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Optimiser l’implantation des couverts d'interculture

Article rédigé par
  • Domitille JAMET (d.jamet@terresinovia.fr); Matthieu LOOS (m.loos@terresinovia.fr)
Optimiser l’implantation des couverts d'interculture
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    Modifié le : 12 sept. 2023

    La réussite de l’implantation est un facteur clé pour assurer le succès du couvert par la suite, mais celle-ci peut être délicate, en particulier dans les contextes d’étés chauds et secs des dernières années. Pour maximiser les chances de réussite de l’implantation, il convient donc d’identifier les facteurs de réussite et d’échec, et de choisir la période et le mode de semis adaptés à la situation.

    1. Période d’implantation

    1.1. Positionnement de l’implantation

    On distingue trois grandes périodes pour l’implantation des couverts végétaux d’interculture : semis précoce (en juillet), semis intermédiaire (en août) et semis tardif (en septembre/octobre). Pour définir la période optimale d’implantation, plusieurs éléments sont à prendre en compte, en particulier la culture suivante (et donc la durée de l’interculture), l’état de la parcelle et les services attendus du couvert.

    Durée de l’interculture

    • En interculture courte, avant une culture d’hiver, il est recommandé de semer un couvert estival, rapidement après la moisson. 
    • En interculture longue avant une culture de printemps implantée précocement (pois de printemps ou lentille par exemple), il est possible de réaliser soit un couvert estival soit un couvert automnal, qui doivent l’un comme l’autre être semés dans un sol frais ou avant une pluie significative annoncée. L’objectif est d’assurer une levée homogène pour sécuriser la réussite du couvert. En effet, sur cette période, le principal levier d’action réside dans la réussite de l’implantation ; le développement du couvert dépendra ensuite principalement des précipitations durant son cycle de croissance. Pour un couvert estival, implanté à la suite de la moisson en juillet, il est recommandé de limiter les interventions de travail du sol pour maintenir l’humidité résiduelle du précédent. Pour un couvert automnal, implanté sur le mois d’août, il est possible d’être plus opportuniste pour le moment du semis vis-à-vis des précipitations annoncées, tout en semant assez tôt pour que le couvert puisse se développer et produire de la biomasse avant l’hiver. 
    • En interculture longue avant une culture de printemps implantée plus tardivement (tournesol, maïs ou soja par exemple), il est possible de mettre en place un couvert estival, automnal ou hivernal. Concernant le couvert hivernal, il est recommandé de l’implanter assez tôt, en septembre – début octobre, pour garantir un développement suffisant du couvert avant l’hiver.

    Etat de la parcelle

    La période d’implantation peut également être impactée par l’état de la parcelle. En effet, l’interculture est la période durant laquelle il est possible de travailler le sol pour reprendre une structure problématique, ou encore de réaliser des faux-semis pour lutter contre certaines adventices. Ces interventions peuvent conduire à retarder l’implantation du couvert. Il s’agit ainsi de trouver le meilleur compromis entre les bénéfices apportés par un couvert développé et réussi, et la sécurisation de la culture suivante.

    Services attendus du couvert

    Par exemple, dans les contextes à fort risque de lixiviation, il est recommandé d’implanter précocement le couvert pour qu’il puisse jouer son rôle de piège à nitrate avant la période de drainage.

    Figure 1. Périodes d'implantation des couverts végétaux selon le type d'interculture. Source : Terres Inovia, GIEE Magellan

     

    1.2. Les stratégies de gestion en interculture longue

    Pour maintenir un couvert durant toute l’interculture longue (notamment avant une culture de printemps tardive), et ainsi maximiser les bénéfices apportés par les couverts végétaux, différentes stratégies sont possibles :

    • Double couvert : Implantation d’un couvert estival avant ou après la récolte du précédent. Un couvert hivernal est ensuite implanté directement dans le couvert estival ou après destruction de celui-ci à l’automne (Figure 2.a).
    • Couvert relais : Implantation du couvert en été. Le couvert se compose à la fois d’espèces qui se développent durant la période estivale, et d’espèces adaptées à la période hivernale. Ces dernières « prendront le relais » en se développant dans un second temps, permettant ainsi d’assurer une continuité dans la couverture du sol. Il est possible de réaliser un broyage ou un roulage sur gel en entrée hiver, pour détruire les espèces estivales et favoriser le développement des espèces relais. Cette technique présente l’avantage de ne faire qu’un seul passage de semis, à l’inverse de la technique du double couvert (Figure 2.b.).

    Ces deux techniques permettent de couvrir le sol durant toute la durée de l’interculture, en particulier en sortie d’hiver, et ainsi de limiter le salissement des parcelles sur cette période et de maintenir un effet sur la structure du sol le plus longtemps possible.

     

    Figure 2. a. Illustration de la technique du double couvert. Figure 2.b. Illustration de la technique du couvert relais. Source : GIEE Magellan

     

    1.3. Adapter le choix des espèces à la période 

    La période conditionne le choix des espèces du couvert. En effet, les espèces ont des caractéristiques physiologiques différentes, et sont donc plus ou moins adaptées aux périodes d’implantation précédemment citées. Il faut ainsi prendre en compte :

    • Les conditions de température et d’humidité qui caractérisent chaque période d’implantation. Les aptitudes germinatives de chaque espèce, en lien avec la température et l’humidité du sol, étant différentes, il faut donc choisir l’espèce adaptée à la période de semis.
    • La durée et les conditions climatiques (lumière, T°) de la période d’interculture. Les espèces ont des besoins thermiques différents pour leur croissance, il faut donc choisir l’espèce au cycle de croissance adapté à la période de l’interculture, tout en prenant en compte l’objectif de production.

    Choix des couverts

     

    Tableau 1. Périodes de semis favorables pour différentes espèces de couverts végétaux. Source : Terres Inovia, Arvalis, ITB

     

     

    2. Optimiser l’implantation des couverts végétaux

    2.1. Adapter l’implantation des couverts végétaux aux conditions de récolte de la culture précédente et à la gestion du travail du sol

    Afin de maximiser la réussite du semis des couverts végétaux, différents paramètres doivent être pris en compte avant la récolte, pour définir les priorités de gestion de l’interculture et adapter au mieux les techniques de semis :

    • Salissement de la parcelle : l’objectif est de semer les couverts végétaux sur un sol propre. Il est nécessaire d’adapter le semis à la gestion des adventices la plus appropriée, qui dépend de l’état de propreté de la parcelle à la récolte et du type de flore (graminées ou dicotylédones). La réalisation ou non de faux semis par des interventions mécaniques peut influencer le choix du matériel de semis et la période d’implantation.
    • État de la structure du sol et/ou tassements occasionnés à la récolte : observer son sol avant le semis reste une étape indispensable pour adapter la technique d’implantation des couverts aux travaux de sol. Le semis direct ou le semis à la volée avant la récolte du précédent ne peuvent être réalisés seulement s’il n’y a pas de zones tassées ou compactées risquant de pénaliser l’enracinement des couverts et l’infiltration de l’eau.
    • Il est aussi important de définir la période de travail du sol et le type d’outil utilisé, qui dépendent du type de sol, pour adapter au mieux la technique d’implantation : travail du sol estival avant le semis du couvert ou travail du sol hivernal/printanier lors de la destruction du couvert.
    • Gestion de la paille lors de la récolte du précédent : il existe des conditions optimales de gestion de la paille (en termes de hauteur de fauche, exportation ou non des pailles, répartition des pailles) pour chaque mode de semis ; celles-ci doivent être prises en compte afin de réussir au mieux l’implantation des couverts végétaux. Par exemple, le semis direct après la moisson avec un semoir à disques ou à dents nécessite d’adapter la hauteur de fauche du précédent au type de semoir. La répartition homogène des résidus de paille est importante en cas de semis à la volée et de semis sous la coupe.

     

    Figure 3.  Paramètres à prendre en compte entre la récolte du précédent et l’implantation des couverts, pour maximiser les chances de réussite du couvert. Source : Terres Inovia

     

    Attention aux résidus d’herbicide

    Le manque d’eau est souvent mis en avant pour expliquer un échec d’implantation de couvert. Si ce facteur est effectivement limitant, d’autres critères sont également à prendre en compte, notamment les résidus d’herbicides appliqués en sortie hiver ou au printemps. L’impact sur la levée sera dépendant de l’espèce du couvert, de la matière active herbicide, de la date d’application de l’herbicide (plus l’application sera tardive, plus l’impact pourra être important) et des conditions climatiques.

    L’impact des résidus d’herbicides est illustré figure 6.

    Figure 4. Risques de phyto-rémanence pour la levée des couverts. Source : Terres Inovia, GIEE Magellan

     

    2.2. Modes d’implantation des couverts végétaux : avantages, inconvénients et points de vigilance

    Figure 5. Illustration des modes d’implantation des couverts végétaux. Source : GIEE Magellan

     

    Le semis à la volée avant la moisson

    Avantages :

    • Semis précoce
    • Profite de l’humidité résiduelle
    • Coût modéré (10 – 12€/ha)
    • Débit de chantier : 10 ha/h

    Inconvénients :

    • Risque de prédation des graines (limaces)
    • Nécessité de pluie après épandage
    • Importance du choix des espèces majoritairement de petite taille
    • Délicat sur les sols limoneux et/ou battus en surface

    Points de vigilance :

    • Semer uniquement si prévision de 20 à 25mm après le semis
    • Prendre en compte la rémanence des herbicides utilisés dans la culture
    • Adapter la hauteur de coupe et la répartition des pailles
    • Choisir des espèces avec un PMG faible à moyen (<35g), attention à la largeur d’épandage pour les espèces à PMG très faible (<6g)
    • Délai avant moisson : privilégier semis environ 10 jours avant moisson (limiter la concurrence en lumière et eau avec la culture en place)

     

    Le semis sous la coupe de la moissonneuse

    Avantages :

    • Semis précoce
    • Profite de l’humidité résiduelle
    • Coût modéré (7 – 8€/ha)
    • Pas de passage supplémentaire

    Inconvénients :

    • Débit de chantier faible : 2 ha/h
    • Risque de prédation des graines (limaces)
    • Importance du choix des espèces majoritairement de petite taille

    Points de vigilance :

    • Hauteur de coupe basse et homogénéité de la répartition des pailles
    • Ne pas récolter dans des conditions humides pour avoir un terrain nivelé sans tassement

     

    Le semis direct à dents et à disques

    Avantages :

    • Facilite le semis précoce et profite de l’humidité résiduelle
    • Risque plus faible d’assèchement du sol
    • Faible perturbation du sol : limite les levées d’adventices
    • Coût modéré (30 à 50€/ha)
    • Débit de chantier : 3 ha/h

    Inconvénients :

    • Problèmes de bourrage avec les résidus du précédent selon les types de semoirs (dents, disques, disques ouvreurs...)
    • Risque de prédation des graines (limaces)
    • Semoir à disques assez coûteux
    • Importance du choix des espèces majoritairement de petite taille

    Points de vigilance :

    • Adaptation de la hauteur de fauche de la culture précédente
    • Roulage obligatoire après le semis

     

    Le semis à la volée puis déchaumage

    Avantages :

    • Bonne gestion des pailles et ravageurs
    • Adaptation possible en un seul passage sur un déchaumeur
    • Débit de chantier important : 5 ha/h
    • Coût modéré (35€/ha)

    Inconvénients :

    • Favorise les levées d’adventices
    • Adaptation délicate de la profondeur à la taille des graines
    • Positionnement de la graine aléatoire et risques d’irrégularité de levée
    • Asséchement du sol

    Points de vigilance :

    • Roulage obligatoire après le semis

     

    Le déchaumage puis semis en ligne

    Avantages :

    • Bonne gestion des pailles et ravageurs
    • Un seul passage possible selon les types de semoirs
    • Bon contact sol-graine et profondeur de semis régulière
    • Adapté à beaucoup de graines

    Inconvénients :

    • Favorise les levées d’adventices
    • Asséchement du sol
    • Débit de chantier (1,5 ha/h) et vitesse d’avancement faible pour les semis au combiné herse rotative - semoir
    • Risque de « bourrage » avec les résidus du précédent avec le combiné HR

    Points de vigilance :

    • Roulage obligatoire après le semis

     

    2.3. Choisir les espèces adaptées à la technique d’implantation

    Afin de maximiser la réussite de l’implantation des couverts, il est nécessaire d’adapter le type de graine à la technique de semis (cf. article choix des couverts).

    • Concernant les semis à la volée, il faut être attentif à la largeur d’épandage, en fonction de la taille des graines. Les mélanges de graines de tailles différentes risquent de rendre la répartition de semis très hétérogène et inégale sur la largeur d’épandage.
    • Concernant les semis sous la coupe, il faut être attentif à la qualité de répartition du broyage de paille, pour recouvrir les graines par le mulch de paille : les graines de petites tailles sont plus adaptées à ce mode de semis que les grosses graines.
    • L’utilisation d’un semoir à semis direct ou d’un semoir classique sont les modes de semis adaptés à la plus grande diversité de graines (espèces, tailles…) et permettent d’obtenir les meilleures conditions possibles de levée et de réussite des couverts végétaux.

    Tableau 2. Adaptation des espèces aux différents modes de semis. Source : GIEE Magellan

     

    Principales sources

    Guide Magellan Semis Direct (2019)
    Cultures intermédiaires, Impact et conduite, Arvalis (2011)
    Couverts d’interculture : Comment choisir des espèces adaptées, Perspectives Agricoles (2020)
    Couverts semés à la volée, une corde de plus à son arc, Perspectives Agricoles (06/2021)

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