif de faciliter la séparation des fibres du bois de la tige. Un à plusieurs passages de faneuses s’avèrent nécessaires pour la réussite de l’opération. Les tiges de chanvre sont alors andainées puis pressées. En attendant d’être acheminées vers les outils industriels, les balles rondes ou carrées seront obligatoirement mises à l’abri.
Séchage rapide : une étape clé pour préserver la qualité de la graine
La graine de chanvre est souvent récoltée avec un taux d’humidité élevé, généralement entre 18 et 20 %, voire davantage. Or, pour pouvoir être stockée en toute sécurité, la graine doit être rapidement nettoyée puis séchée dans les 6 à 12 heures suivant la récolte, jusqu’à atteindre une humidité inférieure à 9 %. On évitera ainsi une dégradation de la graine pouvant compromettre sa qualité, en particulier pour un usage alimentaire.
Pour limiter ces risques dès la récolte, il est recommandé de ventiler les bennes de transport à l’aide de souffleries, gaines ou ventilateurs. Cette aération préventive empêche les graines de chauffer et assure une meilleure conservation en attendant le séchage.
Contact : L.-M. Allard, lm.allard@terresinovia.fr
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