Reconnaître les symptômes de carence en bore sur tournesol
A ce stade, il est trop tard pour réaliser un apport de bore. De plus, la carence s'exerçant avant que les symptômes ne se manifestent, il est inutile d'intervenir après leur apparition car il n'y a pas d'action curative.
Les symptômes de carence en bore
La carence s’exprime sur les feuilles du tiers supérieur de la plante, 10 à 15 jours après un défaut d’alimentation, par un gaufrage puis une décoloration et une grillure sèche de la base du limbe (zones internervaires, côté pétiole). La surface foliaire, essentielle au remplissage des graines, est alors réduite.
Dans les cas graves, des crevasses transversales avec émission de gomme conduisent parfois au cisaillement de la tige et à la chute du capitule, dès le stade bouton dégagé. Des graines vides peuvent également être observées.
Des déficiences précoces (lors de l'initiation florale) peuvent entraîner des malformations de capitules (fleurs ligulées ou bractées au centre du capitule).
1. Grillure de la base du limbe - 2. Cisaillement de la tige - 3. Malformation de pièces reproductrices
Risques de confusion
- Symptômes de sécheresse : les bords du limbe sont alors flétris.
- Dégâts liés au vent : couleur vert foncé.
- Maladie (phomopsis) : attaque à partir du bord du limbe en suivant une nervure.
Fertilisation du tournesol: diagnostic foliaire des carences
Le diagnostic est à réaliser en début de floraison
L'analyse de la teneur en éléments minéraux du tournesol constitue un bon indicateur de l'état nutritionnel des plantes. Il est nécessaire d'envoyer au laboratoire un échantillon d'au moins 500 grammes de feuilles fraîches en sac papier.
Les teneurs optimales en éléments minéraux figurant dans le tableau ci-dessous s'appliquent pour un diagnostic foliaire réalisé au début de la floraison sur les 5 et 6ème feuilles numérotées à partir du capitule.
Il est toujours préférable de réaliser les analyses par couple (un échantillon de feuilles prélevées sur des plantes présentant des symptômes et un échantillon de feuilles prélevées sur des plantes saines de croissance sensiblement équivalente). Dans ce cas, le diagnostic peut être réalisé à tout stade.
Coût moyen d’un diagnostic foliaire au SAS laboratoire :
- 3 éléments (N, P, K) : environ 60 € HT
- 6 éléments (N, P, K, Ca, Mg,Na) : environ 65 € HT
- 11 éléments (N, P, K, Ca, Mg, Cu, Zn, Mn, Fe, Bo, Na) : environ 70 € HT
Exemple de laboratoire pratiquant ce type d'analyses :
AUREA
270, avenue de la Pomme de Pin
45160 ARDON
https://aurea.eu/
Teneurs optimales en éléments minéraux dans les feuilles au début de la floraison
| Eléments majeurs et mineurs |
Teneurs optimales (en % de la matière sèche) |
| Phosphore (P) | 0.3 - 0.5 |
| Potasse (K) | 3 - 4.5 |
| Calcium (Ca) | 0.8 - 2 |
| Magnésium (Mg) | 0.3 - 0.8 |
| Soufre (S) | 0.15 - 0.2 |
| Oligo-éléments |
Teneurs optimales (en ppm de matière sèche) |
| Fer (Fe) | 80 - 120 |
| Cuivre (Cu) | 10 - 20 |
| Zinc (Zn) | 30 - 80 |
| Manganèse (Mn) | 25 - 100 |
| Bore (B) | 35 - 100 |
| Molybdène (Mo) | 0.4 - 1 |
Fertilisation du tournesol: carences en molybdène
Molybdène
Dans les sols très acides (pH inférieur à 6) on peut observer des carences en molybdène : les feuilles de couleur vert-jaune citron présentent une forme de cuillère avec les bords du limbe nécrosés marron clair (voir photo). En général, les symptômes sont légers et disparaissent rapidement sans qu’il soit nécessaire d’intervenir.
Carence en molybdène (feuilles en forme de cuillère), souvent confondue avec celle en potasse.
Attention, des confusions sont possibles avec une déficience en potasse, mais les symptômes interviennent généralement dès l’apparition des premières feuilles pour le molybdène et plus tard pour la potasse.
En présence de tels symptômes, une pulvérisation avec une solution à base de molybdène (10-20 g/ha) donne de bons résultats.
Dans les parcelles où l’on observe de telles carences, il est nécessaire de contrôler le pH du sol avec une analyse de terre : si le sol s’avère acide, réaliser un apport d’amendement basique.
Privilégier une fertilisation azotée en végétation plutôt qu'au semis du tournesol
En zones vulnérables, se référer aux arrêtés préfectoraux
Dans tous les cas, respecter strictement les réglementations en vigueur, notamment les arrêtés préfectoraux en zones vulnérables*. Les arrêtés préfectoraux diffèrent d'une région à une autre, dans les méthodes de calcul et les grilles de références.
* Liste des communes en zone vulnérable : voir le site de votre Chambre d'agriculture, DREAL ou DRAAF.
Raisonner la fertilisation azotée du tournesol
Les besoins en azote du tournesol sont modérés. Ils sont proportionnels au rendement à raison de 4,5 kg d'azote absorbé par quintal. Au delà de 150 kg d'azote absorbés/ha, l'azote n'est plus limitant.
Bien enraciné, le tournesol mobilise l’azote minéral des couches les plus profondes du sol qui lui fournit alors une grande partie de ses besoins, voire la totalité. La fertilisation azotée vise à compléter les fournitures du sol, si nécessaire, afin de satisfaire les besoins de la plante.
Pour déterminer la dose d'azote à apporter, il existe deux méthodes :
- l'estimation des besoins à partir des reliquats et de l'objectif de rendement (méthode du bilan)
Privilégier une fertilisation azotée en végétation plutôt qu'au semis
Un apport d'azote en végétation est souvent mieux valorisé qu'un apport au semis car il est mieux synchronisé avec la période de besoin maximum de la culture.
Pour apporter l’azote en végétation sans risque, utiliser une forme solide (ammonitrate ou urée), par temps sec, avant le stade 14 feuilles.
L’application de solution azotée est déconseillée ; elle n’est possible qu’en équipant le pulvérisateur de pendillards. Cet équipement évite de brûler les boutons dans le cas du report de l'intervention au delà du stade "14 feuilles'' (en raison par exemple de contraintes de temps de travail ou météorologiques).
Eviter les excès d'azote
- ils favorisent l'exubérance de la végétation, le développement des maladies (sclérotinia, phomopsis, botrytis) et la verse, ce qui pénalise le rendement ;
- ils abaissent la teneur en huile des graines d'un demi point pour 50 unités en trop, ce qui pénalise la qualité de la récolte. La teneur en acide oléique n'est pas affectée.
En revanche, quand on n'apporte pas d'engrais, ou trop peu là où il aurait fallu en fournir plus, on perd du rendement à cause des carences en azote (nombre de graines réduit et déficience photosynthétique)
Estimation des besoins à partir des reliquats et de l'objectif de rendement
En zone vulnérable vis à vis de la teneur en nitrate des eaux, respecter les arrêtés préfectoraux établissant les référentiels régionaux de mise en œuvre de l'équilibre de fertilisation azotée.
| Dose d'azote à apporter | |||
| Objectif de rendement | |||
| 25 q/ha (sol superficiel) (1) | 35 q/ha (sol profond) (2) | ||
| Reliquat d'azote minéral dans le sol au semis | faible (30 u) | 40 à 80 u | 80 à 100 u |
| moyen (60 u) | moins de 40 u | 40 à 80 u | |
| elevé (90 u) | 0 u | moins de 40 u | |
(1) argilo-calcaire superficiel, sol sableux, cranette
(2) limon, limon argileux, argile limoneuse, craie.
Si la minéralisation est forte, choisir la valeur basse de la fourchette et inversement. Les reliquats d'azote au semis se mesurent en prélevant des échantillons de sol à différentes profondeurs, par exemple par couche de 30 cm d'épaisseur jusqu'à 90 cm, voire 120 cm pour les sols les plus profonds. Ils peuvent être estimés à partir des résultats mesurés chaque année sur des réseaux de parcelles de référence ou calculés grâce à des logiciels de fertilisation azotée.
Fertilisation du tournesol: carences en molybdène et en magnésium
Molybdène
Carence en molybdène (feuilles en forme de cuillère), souvent confondue avec celle en potasse.
Dans les sols très acides (pH inférieur à 6) on peut observer des carences en molybdène : les feuilles de couleur vert-jaune citron présentent une forme de cuillère avec les bords du limbe nécrosés marron clair (voir photo). En général, les symptômes sont légers et disparaissent rapidement.
Attention, des confusions sont possibles avec une déficience en potasse, mais les symptômes interviennent généralement dès l’apparition des premières feuilles pour le molybdène et plus tard pour la potasse.
En présence de tels symptômes, une pulvérisation avec une solution à base de molybdène (10-20 g/ha) donne de bons résultats.
Dans les parcelles où l’on observe de telles carences, il est nécessaire de contrôler le pH du sol avec une analyse de terre : si le sol s’avère acide, réaliser un apport d’amendement basique.
Magnésium
Carence en magnésium due à un sol sableux
Le tournesol absorbe 90 kg/ha de magnésium mais en exporte peu. Il est utile de connaître sa teneur dans le sol pour prévenir d’éventuelles carences par des apports appropriés.
La carence en magnésium se caractérise par une chlorose internervaire des feuilles qui affecte l'ensemble du limbe. Ce dernier, épaissi et cassant, prend un aspect gaufré. Les chloroses magnésiennes affectent tout d'abord les feuilles de la base puis progressent vers les jeunes feuilles.
En cas d'observation des symptômes de carence, effectuer une analyse pour vérifier la teneur du sol.
Ne pas confondre avec les symptômes de vertilicilium.
Tournesol touché par verticilium
Fertilisation du tournesol: optimiser la fertilisation phosphatée et potassique
40 u P2O5 et 40 u K2O pour un rendement de 35 q/ha
Si l’on souhaite couvrir les exportations, pour un rendement de 35 q/ha, il faut apporter environ 40 unités d’acide phosphorique et 40 unités de potasse.
Le blocage de la fertilisation phospho-potassique sur les têtes de rotation n’est plus conseillé par le COMIFER (Comité français d'études et de développement de la fertilisation raisonnée). Il est préférable d’apporter les éléments phospho-potassiques nécessaires à chaque culture.
Gestion de la fertilisation phosphatée et potassique
| P2O5 | K2O | |||||
| Objectif de rendement | sol à faible teneur | sol à teneur moyenne | sol à teneur élevée | sol à faible teneur | sol à teneur moyenne | sol à teneur élevée |
| 25 q/ha | 40 u | 30 u | 0 u | 40 u | 30 u | 0 u |
| 35 q/ha | 60 u | 40 u | 0 u | 60 u | 40 u | 0 u |
En l’absence d’apport en année n-1 ou n-2, les quantités peuvent être augmentées de 10 u de P2O5 et de 20 u de K2O.
En cas d’exportations des pailles de céréales avant la culture, rajoutez à ces chiffres, et seulement en sols pauvres, 10 à 20 u de P2O5 et 30 à 40 u de K2O.
Se référer aux grilles diffusées par le COMIFER.
Pas d’intérêt particulier de la localisation
La localisation d’engrais PK sur tournesol n’apporte pas d’avantage par rapport aux applications en plein. Toutefois cette technique peut être utilisée sans inconvénient (même dose qu’en plein).
Attention aux impasses !
Selon l'enquête 2017 de Terres Inovia sur les conduites du tournesol, il y a encore 45% des surfaces de tournesol qui ne reçoivent pas de PK. Les doses moyennes apportées sont de 49 kg/ha de P2O5 (contre 56 kg/ha en 2011 et 51 kg/ha en 2013) et 51 kg/ha de K2O (contre 58 kg/ha en 2011 et 52 kg/ha en 2013).
Le tournesol est une plante considérée comme peu exigeante en phosphore et moyennement exigeante en potasse. Ces éléments combinés aux prix élevés des fertilisants phospho-potassiques peuvent inciter à généraliser les impasses.
Attention, faire des impasses sur une culture doit se faire en connaissance de cause. Il est donc important de réaliser des analyses de sol pour prendre la bonne décision.
Chaque année, quelques parcelles carencées sont observées. Les carences phospho-potassiques freinent la croissance végétative de la plante et limitent son potentiel de rendement.
Carence en potasse sur jeune plante à ne pas confondre avec celle en molybdène.
Les carences sont possibles :
- si les teneurs du sol en élément phospho-potassique sont trop faibles par rapport au besoin de la plante,
- en cas d'enracinement médiocre et de disponibilité en eau limitante.
Fertilisation du tournesol: carence en bore, intervenir préventivement en cas de risque
Le bore est un oligo-élément essentiel pour le tournesol : il en absorbe plus de 400 g/ha dont 80 % entre les stades “5 paires de feuilles” et “bouton floral” (E4). La carence s'exerçant avant que les symptômes ne se manifestent, il est inutile d'intervenir après leur apparition car il n'y a pas d'action curative.
Dans le sud de la France, les conditions chaudes fréquentes dès le mois de juin perturbent souvent l’assimilation du bore et provoquent l'apparition de carence avec des conséquences parfois lourdes : jusqu'à 10 q/ha et 5 points d'huile en moins !
Dans les situations à risque, intervenir préventivement
Pour limiter les risques de carence en bore liée à un mauvais enracinement, éviter les tassements excessifs, par exemple suite à de trop fréquents passages d’outils ou à un travail du sol en conditions humides.
Le recours à l’irrigation en cas de sécheresse favorise l'absorption du bore et peut limiter l’apparition de carence.
En végétation, privilégier les apports de bore au début de la période de ses besoins, entre le stade 10 feuilles et le stade limite passage du tracteur (le tournesol mesure 55 à 60 cm).
Les solutions à base d'acide borique, moins chères, sont aussi bien assimilées par la plante que les formes plus élaborées.
Apports conseillés en cas de risque de carence
Dernière mise à jour : mars 2018
| Apport | Stade | Forme | Dose de bore (B) |
| Au sol | Incorporer ou pas avant le semis, comme un herbicide (1) |
Solide, incorporer à la fumure classique Classique |
1,2 kg/ha(3) |
| En application foliaire | Entre les stades "10 feuilles" et LPT (1) (2) | Liquide : apporter au moins 200 l/hade bouillie | 300 à 500 g/ha (3) (4) |
(1) Peut être réalisé à l'occasion du désherbage ou de l'application du fongicide.
(2) LPT : limite de passage du tracteur. Le tournesol mesure 55 à 60 cm.
(3) Chélal B : 250 g B/ha au sol - 200 g B/ ha en application foliaire (données firme).
(4) Soit environ 3 l de produit liquide à 150 g/l de bore
Des risques de carence en rotation courte, sur sols légers ou très calcaires
Facteurs de risque :
- les sols légers (sables, boulbènes, argilo-calcaires, etc.),
- les sols calcaires (plus de 5 % de calcaire total),
- les sols où des carences en bore ont été observées au cours des années antérieures,
- les sols compactés pénalisant l'enracinement.
3 facteurs aggravants sont observés assez fréquemment dans les conditions de culture du tournesol dans le Sud-Ouest et en Poitou Charentes :
- les chocs thermiques (températures supérieures à 30°C) entre le stade 10 feuilles et le début de la floraison,
- les conditions sèches entre le stade 10 feuilles et le début de la floraison,
- le retour fréquent du tournesol dans les rotations (un an sur deux ou trois) sans apport de bore.
- Ils peuvent conduire à l'expression marquée de carence en bore y compris dans des sols profonds.
Les symptômes de carence en bore
La carence s’exprime sur les feuilles du tiers supérieur de la plante, 10 à 15 jours après un défaut d’alimentation, par un gaufrage puis une décoloration et une grillure sèche de la base du limbe (zones internervaires, côté pétiole). La surface foliaire, essentielle au remplissage des graines, est alors réduite.
Dans les cas graves, des crevasses transversales avec émission de gomme conduisent parfois au cisaillement de la tige et à la chute du capitule, dès le stade bouton dégagé. Des graines vides peuvent également être observées.
Des déficiences précoces (lors de l'initiation florale) peuvent entraîner des malformations de capitules (fleurs ligulées ou bractées au centre du capitule).
1. Grillure de la base du limbe - 2. Cisaillement de la tige
Risques de confusion
- Symptômes de sécheresse : les bords du limbe sont alors flétris.
- Dégâts liés au vent : couleur vert foncé.
- Maladie (phomopsis) : attaque à partir du bord du limbe en suivant une nervure.
L'analyse de terre pour une évaluation précise du risque
Pour évaluer le risque, l'analyse de terre est la méthode la plus précise. Avant d'effectuer cette analyse, vérifier que la carence n'est pas liée à un mauvais enracinement. En l'absence d'analyse, le traitement est conseillé, surtout dans les situations à risque décrites ci-dessus.
Attention, le risque d’observer au moins un facteur aggravant peut conduire à fertiliser en bore des parcelles situées en sol profond et moyennement profond.
| Type de sol* | Calcaire actif | pH eau | Valeur en dessous de laquelle il existe un risque de carence en bore (ppm) | ||
| Méthode d'extraction à l'eau chaude | Méthode CaC12 (COFRAC) | ||||
| Non calcaire (moins de 5% de calcaire total) | Argile ou limon | - | moins de 7 | 0,2 | 0,12 |
| plus de 7 | 0,5 | 0,30 | |||
| Sable | - | moins de 7 | 0,3 | 0,18 | |
| plus de 7 | 0,6 | 0,36 | |||
| Calcaire (plus de 5% de calcaire total) | moins de 10% | - | 0,3 | 0,18 | |
| plus de 10% | - | 0,5 | 0,30 | ||
* Le risque est accru sur sols légers, filtrants, à teneur en éléments grossiers + sables fins, supérieure à 15-20%.
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