09,11,12,31,32,46,65,81,82
Fertilisation du colza, apporter la juste dose d’azote, sans négliger le phosphore
Lors de la reprise de végétation, l’azote consommé par le colza depuis la levée jusqu’au repos hivernal est stocké en majorité dans les feuilles et racines. Cet azote sera remobilisé par la plante en particulier vers la tige principale et ramifications, les fleurs puis les siliques et les graines : autant d’azote déjà absorbé qu’il ne sera donc pas utile d’apporter. Il est donc essentiel de comprendre les besoins en azote des colzas pour adapter sa stratégie. La Réglette Azote Colza® est l’outil incontournable pour raisonner la fertilisation.
Focus Situation Sud Ouest
Les biomasses automnales des colzas du Sud-Ouest étaient globalement bonnes voir exubérantes. L’arrivée de la fraîcheur début novembre a stoppé la croissance des colzas. On note, dans un certain nombre de parcelles, plutôt à l’Est de l’Occitanie, des pertes de biomasses importantes depuis mi-novembre.
Ceci peut s’expliquer par :
- L’épuisement des reliquats couplés à un arrêt de minéralisation,
- Des conditions climatiques moins propices à la croissance
- Une pression oïdium automnale sans précédent.
Bien que ce pathogène ne soit pas le premier facteur explicatif, il a certainement joué sur l’importance des pertes. Il est rare dans le Sud-Ouest de voir autant de pertes de biomasses fraîches et cela a pu poser question. Aucune crainte pour autant.
Il vaut mieux un gros colza à l’automne qui a perdu sa biomasse, qu’un petit colza depuis le semis. En effet, la croissance automnale du pivot sera un atout au printemps pour capter les besoins en eau et éléments minéraux. De plus, une partie de la l’azote contenu dans les feuilles sera mobilisé dès la reprise de végétation (voir ci-après).
Des fertilisations en phosphore majoritairement déficitaire à corriger, pour optimiser l’efficience de l’azote
Malgré une fertilisation optimisée du colza en azote, une part plus ou moins importante de l’apport peut se montrer inefficiente, si un autre élément se montre limitant. Souvent élucidée car rarement visible à l’œil, ou confondue avec d’autres causes, la carence en phosphore représente un risque majeur de perte de potentiel. Heureusement, il n’est pas trop tard, pour rattraper une impasse, ou une sous-fertilisation.
Le colza est une plante exigeante en phosphore notamment au stade 5-6 feuilles, correspondant au stade de sensibilité maximale. De ce fait, les apports réalisés au semis permettent d’assurer au colza une croissance dynamique à l’automne. Pourtant, dans les situations à faibles teneurs, soit celle inférieures à 50 ppm Olsen, les apports de phosphore réalisés au semis sont bien souvent inférieurs aux recommandations.
Pour preuve, la dose moyenne de phosphore apportée dans le sud-ouest est de 46 unités, soit légèrement inférieure aux recommandations pour un objectif de 30 q/ha dans une situation dite intermédiaire avec 1 apport tous les 2 ans. Selon la même source, 1/3 des parcelles ne reçoit aucun apport de phosphore.
Un complément peut donc être à envisager sortie hiver, d’autant que 43% des apports sont réalisés à cette période dans le sud-ouest contre 48% sur la période semis/automne et 9% sont fractionnés entre les 2 périodes (Enquête Pratiques culturales Terres Inovia 2022).
Prendre en compte l’état de son colza pour estimer la dose à apporter
A la faveur de conditions de semis propices à de belles levées, les conditions automnales se sont montrées favorables à la production de biomasse. Les températures négatives des derniers jours ont pu entrainer de la perte de biomasse sur les colzas les plus développés. Dans un certain nombre de parcelles, la perte de biomasse a pu être observée plus précocement, dès novembre.
Par conséquent, les quantités d’azote absorbées à l’automne sont très variables d’une situation à une autre, et nécessitent donc d’être évaluées pour chaque parcelle voire au sein d’une même parcelle. La pesée du colza en entrée puis en sortie hiver, permet d’estimer la quantité d’azote déjà présente dans la plante qui conditionnera, via la Réglette Azote Colza®, la dose d’azote à apporter pour atteindre l’objectif de rendement.
Biomasse sortie hiver (SH) : à faire sans tarder si ce n’est pas déjà fait, pour raisonner la dose totale à apporter
Il s’agit de prélever et peser la biomasse aérienne de colza sur 1 m² dans le cas d’un semi au semoir céréales ou bien l’équivalent pour les semis au monograine (1.67 mètre linéaire pour un écartement à 60 cm ou 1.25 mètre linéaire pour un écartement à 80 cm). Idéalement cette mesure est à réaliser deux fois : en entrée hiver (début décembre) puis en sortie hiver (fin janvier), de façon à prendre en compte d’éventuelles perte de feuilles au cours de l’hiver. Si la mesure de début hiver est optionnelle dans notre région, celle de sortie hiver est incontournable.
Une fois les pesées réalisées, les valeurs peuvent être saisies dans l’outil , au même titre que l’objectif de rendement (moyenne olympique des 5 dernières années). L’outil calcule alors la dose d’azote à apporter sur la parcelle.
L’outil Réglette Azote colza®, labellisé par le COMIFER est disponible gratuitement en version smartphone (à télécharger via le playstore) ou en ligne www.regletteazotecolza.fr
A retenir :1 kg de biomasse aérienne (c’est-à-dire tout ce qui se trouve au-dessus de la surface sol) en sortie d’hiver représente déjà environ 60 unités d’azote absorbé ; dans le cas d’un colza de 2 kg, ce sont déjà 120 unités d’azote mobilisables par le colza qu’il ne sera donc pas utile d’apporter à la reprise. |
Inutile de fertiliser trop tôt un colza de plus d’1.5 kg/m²
Selon l’état du colza en sortie hiver, et la dose totale d’azote à apporter, la stratégie d’apport sera différente pour permettre de valoriser au mieux chaque unité apportée. Le tableau ci-dessous indique, selon la dose d’azote à apporter, la stratégie de fractionnement conseillée, compatible avec la réglementation en vigueur en Nouvelle-Aquitaine et en Occitanie et en région AURA.
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Les « petits colzas »
(Biomasse inférieure à 1kg), n’ont pu stocker que peu d’azote avant la reprise de végétation. Il est donc recommandé de réaliser un premier apport dès l’émission de nouvelles feuilles, en reprise de végétation. Il n’est pas nécessaire d’apporter plus de 50 unités sur ce premier apport, car la plante n’aura pas la capacité de tout absorber. Mieux vaut alors conserver les unités d’azote supplémentaire, pour un apport un peu plus tard.
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Les « gros colzas »
(Biomasse supérieure à 1.5 kg), ne présentant pas de signes de faim d’azote, ont stocké suffisamment d’azote pour assurer la reprise végétative voire même le début de la montaison, c’est dire la production de tige, pour les plus gros. Le premier apport d’azote peut alors être reporté un peu plus tard que sur un petit colza, c’est-à-dire en cours de montaison, voire à l’apparition des boutons.
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Pour les situations intermédiaires,
Les colzas dont la biomasse est comprise entre 1 kg/m² et 1.5kg/m², le premier apport se fait en fonction de l’état des colzas, en repérant notamment d’éventuelle signe de faim d’azote. Dans ces situations, anticiper un premier apport comme sur les petits colzas, peut permettre de jouer la sécurité, au cas où ensuite les conditions climatiques, et de portance, ne permettraient pas d’entrer dans la parcelle en temps voulu.
Ne pas oublier l’apport de souffre
L’apport de soufre sous forme assimilable sulfate est à positionner idéalement avec l’azote autour du début montaison (stade C2, entre-nœuds visibles, c’est-à-dire apparition de la tige). Les 75 unités recommandées permettent de compenser les exportations par la culture et offre le meilleur rapport rendement/qualité de la graine. Une disponibilité insuffisante entraîne des pertes de rendement pouvant atteindre 10 à 20 q/ha dans les cas les plus graves. En cas d'apport régulier de produit organique, le risque de carence en soufre est plus limité. Mais en année difficile, des carences peuvent s'exprimer. Adapter la dose apportée.
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Les facteurs de risques de carence sont nombreux :
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Vos contacts régionaux
- Quentin Lambert (q.lambert@terresinovia.fr) - Occitanie
- Arnaud Micheneau (a.micheneau@terresinovia.fr) - Sud Nouvelle Aquitaine, Gers, Hautes-Pyrénées
- Alexandra Denoyelle (a.denoyelle@terresinovia.fr) - Auvergne-Rhône-Alpes & Provence-Alpes-Côte d'Azur
Stratégies efficaces pour maîtriser l’enherbement dès le début du cycle
Le pois chiche est une culture qui se développe lentement en première partie de cycle, jusqu’au début de la floraison, ce qui est propice à l’enherbement de l’entre-rang. A ce jour, une stratégie basée sur une application de prélevée est incontournable pour assurer une efficacité acceptable. Elle pourra être relayée par une application de post-levée en fonction de la flore.
Application de la prélevée
Selon les conditions climatiques, la levée du pois chiche peut être relativement longue. Toutefois, il est conseillé de ne plus appliquer d’herbicides dans les quelques jours qui précèdent la levée afin d’éviter tout risque de phytotoxicité. Le positionnement de la prélevée au plus près du semis est donc à privilégier. L’humidité dans les premiers centimètres du sol conditionnera l’efficacité de ces herbicides racinaires dans les semaines qui suivent l’application. Pour leurs larges spectres, deux stratégies sont privilégiées : Prowl 400 1.5l/ha + Challenge 600 3l/ha ou Nirvana S 1,8 à 2l/ha (voir tableau ci-dessous).
Antidicotylédones en post-levée : deux spécialités commerciales disponibles
Le Challenge 600 peut être utilisé en post levée (à 0,5 l/ha), sous conditions d’une impasse de cette spécialité commerciale en prélevée. Il doit être appliqué tôt, au stade 2-3 feuilles du pois chiche sur des adventices jeunes (2-3 feuilles maximum). ONYX (Pyridate 600 g/l) apporte un bénéfice net sur la postlevée avec une efficacité régulière sur datura, repousses de tournesol, morelle et renouées. Comme le Challenge, il doit être appliqué tôt, à partir de 2 feuilles (et jusqu’à 8 feuilles) sur des adventices entre 2 et 4 feuilles. Une application par an et fractionnable en 2x 0,75l/ha. Un effet dose est constaté sur datura, morelle, renouées et matricaire (1,5 l plutôt que 0,75 ou 1 l).
(2) Si Challenge 600 non utilisé en prélevée
(3) Renouées en relais d’une prélevée efficace uniquement
(4) Fractionnement à 7-10 jours d’intervalle
(5) Non couvert par les firmes
Voir l’ensemble des caractéristiques et contraintes réglementaires dans le tableau complet
Antigraminées
Kerb Flo, en prélevée, pourra être associé à d’autres spécialités commerciales homologuées. Attention vérifier la possibilité de ces mélanges d’un point de vue règlementaire avec l’outil Mélanges (https://melanges.arvalisinstitutduvegetal.fr/index.php).
En semis tardif et en raison d’une température du sol plus chaude, son efficacité déclinera, notamment sur ray-grass. En post levée, les antigraminées foliaires homologuées de la famille des inhibiteurs de l’ACCase sont des solutions de rattrapage possibles, surtout sur panic-sétaire-digitaire. En forte pression ray-grass, la résistance à ce mode d’action est très fréquente, on privilégiera une stratégie avec Kerb Flo en prélevée en conditions propices à son efficacité (semis précoce uniquement).
Désherbage mécanique
En complément ou en substitution, des solutions de désherbage mécanique sont possibles et montrent chez certains producteurs des efficacités tout à fait acceptables.
• Un passage d’herse étrille « à l’aveugle » en post semis prélevée sera profitable, puis de nouveau en végétation, à partir du stade 3-4 feuilles (le pivot des plantes est alors assez développé pour ne pas être arraché par l’outil). En adaptant la vitesse et l’agressivité, le passage de herse étrille est possible dès 1 feuille.
• Un passage de bineuse dans l’inter-rang est possible, si l’implantation est réalisée au semoir monograine, à partir du stade 4-5 feuilles (en veillant à ne pas recouvrir les plantes).
Le déclenchement des passages mécaniques se fera selon la levée des adventices (privilégier des interventions sur adventices jeunes), le stade de la culture (voir tableau ci-dessous) et les conditions météorologiques (intervenir toujours par temps séchant : sol bien ressuyé et pas de pluie annoncée dans les jours suivants, afin d’éviter le repiquage des adventices ou la mise en germination de nouvelles graines).
Dans nos essais, en situation de printemps humide, écartement à 60 cm, nous avons pu constater qu’une stratégie basée uniquement sur l’utilisation de la herse étrille en début de cycle à 1-2 feuilles, n’a pas donné satisfaction. De même, une stratégie basée uniquement sur du binage à partir de 4 feuilles ne permet pas une efficacité comparable à une stratégie combinant les deux outils : Herse étrille à 1-2 feuilles puis binage à partir de 3-4 feuilles, stratégie qui pour le coup a présenté de bons résultats en expérimentation. La météo de l’année et la diversité de la flore dans la parcelle ont une grande influence sur les résultats.
Désherbage mixte
Allier chimique et mécanique prend tout son sens, d’autant plus pour une culture mineure où les solutions disponibles sont peu nombreuses et ne permettent pas toujours de répondre à toutes les flores rencontrées. En situation sèche au semis ou pluvieuse au printemps par exemple, une stratégie tout en prélevée peut s’avérer insuffisante : inefficacité de la prélevée ou re-sallissement au printemps. On peut alors adopter, en substitution ou complément de la prélevée, une stratégie avec herbicide de post-levée appliqué à 3-4 feuilles en combinaison avec un ou plusieurs passages de bineuse à partir de 4-5 feuilles. L’application de la post-levée sera considérée en fonction des levées d’adventices. Cette stratégie donne de bons résultats en flore simple à moyenne (dans notre essai 2023 : renouée liseron, mercuriale, véronique des champs et ray-grass).
Votre contact
Quentin Lambert (q.lambert@terresinovia.fr) - Référent National Pois Chiche
Symbiose et inoculum en pois chiche, point sur les nouveautés 2025
Le pois chiche a la capacité à fixer biologiquement l’azote de l’air, si son partenaire microbien du genre Mesorhizobium est présent dans le sol. Cette présence est attestée dans la plupart des sols calcaires du Sud méditerranéen et du Sud-ouest.
En cas de situation non-anticipée d’échec de nodulation : la fertilisation azotée
Cette pratique doit être précédée d’un diagnostic en parcelle de la présence de nodosités et de viabilité de celles-ci. Ce diagnostic est à réaliser en préfloraison, dans toutes les parcelles. Si l’absence de nodosité est avérée, l’apport d’azote est envisageable en veillant à ne débuter les apports qu’à partir du début floraison, pour soutenir la mise en place des composantes de rendement et non le feuillage. Comme toutes les légumineuses, les besoins en azote pour la performance de la culture sont élevés. Il est illusoire de répondre complétement au besoin avec une fertilisation minérale. Le potentiel de rendement initial sera revu à la baisse. La pratique est généralement comprise entre 50uN (en 1 apport) et 100u (en 2 apports) entre le début floraison et le remplissage des graines. Attention, un apport d'azote doit rester exceptionnel pour substituer un échec de nodulation non anticipé. Dans tous les cas, en zones vulnérables, respectez la réglementation et les doses plafonds fixées dans les arrêtés préfectoraux.
En cas de situation prévisible d’absence de nodulation : l’inoculation
Depuis juin 2024, un inoculum à deux souches pour le pois chiche est disponible en formulation tourbe (voir ci-dessous). Les semis 2025 sont donc pourvus, pour la première fois, d’une solution pour les zones de production septentrionale.
La spécialité Legumefix n’est pas passée par la voie de l’AMM en France mais par une nouvelle possibilité accordée par l’UE (norme CE via Directive 2019-1009). Ce produit ne fait pas l’objet d’une licence avec l’INRAE et ne bénéficie donc pas d’un contrôle qualité indépendant.
Ce produit a bien été testé il y a quelques années en pois chiche dans des essais Terres Inovia et partenaires.
La présence ou non de populations natives conditionnera l’intérêt de cette nouvelle spécialité. En situation de non-présence de populations natives, cet inoculum présente un effet sur le rendement, en fonction des situations (toujours en l’absence de bactéries), de gain entre +10 à +30% . En situation de présence de populations natives (et donc de nodosités) aucun intérêt n’a pu être démontré. Les deux souches qui composent cet inoculum semblent donc peu compétitives vis-à-vis des populations natives
Enfin, une attention particulière sera portée sur l’usage d’un inoculum sous forme de tourbe si la semence est accompagnée d’un traitement de semence (type Prepper – fludioxynil, efficace sur ascochytose en début de cycle). En effet, les bactéries risquent d’être affectées au contact du traitement de semence avec une pénalisation sur la nodulation.
Aujourd’hui, le risque ascochytose étant très important sur l’ensemble du territoire, nous conseillons dès lors que c’est possible l’usage du seul traitement de disponible à ce jour, le Prepper. D’autres formulations, type micro-granulés, pourrais permettre l’usage combiné d’un TS et d’un inoculum. Ce type de formulation n’est pas disponible actuellement sur le marché.
| Nous maintenons la mise en garde concernant les agriculteurs et les opérateurs qui utiliseraient de façon illicite d’autres inoculants pour le pois chiche, sans autorisation et donc commercialisé illégalement. Au-delà de l’aspect règlementaire, un minimum de connaissances sur la/les souches qui le compose est nécessaire (efficience, compétitivité, présence ou pas d’un gène intervenant dans les processus de dénitrification). |
D’autres solutions innovantes sont en cours de développement et l’offre autour des inoculums en pois chiche devrait sans nul doute s’étoffer dans les années à venir
Quentin Lambert - (q.lambert@erresinovia.fr) - Référent national Pois Chiche
Insérez Les : adopter les légumineuses, du champ à l’assiette
orem ipsum dolor sit amet, consectetur adipiscing elit. Quicquid porro animo cernimus, id omne oritur a sensibus; Quid autem habent admirationis, cum prope accesseris? Quare conare, quaeso. Non autem hoc: igitur ne illud quidem. Duo Reges: constructio interret FR
Cet ambitieux projet, coordonné par Terres Inovia, réunit un consortium de 11 partenaires pour engager des travaux de recherche et innovation autour des 6 espèces de légumineuses à graines qui ne manquent pas d’atouts.
Comment débloquer le verrouillage qui freine l’essor des légumineuses à graines ? C’est tout l’enjeu d’Insérez Les. D’une durée de quatre ans, avec le soutien de l’ANR, ce projet veut faciliter les innovations à toutes les échelles : agronomique, variétale, technologique, économique et sociétale. Il fait partie de la Stratégie nationale « Alimentation durable et favorable à la santé » du 4ème Programme d’Investissement d’Avenir.
Les légumineuses, des espèces d'intérêt
Lors du lancement officiel du projet, les 29 et 30 mai à Paris en présence de tous les partenaires, Afsaneh Lellahi, directrice adjointe de Terres Inovia, a rappelé qu’il était crucial « de soutenir les agriculteurs pour maintenir les surfaces de ces cultures ».
Or, les légumineuses sont des espèces d’intérêt par leur capacité symbiotique à fixer l’azote dans les productions végétales et à produire des protéines pour les hommes et les animaux. C’est pourquoi Terres Inovia s’y investit fortement depuis le projet Cap Protéines mené dans le cadre de France Relance afin « de mettre en adéquation des solutions et pistes pour faciliter le transfert sur le terrain, maintenir les surfaces et donner des perspectives pour ces cultures », confirme Afsaneh Lellahi. C’est dans ce contexte qu’est né Insérez Les, dans la galaxie d’autres projets de R&D dont est partenaire Terres Inovia, avec une dimension orientée Recherche & Innovation, très complémentaire des actions d’accompagnement terrain de l’institut.
Lors de la réunion de lancement du projet, les 29 et 30 mai 2024 à Paris
Une dynamique collective pour une approche systémique
L’originalité du projet Insérez Les ? Créer une large dynamique collective autour des légumineuses à toutes les échelles, de l’amont à l’aval de la production.
Cette ambition a été particulièrement saluée par Marie-Benoît Magrini, économiste de l’équipe ODYCEE à INRAE-UMR Agir, présente lors de la réunion de lancement : « globalement, il est indispensable que toutes les fonctions d’innovation soient activées simultanément pour qu’elles aboutissent, ce qui nécessite une vision systémique. Il faut que chacun dans son domaine pense collectivement en replaçant ses propositions dans l’ensemble de celles des autres acteurs de la chaîne de valeur. C’est une condition indispensable pour transformer en réussite collective les initiatives individuelles ».
Le point de vue de Gilles Robillard, président de Terres Inovia et agriculteur
« Les agriculteurs sont confrontés à un paradoxe. Les légumineuses à graines sont fortement impactées par les aléas climatiques, renforcés ces dernières années, et par la réduction des moyens de protection des cultures avec moins d’intrants, alors qu’elles constituent de vraies opportunités pour les agriculteurs. En effet, ces espèces ont un vrai intérêt agronomique : c’est un bon précédent cultural et elles permettent un nettoyage des parcelles par la diversification des cultures. De plus, elles représentent des atouts pour la transition agroécologique par leur capacité à fournir de l’azote au système de production et des ressources pour la biodiversité. Elles contribuent ainsi à la décarbonation. Insérez Les, visant une dynamique collective, permettra de relever les défis par des combinaisons de solutions car les agriculteurs ont besoin d’être accompagnés pour faire des légumineuses des cultures robustes et rentables ». |
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Tournesol: irriguer pour sécuriser le potentiel de rendement
Les premières parcelles de tournesol atteignent déjà la floraison. A l’heure où les fortes chaleurs se sont installées et après une longue période sans précipitation sur l’ensemble du territoire, la question de l’irrigation du tournesol peut se poser. Voici quelques conseils pour maximiser l’effet de l’irrigation sur le tournesol.
Le tournesol et l’eau
Trois principales périodes du cycle sont tout de même plus sensibles vis-à-vis de situations de stress hydrique prononcé :
• la préfloraison,
• la floraison,
• le début du remplissage des graines
Au cours de ces périodes, si la culture ne dispose que de la moitié de ses besoins en eau, on s’expose à des pertes de rendement élevées, pouvant atteindre 30 à 40% du potentiel.
A l’inverse, sur la première partie du cycle, appelé phase végétative, on ne cherche pas à avoir un tournesol exubérant, et tout particulièrement si la culture est positionnée sur des sols superficiels. En effet, une croissance foliaire trop importante au cours de la phase végétative peut générer une sensibilité accrue au stress hydrique si les pluies ne se maintiennent pas durant les phases critiques (préfloraison, floraison et début du remplissage des graines). Dans les parcelles avec une réserve utile limitée et dans le cas où une absence de pluies en juillet serait observée, un relais d’irrigation sera par conséquent bienvenu, et permettra d’éviter une senescence précoce des feuilles. L’irrigation constitue par conséquent un levier important pour sécuriser le potentiel de rendement.
Quelle stratégie d’irrigation adopter ?
L’irrigation doit accompagner le tournesol pour qu’il maintienne sa surface foliaire verte durant la floraison, puis le plus longtemps possible après la floraison. Elle peut être pilotée à l’aide d’une règle de décision s’appuyant sur 3 critères principaux: le volume d’eau que le producteur peut allouer à la culture, la profondeur du sol (et au delà de la profondeur, la réserve utile du sol) et enfin de la croissance observée au stade bouton. L’irrigation du tournesol sera comprise entre 30 et 120mm/ha apportés en 1 à 3 tours d’eau, entre la préfloraison et la fin floraison + 10 jours.
Le tableau ci-dessous illustre les stratégies à adopter en fonction des situations :
Les besoins du tournesol en eau d’irrigation sont précoces et situés sur les mois de juin et juillet. A la différence des autres cultures d’été, ceci permet au tournesol d’esquiver les périodes les plus sèches, ainsi que les restrictions les plus sévères d’accès à l’eau, survenant généralement à partir du mois d’août.
| L’irrigation du tournesol est aujourd’hui une pratique qui reste peu répandue sur notre territoire. Dans le Sud-Ouest, un quart des surfaces de tournesol sont conduites sur des parcelles irrigables. Pour autant la surface réellement irriguée est comprise entre 2 et 5% en fonction des années (Source : enquêtes de Terres Inovia sur les pratiques culturales 2019 et 2021). En région Auvergne-Rhône-Alpes, c'est environ 20% des surfaces qui pourraient être irriguées. En pratique, les surfaces irriguées en tournesol sont comprises entre 7 et 9% de la sole générale de la culture en fonction des années (Source : enquêtes de Terres Inovia sur les pratiques culturales 2019 et 2021). Ce delta est expliqué par la pluviométrie estivale avec des années sèches (ex : 2019) ou humides (ex : 2021). |
Quel gain en attendre ?
On estime un gain de rendement de l’ordre de 1 q/ha par tranche de 10mm d’eau d’irrigation apportée (compilation de 18 années d’essais 1989-2009). Soit, un gain potentiel de 3 q/ha pour 30mm à 10 q/ha pour 100mm. Une étude récente réalisée à partir du modèle Sunflo a confirmé cette référence historique, et a même permis de l’affiner, en montrant que sur des sols superficiels et en année sèche, un seul tour d’eau de 35 mm bien positionné apporte un gain moyen de 6 q/ha par rapport à un tournesol mené sans irrigation.
L’irrigation permet également d’améliorer la teneur en huile et de favoriser la production nectarifère, étant par conséquent bénéfique aux pollinisateurs et à la fécondation de la culture.
Dans un contexte global plus contraint en eau, tant sur les volumes que sur les périodes d’irrigation, l’intérêt d’irriguer du tournesol dans l’assolement est accru. Pour 2025, l’intérêt d’une irrigation se fera au cas par cas, d’abord sur des semis tardifs et/ou sur des sols avec des réserves utiles limitées.
Le raisonnement de l’irrigation du tournesol repose sur des règles simples demandant une observation régulière de la parcelle à partir du stade « bouton étoilé » (préfloraison). Les volumes d’eau nécessaires pour déplafonner les rendements sont peu importants, notamment en sol séchant où, en tendance, le tournesol valorise particulièrement bien l’irrigation.
Vos contacts régionaux:
- Arnaud Micheneau (a.micheneau@terresinovia.fr) - Sud Nouvelle Aquitaine, Gers, Hautes-Pyrénées
- Quentin Lambert (q.lambert@terresinovia.fr) - Ouest Occitanie
- Alexandra Denoyelle (a.denoyelle@terresinovia.fr)- Auvergne-Rhône-Alpes, PACA
Gestion des graminées, l'après S-Métolachlore
Le 20 avril 2023, l’ANSES a procédé au retrait des principaux usages des herbicides à base de S-Métolachlore. Des délais de grâce ont alors été accordés, avec une possibilité de stockage et d’usage jusqu’au 23 juillet 2024, tandis que les dernières ventes ont été prolongées jusqu'au 23 avril 2024. Certaines exploitations ayant su anticiper le calendrier ont pu couvrir leurs besoins en s-métolachlore, et pourront y recourir au printemps 2024. Dans les autres cas de figure la gestion des graminées doit s’envisager d’autre manière.
Des alternatives en prélevée efficaces
La gestion d’une pression moyenne à forte en graminées passe en premier lieu par un désherbage de prélevée efficace. Alors que cette gestion reposait jusqu’ici sur 2 molécules, le retrait du S-métolachlore va faire supporter à la Pendiméthaline un poids plus important dans le contrôle de prélevée des graminées.
La figure 1 présente les efficacités comparées de la pendiméthaline (Atic-Aqua : 2l/ha) et le S-métolachlore (Mercantor Gold : 1.2 l/ha), associé au Proman (2,5 l/ha). Afin de limiter les risques de sélectivité de la pendiméthaline, il est proposé de retenir une dose à 1.8 l/ha sur les terrains argileux. Cette dose pourra être modulée à 1.5 l/ha sur les terrains plus limoneux, plus filtrants. Cependant, vis-à-vis d’une dose abaissée à 1000g/ha du S-métolachlore, les performances des deux molécules présentent des niveaux d’efficacité proches sur les graminées estivales.
Autre molécule à considérer: la Pétoxamide (Successor 600). En retrait sur panic pied de coq, cette solution peut présenter un intérêt sur sétaire ou digitaire, malgré semble-t-il, une possible irrégularité observée dans d’anciennes références. L’acquisition de résultats actualisés sur cette molécule permettra de mieux appréhender son niveau d’efficacité.
Un complément non négligeable de la post-levée
Bien que l’essentiel de la gestion des graminées repose sur l’efficacité de la base prélevée, une action complémentaire de post-levée apporte un complément d’efficacité dans les situations les plus infestées. Par ailleurs, avec des situations de printemps secs, comme en 2022, l’efficacité des prélevées décroit et devient insuffisante, nécessitant alors un complément en post-levée.
L’imazamox et la bentazone sont les 2 molécules employées dans les stratégies de post-levée, et ciblent prioritairement les dicotylédones. L’imazamox apporte un complément d’efficacité intéressant contre panic pied de coq et sétaire. Son efficacité sur sétaire est en retrait. La bentazone quant à elle n’apporte pas de bénéfices dans la gestion des graminées. L’association imazamox et bentazone dans le Basagran, n’apporte pas le grammage d’imazamox suffisant pour permettre un renfort efficace.
Dernier recours, les antigraminées foliaires.
Ces solutions (Agil/Etamine/ Fusilade /Pilot/Stratos etc.) présentent de bonnes efficacités contre panic pied de coq, panic faux millet, sétaire ou encore digitaire. Elles sont également un recours vis-à-vis des vivaces telles que le chiendent ou le sorgho d’Alep, contrairement à l’ensemble des autres solutions de pré comme de post-levée. Leurs efficacités restent néanmoins conditionnées à leurs conditions d’utilisation.
| Ainsi, privilégier l’application des stades 3 feuilles jusqu’à fin tallage des graminées annuelles et de 10 à 20 cm des graminées vivaces. Au-delà, les efficacités décroissent rapidement. Des conditions d’hygrométrie supérieures à 60% ainsi que des températures n’excédant pas ou peu les 20°C sont à privilégier. |
Les essais conduits par Terres Inovia ont démontré un effet antagoniste de l’association des antigraminées foliaires à l’imazamox. Parmi les produits testés entre 2010 et 2012 (Stratos, Pilot, Fusilade), seules les associations avec le Stratos n’ont pas mis en évidence d’antagonisme. Parmi les autres solutions testées, les baisses d’efficacité observées par rapport aux efficacités seules, impliquent donc de bien dissocier les applications. Par conséquent, dans les situations à forte pression, ou en présence de vivaces, on interviendra en premier lieu avec l’imazamox ou bentazone à 2-3 nœuds du soja pour viser spécifiquement les dicotylédones, et l’antigraminée foliaire sera à réaliser environ 7 jours plus tard sur la cible graminée.
Voir programme désherbage Soja 2024
Votre contact régional
- Arnaud Micheneau (a.micheneau@terresinovia.fr) - Sud Nouvelle Aquitaine, Gers, Hautes-Pyrénées
- Quentin Lambert (q.lambert@terresinovia.fr)- Occitanie
- Laura Cipolla (l.cipolla@terresinovia.fr) - AURA & PACA
Réussir la destruction des couverts végétaux hivernaux
La période de destruction des couverts végétaux hivernaux approche. Cette intervention, qui doit permettre la dévitalisation totale des couverts et le maintien d’une structure de sol favorable à l’implantation de la culture suivante, est dans la mesure du possible réalisée dans des conditions optimales d’humidité du sol, ce qui réclame un grand niveau de vigilance.
Comment choisir la période de destruction des couvert hivernaux ?
- Pour un couvert à dominante crucifères ou graminées, la destruction doit survenir au moins deux mois avant la date prévisionnelle de semis de la culture suivante. L’objectif est d’éviter une faim d’azote sur les premiers stades de développement de la culture. Attention également à la phacélie, dont le rapport C/N a tendance à fortement augmenter en fin de cycle.
- Pour un couvert à dominante légumineuses, la destruction peut être plus tardive, jusqu’à trois semaines avant la date prévisionnelle de semis. Dans ce cas de figure, les principaux points de vigilance concernent la présence de résidus non dégradés au moment du semis, et la concurrence exercée sur l’eau et les minéraux du sol par des couverts détruits trop tardivement.
La destruction tardive d’un couvert hivernal à forte biomasse peut conduire à l’assèchement de sols à faible réserve utile (sols superficiels, sols sableux ou limoneux), surtout si la fin d’hiver et le début du printemps sont marqués par un déficit de pluviométrie. L’alimentation hydrique de la culture suivante risque alors d’être pénalisée, en particulier en conduite pluviale.
Aussi, il faut savoir prendre la décision d’arrêter la progression d’un couvert quand il atteint 2 à 4 tonnes de biomasse par hectare (1 à 2 kg de matière verte par m²), et qu’il a fourni les bénéfices que l’on en attend (protection contre l’érosion, piège à nitrates).
Vouloir « pousser » son couvert, peut conduire, en cas de scénario climatique défavorable, a des destructions trop tardives, impactant directement la réussite de la culture suivante.
Les conditions d’intervention sont cruciales pour les destructions mécaniques, tout particulièrement sur sols argileux. Les couverts contribuent au ressuyage du sol durant l’hiver, ils participent également au maintien d’une humidité au sol, d’autant plus importante avec des fortes biomasses ou s’ils contiennent des graminées. En fin d’hiver, il est ainsi primordial de détruire le couvert dès qu’une fenêtre favorable se présente, lorsque le sol est suffisamment ressuyé sur tout le profil travaillé . Pour cela, un suivi régulier des conditions d’humidité du sol s’impose pour limiter les risques de tassement ou de lissage.
Quel mode de destruction pour mes couverts ?
Les techniques de destruction sont multiples et doivent être choisies en bonne cohérence avec les caractéristiques des espèces implantées et les propriétés du sol.
Les techniques de destruction sont multiples et doivent être choisies en bonne cohérence avec les caractéristiques des espèces implantées et les propriétés du sol.
En fin d’hiver, sur sols argileux, il faut attendre un ressuyage suffisant du sol et réaliser des interventions qui restent superficielles, sont 2 conditions indispensables (ex : 2xDDI, Broyeur+scalpeur, rouleau hacheur + herse rotative).
Le labour ou des travaux profonds ne peuvent être envisagés que sur les sols limoneux ou sableux. Dans des situations avec des couverts bien développés, un broyage préalable peut être nécessaire.
Les travaux menés par Terres Inovia dans le cadre du réseau Syppre Lauragais ont montré que sur des couverts à tige creuse (féverole, phacélie), de nombreux matériels présentent des résultats satisfaisants de destruction (herse rotative, scalpeurs, déchaumeurs à disques indépendants, rouleaux hacheurs). La herse rotative sans rouleau, utilisée à faible profondeur (5-7cm) sur des couverts moyennement développés, assure la dévitalisation des plantes et la création d’un lit de semence favorable à la culture suivante. Le débit de chantier reste toutefois faible, tout comme l’efficacité sur les plantes à pivots et les graminées.
La difficulté principale consiste bien souvent à détruire les graminées adventices qui peuvent se développer dans le couvert pendant l’hiver, auquel cas, les outils à bon recouvrement ou équipés d’ailettes se détachent en termes d’efficacité, même si celle-ci est rarement totale. Aussi, la présence d’adventices et notamment de graminées justifie une destruction précoce, afin d’intervenir sur des stades jeunes plus faciles à détruire, et viser une implantation de la culture suivante sur un sol propre.
Si le choix se porte sur la destruction chimique, des couverts développés vont demander des doses élevées de glyphosate. L’ajout de 2-4D peut améliorer l’efficacité de destruction des dicotylédones, mais s’il est utilisé, veiller rigoureusement au délai d’application avant semis du tournesol (30 jours). Précisions, également que le levier de destruction chimique peut être mobilisé après une 1ère étape de destruction mécanique, si des graminées adventives n’ont pas été détruites et si les conditions d’humidité ne sont pas favorables. Dans ce cas de figure, le glyphosate seul suffira, et il conviendra de moduler les doses utilisées.
Quel que soit le mode de destruction, il faudra être vigilant à la présence de résidus non dégradés ou trop grossiers qui risquent de perturber le passage de l’élément semeur de la culture suivante, ou nuire au contact sol-graine. Les résidus peuvent également générer une activité plus importante des mollusques au printemps. Une surveillance précoce doit être mise en place pour éviter des potentiels dégâts sur la culture suivante.
Pour aller plus loin:
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Clémence de Saintignon (c.desaintignon@terresinovia.fr)
Matthieu Abella (m.abella@terresinovia.fr)
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