Diagnostiquer les maladies aériennes du pois de printemps
Ascochytose (anthracnose)
L’ascochytose, maladie aérienne la plus fréquente, est due à un complexe de 3 champignons nécrotrophes présents individuellement ou simultanément sur la culture (Didymella pinodes, Phoma medicagnis var pinodella et Ascochyta pisi)
Ascochytose sur feuille et sur gousse
Les symptômes progressent du bas vers le haut de la plante et affectent tous les organes. Des ponctuations de couleur brun foncé apparaissent sur les feuilles puis évoluent en nécroses irrégulières. Des nécroses violacées à brunes s’installent à la base des tiges. Si celles-ci sont ceinturées par la maladie, les plantes deviennent alors plus sensibles à la verse.
La maladie peut entraîner jusqu’à 25 q/ha de perte de rendement en cas de forte attaque. La première protection fongicide a lieu à début floraison Une deuxième application est souvent nécessaire (sauf printemps secs), 10 à 20 jours plus tard selon l’évolution de la maladie (dépendante de la pluviométrie).
En années particulièrement humides (1 année sur 10), une dernière protection peut être nécessaire 30 jours après le début floraison. Toutefois, si les conditions sont sèches au début de la floraison, pendant et après la floraison (absence visuelle d’ascochytose), le traitement n'est pas forcément nécessaire.
Botrytis
Le botrytis occasionne une pourriture grise sur les fleurs, et parfois à l’aisselle des feuilles suite à la chute des pétales contaminés. Le symptôme le plus caractéristique est une pourriture marron sur les gousses, suivie d’un dessèchement.
Botrytis sur gousse
Les pertes de rendement avoisinent les 10-15 q/ha en cas de forte attaque. Elles sont essentiellement dues à la destruction des gousses et des graines en formation. Les produits n'ont pas d'action curative et leur persistance d’action est courte.
La lutte chimique vise à protéger les gousses avant que les pétales des fleurs ne se collent dessus. Les fongicides utilisés contre l’ascochytose présentent une efficacité suffisante pour assurer cette protection en cas de printemps humide.
Mildiou
A l’approche de la floraison ou courant floraison, des contaminations secondaires de mildiou (Peronospora pisi) peuvent apparaître.
Présence de midiou sur feuille et sur tige
Sur la face supérieure des feuilles on observe des nécroses claires à bords nets. Sur la face inférieure, un feutrage blanc puis gris violet. La nuisibilité est alors très souvent faible à nulle, excepté si une surface importante est touchée.
Des températures inférieures à 18 °C, une humidité élevée et un temps peu ensoleillé favorisent le développement du mildiou. En revanche, un temps chaud (> 25 °C) et sec stoppe le développement de cette maladie. Il n’existe pas de produits homologués en végétation.
Rouille
La rouille du pois (Uromyces pisi) est essentiellement présente en Champagne crayeuse. Elle est favorisée par un climat chaud et sec.
Présence de rouille sur feuilles (crédit : Unilet)
La perte de rendement peut atteindre 25 q/ha lorsque l'attaque est précoce (début floraison). On observe sur feuilles des pustules brunes à rousses, devenant presque noires et particulièrement importantes sur la face inférieure. Le premier traitement doit être déclenché dès l’apparition de pustules, en tenant compte du délai avant récolte des produits (DAR).
Oïdium
L’oïdium (Erysiphe pisi) est surtout fréquent dans le Sud et l’Ouest de la France.
Présence d'oïdium
On observe un feutrage ras et blanc caractéristique sur la végétation. La maladie est favorisée par des températures supérieures à 20°C et une forte hygrométrie à la base de la végétation (risque élevé en pois irrigué). Intervenir uniquement si l’oïdium apparaît précocement (à début floraison).
Sclérotinia
Cette maladie est provoquée par un champignon, Sclerotinia sclerotiorum, qui attaque également de nombreuses autres cultures dont le colza et le tournesol.
Présence de sclérotinia sur pois
Une pourriture vert foncé-marron se développe sur la tige, à l’intérieur de laquelle un mycélium blanc duveteux et des sclérotes noirs peuvent être observés. Les plantes flétrissent puis se dessèchent. La maladie est rare et peu nuisible sur pois. Elle s’observe le plus souvent sur quelques plantes isolées ou quelques petits foyers au sein de la parcelle.
Virose
Plusieurs espèces de virus peuvent infecter le pois. Un observatoire mené en 2020 et en 2021 a mis en évidence la présence d’au moins 6 virus sur pois en France :
- le Pea Enation Mosaic Virus (PEMV)
- le Beet Western Yellow Virus (BWYV)
- le Bean Leaf Roll Virus (BLRV)
- le Pea Seed-borne Mosaic Virus (PSbMV)
- le Bean Yellow Mosaic Virus (BYMV)
- le Clover Yellow Vein Virus (CIYVV)
Ces virus peuvent pour la plupart infecter plusieurs espèces de légumineuses et sont tous transmis par les pucerons. Le PSbMV peut également être transmis par la semence.
Les symptômes occasionnés par ces virus apparaissent en foyers ou sur plantes isolées et peuvent être très variés :
- nanisme
- colorations (jaunissements, rougissement)
- mosaïques (alternance de zones de colorations différentes)
- énations (excroissances), crispations, enroulement
- nécroses
- pourritures
1 - Mosaïque ; 2 - Nécroses ; 3 - Rougissements, pourriture
Le diagnostic visuel ne permet pas d’identifier avec certitude un virus, d’autant plus que plusieurs virus peuvent être présents dans une même plante. Il est donc nécessaire d’avoir recours à une méthode de diagnostic plus précise comme la sérologie.
La lutte contre les viroses passe par la lutte contre les pucerons (https://www.terresinovia.fr/-/ravageurs-du-pois-le-puceron-vert)
Documents à télécharger
Lutter préventivement contre les maladies du pois de printemps
Il existe un certain nombre de règles à respecter pour anticiper les risques maladies :
A l’échelle de la succession culturale
Respecter les fréquences de retour conseillées
Une fréquence de retour de 6 ans minimum est conseillée pour réduire les risques de maladies, en particulier les maladies racinaires.
Bien choisir ses couverts
Ne pas cultiver de pois ou d’espèces/variétés de légumineuses sensibles à l’aphanomyces dans les couverts ou en tenir compte dans la fréquence de retour du pois en culture de rente.
Eviter les repousses
Les repousses de pois peuvent multiplier certains pathogènes responsables de maladies racinaires, en particulier l’aphanomyces.
A l’échelle de l’itinéraire technique
Choix de la parcelle : vérifier le risque aphanomyces
L’outil Eva permet de classer la parcelle dans un niveau de risque, faible ou élevé. Le test biologique de Potentiel Infectieux (PI) aphanomyces est complémentaire de l’outil Eva. Il permet de connaitre précisément le potentiel infectieux de la parcelle et d’affiner les choix, en particulier si la parcelle est classée en risque élevé.
Privilégier les variétés récentes
Pour limiter le développement de certaines maladies aériennes (ascochytose, botrytis, mildiou), il est important de privilégier les variétés récentes, plus haute et présentant une bonne tenue de tige. Ces variétés permettent en effet d’avoir un couvert plus aéré, créant ainsi un microclimat moins favorable aux maladies.
Par ailleurs, dans le cas de l’aphanomyces, 3 variétés présentent une note de préservation du rendement.
Respecter les densités de semis préconisées
Il est essentiel de ne pas semer trop dense. Un couvert dense maintient l’humidité et favorise ainsi le développement des maladies.
Semer dans de bonnes conditions
Semer dans un sol réchauffé et ressuyé permet de limiter les risques, en particulier pour les maladies racinaires
Réussir son implantation pour limiter la sévérité des maladies sur pois de printemps
Un pois bien implanté sera moins vulnérable aux maladies.
Il est donc indispensable de respecter les dates de semis préconisées, de semer sur un sol bien réssuyé et d’éviter tout facteur de tassement du sol.
Il est également essentiel de ne pas semer trop dense afin de ne pas créer un microclimat favorable au développement des maladies aériennes (ascochytose, mildiou, botrytis).
Protéagineux : consultez les BSV de votre région
Chaque semaine pendant la période culturale, Terres Inovia participe à l'analyse des risques phytosanitaires (insectes et maladies) dans la plupart des régions de productions de pois et féverole.
Les observations sont menées dans le cadre de la Surveillance Biologique du Territoire (SBT) par de nombreux partenaires : organismes stockeurs, organismes de développement, lycées, FREDON, agriculteurs...
Les données sont saisies dans l'outil Vigicultures® puis validées par les animateurs régionaux. Les synthèses et analyses de risques sont régionalisées et publiées gratuitement dans les Bulletins de Santé du Végétal (BSV).
Consultez les BSV de votre région
| Bourgogne-Franche-Comté | Bulletin du Végétal Bourgogne-Franche-Comté |
| Centre-Val de Loire | Bulletin du Végétal Centre-Val de Loire |
| Champagne-Ardenne | Bulletin du Végétal Champagne-Ardenne |
| Hauts de France | Bulletin du Végétal Hauts de France |
| Ile-de-France | Bulletin du Végétal Ile-de-France |
| Lorraine (uniquement pois) | Bulletin du Végétal Lorraine |
| Normandie | Bulletin du Végétal Normandie |
| Occitanie Ouest | Bulletin du Végétal Occitanie Ouest |
| Pays-de-la-Loire | Bulletin du Végétal Pays-de-la-Loire* |
| Poitou-Charentes (uniquement pois) | Bulletin du Végétal Poitou-Charentes |
* saisi sous VégéObs au lieu de Vigicultures®
Terres Inovia participe à la 1ère Conférence européenne sur la diversification des cultures
La maladie des pois roses
La maladie des pois roses est due à une bactérie, Erwinia rhapontici. Cette bactérie est un parasite de faiblesse qui peut envahir les gousses en fin de saison, en particulier lorsqu’elles sont endommagées.
De petites lésions brunes peuvent apparaitre sur les gousses, les graines contaminées prennent une coloration rose à rouge (ressemblant à celle laissée par certains produits de traitement de semences) et sont parfois ‘ratatinées’. Cette coloration rose est due à un pigment produit par la bactérie.
Cette maladie est assez rare et la proportion de graines colorées à la récolte généralement faible. On la rencontre principalement lorsque la saison est humide, suite des orages ou des averses de grêles pouvant endommager les gousses.
Graines touchées par la maladie des pois roses - en partenariat avec la FNAMS et Océalia
La bactérie peut se conserver dans les graines et les débris de culture. Lorsque les graines sont contaminées, l’émergence et la vigueur des plantes peuvent être affectées. La bactérie pourrait également provoquer une nécrose à la base du collet. Un test réalisé en 2019 à partir d’un lot contaminé et d’un lot sain n’avait pas permis de mettre en évidence un effet de la maladie sur la faculté germinative. Par précaution, il est toutefois recommandé de ne pas semer de lots contaminés.
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Un guide complet pour accompagner les producteurs
Organisé en onze chapitres thématiques, ce guide permet de tout savoir sur la conduite de la culture du pois d’hiver et de printemps : variétés, choix de la parcelle, implantation, fertilisation, désherbage, récolte et stockage. Rotations, débouchés, bénéfices environnementaux et économiques, le guide présente les atouts de cette culture clef qui contribue à la souveraineté en protéines végétales et à la diversification. Le guide fait également le point sur les moyens de lutte contre les maladies et les ravageurs qui la touchent.
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Comment se le procurer ?
Le guide est accessible dans son intégralité en version PDF et à la commande, dans la rubrique "Produits" / Publications.
Terres Inovia à la rencontre des agriculteurs aux Culturales
La plateforme PHENOVIA à l’honneur au congrès ICLGG
Stratégies de désherbage en pois protéagineux de printemps
Raisonner la lutte chimique en pois de printemps
L'application de prélevée pour un large spectre
Le traitement de prélevée offre le plus large choix de produits permettant de faire face à différents types d’adventices. Il constitue une solution sécurisante car la croissance de la culture est assez rapide. C’est une base nécessaire dans les parcelles sales en dicotylédones, ou avec des dicotylédones fortement concurrentielles (gaillet, renouées, matricaire, éthuse), ou difficiles à maîtriser uniquement en post-levée (éthuse, arroche, renouée des oiseaux). Dans le cas de relevées d’adventices ou d’efficacité insuffisante (sol sec), un rattrapage en post-levée est possible.
Renouée liseron dans du pois.
L'application de post-levée seule
L'application de post-levée seule. Cette stratégie de “tir à vue” est souvent plus économique, à condition de bien connaître la flore attendue.
Bien adaptée aux faibles pressions des mauvaises herbes, elle reste délicate : adventices jeunes (stade cotylédons à 2-3 feuilles), conditions poussantes et en dehors de fortes amplitudes thermiques (sélectivité). Parfois, le stade de l’adventice prime sur les meilleures conditions climatiques. En effet, il devient très difficile d’aboutir à un bon contrôle des adventices trop développées telles que renouée liseron ou chénopode.
Veiller au respect du délai avant récolte.
Programme de prélevée suivi d'une post-levée
Ce type de programme permet de contrôler les levées échelonnées en essayant de rester dans une stratégie avec un bon rapport qualité-prix. Appliquer un produit de prélevée à une dose inférieure à la dose homologuée (en général ¾ de celle-ci), puis appliquer en post-levée sur des adventices jeunes des produits à faible dose.
Ce programme est décidé à l’avance. Les adventices les plus difficiles à contrôler orientent le choix du ou des produits appliqués en prélevée. La post-levée est systématiquement réalisée sur des adventices à un stade jeune (cotylédons à 2-3 feuilles maximum).
Point règlementaire - Utilisation du Challenge 600 en post-levée
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Conditions d’efficacité et de sélectivité
Produits racinaires de prélevée
- La dose doit être adaptée au type de sol : moduler cette dose en sols filtrants (sables, limons sableux). Nirvana S est déconseillé dans ces types de sols.
- Traiter au plus tôt après le semis afin de limiter les risques de manque de sélectivité. Challenge 600 est le seul produit qui peut s’appliquer au plus près de la levée (stade crosse sous terre). Pas de roulage après application de l’herbicide.
- Un sol frais au moment du traitement et une petite pluviométrie dans les jours suivants sont les conditions idéales pour une bonne efficacité.
Post-levée
- Eviter le mélange d’un herbicide antidicotylédone de post-levée (Challenge 600, Basagran SG, etc.) avec les antigraminées foliaires. Respecter un délai de 8 jours entre les deux applications en commençant par l’antidicotylédone. Les antigraminées foliaires peuvent exacerber le manque de sélectivité d’une application de prélevée.
- Traiter sur des adventices jeunes (2-3 feuilles) et avant que le pois ne recouvre le sol.
- Le pois doit être en bon état végétatif. Eviter les fortes amplitudes thermiques (l’écart doit être inférieur à 15°C) et les périodes de nuit trop froides (températures inférieures à 5°C).
- Respecter les conditions de nettoyage des herbicides de type sulfonylurées, qui ont été appliqués sur céréales.
- Le mélange Challenge 600 + Basagran SG/Adagio SG est déconseillé en sol très superficiel, sable et cranette, ainsi qu’après une application de prélevée qui manque de sélectivité. Dans ce type de mélange, l’ajout de pendiméthaline (Prowl 400...) améliore l’efficacité sur renouées mais augmente le risque de phytotoxicité.
- Dans les programmes Nirvana S en prélevée puis Corum en post-levée, BASF Agro recommande de ne pas dépasser la dose totale pour la culture (dose annuelle) de 75 g/ha d’imazamox (soit Nirvana S 3 l/ha maximum puis Corum 1 l/ha + adjuvant).
- Pour les spécialités à base de bentazone (Basagran SG/Adagio SG, Corum) : afin de protéger les ressources en eau au-delà du respect des bonnes pratiques agricoles, BASF Agro et Phyteurop recommandent des préconisations spécifiques à l’utilisation de la bentazone :
- ne pas dépasser la dose de 1000 g/ha/an lors de programmes ou de successions de cultures avec des solutions à base de bentazone,
- ne pas l’appliquer avant le 15/03 quel que soit le stade de la culture,
- sur les zones de captages, ne pas utiliser de bentazone sur les sols dont le taux de matière organique est < 1,7 %. Eviter l’application sur les sols sensibles aux transferts d’eau (sols superficiels ou sols avec nappes peu profondes).
Adventices difficiles à contrôler
Gérer les adventices difficiles en pois
Bien choisir son herbicide sur pois
Télécharger les documents sur l'efficacité des stratégies de désherbage et les caractéristiques des produits en fin d'article
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