Lutte contre héliothis en soja - Dérogation 120 jours ALTACOR - Uniquement Nouvelle Aquitaine et Occitanie
L’héliothis (Helicoverpa armigera) est polyphage et de ce fait, elle peut s’attaquer au soja dès le début de la floraison avec une phase de risque importante dès l’apparition des gousses et jusqu’à l’entrée en maturité de la culture.
Le ravageur impacte le potentiel de rendement et la qualité des graines sur les parcelles touchées. La pression héliothis est observée depuis deux campagnes. En 2023, des attaques sont remontées sur l’ensemble des bassins de production (Sud-Ouest, Rhône-Alpes, Bourgogne). En 2024, la présence se concentre sur le Sud-Ouest avec une incidence en forte augmentation (fréquence de parcelles concernées et dégâts).
Globalement, les sojas sont actuellement en pleine floraison et la présence du ravageur, sans incidence à ce jour, est signalée depuis début juillet.
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Afin de répondre aux enjeux de la lutte contre héliothis en soja, une demande de dérogation 120 jours (art 53 REG 1107/2009) déposée auprès du Ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté Alimentaire par TERRES INOVIA en accord avec FMC a reçu un avis favorable. La spécialité commerciale ALTACOR (AMM 2100122) bénéficie d’un usage dérogatoire pour la campagne 2025, du 05 juillet au 02 novembre 2025 pour le soja au sein de l’usage Soja*Traitement Parties Aériennes*Chenilles phytophages.
ALTACOR est composé de chlorantraniliprole (350g/kg). ALTACOR est autorisé à la dose maximale d’emploi de 0,07 kg/ha des stades BBCH40 à BBCH89 en 1 application maximum. Délai de rentrée : 6 heures Délai avant récolte : 21 jours |
Protection de l’eau et de l’environnement
- SPe 1 : Pour protéger les eaux souterraines, ne pas appliquer ce produit ou tout autre produit contenant du chlorantraniliprole plus d'une année sur deux.
Protection des organismes aquatiques, des arthropodes et des plantes non-cibles
- SPe 1 : Pour protéger les organismes aquatiques, ne pas appliquer ce produit ou tout autre produit contenant du chlorantraniliprole plus d'une année sur deux sur les sols artificiellement drainés.
- SPe 2 : Pour protéger les organismes aquatiques, ne pas appliquer sur sol artificiellement drainé ayant une teneur en argile supérieure ou égale à 45 %.
- SPe 3 : Pour protéger les organismes aquatiques, respecter une zone non traitée de 20 mètres comportant un dispositif végétalisé permanent non traité d’une largeur de 5 mètres en bordure des points d’eau.
- SPe 3 : Pour protéger les arthropodes non-cibles, respecter une zone non traitée de 5 mètres par rapport aux zones non cultivées adjacentes.
Protection des abeilles
- SPe 8 : Peut être dangereux pour les abeilles. Application possible durant la floraison et sur les zones de butinage, en dehors de la présence d’abeilles, dans les 2 heures qui précèdent le coucher du soleil ou les 3 heures suivant le coucher du soleil.
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Dose maximale d’emploi d’ALTACOR : 0,07 kg/ha Une seule application autorisée par campagne que l’on positionnera une fois entrée dans la période de risque (apparition des premières gousses), en fonction de la dynamique de vol évaluée via le réseau de piégeage et des premiers dégâts observés. L’efficacité d’ALTACOR® est dépendant de la qualité de l’application, adapter le volume de bouillie à la végétation pour en recouvrir la totalité (viser à minima 300 l/ha de bouillie) et du stade des larves (meilleure efficacité sur stades jeunes, c’est à dire L1-L2). Si les captures d’héliothis se poursuivent, la protection pourra être complétée dans la suite du cycle par des spécialités autorisées à base de Bacillus thuringiensis (Dipel DF, Xentari, Costar WG…) ou de baculovirus (Helicovex). |
Auteur:
- Laurent Ruck - Terres Inovia - Lutte contre les ravageurs - Responsable insecticides et biocontrôle
Vos Contacts Régionaux sur la zone concernée par la dérogation:
- Arnaud Micheneau (a.micheneau@terresinovia.fr) - Sud Nouvelle Aquitaine, Gers, Hautes-Pyrénées
- Quentin Lambert (q.lambert@terresinovia.fr)- Occitanie
- Elodie Tourton (e.tourton@terresinovia.fr) - Nord Nouvelle Aquitaine
Bulletins de surveillance d'héliothis - Auvergne-Rhone-Alpes
Retrouvez chaque semaine le bulletin de surveillance d'Héliothis en pois chiche pour le secteur Auvergne-Rhone-Alpes. Ce bulletin est édité en partenariat entre Terres Inovia et le réseau Chambre d'Agriculture de la région.
Réseau de surveillance Terres Inovia - Chambres d'Agriculture secteur Auvergne-Rhône-Alpes -
Bulletins Héliothis:
Votre contact régional:
Laura Cipolla (l.cipolla@terresinovia.fr)
Vérifier la nodulation des sojas au début de la floraison
En bonnes conditions d’inoculation et de semis, les nodosités apparaissent environ un mois après la levée. Un nombre de nodosités de l’ordre de 10 au début floraison est un bon indicateur de réussite.
IRRIsoja
Un outil de pilotage de l'irrigation à l'aide de sondes Watermark
IRRIsoja répond précisément à trois questions incontournables lorsque l’on irrigue du soja :
- Quand démarrer le premier tour d’eau ?
- Quand reprendre l’irrigation après une pluie significative ?
- Quand arrêter d’irriguer la parcelle ?
Il est l’outil le plus adapté pour piloter l’irrigation du soja au plus près de ses besoins en valorisant toute la réserve en eau du sol disponible. En effet, il prend en compte le type de sol de la parcelle, l’évolution de son humidité grâce aux sondes tensiométriques et s’adapte aux contraintes de chaque agriculteur (durée du tour d’eau).
IRRIsoja s’adresse tout particulièrement aux agriculteurs et aux conseillers d’irrigation suivant un réseau de parcelles.
Il est téléchargeable gratuitement en cliquant sur "Accéder à l'outil" ci-dessus (fichier Excel / 1,9 Mo)
Mode d'emploi
- Notice d'utilisation d'IRRIsoja et consignes pour la mise en place du dispositif (station de tensiométrie et relevé des tensions)
Nutrition de la cameline
La cameline est une plante peu exigeante en éléments fertilisants. Son système racinaire puissant, en forme de pivot, lui permet par ailleurs d’extraire en profondeur les nutriments nécessaires à sa croissance. La gestion de la fertilisation diffère selon le mode de culture de la cameline.
La cameline est une plante peu exigeante en éléments fertilisants. Son système racinaire puissant, en forme de pivot, lui permet par ailleurs d’extraire en profondeur les nutriments nécessaires à sa croissance. La gestion de la fertilisation diffère selon le mode de culture de la cameline
Gestion de la fertilisation pour la cameline en culture principale
Nutrition azotée
Des essais portant sur les doses d’azote ont été réalisés. Le rendement de la cameline augmente avec la fertilisation azotée, jusqu’à atteindre un plateau (voir graphique ci-dessous – source : Malhi et al., 2013, Canada). Cette augmentation de rendement s’explique par l’amélioration de plusieurs composantes : le nombre de plantes par mètre carré, le nombre de ramifications, le nombre de siliques par plante, ainsi que le nombre de graines par silique. En revanche, le poids de mille grains (PMG) ne semble pas être affecté (source : Agegnehu et al.1996, USA).
La dose optimale d’azote à apporter se situe entre 80 et 100 unités par hectare, en fonction des reliquats, correspondant à l’optimum économique. Pour la cameline de printemps, cet apport peut être réalisé en une seule application juste après le semis. Il est toutefois possible de le fractionner selon les recommandations suivantes : 30 % de la dose au semis, puis le complément au stade rosette. Pour la cameline d’hiver, l’apport doit avoir lieu à la reprise de végétation avant montaison.
Par ailleurs, l'utilisation d’un engrais soufré est recommandée pour assurer un apport de 12 à 24 unités de soufre par hectare (source : Camelina Company).
Attention aux excès d’azote, qui rendent la culture plus sensible aux maladies, notamment à l’albugo, et peuvent accentuer les risques de verse.
Avec l’augmentation de la fertilisation azotée, la teneur en azote dans la plante ainsi que la concentration en protéines dans la graine augmentent. En revanche, la teneur en huile et l’efficience de l’utilisation de l’azote diminuent (source : Malhi et al., 2013, Canada).
Concernant la composition des acides gras, les pourcentages d’acides oléique et linoléique augmentent avec la dose d’azote, tandis que le pourcentage d’acide linolénique diminue. De plus, la concentration en fer (Fe) et en zinc (Zn) dans les graines diminue également (source : Magdalena Czarnik et al., 2027, Université de Rzeszów, Pologne).
Phosphore et potasse
La cameline présente des besoins modérés en phosphore et en potasse. Les apports doivent être raisonnés à l’échelle de la rotation, en s’appuyant sur les résultats de l’analyse de sol. Dans un sol bien pourvu, il est recommandé d’apporter 40 unités par hectare de phosphore et 40 unités par hectare de potasse. Ces fertilisations peuvent être effectuées à tout moment au cours de l’interculture précédant l’implantation de la cameline, ou bien directement au moment du semis.
Gestion de la fertilisation pour la cameline en interculture d’été
La cameline est une crucifère. Elle nécessite un apport en azote dès le début de son cycle pour exprimer pleinement son potentiel jusqu’à la récolte.
La gestion de la fertilisation azotée dépend du précédent cultural. En cas de précédent céréales, un apport de 40 unités d’azote par hectare au semis est indispensable. Il est fortement recommandé d’effectuer cet apport de manière localisée. Aucun complément en azote ne doit être prévu en cours de végétation. Des apports excessifs risqueraient d’allonger la phase végétative de la cameline, retardant ainsi sa maturité.
En précédent pois, le reliquat azoté est généralement suffisant pour assurer le bon développement de la cameline. Ainsi, un apport d’azote n’est pas indispensable. Toutefois, une fertilisation facultative de 10 unités d’azote par hectare au semis peut être envisagée.
Aucun apport de fertilisation de fond n’est nécessaire.
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Tour de plaine tournesol
Avec Tour de Plaine, Terres Inovia vous accompagne dans chaque parcelle de tournesol afin d’établir un diagnostic sanitaire et vous donner les conseils adaptés pour votre prochain tournesol.
Cette application connectée fonctionne aussi en l’absence de réseau téléphonique.
Votre bilan sanitaire en 5 étapes:
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Les atouts agronomiques de la cameline
La cameline (Camelina sativa) est une crucifère (Brassicacée) originaire d’Europe et d’Asie du Sud-Ouest. Elle est historiquement cultivée en Europe, notamment en France dont les premières traces datent de l’Age de Bronze pour la production d’huile végétale et de fourrage.
La cameline (Camelina sativa) est une crucifère (Brassicacée) originaire d’Europe et d’Asie du Sud-Ouest. Elle est historiquement cultivée en Europe, notamment en France dont les premières traces datent de l’Age de Bronze pour la production d’huile végétale et de fourrage.
Sa culture est largement répandue jusqu’au début du XXe siècle, d’où on tirait une huile employée notamment dans la fabrication des savons et des peintures, avant de, peu à peu, disparaître face à la concurrence d’autres cultures oléagineuses plus productives telles que le colza. A l’époque, les résidus solides obtenus après extraction de l'huile servaient de compléments alimentaires au bétail ou étaient utilisés comme fertilisants ; les tiges étaient utilisées pour la confection de balais.
Aujourd’hui, elle réapparaît dans le paysage agricole européen, et intéresse de nombreux acteurs, agriculteurs comme industriels, du fait de ses atouts agronomiques et de l’ouverture de nouveaux débouchés.
Une bonne adaptation aux contextes pédoclimatiques
La cameline a un atout de taille : elle s’adapte à une large gamme de contextes pédoclimatiques, et valorise notamment bien les sols à faible potentiel. Elle est souvent présentée comme une culture rustique, du fait de sa faible exigence en intrants et de sa résistance à la sécheresse et aux fortes températures. Elle est également plutôt tolérante aux bioagresseurs et résistante à la verse. Ainsi, la cameline nécessite peu d’engrais et de pesticide, son introduction dans les systèmes de culture présente donc des intérêts économiques et environnementaux.
Pas de matériel spécifique mais des réglages nécessaires
De plus, sa mise en œuvre ne requiert pas de matériel spécifique, ce qui facilite son introduction dans les exploitations. Malgré tout, du fait de la petite taille de sa graine (PMG ≈ 1-1.5g), les phases d’implantation et de récolte nécessitent des réglages et une attention particulière.
Une culture au cycle court
Une particularité intéressante de la cameline réside dans la durée de son cycle, qui varie selon les variétés et périodes de semis de 90 à 250 jours (1700 à 1900 degrés jour en base 0°C selon les variétés). Elle peut donc être cultivée en culture principale, en association avec par exemple de la lentille ou encore en dérobé pour les variétés à cycle court (lien page mode d’insertion dans les SdC).
Un atout pour l'agriculture biologique
Sa faible exigence en intrant combinée à un fort pouvoir concurrentiel – à condition d’une levée régulière et homogène – lui permet de trouver sa place dans les rotations en agriculture biologique (lien page agriculture biologique). Certains agriculteurs rapportent même qu’elle aurait un effet "allélopathique", c’est-à-dire qu’elle pourrait freiner naturellement la croissance d’autres plantes indésirables autour d’elle. Cela n’a pas encore été démontré en plein champ à notre connaissance.
Conclusion
Ainsi, l’ensemble de ces atouts en font une culture capable de s’intégrer facilement dans une diversité de systèmes de culture en France, mais aussi à travers le monde, en agriculture biologique comme en conventionnelle, en culture principale comme en dérobé.
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Biocontrôle contre la grosse altise : que sait-on et que fait-on ?
La grosse altise est un ravageur important du colza à l’automne. Pour y faire face, le Plan de sortie du phosmet vise à identifier et déployer des leviers de gestion, à l’échelle de la plante, de la parcelle et du paysage, qu’il s’agira de combiner dans des stratégies de gestion efficace sur le terrain.
Note importante : Les solutions testées et présentées ci-dessous ne sont pas autorisées aujourd’hui contre les grosses altises sur colza.
Le biocontrôle c’est quoi ?
Un produit de biocontrôle utilise des mécanismes naturels pour protéger les végétaux et renforcer leurs défenses contre les organismes nuisibles grâce à des macroorganismes, des microorganismes ou des produits comprenant des médiateurs chimiques, des substances naturelles (d'origine végétale, animale ou minérale), et des substances de base, tout en présentant un niveau élevé de sécurité pour la santé publique et l'environnement.
En France, près de 50% des produits de biocontrôle sont utilisés en arboriculture, maraîchage et viticulture. Cependant, de fortes attentes existent pour leur utilisation en grandes cultures, notamment pour les applications insecticides, qui représentent un tiers de leur usage total.
Pour lutter contre les grosses altises, différentes stratégies sont envisagées par Terres Inovia : réduire la consommation des feuilles par les altises adultes, diminuer la pression larvaire sur le colza et limiter la colonisation du colza à l’échelle de la parcelle ou du territoire.
La lutte directe pour réduire les dégâts foliaires des adultes sur les jeunes colzas
Terres Inovia et ses partenaires ont évalué une quinzaine de substances naturelles pour limiter les dégâts foliaires par les adultes avant le stade 4 feuilles. Les efficacités observées sont variables et en général inférieures aux références insecticides. Les sels d’acides gras dont le mode d’action par déshydratation et suffocation nécessitent de toucher l’altise et le soufre dont le mode d’action aurait un effet plutôt répulsif se sont avérés les plus efficaces parmi les différentes solutions testées.
Sels d’acides gras : La première application est réalisée au début de l’attaque lorsque 30% des plantes environ présentent des morsures avant 4 feuilles. Trois traitements espacés de 5 à 7 jours sont réalisés et appliqués en fin de journée lorsque les altises adultes sont actives. Une réduction des dégâts foliaires est observée dès la première application avec une efficacité moyenne comprise entre 25 et 50%. L’action choc de la référence insecticide est supérieure. Après 2 ou 3 applications, et 2 à 3 semaines après l’unique application de Karaté Zéon, la réduction des dégâts foliaires par les sels d’acides gras est comparable à la référence insecticide.
Soufre : La première application est réalisée en tout début d’attaque car le mode d’action supposé est répulsif. L’efficacité moyenne est comprise entre 20 et 45%. L’absence de pluies et les températures élevées semblent favorables à l’efficacité.
Figure 2 : Pourcentage de surface foliaire détruite après 1, 2 ou 3 applications de soufre. Volume de bouillie 200 l/ha. (nombre d’essais)
Le talc et le kaolin qui agissent comme barrière physiques se sont avérés moins efficaces.
L’huile de paraffine, le purin d’ortie, l’azadirachtine (extrait naturel du margousier reconnu pour ces propriétés insecticides contre les pucerons et utilisé par dérogation en arboriculture) ou encore le bore (forme octoborate) se sont avérés inefficaces dans les essais de l’institut et de ses partenaires.
Les essais se poursuivent sur la campagne 2025 afin de conclure sur leur efficacité et dans ce cas, de mieux comprendre les conditions d’application, ainsi que leur positionnement technico-économique. Il s’agit également d’identifier de nouvelles solutions.
Des solutions pour limiter les infestations larvaires
Pour réduire la pression larvaire, plusieurs projets sont en cours dans le Plan de sortie du phosmet, pour développer des solutions techniques à base de produits de biocontrôle en lutte indirecte (projet Nap-Guard).
Terres Inovia a également mené divers essais pour limiter la pression larvaire avec des applications répétées de produits de biocontrôle (nématodes, quassine, champignon entomopathogène, bactérie Bt tenebrionis…), en entrée hiver (fin octobre et novembre). La cible visée est dans ce cas la larve de deuxième stade qui a des phases mobiles pendant lesquelles elle peut être au contact des solutions de biocontrôle. Cette piste s’est avérée peu efficace car les solutions de biocontrôle évaluées à ce jour ont une action essentiellement de contact à une période où le risque de lessivage est important.
Des solutions pour limiter la colonisation à l’échelle de la parcelle ou du territoire
La dernière stratégie envisagée consiste à limiter la colonisation du colza en agissant avant l’arrivée des grosses altises adultes (vols), soit en diminuant la population dans le paysage, soit en détournant ces insectes de la culture.
A titre d’exemple, dans le but de réguler les populations d’altise d’hiver à l’échelle du territoire, BASF (projet VELCO-A), évalue depuis 2ans en conditions contrôlées (avec INRAE) et sur le terrain (avec Terres Inovia) l’efficacité d’un champignon entomopathogène.
La lutte de type push-pull est également explorée (Ctrl-Alt et Colzactise) pour détourner les ravageurs à leur arrivée sur la parcelle de colza avec l’utilisation de composés aux propriétés attractives et dissuasives. Des composés efficaces ont été identifiés en conditions contrôlées, mais il reste du chemin à parcourir (extraction, formulation, homologation) avant l’obtention de produits applicables par les agriculteurs. Si le premier objectif est de diminuer l’attaque sur la parcelle de colza, le second est qu’il n’y ait pas de descendance des individus détournés du colza. Pour cela, il s’agirait d’attirer ces individus vers des crucifères en interculture et de détruire en hiver les plantes, ce qui ne permet pas aux larves de terminer leur cycle. Cette stratégie combinatoire sera évaluée lors de la poursuite du projet.
Conclusion et Perspectives
Le Plan de sortie du phosmet a contribué à accroître l’acquisition de références sur les produits de biocontrôle, et à soutenir le développement de nouvelles solutions alternatives aux insecticides. Néanmoins des défis persistent :
- Les efficacités restent inférieures aux insecticides et aucune solution n’a été identifiée pour lutter directement contre les larves
- Les conditions d’application et d’efficacité de ces produits sont plus dépendantes des conditions climatiques (action de contact souvent sensible au lessivage),
- Une mise en œuvre qui nécessite de la technicité et du temps (plusieurs passages nécessaires).
En savoir plus sur le plan d'action sortie du phosmet
Contact : Laurent Ruck - l.ruck@terresinovia.fr
Synthèse des essais biostimulants menés en 2022, 2023 et 2024
Dans le cadre de ce projet du Plan d'action de sortie du phosmet soutenu par le Casdar, sept biostimulants ont été testés dans un réseau d’essais menés avec les partenaires sur les campagnes 2022-2023 et 2023-2024 pour limiter la nuisibilité des insectes à l’automne sur colza. Voici les résultats.
Pour limiter la nuisibilité des insectes à l’automne, il faut que le colza présente une croissance dynamique et continue. Pour soutenir cette croissance, l’utilisation d’engrais au semis, l’association à une légumineuse gélive ou encore le choix du précédent sont autant de leviers qui ont déjà fait leur preuve. En complément, l’utilisation de certains types de biostimulants ayant pour revendication l’amélioration de "l’efficacité d’utilisation des éléments nutritifs" (Règlement UE 2019/1009) pourrait présenter un intérêt à condition que les effets positifs sur la nutrition se traduisent par des effets positifs sur la croissance.
Dans le cadre d’Adaptacol², un projet du Plan de sortie du phosmet soutenu par le Casdar, un pool de sept biostimulants a été testé au sein d’un réseau d’essais mené avec les partenaires sur les campagnes 2022-2023 (Kelpak, ValeaMax, BlueN, FreeN + Free PK, MouvN et Exelgrow) et 2023-2024 (ValeaMax, BlueN et Vixeran). Les biostimulants ont été apportés à l’automne, le plus souvent en début de cycle en une ou deux applications. Il a été choisi de tester des positionnements déjà éprouvés et également exploratoires, visant à stimuler généralement les plantes plus précocement que les positionnements actuellement proposés.
| Produit | Composition | Effets attendus | Stade d’application | Dose de produit |
| Kelpak | Extrait d’Eklonia Maxima | Forte concentration en auxine → stimulation de la croissance (racinaire puis aérienne) ; en sus : meilleure tolérance au froid | B2 puis B4/B6 | 2 L/ha |
| ValeaMax | Extrait d’Ascophyllum Nodosum (dont manitol et antioxydants) +B+Mo | Stimulation de la croissance ; en sus : meilleure tolérance aux stress abiotiques | B2 | 2 L/ha |
| BlueN | Bactérie fixatrice d’azote endophyte Methylobacterim Symbioticum | Fixe l’azote au sein de la plante et la transforme en N assimilable → augmentation de la quantité d’azote assimilée par la culture | B6 | 0.333 kg/ha |
| FreeN + Free PK | FreeN : Azotobacter chroococcum + Mn + Mo FreePK : Bacillus mucitaginosus |
- Fixe l’azote de l’air et le transforme en N assimilable (azotobacter) - Augmente la minéralisation du P et du K (bacillus) → augmentation des quantités de NPK disponibles pour la culture |
Levée à B2 | 0.5 L/ha FreeN + 0.5 L/ha Free PK |
| MouvN | Glutacetine | Stimulation du métabolisme azotée et de la photosynthèse → augmentation de la quantité d’azote assimilée par la culture et stimulation de la croissance | B6 puis D2 | 0.5 kg/ha |
| Exelgrow | Extrait fermenté d’Ascophyllum nodosum + acides fulviques + glycine betaine | Stimulation de la croissance ; en sus : meilleure tolérance aux stress abiotiques dont stress hydrique | B4 | 0.5 L/ha |
| Vixeran | Bactérie fixatrice d’azote endophyte Azotobacter salinestris CECT 9690 | Fixe l’azote au sein de la plante et la transforme en N assimilable → augmentation de la quantité d’azote assimilée par la culture | Entre levée et B4 selon conditions météo | 0.05 kg/ha |
Les résultats obtenus ne mettent pas en évidence d’effet robuste et marqué sur la croissance (ni en entrée ni en sortie d’hiver) dans les conditions du réseau d’essais ; des tendances ponctuelles peuvent être décelées mais aucun effet significatif. Côté rendement, aucun effet significatif n’a été détecté, ni de tendance.
La synthèse complète des essais est disponible en téléchargement en bas de page.
Contact : C. Le Gall, c.legall@terresinovia.fr
Documents à télécharger
Etat des pois chiche & lentilles - Auvergne-Rhône-Alpes
La campagne 2025 de lentille et pois chiche en région Auvergne-Rhône-Alpes a été marquée par des conditions météorologiques particulièrement hétérogènes entre fin février et mi-mai. Les températures plus douces qu’à l’accoutumée ont globalement favorisé les levées, mais les épisodes pluvieux, notamment en avril, ont restreint certaines fenêtres de semis. Point de situation au 30 mai.
Lentille : levées homogènes malgré une fenêtre de semis réduite
(Photo prise le 21 mai de l'essai variétés lentille à Sainte-Julie (01) - Source Terres Inovia)
Les semis de lentille se sont majoritairement déroulés courant mars, sur une période globalement plus chaude et plus sèche que la normale décennale. Toutefois, la pluviométrie a été relativement étalée sur le mois, ce qui a laissé peu de créneaux francs pour intervenir. Un épisode froid marqué à la mi-mars a également impacté certaines zones, avec par exemple jusqu’à -5°C par rapport à la moyenne enregistrés à Ambérieux-en-Dombes (Ain).
Malgré ces contraintes, la levée s’est révélée rapide et homogène dans la plupart des situations. À ce jour, les parcelles les plus précoces (semis février-début mars) sont en floraison, tandis que les autres sont au stade torche (stade avant floraison).
Sur l’ensemble des observations :
- Bonne nodulation constatée,
- Biomasse végétative bien développée,
- Pression maladie faible à ce stade,
- État d’enherbement variable selon les modalités de conduite (désherbage chimique ou mécanique, en bio ou conventionnel, avec ou sans association). Les adventices les plus fréquemment rencontrées sont l’ambroisie et le chénopode, mais la plupart des parcelles restent globalement propres à ce jour.
Pois chiche : des semis concentrés en avril sous forte contrainte hydrique
(Parcelle de pois-chiche à début floraison le 21 mai pour un semis au 21 février. Au milieu, on aperçoit un piège pour le suivi de l'héliothis - Source: CA38)
Les semis de pois chiche, réalisés entre fin février et mi-mai, se sont principalement concentrés sur le mois d’avril. Si les températures ont été supérieures de +1 à +2 °C sur le mois d’avril par rapport à la normale décennale 2015-2024, les fortes pluies de la seconde quinzaine ont compliqué les implantations.
En effet, selon les secteurs, on observe des cumuls de précipitations allant de -15 mm à +93 mm par rapport à la moyenne 2015-2024, avec un excédent généralisé de près de 50 mm au-dessus de la normale sur la majorité de Rhône-Alpes (cf carte ci-dessous). Ce contexte a réduit les fenêtres d’intervention, obligeant parfois à retarder les semis.
Malgré cela, les parcelles les plus avancées présentent une bonne nodulation, reflet d’une implantation correcte dans les meilleures conditions. Pour les autres, une évaluation de la nodulation sera nécessaire peu avant floraison.
La floraison a démarré autour du 25 mai pour les premiers semis. Par ailleurs, les premières captures significatives d’héliothis (Helicoverpa armigera) ont été relevées dans la Drôme.
| Un réseau de suivi spécifique a été mis en place en 2025, avec une trentaine de parcelles suivies dans la région afin de mieux caractériser la dynamique de vol du ravageur. L’objectif : améliorer la pertinence et le ciblage des interventions de protection si nécessaire. |
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Et pour la suite ?
Si les conditions printanières ont freiné les semis de pois chiche, les cultures installées présentent aujourd’hui un bon état sanitaire et un développement végétatif satisfaisant. Le suivi des ravageurs, notamment l’héliothis, sera déterminant dans les semaines à venir pour sécuriser le rendement du pois-chiche. Côté lentille, les conditions actuelles sont plutôt favorables et les cultures bien implantées. La suite de la campagne dépendra désormais des conditions de floraison et de remplissage.
Réseau de surveillance Terres Inovia - Chambres d'Agriculture secteur Auvergne-Rhône-Alpes - Bulletins Héliothis:
Votre contact régional:
Laura Cipolla (l.cipolla@terresinovia.fr)
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