Limiter les dégâts d'oiseaux sur tournesol : état des lieux de la R&D
Les semis de tournesol approchent. C’est l’occasion de présenter les méthodes actuelles et futures de prévention des dégâts de colombidés et de corvidés sur la culture.
Des solutions actuelles peu efficaces face aux dégâts d’oiseaux
L’effarouchement a une efficacité partielle en raison de l’habituation des oiseaux. Aucun usage répulsif oiseau n’est autorisé sur tournesol. Des produits à allégation répulsive en traitement de semences ou en plein sont néanmoins commercialisés mais ceux testés par Terres Inovia ne montrent pas d’efficacité pratique. Tirs et piégeages peuvent avoir un effet dissuasif local, mais sont conditionnés par le classement des espèces et la disponibilité des chasseurs. Le resemis ne doit être envisagé qu’en dernier recours après vérification des symptômes létaux sur tige. Hormis le déploiement de l’application de déclaration de dégâts des Chambres d’agriculture, peu d’avancées ont été notées sur le terrain depuis le colloque organisé il y a 2 ans sur le sujet. Le constat est toutefois différent pour la R&D.
Mieux comprendre l’écologie des oiseaux pour trouver une stratégie de gestion efficace
A problème complexe, stratégie simple : pas de solutions sans connaissance en éthologie et écologie. Le projet LIDO (LImitation des Dégâts d’Oiseaux) sur financement ANR et SEMAE a ainsi produit quelques résultats, notamment :
- Les facteurs de risque (forêts, tournesol isolé, dates de semis décalées…) sont mieux objectivés. L’intégration des données dans un modèle « boite noire » permet de prédire les risques en fonction du paysage et d’affiner cette prévision en début de campagne en précisant la météo et les intentions de semis. Il s’agit encore d’un concept technologique testé localement et dont la généralisation dépend de la remontée de données de terrain pour améliorer les modèles.
- Une étude connexe sur des corbeaux freux équipés de GPS en lien avec l’OFB a montré qu’ils élargissent leur aire de prospection autour de la corbeautière une fois l’élevage des jeunes terminé. Cela signifie que les parcelles les plus éloignées des corbeauti ères, qui ont dépassé le stade sensible à cette période de l’année, ont moins de chances d’être attaquées.
- La constitution d’une banque d’images sur les oiseaux posés a permis de mieux décrire la fréquentation des parcelles selon les espèces. Ces images sont utilisées pour entrainer des modèles de reconnaissance à même d’avertir l’agriculteur ou de déclencher automatiquement l’effarouchement.
Les avancées en R&D
Le développement de répulsifs à base de substance naturelle suit son cours. Sauf surprise, ces produits ne constitueront pas une garantie en cas de forte pression. La R&D sur les effaroucheurs progresse sur les signaux (ex : laser) la réactivité (reconnaissance optique) et l’utilisation de drones. L’intégration de ces briques technologiques est en cours, mais il faudra aborder des questions réglementaires et résoudre l’équation économique avant d’aboutir à des produits commerciaux : faut-il mutualiser ? développer des drones multifonctions ?...
Ce bref panorama indique la voie : utiliser des modèles de prédiction pour adapter la protection ; combiner des solutions à efficacité partielle à la parcelle ; et à terme développer des stratégies territoriales pour éviter déport et concentration des dégâts.
Signaler les dégâts est important pour informer les pouvoirs publics et produire des connaissances. L’application des chambres permet de le faire en quelques clics
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Désherbage mécanique du tournesol : un levier pour limiter la concurrence des adventices
Le tournesol est une culture particulièrement sensible à la concurrence des adventices, notamment dans les sols superficiels et/ou lors des années sèches. La maîtrise des adventices dicotylédones et graminées est donc essentielle pour sécuriser le rendement. Dans ce contexte, le désherbage mécanique représente un levier supplémentaire, en complément ou en alternative des herbicides et des pratiques agronomiques préventives.
Anticiper son désherbage avant le semis du tournesol
La stratégie de lutte mécanique doit être définie avant le semis du tournesol et, bien entendu, en fonction du parc matériel disponible. Dans ce cadre, l'itinéraire technique de la culture peut être ajusté en fonction du matériel utilisé. Par exemple, un passage de houe rotative ou de herse étrille plus agressif peut entraîner une légère perte de pieds de tournesol, d'où la nécessité d'augmenter légèrement la densité et la profondeur de semis afin de garantir un peuplement du tournesol optimal. De même, l'utilisation d'une bineuse doit être compatible avec l'écartement du semoir.
Chaque outil a sa période d’intervention
Le passage des différents outils doit être décidé de manière à épargner le tournesol tout en maximisant les chances de destruction des adventices.
Choisir d’intervenir tôt afin de viser des adventices jeunes
Il est important de garder en tête qu’une intervention précoce sera la plus efficace contre les adventices en place. La houe et la herse ne sont efficaces que sur des adventices peu développées (fil blanc, cotylédons, 2 feuilles). La bineuse, quant à elle, peut être efficace sur des adventices plus développées (3-4 feuilles pour la plupart des espèces). Il est recommandé d’intervenir par temps sec (sans pluie prévue dans les jours suivants) et toujours sur un sol bien ressuyé. Il est recommandé également de contrôler les relevées éventuelles d’adventices 8 à 10 jours après le passage des outils.
Tester et ajuster les outils pour maximiser l'efficacité du désherbage
Il est essentiel de tester préalablement les outils en bord de champ sur une distance courte, mais suffisante pour atteindre la vitesse de travail optimale. Ensuite, il convient d'ajuster les réglages des outils afin de maximiser la destruction des adventices sans endommager le tournesol. Cela implique d'adapter la profondeur de travail, l'inclinaison des dents de la herse, ainsi que le choix des socs de la bineuse en fonction du comportement du sol, notamment sa dureté et la présence éventuelle de cailloux. Il ne faut pas hésiter à renouveler les passages en bonnes conditions pédoclimatiques pour éliminer progressivement la majorité des mauvaises herbes, tout en maîtrisant les nouvelles levées.
Efficacité des outils en fonction des espèces d'adventices
Tournesol sauvage : une menace à surveiller de près
Le tournesol sauvage, reconnaissable à ses multiples capitules et sa teinte violacée, constitue une préoccupation croissante pour les producteurs. En 2024, de nouveaux signalements ont confirmé son expansion vers des territoires jusqu’ici épargnés. Ces infestations, souvent issues de pollutions polliniques lors de la production de semences, peuvent rapidement devenir incontrôlables si elles ne sont pas prises en charge dès l’apparition des premiers pieds.
Un impact majeur sur les rendements
Les limites des solutions chimiques
En tant que tournesol, cette adventice résiste aux herbicides classiques. Les produits à base d’imazamox (Pulsar 40, Davaï, Passat Plus) ou de tribénuron-méthyl (Express SX) avaient permis de maîtriser ces infestations dans le passé. Cependant, l’émergence de populations tolérantes à ces herbicides complique à nouveau leur gestion, car aucune solution chimique efficace n’est disponible dans ce cas.
Une détection et une gestion précoces sont essentielles
Pour des infestations modérées, un arrachage avant la moisson reste envisageable, mais il nécessite des précautions pour éviter la dispersion des graines. En cas de fortes infestations, il est conseillé de récolter ces parcelles en dernier et de nettoyer soigneusement les équipements, notamment la moissonneuse-batteuse.
Stratégies agronomiques : clé du contrôle
Les rotations longues sont à privilégier, car elles limitent l’accumulation de graines dans le sol. Après une forte infestation, le labour est à éviter : il enfouit les graines, les conservant viables pour plusieurs années. L’objectif est plutôt de les laisser en surface pour favoriser leur germination via des faux semis.
Avant une culture de printemps, un lit de semences préparé tôt et des semis après le 15 avril permettent de maximiser les levées adventices, détruites ensuite mécaniquement ou avec du glyphosate. En culture de tournesol, lorsque des variétés tolérantes aux herbicides sont utilisées, respectez scrupuleusement les conditions d’application (stade, dose, uniformité). Toute zone non désherbée risque d’engendrer une pollinisation croisée, conférant au tournesol sauvage une tolérance accrue aux herbicides.
Le binage, souvent sous-estimé, reste un complément efficace. Dans les autres cultures, utilisez des herbicides adaptés contre le tournesol sauvage tout en évitant les sulfonylurées si des tolérances existent déjà.
Une mobilisation collective indispensable
Le signalement des infestations sur l’enquête en ligne de Terres Inovia joue un rôle clé. Ces retours permettent de sensibiliser producteurs, conseillers et semenciers à la problématique et d’adopter des mesures préventives adaptées.
La lutte contre le tournesol sauvage repose sur une combinaison d’actions rapides, de solutions agronomiques et d’un suivi rigoureux. La détection précoce et l’intervention immédiate sont essentielles pour éviter qu’une infestation ne compromette durablement les cultures. Les producteurs doivent rester vigilants et mobiliser tous les leviers disponibles pour préserver leur productivité et la qualité de leurs récoltes.
Fanny Vuillemin – f.vuillemin@terresinovia.fr - Chargée d'études adventices & techs alternatives désherbage
Tournesol : Quoi de neuf dans le désherbage ?
La campagne 2025 sera la première année de culture en l’absence de S-métolachlore. Cela va-t-il générer des difficultés dans le contrôle des graminées ?
Dans les systèmes céréaliers non-irrigués, la pression des graminées demeure souvent faible à moyenne. Le panic, la sétaire et la digitaire sont les adventices les plus communes et depuis quelques années les producteurs doivent faire face à une recrudescence du ray-grass. La montée de cette problématique est essentiellement en lien avec l’augmentation du stock grainier, et le tournesol reste une culture pivot pour du ray-grass, à condition bien entendu, de ne laisser qu’un minimum d’individus passer à travers et monter à graine.
Dans les assolements irrigués, notamment en rotation avec maïs, la pression des graminées estivales demeure plus importante et nécessite une attention plus particulière.
Le désherbage du tournesol ne bénéficie pas de beaucoup de solutions, mais les solutions actuelles permettent assez facilement de surmonter ce retrait du S-métolachlore.
Les herbicides à base de pendiméthaline
De type PENTIUM FLO, FIBULE ou encore ATIC-AQUA (microencapsulée), présentent une action efficace sur panics, sétaires et digitaires. Ce niveau est en très léger retrait par rapport au S-métolachlore en fortes pressions des graminées estivales, ce qui peut être le cas en rotation avec maïs. La pendiméthaline n’est pas efficace sur ray-grass, mais présente un spectre très avantageux sur chénopodes, renouées et même morelles.
Association pendiméthaline et dmta-P
DAKOTA-P est un compromis qui réunit les qualités de la pendiméthaline et du S-métolachlore. Cet herbicide DAKOTA-P associe pendiméthaline et dmta-P. En forte infestation de graminées, son efficacité est supérieure à la pendiméthaline seule.
Contre le ray-grass, les meilleures efficacités sont obtenues avec DAKOTA-P seul à 3 l/ha. L’association la plus efficace contre ray-grass et contre l’ensemble de la flore dicotylédone et graminée se fera à la dose de 2.5 l/ha avec CHALLENGE, CHANON ou COLT à 2 l/ha ou encore avec PROMAN/INIGO à 2 l/ha.
Stratégies de désherbage
Dans beaucoup de situations en rotation avec colza, DAKOTA-P seul peut être une solution à bon rapport qualité/prix. Une stratégie avec postlevée reste toujours possible avec l’herbicide VIBALLA, pour un spectre complet rattrapant les mercuriales, ammi-majus, chénopodes, xanthiums (efficacité en retrait de l’ordre de 10-20% par rapport aux stratégies avec variétés tolérantes aux herbicides) et surtout ambroisies. En effet, VIBALLA est désormais la référence contre ambroisie. Ce type de stratégie est également envisageable avec pendiméthaline seule mais l’efficacité est en retrait sur laiterons, matricaires, helminthies et séneçons. En programme avec VIBALLA, pour conserver une efficacité suffisante contre renouée, la dose de DAKOTA-P doit rester à 2.5 l/ha.
Les programmes complets de prélevée, renforcé sur dicotylédones type DAKOTA-P ou PENTIUM FLO associé à CHALLENGE 600 ou PROMAN montrent une très bonne efficacité sur renouées, chénopodes comme sur graminées estivales. En absence de ray-grass, la dose de DAKOTA-P à 2 l/ha est dans ce cas, suffisante.
Lors d'utilisation de variétés tolérantes aux herbicides, les programmes avec imazamox (PULSAR 40, PASSAT PLUS, DAVAÏ, SUNBRIGHT) présentent un très bon niveau d’efficacité contre les graminées estivales quelle que soit la base de prélevée choisie. Les essais Terres Inovia montrent que même une base de PROMAN suffira en prélevée, ce qui peut être stratégique en situation avec ambroisie. En effet, l’imazamox en postlevée est efficace contre panics, sétaires et digitaires. Il faut cependant rester vigilant quelle que soit la flore en respectant le bon stade d’application : 1 mois après le semis. Attention, en présence de renouée liseron, une base de prélevée avec pendiméthaline reste de mise.
Pour les programmes avec Express SX, une attention particulière doit être apportée à la prélevée car le tribénuron-méthyl, lui, n’est pas efficace contre les graminées.
Initialement attendus pour un usage en 2025 deux nouveaux herbicides sont attendus à l’homologation, pour des usages désormais attendus en 2026. Le premier associera pendiméthaline et DFF. Cet herbicide est déjà vendu sous le nom de CODIX en céréales. En comparaison d’un PENTIUM FLO, son efficacité sur renouées liseron, laiterons, séneçons, helminthies et matricaires est renforcée. Il est comparable à DAKOTA-P mais en léger retrait sur graminées (-10% d’efficacité environ). Le second est simplement ISARD, à base de dmta-P, substitution de MERCANTOR.
Franck Duroueix - Responsable Protection intégrée des cultures Intrants & Biocontrôle - f.duroueix@terresinovia.fr
Tournesol : bilan de campagne 2024 (Poitou-Charentes/Vendée/Limousin)
Quelle campagne tournesol atypique et chaotique !
Les rendements sont tellement variables qu’il est difficile de se prononcer sur une moyenne, toutefois estimée autour de 24 q/ha. Le cycle cultural se décompose selon les évènements suivants :
- période de semis (25 mars – 30 juin) majoritairement retardée (proportion élevée de surfaces semées en mai voire début juin) par l’attente du ressuyage pour préparer les sols et implanter en conditions instables, les levées sont disparates, les températures fraîches ralentissent le développement,
- phase végétative humide favorable au développement et à la croissance, cependant la biomasse des tournesols est fortement liée à la date de semis,
- phase de floraison en conditions plutôt favorables, même si les précipitations sont limitées, les ETP sont assez faibles, la fécondation est régulière,
- phase de maturation en conditions douces, plus ou moins arrosée, la qualité est détériorée avec le retard des récoltes en conditions humides.
Les peuplements sont satisfaisants au regard des conditions de préparation de sol et d’implantation difficiles. Les attaques de limaces sont fréquentes et certains producteurs se font surprendre par l’intensité et la rapidité des dégâts. Les oiseaux sont également bien présents et plus localement lièvres, taupins et noctuelles terricoles. Seuls les pucerons verts restent discrets.
L’absence de stress thermique et hydrique marqués permet une bonne nouaison des graines. Leur remplissage est influencé par les pluies de fin de cycle. A floraison et/ou en post-floraison, l’irrigation bien positionnée est un réel bonus en sol superficiel et assure un résultat supérieur.
Malgré un climat favorable, le taux de parcelles attaquées par le mildiou est assez stable et les faibles attaques restent majoritaires. Le verticillium est de plus en plus fréquent et ses symptômes sont repérés précocement dès le stade bouton floral. Néanmoins il est difficile d’évaluer son impact sur le rendement. L’enherbement semble maîtrisé et l’effort de binage est maintenu malgré un climat instable. Les chardons poursuivent leur propagation ainsi que les tournesols sauvages.
Les récoltes sont tardives et se déroulent dans des conditions exécrables, les réglages des moissonneuses batteuses sont complexes. Les graines sont humides et les taux d’impuretés parfois élevés avec des capitules touchés par le botrytis voire le sclérotinia. Certaines parcelles sont versées. Les séchoirs n’arrivent pas à fournir vu les volumes très conséquents à traiter.
Pour les récoltes de septembre, les rendements sont moyens à bons alors que pour celles d’octobre-novembre, les rendements sont moyens à mauvais. Le retard de la date de semis en majorité sans adaptation de la variété (plus précoce), voire les implantations en dehors de la période préconisée, positionne bon nombre de parcelles en contexte dérobé. Les températures sur la campagne tournesol étant légèrement plus fraîches que la normale, certaines situations n’arriveront pas à maturité. Malgré le réchauffement climatique, ce n’était pas la bonne année pour jouer : les tournesols dérobés, c’est risqué !
► Télécharger le bilan de campagne tournesol 2024, région Poitou-Charentes/Vendée/Limousin
Elodie Tourton - e.tourton@terresinovia.fr - Région Poitou-Charentes/Vendée/Limousin
Taupins et noctuelles terricoles en tournesol : évaluer le risque pour mieux adapter la lutte
Les larves de taupins peuvent attaquer le tournesol mais la nuisibilité est beaucoup plus faible que sur maïs. En effet, malgré un peuplement faible, le tournesol ne subit généralement pas de dégâts apparents importants par pertes de plantules car la phase sensible est brève (semis à 2 feuilles) et intervient souvent en période peu favorable à une bonne activité des larves de taupins. Les leviers d’action possibles sont la protection au semis avec des microgranulés, le travail du sol, la date et densité de semis. Lorsque le microgranulé insecticide est nécessaire en cas de risque avéré taupin, il faudra aussi tenir compte d’un autre ravageur, la noctuelle terricole encore appelée vers gris.
Bien identifier les parcelles à risques taupins
Les dernières enquêtes de Terres Inovia ont révélés que 15% des parcelles avaient eu des dégâts de taupins, en légère progression par rapport aux années antérieures. Les régions Sud-Ouest, Ouest, Poitou-Charentes et Bretagne sont les plus concernées. Plusieurs espèces de taupins sont présentes du genre Athous et Agriotes, ce dernier étant plus nuisible. Les différents stades larvaires se succèdent dans le sol et le cycle larvaire est plus ou moins long, entre 2 et 4 ans en général. L’observation de dégâts de taupins avec présence de larves dans la parcelle est le premier critère pour identifier les parcelles à risque. Les taupins aiment les régions humides ainsi que les sols humides avec des débris végétaux frais comme les prairies, jachères ou parcelles riches en matière organique.
Quelques leviers agronomiques simplesEn interculture, en fin de printemps ou d’été (période de ponte des taupins), un travail du sol superficiel en conditions séchantes occasionnera un surcroît de mortalité parmi les œufs et les jeunes larves de taupins mais n’aura pas ou peu d’impact sur les larves plus âgées qui mobiles, migrent en profondeur en cas de sécheresse et de températures élevées. |
Pour les cas les plus exposés, il existe des microgranulés insecticides, mais comment les choisir ?
Les conditions d’emploi diffèrent selon les 3 substances actives autorisées que sont la lambda-cyhalothrine, la téfluthrine et la cyperméthrine.
Les microgranulés à base de lambdacyhalothrine et de téfluthrine doivent être incorporés respectivement à 4 et 3 cm de profondeur minimum et donc sans diffuseur.
Les microgranulés à base de cyperméthrine peuvent être incorporés dans la raie de semis grâce à un diffuseur.
Pour Trika Lambda 1, Trika Super et Trika Perfect, la lambdacyhalothrine est associée à un fertilisant starter et un biostimulant.
| Spécialité commerciale de référence | Seconds noms commerciaux | Substance active | Dose homologation usage traitement du sol ravageurs du sol | Incorporation / diffuseur | Fertilisant starter et biostimulant | Prix ha € HT |
| Ercole | Karaté 0.4 GR | Lambdacyhalothrine 0.4% | 15 kg/ha | 4cm /non | non | 64 |
| Trika Lambda 1 | Trika Expert+ | Lambdacyhalothrine 0.4% | 15 kg/ha | 4cm /non | oui | 80 |
| Trika Super | Dekiel | Lambdacyhalothrine 0.24% | 25 kg/ha | 4cm /non | oui | 115 |
| Trika Perfect | Extra P | Lambdacyhalothrine 0.15% | 40 kg/ha | 4cm /non | oui | 130 |
| Force 1.5G | Viking | Téfluthrine 1.5% | 10kg/ha | 3cm /non | non | 61 |
| Belem 0.8MG | Daxol, Malis | Cyperméthrine 0.8% | 12 kg/ha | -/ oui* | non | 51 |
(*) application possible avec un diffuseur (QDC-DXP,…)
Le tournesol est moins sensible qu’un maïs
La question taupin en tournesol n’est pas récente. Des essais taupins anciens avaient été réalisés dans les années 2008 et 2009 dans le Sud-ouest (Landes, Lot et Garonne, Pyrénées Atlantiques) dans des parcelles réputées infestées de taupin Agriotes Sordidus lorsqu’une culture de maïs non traitée y est implantée ou après prairie.
Dans les témoins non protégés de 4 essais la perte moyenne de pieds au stade BBCH14-18 (4 à 8 feuilles du tournesol) est de 40% alors qu’une une protection microgranulés avec Belem 0.8MG à 12 kg/ha et incorporé à 3-4 cm avec diffuseur a permis de réduire ces pertes à 20% ; 2 essais avaient été récoltés mais aucun écart significatif de rendement n’avait été observé.
Le tournesol est moins sensible que le maïs : dans cet essai Terres Inovia 2008 (Pyrénées Atlantiques), la durée d’action du Curater était suffisante pour protéger le tournesol jusqu’à 2 feuilles mais n’avait pas été suffisante sur maïs.
Les résultats d’Arvalis sur maïs ont montré que l’efficacité des microgranulés appliqués sans diffuseur sont réduits de moitié comparé à des applications avec diffuseurs. Cette comparaison n’est pas disponible sur tournesol à ce jour, les attaques étant trop faibles pour différencier les efficacités des solutions dans les essais disponibles.
Noctuelles terricoles encore appelées vers gris2 espèces de noctuelles peuvent occasionner des dégâts sur tournesol. Agrotis segetum et Agrotis ipsilon. Agrotis ipsilon est une noctuelle migratrice qui vient d’Afrique et qui disparait quasi totalement en France en hiver. Agrotis segetum, elle, peut être considérée comme sédentaire. |
Les attaques des noctuelles terricoles sont-elles prévisibles et comment adapter la protection au semis ?
Les attaques dues en général à Agrotis ipsilon sont difficiles à prévoir mais restent habituellement modérées en intensité et localisées. En cas de disparition de pieds entre la levée et le stade 2 feuilles, assurez-vous de leur présence en grattant le sol au pied des plantes.
- Cas général : la présence de vers gris n’est que très rare ou ne s’est jamais manifestée. En cas de présence avérée du ravageur, intervenez rapidement dès les premiers signes d’infestation avec une pulvérisation à base de cyperméthrine (uniquement Sherpa 100EW, Aphicar 100EW, Cyperfor 100EW, Scipio 100EW). Le volume de la bouillie est d’au moins 500 l/ha. Traitez le soir (activité nocturne).
- Cas particulier prenant en compte la lutte taupin et la lutte contre noctuelle terricole : en Poitou-Charentes, depuis 2-3 ans une montée de la fréquence des attaques est signalée. Si le risque taupins est avéré et que des dégâts de noctuelles sont très régulièrement observés dans les parcelles, il est conseillé de choisir un microgranulé à base de cyperméthrine (Belem 0,8 MG/Daxol) appliqué avec un diffuseur. Cette application sera efficace contre les attaques précoces de noctuelles terricoles qui font des dégâts plus en surface
Faut-il choisir un microgranulé associant un fertilisant starter et un biostimulant ?
Un essai de Terres Inovia en 2024 en Poitou Charentes à Rom (79) a montré un effet positif sur la vigueur des plantes avec Trika lambda1/Trika Expert+ (cf. photos) associant la lambda-cyhalothrine à un biostimulant et un engrais starter. Le semis de l’essai (bandes avec répétitions) a été réalisé avec le semoir de l’agriculteur. Les pertes liées aux taupins étaient faibles : les microgranulés ont permis de conserver 10% de peuplement supplémentaire. L’essai a été récolté et les microgranulés ont permis d’améliorer le rendement avec un léger gain en faveur de Trika lambda1/Trika Expert+ comparé à la référence Belem 0.8MG (rendement mesuré avec remorque auto-peseuse, figure ci-dessous). Cette différence en végétation n’avait pas été constatée dans un autre essai de 2024 et historiquement en tournesol, les engrais starter n’avaient pas montré d’effet sur le rendement du tournesol.
Ces microgranulés (Trika lambda1/Trika Expert+) étant plus coûteux (+30 €/ha), il faut poursuivre les essais sur tournesol pour s’assurer du gain de vigueur et/ou de rendement. De nouveaux essais sont prévus dès ce printemps 2025.
Laurent Ruck - l.ruck@terresinovia.fr - Ingénieur de développement - Protection intégrée des cultures Intrants & Biocontrôle
Graines de ferme issues de tournesol hybride : Attention aux mauvaises surprises !
Certains agriculteurs s’interrogent sur la possibilité de faire de la graine de ferme avec des tournesols hybrides soit pour économiser sur le poste de charge semences, soit pour pallier des difficultés d’approvisionnement, soit pour re-semer au pied levé un bout de champ détruit. Au-delà de l’interdiction réglementaire, cette pratique a des conséquences importantes sur la récolte : rendement systématiquement réduit, hétérogénéité de la maturité, dégradation de la qualité.
A gauche les graines de ferme, à droite les semences certifiées
Figure - Vue de l’essai variété tournesol conduit par Terres Inovia en 2024 à Villers-en-Haye (54). A gauche une modalité graines de ferme qui présente un peuplement hétérogène (hauteur, stade, développement végétatif) avec environ 20% de pieds polyflores. A droite, la même variété en semences certifiées. Photo Aurore Baillet
Une perte de rendement systématique de l’ordre de -23%
Les conséquences agronomiques et économiques de l’usage de graines de ferme issues de tournesols hybrides ont pu être chiffrées grâce à un réseau d’essais mis en place par Terres Inovia dans l’Est de la France en 2023 et 2024 avec la participation des coopératives EMC2 et LORCA (9 essais avec 3 variétés d’origine génétique différente).
Dans tous les essais, le rendement des graines de ferme est inférieur à celui des mêmes variétés en semence certifiée. La perte de production moyenne est de l’ordre de -23%. Elle peut varier de -17% à -29%. Dans notre référentiel d’essais, cela correspond à 8 q/ha perdus en moyenne en utilisant des graines de ferme issues de tournesol soit une moins-value de l’ordre de 250 €/ha pour un tournesol payé 450 €/t.
Tableau – Performances des tournesols issus de graines de ferme ou de semences certifiées. Synthèse des résultats du réseau d’essai Terres Inovia et partenaires 2023 et 2024
| Type de semence | Rendement moy. ajustée (groupe stat) |
Humidité moy. ajustée (groupe stat) |
Impuretés moy. ajustée (groupe stat) |
Huile moy. ajustée (groupe stat) |
Ac. oléique moy. ajustée (groupe stat) |
| Graines de ferme | 27.0 q/ha (A) | 11.8 % (A) | 5.9 % (A) | 43.6 % (A) | 79.9 % (A) |
| Semences certifiées | 35.3 q/ha (B) | 9.7 % (A) | 4.9 % (A) | 45.1 % (B) | 88.4 % (B) |
D’autres conséquences préjudiciables
La perte de rendement n’est pas la seule conséquence de l’usage de graines de ferme issues de tournesols hybrides. Nous avons constaté dans nos essais des humidités à la récolte et des taux d’impureté en tendance plus élevés. Cela peut occasionner des frais de séchage et de nettoyage et ajouter une difficulté supplémentaire dans un contexte de récolte tardive. Nous avons également constaté une forte dégradation de la qualité des graines avec des teneurs en huile et en acide oléique plus faibles voire inférieures aux normes de commercialisation dans notre référentiel.
Enfin, il faut noter que le comportement des variétés vis-à vis des maladies ne peut plus être garanti. Les gènes de résistances spécifiques sont perdus pour une partie de la population ; ce qui peut avoir des conséquences graves en particulier pour le mildiou. Dans un contexte favorable aux maladies en 2023 et 2024, nous avons pu constater dans les essais une légère dégradation du comportement variétal vis-à-vis du phomopsis et du sclérotinia capitule.
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Une pratique interdite La réglementation sur la protection des obtentions végétales ne permet pas la pratique des graines de ferme pour les hybrides. Celle-ci est expressément exclue du régime de protection des obtentions végétales par le Règlement (CE) No 2100/94 DU CONSEIL du 27 juillet 1994 instituant un régime de protection communautaire des obtentions végétales. |
Tournesol : optimisez votre itinéraire technique avec les outils de Terres Inovia
La culture du tournesol est une activité cruciale pour de nombreux agriculteurs, et obtenir des rendements optimaux est un objectif essentiel. Cependant, les conditions météorologiques variables, les choix de variétés et les pratiques culturales peuvent rendre cette tâche complexe. C'est là que les outils d'aide à la décision de Terres Inovia entrent en jeu, offrant aux agriculteurs les informations et les conseils nécessaires pour optimiser l'implantation et la gestion de leurs cultures de tournesol.
Guide de culture Tournesol
Le guide de culture tournesol de Terres Inovia est une ressource inestimable pour les agriculteurs. Ce guide exhaustif offre des conseils pratiques sur toutes les étapes de la culture du tournesol, de la préparation du sol à la récolte. Il fournit des recommandations claires et concrètes, basées sur les meilleures pratiques agronomiques, pour vous aider à maximiser les rendements.
Point technique « Réussir son implantation pour obtenir un tournesol robuste »
L'implantation du tournesol est une étape essentielle pour assurer des récoltes abondantes et résilientes. Terres Inovia offre aux agriculteurs des conseils techniques précieux pour cette phase cruciale. En préparant le sol de manière adéquate et en choisissant le bon moment et les bonnes méthodes de semis, les agriculteurs peuvent favoriser une levée précoce et régulière des plants. Une implantation réussie renforce la résistance des cultures aux stress et leur permet d'exprimer pleinement leur potentiel de rendement. Optez pour le point technique "Réussir son implantation pour obtenir un tournesol robuste" de Terres Inovia pour maximiser la réussite de vos cultures de tournesol.
Comparaison de Variétés
La base de données variétale myVar© de Terres Inovia permet aux agriculteurs de comparer les différentes variétés de tournesol disponibles sur le marché. En analysant les caractéristiques agronomiques, les performances et les avantages de chaque variété, les agriculteurs peuvent choisir les variétés les mieux adaptées à leurs besoins spécifiques et à leur environnement de culture.
« Quand semer pour récolter »
Pour maximiser la réussite de votre culture de tournesol, il est crucial de récolter au stade optimal. Vous pouvez estimer cette période de récolte en fonction de votre localisation, de votre choix variétal et de la date de semis que vous envisagez. Notre outil "Quand semer pour récolter" vous fournira des informations précises sur le niveau de risque associé à votre décision, en tenant compte de vos critères spécifiques.
Il est important de noter que cet outil est spécialement conçu pour les cultures de tournesol principales, et non pour les cultures en dérobé. De plus, il se base sur des données climatiques historiques et ne prend pas en compte les conditions météorologiques de la campagne agricole en cours.
« Densité de semis »
L'outil « densité de semis » est un outil précieux pour les agriculteurs. Il permet d'optimiser la densité de semis des cultures, en prenant en compte divers facteurs tels que la contrainte hydrique et la zone climatique de la parcelle. En utilisant cet outil, les agriculteurs peuvent ajuster la densité de semis de manière à maximiser le potentiel de rendement de leurs cultures tout en optimisant l'utilisation des ressources disponibles.
« Calcul de la marge économique »
L'outil "Calcul de la marge économique" de tournesol est là pour vous aider à estimer la marge brute annuelle de votre culture de tournesol en euros par hectare. Grâce à ce calcul, vous pouvez repérer les domaines où des améliorations sont possibles dans la gestion de votre culture de tournesol pour optimiser vos bénéfices. Il est important de noter que cet outil ne prend pas en compte les effets de précédent et les interactions avec les autres cultures dans la rotation. Cela inclut des aspects tels que la qualité du précédent, l'équilibre entre les cultures d'été et de printemps, ainsi que les cultures d'hiver, qui peuvent influencer la gestion des mauvaises herbes.
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Les outils de Terres Inovia sont des partenaires précieux pour les agriculteurs dans l'optimisation de leurs cultures de tournesol. Que ce soit pour planifier les semis, sélectionner les variétés les plus appropriées ou suivre les tendances du marché, ces outils offrent aux agriculteurs les informations et les conseils nécessaires pour prendre des décisions éclairées et stratégiques. Ils sont indispensables pour ceux qui visent à obtenir des rendements optimaux et à maximiser la rentabilité de leur exploitation agricole.
Audrey Maurice - a.maurice@terresinovia.fr - Chargée de communication technique Centre & Ouest
Implantation du tournesol : patience et observation avant de démarrer les préparations de sol
Après la période pluvieuse que nous venons de vivre à nouveau ces derniers mois, de nombreuses situations demeurent aujourd’hui dans la plaine : des parcelles en cultures de printemps non récoltées, aux parcelles non semées en cultures d’automne ou qui vont être retournées, en passant par celles dont les couverts végétaux ne sont pas encore détruits complètement... Afin de vous aider dans vos prochaines prises de décision de vos travaux de sol, Terres Inovia fait le point sur les éléments à prendre en compte, entre les généralités et le contexte de cette année, qui ressemble fortement à celui de la campagne précédente.
Bien comprendre les enjeux et les impacts autour de l’implantation du tournesol
Lorsque l’on évoque le semis du tournesol et notamment son ou ses meilleurs créneaux pour le réaliser, il est difficile de ne pas aborder l’ensemble de la phase d’implantation et uniquement se focaliser à sa mise en terre. Le climat de ces deux dernières campagnes est à l’origine de perturbations des opérations de travaux du sol qui ont directement impacté la période et la qualité du semis. Description des éléments fondamentaux à prioriser pour maximiser les chances de saisies des créneaux idéaux de semis :
1. Favoriser la porosité dans le sol :
Si l’on parle habituellement de l’importance d’une bonne structure de sol et d’un sol poreux, c’est souvent en lien avec l’enracinement d’une culture. Le système racinaire du tournesol est un de ses atouts majeurs : il est pivotant, capable d’extraire nutriments et eau en profondeur, mais il est sensible aux accidents structuraux. Cependant, la bonne gestion de l’infiltration de l’eau du sol ainsi que sa capacité de ressuyage ont pris une importance capitale face à l’hétérogénéité du régime de la pluviométrie. Plus que jamais, tassements, compactions, lissages ou semelles ne doivent plus entraver la préparation des sols, que cela soit en profondeur comme en surface. La phase d’implantation du tournesol est un moment déterminant dans la réussite de la culture et la mise en place de son potentiel. L’objectif du travail du sol avant le semis du tournesol est d’éviter les obstacles à la levée mais également à l’enracinement.
2. La structure du sol joue un rôle primordial dans la réussite du tournesol, à deux niveaux :
- Le lit de semences de l’horizon 0-8cm doit permettre la bonne levée de la culture : la qualité du lit de semences conditionne le positionnement de la graine et les conditions physiques au voisinage de la graine. L’objectif est d’obtenir un horizon avec une majorité de terre fine rappuyée, et pas trop de résidus, pour favoriser le contact terre-graine. Selon les types de sol, l’enjeu est différent :
- dans les sols argileux, l’enjeu est d’éviter de créer trop de mottes du fait d’un travail effectué dans des conditions trop humides ;
- dans les sols sensibles à la battance, afin d’éviter les obstacles à la levée, l’enjeu est de trouver un équilibre entre terre fine et mottes, d’éviter un excès de terre fine, et de positionner les mottes en surface et la terre fine en dessous. Attention à la gestion des résidus de couverts qui doivent être suffisamment bien répartis pour éviter la gêne à la levée et contribuer à limiter les risques de battance et d’érosion.
- L’horizon 8-20cm doit favoriser le bon enracinement et donc la nutrition de la culture par un bon état structural. Le système racinaire du tournesol est pivotant, potentiellement profond, d’où l’importance de ne pas limiter sa croissance en profondeur, afin de valoriser ce potentiel pour maximiser sa capacité à prélever l’eau et les nutriments du sol.
Adapter les différentes situations au contexte humide de l’année : trouver le compromis entre le ressuyage des parcelles et les profondeurs de travail du sol
Les travaux de préparations de sol qui vont être effectués devront être réalisés dans des conditions permettant d’atteindre les objectifs cités ci-dessus. Selon le type de sol, la gestion de l’interculture et les conditions de température, la durée de ressuyage des sols permettant de rentrer dans les parcelles sans risque de tassement par le passage des outils et du tracteur pourra être plus ou moins rapide. L’observation devra se faire par la réalisation d’un diagnostic structural, a minima avec la méthode du test bêche pour avoir une vision de l’état initial de l’horizon 0-20 cm. Le profil 3D permettra d’observer la structure du sol au-delà de 20 cm. Plusieurs objectifs à ce diagnostic :
1. Déterminer la profondeur nécessaire de travail du sol, et adapter le type de d’outil
L’évaluation de l’état structural va permettre d’identifier l’absence ou la présence d’obstacles ou de contraintes à l’enracinement à l’écoulement de l’eau. Selon les éléments de ce diagnostic, le choix de l’enchainement des outils et leurs profondeurs de passages pourra être déterminée et plus ou moins anticipée selon le type de sol et la gestion des couverts végétaux (sols légers ou sol argileux).
2. Intervenir dans des conditions optimales d’humidité de sol
Des observations directes permettent d’évaluer l’état d’humidité d’un sol dans lequel on s’apprête à utiliser un outil. Plus que la technique utilisée, les conditions dans lesquelles cette dernière se réalise ont bien plus d’impact sur la structure du sol que le choix de l’outil en lui-même. Une intervention de travail du sol pratiquée dans des conditions d’humidité inadaptées sera pénalisante pour la structure du sol et la porosité, risquant de compromettre tous les éléments de gestion d’infiltration et du ressuyage. La grille de décision ci-dessous peut vous aider dans l’évaluation de cette consistance. Le travail en conditions plastique est à proscrire. Il est possible de travailler en conditions semi-plastiques si les mottes s’émiettent en majorité et si la formation de boulettes reste minime, notamment pour les travaux d’ouverture en sol argileux. Attention également à contrôler l’état structural sous les roues du tracteur après le passage de l’outil, qui peuvent malheureusement créer de nouvelles zones de tassement, notamment en sols argileux non ressuyé comme le montre la photo ci-contre.
Source : Arvalis
Eviter un assèchement des mottes en sol argileux : en cas de passage en conditions de sol à tendance semi plastique, certaines mottes un peu plus humides peuvent se former en fonction du type d’outil utilisé. Afin d’éviter ce phénomène, privilégier les outils à dents fines et légères sans rouleau. En cas de conditions climatiques séchantes après l’intervention de travail du sol (température élevée ou risque de vent d’est), l’opération d’affinement de l’horizon travaillé devra être réalisée assez rapidement pour palier au risque d’obtenir des mottes qui ne pourront plus s’émietter, et qui pourraient nécessiter un passage pluvieux afin de favoriser leur affinement.
3. Adapter la gestion de la couverture des sols
Dans de nombreuses parcelles, les couverts végétaux n’ont pas pu être détruits ni mécaniquement, ni chimiquement. En fonction du développement du couvert encore en place, Il faudra adapter le 1er passage d’ouverture des sols en y ajoutant l’objectif de destruction et de mulchage des couverts végétaux. Dans les situations avec forte présence de graminées non détruites et développées (ray-grass et vulpins), une destruction chimique pourra être nécessaire avant le travail du sol si le risque de repiquage après le semis s’avère trop important malgré les conditions pouvant être favorable à l’assèchement de surface.
Mettre en place toutes les pratiques de préparation de sol pour favoriser la réussite du semis du tournesol
Quelle que soit la situation, sol travaillé ou sol avec résidus, la finalité recherchée est la même : faire en sorte que la préparation du sol contribue à la réussite du semis. Cette réussite peut être évaluée au regard de plusieurs "indicateurs", liée la qualité des opérations réalisées durant la phase de préparation :
- ne pas avoir dégradé la qualité structurale du sol : tassement par les passages des outils en conditions trop humides
- obtenir un lit de semences favorable : au moins autant de terre fine que de mottes en surface
- éviter la présence de résidus végétaux dans le sillon et sur le rang selon la gestion des couverts végétaux
- obtenir une parfaite fermeture du sillon
- semer sur un sol propre, en particulier indemne de graminées
- semer à une profondeur homogène et conforme à l’objectif.
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Matthieu Loos - m.loos@terres.inovia.fr - Chargé de développement Centre & Ouest
Réussir l’implantation du tournesol débute par un travail du sol raisonné
Le tournesol est une plante à pivot et à cycle court, ce qui rend cette culture très exigeante vis-à-vis de la qualité d’implantation, notamment pour assurer l’installation du peuplement et mieux supporter les périodes de stress hydrique par un bon enracinement. Tout défaut d’enracinement entraine une perte de rendement (jusqu’à 10 q/ha) et de qualité (% d’huile).
Le travail du sol se raisonne en fonction :
- De l’état structural,
- De la présence de résidus végétaux en surface,
- De la qualité du lit de semence
ATTENTION : avant de réaliser un travail du sol, vérifier son état d’humidité en profondeur pour éviter tout tassement et lissage liés au passage des outils. Cette observation se fait à l’aide d’une bêche. La présence de mottes encore humides entre 15 et 20 cm de profondeur vous incitera à décaler l’intervention de quelques jours pour permettre le ressuyage et limiter la création d’une zone non favorable à la croissance de la racine. Cette année, cette observation est d’autant plus importante, compte tenu des précipitations hivernales.
Assurer un bon état structural
L’objectif du travail du sol est de corriger les défauts de structure pour ameublir le sol et permettre un bon enracinement. L’idéal est de viser 15 cm de structure poreuse (cf. illustration ci-dessous).
Un bon enracinement aidera la plante à s’adapter aux périodes de stress hydrique, notamment durant la floraison.
Dans les sols fragiles (<15% d’argile ou à faible teneur en matière organique) ou tassés (récolte du précédent en conditions humides), une restructuration du sol en profondeur est nécessaire (15 à 20 cm). Dans ces situations, un labour ou un passage de décompacteur / fissurateur est réalisé (en automne – hiver en sol argileux et en sortie hiver en sol limoneux). Le labour aura également pour effet d’enfouir les graines, ce qui est un plus dans la lutte contre les adventices (graminées notamment).
Dans les autres types de sol, un travail plus superficiel (5 à 15 cm) avec des outils à dents peut suffire mais peut tout de même limiter la qualité d'enracinement. Les techniques d’implantation plus superficielles (< 5 cm) sont trop aléatoires pour être conseillées.
L’adaptation du tournesol aux différents modes d’implantation est récapitulée dans le tableau ci-dessous.
Gérer la destruction du couvert d’interculture
L’objectif est de gérer les résidus du couvert végétal et du précédent pour :
- Limiter les risques d’encombrement au moment du semis,
- Favoriser le contact sol/graine,
- Limiter les risques de limaces.
Le couvert végétal doit être détruit au minimum 2 mois avant l’implantation du tournesol.
En étant opportuniste avec les précipitations, un travail du sol ou un broyage a été réalisé durant l’hiver. Dans les autres situations, un roulage du couvert au moment des périodes de gel a été effectué.
Le travail du sol aujourd’hui a pour objectif de mulcher les résidus encore en surface et/ou de détruire les couverts non encore suffisamment détruits.
Assurer un lit de semence optimal
Un passage d’outils quelques jours avant le semis aura pour objectif :
- De détruire les nouvelles levées d’adventices,
- De participer au ressuyage du sol,
- De réchauffer le sol,
- De niveler et affiner le lit de semence.
Ce travail est réalisé avec des outils à dents ou des outils animés type herse rotative.
EXEMPLE DE TRAVAIL DU SOL EN SOL ARGILO-CALCAIRE
Expérimentation implantation tournesol 2024
Retour sur la plateforme multi partenariale Tournesol 360 (Syngenta, Adama, RAGT, Chambre d’Agriculture de la Nièvre, Soufflet Agriculture, Terres Inovia), où différentes méthodes d’implantation ont été testées.
Les rendements sont récapitulés dans le graphique ci-dessous :
Même si dans les conditions de l’année, nous n’avons pu récolter qu’un seul bloc sur les 3 (problèmes de limaces), il en ressort plusieurs enseignements qui vont dans le sens de nos expérimentations précédentes.
Il est important d’assurer un travail du sol homogène sous la racine. En effet, le labour présente ici le rendement le plus important car toute la profondeur de sol est travaillée par l’outil. Dans les situations de travail simplifié, nous voyons un différentiel entre 1 passage de décompacteur et 2 passages. L’objectif n’est pas de dire que le labour est plus efficace que 1 passage de décompacteur. L’idée est de parler en termes de résultat attendu, à savoir un sol poreux de façon homogène sur la ligne de semis ! En travail simplifié, il faut attendre le ressuyage de la parcelle et vérifier après le passage de l’outil que nous ayons bien une structure poreuse homogène dans le profil, pour ne pas pénaliser l’implantation du tournesol.
Sur la photo ci-dessus, nous voyons qu’après un passage de décompacteur en condition non suffisamment ressuyée (ou un travail pas assez profond en fonction de l’écartement des dents), le passage unique de décompacteur n’a pas suffi pour assurer une porosité homogène sous tous les pieds de tournesol, mais a plutôt déstructuré en créant des mottes mélangées à de la terre humide. Dans cette situation, un deuxième passage est recommandé en croisé pour assurer une homogénéité, permettant ainsi un gain de rendement de 4 q/ha !
Le passage de StripTill en permettant ce travail homogène sur la ligne de semis présente également un bon niveau de rendement.
La structure du sol était déjà bonne en sortie hiver, ce qui explique que le rendement en travail superficiel tire également son épingle du jeu. Cette préparation superficielle a permis un ressuyage et a moins déstructuré le sol par rapport au passage plus profond, notamment le passage unique réalisé trop précocement par rapport au ressuyage de la parcelle.
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