Biocontrôle contre la grosse altise : que sait-on et que fait-on ?

​​​​​​​La grosse altise est un ravageur important du colza à l’automne. Pour y faire face, le Plan de sortie du phosmet vise à identifier et déployer des leviers de gestion, à l’échelle de la plante, de la parcelle et du paysage, qu’il s’agira de combiner dans des stratégies de gestion efficace sur le terrain.

Le biocontrôle qui utilise des mécanismes naturels pour lutter contre les nuisibles apparaît comme une alternative à intégrer dans ces stratégies de protection du colza. Cet article synthétise les résultats des recherches menées par Terres Inovia, et ses partenaires sur l'efficacité aux champs de diverses solutions de biocontrôle et leurs conditions d’application pour lutter contre les grosses altises adultes et leurs larves.​​​​​​​

Note importante : Les solutions testées et présentées ci-dessous ne sont pas autorisées aujourd’hui contre les grosses altises sur colza.

Le biocontrôle c’est quoi ?

Un produit de biocontrôle utilise des mécanismes naturels pour protéger les végétaux et renforcer leurs défenses contre les organismes nuisibles grâce à des macroorganismes, des microorganismes ou des produits comprenant des médiateurs chimiques, des substances naturelles (d'origine végétale, animale ou minérale), et des substances de base, tout en présentant un niveau élevé de sécurité pour la santé publique et l'environnement.

En France, près de 50% des produits de biocontrôle sont utilisés en arboriculture, maraîchage et viticulture. Cependant, de fortes attentes existent pour leur utilisation en grandes cultures, notamment pour les applications insecticides, qui représentent un tiers de leur usage total.
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Pour lutter contre les grosses altises, différentes stratégies sont envisagées par Terres Inovia : réduire la consommation des feuilles par les altises adultes, diminuer la pression larvaire sur le colza et limiter la colonisation du colza à l’échelle de la parcelle ou du territoire.

La lutte directe pour réduire les dégâts foliaires des adultes sur les jeunes colzas

Terres Inovia et ses partenaires ont évalué une quinzaine de substances naturelles pour limiter les dégâts foliaires par les adultes avant le stade 4 feuilles. Les efficacités observées sont variables et en général inférieures aux références insecticides. Les sels d’acides gras dont le mode d’action par déshydratation et suffocation nécessitent de toucher l’altise et le soufre dont le mode d’action aurait un effet plutôt répulsif se sont avérés les plus efficaces parmi les différentes solutions testées.

Sels d’acides gras : La première application est réalisée au début de l’attaque lorsque 30% des plantes environ présentent des morsures avant 4 feuilles. Trois traitements espacés de 5 à 7 jours sont réalisés et appliqués en fin de journée lorsque les altises adultes sont actives. Une réduction des dégâts foliaires est observée dès la première application avec une efficacité moyenne comprise entre 25 et 50%. L’action choc de la référence insecticide est supérieure. Après 2 ou 3 applications, et 2 à 3 semaines après l’unique application de Karaté Zéon, la réduction des dégâts foliaires par les sels d’acides gras est comparable à la référence insecticide.

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Figure 1 : Pourcentage de surface foliaire détruite après 1, 2 ou 3 applications de sel d’acide gras. Volume de bouillie 300 l/ha.  (nombre d’essais)

Soufre : La première application est réalisée en tout début d’attaque car le mode d’action supposé est répulsif. L’efficacité moyenne est comprise entre 20 et 45%. L’absence de pluies et les températures élevées semblent favorables à l’efficacité.

Figure 2 : Pourcentage de surface foliaire détruite après 1, 2 ou 3 applications de soufre. Volume de bouillie 200 l/ha. (nombre d’essais)


Le talc et le kaolin qui agissent comme barrière physiques se sont avérés moins efficaces.

L’huile de paraffine, le purin d’ortie, l’azadirachtine (extrait naturel du margousier reconnu pour ces propriétés insecticides contre les pucerons et utilisé par dérogation en arboriculture) ou encore le bore (forme octoborate) se sont avérés inefficaces dans les essais de l’institut et de ses partenaires.

Les essais se poursuivent sur la campagne 2025 afin de conclure sur leur efficacité et dans ce cas, de mieux comprendre les conditions d’application, ainsi que leur positionnement technico-économique. Il s’agit également d’identifier de nouvelles solutions.  

Des solutions pour limiter les infestations larvaires

Pour réduire la pression larvaire, plusieurs projets sont en cours dans le Plan de sortie du phosmet, pour développer des solutions techniques à base de produits de biocontrôle en lutte indirecte (projet Nap-Guard).

Terres Inovia a également mené divers essais pour limiter la pression larvaire avec des applications répétées de produits de biocontrôle (nématodes, quassine, champignon entomopathogène, bactérie Bt tenebrionis…), en entrée hiver (fin octobre et novembre). La cible visée est dans ce cas la larve de deuxième stade qui a des phases mobiles pendant lesquelles elle peut être au contact des solutions de biocontrôle. Cette piste s’est avérée peu efficace car les solutions de biocontrôle évaluées à ce jour ont une action essentiellement de contact à une période où le risque de lessivage est important.

Des solutions pour limiter la colonisation à l’échelle de la parcelle ou du territoire

La dernière stratégie envisagée consiste à limiter la colonisation du colza en agissant avant l’arrivée des grosses altises adultes (vols), soit en diminuant la population dans le paysage, soit en détournant ces insectes de la culture.

 A titre d’exemple, dans le but de réguler les populations d’altise d’hiver à l’échelle du territoire, BASF (projet VELCO-A), évalue depuis 2ans en conditions contrôlées (avec INRAE) et sur le terrain (avec Terres Inovia) l’efficacité d’un champignon entomopathogène.

La lutte de type push-pull est également explorée (Ctrl-Alt et Colzactise) pour détourner les ravageurs à leur arrivée sur la parcelle de colza avec l’utilisation de composés aux propriétés attractives et dissuasives. Des composés efficaces ont été identifiés en conditions contrôlées, mais il reste du chemin à parcourir (extraction, formulation, homologation) avant l’obtention de produits applicables par les agriculteurs.  Si le premier objectif est de diminuer l’attaque sur la parcelle de colza, le second est qu’il n’y ait pas de descendance des individus détournés du colza. Pour cela, il s’agirait d’attirer ces individus vers des crucifères en interculture et de détruire en hiver les plantes, ce qui ne permet pas aux larves de terminer leur cycle. Cette stratégie combinatoire sera évaluée lors de la poursuite du projet.

Conclusion et Perspectives

Le Plan de sortie du phosmet a contribué à accroître l’acquisition de références sur les produits de biocontrôle, et à soutenir le développement de nouvelles solutions alternatives aux insecticides. Néanmoins des défis persistent :

  • Les efficacités restent inférieures aux insecticides et aucune solution n’a été identifiée pour lutter directement contre les larves
  • Les conditions d’application et d’efficacité de ces produits sont plus dépendantes des conditions climatiques (action de contact souvent sensible au lessivage),
  • Une mise en œuvre qui nécessite de la technicité et du temps (plusieurs passages nécessaires).

En savoir plus sur le plan d'action sortie du phosmet

Contact : Laurent Ruck - l.ruck@terresinovia.fr

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Synthèse des essais biostimulants menés en 2022, 2023 et 2024

Dans le cadre de ce projet du Plan d'action de sortie du phosmet soutenu par le Casdar, sept biostimulants ont été testés dans un réseau d’essais menés avec les partenaires sur les campagnes 2022-2023 et 2023-2024 pour limiter la nuisibilité des insectes à l’automne sur colza. Voici les résultats.

Pour limiter la nuisibilité des insectes à l’automne, il faut que le colza présente une croissance dynamique et continue. Pour soutenir cette croissance, l’utilisation d’engrais au semis, l’association à une légumineuse gélive ou encore le choix du précédent sont autant de leviers qui ont déjà fait leur preuve. En complément, l’utilisation de certains types de biostimulants ayant pour revendication l’amélioration de "l’efficacité d’utilisation des éléments nutritifs" (Règlement UE 2019/1009) pourrait présenter un intérêt à condition que les effets positifs sur la nutrition se traduisent par des effets positifs sur la croissance.

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Dans le cadre d’Adaptacol², un projet du Plan de sortie du phosmet soutenu par le Casdar, un pool de sept biostimulants a été testé au sein d’un réseau d’essais mené avec les partenaires sur les campagnes 2022-2023 (Kelpak, ValeaMax, BlueN, FreeN + Free PK, MouvN et Exelgrow) et 2023-2024 (ValeaMax, BlueN et Vixeran). Les biostimulants ont été apportés à l’automne, le plus souvent en début de cycle en une ou deux applications. Il a été choisi de tester des positionnements déjà éprouvés et également exploratoires, visant à stimuler généralement les plantes plus précocement que les positionnements actuellement proposés.

Produit Composition Effets attendus Stade d’application Dose de produit
Kelpak Extrait d’Eklonia Maxima Forte concentration en auxine →​​​​​​​ stimulation de la croissance (racinaire puis aérienne) ; en sus : meilleure tolérance au froid B2 puis B4/B6 2 L/ha
ValeaMax Extrait d’Ascophyllum Nodosum (dont manitol et antioxydants) +B+Mo Stimulation de la croissance ; en sus : meilleure tolérance aux stress abiotiques B2 2 L/ha
BlueN Bactérie fixatrice d’azote endophyte Methylobacterim Symbioticum Fixe l’azote au sein de la plante et la transforme en N assimilable →​​​​​​​ augmentation de la quantité d’azote assimilée par la culture B6 0.333 kg/ha
FreeN + Free PK FreeN : Azotobacter chroococcum + Mn + Mo
FreePK : Bacillus mucitaginosus
- Fixe l’azote de l’air et le transforme en N assimilable (azotobacter)
- Augmente la minéralisation du P et du K (bacillus)
augmentation des quantités de NPK disponibles pour la culture
Levée à B2 0.5 L/ha FreeN + 0.5 L/ha Free PK
MouvN Glutacetine Stimulation du métabolisme azotée et de la photosynthèse → augmentation de la quantité d’azote assimilée par la culture et stimulation de la croissance B6 puis D2 0.5 kg/ha
Exelgrow Extrait fermenté d’Ascophyllum nodosum + acides fulviques + glycine betaine Stimulation de la croissance ; en sus : meilleure tolérance aux stress abiotiques dont stress hydrique B4 0.5 L/ha
Vixeran Bactérie fixatrice d’azote endophyte Azotobacter salinestris CECT 9690 Fixe l’azote au sein de la plante et la transforme en N assimilable → augmentation de la quantité d’azote assimilée par la culture Entre levée et B4 selon conditions météo 0.05 kg/ha

 

Les résultats obtenus ne mettent pas en évidence d’effet robuste et marqué sur la croissance (ni en entrée ni en sortie d’hiver) dans les conditions du réseau d’essais ; des tendances ponctuelles peuvent être décelées mais aucun effet significatif. Côté rendement, aucun effet significatif n’a été détecté, ni de tendance.

La synthèse complète des essais est disponible en téléchargement en bas de page.

Contact : C. Le Gall, c.legall@terresinovia.fr​​​​​​​

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Les intercultures pièges : un levier de gestion territorial des altises d’hiver

La stratégie de lutte contre les altises d’hiver s’étoffe avec un nouveau levier de gestion à l’échelle du territoire : les intercultures pièges. En complément des leviers déjà mis en place à l’échelle de la parcelle pour réduire les dégâts du ravageur (colza robuste, lutte insecticide), cette pratique doit permette de réduire les infestations.

Le colza est soumis à une pression croissante des altises, favorisée par l’élévation des températures et l’expansion des résistantes fortes aux pyréthrinoïdes. La lutte intégrée contre ce ravageur mobilise déjà des leviers de gestion à l’échelle de la parcelle (itinéraire technique). L’enjeu est de les sécuriser avec une stratégie territoriale qui vise à détourner les altises d’hiver des parcelles de colza en les attirant sur des parcelles d’interculture puis à réguler leur population en détruisant les larves dans les couverts.

Une pratique facile à mettre en œuvre

​​​​​​​Les altises adultes, à leur sortie d’estive, recherchent des sites pour s’alimenter et pondre. Si elles sont particulièrement attirées par le colza, d’autres brassicacées comme le radis chinois ou la navette présentent un attrait équivalent, voire supérieur. En revanche la moutarde blanche et le radis fourrager ne sont pas adaptés.

Fort de ces constats, l’idée des intercultures pièges à germer. La pratique consiste à semer des plantes attractives (radis chinois) dans les couverts d’interculture pour diluer la population du ravageur à l’échelle du territoire, puis de détruire les larves grâce à la destruction mécanique du couvert en entrée d’hiver (cf. figure ci-dessous).

Une expérimentation à grande échelle

​​​​​​​Cette stratégie, initiée par un collectif sur les plateaux de Bourgogne, a été testée dans d’autres territoires sur trois campagnes dans le cadre du Plan d’action de sortie du phosmet, soutenu par le ministère de l’Agriculture via le fond Casdar.
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Entre 2022 et 2024, 41 parcelles d’interculture ont été implantées avec des mélanges comportant au moins 20 pieds/m² de radis chinois et 74 parcelles de colza à proximité ont été suivies. Dans ce pool de situations (pas toujours optimisées), l’efficacité de la pratique est très variable, allant de 0 % à 89 %. En moyenne 29 % de la population d’altise ont été détournés des champs de colza.

Des conditions de réussite identifiées

Terres Inovia a d’ores et déjà identifié plusieurs facteurs de réussite de la pratique :

  • Une densité minimale de 20 pieds/m² de radis chinois dans l’interculture.
  • Une surface de parcelle piège importante, idéalement au moins équivalente à celle du colza.
  • La proximité entre les intercultures pièges et le colza.
  • Le semis de l’interculture sur la même période que le colza. Le radis est plus attractif lorsqu’il est jeune. Les semis d’interculture au mois de juillet conduisent souvent à un développement trop important de la plante piège.
  • Une destruction des intercultures en entrée d’hiver, de préférence mécaniquement.

Une coordination territoriale, favorisant une mise en œuvre concertée entre exploitations voisines, permettra d’optimiser la mise en œuvre et de maximiser l’impact. Le déploiement à grande échelle de cette pratique augmentera l’efficacité de la technique car elle améliorera la probabilité d’interception des insectes lors de leurs déplacements. Seuls les secteurs avec des problématiques de hernie des crucifères ou de nématodes doivent être exclus de cette mise en œuvre.

En parallèle, des recherches sont en cours pour optimiser la méthode, notamment en explorant l’usage de médiateurs chimiques capables d’attirer ou de repousser les altises. Ces solutions pourraient encore améliorer l’efficacité des intercultures pièges et renforcer leur complémentarité avec les leviers de gestion à l’échelle de la parcelle.

Une pratique sécurisée

Avant de déployer à grande échelle les intercultures pièges, Terres Inovia a mis en place des essais spécifiques pour s’assurer que les larves d’altises étaient bien détruites lors de la destruction des intercultures. L’institut recommande une destruction mécanique avant l’hiver pour sécuriser la pratique. Dans cette configuration, on dénombre 90 % d’adultes émergeants en moins que sur un colza.

Aurore Baillet - a.baillet@terresinovia.fr - Alsace, Lorraine

 

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Lutte fongicide contre le sclérotinia du colza

Même si les attaques de sclérotinia sont peu fréquentes, la maladie reste redoutée en raison de sa très forte nuisibilité potentielle. Des leviers de lutte alternative se développent (biocontrôle, tolérance variétale). Néanmoins leurs efficacités, même combinées, sont insuffisantes pour sécuriser la production. Le recours à la protection fongicide au cours de la floraison reste donc une pratique courante pour se prémunir des attaques de sclérotinia. Elle limite également la nuisibilité des maladies secondaires qui sont gérées en même temps.

Protection des abeilles et autres insectes pollinisateurs durant la floraison

Tous les produits phytopharmaceutiques autorisés pendant la floraison du colza doivent être appliqués dans la plage de traitement de 5H soit 2H avant le coucher du soleil et 3H après le coucher du soleil (Arrêté du 20/11/2021 modifiant les conditions d’application des produits phytopharmaceutiques durant la floraison).

 

Les mélanges impliquant pyréthrinoïdes et triazoles en période de floraison ou de production d’exsudats sont formellement interdits. Si les 2 traitements doivent être effectués sur la même parcelle, un délai de 24 h minimum doit être respecté entre les applications et l’insecticide doit être appliqué en premier (arrêté dit « mélanges » du 12/06/2015).

 

 

Viser le stade G1 pour une efficacité optimale

Aucune solution curative n’existe à ce jour pour lutter contre le sclérotinia. Cela nous contraint à intervenir de façon préventive pour éviter les contaminations lors de la chute des pétales. Le positionnement du fongicide est essentiel pour garantir une bonne efficacité de la protection : intervenir trop tôt ou trop tard par rapport au stade G1 (chute des premiers pétales, 10 premières siliques avec une longueur inférieure à 2 cm) réduit significativement l’efficacité. Le stade G1 se concrétise généralement 6 à 12 jours après le début de la floraison du colza, selon les conditions climatiques. En cas de pluies annoncées au stade clé d’intervention, il est préférable d’anticiper (un tout petit peu) plutôt que de retarder l’intervention. Un créneau de 2h de sec après l’application suffit pour sécuriser l’efficacité du fongicide, sauf en cas de pluie lessivante (20mm) après le traitement.

 

Des solutions efficaces

La lutte fongicide contre le sclérotinia du colza s’oriente aujourd’hui vers des spécialités « haut de gamme » qui présentent toutes un bon niveau d’efficacité vis-à-vis du sclérotinia et qui ne coûtent pas systématiquement plus cher que des triazoles classiques (tébuconazole, metconazole). C’est le cas notamment du prothioconazole cette année. Des solutions récentes sont également disponibles comme le méfentrifluconazole ou la mandestrobine, les niveaux d’efficacité de ces solutions (proposées en pack ou en association toute formulée) sont équivalents à ceux des références du marché.
Malgré tout, cela ne veut pas dire que l’on peut faire n’importe quoi. Quelques règles sont à suivre pour assurer la durabilité de ces solutions, dans un contexte où des souches de sclérotinia résistantes aux fongicides de la famille des SDHI (boscalid, bixafen, fluopyram) ont déjà été identifiées. Un fongicide à base de SDHI doit obligatoirement être associé à un autre mode d’action dont l’efficacité est reconnue comme régulière (par exemple, prothioconazole, metconazole, méfentrifluconazole et tébuconazole ; les solutions de biocontrôle restent insuffisantes). Son emploi doit être limité à une application par campagne.
De la même manière, le fludioxonil a une action unisite. Il n’est pas recommandé de l’utiliser seul et sera toujours proposé en association avec un autre mode d’action (triazole (DMI) ou strobilurine (QoI-P))

 

Un passage suffit

Les stratégies à double traitement (2ème traitement 10/15 jours après le stade G1) ne montrent pas de gain d’efficacité vis-à-vis du sclérotinia dans la très grande majorité des situations. Elles sont très rarement rentables : le rendement net (coût fongicides et passages déduits) est plus faible pour la double application que pour un passage unique au stade G1 (figure). Elles peuvent néanmoins montrer un intérêt, qui reste aléatoire, dans quelques situations à très haut potentiel de rendement en situation de floraison très longue, de fortes pressions maladies en fin de cycle (mycosphaerella, alternaria, oïdium) qui nécessiteraient un relai, de première intervention trop anticipée pour assurer une protection correcte de la floraison.

 

Figure : Le double passage n’est pas valorisé dans le réseau d’essais : même niveau de rendement net entre la modalité traitée uniquement à G1 et celle avec une stratégie à deux applications. En vert : absence de maladie ou faible attaque <15% : nuisibilité de 0,7 q/ha (31 essais de 2010 à 2017). En rouge : forte attaque (moy. 33%, jusqu’à globale) : nuisibilité de 5,6 q/ha (10 essais de 2010 à 2016). Hypothèses de calcul pour le rendement net : Prix de la graine (rendu agriculteur) = 520 €/t Coût de passage = 10 €/ha

 

Pour aller plus loin 

Montaison Floraison Lorraine, Alsace et Haute-Marne Maitrise des maladies Maladies Colza Aurore Baillet - a.baillet@terresinovia.fr

Normandie et Ouest Ile-de-France : prise en compte du risque méligèthes en colza

Jusqu’à mi-mars, les méligèthes étaient peu ou pas présents, et dans tous les cas peu voraces. Les températures maxi sont désormais en hausse. Quelques créneaux ensoleillés pourraient survenir avant le retour d’un temps instable. Quoiqu’il en soit, il reste essentiel de surveiller l’évolution des infestations dans les 15 prochains jours.

Etat de la situation au 18 mars

Les colzas sont globalement tous dans la phase sensible : stade D1, D2 très majoritairement, stade E pour les plus précoces. Le stade F1 ne devrait pas arriver avant fin mars, voire 5-10 avril.

En Normandie, la fréquence de parcelles colonisées est passée de 35 à 60 % en l’espace de 8-10 jours (BSV). Pour les parcelles concernées, le nombre moyen d’individus fluctue de 0,1 à 3 individus par plante au 18 mars 2025. La pression est donc faible à moyenne. Mais la vigilance doit être de rigueur désormais. Les conditions météo à venir vont probablement augmenter le curseur de risque.
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Examinez attentivement et très régulièrement l’évolution des choses à l’échelle de la parcelle, dans les 15 jours qui suivent. L’entrée en floraison – qui marque la fin du risque généralement - est encore loin. Pas de précipitation mais prudence car la menace rôde en particulier dans les vallées et parcelles entourées de bois / haies, ou parcelles en délicatesse depuis 3-4 semaines…​​​

​​​​​​​Observation et évaluation du risque 

Les stratégies contre les méligèthes visent à maintenir leur population à un niveau acceptable, sans chercher à les éradiquer, afin de permettre une floraison optimale et laisser le colza exprimer ses capacités de compensation pendant cette phase du cycle.

Il est important d'observer les parcelles du stade D1 au stade F1 :​​​​​​​

  • Au stade D1, les méligèthes sont plus difficiles à repérer, il est donc nécessaire d'examiner attentivement les boutons encore cachés par les feuilles.
  • À partir du stade D2-E, leur présence devient plus facile.
  • Au-delà de la présence, c'est bien le nombre d'insectes par plante qui constitue le risque. Il faut donc compter.

Méthode de comptage efficace

Afin d'évaluer correctement le risque, il est important d'éviter de se fier uniquement aux plantes en bordure ou aux plus hautes, qui ne sont pas représentatives. Il est recommandé d'effectuer un comptage sur 4 x 5 ou 2 x 10 plantes consécutives pour une meilleure estimation de la pression du ravageur.

​​​​​​​​​​​​​Seuils de risque et prise de décision

L'état du colza joue un rôle essentiel dans la gestion des méligèthes :

  • Colza fragile ou en difficulté (levée tardive, excès d’eau hivernal, ou stress hydrique durant la montaison, dégâts significatifs de ravageurs, enherbement très concurrentiel, etc.) : une surveillance accrue est nécessaire car le risque persiste même avec l'apparition des premières fleurs. Seuils d'intervention : 1 méligèthe par plante au stade D1, 2 à 3 méligèthes par plante au stade E
  • Colza vigoureux et bien implanté : le seuil est plus élevé et l'intervention n'est généralement justifiée qu'à partir du stade E si le nombre de méligèthes par plante dépasse 4 à 6.

Dès que les fleurs sont ouvertes et que le pollen est accessible, la nuisibilité des méligèthes devient généralement nulle ou faible rendant tout traitement inutile.

Faible à forte infestation en méligèthes

Stratégies de protection et insecticides autorisés

Les méligèthes sont depuis longtemps partout résistants aux insecticides en « ines » : lambda-cyhalothrine, deltaméthrine, cyperméthrine. D’autres pyréthrinoïdes spécifiques sont toutefois encore efficaces :

  • Étofenprox (TREBON 30 EC, UPPERCUT)*
  • Tau-fluvalinate (MAVRIK SMART, TALITA SMART)

* produit à privilégier dans le cas d’une gestion simultanée méligèthes + charançon de la tige

Recommandations d’application

  • Volume de bouillie : 200 l/ha est recommandé pour optimiser l'efficacité du traitement, évitant les trop bas-volumes (<100 l/ha).
  • Protection des pollinisateurs : En présence de fleurs, l'application des insecticides doit respecter les nouvelles règles (arrêté du 20 novembre 2021) :
    • Traitements autorisés uniquement dans les 2 heures précédant le coucher du soleil et les 3 heures suivant celui-ci.
    • En présence de fleurs, n'utiliser que des produits disposant d'une dérogation abeille (MAVRIK SMART, TREBON 30 EC, limite BBCH61).

Plantes pièges attractives pour les méligèthes pour limiter les dégâts et, dans certains cas, les traitements

La méthode est connue, relativement bien développée dans la région : l’association d’une variété haute et très précoce à floraison (ex DK EXAVANCE, ATRAKT, LID TRETO, ES ALICIA …) en mélange à 5-10% avec la variété d’intérêt peut permettre de rester en deçà des seuils d’intervention. Cette variété haute et très précoce sera en effet plus attractive pour les méligèthes, protégeant ainsi les plantes de la variété d’intérêt.


​​​​​​​ ​​​​​​​​​​​​Jean Lieven - j.lieven@terresinovia.fr - Normandie, Ile-de-France Ouest

Montaison Normandie et Ouest Ile-de-France Ravageurs Colza Jean Lieven

Vigilance sur la présence de mycosphaerella dans les colzas du Nord-Est de la France

La campagne 2024 a été marquée par une forte pression de mycosphaerella dans certains secteurs du Nord-Est de la France et particulièrement en Champagne-Ardenne. Cette maladie, présente habituellement dans l’Ouest de la France, sévit maintenant sur un plus grand territoire. Cette année, des symptômes sur feuilles sont de nouveau observés sur la Champagne et la Bourgogne. Il faudra être vigilant sur l’évolution de la maladie dans les semaines à venir.

Ce que l’on sait de la maladie

L’inoculum est présent sur les résidus de cultures et peut également être transmis par les semences. Les contaminations primaires apparaissent pendant l’hiver sur les feuilles du colza. Le pathogène touche ensuite les autres organes, dont les siliques. Les siliques infectées ne transfèrent plus les nutriments, ce qui réduit le rendement et le poids de mille grains. La perte de rendement dépend de l’intensité de l’attaque et de sa précocité et peut atteindre de 2 à 5 q/ha.
La dispersion des spores et la montée sur les étages supérieurs des plantes sont favorisées par des pluies fréquentes. L’expression de la maladie est favorisée par un climat chaud et humide. Il faut 25 jours à 17°C pour voir apparaitre la maladie en conditions contrôlées.  

Photo de symptômes de mycosphaerella sur feuille 
(source :  Terres Inovia)

 

 

Quelle est la situation pour la campagne 2025 ?

L’inoculum très présent avec la récolte 2024 et des conditions automnales assez humides et douces ont permis les premières contaminations. L’expression de la maladie commence à être visible dans certaines parcelles de colza. Pour l’instant, la fréquence et l’intensité en parcelle est faible, mais pourrait s’intensifier si les conditions météo restent humides. L’absence de pluie ces derniers jours et les faibles prévisions de pluie à court terme laissent penser que la situation devrait rester pour l’instant maitrisée. 

 

Quelles actions pour limiter l’impact de la maladie ?

Même si on peut observer quelques différences de sensibilité entre variétés face à la maladie, pour l’instant, la gestion passe par la protection fongicide des colzas. Il faut privilégier les spécialités à base de triazole, mode d’action ayant, à ce jour, les meilleures efficacités contre mycosphaerella. La dose et le positionnement seront à adapter selon les conditions favorables et la pression dans la parcelle.

Le traitement appliqué au stade G1 (chute des premiers pétales et 10 premières siliques de moins de 2 cm) contre le sclérotinia reste le pivot de la protection fongicide en colza. Ce traitement permettra également dans la majorité des situations de protéger contre mycosphaerella. En cas de présence bien visible de mycosphaerella au moment du traitement, il faudra appliquer au moins 80 % de la dose homologuée du fongicide à base de triazole seule ou associée. 

Si les conditions restent favorables pendant la floraison, un relais à dose modulée pourra être appliqué une quinzaine de jours après la première application. Il est préférable d’utiliser des spécialités à base de difénoconazole. 

Lors d’attaque précoce avec une fréquence et une intensité importante (très rares cas sur l’Est de la France à ce jour), un traitement plus précoce (au stade C2-D1) peut limiter la progression vers les étages supérieurs, mais n’apporte pas ou peu de gain de rendement en supplément à une application au stade G1. Sur 5 essais spécifiques menés par Terres Inovia entre 2022 et 2024 (départements 17, 35, 86), l’application de Sunorg Pro 0,6 l/ha (metconazole) au stade C2-D1 n’a procuré aucun gain significatif de rendement, malgré la présence notable de maladie sur feuille. Le traitement Passerelle 0,5 l/ha (difénoconazole) au stade C2-D1 à quant à lui apporté un gain significatif dans 2 essais sur 5 (+ 1,9 q/ha et + 2,9 q/ha).
 

Montaison Hauts-de-France Grand Est Bourgogne-Franche-Comté Lorraine, Alsace et Haute-Marne Maitrise des maladies Maladies Colza Mathieu DULOT (m.dulot@terresinovia.fr)

Sclérotinia du colza : une protection préventive

Le sclérotinia est historiquement la maladie la plus préjudiciable sur colza au printemps. Néanmoins, les attaques sévères sont en net recul depuis plusieurs années. Des conditions climatiques moins favorables au développement du champignon au stade sensible de la culture pourraient expliquer cette baisse de la pression maladie, malgré une présence de l’inoculum dans les parcelles.

La lutte reste préventive

Il n’existe malheureusement aucune solution curative, une fois la maladie présente il est trop tard.  La protection est donc préventive. Il existe une variabilité du niveau de risque à la parcelle selon le nombre de cultures sensibles à la maladie dans la rotation, l’historique des attaques sur la parcelle, la densité du couvert et le climat (temps humide avant floraison). Malgré toutes les tentatives, aucune règle de décision ne permet de modifier la stratégie.

Le positionnement du traitement conditionne son efficacité

Le traitement à la chute des premiers pétales lorsque les 10premières siliques sont formées sur les hampes principales avec une longueur inférieure à 2 cm (stade G1) reste la seule solution efficace sur la maladie. Le stade G1 apparait, selon les températures, 6 à 12 jours après le début de la floraison du colza.

Des essais menés depuis plusieurs années par Terres Inovia démontrent que le positionnement du fongicide reste un élément majeur pour garantir une bonne efficacité : intervenir trop tôt ou trop tard par rapport au stade G1 réduit significativement l’efficacité sur sclérotinia.

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Attention à la variabilité inter et intra parcellaire !​​

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Pour une même date de semis, l’entrée en floraison peut différer entre les parcelles de l’exploitation. Cette variabilité s’explique d’une part par des différences de précocité entre variétés, par les conditions d’implantation mais également par des problématiques ravageurs (altises, charançon), et/ou le contexte pédoclimatique. Il est donc recommandé de piloter l’intervention fongicide sclérotinia au cas par cas.
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Au sein d’une même parcelle, l’utilisation d’une variété piège à méligèthes, précoce à floraison, entraine un décalage de stade. Il convient dans ces situations d’observer le stade de la variété d’intérêt pour positionner l’intervention au meilleur moment.

​​​​​Quelle solution utiliser selon le niveau de risque sclérotinia ?

Les solutions conventionnelles du marché, historiques comme plus récentes, sont des solutions performantes contre le pathogène et permettent une alternance des modes d’action. Cependant, le choix du fongicide doit tenir compte de l’évolution de la résistance du sclérotinia aux SDHI. La note commune publiée en 2024  par l’Anses, INRAE et Terres Inovia recommande d’éviter l’emploi seul d’un fongicide à base de SDHI, tel que le Pictor Pro (boscalid). Il convient de l’associer avec un autre mode d’action efficace (les solutions de biocontrôle restent insuffisantes) et de limiter son emploi à une seule application par campagne.

  • En cas de risque agronomique sclérotinia faible à modéré (pression historique modérée, retour colza 1 an/4-5), toutes les solutions fongicides employées à demi-dose présentent un niveau d’efficacité satisfaisant vis-à-vis du sclérotinia. Les triazoles (prothioconazole, mefentrifluconazole, difenoconazole, tébuconazole, metconazole) peuvent également être envisagés, ainsi que les biocontrôles utilisés en mélange avec une demi-dose de produit conventionnel.
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  • En cas de pression sclérotinia élevée (retour colza une année sur trois ou moins, historique d’attaques sévères 2 ans/10, climat favorable, etc.), le mode d’action SDHI doit être associé à un autre mode d’action dont l’efficacité est reconnue comme régulière (par exemple, prothioconazole,  mefentrifluconazole, metconazole, tébuconazole). Les produits à base de prothioconazole offrent également un haut niveau d’efficacité. L’utilisation de Treso (fludioxonil), au mode d’action unisite, devra quant à lui se faire en association avec un autre mode d’action (triazole (DMI) ou strobilurine (QuoI-P)).

Quel intérêt d’une stratégie à double traitement ?

L’application d’un fongicide relai 10-15 jours après le stade G1 ne montre pas de gain d’efficacité vis-à-vis du sclérotinia dans la très grande majorité des situations. Elle présente néanmoins un intérêt en cas d’entrée en floraison très hétérogène d’une parcelle en année humide et qui nécessite alors une protection étalée dans le temps.

Lors de fortes pressions en maladies de fin de cycle (mycosphaerella ou alternaria), ce fongicide relais permet de prolonger la protection des siliques qui conservent leur activité photosynthétique. Des tâches de mycosphaerella sont aujourd’hui observées dans certaines parcelles du Poitou-Charentes/Vendée ainsi qu’en Bretagne et Pays de la Loire, il faudra surveiller leur évolution et ajuster si besoin le programme fongicide prévu au stade G1. Sur 7 essais mycosphaerella menés par Terres Inovia entre 2022 et 2024 (départements 17, 35, 86), l’application d’une triazole à G1+15 jours apporte un gain de rendement pour 3 essais, n’a aucun effet pour 2 essais, accuse une légère perte de rendement pour 2 essais. De nouveaux essais sont reconduits en 2025 pour investiguer ces aspects de la protection fongicide notamment dans le cadre du projet MYCORISK.


​​​​​​​Mycosphaerella sur feuilles à Saint Sauveur d’Aunis (17), le 21 février 2025

Des solutions de biocontrôle existent :

  • En pré-semis incorporé, Lalstop Contans-WG (C. minitans) vise la destruction des sclérotes du sol. Il permet de réduire les attaques dès la première application (efficacité variable pouvant aller jusque 70%). Le risque de contamination est réduit mais une protection fongicide supplémentaire est souvent nécessaire car même un faible stock de sclérotes viables peut induire une contamination. La contamination de la parcelle peut également avoir pour source une parcelle avoisinante non protégée.
  • En traitement sur chaume, il permet de réduire le stock de l’année afin de limiter le risque pour les cultures suivantes.
  • Au stade G1, les traitements à base de Bacillus subtilis (Rhapsody) sont préconisés en association avec un traitement fongicide, a dose modulée. En cas d’attaque, le niveau d’efficacité sera déterminé par la demi-dose du fongicide choisi.


► Tableau des fongicides


Attaque de slérotinia sur tige - L.Jung Terres Inovia




Julien Charbonnaud - j.charbonnaud@terresinovia.fr - Centre-Val de Loire
Elodie Tourton - e.tourton@terresinovia.fr - Poitou-Charentes, Vendée, Limousin​​​​

Thomas Mear – t.mear@terresinovia.fr - Bretagne, Pays de la Loire
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​​​​​​​G​​​​wenola Riquet - g.riquet@terresinovia.fr​​​​​ - Responsable fongicides et biocontrôle - Désherbage des légumineuses à graines

Montaison Floraison Centre-Val de Loire Poitou-Charentes, Vendée, Limousin Bretagne, Pays de la Loire Maitrise des maladies Maladies Colza Julien Charbonnaud, Elodie Tourton, Thomas Mear, Gwenola Riquet

Colza en Normandie et Ouest Ile-de-France : intérêt du fongi-régulateur en fin d’hiver ?

Les motivations qui poussent les agriculteurs à appliquer un « fongi-régulateur » entre les stades C2 et D2 sont diverses. Pourtant, la rentabilité de l’intervention reste aléatoire.

Argument n°1 : limiter le risque verse au printemps


Prévenir le risque de verse -et ses conséquences sur le rendement en fin de cycle- mais aussi régulariser la croissance (pour obtenir une « belle table » plus confortable pour la récolte) sont des motifs qui dominent. Les produits CARYX, TOPREX, MEDAX TOP sont ainsi reconnus en la matière. 

Un outil d’aide à la décision estime ce risque « verse » et indique l'intérêt ou non d'appliquer un régulateur.

Les situations qui rentabilisent à coup sûr le régulateur de printemps sont assez rares si les précautions sont prises en matière de maîtrise de la densité de peuplement et des fournitures azotées. D’autant plus qu’à ce jour, seule une minorité de variétés commercialisées sont véritablement fragiles vis-à-vis de la verse. (NB : Terres Inovia n’évalue pas les variétés éruciques). Consulter l’outil www.myvar.fr pour accéder à ces informations.

​​​​​​​Photo 1 : Colza versé

​​​Règle d’usage pour la régulation chimique en mars : bon état sanitaire du colza, conditions favorables à la croissance et intervention au bon stade idéalement avant D2.

Les effets de la régulation peuvent avoir un impact négatif sur le rendement (voir anciens résultats de Terres Inovia ici). Le régulateur conduit forcément à une situation de stress physiologique pour les plantes pendant la montaison. C’est pourquoi il n’est pas prudent de réguler un colza en sortie hiver dans des sols très humides, battants, tassés ou si des problèmes de hernie, larves d’altises, etc. sont avérés.

Argument n°2 : prévenir le risque de maladies dites « secondaires »

A la faveur des températures et des averses de fin d’hiver, la cylindrosporiose s’observe fréquemment sur feuilles en février et surtout mars-avril. Les produits à base de triazoles sont connus pour être relativement efficaces pour freiner les contaminations. Certaines triazoles (metconazole, tébuconazole en particulier, ex SUNORG PRO, MAGNELLO, BALMORA…) ont aussi une action de régulateur de croissance (action moins forte que CARYX toutefois). 

Pour autant, le bénéfice rendement attendu par le fongicide-régulateur de sortie hiver n’est pas mis en évidence dans les conditions testées ces dernières années (voir tableau 1 ci-dessous).

Photo 2 : Symptomes de cylindrosporiose sur colza

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Tableau 1 : Compilation des résultats d’essais micro-parcelles (3 à 4 répétitions) testant l’intérêt d’un fongi-régulateur à base de triazole au stade C2-D2.
​​​​​​​Les sites étaient choisis pour obtenir des conditions favorables à la cylindrosporiose (variétés, terroir)

Année récolte

Organisme expérimentateur

Lieu-département

Produit testé

au stade C2-D2

Gain/Perte en q/ha par rapport au témoin non traité au stade C2-D2

Essais sans fongicide G1

Essais avec

fongicide G1

2016

Chambre Agri

Corneville-27

JOAO 0.7

+ 0.2 NS

-

2017

Terres Inovia

Surville-27

SUNORG PRO 0.8

-1.9 NS

-

2018

Terres Inovia

Bu-28

SUNORG PRO 0.8

+ 1.3 NS

-

2020

Terres Inovia

Guitrancourt-78

SUNORG PRO 0.6

+1.4 NS

-

Chambre Agri

La Foret du Parc-27

SUNORG PRO 0.75

-

+2.4 NS

2021

Terres Inovia

Mondreville-78

SUNORG PRO 0.6

+1.1 NS

-0.6 NS

Terres Inovia

Rosny s/Seine-78

SUNORG PRO 0.6

+1.6 NS

-0.3 NS

2022

Terres Inovia

La Chapelle-Gauthier-27

SUNORG PRO 0.6

-0.2 NS

+0.6 NS

Terres Inovia

St Aubin du Thenney-27

SUNORG PRO 0.6

+0.2 NS

+3.2 NS

2023

Terres Inovia

Cintray-27

SUNORG PRO 0.6

-

-0.7 NS

Terres Inovia

Nogent-le-Sec 27

SUNORG PRO 0.6

-

-1.6 ***

Moyenne

+0.5

+0.4

Légende : *** = test Tukey significatif au seuil α = 5 % ; NS = test Tukey non significatif au seuil α = 5 %

Les variétés PS / TPS vis-à-vis de la cylindrosporiose et l’application fongicide habituelle à la mi-avril (au stade G1 à base de triazole) suffisent généralement à maîtriser le risque cylindrosporiose. Les traitements en mars visant spécifiquement cette maladie doivent donc rester exceptionnels. Cette année, il n’y a pas de signalements et de risques jugés atypiques.

​​​​​​​Les principales variétés vendues présentent des bons niveaux de tolérance à la cylindrosporiose (NB : Terres Inovia n’évalue pas les variétés éruciques). Consulter l’outil www.myvar.fr.

Quid du Mycosphaerella en Normandie et Ouest Ile-de-France ? : les taches sur siliques avaient été exceptionnellement observées dans la région en lien avec le printemps humide 2024. Dans certains secteurs du sud Essonne, sud Orne notamment, la nuisibilité a été marquée en l’absence de protection suffisante à floraison. La protection durant la floraison (un ou deux traitements) a en règle générale permis de gérer cette maladie. Jusqu’à preuve du contraire, rien ne justifie pour la région une prise en c

ompte particulière d’un risque Mycosphaerella à cette période de l’année.

Qu’indiquent les résultats d’essais dans les régions davantage concernées ?

Sur 5 essais spécifiques menés par Terres Inovia entre 2022 et 2024 (dép. 17, 35, 86), l’application de Sunorg Pro 0.6 l/ha au stade C2-D1 n’a procuré, dans aucun des lieux, de gain significatif de rendement, malgré la présence notable de la maladie sur feuilles. Le traitement Passerelle 0.5 l/ha au stade C2-D1 a quant à lui apporté un gain significatif dans 2 essais sur 5 (+1.9 q/ha et +2.9 q/ha). D’autres essais sont reconduits en 2025 pour investiguer ces aspects de la protection fongicide.

​​​​​​​Argument n°3 : Faire une pierre deux coup, « profiter » du passage fongi-régulateur pour ajouter un insecticide (ou l’inverse)

Argument évidement non recevable si l’insecticide n’est pas justifié, ou si le fongi-régulateur n’est pas justifié. Toute intervention doit être raisonnée au cas par cas, au bon moment et pour limiter un risque bien identifié.
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Certains mélanges triazole*insecticides sont interdits sur le plan réglementaire, y compris avant floraison.

Jean LIEVEN - j.lieven@terresinovia.fr  - Normandie, Ouest Ile-de-France

Montaison Normandie et Ouest Ile-de-France Maladies Régulateurs Colza Jean LIEVEN (j.lieven@terresinovia.fr)

Les colzas abordent le stade de sensibilité vis-à-vis du méligèthe

A la faveur des températures douces et de l’allongement de la durée d’ensoleillement, les colzas sont aujourd’hui dans une phase de croissance active. Avec le maintien des températures conjugué à un retour des pluies et un bon enracinement, toutes les conditions devraient être réunies pour assurer au colza une poursuite de son développement sans entrave majeure dans les jours à venir. Dans ce contexte et jusqu’à l’entrée en floraison, le risque lié au méligèthe est à prendre en compte à travers une surveillance rigoureuse.

Pour bien prendre en compte votre situation, nous vous conseillons de vous référer à votre BSV régional:

La gestion de ce ravageur repose sur la mesure du risque la plus juste possible, pour décider d'intervenir ou de ne pas intervenir.

Visiter les parcelles pour évaluer le risque

Les règles de décision mises au point pour lutter contre les méligèthes visent à maintenir la population à un niveau acceptable (et non de l’éradiquer) pour que la floraison puisse s'engager franchement et que les capacités de compensation du colza, importantes à cette période du cycle, puissent s'exprimer.

Observer les parcelles du stade D1 (BBCH50) correspondant à l’apparition des boutons accolés toujours cachés sous les feuilles jusqu’au stade F1 (BBCH60) correspondant aux 1ères fleurs ouvertes sur la moitié des plantes :

  • Au stade D1 lorsque les boutons floraux sont présents et encore dissimulés sous les feuilles terminales, les méligèthes sont plus difficiles à observer. Il faut prendre le temps de bien analyser la zone de feuilles entourant les boutons. Au stade D2 (BBCH53) et E (BBCH57), les boutons sont complètement visibles  et les méligèthes sont plus facilement repérables.
  • Les comptages en bordure ou sur les plantes les plus hautes ne sont pas représentatifs de la situation. Evitez les plantes pièges si elles sont présentes. Comptage sur 4 x 5 ou 2 x 10 plantes consécutives.

Prendre en compte l’état du colza et le nombre de méligèthes par plante 

Rappelons qu’un colza vigoureux et sain, pourra supporter une présence, même importante de méligèthes. Au contraire, un colza chétif, stressé, dans un contexte contraint sera particulièrement vulnérable.

  • La vigilance doit à présent être maintenue par un dénombrement régulier sur les plantes pour se situer par rapport aux seuils.
  • Dès que les fleurs sont ouvertes, le pollen étant libre d’accès, la nuisibilité du méligèthe devient généralement nulle et le traitement inutile.
  • Surveillance de rigueur également dans les situations avec une variété haute et très précoce (ex : ES Alicia ou DK Exavance) en mélange. Cette pratique permet de maîtriser certaines attaques faibles à moyennes mais n’exclue pas la surveillance ! En cas de fortes attaques, au-delà des seuils indiqués ci-dessous sur les plantes d'intérêt, un contrôle des populations de méligèthes peut se justifier.
  • Il est important de ne pas intervenir trop rapidement afin de toucher le maximum d'insectes lors de l'application.
  • Toute intervention est à éviter à partir de l’apparition des premières fleurs dans la végétation sauf si la pleine floraison ne se produit pas une semaine après l’apparition des premières fleurs.

Les seuils d'intervention

Etat de la culture

Conseil et seuil d'intervention

Si le colza n’est pas vigoureux en sortie d’hiver (petits colzas dus aux levées tardives, infestations larvaires ...) et/ou si les conditions environnementales sont défavorables aux compensations (températures faibles, plantes stressées en eau, dégâts parasitaires antérieurs de type larves d'altises, charançons du bourgeon terminal).

 
1 méligèthe par plante au stade D1 ; 2 à 3 méligèthes par plante au stade E. 

Si le colza est vigoureux (sain, bien implanté, dans un sol profond et en l'absence de stress printanier significatif).

Attendre le stade E (boutons séparés) et intervenir uniquement si le seuil de 4 à 6 méligèthes par plante est dépassé.

Quels insecticides utiliser ?

Les méligèthes sont résistantes aux pyréthrinoïdes en «ine» lambda-cyhalothrine, deltaméthrine, cyperméthrine,… Le taufluvalinate et l'étofenprox sont 2 pyréthrinoïdes qui échappent à la rapide métabolisation par les méligèthes et conservent leur potentiel d’efficacité.

Les substances actives efficaces sur méligèthes  

  • l'étofenprox (TREBON,30EC, UPPERCUT 0.2 l/ha)
  • le tau-fluvalinate (MAVRIK SMART, TALITA 0.2 l/ha)

Recommandations d’utilisation

  • Volume de bouillie, un optimum autour de 200 l/ha : pour optimiser l'efficacité d'une pulvérisation insecticide, il est conseillé de travailler à volume « normal », en évitant les trop bas-volumes, inférieurs à 100 l/ha.
  • Le contexte de réalisation est important : réglage du pulvérisateur, conditions climatiques, caractéristiques du produit appliqué.
  • Protection des abeilles: Dangereux pour les abeilles (phrase SPE8) : pour protéger les abeilles et autres insectes pollinisateurs, ne pas appliquer durant la floraison et/ou en période de production d'exsudat, à l'exception des usages bénéficiant de la mention abeille F, PE, ou FPE. En cas d’intervention tardive (par exemple, stade E avec apparition des premières fleurs), utiliser impérativement les solutions efficaces et bénéficiant d’une dérogation abeille : MAVRIK SMART, TREBON 30EC (stade limite d’utilisation BBCH61) Attention : ces applications font l’objet d’un arrêté encadrant les horaires d’application : dans les 2 heures qui précèdent le coucher du soleil et dans les 3 heures qui suivent le coucher du soleil. 

Une utilisation raisonnée de ces solutions est indispensable. Lire attentivement les étiquettes et la documentation disponible et respecter les recommandations d'emploi.
 

Vos contacts en région :

  • Alexandra Denoyelle (a.denoyelle@terresinovia.fr) – Auvergne-Rhône-Alpes et Provence-Alpes-Côte d’Azur
  • Arnaud Micheneau (a.micheneau@terresinovia.fr) - Sud Nouvelle Aquitaine, Gers, Hautes-Pyrénées   
  • Quentin Lambert (q.lambert@terresinovia.fr) - Occitanie 
     
Montaison Floraison Sud Aquitaine Est Occitanie Ouest Occitanie Auvergne Rhônes-Alpes Ravageurs Colza Equipe Sud et AURA - Terres Inovia

Méligèthes : une menace discrète, mais à surveiller de près

Les méligèthes sont de retour dans les parcelles de colza. Bien que leur présence soit encore discrète, il est essentiel de surveiller leur évolution, car une météo plus clémente pourrait favoriser leur essor.

Une pression actuellement modérée, mais une vigilance de rigueur

Les conditions climatiques récentes, marquées par des températures fraîches suivies de pluies et d'une certaine douceur, ne sont pas favorables à une arrivée massive des méligèthes. Néanmoins, ces insectes sont piégés en cuvettes en Poitou-Charentes et Centre-Val de Loire. Leur présence sur plante reste timide, mais une météo plus douce les après-midi pourrait entraîner les premières vagues de vol.

Observation des parcelles et évaluation du risque

Les stratégies contre les méligèthes visent à maintenir leur population à un niveau acceptable, sans chercher à les éradiquer, afin de permettre une floraison optimale et laisser le colza exprimer ses capacités de compensation pendant cette phase du cycle.
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Il est important d'observer les parcelles du stade D1 au stade F1 :

  • Au stade D1, les méligèthes sont plus difficiles à repérer, il est donc nécessaire d'examiner attentivement les boutons encore cachés par les feuilles.
  • À partir du stade D2-E, leur présence devient plus facile.
  • Au-delà de la présence, c'est bien le nombre d'insectes par plante qui constitue le risque. Il faut donc compter.

Stade actuel en région Poitou-Charentes et Centre-Val de Loire

Actuellement, les stades de colza dans les régions Poitou-Charentes et Centre-Val de Loire évoluent, avec une majorité ​​​​​​​de parcelles qui devraient atteindre rapidement ou qui sont déjà au stade D1 ("Boutons accolés encore cachés") quelques-unes le stade D2 ("Inflorescence principale dégagée") des stades E sont observables voire même quelques fleurs isolées !.

L'activité des méligèthes débute avec les premiers individus détectés dans les pièges, signe de leur présence en parcelle. Mais pour évaluer le risque, c'est le comptage du nombre d'insectes par plante qui reste l'indicateur à prendre en compte pour déterminer le risque.

Rappel​​​​​​​ : les adultes de méligèthes perforent les boutons floraux du colza pour se nourrir du pollen. Les adultes, peuvent lors de ce prélèvement de pollen en dommager le pistil d’autant plus que les boutons sont petits et, provoquer l’avortement des boutons floraux. Plus les boutons sont gros plus la nuisibilité baisse. Avec l’apparition des premières fleurs, le risque continue de diminuer. Mais il faut une floraison dynamique pour détourner un maximum d’individus vers les fleurs ouvertes. Les larves de méligèthes considérées comme nuisibles quant à elles, apparaissent plusieurs semaines plus tard et sont naturellement régulées par de nombreux prédateurs, notamment des hyménoptères, qu’il est essentiel de préserver pour maintenir cet équilibre.

Méthode de comptage efficace

Afin d'évaluer correctement le risque, il est important d'éviter de se fier uniquement aux plantes en bordure ou aux plus hautes, qui ne sont pas représentatives. Il est recommandé d'effectuer un comptage sur 4 x 5 ou 2 x 10 plantes consécutives pour une meilleure estimation de la pression du ravageur.

Seuils de risque et prise de décision

L'état du colza joue un rôle essentiel dans la gestion des méligèthes :

  • Colza fragile ou en difficulté (levée tardive, excès d’eau hivernal, ou stress hydrique durant la montaison, dégâts significatifs de larves d'altises ou de charançons du bougeons terminal ou de la tige) : une surveillance accrue est nécessaire car le risque persiste même avec l'apparition des premières fleurs. Seuils d'intervention : 1 méligèthe par plante au stade D1, 2 à 3 méligèthes par plante au stade E
  • Colza vigoureux et bien implanté : le seuil est plus élevé et l'intervention n'est justifiée qu'à partir du stade E si le nombre de méligèthes par plante dépasse 4 à 6.

Dès que les fleurs sont ouvertes et que le pollen est accessible, la nuisibilité des méligèthes devient généralement nulle, faible rendant tout traitement inutile.

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De faible à forte infestation en méligèthes - Photo L.Jung Terres Inovia

Stratégies de protection et insecticides autorisés

Les méligèthes sont résistants aux pyréthrinoïdes en "ine" (lambdacyhalothrine, deltaméthrine, cyperméthrine). Toutefois, certaines pyréthrinoïdes spécifiques sont encore efficaces :

  • Étofenprox (TREBON 30 EC, UPPERCUT)
  • Tau-fluvalinate (MAVRIK SMART, TALITA SMART)

Recommandations d’application

  • Volume de bouillie : 200 l/ha est recommandé pour optimiser l'efficacité du traitement, évitant les trop bas-volumes (<100 l/ha).
  • Protection des pollinisateurs : ​​​​​​​En présence de fleurs, l'application des insecticides doit respecter les nouvelles règles (arrêté du 20 novembre 2021) :
    • Traitements autorisés uniquement dans les 2 heures précédant le coucher du soleil et les 3 heures suivant celui-ci.
    • En présence de fleurs, n'utiliser que des produits disposant d'une dérogation abeille (MAVRIK SMART, TREBON 30 EC, limite BBCH61).

​​​​​​​En Savoir plus :


►​​​​​​​ Surveillance et lutte contre le méligèthe

►​​​​​​​ Les bonnes pratiques de traitement en floraison pour protéger les abeilles

Les abeilles, des alliées pour nos cultures. Protégeons-les !


Elodie Tourton - e.tourton@terresinovia.fr - Poitou-Charentes, Vendée, Limousin
​​​​​​​Julien Charbonnaud - j.charbonnaud@terresinovia.fr - Centre-Val de Loire

Sortie hiver Montaison Floraison Centre-Val de Loire Poitou-Charentes, Vendée, Limousin Ravageurs Colza Elodie Tourton & Julien Charbonnaud