Estimation du risque lié aux larves de grosse altise
Cet outil permet d’estimer un risque lié à la situation agronomique de la parcelle ainsi qu’un risque lié à la pression en larves.
L’outil permet de visualiser :
- Sous forme graphique : l’évolution de la probabilité journalière de capture jusqu’à J+7, pour une commune donnée
- Sous forme de carte : les niveaux de probabilité sur tout le territoire, pour une date donnée (jusqu’à J+7)
Le seuil d’alerte est défini par les algorithmes du modèle. Au-delà de ce seuil, la probabilité de capturer le ravageur augmente de façon significative.
L'outil de prédiction des vols de charançon de la tige du colza a été développé grâce au projet Produire du programme Cap Protéines et a bénéficié du soutien du ministère de l'Agriculture et de la souveraineté alimentaire dans le cadre du plan de relance.
L'outil de prédiction des vols de charançon du bourgeon terminal a été développé grâce au projet Adaptacol² et a bénéficié du soutien du Casdar.
Biocontrôle contre la grosse altise : que sait-on et que fait-on ?
La grosse altise est un ravageur important du colza à l’automne. Pour y faire face, le Plan de sortie du phosmet vise à identifier et déployer des leviers de gestion, à l’échelle de la plante, de la parcelle et du paysage, qu’il s’agira de combiner dans des stratégies de gestion efficace sur le terrain.
Note importante : Les solutions testées et présentées ci-dessous ne sont pas autorisées aujourd’hui contre les grosses altises sur colza.
Le biocontrôle c’est quoi ?
Un produit de biocontrôle utilise des mécanismes naturels pour protéger les végétaux et renforcer leurs défenses contre les organismes nuisibles grâce à des macroorganismes, des microorganismes ou des produits comprenant des médiateurs chimiques, des substances naturelles (d'origine végétale, animale ou minérale), et des substances de base, tout en présentant un niveau élevé de sécurité pour la santé publique et l'environnement.
En France, près de 50% des produits de biocontrôle sont utilisés en arboriculture, maraîchage et viticulture. Cependant, de fortes attentes existent pour leur utilisation en grandes cultures, notamment pour les applications insecticides, qui représentent un tiers de leur usage total.
Pour lutter contre les grosses altises, différentes stratégies sont envisagées par Terres Inovia : réduire la consommation des feuilles par les altises adultes, diminuer la pression larvaire sur le colza et limiter la colonisation du colza à l’échelle de la parcelle ou du territoire.
La lutte directe pour réduire les dégâts foliaires des adultes sur les jeunes colzas
Terres Inovia et ses partenaires ont évalué une quinzaine de substances naturelles pour limiter les dégâts foliaires par les adultes avant le stade 4 feuilles. Les efficacités observées sont variables et en général inférieures aux références insecticides. Les sels d’acides gras dont le mode d’action par déshydratation et suffocation nécessitent de toucher l’altise et le soufre dont le mode d’action aurait un effet plutôt répulsif se sont avérés les plus efficaces parmi les différentes solutions testées.
Sels d’acides gras : La première application est réalisée au début de l’attaque lorsque 30% des plantes environ présentent des morsures avant 4 feuilles. Trois traitements espacés de 5 à 7 jours sont réalisés et appliqués en fin de journée lorsque les altises adultes sont actives. Une réduction des dégâts foliaires est observée dès la première application avec une efficacité moyenne comprise entre 25 et 50%. L’action choc de la référence insecticide est supérieure. Après 2 ou 3 applications, et 2 à 3 semaines après l’unique application de Karaté Zéon, la réduction des dégâts foliaires par les sels d’acides gras est comparable à la référence insecticide.
Soufre : La première application est réalisée en tout début d’attaque car le mode d’action supposé est répulsif. L’efficacité moyenne est comprise entre 20 et 45%. L’absence de pluies et les températures élevées semblent favorables à l’efficacité.
Figure 2 : Pourcentage de surface foliaire détruite après 1, 2 ou 3 applications de soufre. Volume de bouillie 200 l/ha. (nombre d’essais)
Le talc et le kaolin qui agissent comme barrière physiques se sont avérés moins efficaces.
L’huile de paraffine, le purin d’ortie, l’azadirachtine (extrait naturel du margousier reconnu pour ces propriétés insecticides contre les pucerons et utilisé par dérogation en arboriculture) ou encore le bore (forme octoborate) se sont avérés inefficaces dans les essais de l’institut et de ses partenaires.
Les essais se poursuivent sur la campagne 2025 afin de conclure sur leur efficacité et dans ce cas, de mieux comprendre les conditions d’application, ainsi que leur positionnement technico-économique. Il s’agit également d’identifier de nouvelles solutions.
Des solutions pour limiter les infestations larvaires
Pour réduire la pression larvaire, plusieurs projets sont en cours dans le Plan de sortie du phosmet, pour développer des solutions techniques à base de produits de biocontrôle en lutte indirecte (projet Nap-Guard).
Terres Inovia a également mené divers essais pour limiter la pression larvaire avec des applications répétées de produits de biocontrôle (nématodes, quassine, champignon entomopathogène, bactérie Bt tenebrionis…), en entrée hiver (fin octobre et novembre). La cible visée est dans ce cas la larve de deuxième stade qui a des phases mobiles pendant lesquelles elle peut être au contact des solutions de biocontrôle. Cette piste s’est avérée peu efficace car les solutions de biocontrôle évaluées à ce jour ont une action essentiellement de contact à une période où le risque de lessivage est important.
Des solutions pour limiter la colonisation à l’échelle de la parcelle ou du territoire
La dernière stratégie envisagée consiste à limiter la colonisation du colza en agissant avant l’arrivée des grosses altises adultes (vols), soit en diminuant la population dans le paysage, soit en détournant ces insectes de la culture.
A titre d’exemple, dans le but de réguler les populations d’altise d’hiver à l’échelle du territoire, BASF (projet VELCO-A), évalue depuis 2ans en conditions contrôlées (avec INRAE) et sur le terrain (avec Terres Inovia) l’efficacité d’un champignon entomopathogène.
La lutte de type push-pull est également explorée (Ctrl-Alt et Colzactise) pour détourner les ravageurs à leur arrivée sur la parcelle de colza avec l’utilisation de composés aux propriétés attractives et dissuasives. Des composés efficaces ont été identifiés en conditions contrôlées, mais il reste du chemin à parcourir (extraction, formulation, homologation) avant l’obtention de produits applicables par les agriculteurs. Si le premier objectif est de diminuer l’attaque sur la parcelle de colza, le second est qu’il n’y ait pas de descendance des individus détournés du colza. Pour cela, il s’agirait d’attirer ces individus vers des crucifères en interculture et de détruire en hiver les plantes, ce qui ne permet pas aux larves de terminer leur cycle. Cette stratégie combinatoire sera évaluée lors de la poursuite du projet.
Conclusion et Perspectives
Le Plan de sortie du phosmet a contribué à accroître l’acquisition de références sur les produits de biocontrôle, et à soutenir le développement de nouvelles solutions alternatives aux insecticides. Néanmoins des défis persistent :
- Les efficacités restent inférieures aux insecticides et aucune solution n’a été identifiée pour lutter directement contre les larves
- Les conditions d’application et d’efficacité de ces produits sont plus dépendantes des conditions climatiques (action de contact souvent sensible au lessivage),
- Une mise en œuvre qui nécessite de la technicité et du temps (plusieurs passages nécessaires).
En savoir plus sur le plan d'action sortie du phosmet
Contact : Laurent Ruck - l.ruck@terresinovia.fr
Synthèse des essais biostimulants menés en 2022, 2023 et 2024
Dans le cadre de ce projet du Plan d'action de sortie du phosmet soutenu par le Casdar, sept biostimulants ont été testés dans un réseau d’essais menés avec les partenaires sur les campagnes 2022-2023 et 2023-2024 pour limiter la nuisibilité des insectes à l’automne sur colza. Voici les résultats.
Pour limiter la nuisibilité des insectes à l’automne, il faut que le colza présente une croissance dynamique et continue. Pour soutenir cette croissance, l’utilisation d’engrais au semis, l’association à une légumineuse gélive ou encore le choix du précédent sont autant de leviers qui ont déjà fait leur preuve. En complément, l’utilisation de certains types de biostimulants ayant pour revendication l’amélioration de "l’efficacité d’utilisation des éléments nutritifs" (Règlement UE 2019/1009) pourrait présenter un intérêt à condition que les effets positifs sur la nutrition se traduisent par des effets positifs sur la croissance.
Dans le cadre d’Adaptacol², un projet du Plan de sortie du phosmet soutenu par le Casdar, un pool de sept biostimulants a été testé au sein d’un réseau d’essais mené avec les partenaires sur les campagnes 2022-2023 (Kelpak, ValeaMax, BlueN, FreeN + Free PK, MouvN et Exelgrow) et 2023-2024 (ValeaMax, BlueN et Vixeran). Les biostimulants ont été apportés à l’automne, le plus souvent en début de cycle en une ou deux applications. Il a été choisi de tester des positionnements déjà éprouvés et également exploratoires, visant à stimuler généralement les plantes plus précocement que les positionnements actuellement proposés.
| Produit | Composition | Effets attendus | Stade d’application | Dose de produit |
| Kelpak | Extrait d’Eklonia Maxima | Forte concentration en auxine → stimulation de la croissance (racinaire puis aérienne) ; en sus : meilleure tolérance au froid | B2 puis B4/B6 | 2 L/ha |
| ValeaMax | Extrait d’Ascophyllum Nodosum (dont manitol et antioxydants) +B+Mo | Stimulation de la croissance ; en sus : meilleure tolérance aux stress abiotiques | B2 | 2 L/ha |
| BlueN | Bactérie fixatrice d’azote endophyte Methylobacterim Symbioticum | Fixe l’azote au sein de la plante et la transforme en N assimilable → augmentation de la quantité d’azote assimilée par la culture | B6 | 0.333 kg/ha |
| FreeN + Free PK | FreeN : Azotobacter chroococcum + Mn + Mo FreePK : Bacillus mucitaginosus |
- Fixe l’azote de l’air et le transforme en N assimilable (azotobacter) - Augmente la minéralisation du P et du K (bacillus) → augmentation des quantités de NPK disponibles pour la culture |
Levée à B2 | 0.5 L/ha FreeN + 0.5 L/ha Free PK |
| MouvN | Glutacetine | Stimulation du métabolisme azotée et de la photosynthèse → augmentation de la quantité d’azote assimilée par la culture et stimulation de la croissance | B6 puis D2 | 0.5 kg/ha |
| Exelgrow | Extrait fermenté d’Ascophyllum nodosum + acides fulviques + glycine betaine | Stimulation de la croissance ; en sus : meilleure tolérance aux stress abiotiques dont stress hydrique | B4 | 0.5 L/ha |
| Vixeran | Bactérie fixatrice d’azote endophyte Azotobacter salinestris CECT 9690 | Fixe l’azote au sein de la plante et la transforme en N assimilable → augmentation de la quantité d’azote assimilée par la culture | Entre levée et B4 selon conditions météo | 0.05 kg/ha |
Les résultats obtenus ne mettent pas en évidence d’effet robuste et marqué sur la croissance (ni en entrée ni en sortie d’hiver) dans les conditions du réseau d’essais ; des tendances ponctuelles peuvent être décelées mais aucun effet significatif. Côté rendement, aucun effet significatif n’a été détecté, ni de tendance.
La synthèse complète des essais est disponible en téléchargement en bas de page.
Contact : C. Le Gall, c.legall@terresinovia.fr
Documents à télécharger
Bourgogne-Franche-Comté - Colza : Adapter la fertilisation azotée et soufrée à l’année
Début février est le bon moment pour affiner sa stratégie d’apport d’engrais azoté et soufré. La dose d’azote doit être ajustée à l’état des colzas en sortie d’hiver. Les apports d’azote et de soufre doivent être apportés lorsque les plantes ont la capacité de les valoriser.
Ajuster la dose d’azote avec la biomasse sortie d’hiver
Si ce n’est pas déjà fait, il est temps d’estimer la biomasse des colzas en sortie d’hiver et d’intégrer cette information dans le calcul de la dose d’azote (www.regletteazotecolza.fr). Le poids vert exprimé en kg/m² permet d’estimer la quantité d’azote déjà absorbé par la culture à l’ouverture du bilan. C’est autant d’azote qu’il n’y aura pas besoin d’apporter sous forme d’engrais. A titre d’exemple, un colza de 0.6 kg/m² en sortie d’hiver a absorbé environ 40 uN, tandis qu’’un colza de 2 kg/m² a déjà absorbé 130 uN. La croissance des colzas peut fortement varier selon les situations. C’est pourquoi, il est conseillé de l’estimer par des pesées ou par des services d’imagerie satellite qui offrent une meilleure vision de l’hétérogénéité intra parcellaire.
Ajuster l’objectif de rendement en fonction des éventuels facteurs limitants
La reprise de végétation est également un moment où il est judicieux de réévaluer l’objectif de rendement de la parcelle pour ajuster la dose d’azote si nécessaire. Une série de questions mérite d’être posée : Le peuplement est-il limitant ? L’enherbement est-il maitrisé ? Il y a-t-il une forte pression parasitaire (larves de charançon du bourgeon terminal et ou de grosse altise) ?... Au regard des problèmes de structure à l’implantation et des cumuls de pluie enregistrés cet automne et cet hiver, il est également judicieux de regarder l’état des racines des cultures. L’enracinement est-il satisfaisant ? Les racines sont-elles nécrosées ? Réviser à la baisse votre objectif de rendement si ces éléments sont impactés négativement.
Quand débuter les apports d’azote ?
La fertilisation azotée est un poste de charge important : autant se donner les moyens pour que l’engrais soit le plus efficace possible en synchronisant les besoins de la plante et la disponibilité en éléments minéraux. Il est inutile d’apporter des engrais sur des cultures en repos végétatif. On visera également un apport avant une pluie annoncée.
Les apports les plus précoces sont à positionner sur les petits colzas lorsque les températures vont se réchauffer et que la végétation va reprendre (stade C1-C2, émission de nouvelles feuilles, début d’élongation de la tige). La dose d’azote pour le premier apport précoce sur les petits colzas doit rester modéré car, même s’ils ont besoin d’azote pour la reprise de croissance faute de réserve, leur capacité d’absorption initiale est faible (indice foliaire faible limitant la croissance, système racinaire limité). Pour les colzas moyens à gros, leurs réserves stockées dans les feuilles et les racines sont suffisantes pour la reprise de croissance (voir tableau stratégies de fractionnement).
|
Dose totale à apporter (kgN/ha) |
Reprise de végétation (C1-C2) |
Début montaison (C2-D1) |
Boutons accolés (D1-D2) |
Boutons séparés (E) |
|
< 100 |
< 100 | |||
| 100 à 170 | 60 à 80 | 40 à 90 | ||
| > 170 | 40 à 60 | 50 et + | 40 à 60 | |
Pas d’impasse en soufre au début de la montaison
Les besoins en soufre du colza sont élevés et une carence peut coûter très cher (perte de 10 à 20 q/ha). Il est recommandé d’apporter 75 unités, sous forme assimilable sulfate, dès le début de la montaison (stade C2, entre-nœuds visibles).
En cas d’utilisation d’engrais azoté soufré, attention de ne pas apporter trop d’azote au premier apport ou inversement d’être trop faible en soufre. Il est préférable d’ajuster avec des engrais spécifiques (ammonitrate ou kieserite).
Dans le contexte de l’année avec des précipitations localement très importantes qui ont pu lessiver le soufre et une reprise de la minéralisation potentiellement plus tardive au regard des températures du sol, le risque de carence en soufre est plus important en particulier dans les sols superficiels et filtrants. Une impasse en soufre peut se révéler préjudiciable y compris en situation d’apport régulier de matière organique (modulation possible sans descendre en dessous de 50 uN SO3).
Au-delà de 350 mm cumulés de novembre à février, on considère que le risque de lessivage du soufre est élevé. Les tableaux ci-dessous présentent les cumuls de pluies sur quelques stations météo régionales.
| Station météo | Cumul de pluie du 01/11/2024 au 31/01/2025 | Cumul de pluie du 01/02 au 28/02 (Moyenne 2015- 2024) |
Estimation du cumul de pluie de novembre à février |
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DIJON (21) |
156 mm | 36 mm | 192 mm |
|
CHATILLON SUR SEINE (21) |
223 mm |
55 mm |
278 mm |
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CRUZY LE CHATEL (89) |
211 mm | 52 mm | 263 mm |
|
SENS (89) |
195 mm | 46 mm | 241 mm |
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CHATEAU-CHINON (58) |
341 mm | 84 mm | 425 mm |
|
NEVERS-MARZY (58) |
205 mm | 49 mm | 254 mm |
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VESOUL (70) |
285 mm | 63 mm | 348 mm |
| CHARGEY-LES –GRAY (70) |
179 mm |
44 mm | 223 mm |
| CHAMPFORGEUIL (71) | 160 mm | 35 mm | 195 mm |
| DOLE (39) | 223 mm | 60 mm | 333 mm |
Hauts-de-France - Colza : Adapter la fertilisation azotée et soufrée à l’année
Début février est le bon moment pour affiner sa stratégie d’apport d’engrais azoté et soufré. La dose d’azote doit être ajustée à l’état des colzas en sortie d’hiver. Les apports d’azote et de soufre doivent être apportés lorsque les plantes ont la capacité de les valoriser.
Ajuster la dose d’azote avec la biomasse sortie d’hiver
Si ce n’est pas déjà fait, il est temps d’estimer la biomasse des colzas en sortie d’hiver et d’intégrer cette information dans le calcul de la dose d’azote (www.regletteazotecolza.fr). Le poids vert exprimé en kg/m² permet d’estimer la quantité d’azote déjà absorbé par la culture à l’ouverture du bilan. C’est autant d’azote qu’il n’y aura pas besoin d’apporter sous forme d’engrais. A titre d’exemple, un colza de 0.6 kg/m² en sortie d’hiver a absorbé environ 40 uN, tandis qu’’un colza de 2 kg/m² a déjà absorbé 130 uN. La croissance des colzas peut fortement varier selon les situations. C’est pourquoi, il est conseillé de l’estimer par des pesées ou par des services d’imagerie satellite qui offrent une meilleure vision de l’hétérogénéité intra parcellaire.
Ajuster l’objectif de rendement en fonction des éventuels facteurs limitants
La reprise de végétation est également un moment où il est judicieux de réévaluer l’objectif de rendement de la parcelle pour ajuster la dose d’azote si nécessaire. Une série de questions mérite d’être posée : Le peuplement est-il limitant ? L’enherbement est-il maitrisé ? Il y a-t-il une forte pression parasitaire (larves de charançon du bourgeon terminal et ou de grosse altise) ?... Au regard des problèmes de structure à l’implantation et des cumuls de pluie enregistrés cet automne et cet hiver, il est également judicieux de regarder l’état des racines des cultures. L’enracinement est-il satisfaisant ? Les racines sont-elles nécrosées ? Réviser à la baisse votre objectif de rendement si ces éléments sont impactés négativement.
Quand débuter les apports d’azote ?
La fertilisation azotée est un poste de charge important : autant se donner les moyens pour que l’engrais soit le plus efficace possible en synchronisant les besoins de la plante et la disponibilité en éléments minéraux. Il est inutile d’apporter des engrais sur des cultures en repos végétatif. On visera également un apport avant une pluie annoncée.
Les apports les plus précoces sont à positionner sur les petits colzas lorsque les températures vont se réchauffer et que la végétation va reprendre (stade C1-C2, émission de nouvelles feuilles, début d’élongation de la tige). La dose d’azote pour le premier apport précoce sur les petits colzas doit rester modéré car, même s’ils ont besoin d’azote pour la reprise de croissance faute de réserve, leur capacité d’absorption initiale est faible (indice foliaire faible limitant la croissance, système racinaire limité). Pour les colzas moyens à gros, leurs réserves stockées dans les feuilles et les racines sont suffisantes pour la reprise de croissance (voir tableau stratégies de fractionnement).
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Dose totale à apporter (kgN/ha) |
Reprise de végétation (C1-C2) |
Début montaison (C2-D1) |
Boutons accolés (D1-D2) |
Boutons séparés (E) |
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< 100 |
< 100 | |||
| 100 à 170 | 60 à 80 | 40 à 90 | ||
| > 170 | 40 à 60 | 50 et + | 40 à 60 | |
Pas d’impasse en soufre au début de la montaison
Les besoins en soufre du colza sont élevés et une carence peut coûter très cher (perte de 10 à 20 q/ha). Il est recommandé d’apporter 75 unités, sous forme assimilable sulfate, dès le début de la montaison (stade C2, entre-nœuds visibles).
En cas d’utilisation d’engrais azoté soufré, attention de ne pas apporter trop d’azote au premier apport ou inversement d’être trop faible en soufre. Il est préférable d’ajuster avec des engrais spécifiques (ammonitrate ou kieserite).
Dans le contexte de l’année avec des précipitations localement très importantes qui ont pu lessiver le soufre et une reprise de la minéralisation potentiellement plus tardive au regard des températures du sol, le risque de carence en soufre est plus important en particulier dans les sols superficiels et filtrants. Une impasse en soufre peut se révéler préjudiciable y compris en situation d’apport régulier de matière organique (modulation possible sans descendre en dessous de 50 uN SO3).
Au-delà de 350 mm cumulés de novembre à février, on considère que le risque de lessivage du soufre est élevé. Les tableaux ci-dessous présentent les cumuls de pluies sur quelques stations météo régionales.
| Station météo | Cumul de pluie du 01/11/2024 au 31/01/2025 | Cumul de pluie du 01/02 au 28/02 (Moyenne 2015- 2024) |
Estimation du cumul de pluie de novembre à février |
| Mons en Chaussée (80) | 234 mm | 52 mm | 286 mm |
| Abbeville (80) | 296 mm | 57 mm | 352 mm |
| Beauvais – Tille (60) | 240 mm | 42 mm | 283 mm |
| Fresnoy la rivière (60) | 247 mm | 47 mm | 294 mm |
| Blesmes (02) | 225 mm | 50 mm | 276 mm |
| Laon (02) | 211 mm | 53 mm | 265 mm |
| Cambrai (62) | 218 mm | 46 mm | 264 mm |
| Humières (62) | 315 mm | 66 mm | 381 mm |
Champagne-Ardenne/Seine-et-Marne - Colza : Adapter la fertilisation azotée et soufrée à l’année
Début février est le bon moment pour affiner sa stratégie d’apport d’engrais azoté et soufré. La dose d’azote doit être ajustée à l’état des colzas en sortie d’hiver. Les apports d’azote et de soufre doivent être apportés lorsque les plantes ont la capacité de les valoriser.
Ajuster la dose d’azote avec la biomasse sortie d’hiver
Si ce n’est pas déjà fait, il est temps d’estimer la biomasse des colzas en sortie d’hiver et d’intégrer cette information dans le calcul de la dose d’azote (www.regletteazotecolza.fr). Le poids vert exprimé en kg/m² permet d’estimer la quantité d’azote déjà absorbé par la culture à l’ouverture du bilan. C’est autant d’azote qu’il n’y aura pas besoin d’apporter sous forme d’engrais. A titre d’exemple, un colza de 0.6 kg/m² en sortie d’hiver a absorbé environ 40 uN, tandis qu’’un colza de 2 kg/m² a déjà absorbé 130 uN. La croissance des colzas peut fortement varier selon les situations. C’est pourquoi, il est conseillé de l’estimer par des pesées ou par des services d’imagerie satellite qui offrent une meilleure vision de l’hétérogénéité intra parcellaire.
Ajuster l’objectif de rendement en fonction des éventuels facteurs limitants
La reprise de végétation est également un moment où il est judicieux de réévaluer l’objectif de rendement de la parcelle pour ajuster la dose d’azote si nécessaire. Une série de questions mérite d’être posée : Le peuplement est-il limitant ? L’enherbement est-il maitrisé ? Il y a-t-il une forte pression parasitaire (larves de charançon du bourgeon terminal et ou de grosse altise) ?... Au regard des problèmes de structure à l’implantation et des cumuls de pluie enregistrés cet automne et cet hiver, il est également judicieux de regarder l’état des racines des cultures. L’enracinement est-il satisfaisant ? Les racines sont-elles nécrosées ? Réviser à la baisse votre objectif de rendement si ces éléments sont impactés négativement.
Quand débuter les apports d’azote ?
La fertilisation azotée est un poste de charge important : autant se donner les moyens pour que l’engrais soit le plus efficace possible en synchronisant les besoins de la plante et la disponibilité en éléments minéraux. Il est inutile d’apporter des engrais sur des cultures en repos végétatif. On visera également un apport avant une pluie annoncée.
Les apports les plus précoces sont à positionner sur les petits colzas lorsque les températures vont se réchauffer et que la végétation va reprendre (stade C1-C2, émission de nouvelles feuilles, début d’élongation de la tige). La dose d’azote pour le premier apport précoce sur les petits colzas doit rester modéré car, même s’ils ont besoin d’azote pour la reprise de croissance faute de réserve, leur capacité d’absorption initiale est faible (indice foliaire faible limitant la croissance, système racinaire limité). Pour les colzas moyens à gros, leurs réserves stockées dans les feuilles et les racines sont suffisantes pour la reprise de croissance (voir tableau stratégies de fractionnement).
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Dose totale à apporter (kgN/ha) |
Reprise de végétation (C1-C2) |
Début montaison (C2-D1) |
Boutons accolés (D1-D2) |
Boutons séparés (E) |
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< 100 |
< 100 | |||
| 100 à 170 | 60 à 80 | 40 à 90 | ||
| > 170 | 40 à 60 | 50 et + | 40 à 60 | |
Pas d’impasse en soufre au début de la montaison
Les besoins en soufre du colza sont élevés et une carence peut coûter très cher (perte de 10 à 20 q/ha). Il est recommandé d’apporter 75 unités, sous forme assimilable sulfate, dès le début de la montaison (stade C2, entre-nœuds visibles).
En cas d’utilisation d’engrais azoté soufré, attention de ne pas apporter trop d’azote au premier apport ou inversement d’être trop faible en soufre. Il est préférable d’ajuster avec des engrais spécifiques (ammonitrate ou kieserite).
Dans le contexte de l’année avec des précipitations localement très importantes qui ont pu lessiver le soufre et une reprise de la minéralisation potentiellement plus tardive au regard des températures du sol, le risque de carence en soufre est plus important en particulier dans les sols superficiels et filtrants. Une impasse en soufre peut se révéler préjudiciable y compris en situation d’apport régulier de matière organique (modulation possible sans descendre en dessous de 50 uN SO3).
Au-delà de 350 mm cumulés de novembre à février, on considère que le risque de lessivage du soufre est élevé. Les tableaux ci-dessous présentent les cumuls de pluies sur quelques stations météo régionales.
| Station météo | Cumul de pluie du 01/11/2024 au 31/01/2025 | Cumul de pluie du 01/02 au 28/02 (Moyenne 2015- 2024) |
Estimation du cumul de pluie de novembre à février |
| La Chesne (08) |
333 mm | 88 mm | 421 mm |
| Vatry (51) |
208 mm | 45 mm | 253 mm |
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Prunay (51) |
172 mm | 43 mm | 215 mm |
| Troyes (10) | 169 mm | 45 mm | 214 mm |
| Romilly/Seine (10) | 227 mm | 48 mm | 275 mm |
| Bourdons/Rognons (52) | 294 mm | 75 mm | 369 mm |
| Saint Dizier (52) | 192 mm | 58 mm | 250 mm |
Lutte contre le charançon de la tige du colza : surveillez son arrivée pour un positionnement insecticide optimal
Premiers ravageurs du colza au printemps, les charançons de la tige du colza peuvent occasionner des éclatements de tige qui pénalisent les composantes de rendement, particulièrement lors des années sèches. Les moyens de lutte sont toujours efficaces. Mais le positionnement de l’intervention est déterminant pour garantir l’efficacité de la protection.
Vigilance lorsque les vols sont précoces et massifs
Les charançons de la tige sont les premiers insectes à coloniser les parcelles de colzas à la sortie de l’hiver. Un redoux au-dessus de 9°C déclenche les premiers vols, qui peuvent s’intensifier lorsque les températures dépassent 12°C. Ainsi, selon les conditions climatiques de l’année, le vol est précoce (mi-février) ou tardif (courant mars). L’installation d’une cuvette jaune sur la végétation est un bon moyen pour repérer l’arrivée de l’insecte. Nous considérons qu’il y a un risque de dégât pour la culture dès lors que les insectes sont présents et que le colza est en cours de montaison (du stade C2 à E). La rétrospective des dernières campagnes montre que les années avec des vols précoces et massifs sont les années où nous constatons le plus de dégâts (fréquence et intensité) dans les parcelles à l’échelle d’un territoire comme en 2019 et 2021.
Intervenir au pic de vol
Les agriculteurs qui souhaitent sécuriser leur production doivent intervenir 8 – 10 jours après les premières captures « significatives » ou idéalement au pic de vol régional (consulter le BSV pour connaitre la date du pic de vol à l’échelle du territoire). L’objectif est d’intervenir lorsqu’un maximum d’insectes est dans la parcelle et avant le début des pontes. Intervenir dès les premières captures conduit le plus souvent à traiter trop tôt. Il vaut mieux patienter quelques jours, même s’il est vrai que l’organisation des chantiers (semis, azote…) et les conditions météorologiques peuvent compliquer la mise en œuvre à cette période de l’année. A contrario, il ne faut pas négliger les infestations ou ré-infestations tardives, qui peuvent survenir jusqu’à fin montaison (stade E). Généralement, une seule intervention bien positionnée suffit à maitriser la majeure partie du risque. Toutefois, si un second pic de vol survient 2-3 semaines après l’application, une réintervention peut s’envisager.
Eclatements occasionnés par des piqûres de ponte de charançon de la tige du colza, en haut de tige.
Photo Aurore Baillet
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Ne pas confondre le charançon de la tige du colza avec le charançon de la tige du chou, considéré comme peu ou pas nuisible pour le colza Le charançon de la tige du colza (à gauche) a le bout des pattes noir. Le charançon de la tige du chou (à droite), plus petit, a le bout des pattes roux et une tache blanchâtre dorsale entre le thorax et l’abdomen. 1. Charançon de la tige du colza 2. Charançon de la tige du chou |
Les solutions insecticides sont toujours efficaces
L’efficacité de la lutte chimique dépend avant tout du positionnement de la protection et de sa persistance d’action. A ce jour, Terres Inovia n’a pas constaté de perte d’efficacité au champ. Et le monitoring réalisé par l’Institut ne montre pas de phénomène de résistance émergent inquiétant.
Les références DECIS PROTECH 0.33 l/ha et KARATE ZEON 0.075 l/ha sont efficaces pour réduire les dégâts du charançon de la tige du colza (réduction du nombre de tiges déformées et/ou éclatées). TREBON 30 EC est comparable aux références. SHERPA 100 EW et CYTHRINE MAX sont un peu en retrait. MAVRIK SMART est inférieur aux références (synthèse des essais Terres Inovia).
OAD Prédiction du vol de charançon de la tige du colza
Pour prédire la dynamique des vols de ce ravageur, Terres Inovia met à disposition l’Outil d’Aide à la Décision « Prédiction des vols de ravageurs ». L’outil informe sur la probabilité de capture en cuvette jusqu’à J+7, sous forme graphique et sous forme de carte. Il s’agit d’un outil de mise en alerte complémentaire aux réseaux d’observation sur le terrain. |
Alsace/Lorraine - Colza : Adapter la fertilisation azotée et soufrée à l’année
Début février est le bon moment pour affiner sa stratégie d’apport d’engrais azoté et soufré. La dose d’azote doit être ajustée à l’état des colzas en sortie d’hiver. Les apports d’azote et de soufre doivent être apportés lorsque les plantes ont la capacité de les valoriser.
Ajuster la dose d’azote avec la biomasse sortie d’hiver
Si ce n’est pas déjà fait, il est temps d’estimer la biomasse des colzas en sortie d’hiver et d’intégrer cette information dans le calcul de la dose d’azote (www.regletteazotecolza.fr). Le poids vert exprimé en kg/m² permet d’estimer la quantité d’azote déjà absorbé par la culture à l’ouverture du bilan. C’est autant d’azote qu’il n’y aura pas besoin d’apporter sous forme d’engrais. A titre d’exemple, un colza de 0.6 kg/m² en sortie d’hiver a absorbé environ 40 uN, tandis qu’’un colza de 2 kg/m² a déjà absorbé 130 uN. La croissance des colzas peut fortement varier selon les situations. C’est pourquoi, il est conseillé de l’estimer par des pesées ou par des services d’imagerie satellite qui offrent une meilleure vision de l’hétérogénéité intra parcellaire.
Ajuster l’objectif de rendement en fonction des éventuels facteurs limitants
La reprise de végétation est également un moment où il est judicieux de réévaluer l’objectif de rendement de la parcelle pour ajuster la dose d’azote si nécessaire. Une série de questions mérite d’être posée : Le peuplement est-il limitant ? L’enherbement est-il maitrisé ? Il y a-t-il une forte pression parasitaire (larves de charançon du bourgeon terminal et ou de grosse altise) ?... Au regard des problèmes de structure à l’implantation et des cumuls de pluie enregistrés cet automne et cet hiver, il est également judicieux de regarder l’état des racines des cultures. L’enracinement est-il satisfaisant ? Les racines sont-elles nécrosées ? Réviser à la baisse votre objectif de rendement si ces éléments sont impactés négativement.
Quand débuter les apports d’azote ?
La fertilisation azotée est un poste de charge important : autant se donner les moyens pour que l’engrais soit le plus efficace possible en synchronisant les besoins de la plante et la disponibilité en éléments minéraux. Il est inutile d’apporter des engrais sur des cultures en repos végétatif. On visera également un apport avant une pluie annoncée.
Les apports les plus précoces sont à positionner sur les petits colzas lorsque les températures vont se réchauffer et que la végétation va reprendre (stade C1-C2, émission de nouvelles feuilles, début d’élongation de la tige). La dose d’azote pour le premier apport précoce sur les petits colzas doit rester modéré car, même s’ils ont besoin d’azote pour la reprise de croissance faute de réserve, leur capacité d’absorption initiale est faible (indice foliaire faible limitant la croissance, système racinaire limité). Pour les colzas moyens à gros, leurs réserves stockées dans les feuilles et les racines sont suffisantes pour la reprise de croissance (voir tableau stratégies de fractionnement).
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Dose totale à apporter (kgN/ha) |
Reprise de végétation (C1-C2) |
Début montaison (C2-D1) |
Boutons accolés (D1-D2) |
Boutons séparés (E) |
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< 100 |
< 100 | |||
| 100 à 170 | 60 à 80 | 40 à 90 | ||
| > 170 | 40 à 60 | 50 et + | 40 à 60 | |
Pas d’impasse en soufre au début de la montaison
Les besoins en soufre du colza sont élevés et une carence peut coûter très cher (perte de 10 à 20 q/ha). Il est recommandé d’apporter 75 unités, sous forme assimilable sulfate, dès le début de la montaison (stade C2, entre-nœuds visibles).
En cas d’utilisation d’engrais azoté soufré, attention de ne pas apporter trop d’azote au premier apport ou inversement d’être trop faible en soufre. Il est préférable d’ajuster avec des engrais spécifiques (ammonitrate ou kieserite).
Dans le contexte de l’année avec des précipitations localement très importantes qui ont pu lessiver le soufre et une reprise de la minéralisation potentiellement plus tardive au regard des températures du sol, le risque de carence en soufre est plus important en particulier dans les sols superficiels et filtrants. Une impasse en soufre peut se révéler préjudiciable y compris en situation d’apport régulier de matière organique (modulation possible sans descendre en dessous de 50 uN SO3).
Au-delà de 350 mm cumulés de novembre à février, on considère que le risque de lessivage du soufre est élevé. Les tableaux ci-dessous présentent les cumuls de pluies sur quelques stations météo régionales.
| Station météo | Cumul de pluie du 01/11/2024 au 31/01/2025 | Cumul de pluie du 01/02 au 28/02 (Moyenne 2015- 2024) |
Estimation du cumul de pluie de novembre à février |
| ERNEVILLE-AUX-BOIS-LOXEVILLE (55) | 300 mm | 93 mm | 393 mm |
| BOURDONS SUR ROGNONS (52) | 295 mm | 75 mm | 370 mm |
| LONGUYON (54) | 296 mm | 72 mm | 368 mm |
| CHAUMONT SUR AIRE (55) | 278 mm | 74 mm | 352 mm |
| ROLLAINVILLE (88) | 274 mm | 66 mm | 340 mm |
| NANCY - OCHEY-THEUILLEY (54) | 225 mm | 61 mm | 286 mm |
| SAINT DIZIER (52) | 192 mm | 58 mm | 250 mm |
| MULHOUSE -BALE-ST-LOUIS (68) | 143 mm | 40 mm | 183 mm |
| STRASBOURG -ENTZHEIM (67) | 115 mm | 34 mm | 149 mm |
Fertilisation du colza, apporter la juste dose d’azote, sans négliger le phosphore
Lors de la reprise de végétation, l’azote consommé par le colza depuis la levée jusqu’au repos hivernal est stocké en majorité dans les feuilles et racines. Cet azote sera remobilisé par la plante en particulier vers la tige principale et ramifications, les fleurs puis les siliques et les graines : autant d’azote déjà absorbé qu’il ne sera donc pas utile d’apporter. Il est donc essentiel de comprendre les besoins en azote des colzas pour adapter sa stratégie. La Réglette Azote Colza® est l’outil incontournable pour raisonner la fertilisation.
Focus Situation Sud Ouest
Les biomasses automnales des colzas du Sud-Ouest étaient globalement bonnes voir exubérantes. L’arrivée de la fraîcheur début novembre a stoppé la croissance des colzas. On note, dans un certain nombre de parcelles, plutôt à l’Est de l’Occitanie, des pertes de biomasses importantes depuis mi-novembre.
Ceci peut s’expliquer par :
- L’épuisement des reliquats couplés à un arrêt de minéralisation,
- Des conditions climatiques moins propices à la croissance
- Une pression oïdium automnale sans précédent.
Bien que ce pathogène ne soit pas le premier facteur explicatif, il a certainement joué sur l’importance des pertes. Il est rare dans le Sud-Ouest de voir autant de pertes de biomasses fraîches et cela a pu poser question. Aucune crainte pour autant.
Il vaut mieux un gros colza à l’automne qui a perdu sa biomasse, qu’un petit colza depuis le semis. En effet, la croissance automnale du pivot sera un atout au printemps pour capter les besoins en eau et éléments minéraux. De plus, une partie de la l’azote contenu dans les feuilles sera mobilisé dès la reprise de végétation (voir ci-après).
Des fertilisations en phosphore majoritairement déficitaire à corriger, pour optimiser l’efficience de l’azote
Malgré une fertilisation optimisée du colza en azote, une part plus ou moins importante de l’apport peut se montrer inefficiente, si un autre élément se montre limitant. Souvent élucidée car rarement visible à l’œil, ou confondue avec d’autres causes, la carence en phosphore représente un risque majeur de perte de potentiel. Heureusement, il n’est pas trop tard, pour rattraper une impasse, ou une sous-fertilisation.
Le colza est une plante exigeante en phosphore notamment au stade 5-6 feuilles, correspondant au stade de sensibilité maximale. De ce fait, les apports réalisés au semis permettent d’assurer au colza une croissance dynamique à l’automne. Pourtant, dans les situations à faibles teneurs, soit celle inférieures à 50 ppm Olsen, les apports de phosphore réalisés au semis sont bien souvent inférieurs aux recommandations.
Pour preuve, la dose moyenne de phosphore apportée dans le sud-ouest est de 46 unités, soit légèrement inférieure aux recommandations pour un objectif de 30 q/ha dans une situation dite intermédiaire avec 1 apport tous les 2 ans. Selon la même source, 1/3 des parcelles ne reçoit aucun apport de phosphore.
Un complément peut donc être à envisager sortie hiver, d’autant que 43% des apports sont réalisés à cette période dans le sud-ouest contre 48% sur la période semis/automne et 9% sont fractionnés entre les 2 périodes (Enquête Pratiques culturales Terres Inovia 2022).
Prendre en compte l’état de son colza pour estimer la dose à apporter
A la faveur de conditions de semis propices à de belles levées, les conditions automnales se sont montrées favorables à la production de biomasse. Les températures négatives des derniers jours ont pu entrainer de la perte de biomasse sur les colzas les plus développés. Dans un certain nombre de parcelles, la perte de biomasse a pu être observée plus précocement, dès novembre.
Par conséquent, les quantités d’azote absorbées à l’automne sont très variables d’une situation à une autre, et nécessitent donc d’être évaluées pour chaque parcelle voire au sein d’une même parcelle. La pesée du colza en entrée puis en sortie hiver, permet d’estimer la quantité d’azote déjà présente dans la plante qui conditionnera, via la Réglette Azote Colza®, la dose d’azote à apporter pour atteindre l’objectif de rendement.
Biomasse sortie hiver (SH) : à faire sans tarder si ce n’est pas déjà fait, pour raisonner la dose totale à apporter
Il s’agit de prélever et peser la biomasse aérienne de colza sur 1 m² dans le cas d’un semi au semoir céréales ou bien l’équivalent pour les semis au monograine (1.67 mètre linéaire pour un écartement à 60 cm ou 1.25 mètre linéaire pour un écartement à 80 cm). Idéalement cette mesure est à réaliser deux fois : en entrée hiver (début décembre) puis en sortie hiver (fin janvier), de façon à prendre en compte d’éventuelles perte de feuilles au cours de l’hiver. Si la mesure de début hiver est optionnelle dans notre région, celle de sortie hiver est incontournable.
Une fois les pesées réalisées, les valeurs peuvent être saisies dans l’outil , au même titre que l’objectif de rendement (moyenne olympique des 5 dernières années). L’outil calcule alors la dose d’azote à apporter sur la parcelle.
L’outil Réglette Azote colza®, labellisé par le COMIFER est disponible gratuitement en version smartphone (à télécharger via le playstore) ou en ligne www.regletteazotecolza.fr
A retenir :1 kg de biomasse aérienne (c’est-à-dire tout ce qui se trouve au-dessus de la surface sol) en sortie d’hiver représente déjà environ 60 unités d’azote absorbé ; dans le cas d’un colza de 2 kg, ce sont déjà 120 unités d’azote mobilisables par le colza qu’il ne sera donc pas utile d’apporter à la reprise. |
Inutile de fertiliser trop tôt un colza de plus d’1.5 kg/m²
Selon l’état du colza en sortie hiver, et la dose totale d’azote à apporter, la stratégie d’apport sera différente pour permettre de valoriser au mieux chaque unité apportée. Le tableau ci-dessous indique, selon la dose d’azote à apporter, la stratégie de fractionnement conseillée, compatible avec la réglementation en vigueur en Nouvelle-Aquitaine et en Occitanie et en région AURA.
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Les « petits colzas »
(Biomasse inférieure à 1kg), n’ont pu stocker que peu d’azote avant la reprise de végétation. Il est donc recommandé de réaliser un premier apport dès l’émission de nouvelles feuilles, en reprise de végétation. Il n’est pas nécessaire d’apporter plus de 50 unités sur ce premier apport, car la plante n’aura pas la capacité de tout absorber. Mieux vaut alors conserver les unités d’azote supplémentaire, pour un apport un peu plus tard.
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Les « gros colzas »
(Biomasse supérieure à 1.5 kg), ne présentant pas de signes de faim d’azote, ont stocké suffisamment d’azote pour assurer la reprise végétative voire même le début de la montaison, c’est dire la production de tige, pour les plus gros. Le premier apport d’azote peut alors être reporté un peu plus tard que sur un petit colza, c’est-à-dire en cours de montaison, voire à l’apparition des boutons.
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Pour les situations intermédiaires,
Les colzas dont la biomasse est comprise entre 1 kg/m² et 1.5kg/m², le premier apport se fait en fonction de l’état des colzas, en repérant notamment d’éventuelle signe de faim d’azote. Dans ces situations, anticiper un premier apport comme sur les petits colzas, peut permettre de jouer la sécurité, au cas où ensuite les conditions climatiques, et de portance, ne permettraient pas d’entrer dans la parcelle en temps voulu.
Ne pas oublier l’apport de souffre
L’apport de soufre sous forme assimilable sulfate est à positionner idéalement avec l’azote autour du début montaison (stade C2, entre-nœuds visibles, c’est-à-dire apparition de la tige). Les 75 unités recommandées permettent de compenser les exportations par la culture et offre le meilleur rapport rendement/qualité de la graine. Une disponibilité insuffisante entraîne des pertes de rendement pouvant atteindre 10 à 20 q/ha dans les cas les plus graves. En cas d'apport régulier de produit organique, le risque de carence en soufre est plus limité. Mais en année difficile, des carences peuvent s'exprimer. Adapter la dose apportée.
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Les facteurs de risques de carence sont nombreux :
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Vos contacts régionaux
- Quentin Lambert (q.lambert@terresinovia.fr) - Occitanie
- Arnaud Micheneau (a.micheneau@terresinovia.fr) - Sud Nouvelle Aquitaine, Gers, Hautes-Pyrénées
- Alexandra Denoyelle (a.denoyelle@terresinovia.fr) - Auvergne-Rhône-Alpes & Provence-Alpes-Côte d'Azur
Biocontrôle contre la grosse altise. Que sait-on et que fait-on ?
Note importante : Les solutions testées et présentées ci-dessous ne sont pas autorisées aujourd’hui contre les grosses altises sur colza.
Le biocontrôle c’est quoi ?
Un produit de biocontrôle utilise des mécanismes naturels pour protéger les végétaux et renforcer leurs défenses contre les organismes nuisibles grâce à des macroorganismes, des microorganismes ou des produits comprenant des médiateurs chimiques, des substances naturelles (d'origine végétale, animale ou minérale), et des substances de base, tout en présentant un niveau élevé de sécurité pour la santé publique et l'environnement.
En France, près de 50% des produits de biocontrôle sont utilisés en arboriculture, maraîchage et viticulture. Cependant, de fortes attentes existent pour leur utilisation en grandes cultures, notamment pour les applications insecticides, qui représentent un tiers de leur usage total.
Pour lutter contre les grosses altises, différentes stratégies sont envisagées par Terres Inovia : réduire la consommation des feuilles par les altises adultes, diminuer la pression larvaire sur le colza et limiter la colonisation du colza à l’échelle de la parcelle ou du territoire.
La lutte directe pour réduire les dégâts foliaires des adultes sur les jeunes colzas
Terres Inovia et ses partenaires ont évalué une quinzaine de substances naturelles pour limiter les dégâts foliaires par les adultes avant le stade 4 feuilles. Les efficacités observées sont variables et en général inférieures aux références insecticides. Les sels d’acides gras dont le mode d’action par déshydratation et suffocation nécessitent de toucher l’altise et le soufre dont le mode d’action aurait un effet plutôt répulsif se sont avérés les plus efficaces parmi les différentes solutions testées.
Sels d’acides gras : La première application est réalisée au début de l’attaque lorsque 30% des plantes environ présentent des morsures avant 4 feuilles. Trois traitements espacés de 5 à 7 jours sont réalisés et appliqués en fin de journée lorsque les altises adultes sont actives. Une réduction des dégâts foliaires est observée dès la première application avec une efficacité moyenne comprise entre 25 et 50%. L’action choc de la référence insecticide est supérieure. Après 2 ou 3 applications, et 2 à 3 semaines après l’unique application de Karaté Zéon, la réduction des dégâts foliaires par les sels d’acides gras est comparable à la référence insecticide.
Soufre : La première application est réalisée en tout début d’attaque car le mode d’action supposé est répulsif. L’efficacité moyenne est comprise entre 20 et 45%. L’absence de pluies et les températures élevées semblent favorables à l’efficacité.
Figure 2 : Pourcentage de surface foliaire détruite après 1, 2 ou 3 applications de soufre. Volume de bouillie 200 l/ha. (nombre d’essais)
Le talc et le kaolin qui agissent comme barrière physiques se sont avérés moins efficaces.
L’huile de paraffine, le purin d’ortie, l’azadirachtine (extrait naturel du margousier reconnu pour ces propriétés insecticides contre les pucerons et utilisé par dérogation en arboriculture) ou encore le bore (forme octoborate) se sont avérés inefficaces dans les essais de l’institut et de ses partenaires.
Les essais se poursuivent sur la campagne 2025 afin de conclure sur leur efficacité et dans ce cas, de mieux comprendre les conditions d’application, ainsi que leur positionnement technico-économique. Il s’agit également d’identifier de nouvelles solutions.
Des solutions pour limiter les infestations larvaires
Pour réduire la pression larvaire, plusieurs projets sont en cours dans le Plan de sortie du phosmet, pour développer des solutions techniques à base de produits de biocontrôle en lutte indirecte (projet Nap-Guard).
Terres Inovia a également mené divers essais pour limiter la pression larvaire avec des applications répétées de produits de biocontrôle (nématodes, quassine, champignon entomopathogène, bactérie Bt tenebrionis…), en entrée hiver (fin octobre et novembre). La cible visée est dans ce cas la larve de deuxième stade qui a des phases mobiles pendant lesquelles elle peut être au contact des solutions de biocontrôle. Cette piste s’est avérée peu efficace car les solutions de biocontrôle évaluées à ce jour ont une action essentiellement de contact à une période où le risque de lessivage est important.
Des solutions pour limiter la colonisation à l’échelle de la parcelle ou du territoire
La dernière stratégie envisagée consiste à limiter la colonisation du colza en agissant avant l’arrivée des grosses altises adultes (vols), soit en diminuant la population dans le paysage, soit en détournant ces insectes de la culture.
A titre d’exemple, dans le but de réguler les populations d’altise d’hiver à l’échelle du territoire, BASF (projet VELCO-A), évalue depuis 2ans en conditions contrôlées (avec INRAE) et sur le terrain (avec Terres Inovia) l’efficacité d’un champignon entomopathogène.
La lutte de type push-pull est également explorée (Ctrl-Alt et Colzactise) pour détourner les ravageurs à leur arrivée sur la parcelle de colza avec l’utilisation de composés aux propriétés attractives et dissuasives. Des composés efficaces ont été identifiés en conditions contrôlées, mais il reste du chemin à parcourir (extraction, formulation, homologation) avant l’obtention de produits applicables par les agriculteurs. Si le premier objectif est de diminuer l’attaque sur la parcelle de colza, le second est qu’il n’y ait pas de descendance des individus détournés du colza. Pour cela, il s’agirait d’attirer ces individus vers des crucifères en interculture et de détruire en hiver les plantes, ce qui ne permet pas aux larves de terminer leur cycle. Cette stratégie combinatoire sera évaluée lors de la poursuite du projet.
Conclusion et Perspectives
Le Plan de sortie du phosmet a contribué à accroître l’acquisition de références sur les produits de biocontrôle, et à soutenir le développement de nouvelles solutions alternatives aux insecticides. Néanmoins des défis persistent :
- Les efficacités restent inférieures aux insecticides et aucune solution n’a été identifiée pour lutter directement contre les larves
- Les conditions d’application et d’efficacité de ces produits sont plus dépendantes des conditions climatiques (action de contact souvent sensible au lessivage),
- Une mise en œuvre qui nécessite de la technicité et du temps (plusieurs passages nécessaires).
Laurent Ruck - l.ruck@terresinovia.fr - Ingénieur de développement - Protection intégrée des cultures Intrants & Biocontrôle
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