Cuvette jaune : un piège à insectes éprouvé dans le colza

Pratique, fiable, efficace. Cet outil de capture nécessite toutefois que certains paramètres soient respectés et que son entretien soit régulier pour maximiser son efficacité.

Dans le colza, parmi tous les pièges à ravageurs que Terres Inovia a testés, les cuvettes jaunes sont les plus simples d’utilisation et les plus fiables. Toutefois, leur efficacité dépend de plusieurs paramètres : la date de mise en place dans la parcelle, la hauteur, le positionnement, le nombre.

Positionnées dès le semis à l’automne à au moins 10 m de la bordure de la parcelle de colza, les cuvettes sont enterrées ou positionnées à hauteur de végétation, selon le ravageur ciblé (voir encadré 1).

  • Enterrée : efficace vis-à-vis de l’altise d’hiver (ou grosse altise), qui se déplace par petits sauts au niveau du sol et n’est pas attirée par le jaune. Pour ce faire, creuser un trou pour que le bord de la cuvette soit au niveau du sol. Les insectes sont d’autant plus piégés qu’ils sont nombreux et aussi actifs.
  • Sur végétation : les autres coléoptères ravageurs du colza sont attirés par la couleur jaune. La cuvette doit donc rester bien visible pour détecter les vols de ravageurs. Au semis, positionner la cuvette sur le sol puis la remonter au fil de la campagne afin que le fond du piège soit à la hauteur de la végétation. Ces pièges sont efficaces lorsque les insectes arrivent dans les parcelles.

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Attention à l’interprétation

Que la cuvette soit enterrée ou sur végétation, le nombre de captures n’est jamais corrélé au nombre d’insectes présents dans la parcelle et encore moins aux dégâts potentiels. Les captures sont liées aux conditions climatiques et à l’exposition (température, vent, ensoleillement).

La cuvette enterrée sera efficace tant que les grosses altises seront présentes dans la parcelle tandis que les cuvettes sur végétation ne vont piéger les insectes que lors de leur arrivée. La cuvette est importante pour la gestion des charançons de la tige du colza et du bourgeon terminal, qui sont des insectes très discrets et uniquement observables avec cet outil. Leur capture étant plus difficile que sur d’autres espèces, les réseaux de piégeages, qui servent à établir les bulletins de santé du végétal, fiabilisent les observations. 

En complément des piégeages, l’observation sur plantes est indispensable pour prendre la décision d’intervenir ou non : pression insectes et/ou dégâts et aussi le contexte agronomique (ici et ). 

Des modèles pour donner le coup d’envoi

Deux outils de prédiction des vols, pour le charançon du bourgeon terminal et le charançon de la tige du colza, sont disponibles gratuitement sur le site de Terres Inovia. Les modèles construits grâce au données collectées dans le BSV informent sur la probabilité statistique de capturer en cuvette, selon la localisation géographique. Ces outils ne fournissent pas de conseil de traitement mais alertent quant à l’ouverture de la période d’observation. La surveillance de la parcelle et la consultation du BSV restent indispensables. Voir l'outil de prédiction des vols de ravageurs de Terres Inovia.


Contact : Céline Robert, c.robert@terresinovia.fr

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Plan de sortie du phosmet : leviers testés et perspectives attendues

Un collectif d’acteurs de la recherche, publique et privée, et du développement agricole s’est mobilisé sur l’ensemble du territoire sur la gestion des ravageurs d’automne du colza.

Le phosmet était le dernier insecticide efficace pour protéger les colzas des attaques d’altises d’hiver et du charançon du bourgeon terminal dans les zones de résistances aux pyréthrinoïdes. Depuis son retrait, la filière colza et les pouvoirs publics ont mis en œuvre le Plan de sortie du phosmet de 2022 à 2025 (1). Son objectif était d’identifier et déployer des stratégies alternatives pour réduire durablement les ravageurs d’automne du colza. Ce programme a donc développé et testé une diversité de leviers appliqués à plusieurs échelles dans une perspective de gestion intégrée des ravageurs d’automne du colza. La plupart des projets du Plan de sortie du phosmet s’achèvent fin 2025 (encadré : Colloque final – 24 mars 2026 à Paris).

Des leviers prometteurs

Certains projets présentent des résultats prometteurs. C’est le cas de la manipulation du comportement de l’altise par l’utilisation de plantes de services et des composés qu’elles émettent. Des brassicacées plus attractives que le colza (navette, chou chinois, radis chinois) ont été caractérisées et testées dans diverses stratégies au champ et à l’échelle du territoire (Ctrl-Alt, Inrae ; Adaptacol², Terres Inovia et partenaires régionaux). En parallèle, les composés qu’elles émettent ont été identifiés et formulés afin d’optimiser le détournement de l’altise du colza soit par des composés dissuasifs (Colzactise, De Sangosse et Inrae), soit des composés volatils attractifs (Ctrl-Alt, Inrae et Agriodor). Ces travaux se poursuivent pour confirmer les efficacités au champ et concevoir les stratégies applicables par les agriculteurs.

Autre exemple, l’utilisation d’acariens prédateurs du sol pour réduire les dégâts causés par les larves d’altises (Moplah, Evolutive Agronomy). Les premiers résultats en laboratoire témoignent d’un bon potentiel de prédation de certaines espèces d’acariens compatibles avec les conditions d’utilisation au champ. Ces résultats restent à confirmer, pour cela, des premiers essais en conditions réelles sont prévus à l’automne 2025.

Grâce au projet Resalt (Inrae, Innolea, Terres Inovia et dix obtenteurs), des progrès sur le levier variétal se dessinent. Chez le colza, parmi 300 génotypes élites évalués, issus des principaux semenciers français, une dizaine présentent de bons comportements face à l’altise. En complément, au sein de 150 accessions de choux, des résistances plus fortes ont été identifiées. Ces approches ouvrent la voie à une diversification des ressources génétiques sur ce critère.
Pour ces leviers, les premiers résultats prometteurs doivent encore être confirmés au champ pour espérer compléter demain la palette de moyens d’action disponibles pour les agriculteurs.

Une dynamique commune

Des actions concrètes sont déjà mises en œuvre par les agriculteurs et leurs conseillers pour appliquer des leviers de robustesse du colza face aux ravageurs d’automne. Les six comités régionaux, animés par Terres Inovia dans Adaptacol², ont contribué à l’acquisition de références sur le terrain et à leur diffusion. En guise d’exemples, depuis 2023, l’évaluation variétale intègre un critère sur le meilleur comportement vis-à-vis des ravageurs (www.myvar.fr).

De plus, depuis l’automne 2024, l’apport d’azote minéral en végétation à l’automne est rendu possible, sous conditions dans la plupart des régions (7e Programme d’actions régional nitrates (2)) et peut contribuer à favoriser l’obtention d’un colza robuste vis-à-vis des ravageurs. En complément, les plantes de services – au sein d’intercultures-pièges à base de radis chinois – contribuent à diluer la pression des ravageurs. 

En trois ans, le Plan a permis de clore certaines pistes pour mieux concentrer les efforts de développement et de transfert sur celles qui s’avèrent les plus prometteuses. Au-delà de l’identification et du déploiement de leviers de gestion, un collectif inédit d’acteurs de la recherche, publique et privée, et du développement agricole s’est mobilisé sur l’ensemble du territoire sur la gestion des ravageurs d’automne du colza (figure 1).

Figure 1: Dispositifs d’acquisition de références
​​​​​​​et de transfert conduits dans Adaptacol² (source : Terres Inovia)

 

Colloque final – 24 mars 2026 à Paris

Le Plan de sortie du phosmet touche à sa fin. L’ensemble des résultats sera présenté lors d’un colloque final, organisé à Paris le 24 mars 2026. Chercheurs, instituts techniques, acteurs de la filière et agriculteurs y partageront leurs acquis et perspectives pour la gestion durable des ravageurs d’automne du colza. Inscriptions en ligne, dans la rubrique Evénements.

 

Testés et non approuvés

Le projet Adaptacol² a contribué à obtenir un positionnement technique sur des produits non-concluants pour réduire la nuisibilité des ravageurs. Des mélanges de variétés de colza ont été testés pour détourner les ravageurs d’automne de la culture d’intérêt. Après 3 campagnes et plus 70 essais, aucune efficacité n’a pu être mise en évidence avec les variétés disponibles aujourd’hui. Des biostimulants ont aussi été testés pour réduire la nuisibilité des ravageurs. Sur les 7 biostimulants testés dans 30 essais, aucun n’a montré un effet sur le gain de biomasse, la réduction des dégâts ou le rendement. Ces pratiques sont donc déconseillées.

Pour d’autres projets, les travaux ont permis de clore le développement de solutions. Le projet Velco-A (porté par BASF) a étudié l’utilisation d’un produit de biocontrôle à base de champignon pour réduire les émergences d’altises. Malgré des résultats prometteurs au laboratoire, la variabilité des efficacités au champ n’a pu être expliqué, ce qui a conduit la firme à suspendre le développement du produit. Le projet DS-Alt (porté par De Sangosse) a exploré en 2024 un produit à base d’extraits de plantes pour gérer les altises adultes. Il a été suspendu en raison de contraintes réglementaires.

 

(1) Terres Inovia et Inrae coordonnent le Plan de sortie du phosmet, lequel s’articulent autour d’onze projets, qui mobilisent une trentaine d’acteurs de la recherche publique et privée, et une centaine d’acteurs du développement.

(2) https://www.prefectures-regions.gouv.fr/bourgogne-franche-comte/Actualites/Signature-du-7e-PAR-Nitrates

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Contact : Laurine Brillault, l.brillault@terresinovia.fr 

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Méca-Culturales : retour sur l’édition 2025

Un bel événement de rentrée attendait le monde agricole : les 10 et 11 septembre, le salon au champ des Méca-Culturales, à Saint-Agnet, au cœur des Landes, a accueilli plus de 12 000 visiteurs. Terres Inovia était bien-sûr présent pour rencontrer les agriculteurs et les acteurs de terrain. 

25 collaborateurs de l'institut technique étaient mobilisés

Les Méca-Culturales, organisées par Arvalis et l’association des CUMA du bassin de l’Adour, ont eu lieu, au cœur des Landes, à Saint-Agnet. Ce salon agricole au champ a réuni plus de 200 exposants pour présenter aux acteurs de terrain et aux agriculteurs les innovations agronomiques, techniques et du machinisme agricole. 

Répondre aux questions concrètes de terrain et partager les dernières références

Terres Inovia a bien entendu répondu présent pour cet événement. Dans les espaces techniques, 25 experts de l’institut technique étaient mobilisés, répartis dans les différents ateliers thématiques — agriculture biologique, couverts et fertilité des sols, et agriculture de conservation des sols —et dans un espace spécifiquement dédié aux oléo-protéagineux. « Cette édition 2025 a été une occasion unique et privilégiée pour les visiteurs de venir rencontrer directement les experts de l’institut. Nous avons pu répondre aux questions concrètes du terrain, ajuster les recommandations à la réalité des parcelles et partager les dernières références acquises », souligne l’équipe Sud de Terres Inovia.

Des attentes fortes pour mieux lutter contre les ravageurs du soja

Les experts de Terres Inovia ont pu répondre aux intérrogations des agriculteurs présents

  • En soja, culture bien présente du secteur, les spécialistes ont pu aborder les leviers pour optimiser la gestion de l’irrigation, avec une attention particulière portée aux spécificités pédoclimatiques locales. La gestion des ravageurs - enjeu majeur pour les producteurs- a ainsi fait l’objet d’un état des lieux complet à partir des derniers résultats d’essais et des connaissances sur la biologie de l’héliothis, de la pyrale du haricot et des punaises. « Nous avons noté une forte attente du public sur les problématiques liées aux ravageurs ». L’institut a ainsi pu valoriser les références sur trois principaux ravageurs du soja. 
  • En tournesol, le positionnement du semis a été au cœur des échanges, avec un focus sur les créneaux d’implantation les plus favorables à l’expression du potentiel de la culture. Les risques liés aux maladies, leur reconnaissance et les bons réflexes à adopter selon le contexte agronomique ont été également abordés.
  • En colza, le positionnement du semis, déterminant pour une bonne implantation, et le désherbage des graminées, avec un zoom sur le ray-grass, une adventice de plus en plus problématique, ont été au cœur des échanges.

Le stand de Terres Inovia aux Meca-Culturales

Au-delà de ces cultures phares, toutes les questions relatives aux itinéraires techniques des espèces suivies par l’institut — pois, féverole, pois chiche, lin, lentille, lupin, chanvre, cameline —ont permis aux agriculteurs et conseillers techniques de conforter ou d’ajuster leurs pratiques.

 

En bio, la diversification et la fertilité des sols au cœur des discussions

Les Méca-Culturales comportaient également un espace bio. Le soja a ainsi été mis à l’honneur. « Bien que le soja ne soit pas un pilier économique des rotations bio du secteur, il reste une culture phare de diversification », précise Cécile Le Gall, animatrice du programme d’actions bio de Terres Inovia.

Tout comme en conventionnel, les échanges ont principalement portés sur la gestion des ravageurs et du désherbage, mais aussi le choix et le réglage des outils.

L’amélioration de la fertilité des sols, notamment dans les sols à base de sable, est apparu comme une source de questionnements. Les leviers à mettre en œuvre, tout autant que les indicateurs nécessaires pour en suivre les effets, ont fait l’objet de nombreuses discussions.

 

 

 

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Ravageurs du soja : Terres Inovia intensifie ses recherches en 2024

En raison des fortes attaques de pyrale du haricot sur les parcelles de soja en 2022 et 2023, l’institut avait mis en place plusieurs essais et réseaux de piégeage. Mais la campagne 2024 a été différente puisque le petit papillon a laissé la place à l’héliothis et les observations confirment ce qui avait été précédemment observé sur pois chiche.

 

Les attaques d’héliothis en août 2024 soulignent l’importance d’intervenir
tôt après les premières arrivées sur la parcelle.
Crédit : Quentin Lambert, Terres Inovia.

La pyrale du haricot (Etiella zinckenella) a causé d’importants dégâts en 2022 et 2023 dans les zones de production du soja en sec du Sud-Ouest notamment. Compte tenu de ce passif, Terres Inovia avait mis en place plusieurs dispositifs (essais et réseaux de piégeage) en 2024 de façon à progresser sur l’identification des moyens de lutte chimique et avec des trichogrammes entre autres, car « ceux-ci ne sont pas connus. En termes de solutions, on est un cran en retard », précise Arnaud Micheneau, ingénieur au sein de l’institut.

Très tôt après l’éclosion de l’œuf déposé par les femelles adultes, la larve de pyrale du haricot pénètre dans les gousses de soja, inflige des dégâts aux graines et est ainsi protégée de toute action de contact de l’insecticide. De plus, il est difficile d’atteindre par pulvérisation les individus présents sur les gousses les plus basses en raison de l’architecture du couvert de soja. Les essais mis en place dans le cadre de la lutte insecticide conventionnelle et biocontrôle avaient donc pour but de toucher les adultes à leur arrivée sur les parcelles. Toutefois, cette application sur les adultes pourrait avoir une action collatérale/secondaire (non encore mesurée) sur les larves lors de l’ingestion au moment où elles pénètrent dans les gousses.

Poursuivre l'évaluation des moyens de lutte

L’impact de la pyrale du haricot a été gobalement négligeable en 2024, toutefois un des deux essais Terres Inovia en Haute-Garonne a subi des dégâts importants (50 % de gousses attaquées dans le témoin non protégé) ; il a permis d’évaluer certaines solutions d’intérêt. La lambda-cyhalothrine, autorisée pour deux applications contre les punaises sur soja (modalité Karaté Zéon appliquée ici trois fois) a réduit le pourcentage de gousses attaquées à 20% ; avec deux applications de chlorantraniliprole (Coragen/Altacor), le pourcentage de gousses attaquées tombe à 10-15%.

Les efficacités obtenues sont encourageantes, de l’ordre de 60 à 80% (figure 1). Cependant le chlorantraniliprole (Coragen/Altacor) n’est pas homologué en soja, mais a fait l’objet d’une demande de dérogation par Terres Inovia en 2025. Des résultats complémentaires dans un essai punaise ont confirmé un intérêt de lutter contre l’adulte et d’appliquer de la lambda-cyhalothrine sur la deuxième quinzaine d’août dans le contexte 2024.

La détection du vol des pyrales de haricot, grâce au piégeage est un préalable indispensable au bon positionnement de la lutte, sur lequel, les travaux se poursuivent en 2025. 

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Des pistes vers des solutions efficaces contre l’héliothis

Ainsi, les redoutées punaises (Nezara viridula) et pyrales du haricot ont été discrètes en 2024, mais les héliothis (Helicoverpa armigera) ont été particulièrement présents et nuisibles dans certains cas. « Les essais pyrale du haricot ont néanmoins été conservés pour mesurer l’efficacité des solutions contre l’héliothis. Leur objectif initial a donc divergé de la valorisation », souligne Arnaud Michenau.

Première observation : la lambda-cyhalothrine, homologuée en soja contre la punaise verte mais qui ne bénéficie pas d’un usage contre héliothis, perd en efficacité. La résistance des populations d’héliothis à cette molécule semble généralisée et un insecticide de la famille des pyréthrinoïdes comme la lambda-cyhalothrine ne permettra pas de gérer les populations d’héliothis.

Seconde observation : dans l’essai conduit par la station d’Agen, le chlorantraniliprole (Coragen/Altacor) obtient de bons résultats. Terres Inovia met tout en œuvre avec la société FMC pour déposer auprès du ministère une demande de dérogation art53. Dans l’essai, deux applications ont été réalisées, car le protocole était initialement destiné à lutter contre la pyrale du haricot. « Cependant, par rapport à la problématique héliothis, une seule application suffit, ce qui est important en termes de coût économique », poursuit Arnaud Micheneau.

Troisième observation : parmi les solutions autorisées, les seules efficaces aujourd’hui sont à base de Bacillus thuringiensis ou Bt (Dipel DF testé dans l’essai, ou Costar WG, XenTari) ou à base de virus comme Heéicovex, non testé dans l’essai. Les travaux de l’Unilet, qui font référence en haricot (communication à la conférence Ciraa 2024 de Végéphyl), ne montrent pas de différences notables entre le Bt et Hélicovex dans les essais avec plus de 10% des gousses de haricot attaquées (efficacité respective de 58 et 51%).

Parallèlement, les résultats de l’essai mené au nord d’Agen confirment ceux précédemment acquis sur pois chiche ; et bien qu’il soit géolocalisé puisque c’est une problématique à 80% régionale, les résultats sont exploitables en national.

Intervenir rapidement dès les premières arrivées

Les attaques d’héliothis en août 2024 soulignent l’importance du positionnement avec une intervention rapide après les premières arrivées sur la parcelle. De manière générale l’intervention doit être d’autant plus rapide que les solutions à base de Bt ou de virus sont efficaces sur les premiers stades du ravageur. Un réseau de suivi des vols permettra de mieux positionner les interventions et de les renouveler. En effet, avec les Bt et Helicovex plusieurs interventions sont nécessaires ; selon les conditions météorologiques, il est recommandé de renouveler tous les 10-15 jours si l’activité persiste.

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Contacts  : A. Micheneau, a.micheneau@terresinovia.fr et L. Ruck, l.ruck@terresinovia.fr​​​​​​​ 

Pour relire l'article dans Arvalis & Terres Inovia infos, rendez-vous ici.

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Lancement du projet CONCERTO

Officiellement terminé depuis mars 2024, le projet R2D2 poursuit son engagement auprès des producteurs dans le cadre d’un nouveau projet DEPHY EXPE intitulé Concerto . Si le collectif et les axes de travail restent inchangés, le projet se renouvelle et tire parti des enseignements obtenus après 6 ans d’expérimentation et d’accompagnement au changement.

 

Créer des conditions favorables au changement de pratiques

Avec le projet CONCERTO, l’ambition initiale du projet R2D2 est réaffirmée pour 6 ans sur le territoire d’un millier d’hectares situé sur les plateaux de bourgogne : obtenir des systèmes plus résilients vis-à-vis des dégâts d’insectes et aider les agriculteurs à se passer progressivement d’insecticides sur l’ensemble des cultures de la rotation. 

Pour y parvenir, la stratégie globale reste identique : accompagner le collectif dans le but de créer des conditions favorables au changement de pratiques et à l'aménagement du paysage. 

Elle se décline en 3 axes de travail complémentaires : le déploiement de leviers agronomiques pour des cultures plus robustes, le renforcement des processus de régulation biologique des principaux ravageurs et la mise en œuvre de techniques de manipulations comportementales des ravageurs par l’utilisation de plantes de services.

Un accroissement de la résilience des systèmes

Concerto offre une approche innovante et originale qui s’appuie sur les principes suivants :
•    La concertation entre agriculteurs du territoire afin de converger vers un objectif commun
•    La mise en œuvre de leviers à effets partiels imbriqués de l’échelle de parcelle à l’échelle du paysage
•    La dynamisation des processus biologiques à différentes échelles : vie du sol, régulations naturelles des bioagresseurs
Il vise ainsi l’accroissement de la résilience des systèmes sans compromettre leurs performances

Ce qui change

La Ligue de Protection des Oiseaux (LPO) et le Centre Permanent d’Initiatives pour l’Environnement (CPIE) ont rejoint l’aventure aux côté de Terres Inovia, pilote du projet, et de la Chambre d’agriculture de l’Yonne. 

Ces nouveaux acteurs du territoire vont renforcer l’accompagnement des agriculteurs autour des questions de biodiversité et favoriser ainsi la création et l’entretien d’habitats semi-naturels favorables aux oiseaux, ennemis naturels des ravageurs, insectes pollinisateurs. Des diagnostics réalisés dans les fermes suivis de préconisations vont permettre à chaque agriculteur de s’inscrire dans le projet collectif.

L’accompagnement agronomique des agriculteurs reste une pierre angulaire de la démarche. Il intègrera désormais une nouvelle composante :  la gestion de la fertilité des sols. Sur la base d’un bilan initial, il s’agira, pour chaque agriculteur, d’établir une feuille de route qui lui permette de restaurer progressivement l’équilibre entre les principaux compartiments de la fraction organique de son sol pour un fonctionnement optimal. À l'instar des actions menées pour favoriser les régulations biologiques, ce travail s’inscrit dans une recherche d’autonomie vis-à-vis des intrants chimiques et de résilience face aux aléas.

Toutes les informations sur le projet CONCERTO

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R2D2 : le bilan de cinq ans d’expérimentations

Le projet R2D2 est maintenant terminé. Quels sont les principaux résultats et enseignements de ce projet innovant de gestion agroécologique des ravageurs en grandes cultures ?

 

Initié en 2018, le projet R2D2, piloté par Terres Inovia, a accompagné un collectif de 10 agriculteurs dans une transition vers des systèmes agricoles plus résilients et durables.

Il s’agissait de mettre en œuvre à l'échelle d'un territoire de 1 300 ha en Bourgogne une stratégie de gestion agroécologique des ravageurs de cultures par une combinaison de leviers agronomiques à la parcelle, mais aussi d'aménagements paysagers pour favoriser les insectes auxiliaires. « La finalité était d'essayer de passer d'une gestion des ravageurs individuelle et curative à la parcelle principalement basée sur la chimie à une gestion concertée, préventive à l'échelle d'un territoire combinant l'agronomie aux principes de la lutte biologique par conservation », précise Nicolas Cerrutti, chargé d’études en biodiversité fonctionnelle chez Terres Inovia.

Le point de départ : de l’impasse technique à la mobilisation collective

Le territoire du projet R2D2 se situe dans l’Yonne, l’épicentre de la résistance de l’altise d’hiver et du charançon du bourgeon terminal aux insecticides pyréthrinoïdes. 

Les exploitations agricoles du secteur ont été fortement impactées, contraintes de réduire voire d’abandonner le colza, une culture centrale dans les assolements et pour l’équilibre économique des structures. Les rendements et surfaces en chutes libres ont amené un découragement général.

Cependant, l’impasse technique rencontrée par les agriculteurs a finalement constitué un terreau fertile pour l’impulsion d’une dynamique de changement, avec le projet R2D2.

Retrouver de bons niveaux de rentabilité, relancer la culture du colza et se passer d’insecticides a été l’objectif visé par les agriculteurs qui ont participé au projet.

Pendant cinq ans, le projet a été rythmé de rencontres techniques, de formations, d’ateliers de travail ou encore de voyages d’études. Cet accompagnement a permis d’apporter aux agriculteurs des éléments techniques sur des thématiques nouvelles (régulations biologiques, lutte biologique par conservation, connaissance des insectes…) et de favoriser l’écoute et le partage d’expérience nécessaires pour motiver l’exploration de nouvelles voies en toute sérénité.

Un agriculteur suisse présente ses surfaces de promotion de la biodiversité aux agriculteurs du projet R2D2 lors d’une journée technique (Crédit : N. cerrutti)


Une stratégie qui combine plusieurs leviers

Les agriculteurs ont mobilisé l’ensemble des pratiques agronomiques connues et efficaces pour renforcer la résilience du colza face aux attaques d’insectes.

En concertation, ils ont également imaginé de nouveaux leviers préventifs à grande échelle et les ont intégrés dans une stratégie basée sur les principes de l’agroécologie reposant sur trois axes de travail :

  • Favoriser les insectes auxiliaires pour améliorer le contrôle biologique des insectes ravageurs: création d’habitats semis-naturels, augmentation des ressources fleuries sur le territoire.
  • Limiter les dégâts de ravageurs sur le colza et réduire leurs populations : c'est la technique des intercultures pièges pilotées.
  • Optimiser le parcours de croissance du colza pour réduire la nuisibilité des attaques d’insectes : semis avant le 15 août, association avec la féverole, fertilisation au semis, choix d’une variété vigoureuse au démarrage.

Un niveau de rendement multiplié par deux sur le colza

L’accompagnement a porté ses fruits. En moyenne, sur la période 2019-2023, les surfaces de colza du territoire de travail de R2D2 ont plus que doublé (+120 %). De plus, les rendements ont progressé et se sont stabilisés autour de 3 t/ha alors qu’ils étaient proches de 1,5 t en 2019.

L’Indice de Fréquence de Traitement insecticide a été réduit de 29 % entre la période 2019-2020 et 2021-2023 car les traitements insecticides systématiques -qui concernaient 60 % des surfaces de colza au démarrage du projet- ont été supprimés par le collectif. Depuis 2021, les niveaux de pression des ravageurs d’automne ont été relativement bas et en dessous des seuils indicatifs de risque.

La prise de risque, un frein à la reconception des systèmes

Les couverts d’interculture piège et les pratiques pour obtenir un colza robuste ont été adoptés rapidement, massivement et durablement par les exploitants. « Ils ne présentent pas à leurs yeux de risques particuliers tandis que les gains potentiels sont relativement bien perçus », précise Nicolas Cerrutti. 

En revanche, des freins demeurent pour les leviers qui exigent des changements plus profonds dans les systèmes. Ainsi, les six agriculteurs qui ont implanté des bandes fleuries multi-espèces ne souhaitent pas aller au-delà des 8 ha qu’ils ont initialement mis en place. « S’ils perçoivent bien l’intérêt de ces habitats pour la faune auxiliaire, ils regrettent de ne pas pouvoir évaluer les gains de production directement liés à ces aménagements qui prennent la place de surfaces cultivables », explique Nicolas Cerrutti. De plus, le maintien des fonctionnalités écologiques de ces espaces sur le long terme nécessite un entretien régulier surtout les premières années : les planter ne suffit pas.

Le projet met donc en évidence la nécessité de mobiliser des dispositifs financiers d’accompagnement à la prise de risque des agriculteurs ou de rémunération des services environnementaux. « Cela permettrait d’aller plus loin dans la reconception des systèmes ».

Les expérimentations initiées dans le projet R2D2 vont se poursuivre dans un autre projet, qui démarrera courant 2025.

 

 

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Plan d’action de sortie du phosmet : où en est-on ?

Depuis 2022, le Plan d’action de sortie du phosmet travaille à identifier et déployer des stratégies de protection pour réduire durablement l’impact des ravageurs d’automne sur le colza. Animé par Terres Inovia et INRAE, et soutenu par les pouvoirs publics et la filière colza, ce programme soutient 11 projets innovants portés par des acteurs de la recherche publique et privée, et du développement agricole.

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Retrouvez toutes les informations sur le Plan d'action de sortie du phosmet

Pour partager les avancées de ces travaux, le Plan d’action de sortie du phosmet a organisé un événement, les 5 et 6 novembre 2024, à Rennes. Il a réuni 50 représentants de la recherche publique (INRAE) et privée (firmes phytosanitaires, entreprises de l’Agtech et semenciers), ainsi que du développement agricole avec des organismes de conseils et des distributeurs. 

Objectif ? Faire un point d’étape sur les solutions développées dans les projets du Plan et renforcer le partage d’expériences. Une demi-journée était, en outre, consacrée à visiter les expérimentations en cours au laboratoire et au champ pour favoriser les échanges techniques et scientifiques sur les travaux conduits.

Approfondir les connaissances des ravageurs et de leurs auxiliaires  

  • Le projet AltisOR accélère la découverte des médiateurs chimiques chez l'altise d’hiver pour perturber sa communication olfactive. En analysant le transcriptome des antennes de l’altise, 74 récepteurs olfactifs ont été identifiés, dont 8 se sont fortement exprimés. Ces récepteurs vont être criblés avec un vaste panel de composés volatils, ouvrant ainsi de nouvelles perspectives dans la manipulation du comportement de l’altise (attraction, répulsion, etc.).
  • La montée en puissance des élevages d’altises, notamment au sein des projets LEGO et RESALT, contribuent à fournir - en nombre et au bon stade physiologique- les projets de recherche sur l’altise d’hiver, et également d’acquérir des connaissances sur la biologie de cet insecte.

Des solutions à l’échelle de la plante

 
Sur le volet génétique
, le projet Adaptacol² a permis de classer les variétés commercialisées avec un indicateur de meilleur comportement vis-à-vis des insectes accessibles pour les agriculteurs sur MyVar . En complément, le projet RESALT explore les résistances à l’altise sur plus de 300 génotypes élites en pré-inscription et près de 200 accessions des espèces parentales du colza.

Sur le volet biocontrôle, plusieurs produits sont développés dans des projets portés par des firmes phytosanitaires pour cibler différentes phases du cycle de l’altise d’hiver, et ainsi limiter :

  • La colonisation avec l’identification de composés volatils attractifs pour détourner l’altise du colza (projet Ctrl-Alt) ou encore le développement d’un champignon entomopathogène pour réduire la pression à l’échelle du territoire (projet VELCO-A).
  • La consommation des altises adultes avec le développement d’un produit dissuasif de contact (projet Colzactise) ou encore d’un produit associé à des outils technologiques (projet Nap-guard ).
  • La pression larvaire, avec l’utilisation de micro et macro-organismes tels que les acariens prédateurs du sol (projet MOPLAH)

En parallèle de ces projets de recherche appliquée, Terres Inovia évalue au champs les conditions de réussite des solutions les plus prometteuses. Bien que certains de ces produits développés puissent espérer une homologation d’ici la fin du Plan sortie phosmet, la majorité nécessiteront encore plusieurs années d’expérimentation.

Des résultats à l’échelle de la parcelle et du paysage

Les résultats sont prometteurs sur la compréhension et l’utilisation de plantes de services et de leurs odorants pour détourner l’altise d’hiver à différentes phases de son cycle.


•    Le projet Ctrl-Alt montre que diverses espèces de brassicacées sont plus attractives que le colza. Les composés volatils qu’elles émettent sont en cours d’identification. Ils font actuellement l’objet de tests au laboratoire et sur le terrain en parcelles expérimentales pour affiner les stratégies de détournement des altises à l’échelle de la parcelle avec l’utilisation de bandes-pièges.
•    Ces stratégies de détournement sont également travaillées à l’échelle territoriale, initiées par un groupe d’agriculteurs (R2D2) et évaluées à grande échelle dans le projet Adaptacol². Le principe ? Attirer les ravageurs d’automne vers des parcelles d’intercultures « pièges » en y implantant des crucifères (radis chinois) plus attractives que le colza, puis détruire les intercultures en entrée d’hiver pour éliminer les larves et ainsi réduire les populations d’altises pour l’année suivante.

Plan de sortie du Phosmet : les partenaires témoignent de la réussite du plan

Le Plan de sortie du phosmet, de part la diversité des stratégies étudiées et les expertises mobilisées, constitue un programme de Recherche & Développement unique, qui contribue à fédérer les acteurs de la filière autour d’un même enjeu : réussir à continuer de produire du colza en utilisant des stratégies de protection durables et accessibles pour les agriculteurs.

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Trois nouveaux projets pour mieux gérer les ravageurs d’automne

Trois nouveaux projets intègrent l’ambitieux Plan de sortie du phosmet qui vise à trouver des stratégies opérationnelles pour réduire l’impact des ravageurs d’automne du colza.

Initié en 2022, le Plan de sortie du phosmet travaille à identifier et déployer, d’ici fin 2025, des stratégies de protection pour réduire durablement la pression parasitaire des coléoptères d’automne grâce au développement d’un maximum de leviers efficaces et complémentaires.  C’est Terres Inovia, INRAE et Sofiprotéol (pour le compte du FASO) qui sont chargés d’animer ce programme ambitieux.

En savoir plus sur le Plan

En plus des huit projets lancés au démarrage du Plan, Sofiprotéol, pour le compte du Fonds d’Actions Stratégiques pour les Oléagineux et protéagineux (FASO), a opéré un troisième appel à projets en 2024 doté d’une enveloppe de 259 000 euros. L’objectif ? Approfondir les travaux existants, mais aussi identifier de nouveaux projets portés par des entreprises du secteur privé souhaitant s’engager sur les thématiques du Plan.

L’appel à projets, qui s’est clôturé le 15 mars 2024, a permis d’identifier et de soutenir trois nouveaux projets, à la suite de l’évaluation technique et scientifique par le Comité Scientifique du Plan, pour développer des solutions complémentaires aux autres projets du Plan.

MOPLAH : évaluer l’intérêt d’utiliser des auxiliaires du sol contre la grosse altise

Le projet MOPLAH, porté par la start-up Evolutive Agronomy, vise à démontrer le potentiel d’utilisation d’une ou plusieurs espèces d’acariens prédateurs du sol pour réduire les dégâts de la grosse altise du colza. Les résultats obtenus pourront, à l’issue du projet, être approfondis afin d’enrichir un potentiel dossier d’homologation pour une commercialisation à horizon 3-5 ans.   

COLZA-PRIM : optimiser la réussite de semis précoce

Ce projet porté par l’entreprise SEED IN TECH, en partenariat avec Cérience, a pour objectif de développer, tester sur le terrain et planifier l’industrialisation de nouvelles technologies appliquées aux semences de colza. Ces technologies, combinant activation et biostimulation des semences visent à en améliorer leur levée, notamment en conditions de déficit hydrique, afin d'obtenir un colza robuste et moins sensible aux attaques des ravageurs d’automne.
 

DS-ALT : développer une solution à base d’extraits de plantes contre l’altise d’hiver

Après des résultats au champ encourageant d’une solution à base d’extraits de plante contre l’altise du colza, ce projet porté par DE SANGOSSE propose d’en évaluer l’efficacité à plus grande échelle en conditions réelles et d’initier les premières démarches réglementaires pour une mise à disposition des agriculteurs.
 

Pour consulter les fiches sur ces projets

 

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Paroles d’agriculteurs : mieux combattre les ravageurs du colza

La web-série Les pieds dans les champs est de retour chez Dominique Tristant, un agriculteur francilien. Quel est son bilan des techniques agronomiques mises en place à l’automne dans le cadre de la recherche de leviers alternatifs au phosmet ? Témoignage.

Comment mieux combattre les ravageurs d’automne du colza avec des leviers alternatifs au phosmet ? Terres Inovia a été à la rencontre d’un agriculteur, dans sa web-série Les pieds dans les champs, à deux moments différents de la campagne, d’abord à l’automne, puis au printemps.

Cette nouvelle série a été réalisée dans le cadre du Plan d'action de sortie du phosmet. Ce programme de R&D, co-piloté par Terres Inovia et l’Inrae, et qui s’achève fin 2025, travaille à trouver des solutions alternatives au retrait du phosmet.

Zoom sur les techniques mises en place à l'automne...

Pour cette saison, Dominique Tristant, agriculteur et gérant de la ferme de Grignon (Yvelines), avait accueilli Les pieds dans les champs à l’automne dernier pour dévoiler ses techniques, avant et pendant l’implantation, pour mieux face à l’altise et au charançon du bourgeon terminal.

 

... et les résultats des leviers agronomiques au printemps

L’agriculteur francilien a de nouveau accueilli Les pieds dans les champs pour connaître les résultats des leviers qu’il a mis en place à l’automne sur ces terres argilo-calcaires où le colza est la tête de rotation principale. Avec un hiver « pas vraiment froid », Dominique Tristant a constaté une forte pression de larves d’altises, qui n’ont pas impacté la croissance des plantes car il n’y a pas eu de perte de biomasse durant la saison hivernale. Il peut donc tirer un bilan positif des leviers agronomiques appliqués en début de campagne, avec seulement 5% des plantes buissonnantes dans son champ.

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Projet Adaptacol² : synthèse des essais biostimulants menés en 2022, 2023 et 2024

Dans le cadre de ce projet du Plan d'action de sortie du phosmet soutenu par le Casdar, sept biostimulants ont été testés dans un réseau d’essais menés avec les partenaires sur les campagnes 2022-2023 et 2023-2024 pour limiter la nuisibilité des insectes à l’automne sur colza. Voici les résultats.

Pour limiter la nuisibilité des insectes à l’automne, il faut que le colza présente une croissance dynamique et continue. Pour soutenir cette croissance, l’utilisation d’engrais au semis, l’association à une légumineuse gélive ou encore le choix du précédent sont autant de leviers qui ont déjà fait leur preuve. En complément, l’utilisation de certains types de biostimulants ayant pour revendication l’amélioration de "l’efficacité d’utilisation des éléments nutritifs" (Règlement UE 2019/1009) pourrait présenter un intérêt à condition que les effets positifs sur la nutrition se traduisent par des effets positifs sur la croissance.

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Dans le cadre d’Adaptacol², un projet du Plan de sortie du phosmet soutenu par le Casdar, un pool de sept biostimulants a été testé au sein d’un réseau d’essais mené avec les partenaires sur les campagnes 2022-2023 (Kelpak, ValeaMax, BlueN, FreeN + Free PK, MouvN et Exelgrow) et 2023-2024 (ValeaMax, BlueN et Vixeran). Les biostimulants ont été apportés à l’automne, le plus souvent en début de cycle en une ou deux applications. Il a été choisi de tester des positionnements déjà éprouvés et également exploratoires, visant à stimuler généralement les plantes plus précocement que les positionnements actuellement proposés.

Produit Composition Effets attendus Stade d’application Dose de produit
Kelpak Extrait d’Eklonia Maxima Forte concentration en auxine →​​​​​​​ stimulation de la croissance (racinaire puis aérienne) ; en sus : meilleure tolérance au froid B2 puis B4/B6 2 L/ha
ValeaMax Extrait d’Ascophyllum Nodosum (dont manitol et antioxydants) +B+Mo Stimulation de la croissance ; en sus : meilleure tolérance aux stress abiotiques B2 2 L/ha
BlueN Bactérie fixatrice d’azote endophyte Methylobacterim Symbioticum Fixe l’azote au sein de la plante et la transforme en N assimilable →​​​​​​​ augmentation de la quantité d’azote assimilée par la culture B6 0.333 kg/ha
FreeN + Free PK FreeN : Azotobacter chroococcum + Mn + Mo
FreePK : Bacillus mucitaginosus
- Fixe l’azote de l’air et le transforme en N assimilable (azotobacter)
- Augmente la minéralisation du P et du K (bacillus)
augmentation des quantités de NPK disponibles pour la culture
Levée à B2 0.5 L/ha FreeN + 0.5 L/ha Free PK
MouvN Glutacetine Stimulation du métabolisme azotée et de la photosynthèse → augmentation de la quantité d’azote assimilée par la culture et stimulation de la croissance B6 puis D2 0.5 kg/ha
Exelgrow Extrait fermenté d’Ascophyllum nodosum + acides fulviques + glycine betaine Stimulation de la croissance ; en sus : meilleure tolérance aux stress abiotiques dont stress hydrique B4 0.5 L/ha
Vixeran Bactérie fixatrice d’azote endophyte Azotobacter salinestris CECT 9690 Fixe l’azote au sein de la plante et la transforme en N assimilable → augmentation de la quantité d’azote assimilée par la culture Entre levée et B4 selon conditions météo 0.05 kg/ha

 

Les résultats obtenus ne mettent pas en évidence d’effet robuste et marqué sur la croissance (ni en entrée ni en sortie d’hiver) dans les conditions du réseau d’essais ; des tendances ponctuelles peuvent être décelées mais aucun effet significatif. Côté rendement, aucun effet significatif n’a été détecté, ni de tendance.

La synthèse complète des essais est disponible en téléchargement en bas de page.

Contact : C. Le Gall, c.legall@terresinovia.fr​​​​​​​

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