Soja : qualité des graines 2024
L’Observatoire de la qualité des graines de soja collectées en France est piloté par Terres Univia qui en confie la mise en oeuvre à Terres Inovia. Il a pour but d’appréhender annuellement les principaux critères qualitatifs de la récolte.
Contexte de la campagne 2024
En 2024, la surface cultivée en soja en France est estimée à 152 000 ha, marquant une baisse de 10 % par rapport à la moyenne quinquennale 2019-2023. Le rendement moyen national atteindrait 26,1 q/ha, en légère progression par rapport à la moyenne quinquennale de 25,2 q/ha, portant la production totale à environ 398 000 t selon les estimations de février 2025 (source : Agreste). Cependant, on s’attend à une révision à la hausse des rendements qui permettrait à la production de s’approcher d’un point haut historique. Bien que les opérations de semis et de récolte aient été compliquées par des précipitations récurrentes, ces dernières ont néanmoins permis de répondre aux besoins en eau de la culture, favorisant de bons rendements dans les principaux bassins de production. Par ailleurs, même si les conditions climatiques globalement favorables ont permis d’atteindre une qualité des graines plutôt correcte, l'année se distingue par des difficultés à atteindre la maturité dans certaines zones de production, en raison des températures fraîches enregistrées à l'automne. Cette année, en raison des difficultés de récolte très tardives, le nombre d’échantillons analysés est en dessous des années précédentes, rendant ainsi la représentativité des résultats moins solide.
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Conservation et Qualité : les bonnes pratiques du stockage du soja
Les bonnes pratiques
De bonnes pratiques de stockage de votre soja vous permettront de le conserver sur la durée en préservant sa qualité. Voici quelques règles à respecter :
Nettoyer avant la mise en stockage : nettoyage des locaux avant remplissage et des circuits de manutention
Attention aux graines cassées : le soja étant une graine fragile, il est conseillé de minimiser les impacts (réduire les hauteurs de chute, chocs directs sur les parois et dans les circuits de manutention) et le taux de graines cassées est un critère de qualité, en particulier pour l’alimentation humaine.
Nettoyage des graines à réception : selon les conditions de récolte, ce point peut se révéler important. Ce nettoyage permet un meilleur refroidissement par ventilation, contribue à réduire les risques d’attaques d’insectes et permet de respecter la norme de 2% d’impuretés.
Contrôler l’humidité des graines, et sécher si nécessaire : il est recommandé de stabiliser les graines de soja à une humidité comprise entre 12 et 13%, pour une conservation de longue durée en évitant de dégrader la qualité des graines (risque de développement de moisissures et insectes, risque d’acidification de l’huile). Si les graines sont trop humides, un séchage sera nécessaire : ventilation séchante possible entre 14 et 18% d’humidité, séchage immédiat au-dessus de 18%. A la norme commerciale d’humidité qui est de 14% pour le soja, les graines ne peuvent être conservées que pour une durée limitée.
Contrôler la température des graines avec la ventilation de refroidissement : Il est impératif de refroidir les graines pour les conserver sur la durée en bonnes conditions, par la ventilation en profitant de températures extérieures basses (inférieures d’environ 10°C par rapport à la température des graines). Cette ventilation se fait par étapes, et doit démarrer dès la mise en cellule, en ramenant le plus tôt possible les graines à 18-20°C. Si le stock est conservé jusqu’au printemps, réaliser 2 à 3 autres ventilations pour stabiliser la température en-dessous de 10°C.
L’air de refroidissement est généralement pulsé dans les cellules par des ventilateurs. Veiller à ce que ceux-ci travaillent dans la zone normale de leur diagramme débit-pression, soit à une pression au plus égale à 80 % de la pression maximale
Le stockage à la ferme
La conservation à la ferme ne peut s’envisager que si l’on dispose de moyens de mesure de l’humidité des graines et de matériel de ventilation ou de séchage. Attention, le soja est particulièrement cassant : il faut réduire les hauteurs de chute, chocs directs sur les parois et dans les divers circuits de manutention. Pour être stockées sur une longue durée, les graines doivent être refroidies en dessous de 10°C, ce qui peut se faire graduellement.
Réduire le risque sclérotinia pour les cultures suivantes
Dans les sojas ayant subi de fortes attaques de sclérotinia, l’utilisation du LALSTOP CONTANS® WG (1 à 2 kg/ha) juste après la récolte par application sur les tiges broyées permet de détruire les sclérotes de l'année et ainsi de réduire le stock de sclérotes du sol, limitant le risque sclérotinia pour les cultures suivantes et les parcelles voisines.
Respecter les précautions de stockage et d'emploi : la germination des spores du champignon contenu dans LALSTOP CONTANS® WG est optimale entre 7 et 24 °C et les conditions au-delà de 30 °C lui sont défavorables.
LALSTOP CONTANS® WG est biocompatible avec certaines spécialités phytosanitaires. Ne pas mélanger LALSTOP CONTANS® WG avec les engrais liquides. Pour tout renseignement complémentaire, nous vous invitons à contacter la société LALLEMAND SAS – 4 Route de Beaupuy – 31180 Castelmaurou. Tél : 05 34 27 67 80.
Diagnostiquer les maladies avant la floraison
Le mildiou
Le mildiou est fréquent mais sans incidence mesurable sur le rendement du soja. Il se manifeste par de petites taches jaune clair sur le feuillage de 1 à 5 mm sans halo de décoloration, évoluant en nécroses. Par temps humides, un duvet grisâtre est visible sur la face inférieure des feuilles.
Mildiou sur feuilles de soja : 1. Face inférieure, 2. Face supérieure
Le rhizoctone
Le rhizoctone provoque dans la parcelle des « ronds » ou foyers de plantes qui jaunissent puis se dessèchent. Dans les cas les moins graves, le rhizoctone peut ne concerner que quelques plantes isolées.
Foyers de rhizoctonia dans une parcelle de soja
En arrachant les plantes malades, le collet atteint par le rhizoctone montre des nécroses brun-rouge. A ne pas confondre avec les nécroses rose vif à rouge dues au Fusarium (voir photos ci-dessous).
1. Nécroses brun-rouge au collet provoquées par le rhizoctone
2. Nécroses rose vif dues au Fusarium
Optimiser son semis pour limiter les risques maladies
Optimiser le semis pour réduire le risque sclérotinia
Pour limiter le risque sclerotinia, éviter les fortes densités et choisir un interligne assez large, de 50 à 60 cm permettant une fermeture des lignes moins rapide et ainsi de mieux aérer le soja. Ceci évite de créer un micro-climat sous couvert favorable au développement du sclérotinia.
Semis de soja en dérobé
Diminuer la pression sclérotinia par la lutte biologique appliquée au semis
En situation à risque sclérotinia, il est possible de réduire le potentiel infectieux de la parcelle à l’aide de l’agent de biocontrôle LALSTOP CONTANS® WG en pré-semis (de préférence un mois avant le semis) à 2 kg/ha, en première utilisation (efficacité variable dans nos essais, allant jusqu'à 70 %). Juste après l’application, incorporer le produit de biocontôle par un travail du sol superficiel (4 à 5 cm) qui optimise le contact avec les sclérotes.
Car pour être efficace, LALSTOP CONTANS® WG doit être mis en contact direct avec les sclérotes. Cet usage assure une destruction des sclérotes superficiels qui permet de réduire la pression d'inoculum (émission d’ascospores qui contaminent les fleurs de soja) et limiter les attaques de sclérotinia.
LALSTOP CONTANS® WG est biocompatible avec certaines spécialités phytosanitaires. Ne pas mélanger LALSTOP CONTANS® WG avec les engrais liquides. Pour tout renseignement complémentaire, nous vous invitons à contacter la société LALLEMAND SAS – 4 Route de Beaupuy – 31180 Castelmaurou. Tél : 05 34 27 67 80.
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La spécialité LALSTOP CONTANS® WG est autorisée en mode biologique, par la directive européenne 2092/91. |
Diagnostiquer les maladies post-floraison
Le sclérotinia
Le sclérotinia se manifeste par une pourriture blanche qui commence au niveau d’un nœud fleuri. Elle gagne la tige puis le haut de la plante se dessèche. En fin de cycle, des amas noirs (sclérotes) se forment dans et sur les tiges et les gousses.
Optimiser l’irrigation pour réduire le risque sclérotinia
Pour éviter le développement du sclérotinia, il est conseillé de ne pas irriguer trop tôt pour ne pas favoriser une végétation luxuriante favorable à la fermeture de la ligne créant un micro-climat propice aux contaminations des fleurs de soja par les spores de sclérotinia. De plus une végétation luxuriante augmente le risque de verse et la propagation du sclérotinia par contact plante à plante.
Adapter l’irrigation en espaçant les tours d’eau et en augmentant la quantité d’eau apportée par tour (voir tableau). En sol profond, préférer les apports d'eau tous les 10 à 15 jours plutôt que chaque semaine
Stade et période conseillés pour l’irrigation :
| Sols profonds | Sols superficiels | |
| Stade conseillé pour débuter l'irrigation | 12 à 15 jours après le début de la floraison | Début floraison |
| Période en année normale | Du 10 au 15 juillet | Du 25 juin au 1er juillet |
Le diaporthe
Le diaporthe attaque en végétation et se conserve sur les résidus de culture. Avec des semences certifiées, les attaques sont rares et les pertes de rendement sont très dépendantes de la sensibilité variétale.
Les symptômes caractéristiques montrent des alignements de points noirs (pycnides) sur les tiges
Le mildiou
Le mildiou est fréquent mais sans incidence mesurable sur le rendement du soja. Il se manifeste par de petites taches jaune clair sur le feuillage de 1 à 5 mm sans halo de décoloration, évoluant en nécroses. Par temps humides, un duvet grisâtre est visible sur la face inférieure des feuilles.
Anticiper le risque maladies sur soja
Réussir un soja en situation à risque sclérotinia
Le sclérotinia constitue une des principales maladies du soja. Sans solution fongicide autorisée sur soja, la protection de la culture fait appel à différents leviers qui consistent à :
- Caractériser sa situation de risque au sclerotinia
- Miser sur le choix variétal
- Diminuer la pression sclerotinia par la lutte biologique au semis
- Optimiser le semis pour réduire le risque sclerotinia
- Optimiser l’irrigation pour réduire le risque sclerotinia
- Réduire le risque sclérotinia pour les cultures suivantes
Dégâts du sclerotinia sur champ de soja
Caractériser sa situation de risque au sclérotinia :
Sont à considérer à risque sclérotinia, les parcelles ayant déjà subi des attaques sur soja il y a moins de dix ans, où il est pratiqué un retour fréquent (plus d’un an sur deux) d’une culture sensible au sclérotinia comme du tournesol, colza, melon… dans des sols moyennement profonds à profonds et irrigués.
Le niveau de risque est défini dans la grille ci-après :
| Irrigation | |||||
| oui | non | ||||
| Fréquence de retour d'une culture à risque** | |||||
| Présence antérieure de symptômes | Type de sol | Plus d'1 an sur 2 | Moins d'1 an sur 2 | Plus d'un 1 sur 2 | Moins d'1 an sur 2 |
| oui | profond | Risque fort | Risque fort | Risque fort | Risque fort |
| superficiel | Risque fort | Risque fort | Risque moyen | Risque moyen | |
| non | profond | Risque fort | Risque moyen | Risque moyen | Risque faible |
| superficiel | Risque moyen | Risque faible | Risque faible | Risque faible | |
* Présence significative de sclérotinia, il y a moins de dix ans, dans du soja ou dans une autre culture sensible (exemples : tournesol, pois, colza, melon)
* * retour fréquent (plus d'un an sur deux) de cultures sensibles au sclérotinia
Miser sur le choix variétal
Dans les parcelles à risque sclérotinia, privilégier les variétés peu sensibles (PS) à la verse et au sclérotinia (quand la sensibilité au sclerotinia est connue) à l’aide de l’outil myVar.
Réussir un soja sous pression rhizoctone
rhizoctone sur soja
La maladie se rencontre sur plus de 200 espèces dont la betterave sucrière et le maïs. Le précédent maïs semble favoriser le rhizoctone sur soja car ces deux cultures sont touchées par la même souche du champignon (Groupe Anastomose AG 2.2). Il en est de même pour le précédent betterave ; soja et betterave ont également en commun une souche (AG 5, plus rare que AG 2.2), qui provoque aussi des lésions racinaires. Ainsi, il est conseillé d’éviter les précédents maïs et betterave dans les parcelles où la maladie a déjà été identifiée. Il convient aussi de limiter les risques d'asphyxie des racines associés à une mauvaise structure du sol, des tassements et/ou une zone inondable, autant de milieux propices au développement du rhizoctone.
Les débouchés diversifiés du tournesol
La graine de tournesol est valorisée à la fois comme source d’huile et de protéines.
Deux principaux types de tournesols sont cultivés en France : le tournesol linoléique (ou « classique ») et le tournesol oléique. En complément, il existe des marchés « de niche », avec des volumes limités : tournesol oisellerie, le plus souvent sous contrat de production, avec une utilisation en graine entière ; tournesol décortiqué comme ingrédient alimentaire (boulangerie, salades, …).
Des huiles variées
Des tourteaux plus segmentés pour répondre aux demandes de l’aval
Les tourteaux de tournesol constituent une source importante de protéines qui contribue à réduire le déficit protéique de la France (47% en 2016-2017) et de l’Union Européenne (65% en 2016-2017). Deux principaux types de tourteau de tournesol sont aujourd’hui produits en France :
Les tourteaux dits « pailleux » ou « low pro », obtenus à partir de la trituration de graines entières, ont une richesse en protéines le plus souvent inférieure à 30 % sur matière sèche. Ils sont notamment appréciés pour l’alimentation des bovins viande.
Les tourteaux décortiqués obtenus après trituration de graines décortiquées. Le décorticage consiste à enlever de façon plus ou moins poussée l’enveloppe (coque) des graines. Les tourteaux ainsi obtenus sont plus riches en protéines. Parmi eux, les « high pro » dépassent 35% de protéines sur matière sèche. Récemment développés (usines de trituration de Bassens - 33 - et de Lezoux - 63), ils sont majoritairement valorisés pour l’alimentation des volailles. Les coques sont brûlées pour produire de la vapeur dans une chaudière à biomasse, contribuant à améliorer le bilan énergétique de la trituration. Ces coques peuvent être aussi valorisées en alimentation animale, notamment pour lapins.
Pois chiche : récolte et stockage
Généralement, lorsque le stade maturité est atteint, les gousses ne s’ouvrent pas et les graines sont libres dans celles-ci. La hauteur de la première gousse, à 15-20 cm du sol, n’est pas limitante pour la moisson.
Le déclenchement de la récolte est possible dès 16 % d’humidité, afin de limiter la casse des grains. Un bon réglage de la machine limitera également la présence d’impuretés qui peuvent engendrer des tâches sur les grains.
Champ de pois chiche à maturité
La croissance des plantes est généralement interrompue par les conditions sèches en fin de cycle. En situation fraîche et plus humide, l'utilisation d'une faucheuse andaineuse sécurisera la récolte.
Objectifs et atouts du fauchage andainageLe fauchage andainage permet d’homogénéiser la récolte (en se rapprochant des normes de commercialisation) tout en minimisant les graines tachées et les pertes. Il est tout à fait adapté aux cultures indéterminées comme le pois chiche. La récolte se réalise en deux passages, un pour le fauchage et la création de l’andain et un second pour la récolte, à l’aide d’un pick-up. On observe généralement 8 jours entre ces deux opérations culturales. Il est nécessaire d’attendre que les grains aient atteint leur couleur définitive pour débuter le fauchage. Attention, si ce passage est trop tardif, il y aura un risque d’égrainage. Privilégier un andain homogène, sans vague, au risque de générer une mauvaise alimentation de la machine lors de la récolte. Dans des situations bien identifiées, le fauchage andainage a de nombreux intérêts. La multiplicité des passages entraine cependant un surcoût par rapport à une moisson classique. |
La récolte du pois chiche s’échelonne de début juillet à fin août selon les secteurs : 1ère quinzaine de juillet dans le Sud-Est ; fin juillet et 1ère quinzaine d’août dans le Sud-Ouest ; 2ème quinzaine d’août dans la partie Nord.
Les graines de pois chiche ne sont pas concernées par les insectes au stockage, à conditions de respecter de bonnes pratiques durant cette période. Pour assurer une bonne conservation au stockage, ramener les graines à une température inférieure à 20°C rapidement après récolte (et à 5°C pendant l’hiver) et à une humidité comprise entre 12 et 14 %. En cas de mélange de grains mûrs et immatures, faire un passage en séchoir.
La gestion des impuretés est également essentielle pour le stockage (risque moisissures) et le débouché visé (critère pouvant être plus ou moins contraignant) :
- La présence de morelle noire peut dégrader la qualité visuelle du pois chiche (tâches) et rendre impropre à la consommation les graines. S’assurer de son absence avant récolte est indispensable. Au stade maturité, l’arrachage manuel est le seul levier possible.
- Certain client exigeant demande aucune trace de résidus d’insecticide du stockage. Eviter les contaminations croisées en privilégiant des circuits dédiés ou des silos sans traitement.
- De même, veiller à l’absence de céréales dans les stocks de pois chiche par rapport au risque de présence de gluten (circuit dédié, nettoyage des locaux, calibrage des grains).
- Limiter la casse des grains, qui est l’un des principaux critères de qualité pénalisant, en adaptant les circuits de manutention (éviter les coudes, matériaux amortissants).
Héliothis ou noctuelle de la tomate (helicoverpa armigera)
Il a la capacité de pondre sur de nombreuses espèces (maïs, tomate, tabac, etc.) dont le pois chiche. Les larves percent la gousse et se développent à la place de la graine en formation. Les jeunes gousses sont plus sensibles. L’impact sur le rendement est directement lié à la pression du ravageur, avec des pertes de 20 à 30 %.
Héliothis dans une gousse de pois chiche
Suivre les réseaux de pièges à phéromones lorsqu’ils existent pour détecter le ravageur et adapter la stratégie de lutte, en fonction du stade et du début de vol.
Attention, certaines populations d’héliothis peuvent être résistantes aux pyréthrinoïdes.
Dans le Sud-Est (pourtour méditerranéen), semer tôt (du 15 décembre à début janvier) est une stratégie d'évitement et d'atténuation du ravageur.
Exemples de stratégies cible héliothis
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