Le rendement du pois d’hiver
Un rendement en pois de 45 à 60 q/ha
Le rendement du pois est de 45 q/ha en moyenne française sur ces dernières années. Les seuils de rentabilité varient selon les régions : de 35-40 q/ha dans les terres superficielles du Sud-Ouest à 50-55 q/ha dans les limons profonds du Bassin parisien, soit 10-15 q/ha au-dessus du rendement local du colza.
Certaines variétés, comme ENDURO, peuvent même atteindre ou dépasser 60 q/ha dans les secteurs les plus favorables.
Élaboration du rendement
Une même densité quel que soit le taux de ramification
Les essais densité ont montré que l’optimum économique est le même, que les variétés ramifient peu ou beaucoup. Il est donc inutile d’augmenter la densité de semis pour les variétés qui ramifient peu. En revanche, à faible densité de peuplement (< 50 plantes/m²) les variétés qui ramifient le plus sont les moins pénalisées.
Exemple: le taux de ramifications est généralement plus élevé qu’en pois de printemps, notamment pour les variétés comme JAMES ou GANGSTER.
Durée de floraison
La durée de la floraison dépend en grande partie de l’alimentation en eau de la culture.
- en cas de bonne alimentation en eau (sol profond et temps assez pluvieux) : 8 étages sur 9-10 en fleurs portent effectivement des gousses ;
- en situation de stress hydrique important : sur 5 étages de fleurs, seulement 4 peuvent porter des gousses.
Poids de 1000 graines
En pois, pour une même variété, le PMG (Poids de 1000 graines) varie peu, sauf dans les situations extrêmement sèches où il peut être assez fortement réduit ou en cas de forte pression ascochytose en fin de cycle. Le rendement dépend donc essentiellement du nombre de graines formées.
Composantes optimales pour un bon rendement
Exemple avec la variété ENDURO
- Objectif de rendement : 60 q/ha
- PMG récolte : 200 g
- Nombre de graines récoltées : 3000 graines/m²
- Nombre de plantes/m² : 70
- Nombre d’étages fructifères : 6 à 9
| Le PMG des pois d’hiver est nettement plus faible que celui des pois de printemps. Il est compris entre 170 et 200 g selon les variétés. La production de pois d’hiver en nombre de graines/m² doit donc être supérieure à celle du pois de printemps pour obtenir le même rendement (q/ha). |
Stockage du pois
Bruches sur graines de pois
Ventiler
Lors de l’arrivée en stockage, la température des graines de pois peut être très élevée (> 35°C) ! Pour assurer une bonne conservation, ventiler l'air ambiant dès la mise en silo pour abaisser rapidement la température vers 18-20°C (ventilation de nuit souhaitable) et abaisser progressivement le taux d’humidité (<14 % pour une conservation sur la durée).
Intervenir contre la bruche
A la récolte, il reste souvent des graines bruchées d’où sortiront des adultes au cours du stockage. Or, il ne doit pas y avoir d’insectes vivants pour commercialiser les graines. La lutte contre les bruches au stockage contribue à réduire les populations l’année suivante.
- La fumigation phosphine (phosphure d’aluminium ou de magnésium) tue tous les insectes y compris les larves à l’intérieur des graines. Elle ne laisse aucun résidu, mais très peu d’OS français sont équipés (nécessité de silos étanches et d’un opérateur agréé). Cette technique est utilisée essentiellement dans les ports de chargement ;
- L’insecticide de stockage K-OBIOL ULV 6 (à base de deltaméthrine et pipéronyl butoxide) est le seul produit homologué sur pois (et lentille) en France. Le produit n’est pas cher et n’engendre pas de risque de dépassement de la LMR (limite maximale de résidus). Attention sur féverole, cet insecticide ne peut pas être utilisé car la LMR de deltaméthrine est abaissée à 0,01 mg/kg à partir de décembre 2024, et donc toute application au stockage rendrait la féverole non conforme. Bien qu’efficace, il semble assez peu utilisé par les OS ;
- Le chauffage est un traitement coûteux qui impose un compromis entre températures élevées pour tuer les bruches mais pas trop pour ne pas altérer la couleur des graines ;
- Le tri mécanique en hiver consiste à éliminer les déchets après que les bruches adultes sont sorties des graines. Cette pratique est assez fréquente, notamment en agriculture biologique, mais nécessite un délai avant la commercialisation. Il existe un risque de dispersion de bruches dans l’environnement.
Abaisser la température des graines ne permet pas de lutter contre les bruches, seulement d’assurer leur bonne conservation.
Qualité des graines de pois - récolte 2024
Après avoir atteint 150 000 ha en 2023, les surfaces de pois s’établissent à 123 000 ha
en 2024. De nombreux semis de pois d’hiver n’ont en effet pas été réalisés, en raison de
la pluviométrie abondante et quasi-ininterrompue, de mi-octobre à fin décembre. En pois
de printemps, les semis ont également été difficiles et tardifs, du fait des précipitations qui
ont perduré. Les conditions d’implantation ont été mauvaises pour les deux types de pois.
Les pluies permanentes ont favorisé les maladies (colletotrichum en particulier) et la verse
en fin de cycle, ce qui a conduit à des rendements faibles et même à des retournements en
pois d’hiver. Dans ce contexte, le rendement national s’établit à 28,2 q/ha, inférieur à celui
de l’an dernier (32,0 q/ha). Il en résulte une production en forte baisse à 356 000 t (contre
481 000 t en 2023).
La qualité des graines de pois en 2024 s’avère en revanche très satisfaisante, avec une
teneur moyenne en protéines élevée, à 24,1 % de la matière sèche (MS) et une bonne
qualité visuelle : peu de graines cassées/splittées, peu de graines tachées, malgré la forte
pression des maladies et peu de graines attaquées par les insectes. Près de 80 % des lots
présentent de bons résultats pour l’ensemble de ces critères et sont utilisables en
alimentation humaine. La totalité des lots peut convenir pour l’alimentation animale.
Documents à télécharger
Récolte du pois destiné à l'alimentation humaine
Récolter en fonction des variétés et des débouchés
Agir avec précaution
Lorsqu’elles sont sèches, les graines de pois se cassent facilement lors du battage et de la manutention. La récolte doit être menée avec précaution afin de ne pas dépasser le seuil de 10% de graines fissurées ou cassées. Au-delà, le lot ne peut plus être valorisé en alimentation humaine.
Procéder par étape
1 - Récolter le pois dès que possible à partir de 16-17 % d'humidité, puis ventiler pour le ramener à 14-15 % d’humidité. A partir de 15 % d’humidité, les graines deviennent très fragiles.
L’intérêt aussi de ne pas attendre une maturité trop avancée des graines est que la paille de pois est plus facile à récolter et de bonne qualité : 1,5 à 3 t/ha de paille de qualité. Si un défanage chimique a été réalisé, les pailles ne doivent pas être récoltées pour les animaux. Attention également à l’exclusion de cette technique dans des contrats spécifiques.
2 - Intervenir tôt le matin et arrêter quand il fait très chaud et que l’humidité du pois est basse.
3 - Viser une vitesse maximale du batteur de 10-15 mètres linéaires par seconde, soit 300 à 500 tours/min pour un diamètre de batteur de 60 cm.
Ajuster l’écartement du contre-batteur : 20 mm à l’avant et 10 mm à l’arrière pour un batteur conventionnel, minimum 10 à 15 mm pour un batteur axial.
4 - Manipuler les graines avec précaution pour éviter tout choc préjudiciable.
Conditions de récolte du pois
Récolter en fonction des variétés et des débouchés
Avant de récolter le pois, s’assurer que son taux d’humidité est proche de 14 %. Il est cependant possible de commencer à récolter dès 16-17 % d’humidité, ce qui limite la casse des graines. Intervenir tôt le matin et arrêter quand il fait très chaud et que l'humidité du pois baisse. En revanche, si les pois sont trop humides, ils « ne veulent pas monter » dans la moissonneuse-batteuse, car les tiges sont trop humides. Arrêter et revenir ultérieurement.
Pour les pois non versés
Dans le cas des variétés résistantes à la verse, il est inutile de poser la barre de coupe sur le sol (éviter de ramasser de la terre ou des cailloux). Si nécessaire, remplacer les diviseurs par une scie à colza pour bien séparer la végétation en bordure de coupe.
Pour les pois versés
Pour faciliter la montée de la végétation dans la machine, veiller à ce que :
- le sol soit bien nivelé,
- le sol et la végétation soient secs,
- les rabatteurs soient parfaitement positionnés et réglés au niveau des peignes.
Bien que les variétés de pois sensibles à la verse soient devenues rares, il arrive que des zones soient ponctuellement couchées dans la parcelle. Si toutefois le pois a versé, équiper la moissonneuse-batteuse de doigts releveurs et d’une barre anti-cailloux. Lorsque la végétation est complètement plaquée au sol, utiliser un pick-up. Des peignes à dents souples balayent le sol et cassent les tiges, le pois est amené sur des tapis vers la vis d’alimentation et le convoyeur de l’engin.
Les doigts releveurs facilitent la montée de la récolte dans la machine en redressant le pois versé. Pour que la lame passe à 8-10 cm du sol, les releveurs doivent être montés tous les 3 doigts (22 cm d'écartement).
Il existe 2 catégories :
- les releveurs souples, les plus utilisés. Ils pénètrent bien dans la végétation, mais sont assez fragiles. Ils sont polyvalents et économiques : 230 € pour une largeur de coupe de 4,50 m ;
- les releveurs articulés, les plus robustes. Les articulations doivent être bien entretenues pour que les pointes suivent le sol et ne se bloquent pas au-dessus de la végétation. Ils sont plus onéreux : 450 € pour une coupe de 4,50 m.
Irrigation du pois d'hiver à maturité
Des apports d’eau après le FSLA (fin de stade limite d’avortement) ne sont pas valorisés économiquement et augmentent les risques de verse en fin de cycle.
| Stade du pois | 8 feuilles | Début floraison | FSLA | Maturité |
| Sensibilité au stress hydrique | Moyenne | Forte à très forte | Faible | |
| Sols superficiels | Irrigation | |||
| Sols profonds | Irrigation | |||
FSLA : fin du stade limite d’avortement
Irrigation du pois de printemps à maturité
Des apports d’eau après le FSLA (fin de stade limite d’avortement) ne sont pas valorisés économiquement et augmentent les risques de verse en fin de cycle.
| Stade du pois | 8 feuilles | Début floraison | FSLA | Maturité |
| Sensibilité au stress hydrique | Moyenne | Forte à très forte | Faible | |
| Sols superficiels | Irrigation | |||
| Sols profonds | Irrigation | |||
FSLA : fin du stade limite d’avortement
Participer au suivi des zones à orobanche cumana
En raison de sa très forte nuisibilité sur les cultures de tournesol et sa très grande capacité de dissémination, Terres Inovia souhaite assurer un suivi dynamique des zones touchées par l’Orobanche cumana en France.
En quelques clics, vous pouvez nous aider en saisissant les coordonnées de vos parcelles dans lesquelles vous avez identifié de l’orobanche. Ces données nous serviront à identifier les nouveaux foyers et suivre l’évolution des zones à risque afin de vous conseiller aux mieux sur les pratiques à adopter.
La synthèse des régions touchées est disponible sur le site. Toutes les autres informations saisies restent confidentielles. De nombreuses parcelles touchées par l'orobanche cumana sont déjà saisies !
S'agit-il bien de l'Orobanche cumana ?
Cette enquête concerne uniquement les parcelles touchées par l'orobanche cumana, à ne pas confondre avec l'orobanche rameuse du colza (P. ramosa), que l'on peut aussi observer sur tournesol.
Avant juillet, il faut arracher les plants infectés pour l’observer, mais au cours de l’été, les tiges et les fleurs du parasite sont observables à l’œil nu. Une tige non ramifiée de 50 cm environ émergera du sol, avec des fleurs le plus souvent blanches à violacées. A la récolte, les orobanches sont également visibles, et apparaissent le plus souvent en foyer.
1. Orobanche cumana
2. Orobanche rameuse
En cas de présence d'orobanche, trois solutions :
- Il s'agit bien de l'orobanche cumana : renseigner l'enquête de surveillance sur l'orobanche cumana ci-dessous
- Il s'agit en fait de l'orobanche rameuse : renseigner l'enquête de l'orobanche rameuse
- Impossible de faire la différence entre les deux types d'orobanche ? contacter Christophe Jestin de Terres Inovia
Orobanche cumana : utiliser des solutions adaptées à votre situation
Dans les situations à risque, des mesures curatives et prophylactiques sont à mettre en place dans la rotation mais également pour préparer l’implantation future d’une culture de tournesol.
| Pour en savoir plus sur cette plante parasite exclusive au tournesol - Mieux connaître Orobanche Cumana |
Quelles sont les zones à risque ?
Des mesures s’imposent dans ou autour de ces zones à risque fort :
Poitou-Charentes/Vendée : secteurs de Longeville-sur-Mer (Vendée), Poitou-Charentes (triangle Tusson-Aigre-Lupsault (Charente) et secteur Sainte-Cognac-Barbezieux-Saint-Hilaire-Jonzac)
Sud-Ouest : grand sud du Tarn-et-Garonne, sud-ouest du Tarn, Gers (triangle Gimont, Mauvezin, L’Isle Jourdain et Ligardes), Lauragais et Ouest-audois.
Que faire lorsqu'on se situe dans un secteur à risque fort ?
En amont de la campagne, dans la rotation :
- Allonger votre rotation, avec un tournesol tous les 3-5 ans selon présence de la plante parasite
- Intégrer des espèces potentiellement faux hôtes dans la rotation (soja, sorgho, maïs, avoine, pois chiche, blé, colza, triticale, moha, millet, féverole, chanvre) qui stimulent la germination de l’orobanche cumana sans que celle-ci puisse se fixer, afin de réduire le stock grainier.
A la mise en place de la culture :
- choisir une variété adaptée, avec ou sans herbicide selon les observations des années précédentes :
| Absence ou présence très faible de l’orobanche sur la parcelle | Quelques foyers à forte présence de l’orobanche sur la parcelle |
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Semer une variété au moins peu sensible (PS) vis-à-vis de l’orobanche cumana Cas particulier : en cas de présence d’adventices difficiles à détruire avec des herbicides classiques, utilisez une variété de tournesol CLEARFIELD® (en privilégiant au moins PS) accompagnée d’un traitement PULSAR 40/Listego (positionnement classique au stade 4 feuilles du tournesol) |
2 solutions à utiliser en alternance lorsque le tournesol revient sur la parcelle
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hampe d'orobanche cumana
Que faire si la parcelle se situe autour d’un secteur à risque fort ?
- Surveiller vos parcelles de tournesol à la floraison et à la récolte, durant lesquelles les orobanches sont visibles
- Cultiver du tournesol tous les 3-4 ans
- Privilégier une variété moyennement sensible, en modulant ce choix vis-à-vis des autres bioagresseurs présents sur la parcelle
Attention : quel que soit le type de variété de tournesol choisi, une attaque d’orobanche cumana ne peut être exclue. Il s’agit en effet d’un phénomène émergeant non stabilisé en termes de populations d’orobanche présentes. Classement consultable sur MyVar.
A la récolte, en cas de présence d’orobanche cumana, limiter au maximum la dissémination !
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Récolter du soja avec une coupe flexible
Charlotte Chambert (Terres Inovia) et Stéphane Pavan (agriculteur dans le 32) présentent la coupe flexible en soja qui permet de diminuer les pertes à la récolte.
Les barres de coupes dites" flexibles" permettent de récolter au plus près du sol (jusqu’à 5 cm du sol environ) sur toute la largeur de coupe : elles sont particulièrement adaptées aux parcelles peu nivelées, sol meubles et aux sojas dont les premières gousses sont très basses. Un lamier en inox assure la déformation de la lame de coupe. Les doigts des rabatteurs sont en plastique afin d’être moins agressifs envers la plante. Plusieurs constructeurs proposent des coupes dans leur gamme européenne ou par import des Etats Unis avec des largeurs variant de 5 à 12 m. Les barres de coupe de très grande largeur ne sont pas toujours les mieux adaptées, différents types de flexibilité existent. Elles peuvent être moins propices à suivre les micro-dénivelés dans la parcelle. Ces barres de coupe peuvent être rigidifiées et permettent de récolter également les céréales à paille (versées ou non). Certaines de ces coupes seulement laissent la possibilité d’adapter une rallonge de coupe pour récolter les colzas.