Colza

Colza : les levées favorables ne doivent pas faire oublier d’observer la présence des ravageurs  

Grâce aux pluies qui ont débuté dès la mi-août (localement) puis fin août (sur l’ensemble du territoire), les semis ont pu être réalisés sereinement cette campagne et une grande partie de la sole prévue est maintenant semée et/ou levée. Les stades des colzas sur la zone sud et AURA sont compris entre levée en cours et 2 feuilles.  Les premiers ravageurs sont présents localement dans les parcelles. On peut citer en premier lieu les limaces. C’est le bon moment pour faire le point sur la reconnaissance et les moyens de lutte si nécessaire.

Ne pas se laisser dépasser par la présence de limaces 

Comme en 2024, cette fin d’été est humide et donc favorable à l’activité des limaces. Une attention toute particulière doit être mise en place pour éviter les déconvenues. Des retours d’attaques de limaces sont déjà remontés dans le Sud-Ouest, côté Auvergne-Rhône-Alpes, les conditions humides, rendent la vigilance de mise. Dans les situations à risque, et au vu du climat favorable à l’activité des limaces, une application préventive juste après le semis est conseillée. Puis, pour la majorité des parcelles déjà levées mais n’ayant pas atteint le stade 4 feuilles, le raisonnement du risque doit se faire en fonction de plusieurs critères :

  • L’activité des limaces via le suivi d’un piège, 
  • La dynamique de dégâts observés sur plante,
  • La disponibilité des molluscicides,
  • Les facteurs parcellaires favorables aux limaces (sol motteux, pailleux ou avec résidus en surface).

Les attaques précoces sont les plus préjudiciables.

La pose d’un piège et vivement conseillée (carton plastifié, tuile, soucoupe plastique, planche,…) ou mieux un véritable piège à limaces.  Relevez vos pièges tôt le matin - Voir l'article dédié 

Moyen de lutte :

Deux substances actives sont disponibles : phosphate ferrique et méthaldéhyde. N'hésitez pas à consulter le Tableau Anti-limaces présent dans le guide colza 2025.

Maintenir les repousses de colza pour limiter les déplacements de populations de petites altises vers les nouvelles parcelles

La petite altise peut être régulièrement observée dans les parcelles de colza. A ne pas confondre avec la grosse altise qui arrive sur les parcelles à partir de fin septembre, l’altise des crucifères est observée plus tôt, dès le mois d’août.

Sa présence n’est pas systématique, mais peut être localement préjudiciable. Généralement, on retrouve la petite altise dans les secteurs avec un historique colza :  Haute-Garonne, Tarn, Gers, Lot-et-Garonne ou encore  la Dordogne.

Des symptômes de petites altises ont été remontées localement en Auvergne Rhône-Alpes sur des parcelles déjà levées. 

Les symptômes se traduisent sur la plante par des morsures d’alimentation, ressemblant à ceux de la grosse altise, mais ne perforant généralement pas complètement les feuilles. Les dégâts associés peuvent alors être importants allant jusqu’à la disparition des plantes et potentiellement à la perte totale de la parcelle si le colza est peu développé et peu poussant. Le risque est donc plus présent sur les très jeunes colzas, c’est-à-dire au stade cotylédons et également sur les bordures, zones d’arrivées du ravageur.
Le colza est exposé à la petite altise de la levée jusqu’à 3 feuilles compris. Au-delà, la cinétique d’émission de nouvelles feuilles par la plante compense les pertes par morsure. Le seuil de nuisibilité est défini à 80% de plantes avec morsures et 25% de la surface foliaire détruite.

Moyen de lutte :

L’un des leviers les plus efficaces est celui qui consiste à limiter les risques de colonisation de la parcelle par l’insecte. Pour cela, il est primordial de maintenir en place les repousses de colzas sur les parcelles proches d’un colza en train de lever ou à un stade jeune. Ces repousses constituent des zones refuges. Leur destruction entraine alors le déplacement des populations de petites altises vers les nouvelles parcelles de colza en cours de levée. Par conséquent, la destruction d’une parcelle de repousses pour éviter d’entretenir les populations de petites altises est bien souvent une fausse bonne idée.
En cas de présence sur la parcelle, et si le seuil de nuisibilité est dépassé, les pyréthrinoïdes peuvent être utilisés. En l’absence de référence établies sur des différences d’efficacité entre les pyréthrinoïdes sur petites altises, privilégier les solutions les moins couteuses, telles que la deltaméthrine ou la cyperméthrine. Attention à bien tenir compte du nombre maximum d’application/an. A ce titre il peut être préférable de conserver la lambda-cyhalothrine pour des applications ultérieures.
L’efficacité de ces solutions est parfois mise en défaut, du fait d’une part des arrivées massives et successives d’insectes, et d’autres part des conditions météorologiques d’août ou début septembre chaudes et sèches qui favorisent les pullulations.
En cas de doute, sur l’atteinte du seuil de nuisibilité n’hésitez pas à utiliser notre outil en ligne, valable sur petites et grandes : Estimation du risque lié aux altises adultes altises

Tenthrède de la rave, la réactivité est la clé du succès

La tenthrède de la rave dans sa phase nuisible est une fausse chenille, de couleur gris-noir, qui dévore le limbe des feuilles en laissant les nervures. Les pullulations qui peuvent être importantes ne sont nuisibles que sur jeunes colzas. Au jour de la rédaction de cet article, aucune remontée d’attaque.
Le stade de sensibilité s’étend jusqu’au stade 6 feuilles inclus. Le seuil de nuisibilité est atteint si 25% de la surface foliaire est détruite par le ravageur. L’évolution d’une attaque peut être soudaine.
L’adulte qui est un hyménoptère de 6 à 8 mm, au corps et appendices noirs n’est pas nuisible. Son abdomen de couleur vive est jaune-orangé (critère de reconnaissance). Son arrivée dans les parcelles peut être identifié via les cuvettes jaunes. Attention, une arrivée en nombre ne présage pas forcément d’une forte attaque. Cela doit tout de même pousser à la vigilance et à l’observation.

Moyen de lutte :

Si une attaque est détectée et le seuil de nuisibilité dépassé, la lambda-cyhalothrine (Karate Zeon, Karis 10 CS, Lambdastar), la deltaméthrine (Decis Expert, Decis Protech, Deltastar) ou la cyperméthrine (Cythrine Max) peuvent être utilisées. Attention à bien tenir compte du nombre maximum d’applications/an. A ce titre il peut être préférable de conserver la lambda-cyhalothrine pour des applications ultérieures. Utiliser un volume de bouillie élevé afin d’atteindre la cible, notamment sur des colzas proches de 6 feuilles. Les solutions à base Bacillus thuringiensis (Bt) ne sont pas efficaces contre la tenthrède. 


Des attaques rares de vers gris ou noctuelle terricole

La noctuelle terricole est un insecte discret. La larve responsable des dégâts occasionnés sur colza se niche en journée dans les premiers cm du sol. Elle est active de nuit, venant s’alimenter en sectionnant le colza au niveau du collet. En cas de perte de pieds, il est donc utile de gratter la terre dans les premiers cm pour vérifier sa présence.  

Ces attaques sont le plus souvent localisées et restent assez rares à l’échelle du territoire (Gers, façade atlantiques ou Haute-Garonne principalement). 

Moyen de lutte : 

En cas d’attaque, une intervention est possible à base de cyperméthrine (uniquement Sherpa, 100EW, Aphicar 100 EW, Cyperfor 100EW, Scipio 100 EW)... Il est fortement recommandé d’intervenir le soir (activité nocturne) sur un sol de préférence humide, et d’utiliser un volume de bouillie important de 500l/ha, pour favoriser la pénétration du produit dans les premiers cm du sol. L'idéal pour y parvenir étant de réussir à intervenir sous une pluie (dans la limite de la portance du sol) ou juste avant celle-ci. 
Les homologations récentes des microgranulés Trika Super ou Trika Perfect, sont également des solutions autorisées mais leur efficacité sur noctuelles reste à préciser. Ces microgranulés doivent être incorporés à 4 cm au moins donc sans diffuseur. En raison du coût de ces solutions et du caractère aléatoire des attaques de noctuelle, il est préférable de les réserver aux parcelles à risque taupins avéré. Généralement, les attaques s’estompent à partir de 4-6 feuilles, lorsque le collet commence à s’épaissir. 


N'hésitez pas à consulter le Tableau récapitulatif des insecticides autorisés en Colza – 2025

 

Vos contacts régionaux

  • Quentin Level (q.level@terresinovia.fr) - Sud Nouvelle Aquitaine, Gers, Hautes-Pyrénées ( Remplaçant d'Arnaud Micheneau) 
  • Quentin Lambert (q.lambert@terresinovia.fr) – Centre et Est Occitanie
  • Alexandra Denoyelle (a.denoyelle@terresinovia.fr) – Auvergne-Rhône-Alpes et Provence-Alpes-Côte d’Azur
     
Implantation Automne Ouest Occitanie Rhônes-Alpes Auvergne Ravageurs Colza Quentin Lambert (q.lambert@terresinovia.fr) & Alexandra Denoyelle (a.denoyelle@terresinovia.fr)

Gestion des ravageurs : obtenir un colza robuste grâce à un apport d’azote

Depuis l’automne 2024, il est possible de fertiliser la crucifère en début de cycle, principalement pour lutter contre les larves d’altises. Terres Inovia a mené des essais pour justifier un tel apport.

 

Selon l’institut, les apports d’azote minéral au semis ou
en végétation sont très bien valorisés. Crédit : Terres Inovia.

Les infestations de larves d’altises à l’automne sur colza sont souvent critiques en raison de l’extension de la résistance de ces populations aux traitements insecticides, lesquels voient leur nombre de solutions diminuer. Il s’avère donc nécessaire de recourir à des techniques de protection intégrée afin que la crucifère soit plus tolérante à ces attaques.

L’apport d’azote minéral au semis ou en végétation à l’automne constitue un des leviers pour produire un colza robuste, bien implanté, avec une croissance continue tout au long de l’automne et une reprise la plus précoce et dynamique possible au printemps. 

Cette pratique est possible depuis l’automne 2024 dans le cadre du 7e programme d’actions national « nitrates » (PAN7). Le PAN7 prévoit une réévaluation de cette autorisation en 2027 et exige la preuve que cette pratique n’engendre pas une augmentation significative du risque de lixiviation de l’azote. Ainsi, Terres Inovia et ses partenaires ont conduit, sur les quatre dernières campagnes (2021 à 2024), un réseau national de 104 essais dans les principales régions de production de colza en France (voir les modalités en encadré).

Un intérêt réel et bénéfique

Les résultats concernant la croissance et l’absorption d’azote par les plantes, ainsi que la quantité d’azote minéral dans le sol, montrent qu’en moyenne :

  • les apports d’azote minéral au semis ou en végétation sont très bien valorisés et atteignent des niveaux équivalents à l’entrée de l’hiver par rapport aux résultats obtenus sur la modalité témoin. Le gain moyen de biomasse fraîche aérienne est d’environ 500 g/m² pour l’ensemble du jeu de données ;
  • les dynamiques de croissance sont quant à elles différentes : la croissance est plus active en fin d’automne (à partir d’octobre) à la suite de l’apport en végétation par rapport à l’apport au semis, en particulier lorsque la croissance plafonne pendant cette période sur le témoin sans apport ;
  • les gains de biomasse fraîche aérienne enregistrés à l’entrée et à la sortie de l’hiver, à la suite des apports de 30 unités d’azote au semis ou en végétation, permettent de réduire la dose à apporter au printemps d’une vingtaine d’unités en moyenne. La dose totale d’azote minéral apportée sur la culture pendant l’ensemble de son cycle est donc peu modifiée par rapport à la situation sans apport d’azote minéral au semis ou en végétation à l’automne ;
  • les quantités d’azote minéral présentes dans le sol à l’entrée de l’hiver pour les modalités fertilisées en végétation ou au semis sont équivalentes, en moyenne, à celles obtenues pour la modalité non fertilisée. Ces essais illustrent que les risques de perte d’azote par lixiviation à l’automne semblent limités, que l’apport ait lieu au semis ou en végétation. En parallèle, les plantes en profitent davantage, comme l’illustrent les mesures de biomasse fraîche. L’intérêt de fertiliser les colzas à l’automne semble donc réel et bénéfique.

 

Protocole des essais : quatre modalités possibles

Deux configurations étaient présentes dans tous les essais. D’une part, le témoin, sans apport d’azote ni au semis ni plus tard. D’autre part, un apport de 30 U en végétation à l’automne (souvent en octobre). La troisième modalité, facultative, concerne un apport de 30 U au semis. Enfin, la quatrième modalité, facultative également, requiert 60 U (30 U au semis suivies de 30 U en végétation à l’automne). Tous ces apports concernent de l’engrais minéral.

Les principales mesures réalisées portent sur la biomasse aérienne fraîche et la quantité d’azote absorbée par la culture. La quantité d’azote minéral dans le sol (au semis et à l’entrée de l’hiver), le nombre de larves de grosse altise par plante (à l’entrée et à la sortie de l’hiver) ainsi que le pourcentage de plantes avec un port buissonnant et/ou déformées au printemps ont également été étudiés.

 

Contacts : Luc Champolivier, l.champolivier@terresinovia.fr - Emile Lerebour, e.lerebour@terresinovia.fr​​​​​​​

​​​​​​​Lire l'article dans le n° de septembre d'Arvalis & Terres Inovia infos : ici.

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Nouveau catalogue de formations 2025-2026 : enrichissez vos compétences avec Terres Inovia

Terres Inovia et Arvalis ont le plaisir d’annoncer la parution du nouveau catalogue de formations 2025-2026, pensé pour accompagner les agriculteurs, techniciens, conseillers et acteurs de la filière dans l’évolution des pratiques agricoles. Fidèle à leur mission, les deux instituts enrichissent leur offre (130 programmes) en proposant des thématiques en phase avec les enjeux actuels : performance des cultures, adaptation au changement climatique, réduction des intrants et valorisation des ressources.

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Le nouveau catalogue de formations d'Arvalis et Terres Inovia est disponible !

Les nouveautés Terres Inovia 2025-2026

Cette nouvelle édition propose 7 formations inédites, conçues pour répondre aux besoins concrets des producteurs d’oléagineux et de légumineuses à graines :

Une offre toujours plus proche des besoins de terrain

Avec ces nouveautés, Terres Inovia confirme son rôle d’acteur clé dans l’accompagnement de la filière oléagineuse, protéagineuse et chanvre. Chaque formation associe expertise scientifique, retours d’expérience et conseils pratiques, pour offrir aux stagiaires des outils immédiatement opérationnels dans leurs activités.
Pour plus d’informations et pour consulter le catalogue complet, rendez-vous sur les sites de Terres Inovia (rubrique "nos formations") et Arvalis.


📩 Pour vous inscrire ou en savoir plus, contactez-nous à : formation@terresinovia.fr

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Graminées adventices dans le colza : multiplier les leviers contre ray-grass et vulpins

Maîtriser la concurrence des mauvaises herbes passe par la combinaison des moyens herbicides, mécaniques et agronomiques.

Historiquement, les levées de ray-grass et vulpins dans le colza étaient automnales. Désormais, ces graminées adventices sont présentes toute l’année avec des infestations fortes au-delà de 100 ray-grass/m².

Afin de contrôler ces graminées adventices tout en maintenant le potentiel du colza, Terres Inovia recommande la gestion précoce – dès l’implantation –dans les cas de forte pression, sans attendre l’hiver. Sur une infestation importante de ray-grass, une application de post-semis/prélevée donne des résultats qui avoisinent en moyenne les 60%, avec une variabilité importante selon les conditions d’application. Cette application évite l’étouffement du colza, lequel sera plus robuste face aux autres adventices. 

Une autre méthode de contrôle des graminées adventices consiste en un traitement incorporé en présemis avec du napropamide, type Colzamid 2 l/ha (figure 1). Cette pratique offre une meilleure régularité de l’efficacité, tant sur ray-grass que sur vulpin, en particulier dans les situations sèches.

La prélevée étant inutile sur les repousses de céréales, préférez un anti-graminées foliaire à l’automne. D’ailleurs, celui-ci pourrait avoir un impact sur la gestion des ray-grass et vulpins si tant est que ceux-ci n’ont pas développé de résistances.

En situation de forte infestation, en complément des interventions de prélevée ou de post-semis/prélevée, une application de propyzamide est nécessaire à partir de novembre, en conditions de sol froid (inférieur à 10°C) et d’humidité, afin d’assurer la pleine efficacité de cette molécule à action racinaire. « L’utilisation des anti-graminées foliaires créent une pression de sélection de résistance des ray-grass à ces solutions. Par conséquent, Terres Inovia recommande l’utilisation de la propyzamide dans ces situations pour éliminer les ray-grass ‘selectionnés’ par l’anti-graminées foliaire, et ainsi réduire la pression de sélection », Arnaud Micheneau, responsable herbicides chez Terres Inovia.

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Gérer à l’échelle de la rotation

Entre une céréale et un colza, l’interculture est courte d’où le risque de concurrence entre les repousses et l’oléagineuse. Le choix du mode de destruction des repousses de céréales, par glyphosate ou bien par scalpage avec un travail du sol superficiel, est à raisonner en fonction des conditions et doit être positionné au moins deux semaines avant le semis du colza pour que les repousses de céréales n’assèchent pas trop le sol avant l’implantation du colza.

Introduire des cultures de printemps dans la rotation est un levier agronomique intéressant pour trois raisons essentielles. D’une part, cette stratégie vise à décaler les levées d’adventices et donc à en limiter la pression. Privilégiez le maïs, le tournesol, le sorgho ou le soja, semés en avril-mai, davantage que l’orge de printemps, la lentille ou le pois-chiche, semés en mars, pour lesquels la rupture des cycles des adventices en moins flagrante. D’autre part, le sol nu à l’automne, si un couvert n’est pas mis en place, rend possible la réalisation d’un faux-semis (mais jamais avant un colza) suivi d’une application de glyphosate ou d’un travail du sol par temps séchant pour détruire les levées.

Ne pas délaisser le labour

Les graines de graminées adventices enfouies grâce à un labour (idéalement avant une céréale ou une culture de printemps) perdent au moins 60-70% de leur capacité germinative. En revanche, il faut garder à l’esprit les potentiels impacts négatifs de cette pratique : altération de la fertilité des sols, de leur structure et risque de remontée des graines de dicotylédones. En conséquence, Terres Inovia suggère de se limiter à un passage tous les 3 à 4 ans et le déconseille avant un colza en sol argileux au risque d’assécher le profil, au détriment d’une bonne implantation de l’oléagineuse.

Enfin, appliquez les bonnes pratiques suivantes : récoltez les parcelles sales en dernier pour limiter la dissémination des graines d’adventices ; nettoyez à fond la moissonneuse ; récoltez les menues pailles, qui contiennent beaucoup de graines adventices, pour réduire la pression dans les parcelles. Terres Inovia s’investit dans la gestion des graminées en travaillant les solutions en culture (projet Gramicible) et la combinaison de leviers différents dans la rotation (projets Gramicombi et Gigan), dont les descriptifs complets sont en ligne sur www.terresinovia.fr.

Le binage, un allié du colza

Un binage de septembre/début octobre sur colza (en fonction de la météo) limite le salissement de la parcelle. Cependant, sur ray-grass très développés, il n’offre qu’un court répit, puisque ces graminées adventices redémarreront rapidement. C’est donc pour cela qu’il vaut mieux intervenir tôt. Et comme le binage se limite au travail de l’inter-rang, un herbicide sur le rang peut être nécessaire en complément.

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Pour en savoir plus, visionnez le replay du webinaire Terres Inovia consacré au sujet : 

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Contacts : Fanny Vuillemin, f.vuillemin@terresinovia.fr - Arnaud Micheneau, a.micheneau@terresinovia.fr - Franck Duroueix, f.duroueix@terresinovia.fr

​​​​​​​Lire l'article dans le n° de septembre d'Arvalis & Terres Inovia infos : ici.

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Colza en Normandie et Ouest Ile-De-France – point semis et désherbage

La nouvelle campagne débute dans des conditions sèches. Rappels sur les mises en garde et les adaptations en matière de raisonnement du désherbage du colza.

Les données de nos 90 stations météo réparties sur la Normandie et les départements 78, 91 et 95 ont enregistré une moyenne de 3 mm cumulés du 1er au 15 août et 7 mm du 16 au 25 août 2025. Seul le sud de l’Orne et de l’Essonne ont fait exception, des pluies significatives étant survenues le 20 août. 


A l’heure où nous écrivons ces lignes, le temps est changeant, les prévisions météo annoncent un régime plus frais, plus humide… Mais comme souvent dans ce type de contexte, le doute s’installe.

Des semis réalisés dans le sec dans la majeure partie des cas

Les semis sont encore en cours un peu partout mais la plupart est désormais réalisée en Haute-Normandie, Ile-de-France et Orne. La tendance 2025 semble confirmer celle des années précédentes (Tableau 1), alors que le sec s’est installé en août sur une large part de la région. Traditionnellement, les colzas des départements 91, 78, 61et du sud 27 sont les premiers semés. Les levées sont soit en cours soit suspendues à une humidification du lit de semences. Dans le Calvados et la Manche, les chantiers commencent toujours un peu plus tard.

 

Pour rappel, les besoins en eau pour faire lever les colzas dépendent de l’état du sol en surface et de la fraicheur présente au moment du semis. Dans la région, une bonne levée nécessite généralement 10 mm dans des sols limoneux bien affinés et 20-25 mm dans des sols motteux, argileux, pailleux. Plus d’information dans l’article du 18/08/2025.


Cette année, on peut s’attendre à ce que les conditions avant / après semis contrarient les germinations ou vigueurs à la levée en particulier dans les sols les plus difficiles à préparer en août. Nul n’est devin, il est encore trop tôt pour juger mais l’expérience du passé nous amène à rester très vigilant pour les prochaines semaines (ravageurs à la levée, désherbage).

L’efficacité des herbicides en post-semis prélevée est irrégulière par temps très sec

L’action racinaire diminue sur des sols à forte présence de mottes / cailloux. L’efficacité est irrégulière en sols argileux et encore plus en l’absence de pluies dans les semaines qui précèdent ou encadrent les applications. 


Dans les essais de Terres Inovia visant par exemple le ray-grass, l’efficacité des produits en postsemis-prélevée (BUTISAN S, SPRINGBOK, COLZOR TRIO, TANARIS, ALABAMA, à dose « efficace ») avoisine en moyenne 60 % avec une variabilité importante selon les conditions (de 15 à 90 %). En conditions sèches, sur graminées, la napropamide (COLZAMID) en application de présemis incorporée offre une efficacité un peu plus régulière.


Si le scenario de sol sec persiste, les traitements de postsemis-prélevée pourraient s’avérer peu rentables, en particulier sur des flores à enjeu important (graminées, géraniums, coquelicots, laiterons, gaillets).

Des traitements en post-levée précoce possibles

Les produits de type NOVALL, ALABAMA, ANITOP, SPRINGBOK, TANARIS, BUTISAN S, SULTAN et TEROX sont sélectifs du colza et autorisés en postlevée. Appliqués sur sol frais, après retour de pluies, idéalement au plus près du stade « rayonnant »* (cotylédons visibles sur près de 70 % des plantes), ces produits gardent une action racinaire intéressante avant la levée des ray-grass, vulpins, alchémilles, ammi majus, laiterons, coquelicots, gaillets, véroniques, lamiers, matricaires... L’application de certains de ces produits comme ALABAMA ou ANITOP peut être fractionnée (postsemis / prélevée puis postlevée précoce). 


Dans les parcelles à dominante graminées, les produits à base de métazachlore et dmta-p conservent une efficacité dont il ne faut pas se priver si les conditions redeviennent propices pour un traitement de post-levée précoce. Des ajustements dose et types de produits gagnent alors à être apportés dans de nombreuses situations (ex préférez SPRINGBOK 2 ou BUTISAN S 1 à ALABAMA 2) dans la mesure où cette intervention ne constitue « que » la base d’un programme qui sera complété par des antigraminées foliaires et racinaires en entrée hiver. 


Dans le cas où les graminées ne sont pas si préoccupantes ou si le temps sec persiste, il peut être envisagé de se tourner vers des stratégies strictement à base d’herbicides de postlevée (ex : MOZZAR, NERIS, IELO, KERB FLO et/ ou produits spécifiques FOX, CALLISTO, ATIC AQUA, CENT7). L’usage de ces produits de « tir à vue » doit s’appuyer sur un examen régulier des flores présentes (2 à 3 fois en septembre / octobre). 

* ces produits sont autorisés jusqu’aux stade 4 feuilles (TEROX) voire 8 feuilles du colza (NOVALL, ALABAMA, ANITOP, SPRINGBOK, TANARIS, BUTISAN S, SULTAN)

Cela peut vous intéresser : les stratégies herbicides pour le colza

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​​​​Jean Lieven - j.liven@terresinovia.fr - Normandie, Ile-de-France Ouest
 

Implantation Automne Normandie et Ouest Ile-de-France Implantation Désherbage Colza Jean LIEVEN

Consultez le dernier numéro d'Arvalis & Terres Inovia infos

Le numéro d'Arvalis & Terres Inovia infos daté septembre 2025 est disponible et consultable en ligne (PDF téléchargeables ci-dessous).

A découvrir dans ce numéro :

OLÉOPROTÉAGINEUX

  • Graminées adventices dans le colza : multiplier les leviers contre ray-grass et vulpins
  • Gestion des ravageurs : obtenir un colza robuste grâce à un apport d’azote
  • Stockage du colza : rappel des bonnes pratiques
  • Pourriture racinaire du pois : choisir les légumineuses pour préserver l’état sanitaire des sols
  • Protéagineux d’hiver : tenue de tige et résistance au froid, un gage de productivité
  • Réduction des gaz à effet de serre : accompagner les agriculteurs dans la transition bas carbone

Bonne lecture !

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Colza : Bilan de campagne 2024-2025 - Bretagne / Pays de la Loire

Les années se suivent, mais ne se ressemblent pas. Après deux années de récoltes très décevantes, et des surfaces en bernes pour les régions Bretagne et Pays de la Loire, les attentes étaient fortes pour la campagne 2024-2025.

​​​​​​​Le début de cycle se passe sans soucis particuliers, les levées sont satisfaisantes presque partout et les conditions de pousse à l’automne sont bonnes.

Les biomasses, bien que moins importantes que les deux années précédentes, sont satisfaisantes. 
​​​​​​​En entrée d’hiver, les colzas sont sains, avec une pression des ravageurs faible à modérée selon le secteur.

L’hiver a été pluvieux, et les colzas sont malheureusement restés les pieds dans l’eau pendant plusieurs semaines sur certaines parcelles, impactant fortement leur potentiel.

Fort heureusement, la floraison est efficace, et la phase de remplissage des grains a bénéficié d’un fort rayonnement.

Le manque de précipitation sur la fin de cycle a limité fortement le développement de maladie. Les enracinements plutôt bons ont permis de limiter le stress hydrique des colzas, pour finalement, déboucher sur des rendements bons à très bons ! Malgré des parcelles hydromorphes dépassant rarement les 30 quintaux et les dégâts de grêles, les rendements approchent des 38-39 quintaux en moyenne, c’est 1 tonne de mieux que la campagne précédente ! 

 

Bilan de campagne colza 2024-2025 - Régions Bretagne / Pays de la Loire (hors Vendée)

Thomas Mear - t.mear@terresinovia.fr - Bretagne, Pays de la Loire

Préparation de campagne Implantation Automne Pause hivernale Sortie hiver Montaison Maturité/récolte Bretagne, Pays de la Loire Colza Thomas Mear

Faut-il déclencher le semis des colzas ?

La levée précoce (avant le 1er septembre pour atteindre le stade 4 feuilles avant le 20 septembre) est une des clés pour obtenir un colza robuste, ce qui est à rechercher notamment dans les contextes concernés par les problématiques d’insectes d’automne. Pour beaucoup d’agriculteurs, les semis n’ont pas débuté en raison des conditions chaudes et sèches des derniers jours. Voici un état des lieux des situations et des éléments à prendre en compte qui incite au déclenchement des semis dans la plupart des situations.

Accéder à la version PDF ici.

Quelle est la situation aujourd’hui ?

Dans quelques secteurs du Nord Est, l’humidité des sols et / ou des pluies (jusqu’à 20 mm les 12 et 14 août) ont permis des semis. Les parcelles sont en cours de levée.
Dans la grande majorité des cas, les semis sont encore en attente : les sols sont desséchés sur les premiers centimètres en raison de l’absence de pluviométrie et des températures fortes des derniers jours. Point positif : de nombreuses parcelles sont prêtes à être semées.

 

Quelles perspectives pour les prochains jours ?

Rappel - Quels sont les besoins en pluviométrie pour faire lever les colzas ?
Les besoins en eau pour faire lever les colzas sont fonction de l’état de surface et de la fraicheur déjà présente.

Besoin en précipitation (mm) pour faire lever le colza
  • Sol bien affiné en surface
  • Faible ou absence de fraîcheur dans les 30 premiers centimètres du sol
    (nombreuses situations)
  • Sol motteux en surface
  • Sol sec dans les 30 premiers centimètres du sol
    (souvent des sols argileux avec travail profond)
15 mm 30 mm

 

Les prévisions météorologiques prévoient l’arrivée d’une goutte froide à partir du 19 août, ce qui s’accompagnerait d’une baisse des températures et d’épisodes orageux (pluie et vent).

 

Raisonnement du déclenchement des semis

Compte tenu des probabilités de pluviométrie à 15 jours, il est conseillé de déclencher les semis sur l’ensemble du territoire. Les probabilités de cumuls de pluie sont plus faibles dans les dans certains secteurs de l’Ouest et des Hauts de France. Toutefois, attendre dans ces secteurs expose au risque d’une levée tardive et à l’incertitude de futures pluies la première quinzaine de septembre). Prévoyez un semis à 2-3 cm de profondeur. Privilégiez les semis au monograine pour assurer un positionnement et un rappui optimal des graines. Au semoir à céréales, un roulage après semis est conseillé pour maintenir l’humidité.

Nous rappelons que l’objectif est d’avoir un colza au stade 4 feuilles au 20 septembre (arrivée des adultes de grosses altises). Pour cela, le colza doit être levé au 1er septembre. 

Vous pouvez consulter le site https://aleapluie.modelia.org/details.php pour visualiser les probabilités de cumuls de pluie à 15j actualisées quotidiennement.
 

 

Implantation Bourgogne-Franche-Comté Implantation Colza Michael GELOEN (m.geloen@terresinovia.fr)

Colza : Bilan de campagne 2024-2025 - Poitou-Charentes / Vendée / Limousin

Une fois n’est pas coutume, le début de campagne est suffisamment arrosé. Les semis restent en tendance davantage précoces en août. Les pluies de la 1ère décade de septembre assurent une levée généralisée, excepté en Deux-Sèvres. Fin septembre, la majorité des colzas est correctement installée avec des peuplements et des stades réguliers.

Avec une activité accrue des grosses altises début octobre, la pression et la gravité sont globalement faibles en adéquation avec le développement avancé du colza. Les captures de charançons du bourgeon terminal sont très fréquentes fin octobre sur l’ensemble du Poitou-Charentes. Les larves de grosses altises sont précoces et nombreuses en entrée d’hiver. Le temps moins poussant cet automne donne des colzas à faibles biomasses, l’élongation et les faims d’azote sont moins marquées. À nouveau, les populations de larves de grosses altises augmentent pendant l’hiver. Leur impact est limité, car les colzas ont en tendance poursuivi leur croissance cet hiver.


Le piégeage et la gestion du charançon de la tige du colza sont réalisés la 2ème quinzaine de février. Le vol de méligèthes est précoce fin février, le colza n’a pas encore de fleurs. Finalement, les populations restent contenues et les dégâts sont anecdotiques.

La floraison est classique début avril. La nouaison est exceptionnelle avec un rayonnement satisfaisant. Les hampes sont bien régulières. Le stress hydrique en terres superficielles débute dès la floraison et limite le remplissage dans plusieurs situations ; parfois couplé aux nécroses de mycosphaerella sur siliques. Les pucerons cendrés sont rares et les charançons des siliques/cécidomyies arrivent tôt. L’orobanche rameuse est bien présente, mais ses émergences sont tardives ; elle touche de nouvelles parcelles. 


La fin de cycle est accélérée par les fortes températures de juin, les récoltes sont précoces et se déroulent en bonnes conditions. Le résultat est cohérent avec les conditions climatiques sans à-coup : l’année 2025 est une campagne tranquille. La moyenne en régions est estimée à 35 q/ha avec des rendements assez groupés.

Bilan de campagne 2024-2025 - Régions Poitou-Charentes/Vendée/Limousin

Elodie Tourton - e.tourton@terresinovia.fr - Poitou-Charentes, Vendée, Limousin

Préparation de campagne Implantation Automne Pause hivernale Sortie hiver Maturité/récolte Poitou-Charentes, Vendée, Limousin Colza Elodie Tourton

Campagne 2024-25 : un bilan très satisfaisant pour le colza

La dernière campagne a été marquée par de bons, voire d’excellents, résultats dans toutes les régions de l’hexagone. Semis, croissance de la plante, ravageurs, floraison, PMG... retour sur les faits marquants dans les différentes régions.

En 2024-25, les surfaces de colza ont atteint 1 263 000 ha, soit une baisse de 4,7% par rapport à 2023-24 (Source Agreste, août 2025).

Le rendement aurait néanmoins progressé d’après les experts de Terres Inovia et les informations de terrain obtenues dans différentes régions, se situant autour de 35 à 36 q/ha au plan national, soit + 10 % par rapport à la moyenne quinquennale (+ 5 à 10 q/ha en règle générale).

Comme toujours, de grandes variabilités s’observent entre parcelles et bassins de production. Le gradient croissant des niveaux de rendement du Sud vers le Nord du pays se vérifie en 2025 (voir carte ci-contre).

Rendements estimés au 08/08/2025 (Source : Terres Inovia et acteurs locaux)

 

Pas de difficulté insurmontable pour l’installation de la culture

Les semis majoritairement réalisés entre le 15 et le 25 août ont bénéficié de pluies orageuses bénéfiques. Les semis de septembre, régulièrement plus fréquents dans les régions du Nord et du littoral de la Manche, se distinguent par une plus faible vigueur au démarrage. Des températures fraiches et des cumuls pluviométriques importants en septembre ont accentué cet effet. Ces conditions ont par ailleurs favorisé la prolifération des limaces, obligeant un investissement conséquent en produits molluscicides et parfois des re-semis.

D’après le Bulletin de Santé du Végétal (BSV), le stade « 4 feuilles » s’est observé en moyenne autour du 15-20 septembre dans les zones les plus continentales, et vers le 25-30 septembre dans les régions de bordure maritime. 

Les altises d’hiver, toujours présentes et un peu plus résistantes aux pyréthrinoïdes, ont épargné les jeunes colzas cette année. Les producteurs ont davantage dû gérer l’arrivée des limaces et tenthrèdes (Bourgogne-Franche Comté, Sud-Ouest, Bretagne), voire les ravageurs souterrains (vers gris en Poitou-Charentes par exemple). Les colonisations par les pucerons verts jusqu’au stade 6 feuilles ont été faibles à modérées, y compris dans les régions historiques du tiers nord du territoire.

Les graminées adventices et les repousses de céréales constituent toujours les enjeux principaux en matière de désherbage. Les molécules à action acinaires ont été dans l’ensemble bien valorisées.

Colza robuste à la fin de l’automne et larves de coléoptères moins nombreuses

Les biomasses avant hiver ont souvent dépassé 1,5 à 2 kg/m² dans le quart nord-est et les régions de Bretagne, Pays de la Loire, Auvergne-Rhône-Alpes. En Poitou-Charentes, Centre Val-de-Loire, Ile-de-France et Normandie, ces valeurs ont été légèrement inférieures (1 à 1.2 kg/m²). 

Les larves d’altises n’ont pas -ou peu- inquiété les régions Centre, Grand-Est, Normandie, Ile-de-France et Hauts-de-France. Bien que plus abondantes en Bourgogne, Poitou-Charentes et Auvergne Rhône-Alpes, les larves n’ont finalement pas provoqué de dégâts de grande ampleur. Il en est de même pour les charançons du bourgeon terminal dans les secteurs historiques du Centre, de l’Ile-de-France, de la Bourgogne-Franche Comté et du Grand-Est. Globalement, pour ces deux ravageurs principaux, les dommages ont été limités et sans commune mesure avec ceux des années précédentes, de 2015 à 2021.

Durant l’hiver, des phénomènes d’hydromorphie se sont manifesté dans plusieurs régions (Lorraine, Poitou-Charentes, Sud-Ouest) mais globalement la culture garde bien le cap. Après une reprise de végétation assez calme, le temps a été relativement doux jusque fin mars, ensoleillé et, à l’exception de la région Centre, déficitaire en pluies.

Avec peu de pluies, mais quasiment toujours au bon moment, la culture a donc bien valorisé les nutriments disponibles et les apports de la fertilisation. Par rapport aux cinq années précédentes, les doses d’azote conseillées en 2025 ont été régulièrement inférieures de 10 à 20 U (source AIRBUS-Farmstar).

Au moment d’entrer en floraison, la culture a mis en place une biomasse satisfaisante, sans excès, dans la plupart des bassins de production. Avant cela, les stades D1, D2, E se sont enchainés sur un rythme « normal », 2-3 jours plus tôt que ce qu’indiquent les statistiques pluriannuelles. 

Ravageurs discrets et floraison éclatante

Les pics de vols de charançons de la tige ont été plus tardifs que d’habitude, les dégâts directs restant insignifiants. La culture a également dominé face aux méligèthes, y compris dans les régions les plus exposées au risque en 2025 (Sud-Ouest, Nouvelle-Aquitaine). Les variétés « pièges à méligèthes » ont bien joué leur rôle de leurre, comme en 2024.

Avec 3 à 5 jours d’avance par rapport à l’habitude, la floraison du colza a débuté en moyenne du 25 mars au 5 avril selon les régions. De très bonnes conditions étaient réunies en avril, en particulier avec le rayonnement et la température obtenus sur la partie Nord et pour la pluviométrie pour les régions plus au Sud. Des comptages de siliques réalisés par Terres Inovia ou par des partenaires locaux indiquent des valeurs moyennes parmi les plus élevées de ces 10 à 15 dernières années (7 000 siliques/m²) en région Centre-Val de Loire, Hauts-de-France, Bourgogne, Franche-Comté et Grand Est. Les valeurs hautes sont plus fréquentes que d’ordinaire. 

PMG moyen et nombre de graines élevé

Après une hausse considérable des températures fin avril, le colza a défleuri rapidement. En mai et juin, le remplissage a globalement bénéficié de bonnes conditions. La pluie a été déficitaire en mai sur les deux-tiers Nord du pays. La fin de cycle du colza a surtout été marquée par une vague de chaleur remarquablement précoce et durable de mi-juin à début juillet. Fin de cycle écourtée, échaudage et perte probable de PMG s’en sont suivis. 

Le déficit hydrique déjà installé en mai dans les sols superficiels a pu gagner des sols plus profonds, mais dans l’ensemble, les rendements restent en adéquation avec l’offre climatique et le potentiel des terroirs. Les pluies survenues quelques jours avant la mi-juin ont pu limiter la casse, même si des orages vers le 15 et 25 juin ont causé des dégâts spectaculaires (Normandie, Hauts-de-France, Centre …).

 

Des PMG variables et moyens entre 3,8 à 4,3 g (- 0,2 à 0,3 g p/r rapport au pluriannuel)

Composantes de rendement établies à partir des regroupements d’essais variétaux, 1 point correspondant à une variété pour un lieu donné. 

 

Les valeurs de PMG résultent des contraintes durant le remplissage ou de l’effet des compensations entre composantes de rendement (en l’absence de facteur limitant, toute augmentation du nombre de graines/m² se traduit par une diminution du PMG).

Dans le jeu de données, le nombre de graines/m² affiche des valeurs moyennes en 2025 parmi les plus élevées depuis plus de 10 ans. Des exceptions sont constatées dans le grand quart Sud-Ouest. Des rendements de près de 60 q/ha sont même enregistrés dans les sols profonds de Hauts-de-France, Normandie mais aussi à d’autres endroits. 

Sur le plan sanitaire, on redoutait une résurgence de mycosphaerella mais le temps sec couplé à des vents d’Est en avril et mai a limité les contaminations. De même, la cylindrosporiose et le sclerotinia ont été maîtrisés. 

Dans les territoires du Centre et de l’Ouest de la France, le charançon des siliques a pris ses quartiers une dizaine de jours avant le stade sensible (stade G2). Des taux de siliques éclatées ont parfois été jugés élevés mais l’impact réel reste difficile à jauger. Des pucerons cendrés ont été signalés fin mai dans le Centre et Centre-Est du pays mais il a été difficile de réagir dans des circonstances aussi tardives. L’orobanche rameuse, quant à elle, a continué sa propagation en Vienne et Vendée et reste un problème local important en Poitou-Charentes. La hernie des crucifères suscite toujours des préoccupations dans les secteurs historiques. De nouveaux cas sont signalés chaque année. 

Partout, les récoltes ont commencé tôt. Les humidités des graines ont chuté rapidement début juillet (5-6 %). Les récoltes se sont ainsi exécutées dans de bonnes conditions et rapidement jusqu’au 14 juillet dans la plupart des régions. Dans la ferveur d’une moisson précoce, certaines parcelles ont sans doute été récoltées trop tôt dans les secteurs septentrionaux. Les pluies survenues en juillet ont d’ailleurs interrompu les moissons et les ont décalées jusque début août dans plusieurs terroirs de Normandie et des Hauts-de-France. Cela a permis de récolter les derniers quintaux.

Enfin, les analyses de graines attestent de teneurs en huile très élevées, voire excellentes, avec plus de 45 % aux normes dans la grande majorité des échantillons. Les chiffres doivent être consolidés mais on s’oriente vers un rendement en huile très satisfaisant, parmi les meilleurs de ces dernières années.

Niveaux de présence des bioagresseurs estimés en 2025 

Source : expertise Terres Inovia (BSV, acteurs locaux, suivis…). Ces indicateurs ne reflètent pas un niveau de dégât.
Légende : 0 = absent ou rare ; 1 = faiblement observé ou localisé ; 2 = régulièrement observé ; 3 = fréquemment observé ; 4 = très fréquemment observé

 

Contact 

Jean Lieven- j.lieven@terresinovia.fr

 

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