Ravageurs souterrains : limaces et mouche du semis
Les levées lentes et difficiles sont particulièrement exposées aux ravageurs souterrains (mouche des semis, limaces, …).
Soigner la mise en place de la culture et respecter les bonnes pratiques de semis suffisent généralement à limiter les problèmes et à éviter le recours aux produits phytosanitaires.
Limaces : les dégâts significatifs sont rares
Les limaces font preuve d'activité essentiellement nocturne. De jour, elles ont tendance à rester immobiles, cachées à l'abri de la lumière. De nuit, en conditions favorables (température, humidité), elles s'activent et cherchent à s'alimenter, à proximité immédiate ou, si la nourriture manque sur place et si elles ont la possibilité de se déplacer (sol humide en surface), en menant une prospection active. Une limace grise peut parcourir jusqu'à 3 m par nuit.
Une limace consomme jusqu'à l'équivalent de 50% de son poids par période de 24h.
Deux espèces principales
| Limace grise ou loche | Limace noire | |
| Couleur de la jeune limace | Rose violacée | Gris bleuâtre |
| Couleur de la limace adulte | Gris beige (+ ou - foncé) | Manteau noir |
| Taille de l'adulte au repos | 4 à 5 cm | 2.5 à 4 cm |
| Mucus | Blanc laiteux ou abondant | Incolore |
| Nombre de génération par an | 1 à 2, voire plus | 1 à 2 |
| Ponte par individu | 300 oeufs | 150 à 200 oeufs |
| Espérance de vie | 9 à 13 mois | 7 à 12 mois |
Même en conduite conventionnelle, la lutte doit demeurer exceptionnelle car les dégâts significatifs sur soja sont rares. 2 substances actives sont autorisées aujourd’hui :
- métaldéhyde
- phosphate ferrique.
Afin d’évaluer le risque d’attaque, vous devez connaître l’activité des limaces sur la parcelle
en conditions humides (attention, une observation ou un piégeage juste après un travail du
sol peut biaiser le résultat) :
- par observation directe des limaces actives sur le sol humide en surface, avant qu’il ne
- fasse trop jour ;
- par piégeage : disposez un abri sur la surface du sol (carton plastifié, tuile, soucoupe
- plastique, planche, etc.) ou mieux, un véritable piège à limaces.
En soja bio, en dernier recours, et de manière exceptionnelle, utiliser en curatif un anti limaces autorisé en AB à base de phosphate ferrique.
Mouche du semis
Les attaques de mouche sont plus fréquentes et potentiellement plus graves que celles occasionnées par les limaces.
Les adultes (mouches) de cet insecte polyphage pondent de préférence dans les terrains humides et riches en matière organique.
Les larves de mouches peuvent ronger dans le sol le contenu des graines et des cotylédons, mais dès que ceux-ci sortent de terre et s'étalent, l'impact devient négligeable.
Les cotylédons touchés , une fois dépliés, laissent apparaitre des lésions noirâtres. Repérer ces symptômes sur plantule et les difficultés à la levée.
De simples mesures préventives, basées sur une implantation des cultures dans des conditions favorables à une levée rapide, sont généralement suffisantes. Pour éviter les attaques :
- Travailler le sol 1 mois avant la levée afin d’éviter de se retrouver en présence de matière organique en décomposition au moment de la germination (les sols fraichement travaillés sont plus attractifs)
- Semer sur un sol suffisamment réchauffé (> 10°C) pour éviter les levées lentes et difficiles qui sont les plus exposées.
- Ne pas semer à plus de 3 cm de profondeur, en préférant un semoir pneumatique monograine
- Semer sur terres bien ressuyées.
Aucun produit n’est actuellement autorisé pour lutter contre la mouche des semis en soja.
Taupins
En cas de risque de taupins avérés, Trika Lambda 1/Trika Expert+ ou Karate 0,4 gr/Ercole, sont autorisés (efficacité montrée également sur vers gris).
Pyrale des haricots : observer les gousses
Identifier la pyrale des haricots
La pyrale des haricots (Etiella zinckenella) est un insecte de l'ordre des lépidoptères (papillons). La chenille est de couleur jaune à vert. Elle prend une teinte violacée au niveau dorsal avec des lignes longitudinales plus sombres en fin de développement (jusqu’à 15 mm de long).
L’adulte est un papillon grisâtre de 22-26 mm d’envergure.
Biologie
Après une première génération dans les légumineuses sauvages (ex. : robinier faux acacia), les deux générations suivantes s'attaquent au soja et couvrent la phase de formation et de remplissage des gousses. Après éclosion la larve pénètre rapidement dans la gousse et la chenille se nourrit des graines en cours de remplissage. A l’ouverture de la gousse, on retrouve soit la chenille soit des déjections et des restes de graines.
Après s’être nourrie des graines de soja, la chenille sort de la gousse en perçant un trou (diamètre 1 à 2 mm), tombe sur le sol, puis s’y enfonce pour se nymphoser ou entrer en diapause larvaire.
Observée pour la première fois sur soja en 2003 dans un secteur centré sur la région d’Agen (Lot-et-Garonne), la pyrale des haricots a gagné progressivement l’ensemble de la zone de production de soja du Sud-Ouest.
Dégâts
Dans la zone de présence, une forte proportion des parcelles peut être concernée. Cependant, les attaques étaient globalement faibles dans trois quarts des cas et le plus souvent localisées sur les bordures. Les pertes de rendement peuvent être importantes sur certaines parcelles en particulier les parcelles non irriguées.
La qualité visuelle et la capacité de conservation des graines sont altérées. Par contre, la teneur en protéines n'est pas affectée.
Conseils et moyens de lutte
Aucune stratégie de lutte chimique ou avec du Bacillus thuringiensis n’est réellement efficace car la larve pénètre rapidement dans la gousse après éclosion.
Une irrigation bien conduite constitue la meilleure parade.
Sur les parcelles où des attaques de pyrale du haricot ont été observées, il est conseillé de :
- déchaumer derrière le soja pour augmenter le taux de mortalité des cocons de pyrale,
- labourer ensuite pour limiter les sorties d'adultes de la première génération.
Punaises vertes : prévenir les pullulations
Biologie
Description
Adulte : punaise de 12 à 16 mm de long, de couleur verte en printemps-été et brun violacé en automne-hiver avec un écusson triangulaire à l’arrière du thorax. Présence de 3 petits points clairs, parfois 5, à la base de l’écusson.
Larves : 5 stades larvaires se succèdent.
- Stade 1 : couleur brun rouge
- Stade 2 : couleur noire
- Stade 3 : verte, ponctuée de blanc, de jaune et de noir
- Stade 4 : verte avec de larges zones encore noires
- Stade 5 : verte
Œufs : ils sont pondus par groupes, en rang serrés, le plus souvent sous les feuilles.
Cycle de vie
La punaise verte (Nezara viridula) peut se développer aux dépens de nombreuses plantes hôtes. Elle réalise deux générations par an. La première est réalisée sur divers cultures hôtes à partir de mars/avril. Fin juin, la nouvelle génération d’adultes investit le soja, dès la floraison.
Les femelles peuvent pondre plusieurs centaines d’œufs, par plaques de 30 à 80 œufs, sur la face inférieure des feuilles. Les « larves » passent par 5 stades de couleurs variées. Les stades 1 à 3 sont grégaires. Les stades 4 et 5 se répartissent progressivement dans le champ. Les punaises passent ensuite l’hiver sous forme adulte.
Les adultes puis les larves, sont généralement peu nombreux dans les premières semaines de la floraison. Mais des conditions favorables et des pontes abondantes peuvent faciliter l'envahissement progressif des parcelles et conduire à de véritables pullulations dans les 4-6 dernières semaines de végétation jusqu’à la récolte.
Œufs de punaises groupés | Punaises au stade 4 | Punaise adulte
Dégâts sur gousses et graines
Les dégâts sont liés aux prélèvements alimentaires effectués par les adultes et les larves sur les organes de la plante, surtout les gousses et les graines. Il s’ensuit :
- une perte de rendement par avortement de gousses, de graines, diminution du poids des graines
- une chute de la qualité germinative des graines
- un risque de transport de maladies fongiques, bactériennes ou virales
- une instabilité des graines au stockage
Symptômes sur gousses
Les attaques sur jeunes gousses entraînent des malformations, des dessèchements prématurés et même des avortements complets de gousse.
1. Ponctuations brunes en surface correspondant à des piqûres dans les graines - 2. Gousse avortée
Symptômes sur graines
Suivant le stade de développement et l’intensité de la ponction par la punaise, la graine peut aller jusqu’à l’avortement.
Diminution du poids des graines (de gauche à droite)
1. Graines saines
2. Légère attaque
3. Graines très touchées
Nuisibilité
Les punaises vertes plus présentes jusqu’à il y a quelques années dans la moitié sud, sont aujourd’hui aussi observées dans d’autres régions.
L’importance des populations est variable selon les années. Lors d’années à fortes attaques les pertes de rendement s’élèvent en moyenne à 2-4 q/ha, jusqu’à 10 q/ha, avec un impact fort sur la qualité.
Gestion : plusieurs stades de développement sont nuisibles
Règle de décision
Compte tenu du nombre d'oeufs par ponte et de la tendance des jeunes à rester groupés, une observation ponctuelle de nombreuses punaises sur quelques plantes ne constitue pas une information déterminante.
Une fois par semaine de mi-juillet à mi-août, observez la culture sur plusieurs zones de la parcelle en bordure et à l’intérieur du champ (6 à 8 points de quelques mètres carrés).
Si présence de quelques punaises (2 à 3 minimum) sur plus d’un point d’observation sur deux, un traitement est conseillé.
Les larves L2 et L3 font déjà des dégâts. Les larves L4 et L5 sont les plus dommageables. Les adultes causent aussi des dégâts très importants .
Choix des insecticides
Une seule substance active est utilisable, la lambda-cyhalothrine (liste non exhaustive : Karaté Zéon, Karaté Xflow, Ninja Pro, Kusti, Karaïbe Pro, Sentinel Pro, Lambdastar, Estamina à 0,075 l/ha….) avec un délai d’emploi avant la récolte de 35 jours.
Le traitement à base de lambda-cyhalothrine visant la punaise a une certaine efficacité contre les vanesses présentes. En revanche, l'efficacité sur noctuelle de la tomate (Helicoverpa armigera) n'est pas garantie car certaines populations sont résistantes.
Identifier et lutter contre les chenilles défoliatrices
Identifier les chenilles défoliatrices
Le soja abrite plusieurs chenilles défoliatrices dont la vanesse de l'artichaut (Vanessa carduii) et la noctuelle de la tomate (Helicoverpa armigera).
Chenille de vanesse | Chenille de noctuelle de la tomate
| Adulte | Larve (chenille) | |
| Noctuelle de la tomate (Helicoverpa armigera) |
Papillon nocturne |
-3 à 3.5 cm de long en fin de développement -corps jaunâtre ou verdâtre, ligne blanche tout le long du flanc soulignée en dessous par une zone plus foncée -tête jaune-brunâtre -6 pattes thoraciques et 10 fausses pattes abdominales |
|
Vanesse du chardon |
-envergure de 40 à 70 mm -ailes fauve orangé ponctuées de taches noires et blanches |
-longues épines beiges à extrémité noire -corps gris clair avec bandes noires dorsales et bande jaune ininterrompue sur les flancs |
Cycle de vie
La vanesse de l’artichaut migre d’avril à juin depuis le nord de l’Afrique ou de l’Espagne jusqu’à la Scandinavie avec un retour inverse à l’automne. Elle présente 2 à 3 générations par an en Europe, la dernière migrant vers le Sud. On observe les larves de vanesses dans les sojas à partir des premières feuilles trifoliées pour la 1ère génération, puis en juillet-Août pour la 2nde génération. Les œufs sont déposés individuellement sur les feuilles de la plante hôte. Les larves se nourrissent entre 2 et 6 semaines avant de se nymphoser. Cette dernière étape dure entre 7 et 17 jours.
Les premiers vols de noctuelle de la tomate (surtout présente dans le Sud de la France), sont détectés à partir de mai et se poursuivent jusqu’en octobre. Certaines populations sont sédentaires et d’autres sont migratrices. Plusieurs générations se succèdent. Les femelles peuvent pondre plusieurs centaines d’œufs sur tous les organes de la plante. A l’issue de son développement la chenille s’enfonce en profondeur dans le sol pour entrer en diapause jusqu’au printemps suivant.
Dégâts
Les adultes sont inoffensifs contrairement aux chenilles qui dévorent les limbes des feuilles généralement avant la floraison. Les attaques peuvent parfois sembler spectaculaires. La noctuelle de la tomate peut aussi attaquer les gousses.
Nuisibilité
La nuisibilité des chenilles défoliatrices est généralement faible sur soja, sauf ponctuellement en cas de pullulation. Des vols spectaculaires avec pullulation ont pu être observés à plusieurs reprises au cours des 20 dernières années. De fortes attaques d’Helicoverpa armigera sur gousses peuvent nuire fortement au rendement des parcelles.
Gestion des chenilles phytophages du soja
Les vols de noctuelles ne sont pas réguliers et difficiles à anticiper. Les températures élevées favorisent leur apparition et intensifient leur pression. Le stade de la culture n’influence pas le choix de de la noctuelle de la tomate pour sa plante hôte (pas de lien floraison / arrivée des noctuelles).
L’observation régulière en cours de culture et la pose de piège à phéromones sont les seuls moyens de repérer les vols d’Helicoverpa armigera et ainsi de déclencher un traitement sur les chenilles encore jeunes et peu nombreuses.
Les solutions à base de bactéries Bacillus thuringiensis var. kurstaki ou Bacillus thuringiensis var. aizawai (usage « traitements généraux ou usage soja et traitement des parties aériennes des chenilles phytophages ») sont efficaces sur les jeunes chenilles de noctuelles défoliatrices comme Helicoverpa armigera (stades larvaires 1 et 2) et autorisées en agriculture biologique.
Exemples (environ 30€/ha)
- Dipel DF® 1,0 kg/ha ou CostarWG® - Bacillus thuringiensis var. kurstaki
- XenTari® 1.0 kg/ha - Bacillus thuringiensis var. aizawai
Helicovex® est un insecticide à base de baculovirus utilisable en agriculture biologique qui doit être positionné sur les œufs et jeunes larves (stade larvaire 1) d’Helicoverpa armigera et s’utilise à 0.2 l/ha – 39 €/ha (usage soja « traitement des parties aériennes chenilles phytophages »).
Bien que spectaculaires, les attaques de vanesses sont le plus souvent sans incidence. Leur pullulation peut entrainer une dégradation poussée du feuillage mais seules les infestations massives et précoces peuvent nécessiter une intervention. Certaines préparations à base de bactéries Bacillus thuringiensis sont alors les seules solutions autorisées.
Acariens favorisés par un climat chaud et sec
Biologie et symptômes
Description
Deux espèces d’acariens sont principalement rencontrés sur soja, en particulier dans le Sud de la France : Tetranychus urticae et T. turkestani.
Ces acariens sont de très petite teille (0.3 à 0.5 mm), de forme globuleuse et présentent 3 à 4 paires de pattes selon les stades. Ils sont principalement localisés à la face inférieure des feuilles.
Cycle de vie
Les acariens migrent emportés par le vent vers les cultures de soja depuis les bords de route, fossés, haies, cultures voisines … Ils pondent à la face inférieure des feuilles. T. urticae tisse des toiles soyeuses qui constituent à la face inférieure des feuilles une forme de protection. Plusieurs générations se succèdent dans la culture (nombre dépendant de la température). Ces acariens passent l’hiver dans des infractuosités (écorce des arbres, sol…).
Dégâts
Les acariens se nourrissent en vidant les cellules végétales. Ces blessures engendrent une déshydratation des feuilles. De petites tâches jaunes ou blanches apparaissent sur les deux faces des feuilles, en particulier sur les plus jeunes. Si la plante supporte sans dommage la présence des acariens, les feuilles ne fonctionnent plus efficacement lorsqu’ils deviennent trop nombreux : elles jaunissent, se déforment, peuvent se dessécher et tomber.
Nuisibilité
Les acariens plus fréquents dans le Sud qu’en Bourgogne sont ces dernières années plus discrets.
Lorsque la température est élevée et l’humidité réduite, ils peuvent pulluler, d’abord en foyers dans le pourtour de la parcelle, avant de se disperser et de l'envahir.
Feuilles attaquées par les acariens
Gros plan d'un acarien
Gestion
Dès mi-juin, observer soigneusement les bordures de parcelles
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Être particulièrement vigilant en soja non irrigué ou les années chaudes et sèches.
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Surveiller l’apparition des premiers symptômes de jaunissement liés à la présence des acariens à la face inférieure des feuilles ou la présence de toiles soyeuses.
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Aucun produit insecticide n'est autorisé contre les acariens sur soja.
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Une bonne irrigation limite fortement les risques.
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