Publié le 24 mars 2025 | Modifié le 16 décembre 2025

Tournesol sauvage : une menace à surveiller de près

Le tournesol sauvage, reconnaissable à ses multiples capitules et sa teinte violacée, constitue une préoccupation croissante pour les producteurs. En 2024, de nouveaux signalements ont confirmé son expansion vers des territoires jusqu’ici épargnés. Ces infestations, souvent issues de pollutions polliniques lors de la production de semences, peuvent rapidement devenir incontrôlables si elles ne sont pas prises en charge dès l’apparition des premiers pieds.

Un impact majeur sur les rendements

Invasif et extrêmement compétitif, le tournesol sauvage peut, à partir de quelques pieds (1 à 10 par hectare), coloniser une parcelle entière en 2 ou 3 cycles. Ce phénomène entraîne des pertes de rendement pouvant dépasser 50 %, une baisse de qualité avec une teneur en acide oléique réduite jusqu’à 10 points, et parfois une récolte compromise en raison d’une maturité tardive. De plus, l’égrenage facile et la dormance prolongée des graines compliquent considérablement son élimination.

Les limites des solutions chimiques

En tant que tournesol, cette adventice résiste aux herbicides classiques. Les produits à base d’imazamox (Pulsar 40, Davaï, Passat Plus) ou de tribénuron-méthyl (Express SX) avaient permis de maîtriser ces infestations dans le passé. Cependant, l’émergence de populations tolérantes à ces herbicides complique à nouveau leur gestion, car aucune solution chimique efficace n’est disponible dans ce cas.

Une détection et une gestion précoces sont essentielles

La lutte doit commencer dès l’apparition des premiers pieds, souvent localisés sur le rang. L’arrachage manuel est impératif pour éviter toute dissémination des graines. Il convient également de prévenir le distributeur de semences et la société productrice afin qu’ils prennent les mesures nécessaires, notamment pour protéger les autres producteurs utilisant le même lot.
Pour des infestations modérées, un arrachage avant la moisson reste envisageable, mais il nécessite des précautions pour éviter la dispersion des graines. En cas de fortes infestations, il est conseillé de récolter ces parcelles en dernier et de nettoyer soigneusement les équipements, notamment la moissonneuse-batteuse.

Stratégies agronomiques : clé du contrôle

Les rotations longues sont à privilégier, car elles limitent l’accumulation de graines dans le sol. Après une forte infestation, le labour est à éviter : il enfouit les graines, les conservant viables pour plusieurs années. L’objectif est plutôt de les laisser en surface pour favoriser leur germination via des faux semis.

Avant une culture de printemps, un lit de semences préparé tôt et des semis après le 15 avril permettent de maximiser les levées adventices, détruites ensuite mécaniquement ou avec du glyphosate. En culture de tournesol, lorsque des variétés tolérantes aux herbicides sont utilisées, respectez scrupuleusement les conditions d’application (stade, dose, uniformité). Toute zone non désherbée risque d’engendrer une pollinisation croisée, conférant au tournesol sauvage une tolérance accrue aux herbicides.

Le binage, souvent sous-estimé, reste un complément efficace. Dans les autres cultures, utilisez des herbicides adaptés contre le tournesol sauvage tout en évitant les sulfonylurées si des tolérances existent déjà.

​​​​​Une mobilisation collective indispensable

Le signalement des infestations sur l’enquête en ligne de Terres Inovia joue un rôle clé. Ces retours permettent de sensibiliser producteurs, conseillers et semenciers à la problématique et d’adopter des mesures préventives adaptées.
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La lutte contre le tournesol sauvage repose sur une combinaison d’actions rapides, de solutions agronomiques et d’un suivi rigoureux. La détection précoce et l’intervention immédiate sont essentielles pour éviter qu’une infestation ne compromette durablement les cultures. Les producteurs doivent rester vigilants et mobiliser tous les leviers disponibles pour préserver leur productivité et la qualité de leurs récoltes.


Fanny Vuillemin – f.vuillemin@terresinovia.fr​​​​​​​ - Chargée d'études adventices & techs alternatives désherbage