21,25,39,58,70,71,89,90

Propyzamide : les conditions sont favorables

La forte baisse des températures associée à une humidité satisfaisante des sols sur la zone Nord-Est permet aujourd’hui d’envisager l’application de propyzamide pour la gestion des graminées adventices dans les colzas.
 

La forte baisse des températures associée à une humidité satisfaisante des sols sur la zone Nord-Est permet aujourd’hui d’envisager l’application de propyzamide pour la gestion des graminées adventices dans les colzas.

Le propyzamide (KERB FLO et produits génériques) est une molécule herbicide incontournable dans la gestion du désherbage des parcelles de colza fortement infestées en graminées, notamment lorsque celles-ci sont résistantes à d’autres matières actives. Le propyzamide a une action racinaire systémique sur ray-grass, vulpin, repousses de céréales (surtout blé), bromes, folle-avoine (d’hiver surtout), pâturin, vulpie et agrostis.

Bonnes pratiques d’utilisation

Certaines conditions d’application sont indispensables pour optimiser l’efficacité et préserver la durabilité de la molécule :

  1. Une seule application de propyzamide à 750 g/ha par campagne, de début novembre à fin décembre sur colza.
  2. Pas d’application sur un sol saturé en eau pour éviter ruissellements et échecs d’efficacité.
  3. Viser une application sur sol frais et humide. L’efficacité dépend de l’humidité du sol. Des températures inférieures à 10 °C sont vivement conseillées pour assurer la persistance d’action.

Les résultats expérimentaux montrent que l’application des produits à base de propyzamide n’est pas très sensible à la biomasse et ceci ne doit pas remettre en cause la période optimale. Attention, en raison de l’action foliaire antidicotylédones de l’aminopyralide, respecter un délai sans pluie pour les produits IELO / YAGO / BIWIX / DITOP. Les applications trop tardives (au-delà de novembre) manqueront d’efficacité antidicotylédones.

Mélange herbicide + insecticide : quelle conduite adopter ?

Il est toujours tentant d’économiser un passage en associant l’herbicide et l’insecticide. Mais cela est parfois une mauvaise économie.

En premier lieu, il convient de s’interroger sur la nécessité de l’insecticide. Pour mémoire, le seuil indicatif de risque est de 5 larves par pied pour des colzas bien développés et de 2 à 3 larves par pied pour des petits colzas ou des colzas mal implantés avec des faims d’azote.

Dans les secteurs avec des résistances fortes aux pyréthrinoïdes (secteur SKDR), le mélange MINECTO GOLD + propyzamide est fortement déconseillé par l’institut pour des raisons de comptabilité et d’efficacité. MINECTO GOLD doit impérativement être associé à un adjuvant huileux (type ACTIROB). Or, la présence d’huile provoque la floculation du propyzamide, réduisant fortement son efficacité. Par ailleurs, Minecto Gold s’applique lorsque les températures sont douces et les larves actives pour maximiser son efficacité. Alors que la propyzamide s’applique par temps froid.

De la même manière dans les secteurs qui ne sont pas concernés par les résistances fortes et qui utilisent encore des pyréthrinoïdes pour la lutte contre les larves d’altise, il est souvent préférable de réaliser les interventions séparément. En effet, même si en pratique, le mélange propyzamide + pyréthrinoïdes reste possible, les conditions optimales d’application de l’insecticide (températures douces) diffèrent de celles de l’herbicide (températures fraiches).

Automne Hauts-de-France Bourgogne-Franche-Comté Grand Est Lorraine, Alsace et Haute-Marne Désherbage Maitrise des adventices Colza Non Mathys MIQUET (m.miquet@terresinovia.fr)

Zone Nord & Est - Bilan de campagne soja 2025

 

La campagne 2025 en soja est marquée par des conditions climatiques contrastées sur la zone Nord et Est. Le printemps sec permet des semis de soja précoces et globalement réussis, même si certaines parcelles connaissent des levées irrégulières. La floraison arrive lors d’une période très chaude, stressant les plantes et limitant la disponibilité en eau. Pendant le remplissage des grains, les différences de pluviométrie entre régions entraînent des développements hétérogènes. Les parcelles arrosées obtiennent de bonnes croissances et sortent leur épingle du jeu avec des rendements atteignant jusqu’à 40-45 q/ha. Les secteurs plus secs présentent des plantes plus courtes et avec un moins bon remplissage. Les rendements sont plus décevants, de l’ordre de 15-25 q/ha et diminués par certains problèmes techniques (désherbage, nodulation, etc.).

 

Lire le bilan de campagne soja 2025 complet ici 

Préparation de campagne Maturité/récolte Grand Est Hauts-de-France Lorraine, Alsace et Haute-Marne Bourgogne-Franche-Comté Récolte Soja Mathieu DULOT (m.dulot@terresinovia.fr)

Larves de grosses altises : les 1ers Berlèses peuvent débuter

Les captures de grosses altises adultes ont débuté précocement cette année, s’étalant de début septembre pour les secteurs les plus précoces à mi-septembre. Les premières larves commencent à être observées sur la zone Nord & Est.

Larve de grosse altise - Crédit photo : Terres Inovia

La période de surveillance via les tests Berlèse doit débuter à partir de maintenant. Ces 1ères mesures fourniront un début d’estimation quant à la quantité de larves d’altises présentes cette campagne. Compte tenu de la persistance du vol des adultes sur certains secteurs, des émergences échelonnées sont à prévoir. Il est donc fortement recommandé de refaire un test Berlèse 2 à 3 semaines plus tard.

 

 

Lire aussi : Comment faire un Berlèse ?

 

Vous pouvez consulter les périodes potentielles d’apparition des larves en fonction du début de la période de vol dans les BSV :

 

Attention à ne pas confondre les larves

  Autres diptères
dans les pétioles et feuilles
Grosse altise
dans les pétioles
à cette époque de l'année

Gauche : larve de grosse altise au stade L1
Droite : larve de diptère

Taille 5 mm 2 mm au stade L1
4 mm au stade L2
6 à 9 mm au stade L3
Forme Larve allongée Larve allongée + 3 paires de pattes
 

 

 

N’intervenez qu’en cas de besoin

OAD Larves de grosse altise

En quelques clics, cet outil estime le risque lié aux larves de grosse altise. Il permet de combiner l'aspect agronomique de la parcelle à la pression du ravageur.  Accéder à l'outil

 

Le risque d’avoir des dégâts nuisibles dépend de l’état de croissance du colza à l’entrée de l’hiver et de sa capacité à engager rapidement la montaison au printemps (contexte pédo-climatique, choix variétal, enracinement).

Grille de risque simplifiée adaptée au territoire

Infestation larvaire Risque agronomique Indication de risque

> 5 larves /
plante

Toutes situations Risque fort
Entre 2-3 et 5
larves / plante

Biomasse < 45 g/pied
OU
Croissance limitée (rougissement, faible
disponibilité en azote, mauvais
enracinement)

Risque fort
Biomasse > 45 g/pied
ET
Croissance continue sans faim d'azote
(pas de rougissement, disponibilité en
azote, bon enracinement)
Risque moyen
< 2-3 larves / plantes Toutes situations Risque faible

 

Attachez une réelle importance aux fortes infestations conjuguées à des risques élevés (petit colza, faim d’azote, pivots défectueux, reprises tardives, etc.). Les dégâts sont généralement plus sévères (seuil à 3 larves par plante).

 

Avec quoi intervenir si nécessaire ?

Il convient en premier lieu de s'informer sur l'état des résistances selon sa région afin de prendre la bonne décision : MINECTO GOLD : autorisation dérogatoire pour le colza

 

Rappel : nos essais montrent qu’en l’absence de résistance forte SKDR, la lambda-cyhalothrine (Karaté Zéon dans nos essais) est le pyréthrinoïde le plus efficace, supérieur à la cyperméthrine. La deltaméthrine (Decis Protech dans nos essais) est intermédiaire. Les pyréthrinoïdes particuliers etofenprox, tau-fluvalinate, esfenvalérate sont en retrait en termes d’efficacité.

 

Les insecticides sont efficaces sur des larves d'altises L1 et L2


Pour être efficace, l’intervention chimique doit être positionnée, après avoir « fait le plein » de larves aux stades sensibles (L1 et L2), c'est-à-dire lorsque les larves sont encore mobiles. Dans les essais, les meilleures efficacités sont obtenues en tendance lorsque les températures moyennes ne descendent pas sous 7°C les quelques jours qui encadrent l’intervention.

Les applications de sortie hiver ne sont pas efficaces pour réduire l’impact des insectes sur les plantes.
 

Automne Hauts-de-France Lorraine, Alsace et Haute-Marne Bourgogne-Franche-Comté Grand Est Colza Équipe Nord & Est

Soja bio dans l’Yonne : Terres Inovia présente les points clefs de l'itinéraire technique

Associé au projet régional XP’Bio 89 lancé en 2023, l’institut étudie des leviers pour réduire la présence des adventices et pour sécuriser la production des grandes cultures conduites en agriculture biologique. Une visite d’essai était organisée mi-septembre à Saint-Cyr-les-Colons.

L’Yonne est le 2e département de la région Bourgogne Franche-Comté en termes de surfaces conduites en agriculture biologique en grandes cultures avec 55 654 ha en 2024 (source : Agence bio).

Investi sur ce territoire depuis 2023 et pour une durée de quatre ans, Terres Inovia et ses partenaires proposaient – dans le cadre du projet multipartenarial XP’Bio 89 – une visite de parcelle de soja bio mardi 16 septembre à Saint-Cyr-les-Colons.

Crédit : Terres Inovia.

Réguler la présence des adventices

Benjamin Delhaye, ingénieur terres Inovia, a animé les échanges auxquels a participé une vingtaine de personnes. Un des points abordés a été l’itinéraire technique du soja bio en anglant sur les stratégies pour limiter la biomasse des adventices.

Lors de la visite, l’impact de différents types de semoirs, combinés à des désherbages mécaniques, sur la biomasse des adventices a été observé. Il en est ressorti que le semis avec un semoir de précision, associé à un binage, permet de réduire la biomasse des adventices par rapport à un semoir à céréales, combiné à un passage de herse-étrille. Parallèlement, le choix variétal peut constituer un levier supplémentaire pour limiter la biomasse adventice.

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Benjamin Delhaye, à gauche, anime la présentation. Crédit : Terres Inovia.

Pour en savoir plus, rendez-vous sur l'actualité de lancement.

Consultez la fiche projet et le guide de culture du soja bio.

Contact : Benjamin Delhaye, b.delhaye@terresinovia.fr

Bourgogne-Franche-Comté Ravageurs Soja agriculture biologique soja soja bio Oui

Récolter le soja au bon stade : recommandations techniques

Les premiers sojas seront mûrs dès fin août. Reste à relever le défi d’une récolte technique : préserver le rendement sans perdre en qualité.

Projections des dates de récolte pour les variétés de soja 000 et 00 (Actualisation du 26/08/2025)

 

 

Les premières parcelles de soja bientôt prêtes à être récoltées

Après un été caractérisé par des températures supérieures aux normales et des pluies le plus souvent orageuses et hétérogènes, les premières récoltes de soja dans les régions Nord et Est pourraient débuter dès la fin août pour les sojas de groupe de précocité 000, et se poursuivre sur la première quinzaine de septembre pour ceux du groupe 00.

Prévision de la date de maturité du soja pour un semis au 1er mai 2025. Le modèle inclus les données réelles jusqu’au 23/08/2025 puis des données fréquentielles (médiane 2015 -2024) jusqu’à la récolte

 

Identifier le bon stade de récolte

La maturité visuelle du soja se reconnaît lorsque les plantes ont perdu leurs feuilles et que les graines « sonnent » dans les gousses. Le soja se récolte idéalement avec un taux d’humidité compris entre 14 et 16 %.

Soja prêt à être récolté - Crédit photo : Terres Inovia
 

A ce stade, il est important de ne pas attendre trop longtemps :

  • Une récolte tardive augmente le risque d’égrenage et de casse des graines,
  • En période de conditions sèches, le taux d’humidité peut chuter rapidement, passant de 30 % à 15 % en quelques jours.

Pour rappel, les normes de commercialisation sont fixées à 14 % d’humidité et 2 % d’impuretés.

 

Récolter ni trop haut, ni trop vite pour récupérer toutes les graines

La technicité de la récolte réside dans la capacité à bien récolter le premier étage de gousses, souvent le plus rempli et donc fortement contributeur au rendement. 

Rater cet étage fructifère peut engendrer une perte moyenne de 4,4 q/ha. Pour l’éviter :

  • Ajuster précisément la hauteur de coupe
  • Utiliser si possible une coupe flexible, particulièrement efficace pour ramasser les gousses les plus basses

La vitesse d’avancement de la moissonneuse-batteuse doit également être modérée pour optimiser la performance du chantier de récolte (4-5 km/h). 

Gousses non récoltées suite à un mauvais réglage - Crédit photo : Terres Inovia

 

Récolter des parcelles hétérogènes en maturité 

Certaines parcelles peuvent présenter des zones avec des maturités différentes. Dans ce cas, il convient de récolter lorsque la majorité de la parcelle atteint le bon stade, et surtout ne pas attendre une homogénéisation complète. En retardant la récolte on s’expose à un risque accru d’égrenage et de casse des grains pour les sojas les plus avancés ayant des taux d’humidité trop bas.
La récolte peut être engagée avec des parties de la parcelle encore à 20 % d’humidité.  Dans les cas de forte disparité, l’andainage reste une solution (voir encadré).

 

Gérer les situations de salissement

En cas de salissement important, des interventions complémentaires peuvent être nécessaires :

  • Écimage des adventices hautes en grenaison (chénopodes, par exemple), afin de limiter leur impact sur la récolte et sur la culture suivante,
  • Recours là encore à l’andainage si le salissement est très important et compromet la récolte directe.

 

L’andainage du soja : une option délicate

Pour gérer les problèmes d’enherbement ou d’hétérogénéité de maturité, il est possible d’andainer le soja. Il s’effectue idéalement en soirée, lorsque l’humidité des graines est comprise entre 25 et 30 %, stade correspondant au changement de couleur des gousses et des graines (du vert au beige). Il est important de limiter autant que possible la présence de graines vertes pour la commercialisation.
L’andainage doit être réalisé avant l’ouverture des premières gousses, souvent situées en bas de la plante.
Pour cela, on utilise un andaineur grandes cultures (type MacDon) en fauchant le plus bas possible.
En présence d’adventices, la tenue de l’andain est généralement correcte et les risques d’égrenage limités. En revanche, en cas d’affaissement, la récolte avec un pick-up est recommandée pour réduire les pertes. 

 

Floraison Maturité/récolte Bourgogne-Franche-Comté Récolte Soja Louis-Marie ALLARD (lm.allard@terresinovia.fr)

Faut-il déclencher le semis des colzas ?

La levée précoce (avant le 1er septembre pour atteindre le stade 4 feuilles avant le 20 septembre) est une des clés pour obtenir un colza robuste, ce qui est à rechercher notamment dans les contextes concernés par les problématiques d’insectes d’automne. Pour beaucoup d’agriculteurs, les semis n’ont pas débuté en raison des conditions chaudes et sèches des derniers jours. Voici un état des lieux des situations et des éléments à prendre en compte qui incite au déclenchement des semis dans la plupart des situations.

Accéder à la version PDF ici.

Quelle est la situation aujourd’hui ?

Dans quelques secteurs du Nord Est, l’humidité des sols et / ou des pluies (jusqu’à 20 mm les 12 et 14 août) ont permis des semis. Les parcelles sont en cours de levée.
Dans la grande majorité des cas, les semis sont encore en attente : les sols sont desséchés sur les premiers centimètres en raison de l’absence de pluviométrie et des températures fortes des derniers jours. Point positif : de nombreuses parcelles sont prêtes à être semées.

 

Quelles perspectives pour les prochains jours ?

Rappel - Quels sont les besoins en pluviométrie pour faire lever les colzas ?
Les besoins en eau pour faire lever les colzas sont fonction de l’état de surface et de la fraicheur déjà présente.

Besoin en précipitation (mm) pour faire lever le colza
  • Sol bien affiné en surface
  • Faible ou absence de fraîcheur dans les 30 premiers centimètres du sol
    (nombreuses situations)
  • Sol motteux en surface
  • Sol sec dans les 30 premiers centimètres du sol
    (souvent des sols argileux avec travail profond)
15 mm 30 mm

 

Les prévisions météorologiques prévoient l’arrivée d’une goutte froide à partir du 19 août, ce qui s’accompagnerait d’une baisse des températures et d’épisodes orageux (pluie et vent).

 

Raisonnement du déclenchement des semis

Compte tenu des probabilités de pluviométrie à 15 jours, il est conseillé de déclencher les semis sur l’ensemble du territoire. Les probabilités de cumuls de pluie sont plus faibles dans les dans certains secteurs de l’Ouest et des Hauts de France. Toutefois, attendre dans ces secteurs expose au risque d’une levée tardive et à l’incertitude de futures pluies la première quinzaine de septembre). Prévoyez un semis à 2-3 cm de profondeur. Privilégiez les semis au monograine pour assurer un positionnement et un rappui optimal des graines. Au semoir à céréales, un roulage après semis est conseillé pour maintenir l’humidité.

Nous rappelons que l’objectif est d’avoir un colza au stade 4 feuilles au 20 septembre (arrivée des adultes de grosses altises). Pour cela, le colza doit être levé au 1er septembre. 

Vous pouvez consulter le site https://aleapluie.modelia.org/details.php pour visualiser les probabilités de cumuls de pluie à 15j actualisées quotidiennement.
 

 

Implantation Bourgogne-Franche-Comté Implantation Colza Michael GELOEN (m.geloen@terresinovia.fr)

Tournesol : récolter au bon moment pour optimiser la marge économique

Dans les régions du Nord et de l’Est, les récoltes de tournesol s’annoncent particulièrement précoces pour la campagne 2025. Cette avance s’explique par des semis réalisés dès le début du mois d’avril, associés à des températures supérieures aux normales saisonnières. Dans ce contexte, quelques recommandations pour récolter au bon stade s’imposent.

Projections des dates de récoltes pour les variétés de tournesol précoce (Actualisation du 22/08/2025)

Comment reconnaitre le bon stade de récolte ? 

Récolter au stade optimal demande une observation attentive du champ. Ce moment clé intervient lorsque la majorité de la parcelle présente les signes suivants :

  • Le dos des capitules vire du jaune au brun,
  • Toutes les feuilles sont sénescentes,
  • La tige se dessèche et passe du vert au beige clair,
  • Les graines affichent un taux d’humidité compris entre 9 et 11 %.

 

Récolter à l’humidité optimale permet de maximiser la marge économique

Une récolte en surmaturité, avec un taux d’humidité des graines réduit à 5 %, peut entraîner une baisse de marge de 55 €/ha — en l’absence de pertes de graines et sans remise aux normes d’humidité —, jusqu’à 140 €/ha en cas de perte de 2 q/ha, toujours sans correction d’humidité. Ces pertes sont à comparer à une récolte effectuée au stade optimal, soit à 9 % d’humidité.

Une récolte avec une teneur en eau élevée des graines entraîne une baisse de marge encore plus marquée. Par rapport à une récolte au stade optimal (9 % d’humidité), la marge diminue de 105 €/ha à 13 % d’humidité, de 192 €/ha à 15 % (avec 1 q/ha de pertes aux normes), et jusqu’à 312 €/ha à 18 % (avec 2 q/ha de pertes aux normes), soit le seuil maximal d’humidité permettant encore une récolte à la moissonneuse-batteuse.

Dans ces simulations économiques, le taux d’impuretés est supposé constant à 2 %, quel que soit le taux d’humidité à la récolte. Cette hypothèse tend à minimiser l’impact économique des récoltes réalisées en dehors du stade optimal.

 

Un bon réglage de la moissonneuse-batteuse est essentiel pour réduire les pertes et garantir la qualité des graines

 

Lire aussi :

Remplissage des gousses Maturité/récolte Bourgogne-Franche-Comté Grand Est Hauts-de-France Lorraine, Alsace et Haute-Marne Récolte Tournesol Benjamin Delhaye (b.delhaye@terresinovia.fr)

Zone Nord & Est : Bilan de campagne colza 2024-2025

La campagne colza 2024-2025 s’est illustrée par de très bons rendements dans la région Nord-Est. Après des semis globalement réussis, bien que localement perturbés par les pluies estivales, le colza a profité de conditions automnales et hivernales favorables à son développement, avec des biomasses élevées et peu de carences azotées. La pression des ravageurs a été globalement faible, hormis la déprédation par les limaces, et plus localement des infestations de larves d’altises et de charançon du bourgeon terminal voire de tenthrèdes. La floraison s’est déroulée dans de bonnes conditions, soutenant une bonne nouaison. Les fortes chaleurs de juin ont accéléré la sénescence des siliques et écourté le remplissage des grains, en particulier dans le sud de la zone. Malgré cela, les rendements sont très satisfaisants dans les parcelles qui n’ont pas connu d’accidents. 

Lire le bilan de campagne colza 2024-2025 complet ici : Bilan de campagne colza 2024-2025

 

 

Préparation de campagne Maturité/récolte Grand Est Bourgogne-Franche-Comté Lorraine, Alsace et Haute-Marne Hauts-de-France Colza Nicolas Latraye (n.latraye@terresinovia.fr)

Chanvre : c’est le débouché qui dicte le mode de récolte

Le chanvre est cultivé sous contrat avec un industriel chargé de la première transformation. Ce contrat peut fixer les modalités de récolte, en fonction des spécificités de l’outil industriel et des débouchés visés. Selon que l’on cherche à valoriser la paille — et en particulier le type de fibre — ou la graine, les pratiques de récolte diffèrent.

Débouché textile

Pour un usage textile, le chanvre est récolté à pleine ou fin de floraison, dès la libération du pollen par les fleurs mâles (90 à 100 jours après semis). Une récolte trop tardive entraîne la formation de fibres secondaires, moins adaptées aux exigences du textile.

Le type de fibre visé détermine le matériel utilisé :

  • Fibres longues : La récolte doit permettre de paralléliser les pailles, et ne doivent pas excéder 1 m de long pour s’adapter aux outils de transformation du lin. La machine Hyler Sativa 200A a été développée pour cela. Les pailles étant sectionnées en 2, lors du pressage, les balles de têtes et de pieds doivent être séparées pour un teillage différencié. Ces fibres permettent de produire des vêtements 100 % chanvre.
  • Fibres courtes : Récoltées avec une faucheuse à section (type Sauerburger), puis andainées et pressées (balles rondes ou carrées), la paille est ensuite acheminée vers une ligne de transformation dédiée à la production de fibres courtes. Elles sont utilisées en mélange avec du coton pour produire du fil cotonisé.

 

Débouché graine

Les graines mûrissent 4 à 6 semaines après la floraison. Toutefois, cette maturité n’est pas uniforme au sein d’une même inflorescence : alors que certaines graines sont déjà tombées, d’autres, situées plus haut, peuvent encore être vertes.

Une récolte trop précoce donne trop de grains verts ; trop tardive, elle provoque des pertes par déhiscence. Le stade optimal de récolte peut se résumer ainsi :

  • Les enveloppes des graines situées à la base de l’inflorescence commencent à se détacher.
  • Les graines situées au sommet sont encore au stade pâteux.
  • Les tiges sont presque entièrement défoliées.
  • Moins de 10 % des graines restent vertes (ce que l’on peut évaluer en battant des inflorescences à la main).

À ce stade, la paille est également mûre.

Bon stade de récolte du chènevis (moins de 10% de grains verts) - Crédit photo : Louis-Marie Allard Terres Inovia

 

Deux méthodes de récolte sont possibles :

  • Récolte de la graine et de la paille en un seul passage : 

Les chanvrières peuvent être équipées de moissonneuses-batteuses spécifiques, de type BAFA. On utilise généralement des becs Kemper d’ensileuse adaptés, et le rotor coupe la paille en segments de 50 à 60 centimètres. 
L’ensemble des brins de paille passe dans le batteur et les secoueurs, ce qui permet d’assurer le battage complet de toutes les têtes, même en cas d’hétérogénéité de hauteur sur la parcelle. 

Matériel de récolte équipé d’un bec Kemper type BAFA - Crédit photo : Louis-Marie Allard Terres Inovia

 

  • Récolte en deux passages : d’abord la graine puis la paille : 

Dans un premier temps, la graine est récoltée avec une moissonneuse-batteuse classique, à condition d’y apporter quelques adaptations simples pour éviter que les fibres de chanvre ne s’enroulent autour des éléments de la machine.
Les principales modifications à prévoir sont :

  • L’ajout de tôles de protection sous la machine pour empêcher les fibres d’atteindre et de s’enrouler autour des organes hydrauliques et également de réduire l’usure du matériel liée à l’abrasivité des pailles,
  • L’installation de diviseurs à l’avant pour limiter l’écrasement des plantes par les roues.

D’autres équipements peuvent aussi être utiles, comme un système de type col-de-cygne placé entre la barre de coupe et le convoyeur. Ce dispositif permet de relever la hauteur de coupe à plus de 2 mètres, afin de ne récolter que la partie haute des plantes, là où se trouvent les graines. Cela réduit considérablement l’entrée de tiges dans la machine et donc les risques d’enroulement, à l’intérieur comme à l’extérieur.

Une fois la graine récoltée, différentes étapes restent nécessaires pour récupérer et valoriser les tiges. Juste derrière la moissonneuse-batteuse, elles sont coupées au plus près du sol avec une faucheuse à section type Busatis. Elles vont alors sécher et rouir. Sous l’action des conditions climatiques (rosée, pluie, soleil) et des micro-organismes, le rouissage a pour objectif de faciliter la séparation des fibres du bois de la tige. Un à plusieurs passages de faneuse s’avèrent nécessaires pour la réussite de l’opération. Les tiges de chanvre sont alors andainées puis pressées. En attendant d’être acheminées vers les outils industriels, les balles rondes ou carrées seront obligatoirement mises à l’abri.  

 

Séchage rapide : une étape clé pour préserver la qualité de la graine

La graine de chanvre est souvent récoltée avec un taux d’humidité élevé, généralement entre 18 et 20 %, voire davantage. Or, pour pouvoir être stockée en toute sécurité, elle doit être rapidement nettoyée puis séchée dans les 6 à 12 heures suivant la récolte, jusqu’à atteindre une humidité inférieure à 9 %. On évitera ainsi une dégradation de la graine pouvant compromettre sa qualité, en particulier pour un usage alimentaire.

Pour limiter ces risques dès la récolte, il est fortement recommandé de ventiler les bennes de transport à l’aide de souffleries, gaines ou ventilateurs. Cette aération préventive empêche les graines de chauffer et assure une meilleure conservation en attendant le séchage.

 

Conclusion

La récolte du chanvre ne s’improvise pas : elle doit être rigoureusement adaptée au débouché visé, qu’il s’agisse de fibre ou de graine. Chaque filière impose ses propres exigences en termes de stade de récolte, de matériel et d’organisation, conditionnant directement la qualité des produits obtenus.
La diversité des pratiques – récolte en un ou deux passages, fibre longue ou courte, paille ou chènevis – reflète la richesse des débouchés, mais suppose une bonne coordination entre agriculteurs, industriels et équipementiers. 
 

Phase végétative Maturité/récolte Bourgogne-Franche-Comté Grand Est Hauts-de-France Lorraine, Alsace et Haute-Marne Débouchés Chanvre Louis-Marie ALLARD (lm.allard@terresinovia.fr)