Lutter contre les tournesols sauvages
Les tournesols sauvages (ou tournesols adventices) sont très nuisibles : en cas d’infestation, les pertes peuvent dépasser 50% du rendement et la récolte devenir impossible. De plus en plus fréquents dans diverses zones de production de tournesol dans le monde, ils prolifèrent aussi en France.
Tous les acteurs de la filière tournesol doivent se mobiliser autour d’une lutte préventive et durable contre cette adventice. Les semenciers en premier lieu mettent en œuvre des procédures pour réduire le risque de pollution fortuite des lots de semences. Les agriculteurs et leurs conseillers ont aussi un rôle clé dans la lutte.
Reconnaître les tournesols sauvages
1. Tournesol sauvage - 2. Coloration violacée du capitule et de la tige - 3. Capitule de tournesol sauvage
Malgré des morphologies assez variées et un fort apparentement avec les variétés cultivées, les tournesols sauvages ont des caractères très marqués qui permettent de les distinguer des tournesols cultivés. Les tournesols sauvages sont ramifiés, souvent de grande taille (supérieure à 2 m), polyflores sans capitule dominant. Leurs capitules sont de petite taille et de maturité différenciée. Ils portent de petites graines dont la majorité tombe au sol avant la maturité du tournesol cultivé. On constate souvent une coloration rouge à violette du capitule, de la tige et des pétioles.
Les risques de confusion
Tournesols polyflores à différents stades
Les tournesols sauvages se distinguent des deux formes suivantes, nettement moins préjudiciables.
L’hybride polyflore : ce phénomène qui touche certaines variétés est provoqué par des amplitudes thermiques importantes (de l’ordre de14°C à 20°C) ou/et une période de gel durant la phase d’initiation florale, 35 à 45 jours après la levée. Si le capitule principal est toujours bien identifié, quelques capitules secondaires démarrent sur la tige principale. En fin de cycle, la maturité de ces capitules secondaires évolue au même rythme que le capitule principal ce qui n’engendre pas d’augmentation d’humidité à la récolte. L’hybride polyflore est de même taille que les pieds sans polyflorie. Semé dans l’année, il se positionne sur le rang. L’impact sur le rendement est nul à très faible et il n’y a aucun risque d’infestation à terme de la parcelle.
Les repousses de tournesol proviennent de la germination de graines de tournesol hybride retombées au sol avant récolte. La polyflorie n’est pas systématique dans ce cas. Les pieds sont souvent de petite taille et ne présentent pas de coloration violacée. Leur capacité de dissémination et leur pouvoir concurrentiel sont bien moindres que le tournesol adventice « sauvage ».
Une nuisibilité très forte
En cas de forte présence de tournesols sauvages, la nuisibilité peut dépasser 50 % de pertes de rendement.
Dans les situations très infestées, la maturation des formes sauvages étant retardée, l'abondance de tiges vertes empêche le passage de la moissonneuse-batteuse. Dans les cas extrêmes, l'hybride cultivé est entièrement étouffé par le tournesol sauvage et disparaît sous le couvert, rendant la récolte impossible.
La teneur en acide oléique peut baisser jusqu'à 10 points.
Ces pertes sont dues au mélange à la récolte de graines de tournesol cultivé avec les graines de tournesol sauvage. Or ce critère qualitatif est déterminant pour la commercialisation des lots dans les filières oléiques.
Un phénomène en baisse mais qui reste préoccupant
Fin 2014, les tournesols sauvages concernent les principaux bassins de production de tournesol en France : Sud-Ouest, Poitou-Charentes, Vendée et, dans une moindre mesure, la région Centre. Leur présence est beaucoup plus rare ailleurs en France.
Depuis 2010 dans le Sud-Ouest, secteur le plus touché avec la région Poitou-Charentes, le taux de parcelles avec des tournesols sauvages a été réduit de moitié passant de 18% en 2010 à 9% en 2013. Cette réduction est à mettre sur le compte du développement des herbicides de post-levée sur variétés tolérantes (systèmes Clearfield et Express Sun) ainsi que sur l’allongement des rotations par les agriculteurs dans les parcelles les plus touchées (introduction en particulier du colza et du sorgho).
Cependant, les "néo-infestations" de tournesols sauvages sur le rang se maintiennent depuis 2011. En 2013, 6% des parcelles observées par Terres Inovia présentent des tournesols sauvages sur le rang, à des taux très faibles (de l’ordre de 1 à 5 pour 10 000 ce qui est inférieur à la norme commerciale de pureté variétale). Ce bruit de fond qui se maintient malgré les efforts réalisés par les semenciers, reste préoccupant.
Par ailleurs, le laboratoire de biologie moléculaire de Terres Inovia à Grignon (78) a formellement identifié quelques très rares cas de tournesols sauvages résistants aux inhibiteurs des ALS.
Régions essentiellement concernées fin 2014
Evolution de la pression des tournesols sauvages dans le sud-ouest de la France de 2010 à 2014
Origine des tournesols sauvages
La pollinisation accidentelle de lignées maternelles par des espèces possédant des caractères sauvages et poussant à proximité des champs de production de semences est à l'origine des populations de tournesols sauvages.
Les hybrides sauvages qui en résultent peuvent se retrouver dans des lots de semences, à de très faible taux (de l’ordre de 1 à 5 pour 10 000) et par la suite dans les parcelles semées avec ces lots de semences.
Si des tournesols sauvages sont observés dans la parcelle
Remplissez l’enquête en ligne de Terres Inovia. Saisir en ligne les parcelles de tournesol dans lesquelles vous avez identifié du tournesol sauvage permettra d'obtenir une base de données conséquente sur la localisation de cette adventice, dans le but d'améliorer les connaissances sur son développement et d'optimiser les méthodes de lutte envisagées. La synthèse des communes touchées sera disponible sur le site. Toutes les autres informations saisies restent confidentielles. Merci par avance pour votre contribution dans cette lutte collective !
Si présence de tournesols sauvages pour la première fois, arracher les pieds de tournesol sauvage avant la maturité des premiers capitules en évitant que les graines ne tombent au sol.
Agir rapidement pour une lutte efficace.
Allonger la rotation : attendre trois à quatre ans avant de semer à nouveau un tournesol dans la parcelle.
Dans la rotation :
- éviter le labour qui a tendance à enfouir à long terme les graines,
- pratiquer le faux-semis après la récolte du blé ou des autres cultures de la rotation,
- dans les autres cultures, utiliser un traitement très efficace contre le tournesol sauvage et éviter si possible les sulfonylurées ou tout autre herbicide inhibiteur de l’ALS (florasulam, etc.). Compléter si nécessaire par un binage, si les solutions chimiques sont limitées (ex. : soja).
Après une préparation du sol précoce (ou faux-semis), décaler la date de semis du tournesol au 20-25 avril pour favoriser des premières levées qu’il faut détruire (outils ou glyphosate) au moment du semis.
Semer une variété CLEARFIELD®, CLEARFIELD PLUS® ou EXPRESS SUN® puis traiter obligatoirement avec l’herbicide de post-levée associé en respectant les doses (PULSAR 40 1,25 l/ha ou PASSAT PLUS 2 l/ha ou EXPRESS SX 45 g/ha + TREND 90) et le stade 4 feuilles du tournesol.
Attention, les interventions trop tardives (6-8 feuilles du tournesol sauvage) sont inefficaces, certaines plantes redémarrant par les bourgeons axillaires.
Ne laisser aucune zone non désherbée dans la parcelle : compléter si nécessaire par un binage (entre les stades 4 feuilles et 12-14 feuilles). S’il reste des tournesols sauvages dans des zones non traitées ou en bordure immédiate de la parcelle, les détruire sans en laisser avant floraison (arrachage, broyage, etc.).
Si des pieds de tournesols sauvages non touchés sont observés dans une zone correctement traitée avec l’herbicide associé à la variété tolérante, il y a peut-être un phénomène de développement de résistance. Avertir rapidement le technicien pour un diagnostic (diagnostic complémentaire de Terres Inovia) et détruire impérativement ces plantes (binage, arrachage manuel).
Si la récolte est précoce (fin août - début septembre), réaliser un faux-semis pour favoriser les nouvelles levées.
Faux-semis de printemps et décalage de la date de semis du tournesol.
Préparer le lit de semences fin mars-début avril et attendre les premières levées de repousses de tournesol pour les éliminer par désherbage chimique total puis semer dans la foulée le tournesol (sans retravailler le sol), à partir de la deuxième quinzaine d’avril si les conditions le permettent.
Faux-semis ou « déstockage » de graines d’été ou d’automne.
Entre le tournesol et la céréale suivante, laisser les cannes de tournesol en place ou réaliser un travail du sol très superficiel (5 cm maxi) juste après la récolte du tournesol pour favoriser les levées de repousses de tournesol, tournesols sauvages compris.
Sur les chaumes de céréales, détruire les levées de tournesols sauvages survenues à la faveur de pluies estivales.
Si quelques pieds de tournesols sauvages sont observés pour la première fois sur la parcelle
- Si ces pieds sont présents sur la ligne de semis (pollution des semences), informer au plus vite le technicien habituel.
- Arracher les pieds de tournesol avant la maturité des premiers capitules. Si les pieds de tournesols sauvages sont repérés alors que les premières graines sont déjà formées, les arracher en évitant que les graines ne tombent au sol.
- Appliquer les recommandations précédentes lors du retour de la culture sur la parcelle.
Efficacité des différents moyens de lutte
La lutte chimique contre le tournesol sauvage passe par un désherbage de post-levée sur variété tolérante aux herbicides. La durabilité de ces solutions dépendra du respect de certaines précautions d'utilisation, pour éviter de favoriser le développement de tournesols sauvages résistants.
Focus sur les tournesols sauvages en vidéo, par Laurence Pauly
N’oubliez pas de saisir l’enquête en ligne de Terres Inovia sur le tournesol sauvage pour nous aider à lutter contre cette adventice !
Documents à télécharger
Fertilisation du tournesol: carence en bore, intervenir préventivement en cas de risque
Le bore est un oligo-élément essentiel pour le tournesol : il en absorbe plus de 400 g/ha dont 80 % entre les stades “5 paires de feuilles” et “bouton floral” (E4). La carence s'exerçant avant que les symptômes ne se manifestent, il est inutile d'intervenir après leur apparition car il n'y a pas d'action curative.
Dans le sud de la France, les conditions chaudes fréquentes dès le mois de juin perturbent souvent l’assimilation du bore et provoquent l'apparition de carence avec des conséquences parfois lourdes : jusqu'à 10 q/ha et 5 points d'huile en moins !
Dans les situations à risque, intervenir préventivement
Pour limiter les risques de carence en bore liée à un mauvais enracinement, éviter les tassements excessifs, par exemple suite à de trop fréquents passages d’outils ou à un travail du sol en conditions humides.
Le recours à l’irrigation en cas de sécheresse favorise l'absorption du bore et peut limiter l’apparition de carence.
En végétation, privilégier les apports de bore au début de la période de ses besoins, entre le stade 10 feuilles et le stade limite passage du tracteur (le tournesol mesure 55 à 60 cm).
Les solutions à base d'acide borique, moins chères, sont aussi bien assimilées par la plante que les formes plus élaborées.
Apports conseillés en cas de risque de carence
Dernière mise à jour : mars 2018
| Apport | Stade | Forme | Dose de bore (B) |
| Au sol | Incorporer ou pas avant le semis, comme un herbicide (1) |
Solide, incorporer à la fumure classique Classique |
1,2 kg/ha(3) |
| En application foliaire | Entre les stades "10 feuilles" et LPT (1) (2) | Liquide : apporter au moins 200 l/hade bouillie | 300 à 500 g/ha (3) (4) |
(1) Peut être réalisé à l'occasion du désherbage ou de l'application du fongicide.
(2) LPT : limite de passage du tracteur. Le tournesol mesure 55 à 60 cm.
(3) Chélal B : 250 g B/ha au sol - 200 g B/ ha en application foliaire (données firme).
(4) Soit environ 3 l de produit liquide à 150 g/l de bore
Des risques de carence en rotation courte, sur sols légers ou très calcaires
Facteurs de risque :
- les sols légers (sables, boulbènes, argilo-calcaires, etc.),
- les sols calcaires (plus de 5 % de calcaire total),
- les sols où des carences en bore ont été observées au cours des années antérieures,
- les sols compactés pénalisant l'enracinement.
3 facteurs aggravants sont observés assez fréquemment dans les conditions de culture du tournesol dans le Sud-Ouest et en Poitou Charentes :
- les chocs thermiques (températures supérieures à 30°C) entre le stade 10 feuilles et le début de la floraison,
- les conditions sèches entre le stade 10 feuilles et le début de la floraison,
- le retour fréquent du tournesol dans les rotations (un an sur deux ou trois) sans apport de bore.
- Ils peuvent conduire à l'expression marquée de carence en bore y compris dans des sols profonds.
Les symptômes de carence en bore
La carence s’exprime sur les feuilles du tiers supérieur de la plante, 10 à 15 jours après un défaut d’alimentation, par un gaufrage puis une décoloration et une grillure sèche de la base du limbe (zones internervaires, côté pétiole). La surface foliaire, essentielle au remplissage des graines, est alors réduite.
Dans les cas graves, des crevasses transversales avec émission de gomme conduisent parfois au cisaillement de la tige et à la chute du capitule, dès le stade bouton dégagé. Des graines vides peuvent également être observées.
Des déficiences précoces (lors de l'initiation florale) peuvent entraîner des malformations de capitules (fleurs ligulées ou bractées au centre du capitule).
1. Grillure de la base du limbe - 2. Cisaillement de la tige
Risques de confusion
- Symptômes de sécheresse : les bords du limbe sont alors flétris.
- Dégâts liés au vent : couleur vert foncé.
- Maladie (phomopsis) : attaque à partir du bord du limbe en suivant une nervure.
L'analyse de terre pour une évaluation précise du risque
Pour évaluer le risque, l'analyse de terre est la méthode la plus précise. Avant d'effectuer cette analyse, vérifier que la carence n'est pas liée à un mauvais enracinement. En l'absence d'analyse, le traitement est conseillé, surtout dans les situations à risque décrites ci-dessus.
Attention, le risque d’observer au moins un facteur aggravant peut conduire à fertiliser en bore des parcelles situées en sol profond et moyennement profond.
| Type de sol* | Calcaire actif | pH eau | Valeur en dessous de laquelle il existe un risque de carence en bore (ppm) | ||
| Méthode d'extraction à l'eau chaude | Méthode CaC12 (COFRAC) | ||||
| Non calcaire (moins de 5% de calcaire total) | Argile ou limon | - | moins de 7 | 0,2 | 0,12 |
| plus de 7 | 0,5 | 0,30 | |||
| Sable | - | moins de 7 | 0,3 | 0,18 | |
| plus de 7 | 0,6 | 0,36 | |||
| Calcaire (plus de 5% de calcaire total) | moins de 10% | - | 0,3 | 0,18 | |
| plus de 10% | - | 0,5 | 0,30 | ||
* Le risque est accru sur sols légers, filtrants, à teneur en éléments grossiers + sables fins, supérieure à 15-20%.
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