Farmstar : 25 ans d’agriculture de précision au service des agriculteurs

Le 30 septembre, Farmstar a soufflé ses 25 ans, à Colomiers, en périphérie de Toulouse. Ce service d’agriculture de précision transforme les images satellitaires en conseils agronomiques concrets pour optimiser la fertilisation azotée du colza. Il est surtout le fruit d’un partenariat réussi de longue date entre Airbus, Terres Inovia et Arvalis. 

Gilles Robillard, à Colomiers, lors de la journée anniversaire des 25 ans de Farmstar (crédit Terres Inovia)

Suivi de l’état des cultures et du développement des parcelles en temps réel, optimisation des intrants… la télédétection est un outil clé pour les agriculteurs. 

Conscient de cet enjeu, Farmstar a été créé en 2000 : un Outil d’Aide à la Décision (OAD), proposé aux producteurs via les coopératives, permet de suivre la croissance des cultures et d’optimiser la fertilisation grâce à l’imagerie satellite et des modèles de culture. 

Chiffres clés

•    14 000 agriculteurs utilisent Farmstar chaque année
•    600 000 ha dont la fertilisation est optimisée chaque année
•    30 distributeurs
•    Une progression de +15% de rendement en moyenne
•    Jusqu’à 15% de réduction d’intrants

 

Accompagner les exploitations vers une agriculture de précision

 

Farmstar est le fruit d’une belle collaboration entre deux instituts techniques, Terres Inovia et Arvalis, et le géant de l’aéronautique Airbus.

Objectif ? Accompagner les producteurs vers une agriculture de précision en leur donnant des conseils adaptés à chaque parcelle pour ajuster les apports d’engrais azotés. En optimisant la fertilisation azotée, Farmstar contribue aussi à réduire les impacts environnementaux en limitant les pertes d’azote.  

Terres Inovia : un rôle clé d’expert agronomique

La mobilisation de l’institut est centrale. « Nous fournissons toute l’expertise agronomique sur le colza en mettant d’abord à disposition la Réglette azote colza, conçue par l’institut, et les données terrain du réseau RCA qui permet un contrôle qualité de l’estimation de la biomasse en entrée et en sortie d’hiver sur les parcelles de référence », explique Frédéric Fine, directeur de la valorisation de l’institut. 


Une journée anniversaire autour d’un serious game

Des ateliers autour d'un serious game sur les fonctionnalités de l'OAD de Farmstar (crédit : Terres Inovia)


Lors de la journée anniversaire, les présidents des deux instituts techniques et d’Airbus se sont félicités de cette collaboration réussie autour de Farmstar. Des représentants des coopératives partenaires ont été aussi mis à l’honneur.

Enfin, des ateliers ont été organisés pour prendre en main le serious game développé par Farmstar pour expliquer aux techniciens des organismes stockeurs l’intérêt d’utiliser l’OAD à tous les stades de l’itinéraire technique. 

 

Gilles Robillard, président de Terres Inovia

"Farmstar a permis de démultiplier les surfaces avec un conseil azoté"

Gilles Robillard, le 30 septembre 2025, à Colomiers, lors des 25 ans de Farmstar (crédit : Terres Inovia)

" Cet outil pionnier d’aide à la décision, que nous avons conçu et fait grandir avec Airbus sur son volet colza est devenu au fil des années un symbole de l’innovation au service de l’agriculture. 

Lorsque notre collaboration avec Airbus a démarré, au début des années 2000, peu de gens auraient imaginé à quel point l’alliance entre des instituts techniques agricoles et un acteur majeur de l’aéronautique et du spatial allait transformer la façon d’accompagner les agriculteurs dans leurs choix.

Farmstar a permis de démultiplier les surfaces de colza faisant l’objet d’un conseil de dose d’azote avec la Réglette azote colza. Celle-ci avait été diffusée en 1998 : elle repose sur une règle de décision simple, avec des variables d’entrée visibles par l’agriculteur lui-même dans ses champs.

Mais ce succès repose aussi, et surtout, sur un formidable travail de terrain. Chaque année, grâce au réseau de parcelles d’agriculteurs, ce sont entre 150 parcelles qui sont suivies avec rigueur par les techniciens des stations d’expérimentation de Terres Inovia. C’est un engagement collectif considérable des techniciens, des ingénieurs régionaux de développement et des charges d’études de Terres Inovia et des équipes Farmstar d’Airbus qui garantit la robustesse des résultats et leur pertinence sur le terrain."

 

En savoir plus

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Méca-Culturales : retour sur l’édition 2025

Un bel événement de rentrée attendait le monde agricole : les 10 et 11 septembre, le salon au champ des Méca-Culturales, à Saint-Agnet, au cœur des Landes, a accueilli plus de 12 000 visiteurs. Terres Inovia était bien-sûr présent pour rencontrer les agriculteurs et les acteurs de terrain. 

25 collaborateurs de l'institut technique étaient mobilisés

Les Méca-Culturales, organisées par Arvalis et l’association des CUMA du bassin de l’Adour, ont eu lieu, au cœur des Landes, à Saint-Agnet. Ce salon agricole au champ a réuni plus de 200 exposants pour présenter aux acteurs de terrain et aux agriculteurs les innovations agronomiques, techniques et du machinisme agricole. 

Répondre aux questions concrètes de terrain et partager les dernières références

Terres Inovia a bien entendu répondu présent pour cet événement. Dans les espaces techniques, 25 experts de l’institut technique étaient mobilisés, répartis dans les différents ateliers thématiques — agriculture biologique, couverts et fertilité des sols, et agriculture de conservation des sols —et dans un espace spécifiquement dédié aux oléo-protéagineux. « Cette édition 2025 a été une occasion unique et privilégiée pour les visiteurs de venir rencontrer directement les experts de l’institut. Nous avons pu répondre aux questions concrètes du terrain, ajuster les recommandations à la réalité des parcelles et partager les dernières références acquises », souligne l’équipe Sud de Terres Inovia.

Des attentes fortes pour mieux lutter contre les ravageurs du soja

Les experts de Terres Inovia ont pu répondre aux intérrogations des agriculteurs présents

  • En soja, culture bien présente du secteur, les spécialistes ont pu aborder les leviers pour optimiser la gestion de l’irrigation, avec une attention particulière portée aux spécificités pédoclimatiques locales. La gestion des ravageurs - enjeu majeur pour les producteurs- a ainsi fait l’objet d’un état des lieux complet à partir des derniers résultats d’essais et des connaissances sur la biologie de l’héliothis, de la pyrale du haricot et des punaises. « Nous avons noté une forte attente du public sur les problématiques liées aux ravageurs ». L’institut a ainsi pu valoriser les références sur trois principaux ravageurs du soja. 
  • En tournesol, le positionnement du semis a été au cœur des échanges, avec un focus sur les créneaux d’implantation les plus favorables à l’expression du potentiel de la culture. Les risques liés aux maladies, leur reconnaissance et les bons réflexes à adopter selon le contexte agronomique ont été également abordés.
  • En colza, le positionnement du semis, déterminant pour une bonne implantation, et le désherbage des graminées, avec un zoom sur le ray-grass, une adventice de plus en plus problématique, ont été au cœur des échanges.

Le stand de Terres Inovia aux Meca-Culturales

Au-delà de ces cultures phares, toutes les questions relatives aux itinéraires techniques des espèces suivies par l’institut — pois, féverole, pois chiche, lin, lentille, lupin, chanvre, cameline —ont permis aux agriculteurs et conseillers techniques de conforter ou d’ajuster leurs pratiques.

 

En bio, la diversification et la fertilité des sols au cœur des discussions

Les Méca-Culturales comportaient également un espace bio. Le soja a ainsi été mis à l’honneur. « Bien que le soja ne soit pas un pilier économique des rotations bio du secteur, il reste une culture phare de diversification », précise Cécile Le Gall, animatrice du programme d’actions bio de Terres Inovia.

Tout comme en conventionnel, les échanges ont principalement portés sur la gestion des ravageurs et du désherbage, mais aussi le choix et le réglage des outils.

L’amélioration de la fertilité des sols, notamment dans les sols à base de sable, est apparu comme une source de questionnements. Les leviers à mettre en œuvre, tout autant que les indicateurs nécessaires pour en suivre les effets, ont fait l’objet de nombreuses discussions.

 

 

 

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Une journée technique sur la cameline

La cameline en dérobée est une nouvelle culture d’intérêt pour les agriculteurs. Une journée a été organisée, le 13 mars dernier à Baziège (31), pour partager résultats technico-économiques et facteurs de réussite  alors que les débouchés de cette espèce s’avèrent croissants dans les années à venir.

La journée cameline a eu lieu le 13 mars à Baziège (31)- Photo D. Jamet

La cameline recèle de beaux atouts agronomiques et des débouchés prometteurs, notamment pour les biocarburants dans l’industrie aéronautique lorsqu’elle est cultivée en dérobée (débouché « Carburant d’Aviation Durable »). 

Pour faire découvrir cette culture aux agriculteurs et à leurs conseillers, les instituts techniques Terres Inovia et Arvalis ainsi que le transformateur Saipol avaient organisé une journée, à Baziège (31) dans le cadre du projet européen CARINA. Une cinquantaine de participants étaient venus de différentes régions, qu’ils soient agriculteurs, conseillers d’organismes économiques et de chambres d’agriculture ou représentants de firmes. 

Au fil de la journée, les résultats techniques, les facteurs de réussite et les questions en suspens sur la conduite de culture de cameline en dérobée d’été et d’hiver ont été partagés et un essai variétal et sur les effets de précédent a été visité.

Les facteurs de réussite pour la dérobée d’été

L’institut technique Terres Inovia est intervenu, en particulier, pour « rappeler les clés de réussite de la cameline en dérobée d’été : la réussite de l’implantation, la gestion des adventices et mettre toutes les chances de son côté pour récolter précocement (semis précoce, variété précoce, choix de la bonne zone géographique…) », indique Domitille Jamet, chargée d’études à l’institut technique.

Bilan de campagne 2024 : des enseignements partagés

Photo : D. Jamet

Domitille Jamet a également partagé le bilan de la campagne 2024, aux résultats mitigés du fait des conditions climatiques compliquées de l’année avec un automne très humide. Il ressort malgré tout de ce bilan des enseignements pour améliorer notre conduite de l’espèce : le constat d’une bonne résistance de la cameline aux ravageurs et aux maladies, l’intérêt marqué du précédent pois d’hiver, l’importance du semis précoce et la nécessité d’une bonne gestion des adventices pour sécuriser la récolte.

Culture d’été en dérobé : un complément de marge significatif

Arvalis et Terres Inovia ont aussi diffusé les résultats économiques de l’insertion en dérobé d’été et d’hiver de la cameline. « Pour la culture en dérobé d’été, les résultats de marges à l’échelle de la culture et de la rotation sont positifs en marge brute, avec en particulier un intérêt technico-économique d’associer un précédent en pois d’hiver et une implantation en semis direct. La marge peut être variable selon les situations mais la cameline peut représenter un complément de marge qui peut être significatif à certaines conditions », précise Vincent Lecomte, chargé d’études en agroéconomie chez Terres Inovia.

Les semenciers étaient présents pour partager l’avancée variétale sur cette culture : Camelina Company et Nuseed (pour la moutarde d’Abyssinie) ont présenté les variétés disponibles et les critères utilisés pour sélectionner de nouvelles espèces (précocité, tolérance aux herbicides notamment).

Le transformateur Saipol est intervenu sur un sujet clé pour la réussite de la culture : les réglages de la moissonneuse batteuse pour optimiser la récolte de cameline. L’industriel, filiale du groupe Avril, a aussi présenté l’état du marché et des débouchés, en particulier, pour les intercultures (d’été ou d’hiver), celui des biocarburants durables à destination de l’aviation civile.
Enfin, les résultats obtenus dans les autres pays européens, partenaires du projet Carina, ont pu être partagés.

En savoir plus sur la cameline

•  Le guide de culture publié par Terres Inovia
•  Le projet CARINA 
•  Une conférence au Salon International de l'Agriculture 

 

 

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Adaptation au changement climatique : le point avec l’Académie de l’Agriculture

Comment rester compétitif dans le secteur des grandes cultures malgré le changement climatique ? Une conférence au Salon International de l’Agriculture a été organisée sur le stand de l’Acta par l’Académie de l’Agriculture. Xavier Pinochet, expert stratégique scientifique de Terres Inovia, et Philippe Gate, ex-directeur scientifique d’Arvalis, ont  fait le point sur les connaissances actuelles.

Les aléas et les excès climatiques peuvent affecter la compétitivité des cultures. « La variabilité des rendements est principalement une affaire de climat, avec de grandes proportions, par exemple pour le blé, selon le niveau de stress hydrique », confirme Xavier Pinochet. De même, le rendement peut varier selon les réserves utiles d’eau et la capacité d’irrigation des bassins de production.

Xavier Pinochet et Philippe Gate lors de la conférence sur l'adaptation au changement climatique, sur le stand de l'Acta, au Salon international de l'Agriculture.

Une combinaison de leviers à explorer

Lors de cette conférence, qui a détaillé les aspects variétaux et la physiologie des plantes, Xavier Pinochet et Philippe Gate ont mis en avant les différents leviers agronomiques pour s’adapter au changement climatique, et donc rester compétitif :  


•    L’amélioration génétique des variétés
•    Ajuster le choix des espèces d’hiver et de printemps selon les conditions pédoclimatiques
•    Un semis précoce
•    Une diversification des cultures
•    Une mise en place de couverts
•    Des associations d’espèces


Les nouvelles technologies, un support pour rester compétitif


Les outils de phénotypage modernes qui permettent des mesures plus fréquentes et précises, associés à des capacités de modélisation et aux outils moléculaires , offrent des gains d’efficacité dans la recherche  de meilleures résistances à la sécheresse. « Par exemple, sur la plateforme Heliaphen, à l’INRAE de Toulouse, un robot permet, pour le tournesol et le soja, aussi bien des travaux de recherche que de l’évaluation variétale  sur des critères nouveaux pour s’adapter au changement climatique ».

Variétés précoces et diversification des cultures parmi les solutions

Parmi les adaptions possibles, Xavier Pinochet mentionne également la précocité des variétés : « pour le soja, des variétés très précoces ont pu voir leur rendement et des teneurs en protéines s’améliorer, ce qui a permis de développer des surfaces dans l’Est de la France ».

La diversification des cultures est également un des leviers phares pour mieux s’adapter à ces aléas climatiques. « Certaines  légumineuses ont des marchés qui permettent une belle valorisation économique et compenser un rendement inférieur, c’est intéressant pour l’agriculteur ». Pour continuer à rester compétitif, la solution passe par une combinaison de leviers, génétiques et agronomiques, pour limiter la variabilité des rendements. « Nous devons concilier toutes ces solutions dans un cadre agroécologique », conclut Xavier Pinochet.

Pour visionner la conférence (à partir de 13’03)

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SIA 2025 : la cameline, une culture qui multiplie les atouts et les débouchés

Et si on s’intéressait à la cameline ? Culture robuste, ses atouts agronomiques et ses débouchés, notamment pour les biocarburants dans l’industrie aéronautique, ont de quoi séduire les agriculteurs.

Domitille Jamet (Terres Inovia) au Salon International de l'Agriculture, mercredi 26 février

Comment participer au développement de la bioéconomie de demain ? Avec la cameline ! Cette culture cache un fort potentiel. Au Salon International de l’Agriculture, une conférence organisée par Terres Inovia, Arvalis et Saipol, mercredi 26 février, sur le stand de l’Acta, a permis d’en savoir plus.  

Une plante rustique peu exigeante en eau et en intrants

« La cameline intéresse beaucoup les agriculteurs et les industriels par ses atouts agronomiques et par son ouverture vers les nouveaux marchés de la bioéconomie », confirme Domitille Jamet, chargée d’études en systèmes de culture et agronomie pour Terres Inovia. 

Son originalité ? « Un cycle court lui permettant d’être cultivée en dérobé et une plante peu exigeante en eau et en intrants, d’autant qu’elle résiste très bien aux excès de températures et aux bioagresseurs ». 

Implantée en culture principale, elle est semée à l’automne ou au printemps, mais aussi en interculture. « Elle est pratiquée aussi en culture pure ou en association avec des légumineuses ou des céréales. Elle est aussi beaucoup cultivée en bio ».

Cameline : des surfaces selon deux modes de production


•    En culture principale (conventionnelle et AB) : 2 800 ha, dont 1090 ha en agriculture biologique
•    En interculture : 3 320 ha

 

Zoom sur trois modes de production


La cameline en interculture d’hiver

 

  • Une production valorisable comme carburant d’aviation durable (RED III)
  • Peu d’intrants sont nécessaires : entre 40 et 60 unités d’azote sont suffisantes.
  • En culture intermédiaire d’hiver, elle offre une bonne couverture hivernale du sol et permet de lutter contre l’érosion.
  • Un effet allélopathique à confirmer, exprimé au champ

 La cameline en interculture d’été

  • Une production valorisable comme carburant d’aviation durable (RED III)
  • Peu d’intrants nécessaires
  • Valorisation économique de l’interculture sans impact sur la culture principale
  • Couverture du sol en interculture
  • Espèce mellifère car la floraison se déroule à une période creuse en termes d’offre alimentaire pour les abeilles

La cameline en association

  • Associations possibles avec des cultures de printemps (lentilles, pois, pois chiche…), des cultures d’hiver (pois, orge…) et de la lentille (très courant en agriculture biologique)
  • De nombreux débouchés (alimentaire, cosmétique…) hors biocarburant pour l’aviation
  • Un mode de culture qui favorise les interactions positives entre espèces

 

Des débouchés variés et prometteurs

 

 

Riche en huile et en acides gras, la graine de la cameline est très intéressante pour la consommation humaine et les tourteaux, mais aussi la cosmétique.

Les biocarburants constituent un débouché avec un énorme potentiel, en lien avec la décarbonation du secteur aérien.

La cameline en interculture : le débouché des biocarburants aériens

La cameline en interculture renferme un gisement de croissance conséquent avec la décarbonation du secteur aérien. 

« Le secteur de l’aviation européenne va devoir incorporer petit à petit un certain pourcentage de biocarburant, passant de 2% en 2025 à 60% en 2050 », précise Cédric Dufour, de Saipol, filière du groupe Avril et spécialisé dans la transformation des graines oléagineuses. 

Or, la Commission européenne ayant validé l’usage des intercultures pour les biocarburants aériens, ce débouché prend tout son sens pour la cameline.

 

La cameline au cœur d’un vaste projet R&D européen : Carina


En 2023, un projet européen a été initié pour diversifier durablement les systèmes agricoles des pays de l’Union européenne en introduisant deux cultures mineures de graines oléagineuses, Brassica Carinata (moutarde d’Abyssinie) et Camelina Sativa (cameline). « L’objectif est de maitriser cette production et de voir comment insérer la cameline dans les associations de culture », précise Sylvain Marciac, d’Arvalis, l’un des 19 partenaires, avec Terres Inovia, de ce projet doté d’un budget de 8 millions d’euros.  

Les résultats attendus du projet Carina

•    Une introduction réussie de nouvelles cultures en identifiant des modes d’insertion dans les systèmes de culture les plus favorables et adaptés à chaque contexte, ainsi que la production de références et recommandations techniques associées.
•    Le développement de systèmes de culture multiperformants intégrant de la cameline ou la Brassica Carinata (avec une rentabilité économique et la réduction des impacts environnementaux).
•    Le développement de produits biosourcés innovants (bioherbicide, biostimulant, bioinsecticide…)
•    Une meilleure valorisation des tourteaux, riches en protéines et non impactés par des facteurs antinutritionnels.
•    Des recommandations techniques et politiques pour favoriser le développement de ces nouvelles filières.
•    L’implication active des agriculteurs et des parties prenantes dans le développement et l'adoption des nouvelles pratiques agricoles.
•    Une augmentation de la compétitivité des systèmes agricoles européens grâce à l'introduction de cultures innovantes, peu exigeantes en intrants et résilientes vis-à-vis du changement climatique.

En savoir plus sur le projet CARINA

 

Plus d'informations sur la cameline

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SIA 2025 : renouvellement du partenariat pour SYSTERRE

Terres Inovia, Arvalis, l’ITB et l’Acta ont confirmé leur volonté de poursuivre ensemble le développement et le déploiement de l’outil SYSTERRE. Ils ont signé, au Salon International de l’Agriculture le 24 février, sur le stand de l'Acta, la nouvelle convention signant la poursuite du déploiement de cet outil, qui permet l’évaluation de la multiperformance des systèmes de production en grandes cultures.

 

La nouvelle convention fixe comme objectifs collectifs d’enrichir SYSTERRE de nouveaux indicateurs, de rendre son utilisation et l’interconnexion à d’autres outils toujours plus faciles et de poursuivre sa diffusion auprès du monde agricole, de la recherche à la production.

« Ce projet représente la dynamique inter-institus pour coordonner nos actions, mutualiser et partager nos compétences dans un outil qui a beaucoup d’utilisations. Cet outil, né en 2008, ne cesse de s’améliorer d’année en année », a affirmé Mehdi Siné, directeur général de l’Acta.

De son côté, Gilles Robillard, président de Terres Inovia, a précisé que « SYSTERRE et le travail collaboratif sur l’échange de données sont essentiels, en particulier dans l’accompagnement des transitions. Terres Inovia est fier de porter ce projet ».

Quelles ambitions pour la convention SYSTERRE ?

Le renouvellement de la convention de partenariat jusqu’en 2027 confirme l’engagement des partenaires à orienter la recherche technique et scientifique autour de cinq axes stratégiques :


1. Enrichir l’outil de nouveaux indicateurs et actualiser les indicateurs existants pour répondre aux enjeux de l’évaluation de la multiperformance avec par exemple des indicateurs sur le stockage de carbone dans les sols et sur la biodiversité.
2. Intégrer à l’outil de nouvelles fonctionnalités, comme la datavisualisation, et des données exemples pour faciliter son utilisation.
3. Développer l’interopérabilité de l’outil ou le faire évoluer pour élargir son périmètre d’utilisation, par exemple en se connectant à des outils existants.
4. Promouvoir l’outil et sa diffusion à travers une offre de formation, la réponse à des appels à projets de R&D, le développement de partenariats avec d’autres organismes de R&D…
5. Sécuriser le système d’information tout en le rendant plus flexible ; grâce à des innovations technologiques, un environnement RH collaboratif et un modèle économique pérenne.


L’évaluation multicritère par SYSTERRE

SYSTERRE est un outil d’évaluation de la multiperformance des systèmes de production végétale en grandes cultures qui présente une diversité d’usages : à l’échelle d’une exploitation agricole pour établir un diagnostic et une démarche de progrès, à l’échelle d’une station de recherche et d’expérimentation pour établir des références et à l’échelle d’un organisme économique (coopérative, négoce…) pour suivre les pratiques des agriculteurs.

Cet outil calcule une vingtaine d’indicateurs techniques, économiques et environnementaux (temps de travail et sa répartition, indicateur de fréquence de traitements phytosanitaires (IFT), consommation de carburant, charges de mécanisation, marge nette, coût de production, gaz à effet de serre…). Il est mis à disposition gratuitement pour les usages de R&D, après le suivi de la formation.

En savoir plus surSYSTERRE : https://www.arvalis.fr/outils-et-services/outils-et-fiches/systerre​​​​​​​

 

 

Documents à télécharger

acta arvalis convention sia systerre

Consultez le dernier numéro d'Arvalis & Terres Inovia infos

Le numéro d'Arvalis & Terres Inovia infos de septembre est disponible et consultable en ligne (PDF téléchargeable ci-dessous).

A découvrir dans ce numéro de rentrée :

OLÉOPROTÉAGINEUX

  • Ravageurs d’automne sur colza : stratégies innovantes pour une gestion durable, p. 28
  • Dérobées estivales : les conditions de réussite de la caméline, p. 30
  • Septoriose du lin oléagineux d’hiver : identifier les symptômes et les leviers de lutte, p. 32
  • Pois d’hiver : sécuriser le potentiel face aux maladies, p. 34
  • Bruche de la lentille : améliorer la gestion sur l’ensemble du territoire, p. 36
  • Agriculture durable : des pratiques adaptées aux défis, p. 38

 

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Bioéconomie : cameline et Brassica carinata

Le volet technique du développement des intercultures oléagineuses pour les carburants d’aviation durables se structure avec les acteurs des projets Carina et 4CE-Med.


Paris, le 25 avril 2024 - Arvalis, Terres Inovia et Saipol ont réuni les agriculteurs, institutionnels et acteurs du monde agricole le 12 mars dernier pour une journée technique appelée « journée cameline : relever les défis techniques de l’amont à l’aval », organisée dans le cadre des projets européens Carina et 4CE-Med. Cet événement, qui s’est tenu sur la ferme expérimentale d’Arvalis à Boigneville, a permis aux partenaires de partager les dernières recommandations techniques pour accompagner le développement de cameline et Brassica carinata en intercultures, qui seront utilisées notamment pour le développement des carburants d‘aviation durables.

Un programme d’expérimentation soutenu par Carina et 4CE-Med

Les deux projets européens Carina et 4CE-Med étudient des systèmes de culture mobilisateurs de nouvelles ressources durables pour l’énergie en limitant les concurrences d‘usage des sols.

Le projet Carina soutenu par l’Union européenne vise à diversifier les systèmes de culture grâce à la culture de deux plantes oléagineuses, la Brassica carinata et la cameline. Les différentes stratégies de diversification étudiées pour ces deux cultures aux cycles courts visent à réduire la concurrence d’usage des sols. Les conduites en interculture de la cameline ou
de Brassica carinata, en association ou sur terres marginales sont travaillées avec les acteurs des filières afin de développer des systèmes de culture durables en tenant compte de différents modes d’insertion et d’itinéraires techniques associés. La valorisation de ces productions est travaillée dans une optique d’économie circulaire pour valoriser les coproduits en substances de biocontrôle. En combinant stratégiquement ces cultures, le projet Carina vise à renforcer la stabilité des rendements, à améliorer les revenus des agriculteurs et à promouvoir la durabilité globale des systèmes agricoles. En outre, cette initiative vise à contribuer à la croissance et au développement du secteur de la bioéconomie. Afin de faciliter le déploiement de systèmes innovants, Carina abordera également les questions de certification des matières premières à faible impact sur l'environnement destinées à l'industrie biosourcée.

Le projet 4CE-MED soutenu par PRIMA a initié les travaux sur la cameline dans des systèmes de double culture en zone méditerranéenne. Ce projet a également permis de travailler sur les voies d’insertion de cette culture avec les acteurs des filières dans une logique de durabilité et de co-conception, notamment dans des systèmes en agriculture de conservation.

A l’occasion de la journée technique, les instituts techniques agricoles Terres Inovia et Arvalis ont partagé les résultats de leurs derniers travaux sur la cameline : ils ont mis en avant les différents modes d’insertion de la cameline dans les systèmes de culture, et proposé des recommandations techniques adaptées pour les différents modes de production, les points d’attention et les conditions de réussite. Les instituts devront également explorer de nouvelles questions dans le cadre de leurs activités de recherche sur la cameline, comme le préfauchage pour avancer la récolte, les modalités de semis et de gestion de la paille du précédent, les zones de faisabilité de la culture en fonction du contexte pédoclimatique... A noter que de gros enjeux existent encore pour les dérobés : stabilisation des rendements sur la cameline en dérobé estivale dans un contexte climatique incertain, capacité de récolter la cameline assez précocement pour pouvoir implanter une culture après pour la cameline en dérobée hivernale par exemple.

Les instituts techniques ont aussi proposé à cette occasion des recommandations pour différents itinéraires techniques : dérobé d’été et dérobé d’hiver, sous formes de fiche disponibles auprès des instituts.

Les instituts techniques prêts à accompagner le développement des intercultures sur le terrain

En interculture d’été, aussi appelée dérobée estivale, la cameline a été étudiée dans un vaste réseau de parcelles agriculteurs par Terres Inovia, Saipol et différentes coopératives. Pois d’hiver et orge sont les deux précédents majeurs pour un semis avant le 10/07, avec de moindres contraintes techniques après pois. La gestion du mode d’implantation après céréale doit être bien travaillée, préférentiellement en semis direct à dents. Une fertilisation de 10 à 40 unités selon le précédent permet d’améliorer l’implantation de la culture. Le semis doit être réalisé dès la récolte. L’organisation du travail pour assurer récolte et le semis dans la foulée est un enjeu majeur. En dépit de la tolérance à la sécheresse de la cameline, les potentiels de production dépendent de la pluviométrie estivale, notamment à la levée : de 0,5 à 1,5 t/ha. La récolte se déroulera fin septembre début octobre.

Cette même cameline peut être semée à l’automne juste avant la campagne de semis de céréales (1 au 20/10 du Nord au Sud) pour être récoltée en mai avant l’implantation d’une culture principale d’été (sorgho, tournesol, soja, sarrasin, maïs) un peu tardive. La date de récolte est une condition de réussite essentielle de cette succession ; le choix de culture alimentaire et des variétés associées seront aussi déterminants. Le pré-fauchage est une technique étudiée et serait une option d’intérêt (Pour en savoir plus : Impact du fauchage-andainage sur la récolte de cameline d’hiver - arvalis.fr (youtube.com)). Les besoins en fertilisation azotée sont aussi réduits (40 à 60 kg N/ha).

Les points clés de chaque mode de production sont à l’étude : l’alimentation hydrique pour les intercultures d’été et la réussite des cultures principales après cameline en interculture d’hiver. Des techniques comme le relay cropping sont aussi travaillées face à ces contraintes.

Un déploiement progressif dès 2024 cadré par un débouché industriel proposé par Saipol

Acteur industriel du projet Carina en relation avec les metteurs en marché, Saipol a présenté les résultats des expérimentations des années précédentes et exposé les ambitions pour 2024. Afin d’accompagner la montée en puissance des cultures intermédiaires oléagineuses pour répondre aux futurs besoins en carburants d’aviation durables, Saipol initie dès 2024 le marché des intercultures oléagineuses en France en proposant un prix attractif pour les graines de cameline en interculture.

Concrètement, par l’intermédiaire des organismes collecteurs ciblés, les graines de cameline bénéficieront d’un prix incitatif ainsi que d’une « garantie récolte » si le cahier des charges est respecté. Véritable opportunité pour les agriculteurs et les organismes collecteurs, Saipol a pour objectif de préparer le terrain à une montée en puissance des volumes dès la récolte suivante (voir le communiqué).

Saipol compte transformer jusqu’à 2 000 tonnes de graines d’intercultures françaises dès 2024 puis multiplier par 5 les volumes transformés dès la récolte 2025, prenant le leadership en Europe sur la transformation des intercultures pour les carburants d’aviation durables, en assurant le partage de la valeur.

Autres axes à l’étude

La journée du 12/03 a également permis d’aborder d’autres voies de production pour des marchés bas carbone : les cultures en association ou en culture principale après d’autres cultures intermédiaires pour le biogaz par exemple. Cette journée sera renouvelée annuellement pour faire part des avancées des travaux et sera complétée de visites d’essais en cours.

Pour aller plus loin


•    Projet Carina : https://www.carina-project.eu/about/

•    Projet 4CE-Med : https://www.4cemed.eu/accueil/

•    Le guide de culture cameline, publié par Terres Inovia, téléchargeable en ligne : https://www.terresinovia.fr/p/cameline-guide-de-culture​​​​​​​

•    CP Saipol : https://www.saipol.com/actualites/saipol-acheteur-de-cameline-en-interculture- des-2024-avec-lappui-dorganismes-collecteurs-engages/

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