Dégâts d’oiseaux et de petits gibiers : Terres Inovia et chambres d’Agriculture France coopèrent pour rationaliser les déclarations
Dégâts d’oiseaux sur tournesols : pas de précipitation pour re-semer !
Différents types de dégâts d’oiseaux sont identifiables
Les dégâts provoqués par les colombidés ou corvidés diffèrent par leur nature et par leur impact sur le devenir des plants de tournesol :
- Corbeaux et corneilles s’attaquent généralement à la graine ou déracinent la plantule, conduisant ainsi à la perte totale du pied.
- Les pigeons quant à eux, provoquent des dégâts plus ou moins nuisibles en fonction du stade du tournesol au moment de leur arrivée. En effet, lorsque le tournesol est en cours de levée ou au stade crosse (attaque précoce), l’apex est souvent sectionné par le bec de l’oiseau, et la perte du pied est inéluctable. Par contre, quand les cotylédons commencent à se déployer, les dégâts peuvent se limiter à leur destruction plus ou moins partielle.
Attaque sur cotylédons : rien n’est perdu !
La nuisibilité des dégâts d’oiseaux sur cotylédons a été évaluée par Terres Inovia en simulant des dégâts de pigeons plus ou moins sévères (cotylédons sectionnés à moitié, voire entièrement, comparés à des plantes indemnes). L’expérimentation a été conduite sur deux campagnes (2016 et 2017) sur deux sites avec des potentiels très différents : résultats.
La destruction des cotylédons a peu d’impact sur le devenir des plantes et le rendement.
En effet, dès que l’apex est conservé, rares sont les pertes de pieds. Ainsi, la plupart des plantules dont les cotylédons sont sectionnés, même totalement, vont participer au peuplement.
Le rendement n’est pas affecté par la destruction des cotylédons.
Bien que l’ablation des cotylédons, organes de réserve, entraine un retrait de vigueur des plantules jusqu’au stade bouton étoilé, celles-ci vont poursuivre leur développement et donner des capitules productifs. Ainsi, aucune différence significative de rendement n’est observée entre des parcelles où les cotylédons ont été détruits entièrement et les parcelles où les plantules étaient indemnes. Les résultats sont similaires en situation de sol superficiel ou profond (graphique ci-contre).
Nuisibilité des dégâts d'oiseaux sur cotylédons (essais Terres Inovia 2016-2017)
Retourner/re-semer son tournesol, comment décider ?
Ressemer sa parcelle, a fortiori sur l’ensemble de sa surface, est une décision qui doit être murement réfléchie, compte tenu de son coût et de la réelle nuisibilité des dégâts d’oiseaux sur cotylédons (cf. ci-dessus). En 2019, plus d’une parcelle de tournesol sur 2 ayant subi des dégâts d’oiseaux a été ressemée. Cette proportion de re-semis est largement supérieure aux années passées. (Source Terres Inovia : enquête « dégâts d’oiseaux/ravageurs des cultures oléo-protéagineuses » 2019)
Prendre en compte le niveau de peuplement et le coût du re-semis pour décider
- Evaluer le peuplement : la première chose à faire sera d’évaluer les pertes de pieds (apex coupé ou plantule arrachée) pour savoir si le peuplement est inférieur (ou pas) à l’objectif de peuplement optimum : 50 000 plantes/ha en sol superficiel et 60 000 plantes/ha en sol profond. Si l'on est en dessous de cet objectif, un re-semis partiel sur la zone de dégâts peut alors être pertinent. Les dégâts d’oiseaux sont en effet le plus souvent localisés sur une zone, en bordure d’une haie ou en lisière de forêt par exemple.
|
A retenir : L’observation à la parcelle vous permettra de prendre la décision la plus rentable ! Il est indispensable d’identifier le type de dégât d’oiseaux et de quantifier le peuplement présent.
|
Grille de conseil à partir des seuils critiques de peuplement
Evaluer la densité moyenne de pieds avec apex sain (avec cotylédons entiers ou coupés) sur la zone attaquée.
En pratique : Compter le nombre de pieds avec apex (N) sur 5 fois deux mètres linéaires sur des rangs de semis différents. La densité moyenne D = N/ (10 X Ec) Ec étant l’écartement entre rangs en mètre.
Exemple : je compte 20 pieds avec apex sur 5x2=10 ml sur une zone avec dégâts semée à 50 cm d’écartement. D = 20/ (10 x 0.5) = 4 pieds avec apex / m². Je n’ai alors pas à re-semer quel que soit la profondeur de sol.
| Densité de pieds avec apex (pieds/m²) | Conseil | ||
| Sol profond | Sol superficiel | ||
| Densité de pieds avec apex (pieds/m²) | <3 | <4 | Re-semis à prévoir si variété de précocité adaptée disponible |
|
|
Pas de re-semis | ||
Calculer le gain espéré en tenant compte du coût du re-semis :
Pour être économiquement rentable, le coût du re-semis doit être inférieur au gain de rendement espéré par cette opération. Sachant que le coût estimé d’un re-semis s’élève à environ 127€/ha, le re-semis n’est pertinent que si l’on estime que l’on va gagner plus de ~3.5 à 4 q/ha avec cette intervention (modalités de calcul ci-dessous).
Attention, ce calcul ne tient pas compte de la perte de rendement causée par une implantation tardive.
Pour un semis après le 10/05, cette perte est estimée à 12% par rapport à la 1ère date de semis, soit 3 q/ha sur la base d’un rendement moyen de 25 q/ha (source : enquêtes Terres Inovia sur les pratiques culturales). Par ailleurs, la disponibilité en semences de variétés précoces, adaptées aux re-semis tardifs, peut être limitée.
Modalités de calcul du seuil de rentabilité du re-semisCharges opérationnelles + mécanisation = 127 €/ha
Gain de rendement à atteindre pour compenser les 127€/ha de re-semis : ~3,5q/ha pour un tournesol oléique au prix de vente de 365€/t et ~4q/ha pour un tournesol linoléique au prix de vente de 320€/t. *barème APCA 2019 incluant amortissement, entretien, énergie (carburant) et main d’œuvre |
Dégâts d’oiseaux sur tournesol en fin de cycle
Les déprédations sont globalement plus rares qu’à la levée même si elles peuvent être localement importantes. Aussi bien les corvidés que les colombidés peuvent être impliqués. Récolter tôt, dès que la maturité est atteinte, est la seule parade pour limiter les prélèvements de graines par les oiseaux.
Les dégâts de pigeons peuvent être localement très pénalisants
Les ravageurs du lupin : limaces et taupins
Les limaces peuvent causer d’importants dégâts sur les cultures de lupin. Intervenir avec un molluscicide si besoin, dès le semis jusqu’au stade 2-3 feuilles.
Taupins : être surtout attentif après retournement de prairie, au moment de la levée.
Présence d'une limace sur du lupin | Larve de taupin
La problématique « mouche des semis »
Biologie
La mouche des semis (Delia platura) est l’un des ravageurs les plus préjudiciables au lupin, en particulier au lupin d’hiver. C’est un insecte très polyphage (plus de 40 plantes-hôtes).
Attirées par les sols humides, riches en matière organiques et fraîchement travaillés, la femelle dépose plusieurs centaines d'œufs dans le sol.
La durée de développement de la larve dure 3 semaines. Elle s'alimente aux dépens des matières animales ou végétales en décomposition sur lesquelles elle peut effectuer la totalité de son développement. Toutefois, très attirée par les graines en germination et les jeunes plants, elle y pénètre et creuse des galeries dans les cotylédons, les tigelles, les jeunes pousses avant leur sortie de terre. Les plantes sont vulnérables aux attaques pendant 3-4 semaines après la germination, jusqu’à ce que les tissus soient plus résistants.
Les larves se nymphosent ensuite sous forme de pupes dans le sol à des profondeurs variables. De 3 à 6 générations peuvent se succéder.
Typiquement, les plants attaqués ont le bourgeon terminal en partie ou entièrement noirci, pourri et fané. Parfois, l’apex est détruit. Souvent la base, et parfois le reste du cotylédon contiennent des galeries d’environ 1mm de diamètre, infestés par une ou deux larves de diptère. Les pieds touchés sont affaiblis, ils sont ensuite plus sensibles aux maladies fongiques et dépérissent souvent au cours de l’automne ou de l’hiver.
A partir du moment où les dégâts sont évidents, il est souvent trop tard pour mettre en place un contrôle adéquat.
Source : INRA ; Ségolène PLESSIX, Bruno Jaloux et Estelle Chenu (Agrocampus Ouest Angers) – projet PROGRAILIVE.
Méthode de lutte
Il n’existe pas de moyen de lutte en végétation contre la mouche des semis. Une lutte préventive s’impose via le travail du sol et la qualité de l’implantation.
Dès la récolte du précédent, et en particulier s’il s’agit d’une céréale, retirer les pailles pour limiter les quantités de matières organiques fraiches. Réaliser un ou des faux semis afin de diminuer le stock semencier. Rappuyer le sol avec un rouleau afin de conserver l’humidité.
Un mois avant le semis au minimum, un labour est indispensable afin d’enfouir au maximum la matière organique restante. Ce travail du sol attirera les mouches qui pondront, mais si le délai d’un mois est respecté, il n’y aura plus de risque pour la future culture de lupin au moment du semis.
Refermer le labour et ne plus toucher le sol jusqu’au semis.
Semer le lupin dans un sol chaud, bien ressuyé, à 2–3 cm de profondeur.
Avec semoir pneumatique, cela permet d'optimiser la répartition et la profondeur des graines. Bien rappuyer le sol pour favoriser un bon contact sol/graine. L’objectif est de favoriser une levée rapide de la culture, afin de passer la plus vite possible le stade de sensibilité à la mouche (apparition des premières feuilles).
S'inscrire avec Facebook
S'inscrire avec Google