Un couvert semi-permanent sur la plateforme Syppre Picardie
Sur la plateforme Syppre de Picardie, un légume d’industrie était historiquement cultivé. En raison de problématiques récurrentes (oiseaux, stress hydrique) il a été décidé d’arrêter cette culture en 2022 sur les deux systèmes présents et d’y implanter un colza, associé à un couvert semi-permanent dans le système innovant.
Sur la plateforme Syppre de Picardie, un légume d’industrie était historiquement cultivé. En raison de problématiques récurrentes (oiseaux, stress hydrique) il a été décidé d’arrêter cette culture en 2022 sur les deux systèmes présents et d’y implanter un colza, associé à un couvert semi-permanent dans le système innovant.
Pour répondre aux différentes problématiques de la plateforme (Stockage de carbone, baisse de la dépendance azotée, limitation du travail du sol, enrichissement en matière organique, etc), le légume d’industrie a été remplacé par un colza depuis 2023. Ce changement a ouvert une opportunité pour expérimenter un nouvel itinéraire technique sur le système innovant, contribuant aux objectifs d’amélioration de la fertilité du sol : implanter un couvert semi-permanent en même temps que le colza, qui pourrait théoriquement rester en place pendant près de trois ans.
Les projets sur le colza
PLATOON
Vers une meilleure gestion de la problématique hernie des crucifères (Plasmodiophora brassicae) : de la connaissance de l’agent pathogène à l’évaluation variétale
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Colza
Tournesol
Pois de printemps
Pois d'hiver
Pois chiche
Lentille
Soja
Chanvre
Féverole d'hiver
Féverole de printemps
Lin d'hiver
Lin de printemps
Lupin d'hiver
Lupin de printemps
Cameline
Biodiversité
Herbi1&NoPhy
Expérimentations de systèmes agroécologiques pour un usage des pesticides en ultime recours
Decoproze
Démonstrateur de filière durable de colza riche en protéines zéro émissions
ARPEGE
Structurer et développer des filières agricoles durables avec l’agriculture régénérative
Les autres actualités
Réussir l'implantation des couverts d'été
Implanter des couverts en été après une paille peut s'avérer difficile en raison de l’humidité du sol parfois insuffisante, de la présence importante de débris végétaux qui complique la tâche de certains semoirs, de la difficulté logistique à organiser les chantiers de semis rapidement après la moisson. Voici quelques stratégies gagnantes.
Afin d’identifier les meilleures stratégies de semis de couverts après une paille, Terres Inovia et Arvalis ont implanté des essais durant les étés 2021, 2022 et 2023, lesquels croisent techniques et dates de semis. La synthèse des résultats observés montre qu’il n’y pas de technique incontestablement meilleure mais une palette de solutions adaptées à chaque situation.
Le semoir à dents permet de semer rapidement dans un gros volume de paille
tous types de semences, à la date souhaitée.
Les semis autour de la moisson lèvent bien
La date de semis impacte le pourcentage de levées des couverts. Le semis à la volée anticipé affiche les moins bonnes valeurs, toutes espèces confondues. Les graines en surface n’ne sont pas rapidement recouvertes par un mulch après le semis et les plantules peuvent être soumises à la concurrence hydrique de la céréale. Le semis à la volée réalisé juste avant la moisson donne des résultats plus satisfaisants. En revanche, en moyenne, on constate très peu d’écarts entre le semis à la volée avant la moisson, le semis direct après la moisson et le semis sur déchaumage après la moisson.
Lire la suite de l'article sur le site de Perspectives agricoles :
https://www.perspectives-agricoles.com/conduite-de-cultures/semis-couverts-apres-une-paille
Contact : D. Jamet, d.jamet@terresinovia.fr
Le guide de culture soja 2025 est disponible pour accompagner producteurs et conseillers lors de la prochaine campagne
Terres Inovia a mis à jour son guide de culture soja. Ce nouveau support complet, qui accompagnera les producteurs, est téléchargeable gratuitement sur le site internet de Terres Inovia et peut également être commandé en version imprimée*.
Le soja est un pourvoyeur de performances agronomiques pour l’exploitation. C’est un excellent précédent ; il est économe en intrants, en temps et en matériel ; il est adapté à de nombreux systèmes de culture dont l’agriculture biologique ; etc.
Le guide de culture soja 2025
Ce guide de culture permet de tout savoir sur l’itinéraire technique du soja, jusqu’à la conservation. L’ensemble des rubriques de l’ouvrage ont été actualisées, telle que la présentation des variétés évaluées dans le réseau Terres Inovia.
A noter, toutefois, que la rubrique « Couvert végétal avant soja » a été enrichie avec les dernières connaissances de l’institut sur le choix optimal des espèces, le mode d’implantation et de destruction des couverts… Parallèlement, une nouvelle version de l’outil Acacia a été développée pour aider les agriculteurs à constituer leur mélange.
Pour la partie « Désherbage », les modifications portent essentiellement sur deux produits à base de pendiméthaline, que sont le Prowl 400 et l’Atic-Aqua. La principale évolution porte sur leurs conditions d’application, puisqu’elles comportent une DVP de 20 mètres et une ZNT de 50 mètres.
Le guide de culture soja 2025 peut être téléchargé gratuitement par toute personne ayant créé son compte personnel sur le site internet de l’institut. Le guide en version imprimée est également gratuit, seule une participation aux frais de port est demandée. Il sera envoyé à partir du 02 juin 2025.
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Syppre Picardie : du nouveau sur la plateforme pilotée par Terres Inovia
Les ingénieurs de Terres Inovia ont diffusé des résultats mis à jour pour la plateforme Syppre Picardie et une analyse de la multiperformance du système est également proposée.
Chaque année, les expérimentateurs du projet Syppre en limons profonds de Picardie font un bilan des résultats et enseignements, de la campagne écoulée, et en pluriannuel depuis le début de l’expérimentation.
- Rendez-vous sur le site de Syppre pour consulter les résultats annuels mis à jour : ici ;
Par ailleurs, l’équilibre entre performances techniques et environnementales ; et performances économiques et de productivité est difficile à trouver sur la plateforme picarde.
- Toutes les explications sont sur le site de Syppre : ici.
Contact : D. Jamet, d.jamet@terresinovia.fr
Agriculture de conservation : dynamiques des matières organiques dans les sols
A l'occasion de la conférence annuelle de la revue TCS, Terres Inovia a présenté l'évolution du coefficient isohumique en fonction du C/N des résidus organiques et les implications pour les couverts végétaux et leur gestion dans les systèmes ACS.
Chaque année, en décembre, la revue TCS propose une journée de conférences. La dernière en date s'est tenue, comme à l'accoutumée, à Vendôme (Loir-et-Cher). Les thématiques abordées étaient en lien avec l’agriculture de conservation des sols (ACS). Chaque conférence, donnée par un expert, spécialiste de la question abordée, se voulait technique et en lien avec le terrain et les demandes des agriculteurs en ACS.
Le stockage de carbone sous toutes ses coutures
Terres Inovia y était invité pour présenter les avancées récentes sur la compréhension des dynamiques des matières organiques dans les sols. Si leur stockage dépend surtout des biomasses organiques restituées au sol, leur composition, notamment le rapport C/N (carbone/azote) des résidus végétaux, joue également un rôle. De manière contre-intuitive, plus la biomasse végétale restituée contient de N (comparé à sa teneur en C), plus elle contribuera en proportion au stockage de carbone du sol.
La rencontre a également été l'occasion de faire la part belle aux nouveautés concernant l’importance des activités microbiennes, des racines et de la diversité végétale dans le stockage de carbone du sol.
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Consultez le dernier numéro d'Arvalis & Terres Inovia infos
Le numéro régionalisé de janvier d'Arvalis & Terres Inovia infos est disponible et consultable en ligne (PDF téléchargeables ci-dessous).
A découvrir dans ce numéro :
OLÉOPROTÉAGINEUX
- Tournesol : les variétés évaluées par Terres Inovia en 2024
- Tournesol : une culture qui garde tout son intérêt pour 2025
- Agriculture biologique : introduire un couvert dans un tournesol
- Fonctionnement des sols : évaluer selon les attentes
Documents à télécharger
Réussir la destruction des couverts végétaux hivernaux
La période de destruction des couverts végétaux hivernaux approche. Cette intervention, qui doit permettre la dévitalisation totale des couverts et le maintien d’une structure de sol favorable à l’implantation de la culture suivante, est dans la mesure du possible réalisée dans des conditions optimales d’humidité du sol, ce qui réclame un grand niveau de vigilance.
Comment choisir la période de destruction des couvert hivernaux ?
- Pour un couvert à dominante crucifères ou graminées, la destruction doit survenir au moins deux mois avant la date prévisionnelle de semis de la culture suivante. L’objectif est d’éviter une faim d’azote sur les premiers stades de développement de la culture. Attention également à la phacélie, dont le rapport C/N a tendance à fortement augmenter en fin de cycle.
- Pour un couvert à dominante légumineuses, la destruction peut être plus tardive, jusqu’à trois semaines avant la date prévisionnelle de semis. Dans ce cas de figure, les principaux points de vigilance concernent la présence de résidus non dégradés au moment du semis, et la concurrence exercée sur l’eau et les minéraux du sol par des couverts détruits trop tardivement.
La destruction tardive d’un couvert hivernal à forte biomasse peut conduire à l’assèchement de sols à faible réserve utile (sols superficiels, sols sableux ou limoneux), surtout si la fin d’hiver et le début du printemps sont marqués par un déficit de pluviométrie. L’alimentation hydrique de la culture suivante risque alors d’être pénalisée, en particulier en conduite pluviale.
Aussi, il faut savoir prendre la décision d’arrêter la progression d’un couvert quand il atteint 2 à 4 tonnes de biomasse par hectare (1 à 2 kg de matière verte par m²), et qu’il a fourni les bénéfices que l’on en attend (protection contre l’érosion, piège à nitrates).
Vouloir « pousser » son couvert, peut conduire, en cas de scénario climatique défavorable, a des destructions trop tardives, impactant directement la réussite de la culture suivante.
Les conditions d’intervention sont cruciales pour les destructions mécaniques, tout particulièrement sur sols argileux. Les couverts contribuent au ressuyage du sol durant l’hiver, ils participent également au maintien d’une humidité au sol, d’autant plus importante avec des fortes biomasses ou s’ils contiennent des graminées. En fin d’hiver, il est ainsi primordial de détruire le couvert dès qu’une fenêtre favorable se présente, lorsque le sol est suffisamment ressuyé sur tout le profil travaillé . Pour cela, un suivi régulier des conditions d’humidité du sol s’impose pour limiter les risques de tassement ou de lissage.
Quel mode de destruction pour mes couverts ?
Les techniques de destruction sont multiples et doivent être choisies en bonne cohérence avec les caractéristiques des espèces implantées et les propriétés du sol.
Les techniques de destruction sont multiples et doivent être choisies en bonne cohérence avec les caractéristiques des espèces implantées et les propriétés du sol.
En fin d’hiver, sur sols argileux, il faut attendre un ressuyage suffisant du sol et réaliser des interventions qui restent superficielles, sont 2 conditions indispensables (ex : 2xDDI, Broyeur+scalpeur, rouleau hacheur + herse rotative).
Le labour ou des travaux profonds ne peuvent être envisagés que sur les sols limoneux ou sableux. Dans des situations avec des couverts bien développés, un broyage préalable peut être nécessaire.
Les travaux menés par Terres Inovia dans le cadre du réseau Syppre Lauragais ont montré que sur des couverts à tige creuse (féverole, phacélie), de nombreux matériels présentent des résultats satisfaisants de destruction (herse rotative, scalpeurs, déchaumeurs à disques indépendants, rouleaux hacheurs). La herse rotative sans rouleau, utilisée à faible profondeur (5-7cm) sur des couverts moyennement développés, assure la dévitalisation des plantes et la création d’un lit de semence favorable à la culture suivante. Le débit de chantier reste toutefois faible, tout comme l’efficacité sur les plantes à pivots et les graminées.
La difficulté principale consiste bien souvent à détruire les graminées adventices qui peuvent se développer dans le couvert pendant l’hiver, auquel cas, les outils à bon recouvrement ou équipés d’ailettes se détachent en termes d’efficacité, même si celle-ci est rarement totale. Aussi, la présence d’adventices et notamment de graminées justifie une destruction précoce, afin d’intervenir sur des stades jeunes plus faciles à détruire, et viser une implantation de la culture suivante sur un sol propre.
Si le choix se porte sur la destruction chimique, des couverts développés vont demander des doses élevées de glyphosate. L’ajout de 2-4D peut améliorer l’efficacité de destruction des dicotylédones, mais s’il est utilisé, veiller rigoureusement au délai d’application avant semis du tournesol (30 jours). Précisions, également que le levier de destruction chimique peut être mobilisé après une 1ère étape de destruction mécanique, si des graminées adventives n’ont pas été détruites et si les conditions d’humidité ne sont pas favorables. Dans ce cas de figure, le glyphosate seul suffira, et il conviendra de moduler les doses utilisées.
Quel que soit le mode de destruction, il faudra être vigilant à la présence de résidus non dégradés ou trop grossiers qui risquent de perturber le passage de l’élément semeur de la culture suivante, ou nuire au contact sol-graine. Les résidus peuvent également générer une activité plus importante des mollusques au printemps. Une surveillance précoce doit être mise en place pour éviter des potentiels dégâts sur la culture suivante.
Pour aller plus loin:
Votre contact régional
Clémence de Saintignon (c.desaintignon@terresinovia.fr)
Matthieu Abella (m.abella@terresinovia.fr)
Optimiser la destruction du couvert et l’implantation de la culture suivante
Afin de trouver le bon compromis entre les bénéfices apportés par une couverture végétale et la réussite de la culture de rente suivante, la destruction des couverts doit être anticipée et raisonnée. Plusieurs points de vigilance sont à prendre en considération pour ajuster au mieux la date et le mode de destruction.
Au-delà des considérations agronomiques, la règlementation doit également être prise en compte, puisque la mise en place, la gestion et la destruction des couverts (date et mode de destruction) sont encadrés réglementairement. D’une part, la Directive Nitrate impose de couvrir les sols en zone vulnérable et encadre la destruction des couverts sur ces zones, avec par exemple des restrictions sur la destruction chimique dans certaines régions. Par ailleurs, la nouvelle règlementation de la PAC impose, pour l’obtention de l’éco-régime, la mise en place d’une couverture végétale pendant 6 semaines minimum entre septembre et novembre. Les couverts végétaux contribuent également à atteindre les 7% des terres dédiés à des infrastructures agroécologiques (IAE), culture dérobée et fixatrices d’azote. Il est important de se référer aux règlementations en vigueur spécifiques à chaque territoire.
1. Choix de la période de destruction
Le choix de la date de destruction du couvert fait intervenir différents objectifs : maximiser les bénéfices apportés par les couverts pendant l’interculture (protection contre l’érosion, piège à nitrate etc.), assurer une bonne gestion de la fourniture en azote pour la culture suivante, ne pas pénaliser l’implantation de la culture suivante (alimentation hydrique, gestion des résidus) … L’intégration de ces différents objectifs permet de proposer les règles de décision suivantes :
Cas des couverts estivaux ou automnaux
Ces couverts produisent de la biomasse durant l’été et l’automne (exemple : sorgho fourrager, mélange crucifères-légumineuses semé en été, …). Trois situations se présentent alors :
- Avant une culture semée à l’automne (céréale d’hiver, protéagineux d’hiver), la destruction peut être envisagée au plus proche du semis de la culture ;
- Avant une culture de printemps implantée en sortie d’hiver (ex : pois chiche, lentille, pois protéagineux, féverole de printemps, orge de printemps), il est nécessaire de prévoir une destruction précoce. Si les couverts n’ont pas été détruits par les premières gelées, une destruction avant l’hiver est plus sécurisante.
- Avant une culture de printemps implantée tardivement (ex : tournesol, maïs, soja), la marge de manœuvre est plus grande. Si la couverture n’a pas été impactée par les premiers froids hivernaux, la destruction pourra être programmée dès qu’une fenêtre favorable en termes d’humidité du sol se présente, à partir de décembre.
Cas des couverts hivernaux
Ces couverts produisent l’essentiel de leur biomasse à la sortie de l’hiver, et sont par conséquent positionnés en interculture longue avant une culture d’été. La date de destruction de ces couverts est à raisonner également au regard de la composition du mélange, pour éviter le risque faim d’azote au début du cycle de la culture (lié à la mobilisation de l’azote pour la décomposition des résidus du couvert).
- Dans le cas d’un couvert composé d’une dominante crucifères et/ou graminées, il est conseillé de le détruire au moins deux mois avant la date prévisionnelle de semis de la culture suivante, afin d’éviter une mobilisation de l’azote sur les premiers stades de développement de la culture.
- Dans le cas d’un couvert composé d’une dominante légumineuses, la destruction peut être plus tardive, jusqu’à trois semaines avant la date prévisionnelle de semis. Le principal point de vigilance concerne alors la dégradation des résidus.
Par ailleurs, un autre point de vigilance à prendre en compte pour le choix de la date de destruction des couverts hivernaux est l’anticipation des interventions de reprise. Le couvert facilite le ressuyage du sol pendant l’hiver mais il conserve une humidité importante au sol, d’autant plus si la végétation est importante (couvert vivant ou résidus/mulch) ou s’il contient des graminées. Il est alors primordial de détruire le couvert dès qu’une fenêtre météo favorable se présente afin que les interventions de reprise puissent être réalisées sur un sol suffisamment ressuyé et réchauffé.
Cas de figure nécessitant une destruction anticipée
En cas de salissement ou de montée à graine dans le couvert, il est nécessaire d’anticiper la destruction de celui-ci. En effet, la priorité est de ne pas pénaliser la gestion des adventices dans la culture suivante, et de pouvoir semer celle-ci sur un sol propre.
Si la structure du sol est jugée problématique (discontinuité du profil, sol rappuyé par exemple) et risque de freiner l’exploration racinaire de la culture suivante, un travail de rattrapage peut être réalisé au printemps si les conditions le permettent. Il est alors préférable d’anticiper la destruction du couvert afin de maximiser les chances de pouvoir créer une structure favorable pour la prochaine culture, en travaillant le sol dans les meilleures conditions d’humidité possibles (sol à consistance friable).
Figure 1. Illustration des paramètres à prendre en compte pour déterminer la date de destruction du couvert.
2. Mode de destruction et sensibilité des espèces à ces modes de destruction
Les différents modes de destruction
Tableau 1. Sensibilité de différentes espèces de couverts végétaux à différents modes de destruction. Sources : Terres Inovia, Arvalis
Destruction naturelle par le gel
Les couverts peuvent être détruits totalement ou partiellement par le gel, la destruction par le gel dépend alors du type d’espèce et de son développement (cf. tableau 1). La faisabilité de ce mode de destruction varie selon les régions, où la fréquence des périodes de gel et les températures atteintes sont différentes.
Destruction mécanique
Il est recommandé d’être très attentif aux conditions de sol lors la destruction mécanique des couverts, et de privilégier les interventions sur sol gelé ou suffisamment ressuyé pour limiter les risques de tassements, lissages ou de création de mottes.
Roulage :
Avantages
- Pas de dégradation de la structure du sol si passage sur sol portant et ressuyé
- Faible coût et débit de chantier élevé (4 ha/h pour un rouleau Cambridge de 8m), moins consommateur en énergie que le broyage ou la herse rotative
Inconvénients
- Résidus moins bien fragmentés que lors d’un broyage
- Plage d’intervention limitées aux moments de gel (rouler par temps de gel permet de combiner les dégâts mécaniques et dégâts de gel sur les plantes)
Points de vigilance
- Efficace sur couverts suffisamment développés, particulièrement sur les plantes hautes et à tige creuse (féverole, moutarde…) et les céréales stade fin montaison, mais non adapté aux couverts à tige souple (vesce…)
- Risque que le couvert reparte si le roulage n’est pas suffisamment agressif
« Rolo Faca » : à la différence du rouleau classique, il permet de pincer les tiges du couvert, et conduit à dessécher les plantes. Adapté sur plantes hautes et céréales stade fin montaison.
Rouleau hacheur :
Avantage
- Pas de dégradation de la structure du sol si passage sur sol portant et ressuyé
- Impact plus important sur le couvert que le rouleau classique (stoppe momentanément le développement du couvert et le prélèvement de ressources)
Inconvénients
- Action incomplète voire nulle dans certaines situations (graminées non à floraison, crucifères) et sur les adventices (graminées en particulier)
Broyage :
Avantages
- Recommandé pour les couverts fortement développés, en particulier espèces à tige dure (ex. crucifères)
- Pas d’impact sur la structure du sol si passage sur des sols portants et ressuyés
Inconvénients
- Peu efficace sur certaines espèces : radis fourrager, graminées, trèfles…, et sur les adventices rampantes
- Faible débit de chantier (2 ha/h pour un broyeur à axe horizontal de 4.8m)
Points de vigilance
- Risques liés au mulch issu du broyage : maintien d’une humidité qui risque de retarder le semis de la culture suivante, maintien des ravageurs, gène à la levée
Labour :
Avantages
- Enfouissement total des résidus
Inconvénients
- Difficile à mettre en place sur des sols à tendance argileuse au printemps
- Faible débit de chantier et coût élevé (0.9 ha/h pour une charrue 5 corps)
Points de vigilances
- Réalisable sur des couverts à faible biomasse.
- Si une destruction par labour est envisagée, l'opération doit être réalisée dans des conditions climatiques adaptées (donc positionnée à la même période que le serait un labour "classique", non destiné à la destruction des couverts, par exemple avant l'hiver pour les sols argileux).
Herse rotative (sans rouleau) :
Avantages
- Efficace sur couverts moyennement développés
- Permet de combiner destruction du couvert et création d’un lit de semence favorable à la culture suivante
Inconvénient
- Faible débit de chantier (1.7ha/h pour une herse rotative 4 m)
- Peu efficace pour les cultures à pivot et graminées à fort enracinement
Points de vigilance
- Ne pas travailler profond (5cm maximum si possible) pour éviter de provoquer des lissages. L'objectif consiste à dévitaliser le couvert à l'aide d'un travail très superficiel et à vitesse soutenue (7-10km/h).
- Pour un couvert trop développé (>80-90cm de hauteur), un broyage préalable est nécessaire
- Risque de forte dégradation de la structure du sol en cas d’intervention en conditions de sol plastique
Déchaumeur à disques :
Avantages
- Efficace sur couverts moyennement développés
- Débit de chantier élevé (3.5 ha/h pour un déchaumeur à disques de 4m)
Inconvénients
- Efficacité très variable, et dépendante du type d’espèce présente
- Un seul passage n’est généralement pas suffisant
Points de vigilances
- Risque de forte dégradation de la structure du sol en cas d’intervention en conditions de sol plastique
- Viser une intervention la plus superficielle possible
- Les déchaumeurs à disques indépendants, ou à disques verticaux ondulés semblent avoir une meilleure efficacité
Destruction chimique
La destruction chimique permet une plus grande plage d’intervention pour assurer la destruction du couvert. En effet, il est possible d’intervenir même en conditions d’humidité « limites », la destruction chimique peut ainsi servir de recourt lorsqu’il n’est pas possible d’intervenir mécaniquement (sol argileux ou humide). Ce mode de destruction est très réglementé aujourd’hui, et reste possible uniquement dans les trois situations suivantes (dans le cas d’un usage en grandes cultures) :
- Dans les situations en non-labour (limité à 1080 g/ha/an)
- Dans les sols hydromorphes labourés en été ou début d’automne avant une culture de printemps (limité à 1080 g/ha/an)
- Dans le cadre de la “lutte réglementée” (ambroisie par exemple) (limité à 2880 g/ha/an)
Le glyphosate se montre particulièrement efficace contre les graminées, et celui-ci peut être associé à du 2-4 D, un antidicotylédone, permettant ainsi de réduire la dose de glyphosate. Le Dicamba est un autre antidicotylédone homologué en interculture, efficace contre les vivaces. Les différentes espèces (implantées en couverts, repousses ou adventices) présentent des sensibilités différentes à la destruction chimique. Dans les situations où la destruction chimique est possible, les doses indicatives recommandées par espèce sont données dans le tableau 2.
Tableau 2. Sensibilité des différentes espèces (couvert, repousses, adventices) à la destruction chimique et doses indicatives recommandées. Source : GIEE Magellan
3. Implications pour l’implantation de la culture suivante
La mise en place d’un couvert ne doit pas pénaliser l’implantation de la culture suivante, notamment concernant l’alimentation hydrique et minérale de la culture, et la qualité du lit de semence.
Alimentation hydrique
La destruction tardive d’un couvert hivernal à forte biomasse peut participer à l’assèchement du sol dans des situations à faible réserve utile ou dans le cas d’une séquence sèche en fin d’hiver – début de printemps. L’alimentation hydrique de la culture suivante risque alors d’être pénalisée, en particulier pour les cultures d’été en conduite pluviale. Il faut alors être vigilant à la date de destruction du couvert en fonction de son développement et de la situation.
Alimentation minérale
Le rapport C/N1 du couvert est un élément important à prendre en considération pour raisonner la période de destruction, pour optimiser la fourniture d’azote pour la culture suivante. L’objectif est de faire coïncider la période de minéralisation de l’azote du couvert avec les besoins de la culture, tout en évitant le risque de faim d’azote au début du cycle (lié à la mobilisation de l’azote pour la dégradation des résidus de couvert par les microorganismes du sol). Cet optimum varie avec la composition du mélange (cf. article services rendus par les couverts).
Pour les couverts avec un rapport C/N élevé, il est donc préférable d’anticiper la destruction pour éviter que la mobilisation d’azote pour la dégradation du couvert arrive quand la culture est en place et à des besoins, alors que les couverts à faible C/N peuvent être détruits plus tardivement.
1 La rapport C/N correspond à la teneur en carbone organique divisé par la teneur en azote total. Le C/N du couvert au moment de sa destruction impacte la dynamique de minéralisation de l’azote dans le sol suite à son incorporation dans le sol.
Gestion des résidus
Une gestion rigoureuse des résidus du couvert est également indispensable pour réussir l’implantation de la culture. En effet, un mulch trop important ou des résidus trop grossiers risquent de perturber le passage de l’élément semeur et ainsi entrainer un mauvais contact entre le sol et la graine. Certaines espèces ont une vitesse de dégradation rapide et ne risquent pas de perturber le semis le mois suivant. En revanche, quand ce n’est pas le cas, il est recommandé d’effectuer une intervention supplémentaire pour enfouir ou fractionner les résidus, ou d’être équipé d’un semoir avec chasse débris ou disques inclinés qui écarteront les résidus du rang.
Par ailleurs, la présence de résidus peut aussi engendrer une activité plus importante des mollusques au printemps. Une surveillance particulière doit être mise en place pour éviter des potentiels dégâts sur la culture suivante.
Semis direct sous couvert vivantL’implantation de la culture suivante en semis direct dans le couvert vivant peut présenter de nombreux avantages agronomiques (fertilité des sols etc.). Cependant, il faut être vigilants sur certains points pour ne pas pénaliser le peuplement de la culture ni favoriser l’installation de bioagresseurs : semer sur un sol propre et nivelé avec un matériel adapté, soigner le semis (vitesse, densité, profondeur, fertilisation, roulage), gérer les pailles etc. Pour avoir toutes les informations sur la conception et la gestion de système en semis direct sous couvert, se reporter au guide Magellan. Ou au webinaire disponible ici : https://www.terresinovia.fr/-/replay-webinaire-couverts-d-interculture |
4. Exemple : règles de décision pour la destruction d’un couvert avant tournesol, dans un contexte de système pluvial du Sud-Ouest
Figure 2. Schéma visant à aider au choix de la date de destruction du couvert. Source : Terres Inovia, Réseau d’agriculteurs Lauragais
Les règles de décision présentées dans les parties précédentes, notamment sur le choix de la période de destruction, fournissent des orientations générales, mais celle-ci sont évidemment à adapter au contexte local. Ainsi, le schéma de décision (Figure 2) a été construit à partir du suivi réalisé sur les parcelles des agriculteurs du réseau Syppre Lauragais. Il permet aux agriculteurs d’être aiguillés pour choisir une date optimale pour la destruction d’un couvert hivernal avant l’implantation d’un tournesol non irrigué. L’objectif est de trouver le meilleur compromis entre la présence de la couverture hivernale et la réussite de la culture de printemps.
Les règles de décision présentées sont à replacer dans le contexte local :
- la règle de décision imposant la destruction du couvert en cas de réserve utile trop faible s’explique par le risque de concurrence pour l’eau particulièrement préjudiciable pour le tournesol en contexte non irrigué
- l’objectif de production de biomasse est quant à lui lié au risque important d’érosion dans la région ; risque atténué par la présence de couverts bien développés durant l’hiver.
Sources
Guide Magellan Semis Direct (2019)
Cultures intermédiaires, Impacts et conduite, Arvalis Institut du végétal (2011)
Les coûts 2022 des matériels agricole, Chambres d’Agriculture France (barème d’entraide)
Optimiser l’implantation des couverts d'interculture
La réussite de l’implantation est un facteur clé pour assurer le succès du couvert par la suite, mais celle-ci peut être délicate, en particulier dans les contextes d’étés chauds et secs des dernières années. Pour maximiser les chances de réussite de l’implantation, il convient donc d’identifier les facteurs de réussite et d’échec, et de choisir la période et le mode de semis adaptés à la situation.
1. Période d’implantation
1.1. Positionnement de l’implantation
On distingue trois grandes périodes pour l’implantation des couverts végétaux d’interculture : semis précoce (en juillet), semis intermédiaire (en août) et semis tardif (en septembre/octobre). Pour définir la période optimale d’implantation, plusieurs éléments sont à prendre en compte, en particulier la culture suivante (et donc la durée de l’interculture), l’état de la parcelle et les services attendus du couvert.
Durée de l’interculture
- En interculture courte, avant une culture d’hiver, il est recommandé de semer un couvert estival, rapidement après la moisson.
- En interculture longue avant une culture de printemps implantée précocement (pois de printemps ou lentille par exemple), il est possible de réaliser soit un couvert estival soit un couvert automnal, qui doivent l’un comme l’autre être semés dans un sol frais ou avant une pluie significative annoncée. L’objectif est d’assurer une levée homogène pour sécuriser la réussite du couvert. En effet, sur cette période, le principal levier d’action réside dans la réussite de l’implantation ; le développement du couvert dépendra ensuite principalement des précipitations durant son cycle de croissance. Pour un couvert estival, implanté à la suite de la moisson en juillet, il est recommandé de limiter les interventions de travail du sol pour maintenir l’humidité résiduelle du précédent. Pour un couvert automnal, implanté sur le mois d’août, il est possible d’être plus opportuniste pour le moment du semis vis-à-vis des précipitations annoncées, tout en semant assez tôt pour que le couvert puisse se développer et produire de la biomasse avant l’hiver.
- En interculture longue avant une culture de printemps implantée plus tardivement (tournesol, maïs ou soja par exemple), il est possible de mettre en place un couvert estival, automnal ou hivernal. Concernant le couvert hivernal, il est recommandé de l’implanter assez tôt, en septembre – début octobre, pour garantir un développement suffisant du couvert avant l’hiver.
Etat de la parcelle
La période d’implantation peut également être impactée par l’état de la parcelle. En effet, l’interculture est la période durant laquelle il est possible de travailler le sol pour reprendre une structure problématique, ou encore de réaliser des faux-semis pour lutter contre certaines adventices. Ces interventions peuvent conduire à retarder l’implantation du couvert. Il s’agit ainsi de trouver le meilleur compromis entre les bénéfices apportés par un couvert développé et réussi, et la sécurisation de la culture suivante.
Services attendus du couvert
Par exemple, dans les contextes à fort risque de lixiviation, il est recommandé d’implanter précocement le couvert pour qu’il puisse jouer son rôle de piège à nitrate avant la période de drainage.
Figure 1. Périodes d'implantation des couverts végétaux selon le type d'interculture. Source : Terres Inovia, GIEE Magellan
1.2. Les stratégies de gestion en interculture longue
Pour maintenir un couvert durant toute l’interculture longue (notamment avant une culture de printemps tardive), et ainsi maximiser les bénéfices apportés par les couverts végétaux, différentes stratégies sont possibles :
- Double couvert : Implantation d’un couvert estival avant ou après la récolte du précédent. Un couvert hivernal est ensuite implanté directement dans le couvert estival ou après destruction de celui-ci à l’automne (Figure 2.a).
- Couvert relais : Implantation du couvert en été. Le couvert se compose à la fois d’espèces qui se développent durant la période estivale, et d’espèces adaptées à la période hivernale. Ces dernières « prendront le relais » en se développant dans un second temps, permettant ainsi d’assurer une continuité dans la couverture du sol. Il est possible de réaliser un broyage ou un roulage sur gel en entrée hiver, pour détruire les espèces estivales et favoriser le développement des espèces relais. Cette technique présente l’avantage de ne faire qu’un seul passage de semis, à l’inverse de la technique du double couvert (Figure 2.b.).
Ces deux techniques permettent de couvrir le sol durant toute la durée de l’interculture, en particulier en sortie d’hiver, et ainsi de limiter le salissement des parcelles sur cette période et de maintenir un effet sur la structure du sol le plus longtemps possible.
Figure 2. a. Illustration de la technique du double couvert. Figure 2.b. Illustration de la technique du couvert relais. Source : GIEE Magellan
1.3. Adapter le choix des espèces à la période
La période conditionne le choix des espèces du couvert. En effet, les espèces ont des caractéristiques physiologiques différentes, et sont donc plus ou moins adaptées aux périodes d’implantation précédemment citées. Il faut ainsi prendre en compte :
- Les conditions de température et d’humidité qui caractérisent chaque période d’implantation. Les aptitudes germinatives de chaque espèce, en lien avec la température et l’humidité du sol, étant différentes, il faut donc choisir l’espèce adaptée à la période de semis.
- La durée et les conditions climatiques (lumière, T°) de la période d’interculture. Les espèces ont des besoins thermiques différents pour leur croissance, il faut donc choisir l’espèce au cycle de croissance adapté à la période de l’interculture, tout en prenant en compte l’objectif de production.
Tableau 1. Périodes de semis favorables pour différentes espèces de couverts végétaux. Source : Terres Inovia, Arvalis, ITB
2. Optimiser l’implantation des couverts végétaux
2.1. Adapter l’implantation des couverts végétaux aux conditions de récolte de la culture précédente et à la gestion du travail du sol
Afin de maximiser la réussite du semis des couverts végétaux, différents paramètres doivent être pris en compte avant la récolte, pour définir les priorités de gestion de l’interculture et adapter au mieux les techniques de semis :
- Salissement de la parcelle : l’objectif est de semer les couverts végétaux sur un sol propre. Il est nécessaire d’adapter le semis à la gestion des adventices la plus appropriée, qui dépend de l’état de propreté de la parcelle à la récolte et du type de flore (graminées ou dicotylédones). La réalisation ou non de faux semis par des interventions mécaniques peut influencer le choix du matériel de semis et la période d’implantation.
- État de la structure du sol et/ou tassements occasionnés à la récolte : observer son sol avant le semis reste une étape indispensable pour adapter la technique d’implantation des couverts aux travaux de sol. Le semis direct ou le semis à la volée avant la récolte du précédent ne peuvent être réalisés seulement s’il n’y a pas de zones tassées ou compactées risquant de pénaliser l’enracinement des couverts et l’infiltration de l’eau.
- Il est aussi important de définir la période de travail du sol et le type d’outil utilisé, qui dépendent du type de sol, pour adapter au mieux la technique d’implantation : travail du sol estival avant le semis du couvert ou travail du sol hivernal/printanier lors de la destruction du couvert.
- Gestion de la paille lors de la récolte du précédent : il existe des conditions optimales de gestion de la paille (en termes de hauteur de fauche, exportation ou non des pailles, répartition des pailles) pour chaque mode de semis ; celles-ci doivent être prises en compte afin de réussir au mieux l’implantation des couverts végétaux. Par exemple, le semis direct après la moisson avec un semoir à disques ou à dents nécessite d’adapter la hauteur de fauche du précédent au type de semoir. La répartition homogène des résidus de paille est importante en cas de semis à la volée et de semis sous la coupe.
Figure 3. Paramètres à prendre en compte entre la récolte du précédent et l’implantation des couverts, pour maximiser les chances de réussite du couvert. Source : Terres Inovia
Attention aux résidus d’herbicideLe manque d’eau est souvent mis en avant pour expliquer un échec d’implantation de couvert. Si ce facteur est effectivement limitant, d’autres critères sont également à prendre en compte, notamment les résidus d’herbicides appliqués en sortie hiver ou au printemps. L’impact sur la levée sera dépendant de l’espèce du couvert, de la matière active herbicide, de la date d’application de l’herbicide (plus l’application sera tardive, plus l’impact pourra être important) et des conditions climatiques. L’impact des résidus d’herbicides est illustré figure 6.
Figure 4. Risques de phyto-rémanence pour la levée des couverts. Source : Terres Inovia, GIEE Magellan |
2.2. Modes d’implantation des couverts végétaux : avantages, inconvénients et points de vigilance
Figure 5. Illustration des modes d’implantation des couverts végétaux. Source : GIEE Magellan
Le semis à la volée avant la moisson
Avantages :
- Semis précoce
- Profite de l’humidité résiduelle
- Coût modéré (10 – 12€/ha)
- Débit de chantier : 10 ha/h
Inconvénients :
- Risque de prédation des graines (limaces)
- Nécessité de pluie après épandage
- Importance du choix des espèces majoritairement de petite taille
- Délicat sur les sols limoneux et/ou battus en surface
Points de vigilance :
- Semer uniquement si prévision de 20 à 25mm après le semis
- Prendre en compte la rémanence des herbicides utilisés dans la culture
- Adapter la hauteur de coupe et la répartition des pailles
- Choisir des espèces avec un PMG faible à moyen (<35g), attention à la largeur d’épandage pour les espèces à PMG très faible (<6g)
- Délai avant moisson : privilégier semis environ 10 jours avant moisson (limiter la concurrence en lumière et eau avec la culture en place)
Le semis sous la coupe de la moissonneuse
Avantages :
- Semis précoce
- Profite de l’humidité résiduelle
- Coût modéré (7 – 8€/ha)
- Pas de passage supplémentaire
Inconvénients :
- Débit de chantier faible : 2 ha/h
- Risque de prédation des graines (limaces)
- Importance du choix des espèces majoritairement de petite taille
Points de vigilance :
- Hauteur de coupe basse et homogénéité de la répartition des pailles
- Ne pas récolter dans des conditions humides pour avoir un terrain nivelé sans tassement
Le semis direct à dents et à disques
Avantages :
- Facilite le semis précoce et profite de l’humidité résiduelle
- Risque plus faible d’assèchement du sol
- Faible perturbation du sol : limite les levées d’adventices
- Coût modéré (30 à 50€/ha)
- Débit de chantier : 3 ha/h
Inconvénients :
- Problèmes de bourrage avec les résidus du précédent selon les types de semoirs (dents, disques, disques ouvreurs...)
- Risque de prédation des graines (limaces)
- Semoir à disques assez coûteux
- Importance du choix des espèces majoritairement de petite taille
Points de vigilance :
- Adaptation de la hauteur de fauche de la culture précédente
- Roulage obligatoire après le semis
Le semis à la volée puis déchaumage
Avantages :
- Bonne gestion des pailles et ravageurs
- Adaptation possible en un seul passage sur un déchaumeur
- Débit de chantier important : 5 ha/h
- Coût modéré (35€/ha)
Inconvénients :
- Favorise les levées d’adventices
- Adaptation délicate de la profondeur à la taille des graines
- Positionnement de la graine aléatoire et risques d’irrégularité de levée
- Asséchement du sol
Points de vigilance :
- Roulage obligatoire après le semis
Le déchaumage puis semis en ligne
Avantages :
- Bonne gestion des pailles et ravageurs
- Un seul passage possible selon les types de semoirs
- Bon contact sol-graine et profondeur de semis régulière
- Adapté à beaucoup de graines
Inconvénients :
- Favorise les levées d’adventices
- Asséchement du sol
- Débit de chantier (1,5 ha/h) et vitesse d’avancement faible pour les semis au combiné herse rotative - semoir
- Risque de « bourrage » avec les résidus du précédent avec le combiné HR
Points de vigilance :
- Roulage obligatoire après le semis
2.3. Choisir les espèces adaptées à la technique d’implantation
Afin de maximiser la réussite de l’implantation des couverts, il est nécessaire d’adapter le type de graine à la technique de semis (cf. article choix des couverts).
- Concernant les semis à la volée, il faut être attentif à la largeur d’épandage, en fonction de la taille des graines. Les mélanges de graines de tailles différentes risquent de rendre la répartition de semis très hétérogène et inégale sur la largeur d’épandage.
- Concernant les semis sous la coupe, il faut être attentif à la qualité de répartition du broyage de paille, pour recouvrir les graines par le mulch de paille : les graines de petites tailles sont plus adaptées à ce mode de semis que les grosses graines.
- L’utilisation d’un semoir à semis direct ou d’un semoir classique sont les modes de semis adaptés à la plus grande diversité de graines (espèces, tailles…) et permettent d’obtenir les meilleures conditions possibles de levée et de réussite des couverts végétaux.
Tableau 2. Adaptation des espèces aux différents modes de semis. Source : GIEE Magellan
Principales sources
Guide Magellan Semis Direct (2019)
Cultures intermédiaires, Impact et conduite, Arvalis (2011)
Couverts d’interculture : Comment choisir des espèces adaptées, Perspectives Agricoles (2020)
Couverts semés à la volée, une corde de plus à son arc, Perspectives Agricoles (06/2021)
Choix des couverts d'interculture
Le choix d’un couvert adapté est crucial pour maximiser sa réussite et les bénéfices obtenus et limiter les risques. Ce choix passe par l’identification des espèces adaptées et par l’optimisation du mélange pour valoriser leur complémentarité.
1. Choisir les espèces en fonction de ses objectifs et contraintes
Le choix des espèces doit intégrer de nombreux critères comme les bénéfices recherchés, la succession culturale et la conduite culturale prévue. Deux outils permettent d’aider au choix en intégrant ces différents critères :
Outil ACACIA V4 - GIEE Magellan
Critères bénéfices recherchés
Les couverts d’interculture apportent de nombreux bénéfices agronomiques et environnementaux (détaillés dans le § service), le choix des espèces à intégrer dans le couvert peut donc être orienté par les principaux objectifs attendus vis-à-vis du couvert. Les espèces, du fait de leurs caractéristiques morphologiques et physiologiques propres, fournissent des services agronomiques et environnementaux différents, dont des exemples sont donnés dans le tableau 1.
Tableau 1. Exemple de services fournis par les couverts végétaux, et des principales espèces adaptées à ces services.
Critère succession culturale
Le choix des espèces à intégrer dans le couvert se raisonne également en fonction des autres cultures de la rotation, et en particulier de la culture suivante. En effet, le couvert peut avoir des effets bénéfiques comme négatifs pour ces cultures, ces effets sont présentés dans le tableau 2 ci-dessous.
Le principal objectif est de limiter les risques sanitaires, en évitant de choisir des espèces de couverts favorisant la multiplication des mêmes bioagresseurs (ravageurs, champignons du sol...) que ceux des cultures. D’une manière générale, il est donc recommandé d’éviter les espèces de la même famille botanique que celle de la culture principale, mais les risques sont différents selon les espèces et les bioagresseurs (Tableau 2). Par ailleurs, les couverts peuvent aussi limiter les risques de bioagresseurs, notamment grâce à l’effet de biofumigation (cf. article service).
Par exemple, en lien avec l’aspect sanitaire :
- il est déconseillé de mettre des graminées en interculture avant des céréales au vu des risques de piétin échaudage, alors qu’un couvert avec moutarde ou radis permet à l’inverse de diminuer ce risque de piétin échaudage ;
- les légumineuses sensibles à l’Aphanomycès (pois, lentille, gesse, luzerne, trèfles, vesces sensibles) sont à proscrire en interculture avant pois, lentille et haricot pour éviter la multiplication du pathogène ;
- les couverts de crucifères sont déconseillés dans les rotations avec un retour fréquent du colza, et sont même à exclure totalement en cas de présence d’hernie des crucifères.
Au-delà de la gestion du risque sanitaire, le contrôle du couvert et des repousses dans la culture suivante est également un critère à prendre compte. Certaines espèces risquent d’arriver à floraison et de monter en graines, comme le sarrasin par exemple, ce qui conduit à un risque de salissement pour la culture suivante, voire même à l’échelle de la rotation pour les repousses de sarrasin. Le ray grass d’Italie en interculture risque lui de repiquer, et de pénaliser le désherbage de la culture suivante.
Enfin, le choix des espèces se raisonne également selon l’effet sur la fourniture d’azote pour la culture suivante, qu’elle soit positive ou négative. Certains couverts de graminées, notamment lorsqu’ils sont avancés en stade, peuvent avoir un effet dépressif sur la culture suivante (mobilisation d’azote juste après la destruction du couvert). A l’inverse, les couverts de légumineuses apportent généralement de l’azote à la culture suivante.
Tableau 2. Effets des principales espèces de couverts végétaux sur la culture suivantes et les autres cultures de la rotation (Source = Arvalis, Terres Inovia, ITB)
Critère conduite culturale : période de semis, mode de semis, mode de destruction
Enfin, le choix des espèces du couvert dépend également de la conduite culturale que l’on souhaite adopter – et au matériel disponible sur l’exploitation : les espèces doivent être adaptées à la période de semis (et à la durée de l’interculture), au mode de semis et au mode de destruction du couvert.
Période de semis et type d’interculture
On retrouve trois principales périodes d’implantation des couverts végétaux : semis post-moisson (juillet) de couvert estival, semis intermédiaire (en août) de couvert automnal et semis tardif (en septembre/octobre) de couvert hivernal.
La période de semis conditionne particulièrement le choix des espèces : les espèces présentent des caractéristiques physiologiques différentes, plus ou moins adaptées aux différentes périodes de semis (Figure 1 et Tableau 3).
- Pour les implantations précoces et intercultures courtes, les caractéristiques suivantes sont plutôt recherchées : aptitude à germer en conditions sèches, fort besoin en lumière et température, démarrage rapide, cycle végétatif rapide... Les espèces les plus adaptées sont donc les composées (tournesol, niger), polygonacées (sarrasin), légumineuses et graminées estivales (sorgho, moha) …
- Pour les implantations tardives, les caractéristiques recherchées sont plutôt la vigueur au démarrage (crucifère), la résistance au froid et la croissance en hiver (céréales, légumineuses d’hiver…).
La date de semis est aussi à raisonner en fonction de la précocité de floraison des espèces choisies, il est en effet recommandé d’éviter de les laisser venir à graine pour ne pas pénaliser le désherbage des cultures suivantes.
Figure 1. Conditions de sol favorables à la germination de différentes espèces. Source = GIEE Magellan
Tableau 3. Périodes de semis favorables pour différentes espèces de couverts végétaux. Source : Terres Inovia, Arvalis, ITB
Mode de semis
Les couverts d’interculture peuvent être implantés de manières différentes (cf. article implantation). Chaque espèce est plus ou moins adaptée aux différentes modes de semis, du fait de leur PMG et aptitude germinative, qui conditionnent la profondeur de semis. La règle générale est d’implanter en profondeur les grosses graines et superficiellement les petites graines, sans les exposer en surface pour éviter leur dessèchement.
Tableau 4. Adaptation des espèces aux différents modes de semis
Mode de destruction
Enfin, chaque espèce est plus ou moins sensible aux différents modes de destruction possibles (cf. article destruction), la sensibilité des principales espèces de couvert à différents modes de destruction est présentée dans le tableau 5.
Tableau 5. Sensibilité de différentes espèces de couverts végétaux à différents modes de destruction. Sources : Terres Inovia, Arvalis
Adapter le choix variétal
La variabilité de caractères entre variétés au sein d’une même espèce peut être importante, c’est le cas par exemple pour les moutardes, les radis, les vesces ou encore les trèfles blancs, violets et d’Alexandrie.
- Pour les moutardes blanches comme pour les radis fourragers, les variétés se distinguent les unes des autres par leur caractère nématicide (conseillé dans les rotations avec betterave), ainsi que leur précocité à floraison, qui peut conduire à des risques de grenaison pour les variétés très précoces (Figures 2 et 3). Se référer à l’ITB (https://www.itbfr.org/tous-les-articles/article/news/moutardes-radis-oui-mais-lesquels/) pour avoir plus d’informations sur les variétés de moutarde blanche et radis nématicides.
Figure 2. Taux de floraison de moutardes blanches anti-nématodes le 23 octobre (rose) et le 17 novembre (jaune) pour un semis du 16 août (Source ITB)
Figure 3.Taux de floraison de radis fourragers anti-nématodes le 23 octobre (violet clair) et le 17 novembre (violet foncé) pour un semis du 16 août (Source ITB)
- Pour les trèfles blancs, trèfles violets et vesces communes, il existe des variétés sensibles à Aphanomycès et d’autres variétés résistantes (cf. documentation Terres Inovia : https://www.terresinovia.fr/-/en-savoir-plus-sur-l-aphanomyces-du-pois )
- Pour les trèfles d’Alexandrie, il existe des variétés multi-coupes, capables de repartir après une destruction ou une coupe et peu sensibles au gel, et une variété mono-coupe, qui, ne possédant pas ces caractéristiques, est plutôt utilisée en couvert végétal gélif ou en association avec le colza.
2. Composition du mélange
Le mélange d’espèces dans un couvert végétal est aujourd’hui la norme. Ces associations présentent de nombreux avantages :
- Combiner les services en maximisant les atouts de chacune des espèces (par exemple : effet structure du sol des crucifères, effet biomasse des graminées, effet azote des légumineuses),
- Limiter les risques d’échec d’installation d’une couverture végétale. En effet, chaque espèce a ses propres exigences en termes de température et d’humidité par exemple, et les conditions de l’année favoriseront certaines espèces par rapport à d’autres. Par ailleurs, chaque espèce se développera dans le milieu qui lui sera le plus favorable (crucifères dans les milieux plus riches en azote, légumineuses dans les milieux plus pauvres…)
- Avoir un couvert robuste, adapté aux conditions d’une diversité de parcelles et ainsi gagner du temps avec un mélange unique pour toutes les parcelles (veiller à respecter les règles définies).
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L’outil ACACIA, développé par le GIEE Magellan, permet de construire en autonomie un mélange adapté à son contexte et ses objectifs, et fournit les points clés à respecter pour la conduite du mélange, ainsi qu’une simulation de son coût. Il est disponible gratuitement ici : |
Pour bien réussir ces mélanges, plusieurs règles sont à respecter :
- Eviter d’introduire dans le mélange une espèce qui augmente le risque parasitaire pour la culture suivante ou le système (cf. 1. Choisir les espèces en fonction de ses objectifs et contraintes),
- Choisir des espèces complémentaires du point de vue de la biomasse aérienne. Pour maximiser la biomasse aérienne et valoriser l’offre de lumière, il est conseillé de choisir des plantes explorant des strates herbacées différentes (Figure 4). L’utilisation d’espèces aux architectures complémentaire peut également être mis à profit dans un mélange, en associant des espèces à port dressés, comme le tournesol ou le sorgho, à des espèces ayant besoin de cet effet tuteur, comme beaucoup de légumineuses.
- De même, choisir des espèces à biomasse racinaire complémentaire. Pour maximiser l’exploration du sol et l’exploitation des ressources, il est recommandé d’associer des espèces à enracinement superficiel, profond et intermédiaire (Figure 4).
Figure 4. Schéma illustrant les architectures aérienne (a) et racinaire (b) des espèces d’un mélange. Source : Terres Inovia, GIEE Magellan
Choisir un nombre cohérent d’espèces pour le mélange, en visant entre 3 et 6 espèces :
- Un mélange à minimum 4 espèces permet d’éviter le démélange des graines dans la trémie
- Pour maximiser les services apportés par le couvert, viser au minimum 3 espèces apportant des services complémentaires, et au maximum 6 espèces pour éviter de diluer les espèces les plus performantes, et les effets de chaque espèce (Cf. article services rendus)
- Pour trouver une profondeur de semis adaptée à toutes les espèces du mélange, il est cohérent de rester entre 3 et 6 espèces ; au-delà, il devient difficile de trouver une profondeur compatible avec toutes les espèces.
Eviter de mélanger des espèces dont les profondeurs de semis ne sont pas compatibles. En effet, une petite graine (trèfle, niger, sorgho) positionnée trop profondément ou une grosse graine (féverole) semée trop superficiellement verra son peuplement pénalisé. La profondeur de semis du mélange doit permettre de combiner les profondeurs de semis optimales de chaque espèce du mélange, et se trouve donc à l’intersection des plages de semis de chaque espèce (Figure 5).
Figure 5. Choix de la profondeur de semis optimale du mélange. Par exemple, pour un mélange d'avoine brésilienne, sorgho fourrager, phacélie et moutarde d'Abyssinie, la profondeur optimale est de 2 cm.
Source : ACACIA, GIEE Magellan
Adapter la proportion de chaque espèce du mélange et la densité de semis à la situation
En règle générale, la densité de semis de chaque espèce du mélange correspond à la densité recommandée en pure divisée par le nombre d’espèces du mélange. Quelques adaptations sont possibles pour tirer le maximum du mélange. Par exemple :
- Adapter la densité des crucifères à la période de semis :
- Faible densité en semis précoce – 15/20 pieds/m2 – pour limiter la concurrence avec les autres espèces du mélange sur la période estivale à forte croissance
- Densité plus importante en semis tardif (fin août) – 30 pieds/m2
- A partir d’une base crucifères/graminées/légumineuses, ajuster la proportion de chaque famille d’espèces selon le type de sol, par exemple :
- sur des sols argilo-calcaires superficiels, riches en MO mais à faible disponibilité en azote, augmenter la proportion de légumineuses (minimum 50%),
- en limons profonds, plus pauvres en MO, plutôt réduire la proportion de légumineuses (20-30%) et augmenter celles des graminées (60%), l’objectif étant de produire de la biomasse tout en conservant un C/N pas trop élevé.
En tenant compte des pertes à la levée liées aux conditions climatiques (sécheresse), du mode d’implantation et des conditions de semis (semis direct, présence de paille…) et de l’objectif de biomasse (pour production de fourrage par ex.), il peut être pertinent d’augmenter la densité de semis de 10 à 30% pour l’ensemble du mélange.
3. Exemples de mélanges adaptés
Tableau 6. Exemples de mélanges adaptés à différents types d'interculture. Source = Terres Inovia
Principales sources
Guide Magellan Semis Direct (2019)
Cultures intermédiaires, Impact et conduite, Arvalis (2011)
Fiches couverts Arvalis
Couverts d’interculture : Comment choisir des espèces adaptées, Perspectives Agricoles (2020)
Interculture : à chaque situation ses espèces de couvert, Perspectives Agricoles (06/2023)