Calcul de la marge économique du tournesol
L’outil de calcul de marge de tournesol est destiné à vous aider à estimer la marge brute annuelle en €/ha de votre culture de tournesol. Ce calcul peut vous aider à identifier des marges de progrès dans la conduite afin d’améliorer la marge de cette culture. Cet outil n’intègre pas les effets de précédent et à l’échelle de la rotation qui peuvent survenir lorsque vous introduisez du tournesol dans une succession culturale (qualité de précédent, meilleur équilibre entre les cultures d’été et de printemps et les cultures d’hiver permettant une meilleure gestion du désherbage).
La défoliation des colzas par broyage est-il un moyen de lutte alternatif efficace pour réduire les dégâts de larves d’altise ?
La défoliation des colzas d’hiver pour limiter les infestations et dégâts de larves d’altise est une stratégie de lutte alternative étudiée dans les pays anglosaxons, notamment au nord du Royaume-Uni où de très fortes pressions larvaires sont incontrôlables ces dernières années.
La réduction du nombre de larves par plante en éliminant les feuilles qui les hébergent est le but recherché. Mais ce n’est pas un critère suffisant pour juger de la pertinence de cette technique. En s’inspirant des travaux engagés par AHDB*, Terres Inovia a mis en place des essais en 2021 et 2022 pour évaluer cette pratique sous un climat océanique altéré et semi-continental.
Photo : Témoin non broyé et colza broyé le 23 novembre sur le site de Clémery (54). Photo du 15/12/2021, A.Baillet
Le broyage réduit le nombre de larve mais sensibilise le colza
La défoliation réduit significativement le nombre de larves par plante, comme le confirment toutes les études conduites sur le sujet. Le taux de réduction varie selon la date d’intervention et la dynamique de l’infestation larvaire. Il est de l’ordre de -30 à-50% en Grand Est en 2022 (défoliation réalisée entre mi-novembre et mi-décembre).
Toutefois dans nos essais, la réduction du nombre de larves ne se traduit pas par une baisse des dégâts d’insectes sur plante, ni par un gain de rendement comme en témoignent les essais de Rosny-sur-Seine et Mondreville (78) en 2021 ou bien encore de Clémery (54) en 2022 (tableau 1). La pratique est agressive pour le colza et affecte la physiologie de la culture. Les blessures sensibilisent la culture au gel si celui-ci survient peu de temps après le broyage. La biomasse est fortement réduite. La montaison et l’entrée en floraison sont retardées pour toutes les cultures défoliées.
En situation de faible infestation, lorsque le colza est doté d’une forte biomasse entrée hiver (> 1.5 kg/m²), et lorsque les conditions hivernales et printanières sont favorables à la récupération de la surface foliaire, la pratique est neutre sur la production. Sur les sites de Clémery (54) et Mondreville (78), l’écart de rendement n’est pas significatif entre le colza défolié en entrée hiver et le témoin. En revanche, lorsque surviennent des aléas climatiques (gel en hiver et/ou au printemps, excès d’eau), ou lorsque le broyage est réalisé plus tard (début janvier dans les essais), la culture n’a pas la capacité de récupérer un niveau de biomasse suffisant au printemps. L’état général de la culture est dégradé par la défoliation et ce d’autant plus qu’elle intervient tardivement. Dans l’essai de Rosny-sur-Seine (78), le broyage occasionne des pieds buissonnants supplémentaires qui se traduisent en quintaux perdus. Une perte de rendement significative de plus de 5 q/ha est constatée entre le colza broyé début janvier et le témoin. Dans cette situation, le broyage a exacerbé conjointement la sensibilité de la culture au gel et la nuisibilité des insectes.
Tableau 1 – Impact de la défoliation par broyage sur les dégâts d’altise et le rendement du colza dans les essais conduits par Terres Inovia en 2021 et 2022
Une prise de risque importante et un bilan économique négatif
Au regard de ces expériences, nous retenons que le broyage du colza en hiver permet bien de réduire le nombre de larves de grosses altises par pied. Mais le bénéfice pour la productivité de la culture n’est pas démontré. Voire la pratique peut s’avérer risquée si des aléas climatiques, par définitions imprévisibles, surviennent après le broyage. La réduction de la biomasse du colza fragilise la culture et ralentit sa reprise de végétation, ce qui tend à accroitre la nuisibilité potentielle des larves si les conditions pédoclimatiques ne sont pas favorables au printemps. Il faut également ajouter le surcoût de cette pratique qui est de l’ordre de 50 € dans un contexte de prix raisonnables de l’azote et du fioul (références 2020 ; tableau 2). Pour ces raisons, Terres Inovia déconseille le broyage hivernal pour lutter contre les larves d’altise d’hiver dans les régions sous climat semi-continental. Dans des contextes sous influence océanique (littoral de la Manche, océan Atlantique) amenant des conditions poussantes pour le colza pendant l’hiver, la pratique gagne sans doute à être investiguée davantage. D’autant plus si les parcelles reçoivent des effluents organiques régulièrement.
Tableau 2 – Estimation du coût de la pratique
Exemple de la parcelle de Clémery (54) en 2022. La dose d’azote conseillée au printemps est plus élevée pour le colza broyé car elle prend en compte la plus faible biomasse en sortie d’hiver (www.regletteazotecolza.fr). Evaluation économique réalisée en partenariat avec les GEDA de la Marne.
Autre approche de la technique du broyage avec des colzas associésLa technique de broyage des colzas à l’automne a également été testée par le service R&D Alliance BFC dans le cadre de l’animation du Club Agro Ecos. Les travaux ont porté sur les colzas associés avec de la féverole avec une idée : ramener la biomasse aérienne au sol pour que les éléments minéraux (NPK) qu’elle contient soient plus rapidement remis en circulation et qu’ils profitent au colza dès la reprise au printemps. L’hypothèse testée semble d’autant plus pertinente a priori pour la féverole car la plante conserve un port dressé et est donc peu accessible aux micro-organismes du sol pour assurer sa décomposition. Les observations et mesures enregistrées sur 5 parcelles de 2018 à 2022 n’ont pas permis de démontrer la plus plus-value d’une telle technique sur la dynamique de restitution des éléments NPK. Pour cela, des travaux complémentaires sont à conduire. Aucun gain de rendement n’a été enregistré. Le broyage à l’automne (ici entre mi-octobre et fin novembre) a un effet neutre sur le rendement dans 4 situations sur 5 et un effet dépressif dans une situation (-5 q/ha en 2021). |
* Agriculture and Hoticulture Development Board
«Ces essais ont été réalisés dans le cadre de Cap Protéines
Pâturage du colza oléagineux à l’automne par des ovins : conduite, bénéfices et risques
Pâturage du colza oléagineux à l’automne par des ovins
Le colza oléagineux d’hiver peut, sous certaines conditions, être pâturé en fin d’automne par des ovins sans conséquence sur le rendement en grain. Cette pratique requiert toutefois une grande technicité, de la disponibilité et de la réactivité pour être mise en œuvre avec succès.
Un fourrage de qualité gratuit
Pour un polyculteur-éleveur, bénéficier d’une ressource fourragère gratuite qui permet de réduire les achats d’aliment est une opération gagnante dans la mesure où il ne dégrade pas la marge de la culture de vente. Le colza est riche en énergie et en azote. Son pâturage ne nécessite pas de transition alimentaire et n’occasionne pas de risque majeur de météorisation.
Préserver le rendement du colza
Le rendement du colza n’est pas affecté par le pâturage si ce dernier est parfaitement conduit. Dans le cas contraire, les pertes peuvent être importantes.
L’introduction d’une troupe ovine ne doit s’envisager que sur des colzas robustes bien développés, parfaitement enracinés, sans élongation, qui seront a priori capables de repartir de façon dynamique au printemps. Idéalement, les colzas pâturés atteignent la hauteur du genou. Au minimum, la biomasse aérienne du colza (poids vert) doit être de 1.2 - 1.5 kg / m².
Les ovins doivent consommer le limbe des feuilles, sans trop endommager les pétioles et surtout sans consommer l’apex, au cœur de la plante. L’intensité du pâturage est toujours hétérogène. Il est conseillé d’arpenter quotidiennement la parcelle et de bouger les animaux dès lors qu’une zone du paddock commence à être trop pâturée.
Le pâturage doit s'envisager sur les mois d'octobre et novembre lorsque le colza est bien installé. La culture doit avoir le temps de cicatriser et de produire de nouvelles feuilles avant les frimas de l’hiver.
Eviter le pâturage en conditions humides et dans les sols hydromorphes. Le piétinement des animaux sur un sol gorgé d’eau dégrade la culture voire la détruit par zones. Ces mauvaises conditions occasionnent également un gaspillage de la ressource alimentaire car les agneaux ou les brebis ne consommeront pas les feuilles souillées de terre.
En situation de très forte infestation larvaire (larves de grosse altise) à l’automne, le pâturage du colza est également déconseillé.
Retrouver l’intégralité des éléments de connaissance et les références chiffrées sur la conduite, les bénéfices et les risques dans le document de synthèse en fin d'article.
Action réalisée par Terres Inovia dans le cadre du projet ARPEEGE. Le projet, porté par la Chambre régionale d’agriculture du Grand Est, est soutenu financièrement par la Région et l’Europe.
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Le sclérotinia sur capitule a fait son retour dans plusieurs régions
Si les conditions climatiques estivales chaudes et sèches de ces dernières années ont permis de protéger la culture de tournesol des attaques de sclérotinia sur capitule, cette maladie a fait son retour en 2021 dans plusieurs régions. Explications….
Un inoculum capable de se conserver jusqu’à 10 ans dans le sol
Le sclérotinia est un champignon qui, comme son nom l’indique, se conserve sous forme de sclérotes. Ces sclérotes se forment en fin de cycle, dans les tissus infectés : les filaments mycéliens du champignon s’agglomèrent et se mélanisent, formant des petites « boules » noires plutôt dodues, voire une grille entourant les graines sur les capitules. Ces sclérotes, capables de survivre 5 à 10 ans dans le sol, sont à l’origine des contaminations sur les cultures sensibles à la maladie.
Des conditions climatiques favorables à la production d’ascospores et à la réussite des infections
Enfouis dans l’horizon superficiel du sol (2-3 cm maximum), les sclérotes sont capables de produire, à partir d’avril, jusqu’à quatre vagues d’apothécies lorsque les conditions climatiques sont favorables : sol bien humide pendant une longue période, températures de 10 à 20°C. Ces apothécies ressemblent à de toutes petites girolles. Assez difficiles à repérer, elles larguent les ascospores contaminantes à chaque brusque variation de l’humidité relative de l’air. Les projections d’ascospores ne sont interrompues que lorsque les apothécies sont recouvertes d’eau, ou par temps très sec (humidité relative de l’air inférieure à 50%). Leur capacité de survie (qui peut être de plus de 30 jours), leur quantité et leur capacité à résister à des conditions de faible hygrométrie font qu’elles peuvent être présentes dans les champs durant toute la période de réceptivité du tournesol.
Sur capitule, l’installation du sclérotinia est très fortement conditionnée à la pluviométrie au moment de la floraison. En effet, la contamination ne se fait que sur la face fleurie du capitule, et exige la présence d’eau libre sur les fleurons pendant 39 à 42 heures consécutives, dans une fenêtre de temps allant du début de la floraison (stade F1) à 200 degrés.jours plus tard (en base 5°C pour le champignon). De plus, des températures de 20 à 24°C sont favorables au développement du champignon dans les tissus.
Cette année, en plusieurs régions, les pluies du mois de mai ont favorisé la production d’apothécies, puis les alternances régulières pluies-temps sec sur juin et juillet, concomitantes à une température moyenne favorable très rarement au-dessus de 25°C, ont permis la production d’un inoculum probablement significatif. La période de floraison a toujours été pluvieuse et, même si les jours de pluie ont parfois été rares, les quelques grosses journées pluvieuses à 30-40 mm ont été suffisantes pour permettre la création de conditions favorables aux contaminations des fleurons : les températures moyennes, souvent entre 20 et 25°C, ont à la fois limité l’évaporation de l’eau et permis au mycélium de se développer à l’intérieur des tissus.
Un retour des pluies en septembre qui a permis aux symptômes de se développer
Lorsque le champignon s’est installé dans les tissus, il ne développe pas tout de suite des symptômes visibles. Ceux-ci apparaissent d’autant plus rapidement que la variété est sensible, mais la période dite de latence, entre l’infection et l’apparition de la pourriture, peut aller de 2 à 8 semaines selon les conditions climatiques. Seules des conditions climatiques très chaudes et très sèches (ex. 1976) peuvent bloquer la progression de la pourriture. Cette année, le retour des pluies observé au mois de septembre après un mois d’août sec mais sans excès de température ont été particulièrement favorables au développement des symptômes.
Panorama des conditions météorologiques de l’année 2021 dans cinq régions
Plateforme d’essais en Charente-Maritime : 34 mm de pluie le 24 juillet : déterminants pour l’infection.
En Sud Aquitaine, deux vagues de floraison en parcelles agriculteurs, soumises toutes deux à des épisodes pluvieux suffisants pour la réussite des infections.
Plateforme expérimentale en Lorraine : des conditions très favorables à la réussite des infections à partir des 43 mm de pluie du 14 juillet.
En Bourgogne – Franche-Comté, une floraison étalée sur 15 jours en parcelles agriculteurs, dont le début a coïncidé avec un important épisode pluvieux puis des températures de 20-25°C très appréciées par le champignon.
En région Centre, les cumuls de pluies n’ont pas été toujours insuffisants pour les contaminations et une expression importante des symptômes avant la récolte.
A l’inverse, le Centre, peu touché …
Les dégâts liés au sclérotinia sur capitule ont été plutôt rares en région Centre. Les cumuls de pluies par décade sur la période de floraison ont été très variables selon les secteurs et pas toujours suffisants pour permettre la réussite des contaminations, malgré un ressenti plutôt pluvieux. Après le mois d’août sec, septembre a lui aussi connu une pluviométrie irrégulière selon les secteurs. On se trouve donc bien loin des parcelles touchées à 100% d’il y a 15 ans… Au-delà de ces conditions météorologiques, une faible pression d’inoculum liée aux rares attaques de sclérotinia sur les autres cultures sensibles depuis une bonne dizaine d’années et une évolution du comportement des variétés face à cette maladie ont probablement contribué à limiter les dégâts.
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| Les apothécies de Sclerotinia sclerotiorum mesurent 4 à 10 mm de diamètre ; chaque sclérote peut en produire plusieurs (crédits L. Jung). | Une pourriture beige clair, humide et sentant bon le champignon se développe au dos du capitule (crédits E. Mestries). | En conditions humides, le mycélium s’agglomère sur la face fleurie du capitule pour former une grille de sclérotes autour des graines (crédits E. Mestries). | Les grilles de sclérotes tombent au sol en fin de cycle et enrichissent le réservoir d’inoculum pour les prochaines cultures sensibles (crédits D. Lebourgeois). |
Un comportement variétal qui progresse malgré la complexité de la résistance du tournesol
Bien que cette forme d’attaque soit la plus nuisible sur tournesol, les niveaux d’attaque observés cette année ont globalement peu impacté la production. Associée à un réservoir d’inoculum faible suite à plusieurs années sans dégâts, la gamme des variétés cultivées a probablement sa part dans cette faible pression. En effet, même si la résistance du tournesol face à cette maladie est très complexe car contrôlée par de nombreux gènes (on parle de résistance quantitative), le progrès génétique est bien réel dans les variétés proposées aux producteurs : en 30 ans, les variétés sensibles ont quasiment disparu de l’offre variétale, alors que la part des variétés peu sensibles représente près de la moitié de l’offre sur les 20 dernières années.
Un stock d’inoculum qui se reconstitue et appelle à la vigilance pour les prochaines campagnes de cultures sensibles
Le sclérotinia dispose malheureusement d’une large gamme de cultures-hôtes parmi les oléoprotéagineux : le soja, le colza, les légumineuses, le tournesol, le lin, … ; d’autres espèces sont également concernées telles mais le melon, les haricots, la luzerne, etc… Chaque attaque est pour lui l’occasion de reconstituer un stock de sclérotes dans les résidus de culture infectés et d’enrichir le sol en inoculum. Dans la littérature, on trouve une estimation de la capacité de production de sclérotes par pied de tournesol infecté, se situant entre 50 à 100 ; pour un taux d’attaque moyen de 5%, le nombre potentiel moyen de sclérotes s’élèverait ainsi à 225 000 par hectare (pour un peuplement de 60 000 pieds/ha), soit 2 par m². Largement suffisant lorsque l’on sait qu’un sclérote peut produire plusieurs apothécies et qu’une seule apothécie est capable de larguer 200 millions d’ascospores à elle toute seule !
Des moyens de lutte avant tout préventifs
Les mesures de lutte à mettre en œuvre contre le sclérotinia reposent sur deux piliers : la lutte génétique, associée à de bonnes pratiques agronomiques qui peuvent réduire considérablement les périodes à risque pour la culture (moindre humidité dans le sol et sur les plantes, réduction du temps accordé au champignon pour se développer).
Pour le tournesol, optez pour :
- le choix d’une variété à bon comportement (peu sensible) au sclérotinia et de précocité adaptée à votre région afin de maximiser les chances de récolter début septembre avant le retour des pluies, et donc de laisser le moins de temps possible au champignon d’envahir les capitules et de produire des sclérotes ;
- un itinéraire technique à moindre risque, avec :
- une date de semis raisonnée pour une récolte précoce,
- une densité de peuplement normale (pas au-delà de 60000 pieds/ha) et une fertilisation azotée ajustée pour limiter l’exubérance du couvert et réduire le risque d’infection,
- l’arrêt de l’irrigation en floraison si le temps est humide,
- et l’utilisation d’un produit de biocontrôle dans la rotation pour détruire les sclérotes et assurer une lutte sur le long terme : Contans ® WG.
Détruire les sclérotes avec LALSTOP CONTANS® WGLALSTOP CONTANS® WG est produit de biocontrôle, basé sur un champignon parasite, Coniothyrium minitans. Ce champignon a pour particularité de détruire les sclérotes de sclérotinia en quelques semaines et contribue ainsi à limiter les attaques sur toute future culture sensible au sclérotinia. LALSTOP CONTANS® WG est biocompatible avec certaines spécialités phytosanitaires. Ne pas mélanger LALSTOP CONTANS® WG avec les engrais liquides. Pour tout renseignement complémentaire, nous vous invitons à contacter la société LALLEMAND SAS – 4 Route de Beaupuy – 31180 Castelmaurou. Tél : 05 34 27 67 80. Appliquer le produit de biocontrôle (2 kg/ha) après récolte sur les résidus contaminés pour détruire les sclérotes nouvellement formés. Renouveler les applications (1 kg/ha) dans la rotation : doté d’une efficacité moyenne d’environ 50%, l’utilisation de C. minitans est à inscrire dans la durée car l’expérience montre que tous les sclérotes ne sont pas détruits à 100 % après une seule application et que l’efficacité tend à augmenter par des applications répétées sur la culture sensible et mieux encore sur l’ensemble des cultures sensibles de la rotation. |
Verticillium du tournesol : nuisibilité de la maladie
Le verticillium est un champignon du sol, à l’origine de symptômes de dessèchement/flétrissement sur de nombreuses cultures. Il attaque le tournesol par son système racinaire et la colonisation du système vasculaire des plantes est à l’origine des symptômes observés : plages de nécrose entourées d’un halo jaune entre les nervures, commençant sur les feuilles du bas, pouvant conduire au dessèchement complet de celle-ci lorsque tous les étages foliaires sont touchés. Cette maladie entraine également des symptômes sur tige. En fin de cycle, la tige est molle, cela est dût à la rétractation de la moelle qui se retrouve couverte de microsclérotes (structure de conservation du champignon). Ces microsclérotes peuvent survivre plus de 10 ans dans le sol !
Observé régulièrement et de manière de plus en plus fréquente et grave depuis les années 2010 dans le Sud-Ouest, il s’est peu à peu aussi révélé en régions Poitou-Charentes et Centre (carte de la situation en 2024), probablement à la faveur de l’utilisation de variétés sensibles. Ce développement significatif est à l’origine de pertes de rendement importantes, mais aussi d’un maintien de l’inoculum sur le long terme dans les parcelles touchées.
La nuisibilité de la maladie, étudiée en Argentine où cette maladie est endémique, s’explique par l’importance des symptômes sur feuilles : les nécroses accélèrent la sénescence des feuilles par la diminution de la photosynthèse et de l’interception du rayonnement ; la durée de fonctionnement de la surface foliaire des plantes est donc réduite, affectant le remplissage des grains après la floraison.
Les facteurs favorables à son développement sont surtout climatiques. Une température du sol comprise entre 21 et 27°C ainsi que la présence d’humidité, favorisent la maladie. De plus, une bonne alimentation en eau de la plante favoriserait la progression de la maladie dans les vaisseaux et augmenterait donc la sévérité des symptômes.
En France, une étude menée par Terres Inovia, le GEVES et six semenciers sur une gamme de onze variétés représentant une large gamme de comportement face à la maladie (de S à TPS) a permis d’évaluer la nuisibilité de la maladie. Celle-ci est liée à la présence de symptômes sur la quasi-totalité des feuilles de la plante. Pour chaque tranche de 10% de plantes très atteintes dans une parcelle, les pertes sont évaluées à 2 q/ha et 0,3 point de teneur en huile.
Ainsi, dans une parcelle présentant 30% de pieds avec des symptômes sur feuilles montant presque en haut (maximum 5 dernières feuilles saines), la perte atteint 6 q/ha et presque 1 point de teneur en huile.
Cette étude a également permis de montrer que cette nuisibilité apparaît identique quel que soit le comportement de la variété (S, MS, PS, TPS).
Assurer une bonne nutrition minérale du colza à l’automne pour permettre une croissance continue jusqu’à l’hiver
Obtenir une croissance dynamique et continue à l’automne est une condition indispensable pour un colza robuste.
Pour y parvenir, il faut :
- un système racinaire bien développé et fonctionnel dans les premières couches du sol,
- une bonne disponibilité en azote et phosphore à un moment où les plantes en ont besoin.
Plusieurs voies peuvent être empruntées pour assurer une bonne alimentation minérale de la culture. Elles peuvent être combinées pour améliorer les chances de succès.
La diversification des cultures et le positionnement optimal du colza dans la rotation
L’allongement du délai de retour du colza, l’insertion de légumineuses dans la rotation et le positionnement du colza après une culture laissant de l’azote valorisable à la récolte contribuent à améliorer la croissance automnale du colza. Cet effet peut être illustré par les résultats obtenus dans le dispositif « Syppre Berry » dans lequel un système de référence (blé tendre – orge d’hiver – colza associé) est comparé à un système innovant visant la multi-performance intégrant notamment l’allongement de la rotation et l’insertion de légumineuses en cultures principales et couverts. Le colza a été positionné après une succession lentille puis blé dur afin d’augmenter la disponibilité en azote pour le colza (figure 1).
Figure 1 : extraits de successions de cultures des systèmes comparés dans le cadre du dispositif « Syppre Berry » (W sup / W prof : implantation après travail du sol superficiel / profond ; SD : semis direct)
La biomasse du colza (sans considérer la biomasse des couverts associés) à l’entrée de l’hiver a été nettement améliorée dans le système innovant : + 700 g/m² en 2018 et + 1300 g/m² en 2020. Ces différences de biomasse entre les deux systèmes peuvent être en partie attribuées à des différences de disponibilité en azote (amélioration de la teneur en azote du sol, de l’enracinement …).
Un précédent « légumineuses à graines »
Un précédent « légumineuses à graines » permet d’améliorer la quantité d’azote absorbé par le colza d’une quinzaine d’unités en moyenne par rapport à une précédent « blé ». C’est ce que montrent les résultats de 8 expérimentations conduits de 2008 à 2010 par Terres Inovia et les Chambres d’Agriculture de la Mayenne, de la Moselle, de la Nièvre et de l’Yonne dans le cas d’un précédent pois (figure 2 ; travaux soutenus financièrement par le CasDAR).
Figure 2 : Quantité d’azote absorbé à l’ouverture du bilan par le colza après un précédent pois ou après un précédent blé (Pi : quantité d’azote absorbé à l’ouverture du bilan : tient compte de l’absorption d’azote à l’entrée et à la sortie de l’hiver)
L’apport de produits organiques avant le semis du colza
L’apport de produits organiques avant le semis du colza permet également d’améliorer la disponibilité en azote pour le colza. Dans le cadre des 25 expérimentations conduites par Terres Inovia de 1995 à 1998, avec apport de produits organiques de type II principalement (lisier de porc, fumier et fientes de volailles…) et pour des dates de semis du colza allant du 18 août au 11 septembre, cette augmentation de la disponibilité en azote a permis une augmentation de la quantité d’azote absorbé par la culture à l’ouverture du bilan (Pi) de 40 u en moyenne (figure 3).
Figure 3 : Quantité d’azote absorbé à l’ouverture du bilan par le colza avec et sans apport de produits organiques (PRO) (Pi : quantité d’azote absorbé à l’ouverture du bilan : tient compte de l’absorption d’azote à l’entrée et à la sortie de l’hiver)
L’apport d’azote minéral au semis du colza
Une autre technique permettant de soutenir la croissance du colza à l’automne consiste à réaliser un apport de 30 u d’azote sous forme d’engrais minéral au semis dans le respect de la réglementation en vigueur (pas d’apport d’engrais azoté minéral après le 31 août). Dans les expérimentations conduites par Terres Inovia et ses partenaires, ce type d’apport a permis d’améliorer le poids de matière fraîche aérienne à l’entrée de l’hiver (+ 780 g/m² en 2021 sur 21 essais et + 550 g /m² en 2022 en moyenne sur 15 essais). En moyenne, le coefficient apparent d’utilisation (CAU) de l’azote apporté (gain d’absorption permis par l’apport des 30 u par rapport au témoin sans apport) a toujours été au moins égal à 1.0, ce qui signifie que l’apport n’a pas contribué à une augmentation du risque de lixiviation de l’azote à l’automne. Des CAU supérieurs à 1.0 ont même été enregistrés, ce qui est la conséquence probable d’une simulation de la croissance racinaire ayant permis une meilleure utilisation de l’azote du sol. Dans les situations où le colza a eu une croissance limitée à moins de 1300 g/m² de biomasse fraîche aérienne à l’entrée de l’hiver en l’absence d’apport d’azote, l’apport d’azote au semis a permis de réduire les dégâts consécutifs à des infestations larvaires.
Associer le colza avec une légumineuse gélive
L’association avec une légumineuse gélive permet d’améliorer l’état d’alimentation en azote du colza. En témoignent les nombreux exemples où le rougissement du colza cultivé seul (symptôme de faim d’azote) a pu être évité grâce à l’association (cf.photo ci-dessous). Il a été montré que cet effet n’était pas lié à un transfert d’azote entre les légumineuses et le colza pendant l’été et l’automne, mais que c’était plutôt la conséquence d’une meilleure exploration du sol par les racines pendant l‘automne (Jamont et al., 2013).
Exemple de situation où l’association a permis d’éviter la faim en azote (traduite par le rougissement des plantes à droite)
Raisonner la fertilisation phosphatée
Le colza est l’une des espèces de grandes cultures les plus exigeantes en phosphore. Cela signifie que son rendement est très affecté en cas de carence. Le phosphore est en particulier impliqué dans la mise en place du système racinaire. Il est donc indispensable dès la mise en place de la culture même si la phase de plus forte absorption se situe au printemps. La fertilisation phosphatée doit donc de préférence être réalisée au semis, en particulier dans les situations les plus carencées.
L’outil de base pour le raisonnement de la fertilisation phosphatée est l’analyse de terre. Les symptômes de carences sont difficiles à identifier car ils consistent le plus souvent en un ralentissement de la croissance, voire, dans les cas les plus critiques, en un arrêt de croissance et une disparition des plantes (cf. photo ci-dessous). Il n’y a pas de décoloration ou de déformation foliaire.
Exemple de situation avec carence forte en phosphore
Les règles de raisonnement de la fertilisation phosphatée du colza préconisées par Terres Inovia sont inspirées de la méthode COMIFER.
Pour en savoir plus : fertilisation du colza : phosphore et potasse
Les leviers à combiner pour maximiser les chances d’obtenir un parcours de croissance automnal favorisant la robustesse du colza
Dans les situations où la disponibilité en azote et/ou en phosphore est limitée, Terres Inovia recommande de combiner plusieurs leviers pour maximiser les chances d’assurer une bonne nutrition minérale du colza : succession de cultures favorable, fertilisation organique ou minérale, association du colza à une légumineuse gélive…
Pour aller plus loin :
Enquête sur Xenostrongylus sp.
En quelques clics, vous pouvez nous aider à contribuer à mieux connaître cet insecte qui ressemble à un grand méligèthe poilu. Une meilleure connaissance de l’importance du phénomène est un préalable indispensable afin d’identifier si des actions doivent être lancées en vue de développer des stratégies de gestion.
La synthèse de la localisation globale des attaques et des premiers résultats est disponible en temps réel sur le site. Toutes les autres informations saisies restent confidentielles.
Colza et féverole, l'alimentation privilégiée par les abeilles en zone de grandes cultures
En 2021, l’institut technique agricole Terres Inovia se rapproche du négoce Ternoveo pour mettre en place une expérimentation scientifique. Elle concerne 30 colonies d’abeilles domestiques établies de manière pérenne sur des exploitations agricoles de grandes cultures autour de Saint-Quentin dans l’Aisne. Grâce aux balances connectées positionnées sous les ruches et aux suivis réalisés, la croissance des colonies et l’accumulation des réserves de nectar et de pollen ont été suivis tout au long de l’année.
L’objectif principal de ce projet de recherche est de mieux comprendre l’utilisation des plantes sauvages et cultivées par les abeilles et leur place relative dans le bol alimentaire des colonies ainsi que les liens existants entre les ressources disponibles à l’échelle d’un territoire et la production de miel.
Un dispositif s’appuyant sur le programme « Terre des abeilles »
Terre des Abeilles est un projet collectif déployé par Ternoveo qui regroupe 68 agriculteurs des Hauts-de-France engagés pour favoriser la biodiversité sur leurs exploitations.
Chaque agriculteur partenaire du programme est responsable de 3 ruches au minimum. Il s’engage à les accueillir en adoptant une démarche éco-responsable, en adoptant de bonnes pratiques culturales, et au besoin en semant des plantes mellifères. Le miel « Terre des Abeilles » reflète la flore de la région des Hauts-de-France et le lien indissociable entre son agriculture et la biodiversité.
Un réseau de ruches connectées pour étudier l’utilisation des ressources fleuries
- 30 ruches sur balances connectées réparties sur 10 sites transmettent des données de gain de poids toutes les 12 minutes
- 130 échantillons de miel frais et 130 échantillons de pollen de trappes collectés pour être analysés
- analyses palynologiques réalisées en laboratoire pour déterminer l’origine florale des ressources collectées par les abeilles
- Evaluation des populations d’abeilles en début de saison, après la floraison du colza et avant l’hivernage selon une méthode simple et rapide publiée par l’INRAE
Quels enseignements en 2021 ?
Colza, féverole et fruitiers, principales sources du pollen collecté par les abeilles !Du 14 avril au 17 juin, 10.6 kg de pollen ont été collectés en trappes et prélevés par les apiculteurs sur l’ensemble du dispositif pour la mise en œuvre des analyses polliniques. Ce pollen représente un échantillon indicatif du butin total collecté par les colonies suivies.
Trois espèces végétales dominantes sont à l’origine de ce pollen.
1. la féverole Vicia Faba (34% )
2. le colza Brassica napus (24%)
3. les arbres fruitiers Prunus/Pyrus (15%)
A gauche : Alimentation pollinique des colonies d’abeilles en suivi.
Indications chiffrées : poids du pollen collecté en g du 14/04 au 17/06, toutes ruches confondues.
A droite : Origine florale des pollens collectés par les abeilles
Si on analyse la collecte de pollen totale d’un point de vue temporel (figure 2), on remarque que le colza et les arbres fruitiers représentent les principales ressources polliniques des colonies à l’étude jusque début mai. En début de saison, on notera également l’apport significatif du pissenlit et du saule, espèces sauvages à floraison très précoce.
Ensuite, sur le mois de mai, c’est l’aubépine qui tient une place centrale, supérieure au colza qu’elle concurrence. Les érables permettent d’assurer une transition avec le mois de juin au cours duquel la féverole est largement dominante du point de vue des apports polliniques (entre 50 et 100% du bol alimentaire !), complété par le coquelicot, le cornouiller sanguin et la phacélie. Cette dernière espèce est très attractive pour les abeilles. Certains agriculteurs du projet l’ont implantée en couvert d’interculture.
Ces résultats montrent la contribution importante de la féverole et du colza (58% des apports), deux grandes cultures mellifères à floraison massive à l’alimentation pollinique des abeilles. Ils montrent aussi la nécessité pour les abeilles de diversifier leurs apports protéïques en visitant des espèces sauvages herbacées, arbustives ou arborescentes comme le coquelicot, l’aubépine et les saules notamment.
Au total, ce sont 25 genres/espèces de plantes dont on a retrouvé du pollen dans les trappes mises en place devant les ruches à l’étude. Il est par ailleurs démontré qu’une alimentation pollinique diversifiée est pour les abeilles domestiques une des clés de la survie hivernale et de la résistance face aux stress environnementaux.
En 2021, année particulièrement froide et pluvieuse au début de la campagne apicole, le colza est l’espèce qui remporte la palme de la floraison la plus longue car elle a fourni aux abeilles des ressources en pollen jusqu’au 9 juin, ce qui est exceptionnel !
Evolution temporelle de la masse de pollen collectée en trappe sur les colonies suivies
Qu’en est-il des nectars ?
Dans notre étude, l’espèce dont le pollen est le plus souvent détecté dans le nectar est le colza. En effet 123 échantillons sur 130 en contiennent à hauteur de 83% en moyenne et plus de la moitié des échantillons en contiennent plus de 90% !
En tant que grande culture à floraison abondante produisant du nectar et du pollen en quantité, le colza est une ressource primordiale pour les abeilles en Hauts-de-France de laquelle les abeilles extraient des quantités de miel importantes. Sur les colonies à l’étude, la production de miel totale est en moyenne de 39 kg par ruche ; aucun doute que le colza y contribue grandement au vu de ces résultats !
Dans les nectars analysés, les pollens de 3 autres genres ou espèces de plantes ont également été détectés de manière significative : Il s’agit des arbres fruitiers, des saules et de la féverole, dont les pollens sont présents dans respectivement 32%, 30% et 14% des échantillons, à hauteur de 10%, 17% et 34% en moyenne.
Saules et féveroles exploités pour leur nectar mais…
On retrouve des pollens de saules et de féverole dans certains échantillons de nectars, est-ce que ce résultat en garantit l’origine ? pas tout à fait…en voici les raisons :
Le saule, et particulièrement le saule Marsault, est une espèce particulièrement attractive pour les abeilles. Les abeilles peuvent produire du miel de saule, même si c’est assez rare. Retrouver du pollen de saule dans le nectar n’indique pas qu’il s’agisse de nectar de saule car chez cette espèce, le pollen et le nectar sont produits sur des plantes différentes. Si du pollen de saules se retrouve dans le nectar, c’est donc de manière fortuite.
La féverole est une plante qui produit du nectar contenu dans les fleurs et aussi ce qu’on appelle du nectar « extra-foral » produit sur les parties végétatives et par conséquent facilement accessible pour les insectes auxiliaires notamment ceux dont les pièces buccales sont courtes. De ce fait, les abeilles peuvent produire du miel de féverole qui ne contient pas de pollen de féverole. Pour cette espèce, la présence de pollen dans le nectar peut renseigner sur l’origine du nectar mais pas nécessairement ce qui constitue une limite de l’étude.
Espèces végétales dont le pollen a été détecté dans les échantillons de nectars.
Plus les cercles sont gros, plus la fréquence de détection de l’espèce dans les échantillons de nectar est élevée.
Références
Chabert S., Requier F., Chadoeuf J., Guilbaud L., Morison N., Vaissière B.E., 2021. Rapid measurement of the adult worker population size in honey bees. Ecological Indicators 122.
Remerciements
Nous remercions chaleureusement Nathalie Lanciaux ainsi que que les agriculteurs impliqués dans l’expérimentation et les apiculteurs sans qui ce travail n’aurait pu voir le jour : Arnaud Cras, Jean-François Lancry et Jean-François Vincette.
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L'outil d'aide à la décision "densité de semis du tournesol" permet d’évaluer le nombre de graines à semer pour atteindre l’objectif de densité levée défini. Ce conseil prend notamment en compte la contrainte hydrique et la zone climatique de la parcelle.
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