Etat des cultures – Pois chiche – Visites d’implantation du 22 avril 2025
En Poitou-Charentes, les pois chiches semés entre début et fin mars sont au stade 4 à 9 feuilles. Les peuplements sont souvent en dessous de l’objectif de 50 plantes levées / m². Les enracinements sont bons et les premières nodosités commencent à se former pour les semis de début mars.
À l’exception de quelques symptômes très localisés de mouche mineuse, aucun dégât de ravageurs ou de maladies n’est à déplorer pour le moment.
Dans l’ensemble, l’enherbement est plutôt faible malgré la présence de renouée liseron, de mercuriale, de ray-grass et de chardon sur certaines parcelles. Un passage de herse étrille ou de houe rotative reste envisageable jusqu’au stade 8-10 feuilles pour les parcelles concernées.
Enfin, des symptômes de phytotoxicité sont observés sur plusieurs parcelles avec parfois jusqu’à 25 % des pieds atteints. En cas de désherbage chimique en prélevée avec KERB FLO, veillez à effectuer le traitement suffisamment en amont de la levée pour éviter tout risque de phytotoxicité.
Guillaume Lamy - Ingénieur Stagiaire - Lentille et Pois chiche zone Centre & Ouest
Etat des cultures – Lentille bio – Visites d’implantation du 27 mars au 3 avril 2025
En Poitou-Charentes, les lentilles semées entre fin février et mi-mars sont au stade 3 à 6 feuilles. Les enracinements sont bons et les premières nodosités sont déjà formées pour la plupart des parcelles.
Globalement, les peuplements sont satisfaisants et respectent l’objectif de 220 à 250 plantes levées / m². Surveillez toutefois les limaces en ce début de saison car ces dernières ont provoqué une perte de pieds importante sur certaines parcelles Des limaces sur légumineuses de printemps
À l’exception des limaces, aucun dégât de ravageurs ou de maladies n’est à déplorer pour le moment sur la lentille. En revanche, une forte pression d’altises est observée sur les camelines et les lins associés.
Côté enherbement, les principales adventices observées sont la renouée liseron, la mercuriale, la moutarde des champs, le ray-grass et le chardon. Les adventices sont encore jeunes et restent en dessous du couvert mais constituent un fort potentiel d’infestation pour les semaines à venir. Un ou plusieurs passages de herse étrille sont possibles à partir du stade 3-4 feuilles si les parcelles concernées ne contiennent pas trop de cailloux.
Pour aller plus loin :
► Le désherbage mécanique de la lentille
► Le désherbage mécanique et mixte de la lentille
Guillaume Lamy - Ingénieur Stagiaire - Lentille et Pois chiche zone Centre & Ouest
Les intercultures pièges : un levier de gestion territorial des altises d’hiver
La stratégie de lutte contre les altises d’hiver s’étoffe avec un nouveau levier de gestion à l’échelle du territoire : les intercultures pièges. En complément des leviers déjà mis en place à l’échelle de la parcelle pour réduire les dégâts du ravageur (colza robuste, lutte insecticide), cette pratique doit permette de réduire les infestations.
Le colza est soumis à une pression croissante des altises, favorisée par l’élévation des températures et l’expansion des résistantes fortes aux pyréthrinoïdes. La lutte intégrée contre ce ravageur mobilise déjà des leviers de gestion à l’échelle de la parcelle (itinéraire technique). L’enjeu est de les sécuriser avec une stratégie territoriale qui vise à détourner les altises d’hiver des parcelles de colza en les attirant sur des parcelles d’interculture puis à réguler leur population en détruisant les larves dans les couverts.
Une pratique facile à mettre en œuvre
Fort de ces constats, l’idée des intercultures pièges à germer. La pratique consiste à semer des plantes attractives (radis chinois) dans les couverts d’interculture pour diluer la population du ravageur à l’échelle du territoire, puis de détruire les larves grâce à la destruction mécanique du couvert en entrée d’hiver (cf. figure ci-dessous).
Une expérimentation à grande échelle
Entre 2022 et 2024, 41 parcelles d’interculture ont été implantées avec des mélanges comportant au moins 20 pieds/m² de radis chinois et 74 parcelles de colza à proximité ont été suivies. Dans ce pool de situations (pas toujours optimisées), l’efficacité de la pratique est très variable, allant de 0 % à 89 %. En moyenne 29 % de la population d’altise ont été détournés des champs de colza.
Des conditions de réussite identifiées
Terres Inovia a d’ores et déjà identifié plusieurs facteurs de réussite de la pratique :
- Une densité minimale de 20 pieds/m² de radis chinois dans l’interculture.
- Une surface de parcelle piège importante, idéalement au moins équivalente à celle du colza.
- La proximité entre les intercultures pièges et le colza.
- Le semis de l’interculture sur la même période que le colza. Le radis est plus attractif lorsqu’il est jeune. Les semis d’interculture au mois de juillet conduisent souvent à un développement trop important de la plante piège.
- Une destruction des intercultures en entrée d’hiver, de préférence mécaniquement.
Une coordination territoriale, favorisant une mise en œuvre concertée entre exploitations voisines, permettra d’optimiser la mise en œuvre et de maximiser l’impact. Le déploiement à grande échelle de cette pratique augmentera l’efficacité de la technique car elle améliorera la probabilité d’interception des insectes lors de leurs déplacements. Seuls les secteurs avec des problématiques de hernie des crucifères ou de nématodes doivent être exclus de cette mise en œuvre.
En parallèle, des recherches sont en cours pour optimiser la méthode, notamment en explorant l’usage de médiateurs chimiques capables d’attirer ou de repousser les altises. Ces solutions pourraient encore améliorer l’efficacité des intercultures pièges et renforcer leur complémentarité avec les leviers de gestion à l’échelle de la parcelle.
Une pratique sécurisée
Avant de déployer à grande échelle les intercultures pièges, Terres Inovia a mis en place des essais spécifiques pour s’assurer que les larves d’altises étaient bien détruites lors de la destruction des intercultures. L’institut recommande une destruction mécanique avant l’hiver pour sécuriser la pratique. Dans cette configuration, on dénombre 90 % d’adultes émergeants en moins que sur un colza.
Aurore Baillet - a.baillet@terresinovia.fr - Alsace, Lorraine
Les intercultures pièges : un levier de gestion territorial des altises d’hiver
La stratégie de lutte contre les altises d’hiver s’étoffe avec un nouveau levier de gestion à l’échelle du territoire : les intercultures pièges. En complément des leviers déjà mis en place à l’échelle de la parcelle pour réduire les dégâts du ravageur (colza robuste, lutte insecticide), cette pratique doit permettre de réduire les infestations.
Le colza est soumis à une pression croissante des altises, favorisée par l’élévation des températures et l’expansion des résistantes fortes aux pyréthrinoïdes. La lutte intégrée contre ce ravageur mobilise déjà des leviers de gestion à l’échelle de la parcelle (itinéraire technique). L’enjeu est de les sécuriser avec une stratégie territoriale qui vise à détourner les altises d’hiver des parcelles de colza en les attirant sur des parcelles d’interculture puis à réguler leur population en détruisant les larves dans les couverts.
Une pratique facile à mettre en œuvre
Fort de ces constats, l’idée des intercultures pièges à germer. La pratique consiste à semer des plantes attractives (radis chinois) dans les couverts d’interculture pour diluer la population du ravageur à l’échelle du territoire, puis de détruire les larves grâce à la destruction mécanique du couvert en entrée d’hiver (cf. figure ci-dessous).
Une expérimentation à grande échelle
Entre 2022 et 2024, 41 parcelles d’interculture ont été implantées avec des mélanges comportant au moins 20 pieds/m² de radis chinois et 74 parcelles de colza à proximité ont été suivies. Dans ce pool de situations (pas toujours optimisées), l’efficacité de la pratique est très variable, allant de 0 % à 89 %. En moyenne 29 % de la population d’altise ont été détournés des champs de colza.
Des conditions de réussite identifiées
Terres Inovia a d’ores et déjà identifié plusieurs facteurs de réussite de la pratique :
- Une densité minimale de 20 pieds/m² de radis chinois dans l’interculture.
- Une surface de parcelle piège importante, idéalement au moins équivalente à celle du colza.
- La proximité entre les intercultures pièges et le colza.
- Le semis de l’interculture sur la même période que le colza. Le radis est plus attractif lorsqu’il est jeune. Les semis d’interculture au mois de juillet conduisent souvent à un développement trop important de la plante piège.
- Une destruction des intercultures en entrée d’hiver, de préférence mécaniquement.
Une coordination territoriale, favorisant une mise en œuvre concertée entre exploitations voisines, permettra d’optimiser la mise en œuvre et de maximiser l’impact. Le déploiement à grande échelle de cette pratique augmentera l’efficacité de la technique car elle améliorera la probabilité d’interception des insectes lors de leurs déplacements. Seuls les secteurs avec des problématiques de hernie des crucifères ou de nématodes doivent être exclus de cette mise en œuvre.
En parallèle, des recherches sont en cours pour optimiser la méthode, notamment en explorant l’usage de médiateurs chimiques capables d’attirer ou de repousser les altises. Ces solutions pourraient encore améliorer l’efficacité des intercultures pièges et renforcer leur complémentarité avec les leviers de gestion à l’échelle de la parcelle.
Une pratique sécurisée
Avant de déployer à grande échelle les intercultures pièges, Terres Inovia a mis en place des essais spécifiques pour s’assurer que les larves d’altises étaient bien détruites lors de la destruction des intercultures. L’institut recommande une destruction mécanique avant l’hiver pour sécuriser la pratique. Dans cette configuration, on dénombre 90 % d’adultes émergeants en moins que sur un colza.
Aurore Baillet - a.baillet@terresinovia.fr - Alsace, Lorraine
Etat des cultures Zone Nord&Est – protéagineux
Le temps sec et ensoleillé de mi-mars à mi-avril a offert des conditions idéales aux protéagineux pour se développer sainement, sans pression sanitaire significative. Les précipitations récentes pourraient désormais favoriser l’apparition de symptômes de maladies : état des lieux à l’approche de la floraison.
Pois d’hiver
Semés entre mi-novembre et fin janvier, les pois d’hiver sont actuellement entre le stade 7 feuilles et 12 feuilles. Les premières fleurs commencent à apparaître dans les parcelles les plus précoces, selon les secteurs. Les enracinements sont satisfaisants et l’installation des nodosités, à partir de 3-4 feuilles, s’est bien déroulée et assure une fixation symbiotique efficace de l’azote atmosphérique.
Photo de gauche : La présence de 20 nodosités ou plus à début floraison est signe d’une bonne nodulation.
Photo de droite : Apparition des premières fleurs dans les pois les plus précoces.
Quelques dégâts de sitones ont été repérés. Par ailleurs, des symptômes du complexe de maladies ascochytose/bactériose/colletotrichum apparaissent, en particulier dans les parcelles n’ayant pas bénéficié de protection fongicide précoce. Dans ces situations, une intervention rapide est recommandée, avant même l’apparition des symptômes de maladie. Pour les parcelles ayant reçu un premier traitement, la surveillance reste nécessaire jusqu’à l’application relais à début floraison, pour limiter le développement de foyers avant que le couvert ne se referme.
Nouvelle stratégie contre le complexe de maladies du pois d’hiver
Féverole d’hiver
Les féveroles d’hiver, dont les semis ont également été étalés au cours de l’hiver, entament leur floraison. Les faibles précipitations de ce début de printemps ont permis de maintenir un état sanitaire satisfaisant ; il n’y a pas de pression botrytis notable. Le début de floraison marque le début de la protection fongicide. En année à faible pression maladie, un traitement à base d’azoxystrobine, associé ou non à du SCALA peut être réalisé, avec un relais éventuel avec de l’azoxystrobine entre 15 et 30 jours plus tard.
Pour aller plus loin : Gestion des maladies aériennes de la féverole
Photo : Les féveroles d’hiver sont à floraison
Pois de printemps
La majorité des pois de printemps a atteint le stade 6-7 feuilles. Les conditions ensoleillées du début de cycle ont favorisé l’activité des sitones, entraînant la présence fréquente d’encoches caractéristiques sur les folioles. La vigilance se tourne désormais vers les pucerons verts. Bien qu’ils apparaissent généralement à l’approche de la floraison, les conditions météo prévues (ensoleillement et températures douces) pourraient favoriser une arrivée plus précoce.
Côté sanitaire, les couverts restent pour l’instant sains, sans symptômes de maladies repérés.
Lentille
Les premières lentilles ont été semées début mars. Pour les plus précoces, elles atteignent aujourd’hui le stade 6 feuilles. Les nodosités commencent à être visibles, signe d’une bonne installation de la symbiose. Toutefois, les conditions sèches observées entre fin mars et début avril ont pu compromettre l’efficacité des désherbages de prélevée. Un rattrapage en post levée s’avère fréquemment nécessaire, notamment dans des parcelles où la flore adventice est abondante et déjà bien développée. Le puceron vert pourrait survenir dès le retour de conditions climatiques douces ; il est à surveiller.
Etat des parcelles – Visite floraison
Le lupin d’hiver atteint le stade floraison en Poitou-Charentes, avec apparition des boutons floraux du deuxième étage dans les parcelles les plus avancées. La floraison a été favorisée par le temps ensoleillé et chaud de début avril.
Lupin en floraison (Agathe Penant – TI)
Le lupin est de taille plus petite que l’année dernière, mais reste dans la moyenne des années précédentes. Son développement a été freiné pendant l’hiver par l’hydromorphie. Il couvre donc moins le sol, ce qui favorise un salissement des parcelles.
Les peuplements sont satisfaisants, restant dans l’objectif de 15 à 20 plantes/m².
Positionnement annuel de 2015 à 2025 en cumul de pluies et sommes de températures
Le temps plus frais que l’année dernière, mais aussi plus sec, a moins favorisé le développement des maladies : on observe des débuts d’anthracnose seulement sur quelques parcelles. Même si un fongicide a été appliqué à la floraison, il est recommandé d’en appliquer un deuxième entre la deuxième et la troisième floraison, pour prévenir son apparition et son développement.
Après la floraison, le lupin est moins sensible aux ravageurs. Des encoches de sitones sont présentes sur les feuilles, ainsi que des larves dans les nodosités, sans conséquence sur le lupin. Le gibier (chevreuil, lièvre) occasionne quelques dégâts mineurs, le lupin étant très appétant à floraison.
Laurine Gazuit - l.gazuit@terresinovia.fr - Apprentie Ingénieure zone Centre & Ouest
Agathe Penant - a.penant@terresinovia.fr - Référente protéagineux zone Centre & Ouest
Premiers charançons des siliques dans les parcelles
La floraison des colzas débute sous un temps ensoleillé et doux et les premières siliques commencent à être bien visibles dans les parcelles. Les premières captures de charançons des siliques sont également signalées dans le nord-est de la France.
Stade de sensibilité du colza
Le stade G2 (les 10 premières siliques ont une longueur comprise entre 2 et 4 cm) marque le début de la période de sensibilité des colzas au charançon des siliques. La fin de la période de sensibilité est atteinte au stade G4 (10 premières siliques bosselées) lorsque les jeunes siliques à piquer deviennent rares (fin floraison).
Raisonnez les interventions selon la pression insectes
A partir du stade G2, et si vous observez une présence significative de charançons uniquement en bordure de parcelle, l’application d’un insecticide autorisé peut être suffisant uniquement sur les bordures.
Par contre, si les charançons ont déjà colonisé l’ensemble de la parcelle, le risque est présent si le seuil de 1 charançon pour 2 plantes est atteint. Dans ce cas, il faut appliquer un insecticide autorisé.
Les produits insecticides autorisés doivent être homologués pour cet usage et bénéficier de la mention abeilles (se référer aux étiquettes des produits). De plus, ils doivent être appliqués uniquement dans la page horaire suivante :
Pour rappel, les mélanges impliquants pyréthrinoïdes et triazoles en période de floraison ou de production d’exsudats sont formellement interdits. Si les 2 traitements doivent être effectués sur la même parcelle, un délai de 24 h minimum doit être respecté entre les applications et l’insecticide appliqué en premier.
Implication des cécidomyies
Les dégâts occasionnés par le charançon lui-même sont considérés le plus souvent comme marginaux. La nuisibilité est provoquée par les cécidomyies qui utilisent les piqûres des charançons des siliques comme porte d'entrée pour leurs pontes. Les larves de cécidomyies se développent dans les siliques et provoquent ainsi des pertes de rendement. La lutte directe contre les cécidomyies étant difficile, elle s'effectue via les interventions sur les charançons des siliques.
Charançon des siliques - Crédit photo : L. Jung
Premières observations de pucerons cendrés : restez attentifs
Au jour de la rédaction de cet article (04/04/2025), les pucerons cendrés commencent tout juste à être observés en différents points du Sud de la France. Très localement, des parcelles peuvent être concernés depuis environ deux semaines. La surveillance est fortement recommandée et l’évaluation du risque doit se faire au cas par cas.
Débutées depuis dix à quinze jours selon les situations, les floraisons sont désormais pleinement engagées, et les premières siliques apparaissent (la majeure partie des colzas sont au stade F2, G1 ou G2). Cette situation est généralisée pour l’ensemble du Sud de la France (Auvergne-Rhône-Alpes, Aquitaine et Occitanie)
Maintenir la vigilance sur les pucerons cendrés
Une nuisibilité bien réelle dont il faut tenir compte. La hauteur du colza, et la crainte d’occasionner des dégâts par un passage est un frein à la gestion de ce ravageur, néanmoins la nuisibilité occasionnée par les pucerons cendrés ne doit pas être sous-estimée. Par ailleurs, le contrôle du puceron est d’autant plus difficile qu’il est réalisé sur des colonies importantes déjà bien installées.
Cette année, et contrairement à 2024 et 2023, la pression est aujourd’hui plutôt faible. Mais attention, des colonies précoces ont pu être ponctuellement observées avant même la floraison. La hausse actuelle des températures, combinée à des prévisions de temps sec , constituerait alors des conditions favorables au développement de colonies.
La prise en compte d’insectes auxiliaires, comme les larves de coccinelle pour les plus faciles à identifier, est essentielle pour raisonner le choix de l’intervention. Dans la plupart des situations où les pressions de pucerons évoluent lentement, l’arrivée progressive de la faune auxiliaire joue un rôle majeur pour le maintien de la pression. En revanche, en cas d’évolution rapide des colonies, cette régulation biologique peut se montrer insuffisante.
A noter : les débuts de formation de colonies sont parfois difficiles à repérer (2 ou 3 individus au sommet d’une hampe). Bien souvent dans ces situations, les hampes concernées prennent une teinte légèrement violacée. Cette teinte est alors un indicateur de présence des pucerons, à observer donc de près.
Seuils d'intervention pour le puceron cendré
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Faut-il s'inquiéter du charançon des siliques ?
Néanmoins dans un souci de meilleure réactivité, il est important d’identifier suffisamment tôt l’insecte, principal vecteur pour les pontes de cécidomyies.
Pour en savoir plus : Comment se prémunir contre le Sclérotinia et l’Oïdium et reconnaitre les symptômes de Mycosphaerella
Vos contacts régionaux
Arnaud Micheneau (a.micheneau@terresinovia.fr) - Sud Nouvelle Aquitaine, Gers, Hautes-Pyrénées
Quentin Lambert (q.lambert@terresinovia.fr) - Occitanie
Alexandra Denoyelle (a.denoyelle@terresinovia.fr) - Auvergne, Rhône-Alpes, PACA
Lutte fongicide contre le sclérotinia du colza
Même si les attaques de sclérotinia sont peu fréquentes, la maladie reste redoutée en raison de sa très forte nuisibilité potentielle. Des leviers de lutte alternative se développent (biocontrôle, tolérance variétale). Néanmoins leurs efficacités, même combinées, sont insuffisantes pour sécuriser la production. Le recours à la protection fongicide au cours de la floraison reste donc une pratique courante pour se prémunir des attaques de sclérotinia. Elle limite également la nuisibilité des maladies secondaires qui sont gérées en même temps.
Protection des abeilles et autres insectes pollinisateurs durant la floraisonTous les produits phytopharmaceutiques autorisés pendant la floraison du colza doivent être appliqués dans la plage de traitement de 5H soit 2H avant le coucher du soleil et 3H après le coucher du soleil (Arrêté du 20/11/2021 modifiant les conditions d’application des produits phytopharmaceutiques durant la floraison). |
| Les mélanges impliquant pyréthrinoïdes et triazoles en période de floraison ou de production d’exsudats sont formellement interdits. Si les 2 traitements doivent être effectués sur la même parcelle, un délai de 24 h minimum doit être respecté entre les applications et l’insecticide doit être appliqué en premier (arrêté dit « mélanges » du 12/06/2015). |
Viser le stade G1 pour une efficacité optimale
Aucune solution curative n’existe à ce jour pour lutter contre le sclérotinia. Cela nous contraint à intervenir de façon préventive pour éviter les contaminations lors de la chute des pétales. Le positionnement du fongicide est essentiel pour garantir une bonne efficacité de la protection : intervenir trop tôt ou trop tard par rapport au stade G1 (chute des premiers pétales, 10 premières siliques avec une longueur inférieure à 2 cm) réduit significativement l’efficacité. Le stade G1 se concrétise généralement 6 à 12 jours après le début de la floraison du colza, selon les conditions climatiques. En cas de pluies annoncées au stade clé d’intervention, il est préférable d’anticiper (un tout petit peu) plutôt que de retarder l’intervention. Un créneau de 2h de sec après l’application suffit pour sécuriser l’efficacité du fongicide, sauf en cas de pluie lessivante (20mm) après le traitement.
Des solutions efficaces
La lutte fongicide contre le sclérotinia du colza s’oriente aujourd’hui vers des spécialités « haut de gamme » qui présentent toutes un bon niveau d’efficacité vis-à-vis du sclérotinia et qui ne coûtent pas systématiquement plus cher que des triazoles classiques (tébuconazole, metconazole). C’est le cas notamment du prothioconazole cette année. Des solutions récentes sont également disponibles comme le méfentrifluconazole ou la mandestrobine, les niveaux d’efficacité de ces solutions (proposées en pack ou en association toute formulée) sont équivalents à ceux des références du marché.
Malgré tout, cela ne veut pas dire que l’on peut faire n’importe quoi. Quelques règles sont à suivre pour assurer la durabilité de ces solutions, dans un contexte où des souches de sclérotinia résistantes aux fongicides de la famille des SDHI (boscalid, bixafen, fluopyram) ont déjà été identifiées. Un fongicide à base de SDHI doit obligatoirement être associé à un autre mode d’action dont l’efficacité est reconnue comme régulière (par exemple, prothioconazole, metconazole, méfentrifluconazole et tébuconazole ; les solutions de biocontrôle restent insuffisantes). Son emploi doit être limité à une application par campagne.
De la même manière, le fludioxonil a une action unisite. Il n’est pas recommandé de l’utiliser seul et sera toujours proposé en association avec un autre mode d’action (triazole (DMI) ou strobilurine (QoI-P))
Un passage suffit
Les stratégies à double traitement (2ème traitement 10/15 jours après le stade G1) ne montrent pas de gain d’efficacité vis-à-vis du sclérotinia dans la très grande majorité des situations. Elles sont très rarement rentables : le rendement net (coût fongicides et passages déduits) est plus faible pour la double application que pour un passage unique au stade G1 (figure). Elles peuvent néanmoins montrer un intérêt, qui reste aléatoire, dans quelques situations à très haut potentiel de rendement en situation de floraison très longue, de fortes pressions maladies en fin de cycle (mycosphaerella, alternaria, oïdium) qui nécessiteraient un relai, de première intervention trop anticipée pour assurer une protection correcte de la floraison.
Figure : Le double passage n’est pas valorisé dans le réseau d’essais : même niveau de rendement net entre la modalité traitée uniquement à G1 et celle avec une stratégie à deux applications. En vert : absence de maladie ou faible attaque <15% : nuisibilité de 0,7 q/ha (31 essais de 2010 à 2017). En rouge : forte attaque (moy. 33%, jusqu’à globale) : nuisibilité de 5,6 q/ha (10 essais de 2010 à 2016). Hypothèses de calcul pour le rendement net : Prix de la graine (rendu agriculteur) = 520 €/t Coût de passage = 10 €/ha
Pour aller plus loin
- Fiche Sclérotinia du colza extraite du guide méthodes alternatives et prophylaxie Grand Est - Terres Inovia, 2022
- Gestion durable de la résistance aux fongicides utilisés contre la sclérotiniose du colza (Sclerotinia sclerotiorum) - Note commune rédigée par Anses, INRAE et Terres Inovia en 2024
- Protection des abeilles et autres insectes pollinisateurs durant la floraison – Terres Inovia, 2024
Sclérotinia du colza : une protection préventive
Le sclérotinia est historiquement la maladie la plus préjudiciable sur colza au printemps. Néanmoins, les attaques sévères sont en net recul depuis plusieurs années. Des conditions climatiques moins favorables au développement du champignon au stade sensible de la culture pourraient expliquer cette baisse de la pression maladie, malgré une présence de l’inoculum dans les parcelles.
La lutte reste préventive
Il n’existe malheureusement aucune solution curative, une fois la maladie présente il est trop tard. La protection est donc préventive. Il existe une variabilité du niveau de risque à la parcelle selon le nombre de cultures sensibles à la maladie dans la rotation, l’historique des attaques sur la parcelle, la densité du couvert et le climat (temps humide avant floraison). Malgré toutes les tentatives, aucune règle de décision ne permet de modifier la stratégie.
Le positionnement du traitement conditionne son efficacité
Le traitement à la chute des premiers pétales lorsque les 10premières siliques sont formées sur les hampes principales avec une longueur inférieure à 2 cm (stade G1) reste la seule solution efficace sur la maladie. Le stade G1 apparait, selon les températures, 6 à 12 jours après le début de la floraison du colza.
Des essais menés depuis plusieurs années par Terres Inovia démontrent que le positionnement du fongicide reste un élément majeur pour garantir une bonne efficacité : intervenir trop tôt ou trop tard par rapport au stade G1 réduit significativement l’efficacité sur sclérotinia.
Attention à la variabilité inter et intra parcellaire ! |
Quelle solution utiliser selon le niveau de risque sclérotinia ?
Les solutions conventionnelles du marché, historiques comme plus récentes, sont des solutions performantes contre le pathogène et permettent une alternance des modes d’action. Cependant, le choix du fongicide doit tenir compte de l’évolution de la résistance du sclérotinia aux SDHI. La note commune publiée en 2024 par l’Anses, INRAE et Terres Inovia recommande d’éviter l’emploi seul d’un fongicide à base de SDHI, tel que le Pictor Pro (boscalid). Il convient de l’associer avec un autre mode d’action efficace (les solutions de biocontrôle restent insuffisantes) et de limiter son emploi à une seule application par campagne.
- En cas de risque agronomique sclérotinia faible à modéré (pression historique modérée, retour colza 1 an/4-5), toutes les solutions fongicides employées à demi-dose présentent un niveau d’efficacité satisfaisant vis-à-vis du sclérotinia. Les triazoles (prothioconazole, mefentrifluconazole, difenoconazole, tébuconazole, metconazole) peuvent également être envisagés, ainsi que les biocontrôles utilisés en mélange avec une demi-dose de produit conventionnel.
- En cas de pression sclérotinia élevée (retour colza une année sur trois ou moins, historique d’attaques sévères 2 ans/10, climat favorable, etc.), le mode d’action SDHI doit être associé à un autre mode d’action dont l’efficacité est reconnue comme régulière (par exemple, prothioconazole, mefentrifluconazole, metconazole, tébuconazole). Les produits à base de prothioconazole offrent également un haut niveau d’efficacité. L’utilisation de Treso (fludioxonil), au mode d’action unisite, devra quant à lui se faire en association avec un autre mode d’action (triazole (DMI) ou strobilurine (QuoI-P)).
Quel intérêt d’une stratégie à double traitement ?
L’application d’un fongicide relai 10-15 jours après le stade G1 ne montre pas de gain d’efficacité vis-à-vis du sclérotinia dans la très grande majorité des situations. Elle présente néanmoins un intérêt en cas d’entrée en floraison très hétérogène d’une parcelle en année humide et qui nécessite alors une protection étalée dans le temps.
Lors de fortes pressions en maladies de fin de cycle (mycosphaerella ou alternaria), ce fongicide relais permet de prolonger la protection des siliques qui conservent leur activité photosynthétique. Des tâches de mycosphaerella sont aujourd’hui observées dans certaines parcelles du Poitou-Charentes/Vendée ainsi qu’en Bretagne et Pays de la Loire, il faudra surveiller leur évolution et ajuster si besoin le programme fongicide prévu au stade G1. Sur 7 essais mycosphaerella menés par Terres Inovia entre 2022 et 2024 (départements 17, 35, 86), l’application d’une triazole à G1+15 jours apporte un gain de rendement pour 3 essais, n’a aucun effet pour 2 essais, accuse une légère perte de rendement pour 2 essais. De nouveaux essais sont reconduits en 2025 pour investiguer ces aspects de la protection fongicide notamment dans le cadre du projet MYCORISK.
Mycosphaerella sur feuilles à Saint Sauveur d’Aunis (17), le 21 février 2025
Des solutions de biocontrôle existent :
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Attaque de slérotinia sur tige - L.Jung Terres Inovia
Julien Charbonnaud - j.charbonnaud@terresinovia.fr - Centre-Val de Loire
Elodie Tourton - e.tourton@terresinovia.fr - Poitou-Charentes, Vendée, Limousin
Thomas Mear – t.mear@terresinovia.fr - Bretagne, Pays de la Loire
Gwenola Riquet - g.riquet@terresinovia.fr - Responsable fongicides et biocontrôle - Désherbage des légumineuses à graines
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