Récolte 2024 : la qualité des graines pour le tournesol et le pois
Terres Univia et Terres Inovia analysent chaque année la qualité des graines dans le cadre d'un l’Observatoire piloté par Terres Univia et mis en œuvre par Terres Inovia. Voici, pour la récolte 2024, les résultats pour le pois et le tournesol.
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Tournesol : un rendement en retrait et une qualité dans les norme
La récolte 2024 fait état d’une légère baisse de la surface de tournesol par rapport aux deux campagnes précédentes en raison des conditions pluvieuses au printemps. Le rendement national est inférieur à la moyenne quinquennale mais la qualité reste dans la norme.
Télécharger la fiche sur la qualité des graines du tournesol
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Pois : une bonne qualité des graines et un rendement moyen national en baisse
Les graines issues de la récolte 2024, s’avèrent d’une qualité très satisfaisante. Le rendement, en revanche, est inférieur à celui de la campagne précédente en raison des fortes précipitations qui ont à la fois impacté l’implantation des pois d’hiver et de printemps et renforcé la pression maladie.
Le guide de culture pois 2025 est disponible pour accompagner producteurs et conseillers lors de la prochaine campagne
Terres Inovia a mis à jour son guide de culture pois protéagineux. L’édition 2025 bénéficie de l’avancée des derniers travaux de l’institut sur l’implantation de la culture et la gestion des maladies et accompagnera producteurs et conseillers tout au long de la campagne. Téléchargeable gratuitement sur le site internet de Terres Inovia, il peut également être commandé en version imprimée.
Légumineuse historique des assolements français, au cœur des enjeux d’autonomie en protéines, le pois s’affiche comme une culture pilier des enjeux environnementaux, sociétaux et agronomiques des rotations françaises. Riche en protéines, valorisable sur de nombreux débouchés tant en alimentation animale qu’humaine, le pois constitue une solution de diversification des rotations, apporte de nombreux services agronomiques et contribue au verdissement de l’agriculture par son autonomie azotée.
Sécuriser le potentiel par la gestion de l’implantation, la protection contre les maladies et le choix variétal
Ce guide de culture permet de tout savoir sur les pois d’hiver et de printemps, du choix des variétés à la récolte et à la conservation, en passant par l’implantation, la fertilisation, le désherbage et la lutte contre les ravageurs et les maladies.
L’édition 2025 bénéficie des résultats des derniers travaux menés par Terres Inovia. Ainsi, alors que l’implantation reste une étape clé dans l’élaboration du potentiel final, les plages et les secteurs de semis évoluent pour adapter la culture du pois au changement du climat. Les enseignements des dernières campagnes ont également permis de mettre au point une nouvelle stratégie de protection contre les maladies. Enfin, la gamme de variétés disponibles continue à s’étoffer, la tenue de tige restant un critère important à prendre en compte.
Le guide de culture pois 2025 peut être téléchargé gratuitement par toute personne ayant créé son compte personnel sur le site internet de l’institut. La version imprimée est également gratuite, seule une participation aux frais de port est demandée. Il sera disponible à partir du 18 mars 2025.
Découvrez le bilan de la campagne de soja 2024
Terres Inovia, l’institut technique des professionnels de la filière des huiles et protéines végétales et de la filière chanvre, dévoile son bilan de campagne 2024 pour le soja. L’institut estime le rendement moyen national à 31 q/ha, en hausse de 23% par rapport à la moyenne quinquennale (25.2 q/ha selon les données AGRESTE), et les surfaces à 153 000 ha, soit une baisse de 10% par rapport à la moyenne 2019-2023.
Focus : les rendements par région
Bien que les chantiers de semis et de récolte n’aient pas été facilités par les précipitations récurrentes de 2024, les pluies régulières ont permis de répondre aux besoins en eau du soja et d’obtenir de bons rendements dans les différents bassins de production.
Dans le Sud-Ouest, tout comme en Auvergne-Rhône-Alpes, les rendements sont estimés à 32 q/ha de moyenne. Les écarts de rendement selon les régimes hydriques ont été gommés par les pluies. Certaines parcelles ont parfois atteint des rendements jamais vus, allant jusqu’à 56 q/ha. En Bourgogne-Franche-Comté, les rendements moyens se situent autour de 33 q/ha, avec une fourchette large estimée entre 25 et 52 q/ha. En Alsace, les parcelles menées en sec donnent des rendements moyens avoisinant 30-32 q/ha tandis que les situations irriguées atteignent 38 q/ha de moyenne, avec ponctuellement des rendements supérieurs à 50 q/ha. La Champagne-Ardenne connait aussi de bons rendements, de l’ordre de 35 q/ha en moyenne.
Des semis décalés par les pluies
Contrairement aux autres années, où les semis avaient démarré en avril pour les sols les plus réchauffés, les semis 2024 se sont décalés à cause des cumuls de pluies et des retards engendrés pour la préparation des sols. Dans le Sud-Ouest, l’essentiel des semis ont été effectués entre le 15 mai et début juin. En plaine d’Alsace, les semis se sont déroulés sur la 1ère décade de mai tandis que le Sundgau a dû attendre le ressuyage de ses sols et n’a semé que fin mai. En Auvergne-Rhône-Alpes et en Bourgogne-Franche-Comté, les semis se sont étalés sur mai, voire en juin dans les secteurs de terres profondes les plus arrosés. Une fois les graines en terre, hormis quelques situations de pertes de pieds liés à des dégâts de taupins ou de mouches du semis, la levée s’est déroulée sans encombre.
Une floraison sans coup de chaud
La floraison s’est effectuée dans de bonnes conditions, à partir de fin juin - début juillet pour les secteurs les plus précoces (Alsace) et courant juillet pour les autres régions. En raison des semis tardifs et des conditions climatiques, les dates de floraison ont pu être décalées de 7 à 10 jours quelle que soit la région. Les précipitations régulières sans pic de chaleur durable ont permis une bonne nouaison qui se traduira, par la suite, par un nombre de gousses/pied optimal, favorisant ainsi la mise en place de potentiels de rendement intéressants. En général, les volumes d’eau utilisés pour les parcelles irriguées ont été en net recul, conséquence des pluies régulières qui ont permis de réduire significativement le recours à l'irrigation (en fréquence et/ou en volume).
Forte pression d’héliothis en 2024, recul de la pyrale et présence des punaises
La campagne 2024 a été marquée par une forte présence d’héliothis dans le Sud-Ouest, avec des niveaux de pertes extrêmement variables, de l’absence de nuisibilité pour une majeure partie des parcelles, à la destruction totale dans de rares cas, et notamment pour les conduites en agriculture biologique. En revanche, la pyrale, ravageur numéro 1 en 2022 et 2023, s’est montrée beaucoup plus discrète cette année, en raison des conditions pluvieuses défavorables à son développement. Les punaises ont été régulièrement observées cette année à partir d’août et sur la fin de cycle, avec une incidence difficile à quantifier.
Une récolte qui s’étale entre les gouttes
La récolte a débuté plus ou moins tardivement selon les secteurs. En Bourgogne-Franche-Comté, elle a démarré dès fin septembre, mais s’est étendue jusqu’en novembre pour les parcelles semées tardivement, qui ont peiné à atteindre un taux d’humidité optimal. Dans le Sud-Ouest, la récolte s’est concentrée entre la seconde décade d’octobre à mi-novembre, une fois la maturité des parcelles atteinte. Dans le Grand Est, comme en Auvergne-Rhône-Alpes, les récoltes se sont étalées sur le mois d’octobre, selon les fenêtres de récolte disponibles. Cette fin de cycle, sous le signe de la douceur et de l’humidité, a permis d’éviter les problématiques d’égrenage et de présence de grains verts. Les taux d’humidité sont particulièrement élevés, avec une teneur en eau moyenne de 18%, toutes régions confondues.
Des évolutions de surfaces variables selon les secteurs
Dans le Sud-Ouest, les difficultés de production de ces dernières années, cumulées avec une conjoncture défavorable pour les productions biologiques, impactent directement les surfaces cultivées, avec une baisse de -28% en Occitanie et -7% en Nouvelle-Aquitaine par rapport à 2023 (données AGRESTE – novembre 2024). En parallèle, les surfaces de soja gagnent du terrain en Auvergne-Rhône-Alpes et dans le Grand Est (respectivement, évolution de +6 et +3% par rapport à 2023), grâce à la volonté des opérateurs locaux de produire du soja pour alimenter les usines de trituration installées récemment. En Bourgogne-Franche-Comté, les surfaces connaissent un rebond de +11%. Au niveau économique et, au moins, pour le soja irrigué, cette culture fait preuve d’une rentabilité moyenne très satisfaisante en 2024 (simulations de Terres Inovia à partir des données du CER France). En pluriannuel et toujours dans ce même contexte, le soja présente une variabilité interannuelle des marges réduite, permettant une prise de risque globalement limitée par l’agriculteur.
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Le nouveau guide de culture lin oléagineux vient de paraître !
Paris, le 4 février 2025 - Terres Inovia a mis à jour son guide de culture lin oléagineux. Ce nouveau support complet, qui accompagnera les producteurs et les conseillers lors de la prochaine campagne, est téléchargeable gratuitement sur le site internet de l’institut technique et peut également être commandé en version imprimée.
Les atouts agronomiques et environnementaux conjugués aux propriétés de son huile, riche en oméga 3, font du lin oléagineux une culture de diversification que l’on peut introduire en type "hiver" ou "printemps" dans une large gamme d’assolements. Le lin oléagineux d’hiver représente aujourd’hui environ 80 % des surfaces de lin oléagineux cultivées.
Le guide de culture lin oléagineux 2025
Ce guide de culture permet de tout savoir sur le lin oléagineux d’hiver et de printemps : du choix des variétés, à la récolte et à la conservation, en passant par l’implantation, la fertilisation, le désherbage et la lutte contre les ravageurs et les maladies. Dans cette édition 2025, la partie dédiée à la gestion des adventices a également été mise à jour au regard des dernières actualités.
Le guide de culture lin oléagineux 2025 peut être téléchargé gratuitement par toute personne ayant créé son compte personnel sur le site internet de l’Institut.
Le guide en version imprimée est également gratuit, seule une participation aux frais de port est demandée.
Contact : Z. Le Bihan, z.lebihan@terresinovia.fr
Récolte 2024 : la qualité des graines pour le colza et le lupin
Chaque année, l'Observatoire de la qualité des graines décrypte la qualité de la récolte pour toutes nos graines oléo-protéagineuses. Cet Observatoire, piloté par l'Interprofession Terres Univia, est mis en oeuvre par Terres Inovia.
- Colza : la qualité des graines de la récolte 2024 a été très bonne, en particulier les teneurs en huile et en protéines.
- Lupin : en raison de conditions particulièrement humides, elles montrent des PMG (poids de mille grains) faibles et une teneur en protéines moyenne.
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Supplément tournesol 2025 : une nouvelle édition disponible !
Terres Inovia et le groupe Réussir signent une nouvelle collaboration autour du tournesol. Dans ce numéro spécial dédié à l'oléagineux, les ingénieurs de l'institut partagent leur expertise.
Le supplément tournesol 2025, réalisé en partenariat entre Terres Inovia et le groupe Réussir, est disponible depuis le 10 janvier en Poitou-Charentes, Haute-Garonne, dans le Gers et le Lot-et-Garonne.
Les experts de l'institut technique agricole (Franck Duroueix, Vincent Lecomte, Matthieu Loos, Céline Motard, Elodie Tourton et Fanny Vuillemin) partagent leur expérience de terrain et leurs connaissances sur le tournesol.
Au sommaire
- Bilan de campagne 2024 - Une année pleine de (mauvaises) surprises
- Enquete kilométrique
- Près de 200 parcelles suivies
- Verticillium et chardons assez présents
- Désherbage : dy neuf pour désherber
- Semis - Gérer son implantation
- Adventices
- Tournesol sauvage : une menace à surveiller de près
- Stratégies agronomiques et collectives
- Récolte : choisir le système de coupe adapté
- Caractéristiques des variétés de tournesol selon leur type et leur précocité
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Tournesol : des résultats mitigés pour une culture d’intérêts
Terres Inovia présente le bilan de campagne 2024 du tournesol. La météo difficile a certes pesé lourd sur le déroulé de cette dernière et sur la production en France. Néanmoins, les résultats méritent d’être nuancés d'autant que cette culture robuste garde des intérêts économiques, agronomiques et écosystémiques.
Des rendements hétérogènes selon les zones de production
Si la campagne du tournesol 2024 a été largement impactée par une météo pluvieuse tant au moment des semis qu’à la récolte, les rendements sont cependant hétérogènes avec des résultats corrects dans le Sud-Ouest.
Le Midi toulousain et le Lauragais s’en sortent bien
Le rendement moyen national de tournesol en 2024, autour de 20 q/ha (en intégrant les surfaces non récoltées auxquelles est affecté un rendement nul), reste inférieur à la moyenne quinquennale (23,8 q/ha), et présente un contraste important avec les résultats de 2023 (25,7 q/ha). A la faveur d’une fin de campagne un peu moins arrosée et de plages de semis un peu plus larges, les secteurs méridionaux tels que le Midi toulousain ou le Lauragais, s’en sortent le mieux avec des rendements moyens autour de 23 q/ha.
Une situation favorable pour les tournesols semés tôt
Les tournesols semés au mois d’avril ont bénéficié d’un scénario plutôt favorable : excellent accompagnement des besoins en eau de la culture avec des plantes restées vertes longtemps après floraison - la durée de surface foliaire étant une composante clé du rendement du tournesol, et pression maladie modérée malgré des départs assez précoces de verticillium (Verticillium dahliae), de phomopsis (Diaporthe helianthi) ou de phoma (Phoma macdonaldii) selon les territoires. Ainsi, dans une moindre mesure dans la moitié nord où le rayonnement a pu être limitant, des résultats satisfaisants ont été relevés, avec des rendements supérieurs à 30 q/ha pour certaines parcelles récoltées lors de la première quinzaine de septembre. Ces situations sont néanmoins restées minoritaires à l’échelle nationale.
Des rendements inférieurs à 20 q/ha
Les rendements obtenus par les tournesols semés tardivement sont souvent restés inférieurs aux 20 q/ha. Les facteurs explicatifs sont multiples : altération des peuplements par les ravageurs de début de cycle, limaces et oiseaux dont les dégâts furent accentués à la faveur d’un démarrage poussif de la culture, déficit de rayonnement durant la floraison sur la partie nord de la France à l’origine de difficultés de fécondation et par conséquent de stérilité des graines, sans oublier les maladies (botrytis en particulier) ayant affecté les capitules en fin de cycle et les pertes à la récolte inhérentes à l’humidité de fin de cycle. Et ironie de cette année climatique atypique, un stress hydrique a pu impacter la culture en floraison, sur les sols les plus superficiels entre fin juillet et début août, notamment dans l’ouest et le centre de la France.
Météo pluvieuse : la cause principale des mauvais rendements
Une campagne marquée par des récoltes humides
Les conditions de récolte extrêmement délicates rencontrées par les producteurs de tournesol français ont marqué cette campagne de production 2024.
La pluviométrie élevée et la relative fraîcheur enregistrées en fin d’été et début d’automne ont considérablement ralenti l’atteinte de la maturité de la culture, et entretenu une forte humidité dans les sols et les graines. Les chantiers de récolte ont ainsi été tardifs, et se sont étalés sur plus de trois mois, avec des fenêtres souvent courtes pour récolter dans des conditions acceptables.
De façon générale, plus la date de récolte a été retardée, plus les rendements ont été affectés. Et, fait historique pour le tournesol français, une part des surfaces n’a pas été récoltée cette année, par impossibilité de rentrer dans les parcelles avec les moissonneuses-batteuses ou de récolter des parcelles versées à la suite d’intempéries, mais aussi par non atteinte de la maturité de la culture, ou à cause d’humidités des graines trop élevée. Cela ne concerne que quelques parcelles dans les secteurs les plus méridionaux, mais de 10 à 15% de la sole dans les secteurs les plus sinistrés de l’ouest et du centre de la France. Des situations intermédiaires sont déplorées dans les autres régions de l’Hexagone ; par exemple, un peu moins de 10% de la surface implantée en tournesol n’a pas été récoltée en Bourgogne.
A l’origine, des semis tardifs en raison des pluies
A l’origine de cette situation sans précédent : les conditions météo ont aussi été pluvieuses sur la période de semis de la culture. Ainsi, peu de créneaux ont été favorables au semis du tournesol de début avril à mi-mai. 20 à 50% des surfaces selon les régions ont été semées tardivement, jusqu’au début du mois de juin. Dans l’est et le nord de la France, quelques producteurs ont même renoncé à mettre en place la culture. N’oublions pas d’évoquer des sommes de températures estivales en retrait par rapport aux précédentes campagnes, expliquant qu’une part conséquente du tournesol français est arrivé au début du mois de septembre avec un gros retard dans son développement.
2024 : 1,4 million de tonnes de graines de tournesol produites
Un niveau plus conforme à ceux obtenus entre 2015 et 2020
A l’aune de ces résultats agronomiques, la production nationale de graines de tournesol devrait retrouver un niveau plus conforme à ceux obtenus entre 2015 et 2020, autour de 1,4 million de tonnes produites en 2024 (sur la base d’une sole nationale de 759 000 ha, source : estimation Agreste SSP octobre 2024). Toutefois, ce net repli comparé à la campagne 2023 qui avait vu la barre des 2 millions de tonnes dépassée, combiné aux mauvais résultats obtenus dans les autres zones de production européenne (forte sécheresse en Europe orientale) occasionne une volatilité haussière sur les marchés et va vraisemblablement engendrer des difficultés d’approvisionnement pour les usines de trituration.
Des frais de séchage importants pour atteindre la norme de 9%
Ces conditions climatiques exceptionnelles ont eu d’autres répercussions notables ; il convient en particulier de signaler les frais de séchage dont se sont fréquemment acquittés les producteurs, avec des tournesols souvent récoltés à plus de 15 voire 18-20 % d’humidité (taux maximal pour qu’une parcelle soit récoltable à la moissonneuse-batteuse) pour une norme de commercialisation à 9%. Quant aux organismes stockeurs, ils ont dû gérer les conséquences organisationnelles et logistiques d’une récolte humide, avec des séchages beaucoup plus fréquents qu’une année normale.
Le tournesol tire son épingle du jeu
Pour les producteurs, la campagne 2024 de tournesol restera au niveau national globalement mauvaise en termes de résultats techniques. Toutefois, la forte augmentation des prix observée en début de période de commercialisation, permet, dans de nombreuses situations, à la culture de tirer son épingle du jeu sur le plan économique, au sortir d’une année qui aura été difficile pour l’ensemble des grandes cultures françaises. Dans ce contexte d’aléas météorologique et économique croissant, il importe, plus que jamais auparavant, de considérer les intérêts agronomiques et économiques d’une production sur la durée.
Le tournesol reste une culture d’intérêts en 2025
Le tournesol a des intérêts économiques et agronomiques
Le mauvais scénario climatique de 2024 ne doit pas rayer le tournesol des assolements car il reste intéressant. Economiquement : son cycle court ne mobilise la trésorerie que sur un temps réduit, ses charges opérationnelles sont modérées. Agronomiquement : dans les secteurs où dominent les grandes cultures d’hiver, il crée, en tant que culture d’été, une rupture intéressante vis-à-vis d’adventices telles que les graminées hivernales annuelles, de plus en plus présentes et pénalisantes. Avec un niveau de charges modéré, un rendement moins affecté en tendance que les autres cultures d’été par les étés chauds et secs, le tournesol fait preuve de robustesse (1).
Hypothèses : la marge brute inclut une aide découplée de 220 €/ha.
L’importance de l’implantation
La campagne 2024 met le doigt sur l’importance de l’implantation. Être prêt à semer tôt au printemps, dès que les conditions de températures et de ressuyage sont réunies, permet de saisir les premiers créneaux de semis et de viser une levée du tournesol au 1er mai. Cela nécessite d’anticiper, en particulier de détruire les couverts végétaux suffisamment tôt. Une étude fréquentielle menée par Terres Inovia montre que les semis réalisés au cours des deux premières décades d’avril présentent, de façon statistiquement significative des rendements plus élevés que les semis plus tardifs, le décrochage étant très marqué à partir du 10 mai. Le choix variétal s’avère aussi crucial pour être en adéquation avec l’offre climatique de la zone de production.
Robustesse et bénéfices écosystémiques
En outre, le sol doit être assez réchauffé pour semer : au moins 8°C à 5 cm de profondeur. En ayant conscience que les dégâts d’oiseaux (pigeons et corvidés) restent un frein majeur à ces semis précoces ; face à ce fléau, l’effarouchement couplé à la surveillance humaine régulière lors de la phase de levée restent pour l’heure les solutions les plus efficaces.
Au cours des dix dernières années, les surfaces de tournesol ont progressé dans les zones intermédiaires, dans l’est et dans le nord de la France. Durant cette période, il a enregistré de bons résultats techniques, avec un rendement national historique de 2021 mais aussi son comportement particulièrement robuste en 2022 face à l’été chaud et sec. Il apporte aussi des bénéfices écosystémiques. Dans ses zones de production historiques, il reste un pilier des systèmes de culture, avec des marges de progrès toujours possibles pour optimiser les charges et favoriser la réussite de la culture : choix variétal, implantation, recours au désherbage mécanique en complément du désherbage chimique, raisonnement de la dose d’azote. Autant de sujets à intégrer afin de se mettre sur les bons rails pour la campagne 2025.
(1) Résultat issu du dispositif expérimental mis en place par Terres Inovia en collaboration avec Arvalis entre 2014 et 2016 dans le sud-ouest de la France.
Contacts : Matthieu Abella, m.abella@terresinovia.fr et Vincent Lecomte, v.lecomte@terresinovia.fr
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Entre hétérogénéité de stades et maladies : conseils pour optimiser la récolte du tournesol
Cette année les récoltes de tournesol vont être très étalées, et dans certaines parcelles encore en fleurs à la mi-septembre, elles pourraient même être compromises. En cause : les contraintes climatiques du printemps n’ayant pas toujours permis un semis dans des conditions optimales, retardant parfois l’entrée en parcelle à la fin mai. De plus, dans certains secteurs, la présence du sclérotinia (de la tige et du capitule) risque d’impacter négativement les récoltes avec un risque accru de perte de graines et de capitules, en particulier en cas de récolte à sur-maturité.
Déterminer le bon stade pour récolter
Il est important de récolter les tournesols au stade optimal et non à sur-maturité pour permettre de limiter les pertes de graines dues aux oiseaux et aux maladies de fin de cycle, mais également d’éviter une récolte trop tardive dans des conditions humides qui pourraient compliquer également les semis de la culture suivante.
L’observation des plantes est indispensable pour déterminer le stade optimal. Le dos du capitule vire du jaune au brun, les feuilles sont toutes sénescentes (quelques feuilles hautes peuvent encore être vertes), la tige se dessèche et prend une couleur beige clair.
Cette année, certaines parcelles pourraient présenter une forte hétérogénéité de stades et de maturité (stades différents, gros capitules, etc.). Dès lors que la grande majorité de la parcelle est au stade optimal, il faut démarrer la récolte, même si la partie la plus tardive du champ n’a pas encore atteint la maturité idéale. Quand cela est possible, il ne faut pas hésiter à découper la parcelle pour laisser la zone la plus tardive et revenir quelques jours plus tard pour terminer la récolte.
Utiliser le matériel de récolte adéquat avec les bons réglages
Il faut proscrire la récolte du tournesol sans équipement spécifique à cette culture. La récolte avec une coupe céréales peut entrainer des pertes multipliées par 5, expliquées par l’éjection des tiges et capitules vers l’avant qu’il est difficile de retenir seulement avec le rabatteur.
La récolte à l’aide d’une coupe équipée de plateaux simples peut être réalisée avec des pertes très réduites pour un investissement raisonnable. Il faut cependant suivre quelques recommandations :
- Choisir des plateaux étroits pour permettre d’augmenter les nombres de sections disponibles et récupérer les tournesols pas forcément alignés. Le risque de tiges qui se coincent et qui font obstacle est diminué. Au final, l’alimentation de la moissonneuse-batteuse est plus performante.
- Suivre les lignes de semis avec les plateaux pour éviter que la pointe des plateaux ne touche trop les capitules et entraine un risque de casse ou de verse des plantes touchées.
- Mettre en place un carénage enveloppant le côté de la coupe avec un diviseur assez haut (carénage à l’intérieur et l’extérieur de la coupe). Le demi-plateau attaché au diviseur doit également être suffisamment large pour repousser les cannes vers le rabatteur.
- Mettre en place des plaques qui masquent les griffes du rabatteur. Cela évite que les capitules s’accrochent dans les griffes en acier puis soient éjectés ou que les capitules s’effacent devant les longues griffes en composites des rabatteurs actuels. Cela permet également de bien racler les plateaux lorsque certaines plantes font obstacle entre deux plateaux. Ceci est plus fréquent lorsqu’il reste des feuilles sur les tiges de tournesol.
- Être vigilant sur les capitules qui passent en-dessous des plateaux en cas de hauteurs de plantes hétérogènes dans la parcelle. Il est cependant important de monter la coupe le plus haut possible pour éviter de faire entrer dans la batteuse trop de tiges et augmenter les impuretés.
Pour valider vos réglages de battage, il est important d’observer comment ressortent les capitules à l’arrière de la batteuse, ainsi que les pertes de graines sur le sol. Les capitules doivent ressortir entiers ou au maximum en 2 ou 3 morceaux et sans graines. Dans le cas contraire, il faudra jouer sur la vitesse du batteur, l’ouverture du batteur/contre batteur et la ventilation.
Le fauchage-andainage pour optimiser la récolte des cultures de printemps
Le fauchage-andainage est une technique agricole essentielle pour optimiser la récolte des cultures de printemps telles que la lentille, la cameline, le soja et le pois chiche, surtout lorsque les graines sont trop humides et tardent à mûrir. Cette méthode facilite la récolte et améliore la qualité des grains en réduisant les pertes.
Principes et avantages du fauchage-andainage
Cette technique est utile lorsque les conditions de culture ne permettent pas une récolte directe dans de bonnes conditions, notamment dans des situations hétérogènes avec des différences de maturité marquées au sein de la parcelle, ou un enherbement mal contrôlé. Cela peut aussi permettre d'avancer la date de récolte. Le fauchage-andainage consiste à couper les plantes et à les déposer en andains, ce qui permet un séchage uniforme des plantes, réduisant ainsi le risque de moisissure et de détérioration des grains.
Application du fauchage-andainage aux cultures de printemps
Lentille : l’andainage se déclenche lorsque l’humidité du grain est entre 18 et 30%, soit environ 8 à 15 jours avant la maturité. La coupe est réalisée à 2-3 cm, avec un andain idéal de 30 cm de haut. La récolte se fait dans le sens contraire de l’andainage en veillant à ne pas rentrer le côté tige en premier (en absence de doigts releveurs).
Cameline : surtout pour la cameline en dérobé estivale, l’andainage commence lorsque les premiers étages jaunissent. En été, on fauche le matin, et en automne, le soir, à une hauteur de 5 à 10 cm. Sans manipulation de l’andain, il n’y a pas de risque d’égrainage. Si l’andain a été coupé près du sol, la reprise avec une moissonneuse-batteuse peut s’avérer difficile.
Soja : l’andainage peut commencer lorsque les graines ont une humidité de 25 à 30%, même avec des feuilles présentes. Il faut couper le soir au plus bas de la végétation. Si la récolte se fait avec un pick-up, il n’y aura pas de problème d’égrenage.
Pois Chiche : l’andainage aide à interrompre le redémarrage fréquent de la culture, surtout dans le centre et le nord de la France. Il intervient lorsque les graines ont 18 à 25% d’eau. On coupe au plus bas (5-10 cm), sans risque d’égrenage.
Fauchage andainage sur soja
Mise en œuvre et techniques de fauchage-andainage
La mise en œuvre nécessite une planification précise et l'utilisation de machines adaptées. Les faucheuses-andaineuses coupent et disposent les plantes en andains uniformes. Il est crucial de régler ces machines correctement pour éviter d'endommager les plantes et les grains. Les agriculteurs doivent surveiller les conditions météorologiques avant et après le fauchage. Un séchage trop rapide sous un soleil intense peut causer des pertes par éclatement des gousses, tandis qu’un séchage trop lent par temps humide peut favoriser la moisissure. Une intervention trop tardive, proche de la date de récolte directe, peut être contre-productive entrainant une égrenage important.
Pour conclure le fauchage-andainage est une technique envisageable pour les cultures de printemps. En permettant un séchage uniforme et en facilitant la récolte, cette méthode améliore la qualité et le rendement des grains. Une mise en œuvre correcte de cette technique peut faire une différence significative dans la réussite des cultures.
Retrouvez sur le site de Terres Inovia une synthèse de retours d’expériences sur ce thème et la possibilité de télécharger des fiches par cultures
Qualité des graines de pois chiche - récolte 2024
L’Observatoire de la qualité des graines de pois chiche collectées en France est piloté par Terres Univia qui en confie la mise en oeuvre à Terres Inovia. Il a pour but d’appréhender annuellement les principaux critères qualitatifs de la récolte. Les 52 échantillons analysés pour 2024 sont issus de graines de pois chiche de type Kabuli.
Fait marquant de la campagne 2024 :
La campagne 2024 a été caractérisée par une période de semis délicate, du fait des pluies hivernales et de la fraîcheur à l’Ouest et dans le Sud-Ouest. Les forts cumuls se poursuivent durant la phase végétative avec un gradient Est à Ouest. La floraison est longue, sans stress climatique mais l’on note une pression ascochytose importante et homogène sur tout le territoire. Comme en 2023, l’incidence de l’héliothis est très forte sur l’ensemble du territoire, c’est un fait notable de l’année. Les résultats moyens sont hétérogènes, avec des chantiers de récolte plus tardifs, qui ont pu être perturbés par les pluies à l’Ouest (reverdissement).
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