Orobanche cumana : utiliser des solutions adaptées à votre situation
Dans les situations à risque, des mesures curatives et prophylactiques sont à mettre en place dans la rotation mais également pour préparer l’implantation future d’une culture de tournesol.
| Pour en savoir plus sur cette plante parasite exclusive au tournesol - Mieux connaître Orobanche Cumana |
Quelles sont les zones à risque ?
Des mesures s’imposent dans ou autour de ces zones à risque fort :
Poitou-Charentes/Vendée : secteurs de Longeville-sur-Mer (Vendée), Poitou-Charentes (triangle Tusson-Aigre-Lupsault (Charente) et secteur Sainte-Cognac-Barbezieux-Saint-Hilaire-Jonzac)
Sud-Ouest : grand sud du Tarn-et-Garonne, sud-ouest du Tarn, Gers (triangle Gimont, Mauvezin, L’Isle Jourdain et Ligardes), Lauragais et Ouest-audois.
Que faire lorsqu'on se situe dans un secteur à risque fort ?
En amont de la campagne, dans la rotation :
- Allonger votre rotation, avec un tournesol tous les 3-5 ans selon présence de la plante parasite
- Intégrer des espèces potentiellement faux hôtes dans la rotation (soja, sorgho, maïs, avoine, pois chiche, blé, colza, triticale, moha, millet, féverole, chanvre) qui stimulent la germination de l’orobanche cumana sans que celle-ci puisse se fixer, afin de réduire le stock grainier.
A la mise en place de la culture :
- choisir une variété adaptée, avec ou sans herbicide selon les observations des années précédentes :
| Absence ou présence très faible de l’orobanche sur la parcelle | Quelques foyers à forte présence de l’orobanche sur la parcelle |
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Semer une variété au moins peu sensible (PS) vis-à-vis de l’orobanche cumana Cas particulier : en cas de présence d’adventices difficiles à détruire avec des herbicides classiques, utilisez une variété de tournesol CLEARFIELD® (en privilégiant au moins PS) accompagnée d’un traitement PULSAR 40/Listego (positionnement classique au stade 4 feuilles du tournesol) |
2 solutions à utiliser en alternance lorsque le tournesol revient sur la parcelle
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hampe d'orobanche cumana
Que faire si la parcelle se situe autour d’un secteur à risque fort ?
- Surveiller vos parcelles de tournesol à la floraison et à la récolte, durant lesquelles les orobanches sont visibles
- Cultiver du tournesol tous les 3-4 ans
- Privilégier une variété moyennement sensible, en modulant ce choix vis-à-vis des autres bioagresseurs présents sur la parcelle
Attention : quel que soit le type de variété de tournesol choisi, une attaque d’orobanche cumana ne peut être exclue. Il s’agit en effet d’un phénomène émergeant non stabilisé en termes de populations d’orobanche présentes. Classement consultable sur MyVar.
A la récolte, en cas de présence d’orobanche cumana, limiter au maximum la dissémination !
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Ravageurs souterrains : limaces et mouche du semis
Les levées lentes et difficiles sont particulièrement exposées aux ravageurs souterrains (mouche des semis, limaces, …).
Soigner la mise en place de la culture et respecter les bonnes pratiques de semis suffisent généralement à limiter les problèmes et à éviter le recours aux produits phytosanitaires.
Limaces : les dégâts significatifs sont rares
Les limaces font preuve d'activité essentiellement nocturne. De jour, elles ont tendance à rester immobiles, cachées à l'abri de la lumière. De nuit, en conditions favorables (température, humidité), elles s'activent et cherchent à s'alimenter, à proximité immédiate ou, si la nourriture manque sur place et si elles ont la possibilité de se déplacer (sol humide en surface), en menant une prospection active. Une limace grise peut parcourir jusqu'à 3 m par nuit.
Une limace consomme jusqu'à l'équivalent de 50% de son poids par période de 24h.
Deux espèces principales
| Limace grise ou loche | Limace noire | |
| Couleur de la jeune limace | Rose violacée | Gris bleuâtre |
| Couleur de la limace adulte | Gris beige (+ ou - foncé) | Manteau noir |
| Taille de l'adulte au repos | 4 à 5 cm | 2.5 à 4 cm |
| Mucus | Blanc laiteux ou abondant | Incolore |
| Nombre de génération par an | 1 à 2, voire plus | 1 à 2 |
| Ponte par individu | 300 oeufs | 150 à 200 oeufs |
| Espérance de vie | 9 à 13 mois | 7 à 12 mois |
Même en conduite conventionnelle, la lutte doit demeurer exceptionnelle car les dégâts significatifs sur soja sont rares. 2 substances actives sont autorisées aujourd’hui :
- métaldéhyde
- phosphate ferrique.
Afin d’évaluer le risque d’attaque, vous devez connaître l’activité des limaces sur la parcelle
en conditions humides (attention, une observation ou un piégeage juste après un travail du
sol peut biaiser le résultat) :
- par observation directe des limaces actives sur le sol humide en surface, avant qu’il ne
- fasse trop jour ;
- par piégeage : disposez un abri sur la surface du sol (carton plastifié, tuile, soucoupe
- plastique, planche, etc.) ou mieux, un véritable piège à limaces.
En soja bio, en dernier recours, et de manière exceptionnelle, utiliser en curatif un anti limaces autorisé en AB à base de phosphate ferrique.
Mouche du semis
Les attaques de mouche sont plus fréquentes et potentiellement plus graves que celles occasionnées par les limaces.
Les adultes (mouches) de cet insecte polyphage pondent de préférence dans les terrains humides et riches en matière organique.
Les larves de mouches peuvent ronger dans le sol le contenu des graines et des cotylédons, mais dès que ceux-ci sortent de terre et s'étalent, l'impact devient négligeable.
Les cotylédons touchés , une fois dépliés, laissent apparaitre des lésions noirâtres. Repérer ces symptômes sur plantule et les difficultés à la levée.
De simples mesures préventives, basées sur une implantation des cultures dans des conditions favorables à une levée rapide, sont généralement suffisantes. Pour éviter les attaques :
- Travailler le sol 1 mois avant la levée afin d’éviter de se retrouver en présence de matière organique en décomposition au moment de la germination (les sols fraichement travaillés sont plus attractifs)
- Semer sur un sol suffisamment réchauffé (> 10°C) pour éviter les levées lentes et difficiles qui sont les plus exposées.
- Ne pas semer à plus de 3 cm de profondeur, en préférant un semoir pneumatique monograine
- Semer sur terres bien ressuyées.
Aucun produit n’est actuellement autorisé pour lutter contre la mouche des semis en soja.
Taupins
En cas de risque de taupins avérés, Trika Lambda 1/Trika Expert+ ou Karate 0,4 gr/Ercole, sont autorisés (efficacité montrée également sur vers gris).
Pyrale des haricots : observer les gousses
Identifier la pyrale des haricots
La pyrale des haricots (Etiella zinckenella) est un insecte de l'ordre des lépidoptères (papillons). La chenille est de couleur jaune à vert. Elle prend une teinte violacée au niveau dorsal avec des lignes longitudinales plus sombres en fin de développement (jusqu’à 15 mm de long).
L’adulte est un papillon grisâtre de 22-26 mm d’envergure.
Biologie
Après une première génération dans les légumineuses sauvages (ex. : robinier faux acacia), les deux générations suivantes s'attaquent au soja et couvrent la phase de formation et de remplissage des gousses. Après éclosion la larve pénètre rapidement dans la gousse et la chenille se nourrit des graines en cours de remplissage. A l’ouverture de la gousse, on retrouve soit la chenille soit des déjections et des restes de graines.
Après s’être nourrie des graines de soja, la chenille sort de la gousse en perçant un trou (diamètre 1 à 2 mm), tombe sur le sol, puis s’y enfonce pour se nymphoser ou entrer en diapause larvaire.
Observée pour la première fois sur soja en 2003 dans un secteur centré sur la région d’Agen (Lot-et-Garonne), la pyrale des haricots a gagné progressivement l’ensemble de la zone de production de soja du Sud-Ouest.
Dégâts
Dans la zone de présence, une forte proportion des parcelles peut être concernée. Cependant, les attaques étaient globalement faibles dans trois quarts des cas et le plus souvent localisées sur les bordures. Les pertes de rendement peuvent être importantes sur certaines parcelles en particulier les parcelles non irriguées.
La qualité visuelle et la capacité de conservation des graines sont altérées. Par contre, la teneur en protéines n'est pas affectée.
Conseils et moyens de lutte
Aucune stratégie de lutte chimique ou avec du Bacillus thuringiensis n’est réellement efficace car la larve pénètre rapidement dans la gousse après éclosion.
Une irrigation bien conduite constitue la meilleure parade.
Sur les parcelles où des attaques de pyrale du haricot ont été observées, il est conseillé de :
- déchaumer derrière le soja pour augmenter le taux de mortalité des cocons de pyrale,
- labourer ensuite pour limiter les sorties d'adultes de la première génération.
Récolter du soja avec une coupe flexible
Charlotte Chambert (Terres Inovia) et Stéphane Pavan (agriculteur dans le 32) présentent la coupe flexible en soja qui permet de diminuer les pertes à la récolte.
Les barres de coupes dites" flexibles" permettent de récolter au plus près du sol (jusqu’à 5 cm du sol environ) sur toute la largeur de coupe : elles sont particulièrement adaptées aux parcelles peu nivelées, sol meubles et aux sojas dont les premières gousses sont très basses. Un lamier en inox assure la déformation de la lame de coupe. Les doigts des rabatteurs sont en plastique afin d’être moins agressifs envers la plante. Plusieurs constructeurs proposent des coupes dans leur gamme européenne ou par import des Etats Unis avec des largeurs variant de 5 à 12 m. Les barres de coupe de très grande largeur ne sont pas toujours les mieux adaptées, différents types de flexibilité existent. Elles peuvent être moins propices à suivre les micro-dénivelés dans la parcelle. Ces barres de coupe peuvent être rigidifiées et permettent de récolter également les céréales à paille (versées ou non). Certaines de ces coupes seulement laissent la possibilité d’adapter une rallonge de coupe pour récolter les colzas.
Documents à télécharger
Récolte du soja : bonnes pratiques et réglages de la machine
Soigner la récolte pour ramasser tous les quintaux
Gousses basses restées sur chaume après récolte
Un seul mot d’ordre pour la récolte du soja : récolter ni trop vite, ni trop haut.
Une récolte insuffisamment soignée peut conduire à des pertes de rendement de l’ordre de 3 à 5 quintaux/ha.
La qualité de la récolte sera conditionnée par plusieurs facteurs :
- Conduite de la culture sur la parcelle choisie : nivellement du sol, choix variétal, peuplement, désherbage
- Date de récolte : bonne observation de la maturité et passage sans attendre
- Conduite et réglages de la moissonneuse-batteuse
Adapter les réglages de la machine aux conditions de culture
Coupe classique et flexible sont possibles pour la récolte du soja
Il convient d’adapter les réglages des éléments de la moissonneuse-batteuse aux conditions de récolte : régime batteur, ouverture du contre-batteur, grilles de nettoyage, ventilation.
Pour le soja, les réglages recommandés sont :
- Rabatteurs à griffes : vitesse égale à la vitesse linéaire machine ou jusqu’à 10 à 25% supérieure.
- Batteur : vitesse la plus faible possible – 400 t/min
- Contre -batteur : ouverture maximale
- Ventilateur : puissance maximale
- Grilles inférieure et supérieure : ouverture maximale
De plus, régler au plus bas la hauteur de la coupe et modérer la vitesse d'avancement de la moissonneuse-batteuse pour optimiser la performance du chantier de récolte.
Chantier de récolte du soja
Il faut récolter ni trop vite, ni trop haut
Plusieurs quintaux peuvent être perdus si le sol est mal nivelé et si la conduite de la récolte est insuffisamment soignée.
Les pertes peuvent aller jusqu’à 3 à 4 quintaux/ha.
Récolter le soja à maturité
La récolte doit être réalisée quand les graines sont libres et « sonnent » dans les gousses : elles sont alors sphériques et peu rayables à l’ongle et leur humidité se situe entre 14 et 16 % d’humidité.
Champ de soja arrivé à maturité
Généralement, la plupart des feuilles sont tombées cela va dépendre des variétés et des conditions météo de l’année).
A surmaturité, les gousses s’ouvrent en se vrillant et laissent tomber les graines à terre
Récolter sans attendre dès que la maturité est atteinte sous peine de perdre des graines et de dégrader fortement la qualité de celles-ci en cas de réhumectation.
Après le stade optimum, des pertes de rendement peuvent être provoquées par des alternances de périodes sèches et humides (égrenage, pourriture).
Après la mi-octobre, l’humidité de l’air et la fréquence des pluies permettent difficilement de descendre en dessous de 18-20 % d’humidité. La qualité des graines risque d’être rapidement altérée par le développement des moisissures.
Si la récolte s’annonce tardive, le soja peut se récolter de manière décalée. La culture se « tient » assez bien tant que la maturité n’est pas atteinte. La récolte sera à réaliser dès que la culture aura atteint un stade assez avancée avec des conditions de récolte propices (temps sec, même si les températures sont froides). La récolte n’est pas possible au-dessus de 20 % d’humidité. Il est nécessaire de livrer la récolte le plus rapidement possible car les graines ne se conservent pas à plus de 14 % d’humidité.
Pour des récoltes tardives, la possibilité d’avancer la date de récolte en faisant un défanage est désormais impossible (aucun produit n’est autorisé pour cet usage).
Le soja dans la rotation culturale
Le choix des successions culturales et de la fréquence de retour des cultures dans la rotation détermine les risques liés aux mauvaises herbes, aux ravageurs et aux maladies.
D’une façon générale, le soja s’intègre facilement dans les rotations, plus ou moins longues (1 an sur 3 à 1 an sur 6) avec des céréales (blé, orge, maïs, riz), d’autres cultures type légumineuses (pois, lentilles, féverole, luzerne, …) et du tournesol.
- Alterner cultures d’hiver et de printemps et ne pas cultiver plus de deux années consécutives des cultures de printemps (maïs, soja, …) sur la même parcelle.
- Cultiver le soja au maximum deux années de suite sur la même parcelle afin de limiter les risques sanitaires (sclérotinia, maladies de fin de cycle) et la sélection d'adventices particulières.
- Rester vigilant sur le contrôle des repousses en cas d'un soja après un tournesol. Dans les parcelles de soja conventionnel, l'utilisation de Pulsar 40 pour contrôler les repousses de tournesol pourra s'envisager si les variétés de tournesol Clearfield ou ExpressSun ne figurent pas dans l'historique des précédents culturaux. En effet, pour assurer la durabilité de ces solutions il faut limiter les applications répétées de produits de cette famille dans la rotation. Les graines de tournesol sont à éviter dans les lots récoltés pour pouvoir accéder aux marchés des soyfoods.
Exemple de rotations pratiquées en agriculture bio
Sources : Terres Inovia, Projet CASDAR Rot'AB
Choisir une parcelle adaptée à la culture du soja
Trois éléments sont à prendre en considération dans le choix de la parcelle
Moitié nord-est de la France :
La culture est adaptée à la conduite pluviale dans les sols profonds, de la Bourgogne et la Franche-Comté aux vallées alpines
Moitié sud (Est et Ouest) de la France, le Poitou-Charentes et la vallée du Rhône, ainsi que le sud de la Bourgogne et l'Alsace :
L’irrigation est indispensable.
Seuls les sols profonds et très profonds permettent de cultiver du soja non irrigué avec une rentabilité suffisante (rendements 20 et 25 q/ha)
Adventices très concurrentielles et difficiles à contrôler :
Xanthium, ambroisie, datura, liserons, panic... tout comme les repousses de tournesol Clearfield ou ExpressSun pour lesquelles aucun moyen de désherbage ne doit être négligé.
Le choix de la parcelle s’inscrit aussi dans une réflexion plus large à l’échelle de la rotation culturale.
Soja de France : une charte pour valoriser les graines made in France non OGM
Pour valoriser les graines de soja produites sur l’hexagone, une charte a été élaborée par Terres Univia, l’interprofession des huiles et des protéines végétales. Objectif : garantir la qualité de la production d’un soja français non OGM, tracé et durable. Explications.
Le soja est une culture pleine de promesses. Ces dernières années, ces surfaces ont fortement progressé en France, passant de 76 000 à 154 000 entre 2014 et 2018. L’hexagone est, en effet, le deuxième pays producteur de cette culture dans l’Union Européenne, avec 410 000 tonnes produites en 2017, derrière l’Italie (978 000 tonnes).
Le tourteau de soja, première source en protéines concentrées
Le potentiel du soja n’a pas encore complétement été exploité. En alimentation animale, le tourteau de soja constitue la première source de protéines concentrées, en particulier pour les volailles En France, plus de 3,5 millions de tonnes de tourteaux de soja sont consommés par an, dont 450 000 tonnes de tourteaux de soja non OGM pour des filières animales sous cahier des charges. Mais une grande majorité de ces tourteaux est importée. Or, l’import non OGM pourrait être substituée par la culture française de plus de 200 000 ha de soja. L’enjeu d’une démarche de certification de graines de soja de qualité et non OGM est donc de taille. Du côté de l’alimentation humaine, on note une croissance continue des débouchés soyfoods (tofu pour les plats traiteurs notamment) et un développement possible à l’export.
Des premières graines certifiées depuis fin 2018
Pour valoriser les atouts et la qualité de la filière du soja français, la Charte Soja France a été créée par l’interprofession des huiles et des protéines végétales en 2018. Elle a été élaborée avec les semenciers, agriculteurs, collecteurs de graines, premiers transformateurs et utilisateurs industriels de la filière française du soja.
Lancée en 2018, cette démarche de certification en filière repose sur quatre engagements : des graines et des produits issus du soja d’origine France, non OGM, tracés et durables. Elle engage les trois maillons de la filière : la production de graines, la collecte et la première transformation.
Les producteurs de soja se sont engagés, dès novembre 2018, à produire les premiers lots de graines certifiés Charte Soja de France. Les garanties de traçabilité et du caractère non OGM seront facilitées par l’utilisation de semences certifiées françaises. Dans le cas d’un recours aux graines de ferme -pour lequel le producteur s’engage à déclarer la surface implantée auprès de la SICASOV et payer une redevance de 15€/ha-, le contrôle non OGM via l’analyse PCR sera demandé. Les engagements de durabilité reposent notamment sur le respect des bonnes pratiques techniques, sanitaires, environnementales et sociales à toutes les étapes de la filière. La traçabilité est, elle, garantie par de nombreux engagements, et notamment par la ségrégation des lots.