Etat des cultures – Lentille bio – Visites d’implantation du 27 mars au 3 avril 2025
En Poitou-Charentes, les lentilles semées entre fin février et mi-mars sont au stade 3 à 6 feuilles. Les enracinements sont bons et les premières nodosités sont déjà formées pour la plupart des parcelles.
Globalement, les peuplements sont satisfaisants et respectent l’objectif de 220 à 250 plantes levées / m². Surveillez toutefois les limaces en ce début de saison car ces dernières ont provoqué une perte de pieds importante sur certaines parcelles Des limaces sur légumineuses de printemps
À l’exception des limaces, aucun dégât de ravageurs ou de maladies n’est à déplorer pour le moment sur la lentille. En revanche, une forte pression d’altises est observée sur les camelines et les lins associés.
Côté enherbement, les principales adventices observées sont la renouée liseron, la mercuriale, la moutarde des champs, le ray-grass et le chardon. Les adventices sont encore jeunes et restent en dessous du couvert mais constituent un fort potentiel d’infestation pour les semaines à venir. Un ou plusieurs passages de herse étrille sont possibles à partir du stade 3-4 feuilles si les parcelles concernées ne contiennent pas trop de cailloux.
Pour aller plus loin :
► Le désherbage mécanique de la lentille
► Le désherbage mécanique et mixte de la lentille
Guillaume Lamy - Ingénieur Stagiaire - Lentille et Pois chiche zone Centre & Ouest
Etat des cultures Zone Nord&Est – protéagineux
Le temps sec et ensoleillé de mi-mars à mi-avril a offert des conditions idéales aux protéagineux pour se développer sainement, sans pression sanitaire significative. Les précipitations récentes pourraient désormais favoriser l’apparition de symptômes de maladies : état des lieux à l’approche de la floraison.
Pois d’hiver
Semés entre mi-novembre et fin janvier, les pois d’hiver sont actuellement entre le stade 7 feuilles et 12 feuilles. Les premières fleurs commencent à apparaître dans les parcelles les plus précoces, selon les secteurs. Les enracinements sont satisfaisants et l’installation des nodosités, à partir de 3-4 feuilles, s’est bien déroulée et assure une fixation symbiotique efficace de l’azote atmosphérique.
Photo de gauche : La présence de 20 nodosités ou plus à début floraison est signe d’une bonne nodulation.
Photo de droite : Apparition des premières fleurs dans les pois les plus précoces.
Quelques dégâts de sitones ont été repérés. Par ailleurs, des symptômes du complexe de maladies ascochytose/bactériose/colletotrichum apparaissent, en particulier dans les parcelles n’ayant pas bénéficié de protection fongicide précoce. Dans ces situations, une intervention rapide est recommandée, avant même l’apparition des symptômes de maladie. Pour les parcelles ayant reçu un premier traitement, la surveillance reste nécessaire jusqu’à l’application relais à début floraison, pour limiter le développement de foyers avant que le couvert ne se referme.
Nouvelle stratégie contre le complexe de maladies du pois d’hiver
Féverole d’hiver
Les féveroles d’hiver, dont les semis ont également été étalés au cours de l’hiver, entament leur floraison. Les faibles précipitations de ce début de printemps ont permis de maintenir un état sanitaire satisfaisant ; il n’y a pas de pression botrytis notable. Le début de floraison marque le début de la protection fongicide. En année à faible pression maladie, un traitement à base d’azoxystrobine, associé ou non à du SCALA peut être réalisé, avec un relais éventuel avec de l’azoxystrobine entre 15 et 30 jours plus tard.
Pour aller plus loin : Gestion des maladies aériennes de la féverole
Photo : Les féveroles d’hiver sont à floraison
Pois de printemps
La majorité des pois de printemps a atteint le stade 6-7 feuilles. Les conditions ensoleillées du début de cycle ont favorisé l’activité des sitones, entraînant la présence fréquente d’encoches caractéristiques sur les folioles. La vigilance se tourne désormais vers les pucerons verts. Bien qu’ils apparaissent généralement à l’approche de la floraison, les conditions météo prévues (ensoleillement et températures douces) pourraient favoriser une arrivée plus précoce.
Côté sanitaire, les couverts restent pour l’instant sains, sans symptômes de maladies repérés.
Lentille
Les premières lentilles ont été semées début mars. Pour les plus précoces, elles atteignent aujourd’hui le stade 6 feuilles. Les nodosités commencent à être visibles, signe d’une bonne installation de la symbiose. Toutefois, les conditions sèches observées entre fin mars et début avril ont pu compromettre l’efficacité des désherbages de prélevée. Un rattrapage en post levée s’avère fréquemment nécessaire, notamment dans des parcelles où la flore adventice est abondante et déjà bien développée. Le puceron vert pourrait survenir dès le retour de conditions climatiques douces ; il est à surveiller.
Lutte contre le puceron vert de la lentille sèche en agriculture biologique - dérogation 120 jours FLIPPER ®
Le puceron vert (Acyrthosiphon pisum) peut s’attaquer à la lentille, dès les stades de développement précoces de la culture, et impacter le potentiel de rendement sur les parcelles touchées. Ils peuvent impacter directement la lentille, en consommant la sève, ce qui retarde la croissance de la culture et freine la floraison. L’impact des pucerons peut également être indirect, par la transmission de virus, virus qui ont été détectés sur lentille en 2020 et 2021 dans le cadre des diagnostics réalisés par Terres Inovia.
Acyrthosiphon pisum sur lentille. Crédit : A. Penant
Les conditions climatiques douces au printemps favorisent la présence de ce ravageur. Il est nécessaire d’aller observer les parcelles pour diagnostiquer le plus tôt possible l’arrivée des pucerons.
Afin d’éviter que les producteurs de lentille sèche en Agriculture Biologique ne se retrouvent dans une impasse, une demande de dérogation 120 jours (art 53 REG 1107/2009) déposée par Terres Inovia et Terres Univia auprès du Ministère de l’Agriculture a reçu un avis positif. La spécialité commerciale FLIPPER (AMM 2160527, distribué par De Sangossse) bénéficie d’un usage dérogatoire pour la campagne 2025 (du 15 avril au 13 août 2025) pour la lentille sèche au sein de l’usage légumineuses potagères sèches* traitement des parties aériennes*pucerons.
FLIPPER® est composé de sels de potassium d’acides gras C7 à C20 (479.8 g/l).
FLIPPER® est autorisé à la dose maximale d’emploi de 7.5 l/ha des stades BBCH10 à BBCH89 en 6 applications maximum.
Délai de rentrée : 24 heures Délai avant récolte : 1 jour
SPe 8 : Peut être dangereux pour les abeilles. Application possible durant la floraison, les périodes de production d’exsudat et sur les zones de butinage, en dehors de la présence d’abeilles, dans les 2 heures qui précèdent le coucher du soleil ou les 3 heures suivant le coucher du soleil.
SPe 3 : Pour protéger les organismes aquatiques, respecter une zone non traitée de 20 mètres comportant un dispositif végétalisé permanent non traité d'une largeur de 20 mètres en bordure des points d'eau.
FLIPPER® agit par contact comme dessicant et suffocant. Utilisable également en production conventionnelle, il n’a pas l’action choc d’un pyréthrinoïde ou du flonicamid et son efficacité sera donc inférieure. Il faut donc appliquer FLIPPER® en tout début d’infestation, dès les premiers pucerons.
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Dose FLIPPER® à appliquer : 5 l/ha |
La persistance d’action est assurée par la répétition des applications. Renouveler l’application au bout de 7 jours. Deux applications minimums sont nécessaires.
Pour plus d’information sur les ravageurs de la lentille pendant la floraison, n’hésitez pas à consulter cet article sur le site de Terres Inovia : Les ravageurs de la lentille en période de floraison
Franck Duroueix - f.duroueix@terresinovia.fr - Responsable Protection intégrée des cultures Intrants & Biocontrôle
Laurent Ruck - l.ruck@terresinovia.fr - Ingénieur de développement - Protection intégrée des cultures Intrants & Biocontrôle
Zoé Le Bihan - z.lebihan@terresinovia.fr - Référente nationale lentille et lin
Désherbage de la lentille : Dérogation 120 jours NIRVANA S
La demande de dérogation 120 jours (art53 REG 1107/2009) déposée le 27 janvier 2025 par Terres Univia et Terres Inovia au niveau des services du ministère de l’Agriculture a reçu un avis positif.
La spécialité commerciale NIRVANA S bénéficie donc d’un usage dérogatoire pour la campagne 2025 (du 15 mars au 13 juillet 2025) pour la lentille au sein de l’usage légumineuses potagères (sèches)*désherbage.
NIRVANA S est alors homologué pour une utilisation en 2 (prélevée puis postlevée) ou 3 applications (prélevée puis postlevée fractionnée en deux applications) à la dose maximale de 2.2 l/ha en cumulé. Le stade maximal d’application est BBCH 16 (6 feuilles) et le délai avant récolte (DAR) de 63 jours. Nous recommandons de ne pas dépasser la dose de postlevée de 0.5 l/ha et de fractionner l’application en post levée en 2 applications de 0.25 l/ha.
Attention : Contrairement aux conditions d’emploi en prélevée stricte de la spécialité, la DGAL stipule dans le cadre de cette dérogation :
- une ZNT de 20 m accompagné d’une DVP de 20 m
- une ZNT arthropodes et plantes non-cibles : 5m
- une Distance Sécurité Riverains : 5m
- de ne pas appliquer ce produit sur sols artificiellement drainés ayant une teneur en argile supérieure ou égale à 45%
Les autres conditions sont identiques.
Chaque bassin de production ayant des problématiques spécifiques, nous vous recommandons fortement de vous rapprocher de votre opérateur de terrain habituel avant toute intervention sur votre culture.
Des risques éventuels de tassement/décoloration en végétation ne sont pas exclure et l’utilisation de NIRVANA S se raisonne sur une priorité d’infestation de type ortie royale ou renouée liseron en forte pression. Cet usage ayant été obtenu à la demande de Terres Univia et Terres Inovia pour lever des impasses techniques, la firme décline toute responsabilité sur ces éventuels risques de sélectivité.
Appliquer NIRVANA S, seul (associations non conseillées) en post levée sur une végétation sèche et en bon état végétatif (absence de stress hydrique, de carences). L’application sera efficace sur de jeunes adventices, 2-3 feuilles maximum.
Pour rappel, sont autorisés sur lentille en post-levée :
- CHALLENGE 600 : autorisé en postlevée à 1 l/ha/an (la dose totale prélevée + postlevée doit être de 4 l/ha maximum) - application entre le stade 4 et 7 feuilles. Fractionnable en 2 applications maximum de 0,5 l/ha par application.
- LENTAGRAN : autorisé à 2 kg/ha/an (dose pleine non recommandée du fait de manques de sélectivité) – application en post levée jusqu’au stade BBCH 33 (formation du 3ème entre-nœuds), fractionnable en 2 applications.
- Conseil : 2 applications à 0,5 kg/ha par application à 8-10 jours d’intervalle. Mélange possible avec CHALLENGE 600 à 0.5 l/ha.
- Attention, des manques de sélectivité peuvent parfois survenir selon les conditions d’application et de croissance des lentilles.
- NIRVANA S : autorisé en postlevée à 0.5 l/ha. Respecter un cumul maximum pré levée + post levée de 2 l/ha/an - application entre le stade 2 et 6 feuilles. Fractionnable en 2 ou 3 applications (pré-levée incluse).
- Conseil : 2 applications de 0,25 l/ha par application à 8-10 jours d’intervalle.
- CORUM : fortement déconseillé à cause du manque de sélectivité sur lentille.
Franck Duroueix - Responsable Protection intégrée des cultures Intrants & Biocontrôle - f.duroueix@terresinovia.fr
Gwenola Riquet - Responsable fongicides et biocontrôle - Désherbage des légumineuses à graines - g.riquet@terresinovia.fr
Zoé Le Bihan - Ingénieur de développement - Référente nationale lentille et lin oléagineux - z.lebihan@terresinovia.fr
Des limaces sur légumineuses de printemps ? Cela peut arriver lors des printemps humides, surveillons-les !
Ce printemps est relativement humide, avec des pluies parfois faibles mais fréquentes, qui entretiennent l’hygrométrie sur les parcelles et des températures plutôt douces. Le maintien de fraicheur en surface est favorable à la présence de limaces sur les légumineuses de printemps.
Habituellement absentes sur les lentilles, les limaces ont fait une arrivée fracassante sur la culture au printemps dernier, avec des parcelles parfois complètement consommées lors de la levée de la culture. Ces dégâts irréversibles ont entrainé des re-semis plus tardifs, dans des conditions moins favorables pour la culture. En effet, si les limaces sont peu problématiques lorsque la culture est assez développée, il faut les éviter lors du semis et du développement des premières feuilles de la culture. La lentille étant peu développée sur ses premières phases de cycle, l’impact peut être assez marqué. Leur présence est pour l’instant identifiée sur le bassin Poitou-Charentes.
Concernant les pois de printemps, les dégâts peuvent être tout aussi importants, même si la culture se développe plus rapidement que la lentille.
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Si une intervention est nécessaire, appliquez un anti-limaces à base de métaldéhyde ou phosphate ferrique qui sont les 2 substances actives autorisées.
► Tableau des principaux anti-limaces
Laurent Ruck - l.ruck@terresinovia.fr - Ingénieur de développement - Protection intégrée des cultures Intrants & Biocontrôle
Bastien Remurier - b.remurier@terresinovia.fr - Référent national protéagineux
Agathe Penant - a.penant@terresinovia.fr - Référente protéagineux zone Centre & Ouest
Zoé Le Bihan - z.lebihan@terresinovia.fr - Référente nationale lentille et lin oléagineux
Gestion des maladies aériennes de la féverole
Les premiers symptômes de botrytis sont observés sur féveroles d’hiver, et tendent à se développer. L’identification précoce de ces symptômes est indispensable dans le cadre de la gestion préventive du développement de la maladie.
Agir dès l’apparition des premiers symptômes de botrytis
Le botrytis est la principale maladie de la féverole, quelque soient les bassins de production. Il se développe en particulier dans les situations de semis précoce. Cette relation entre la surface nécrosée par le botrytis en fonction de la date de semis, est illustrée par le graphique ci-contre.
Figure 1 : Relation entre la date de semis et la surface foliaire de la féverole nécrosée par le botrytis - données issues de l’observatoire maladies conduit entre 2016 et 2018
Ainsi, les attaques les plus marquées sont fortement influencées par des semis d’octobre jusqu’à début novembre. De ce constat découle la préconisation d’implantation à partir du 10 novembre. La maitrise de la densité constitue également un levier agronomique majeur pour freiner la progression de la maladie dans le couvert au printemps.
Photo 1 : Symptômes de botrytis et d'ascochytose sur fèverole
Caractérisée par de petites tâches de 2-3 mm qui s’agrandissent pour former entre elles des tâches rondes ovales entourées d’un halo brun, la maladie conduit à la nécrose et à la chute prématurée des feuilles. Ces symptômes peuvent s’observer également sur tige avec des tâches plus allongées mais plus rarement sur gousses.
Le botrytis ne doit pas être confondu avec l’ascochytose de la féverole qui se manifeste par des tâches moins nombreuses, diffuses, au centre plus clair (type brûlure de cigarette).
La gestion du botrytis s’intègre dans une stratégie plus globale des maladies
La rouille est une maladie pouvant également impacter la féverole ; elle apparait généralement plus tard dans le cycle de la culture, quand les conditions climatiques deviennent douces et humides. Des pustules orangées, caractéristiques de la rouille, peuvent apparaitre dès début mai, favorisées par des températures supérieures à 20°C en conditions humides. Comme le botrytis, elle provoque une sénescence accélérée des feuilles.
Photo 2 : Symptômes de rouille sur fèverole
La stratégie de lutte doit prendre en compte le risque vis-à-vis de ces deux principales maladies : botrytis et rouille. Elle repose en particulier sur l’azoxystrobine et le pyriméthanil (SCALA). Le PROSARO (ou PIANO) et les solutions à base de metconazole (SUNORG PRO) peuvent aussi trouver un intérêt plus spécifiquement sur rouille.
Les attaques de botrytis sont d’autant plus difficiles à gérer, qu’elles ne sont pas prises aussitôt l’apparition des symptômes. Dès la mi-mars, si les symptômes apparaissent, une première intervention à base de SCALA 0.75 l/ha + AMISTAR 0.5 l/ha est à réaliser. Il s’agit de situations à forte pression. Une seconde intervention d’AMISTAR peut-être réalisée à partir du début floraison. Une troisième application pourra être réalisée entre floraison + 15 j et la fin floraison pour gérer les premières attaques de rouille et compléter le programme sur botrytis.
Photo 3 : Symptômes de rouille et botrytis sur fèverole
Dans des conditions de pression moyenne, avec apparition des premiers symptômes de botrytis autour de la floraison, la première application d’azoxystrobine, associée ou non à du SCALA peut être réalisée début floraison, avant de revenir si besoin avec de l’azoxystrobine entre 15 et 30 jours plus tard selon l’évolution de la maladie. En cas d’une seconde application, et si de la rouille apparait par la suite, il sera toujours possible de réintervenir avec du metconazole (SUNORG PRO).
Thrips, sitones et pucerons, les ravageurs à surveiller dès la levée sur légumineuses de printemps
Les semis des légumineuses à graines de printemps – pois, féverole, lupin et lentille – se préparent ou sont en cours. La surveillance débute dès la levée pour certains ravageurs. Retour sur les méthodes d’observations, les seuils et les interventions possibles. Le pois chiche n’est pas affecté par ces insectes de début de cycle.
Le sitone, le ravageur toujours ponctuel
Les sitones sont des charançons de grande taille, de couleur gris verdâtre à brun-rouge. Actif à partir de 12°C, leur présence dans les parcelles se traduit par des encoches semi-circulaires sur le bord des feuilles qui présentent alors un aspect dentelé. Cette activité d’alimentation n’est pas nuisible. En revanche, les larves le sont en détruisant les nodosités compromettant l’alimentation en azote des légumineuses. Les larves étant non atteignables, la lutte vise les adultes.
Larve de sitone dans nodosité - Encoches sur feuilles - Sitone adulte (photos L.jung - Terres Inovia)
Une observation simple : surveiller les encoches semi-circulaires sur les feuilles à partir de la levée.
Pois protéagineux : surveillez les parcelles de la levée jusqu'au stade 5-6 feuilles du pois de printemps et jusqu’à 8-10 feuilles du pois d’hiver. Intervenir à partir de 5 à 10 encoches par plante sur les 1ères feuilles émises. Maintenir ensuite la surveillance et réintervenir si le seuil est à nouveau dépassé sur les jeunes feuilles émises avant 6 feuilles du pois de printemps et 10 feuilles du pois d’hiver.
Féverole, lentille et lupin : la présence de nombreuses encoches sur l’ensemble des étages foliaires avant 6 feuilles peut justifier une intervention. Pour la lentille, les feuilles sont particulièrement petites et peuvent facilement tomber, n’hésitez pas à surveiller également les racines avec les attaques des larves sur les nodosités.
Si les seuils sont atteints, un traitement à base d’un pyréthrinoïde homologué est recommandé. L’intervention sera d’autant plus efficace que les sitones sont actifs (temps ensoleillé, sans vent). Ne plus intervenir au-delà de 6 feuilles (10 feuilles du pois d’hiver) : passer ce stade, l’essentiel des pontes a déjà eu lieu. Si les adultes sont observables tout au long de la campagne, la nuisibilité des larves devient négligeable au-delà de ce stade.
Le thrips, le ravageur discret
Le thrips est un insecte minuscule de 1 mm brun foncé et de forme allongée, difficilement observable directement sur les plantes. Il est actif dès que la température atteint les 7-8°C. Il pique les plantes pour se nourrir et injecte alors une salive toxique, provoquant des réactions physiologiques tels que le nanisme des plantes, la crispation des feuilles avec des tâches jaunes et brunes et développant de nombreuses ramifications. La nuisibilité des thrips est accentuée si la plante est jeune et peu poussante.
Les pois, les lupins et les lentilles sont concernés par cet insecte, par contre la nuisibilité est faible sur les féveroles.
Une astuce pour l’observation : les thrips étant très petits, il est recommandé pour les dénombrer de prélever des plantes et les mettant dans un sac transparent laissé au soleil. Au bout d’une dizaine de minutes, les thrips vont s’agglutiner sur la paroi du sac, permettant de relever leur nombre par rapport au nombre de plantes dans le sac.
Pois protéagineux : la surveillance se fait de la levée au stade 3 feuilles du pois de printemps. Une intervention est recommandée si l’on dénombre 1 thrips par plante en moyenne. Il n’a jamais été observé de dégâts de thrips en pois d’hiver.
Lupin : Surveillance de la levée à 3 feuilles. Intervention recommandée si forte présence.
Lentille : Surveillance de la levée à 4 feuilles. Intervention recommandée si forte présence. Comme pour les sitones si un traitement est nécessaire, utiliser un pyréthrinoïde homologué.
Le puceron, attention en cas d’hiver doux
Le pois et la lentille sont généralement colonisés par des pucerons verts du pois (Acyrthosiphon pisum). Celui-ci présente une couleur verte à rose et se cache souvent sous les feuilles et dans les nouvelles feuilles émergentes et plus tard dans les boutons floraux.
La féverole est préférentiellement colonisée par le puceron noir de la fève (Aphis fabae) qui s’agglutine en manchons de plusieurs centimètres sur les tiges et est bien visible. Le puceron vert du pois Acyrthosiphon pisum peut également être observé en fin de cycle sur féverole.
Le lupin peut être colonisé par Macrosiphon albifrons, gros puceron bleu-vert-gris spécifique des plantes du genre Lupinus, mais dont la présence en parcelle est très rare.
Les pucerons arrivent habituellement vers la floraison. Cependant, certaines années, les populations peuvent arriver plus tôt en végétation comme en 2020. Les pucerons, en plus de ponctionner la sève, peuvent transmettre des virus. Ces viroses sont d’autant plus nuisibles qu’ils infectent les plantes à des stades jeunes sur des plantes stressées. A partir de la floraison, le risque viroses diminue mais il faut prendre en compte les dégâts directs liés aux piqures : avortements de boutons floraux et de jeunes gousses.
Le test de la feuille blanche pour observer le puceron vert : le puceron vert est souvent caché et peu visible par sa couleur verte. Pour mieux l’observer, il suffit de prélever des plantes et de les secouer au-dessus d’une feuille blanche. Les pucerons verts du pois ont une faible adhérence à la plante et tombent facilement.
Les seuils d’intervention varient selon la culture, le stade et le type de puceron. Les produits à appliquer varient selon le stade et la culture mais avant toute intervention, rester attentif à la présence d’auxiliaires (coccinelles, syrphes…) qui permettent de réguler les populations de pucerons :
| Stades | Pois | Féverole | Lentille |
| Levée – 6 feuilles (1) | ≥ 10% plantes avec pucerons Préférentiellement Pyréthrinoïde autorisé ou KARATE K | ≥ 10% plantes avec pucerons Pyréthrinoïde autorisé | |
| 6 feuilles – avant début floraison (2) | ≥ 10-20 pucerons/plante KARATE K, MAVRIK JET, TEPPEKI | ≥ 10-20% plantes avec pucerons KARATE K, MAVRIK JET, TEPPEKI | ≥ 10% plantes avec pucerons TEPPEKI |
| Floraison (3) | ≥ 20-30 pucerons/plante MAVRIK JET, TEPPEKI | ≥ 20% plantes avec manchons (4) MAVRIK JET, TEPPEKI | ≥ 2-3 pucerons/plante TEPPEKI |
Tenir compte du pourcentage de plantes avec pucerons aux stades précoces, avec un seuil d’intervention à 10%
(1) Si présence simultanée sitones et seuil dépassé, choisir une solution également autorisée sitones. Il est préférable de conserver les aphicides spécifiques pour de plus fortes infestations et/ou pour leur autorisation durant la floraison.
(2) Si une nouvelle intervention est nécessaire en floraison, KARATE K ne sera pas utilisable en pois ou féverole (absence de mention abeille). Seuls MAVRIK JET et TEPPEKI seront utilisables selon la culture mais attention, leur utilisation est limitée à une application.
(3) KARATE K n’est pas utilisable en floraison du pois ou de la féverole car il ne bénéficie pas de mention “abeille”. L’utilisation de MAVRIK JET et TEPPEKI est limitée à une application.
(4) Lorsque les pucerons se développent et forment une colonie de plusieurs dizaines ou centaines d’individus accolés sur les tiges et forment une tache noire d’au moins 1 cm de long, on parle de manchon.
Nouvelles recommandations d’emploi pour Teppeki/Afinto Il est recommandé de ne plus utiliser d’adjuvant ou d’huile pour les cultures suivantes : pois protéagineux et fourragers, féverole, lupin, pois écossés frais, fève sèche, haricots secs, pois secs, pois chiche, et lentille sèche. Les autres conditions d’emploi restent inchangées. |
Protection des abeilles et autres insectes pollinisateurs durant la floraison La phrase SPe 8 définit les conditions suivantes : dangereux pour les abeilles. Pour protéger les abeilles et autres insectes pollinisateurs, ne pas appliquer durant la floraison ou selon les AMM (autorisation de mise en marché) plus anciennes, ne pas appliquer durant la floraison ou en période de production d’exsudats. L’application est possible pour les usages bénéficiant des mentions "emploi possible ", "emploi autorisé durant la floraison en dehors de la présence d'abeilles" ou pour les anciennes AMM, les mentions F, PE et FPE. L’arrêté du 20 novembre 2021 encadre les horaires d’application durant la floraison : dans les 2 heures qui précèdent le coucher du soleil et dans les 3 heures qui suivent le coucher du soleil. Cette obligation est étendue aux fongicides et aux herbicides. A terme (renouvellement des AMM), l’autorisation d’application en floraison sera conditionnée par l’AMM, toujours dans le respect des horaires. Lorsque des interdictions supplémentaires sont mentionnées sur l’étiquette des produits, elles doivent s’appliquer.
Mélanges |
Combiner les moyens pour désherber ses pois et féveroles de printemps
Avec les semis en cours ou bientôt réalisés pour les pois et féveroles de printemps, il est temps de prévoir votre stratégie de désherbage en fonction de la flore connue sur la parcelle.
Une application en prélevée : une solution sécurisante
Dans les situations de fortes infestations en dicotylédones concurrentielles (gaillet, renouées, matricaire) ou difficiles à maîtriser uniquement en post-levée (éthuse, arroche, renouée des oiseaux), une stratégie « tout en prélevée » offre un choix de produits plus large pour sécuriser la culture, mais reste plus onéreux.
La prélevée doit s’effectuer au plus près du semis, sur des semences recouvertes de terre et un sol rappuyé, afin de limiter les risques de phytotoxicité. Excepté dans les sols battants, un roulage est conseillé afin de bien recouvrir la graine avant toute intervention.
Un sol frais au moment du traitement et une légère pluviométrie dans les jours qui suivent sont les conditions idéales pour une bonne efficacité. Dans le cas de relevées d’adventices ou d’efficacité insuffisante (sol sec), un rattrapage en post-levée est possible.
Pour rappel, la féverole possédant moins de solutions de rattrapage en post-levée que le pois, la prélevée est importante pour assurer une bonne maitrise des adventices.
Une application en post-levée seule
Dans le cas de parcelles à faible infestation et/ou de flore connue, le choix d’une intervention unique en post-levée peut être suffisante. Veiller à intervenir sur des adventices jeunes (stade cotylédon à 2-3 feuilles), dans des conditions poussantes et en dehors de fortes amplitudes thermiques.
Certains programmes peuvent se fractionner afin d'augmenter l'efficacité contre certaines adventices. Espacer alors les deux interventions de 10-15 jours minimum.
Un programme de prélevée et post-levée
Un programme complet (pré+post) permet de maitriser de très fortes infestations ainsi que des levées échelonnées d’adventices tout en maitrisant le coût de son désherbage. Les adventices les plus difficiles à contrôler orientent le choix du ou des produits appliqués en prélevée.
Pour maîtriser les coûts, appliquer le produit de prélevée à une dose inférieure à la dose homologuée (3/4 de celle-ci), puis appliquer en post-levée sur des adventices jeunes des produits à faible dose.
Pour rappel, les différents produits à base de pendiméthaline, imazamox et bentazone ne sont plus mélangeables. Leur application dans un même programme en post-levée doit se faire en 2 applications – se référer aux délais de rentrée des différentes spécialités pour recomposer l’association initialement visée.
Pois de printemps :
Féverole de printemps :
Rappel des règles d’utilisation de l’aclonifen (CHALLENGE 600 ou COLT/PAPEL) en pré et post-levée à ce lien.
| Nouveauté ! Historiquement restreint en plages d’utilisation, BISMARK CS est désormais utilisable en prélevée (BBCH00 à BBCH07) des pois et féverole quelle que soit la date d’implantation de ces cultures. Retrouvez nos recommandations d’associations de cette spécialité et les flores visées en suivant les liens ci-dessus. |
Gestion des graminées
Problématique montante dans les parcelles de protéagineux de printemps, la gestion des graminées ne doit pas être négligée. Les bases de pendiméthaline en prélevée telles que le NIRVANA S et le PROWL 400 présentent une efficacité modérée et complèteront l’action d’un antigraminée à action foliaire.
Les antigraminées à action foliaire ont une bonne efficacité en l’absence de résistance aux FOP et DIME.
Désherbage mécanique : une solution efficace en conditions sèches
Avec des printemps parfois secs, le désherbage mécanique peut apporter une aussi bonne efficacité que certains programmes chimiques. Également, les stratégies mixtes associant prélevée chimique et post-levée mécanique sont des solutions efficaces si la météo est favorable. Elles sont moins onéreuses et faciles à mettre en œuvre, d’autant plus pour la féverole qui présente peu de solutions chimiques de rattrapage. Pour rappel, les interventions mécaniques gagnent en efficacité si elles s’effectuent avec 2 journées de beau temps avant et après.
Pois de printemps : Le désherbage en plein et la bineuse céréales sont possibles tant que les vrilles ne sont pas trop développées (4-5 feuilles max).
- Avant la levée : un passage de herse étrille est possible, à l’aveugle, dès que la portance du sol est suffisante, sur des adventices jeunes et donc faciles à détruire.
- A la levée : la houe rotative est la plus sélective sur les pois à ce stade. Elle est particulièrement adaptée aux sols limoneux. Son efficacité est liée au stade des adventices (fil blanc à 2 feuilles maximum).
- Après la levée : effectuer un passage avec la herse étrille avant le stade 5 feuilles. Ne plus intervenir dès que les vrilles du pois sont développées ; les risques de pertes de plantes par arrachage sont élevés.
► Stratégies de désherbage mécanique ou mixte du pois
Féverole de printemps : Les passages mécaniques peuvent s’opérer jusqu’à tard, notamment pour la bineuse, tant que la hauteur du couvert le permet. Généralement, passé 6 feuilles, le risque de casse de tige augmente. Les interventions sont donc à bien raisonner passé ce stade. Aux stades antérieurs, la herse étrille peut présenter de bons résultats sur des adventices jeunes. La houe rotative ayant une efficacité moindre, est à réserver plutôt aux sols limoneux qui valoriseront sa fonction d’écroûteuse. L’intérêt de la bineuse est de pouvoir intervenir sur des adventices plus développées.
Pour les féveroles semées à grand écartement (>45cm), la combinaison d’un herbicide localisé sur le rang avec un binage réalisé en différé quand les pédoclimatiques sont idéales présentera une très bonne efficacité pour une charge maitrisée.
► Stratégies de désherbage mécanique ou mixte de la féverole
Auteurs :
Agathe Penant – a.penant@terresinovia.fr - Référente protéagineux zone Centre & Ouest
Bastien Remurier - b.remurier@terresinovia.fr - Référent protéagineux zone Nord & Est
Fanny Vuillemin - f.vuillemin@terresinovia. fr - Chargée d'étude Gestion intégrée des adventices
Gwénola Riquet - g.riquet@terresinovia.fr - Ingénieure développement Gestion des maladies Intrants et Biocontrôle
Gestion des maladies aériennes de la féverole
Ces derniers jours, les premiers symptômes de botrytis observés sur féveroles tendent à se développer. L’identification précoce de ces premiers symptômes est indispensable dans le cadre de la gestion préventive du développement de la maladie.
Agir dès l’apparition des premiers symptômes de botrytis
Le botrytis est très présent dans le sud-ouest. Il se développe en particulier dans les situations de semis précoce. Cette relation entre la surface nécrosée par le botrytis en fonction de la date de semis, est illustré par le graphique ci-contre.
Figure 1 : Relation entre la date de semis et la surface foliaire de la féverole nécrosée par le botrytis.
Caractérisée par de petites tâches de 2-3 mm qui s’agrandissent pour former entre elles des tâches rondes ovales entourées d’un halo brun, la maladie conduit à la nécrose et à la chute prématurée des feuilles. Ces symptômes peuvent s’observer également sur tige avec des tâches plus allongées mais plus rarement sur gousses.
Le botrytis ne doit pas être confondu avec l’ascochytose de la féverole qui se manifeste par rarement plus de 2 tâches par feuille. Il s’agit de tâches diffuses au centre plus clair (type brûlure de cigarette). Voir les photos ci-dessous.
traduit les résultats obtenus en 2023. On y observe que la surface foliaire touchée par le botrytis sur le témoin est de 65% au 15/05 et de 92% au 06/06.
Le T1 a été réalisé peu de temps après l’apparition des premiers symptômes correspondant au début floraison, le 11/04. Le T2 a été réalisé à T1+24 jours, soit le 05 mai.
Nous remarquons que les stratégies en 2 passages, soit avec l’AMISTAR solo soit associé au SCALA, ont permis de réduire très nettement l’attaque. Le contrôle précoce de l’attaque, à l’apparition des premiers symptômes se traduit par un gain de rendement important, passant de 15q/ha sur le témoin à environ 30 q/ha sur ces 2 modalités.
La stratégie consistant à faire une impasse sur le T1 puis un AMISTAR en T2 a tout de même permis une réduction significative des attaques et un gain de rendement de 8 q/ha par rapport au témoin, dans le contexte 2023. Elle présente donc tout de même un intérêt, mais reste en net retrait par rapport à la stratégie en 2 passages.
La gestion du botrytis s’intègre dans une stratégie plus globale des maladies
Autre maladie impactant la féverole, la rouille est une maladie également très présente dans le sud-ouest où elle est au moins autant, voire plus nuisible que le botrytis sur ces dernières campagnes. Des pustules orangées, caractéristiques de la rouille peuvent apparaitre dès début mai, favorisée par les températures supérieures à 20°C en conditions humides.
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| Figure 3 : Résultats d'efficacité fongicide et rendement de la féverole, à Condom en 2023 | Figure 4 : symptôme d'ascochytose sur feuilles de féverole |
La stratégie de lutte doit prendre en compte le risque vis-à-vis de ces deux principales maladies : botrytis et rouille. Elle repose en particulier sur l’azoxystrobine et le pyrimethanil (SCALA). Le PROSARO (ou PIANO) et les solutions à base de metconazole (SUNORG PRO) peuvent aussi trouver un intérêt plus spécifiquement sur rouille.
Les attaques de botrytis sont d’autant plus difficiles à gérer, qu’elles ne sont pas prises aussitôt l’apparition des symptômes. Dès la mi-mars, et même courant février cette année, si les symptômes apparaissent, une première intervention à base de SCALA 0.75 l/ha + AMISTAR 0.5 l/ha est à réaliser. Il s’agit de situations à forte pression. Une seconde intervention d’AMISTAR peut-être réalisée à partir du début floraison. Une troisième application pourra être réalisée entre floraison + 15 j et la fin floraison pour gérer les premières attaques de rouille et compléter le programme sur Botrytis.
Dans des conditions de pression moyenne, avec apparition des premiers symptômes de botrytis autour de la floraison, la première application d’azoxystrobine, associée ou non à du SCALA peut être réalisée début floraison, avant de revenir si besoin avec de l’azoxystrobine entre 15 et 30 jours plus tard selon l’évolution de la maladie. En cas d’une seconde application, et si de la rouille apparait par la suite, il sera toujours possible de réintervenir avec du metconazole (SUNORG PRO).
Vos contacts régionaux
- Arnaud Micheneau (a.micheneau@terresinovia.fr) - Sud Nouvelle Aquitaine, Gers, Hautes-Pyrénées
- Quentin Lambert (q.lambert@terresinovia.fr) - Ouest Occitanie
- Laura Cipolla (l.cipolla@terresinovia.fr)- Auvergne-Rhône-Alpes, PACA
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