Protection fongicide sur tournesol : une rentabilité très aléatoire
Le tournesol présente l’avantage d’être une culture à bas niveau d’intrant (ou d’impact). Néanmoins, les 2 dernières campagnes humides ont été favorables aux maladies et certains s’interrogent sur l’intérêt d’une protection fongicide. Revue des connaissances pour déterminer la pertinence ou non d’une telle intervention.
Les protections fongicides en végétation dans notre région sont rares. Seulement 6% des surfaces sont traitées (enquêtes pratiques culturales Terres Inovia). La lutte contre les maladies repose principalement sur le choix variétal (www.myvar.fr). Néanmoins les 2 dernières campagnes humides ont été favorables aux maladies, en particulier au sclérotinia sur capitule (2023) et au phomopsis (pression exceptionnelle sur variétés sensibles en 2024 en Lorraine et Haute-Marne). En réaction, certains producteurs s’interrogent sur l’intérêt d’assurer une protection fongicide préventive au stade limite passage tracteur avec une spécialité fongicide homologuée et commercialisée (AMISTAR GOLD / PRIORI GOLD ou REVYDAS).
Une efficacité partielle sur phoma et phomopsis sur tige
L’application fongicide préventive réduit la sévérité des symptômes de maladie. Cela s’observe facilement sur les taches de phoma présentes tous les ans. Néanmoins le contrôle des maladies est partiel car les contaminations aériennes peuvent se produire régulièrement jusqu’à la fin du cycle et le fongicide n’a pas d’incidence sur d’éventuelles contaminations racinaires.
Les protections fongicides préventives n’ont aucune incidence sur les maladies du capitule (phoma, phomopsis, sclérotinia). La seule façon de se prémunir d’une attaque de sclérotinia sur capitule, qui est la plus préjudiciable, est de choisir une variété à bon comportement (pas de résistance forte) et de limiter le risque de récolte tardive.
Des gains de rendement non systématiques
L’efficacité visuelle ne se traduit pas systématiquement en rendement. Les seules situations dans lesquelles nous constatons des gains de rendement significatifs, de l’ordre de + 3 à + 5 q/ha, sont des situations avec de fortes pressions phomopsis sur tige. Mais la fréquence de ces attaques reste faible. Dans un réseau de 36 essais sur 3 ans (2013-2015) conduit par Terres Inovia et ses partenaires dans l’Est de la France, des gains de rendement significatifs sont observés dans seulement 20% des situations. Le seuil de rentabilité de l’intervention est atteint dans seulement 44% des situations.
Par ailleurs l’expérience de 2024 avec des attaques historiques de phomopsis sur variétés sensibles montre les limites de la protection fongicide. Dans ces situations, la protection fongicide s’est faite « débordée ». Le bénéfice de l’application fongicide s’est souvent limité à 2 – 3 q/ha non significatif dans les essais. Cela met l’accent sur l’intérêt de sécuriser la production en premier lieu avec le choix variétal.
Pas de généralisation des interventions mais une veille sur des cas particuliers si le mois de juin est pluvieux
Au regard des éléments techniques précités, Terres Inovia ne recommande pas une protection fongicide préventive systématique.
Les agriculteurs qui souhaitent protéger un potentiel de production peuvent néanmoins raisonner au cas par cas selon quelques indicateurs de risque. Les variétés TPS vis-à-vis du phomopsis ne nécessitent a priori pas de protection fongicide. La question peut se poser pour les variétés classées Peu Sensible (PS) ou Sensible (S) vis-à-vis du phomopsis si le mois de juin est particulièrement pluvieux, d’autant plus s’il y a un historique d’attaque sur la parcelle ou aux alentours.
Dans tous les cas, le retour sur investissement ne peut pas être garanti. Car ce sont les conditions climatiques post traitement (humidité et températures) qui concrétiseront le risque ou non.
Tache encerclante de phomopsis sur tige de tournesol - Crédit photo : Aurore Baillet
Point sur le début de cycle du tournesol en zone Nord&Est
Contrairement aux 2 dernières campagnes, les conditions de cette année ont été favorables aux préparations des parcelles et aux implantations des tournesols. L’année dernière, à la mi-mai, des semis et surtout des re-semis avaient encore lieu. Cette année, toutes les parcelles de tournesol (sauf celles derrière CIVE) sont semées. On estime, malheureusement, une baisse de la sole tournesol sur la zone.
Une levée dans l’ensemble rapide
Les premiers semis ont débuté fin mars pour les zones les plus précoces et se sont étalés sur le mois d’avril. Pour les semis d’avril, les levées ont été dans l’ensemble rapides. Les températures moyennes ont plutôt été chaudes et supérieures à la normale. Malgré un déficit de pluie, les quelques averses et le maintien de la fraicheur lors des préparations de sol ont permis une germination et une croissance rapide. A la mi-mai, les stades vont de 1eres feuilles opposées à 6 feuilles pour les premières dates de semis.
Des dégâts de ravageurs limités
Comme chaque année, des dégâts d’oiseaux, de limaces ou de ravageurs souterrains ont pu être observés, mais le pourcentage de parcelles avec des destructions de plantes importantes et nécessitant un re-semis est beaucoup moins élevé que les 2 dernières années. Avec les conditions sèches actuellement, des dégâts de lapins et de lièvres, cherchant à s’abreuver, peuvent être constatés dans les parcelles en bordures de bois ou de talus.
Une efficacité des désherbages chimiques parfois limite
La faible pluviométrie et le vent régulier pendant le mois d’avril ont limité les efficacités des herbicides appliqués au semis. Cela demande un rattrapage à base de Viballa pour des flores spécifiques (chénopodes, mercuriales, Ambroisie). Pour les parcelles semées au semoir monograine, le passage d’une bineuse peut également limiter l’enherbement. Des parcelles présentent des salissements importants en chardons qu’il est possible de détruire en cas de choix d’une variété Express Sun permettant l’application du produit Express SX.
Début de colonisation des tournesols par les pucerons
Depuis 1 semaine, les parcelles de tournesol présentent une colonisation des pucerons du prunier. On note pour l’instant peu de crispation du feuillage. La crispation du feuillage est avant tout une variable d’alerte qui doit inciter à observer les colonies de pucerons sur plante. Les références historiques indiquent qu’une nuisibilité est à craindre si l’on dénombre plus de 50 pucerons par plante. En présence de crispation, il est recommandé de suivre la dynamique des populations de ravageurs qui peut croitre rapidement ou au contraire se réduire grâce aux auxiliaires.
Lire aussi : Les auxiliaires, alliés essentiels pour protéger le tournesol du puceron vert
Crédit photo : Clarisse Guiziou-Jaouen
Une consultation publique sur la méthode révisée du Bas-Carbone
Les pouvoirs publics ont lancé une consultation notamment sur la deuxième version de la méthode « Label Bas Carbone-Grandes cultures ». La validation de cette nouvelle version entrainera le remplacement de celle qui est actuellement en cours.
Le label « Bas Carbone-Grandes cultures » est la méthode approuvée par le Ministère de l’agriculture et de la souveraineté alimentaire pour comptabiliser des réductions d’émissions nettes en grandes cultures et ainsi vendre des crédits carbones sur le marché volontaire. La contribution de Terres Inovia au Comité de rédaction de cette méthode est l’un des volets de l’implication de l’institut pour agir en faveur de l’atténuation du changement climatique.
Réduire les émissions de GES par les pratiques agricoles
Afin de pouvoir labéliser des projets Bas-Carbone et générer des réductions d’émissions vendables sur le marché, une méthode a été élaborée en 2021 pour les grandes cultures. Elle est applicable aux exploitations agricoles qui peuvent contribuer, par la mise en œuvre de pratiques agricoles idoines, à réduire les émissions de GES.
Une douzaine de leviers peuvent être mobilisés et combinés afin d’optimiser la réduction des émissions de GES, en lien avec la mobilisation des cultures fixatrices d’azote, la gestion de la fertilisation azotée, la réduction des consommations d’énergie fossile, le stockage de carbone dans le sol ainsi que des leviers sur l’aval de l’exploitation.
Méthode Bas-Carbone : le texte mis à jour
Depuis son approbation, la méthode « Grandes Cultures » a permis la réalisation d’un nombre croissant de projets (individuels ou collectifs) et concerne un total de presque 3 000 exploitations agricoles.
Sur la base des retours des usagers et des besoins de mise à jour des références mobilisées, le Comité de Rédaction, qui regroupe Arvalis, Terres Inovia, l’ITB, l’ARTB et Agrosolutions, a élaboré une deuxième version révisée de la méthode. Elle inclut désormais un cadre renforcé en matière d’éligibilité des projets, de leur instruction et de leur audit, tout en élargissant le périmètre des espèces éligibles en grandes cultures. Par ailleurs, de nouveaux leviers sont pris en compte comme l’implantation de miscanthus sur des parcelles assolées, ainsi que la production de cultures sources de matières premières riches en protéines.
Une consultation publique
Comme l’exige la loi, le ministère de l’aménagement et de la transition écologique a organisé une consultation publique jusqu’au 19 mai sur ce texte révisé de la méthode Bas-Carbone en grandes cultures. Il est possible d’apposer son commentaire sur le texte directement en ligne.
L’objectif est de faciliter le déploiement de la méthode sur le terrain, tout en conservant sa robustesse scientifique. Elle prend en compte les retours d’expérience des utilisateurs de la première version ainsi que les recommandations formulées par le ministère.
Accéder à la consultation publique
Consulter les annexes de la méthode
Tournesol : piloter sa fertilisation pour éviter les apports inutiles
Les besoins en azote du tournesol sont modérés. Bien enraciné, il est capable de mobiliser facilement l’azote minéral du sol pour couvrir une grande partie de ses besoins. La fertilisation azotée vise à compléter les fournitures du sol si nécessaire. L’apport des autres éléments minéraux (phosphore, potasse, bore) est également à adapter selon les réserves du sol.
La fourniture en azote par le sol est généralement comprise entre 120 et 210 unités ; rarement inférieure à 80 unités. Avec un besoin unitaire de 4.5 unités d’azote par quintal de graines produites, pour des potentiels de 30-35 q/ha, l’azote n’est plus limitant à partir de 150 unités absorbées. Au regard des quantités importantes fournies par le sol, il est nécessaire de piloter son azote sur la culture et éviter les sur fertilisations pour limiter l’exubérance de végétation (favorisant le stress hydrique), le développement des maladies, et la verse.
Deux méthodes pour éviter de sur-fertiliser
Deux méthodes existent pour piloter son azote : la méthode des bilans, prenant en compte les reliquats au semis et l’objectif de rendement, et l’héliotest, reposant sur une méthode visuelle corrélée à l’objectif de rendement (voir encadré).
| Objectif de rendement | |||
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35 q/ha (sols profonds) (2) |
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| Reliquats d’azote au semis |
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40 à 80 U | 80 à 100 U |
| Moyen (60 U) | moins de 40 U | 40 à 80 U | |
| Elevé (90 U) | 0 U | moins de 40 U | |
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(1) argilo-calcaire superficiel, sol sableux, cranette… (2) limon, limon argileux, argile limoneuse, craie… Si la minéralisation est forte, choisir la valeur basse de la fourchette et inversement |
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Héliotest, un outil simple et pratique pour raisonner la fertilisation azotée du tournesol à la parcelle en évaluant les besoins réels de la plante :
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Réalisez les apports en végétation
Les besoins en azote de la plante augmentent rapidement environ 1 mois après la levée, l’essentiel de l’absorption ayant lieu du stade bouton à début floraison. Par conséquent les apports en végétations sont au moins aussi bien valorisés que les apports au semis, étant donné la meilleure synchronisation avec les besoins de la plante. Parmi les avantages de l’apport en végétation, la possibilité de réajuster la dose d’apport selon l’état de la culture, en particulier du peuplement.
Afin de limiter les risques de brûlure, il est recommandé de privilégier les formes solides, par rapport aux formes liquides. Cette application est à privilégier par temps sec, et avant l’apparition du bouton (viser 14 feuilles maximum). En cas de recours à la solution liquide, l’usage de pendillards est recommandé.
Phosphore, potasse et Bore, des apports à piloter en fonction de la fourniture du sol
Le tournesol est une culture peu exigeante en phosphore et moyennement exigeante en potasse. De ce fait, il est possible de réaliser des impasses si la teneur du sol est élevée, même pour des objectifs de rendement élevés.
A noter que les essais d’apport localisé des éléments phosphore et potasse sur tournesol n’ont pas démontré d’intérêt particulier.
| Objectif de rendement |
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| Teneur du sol | Teneur du sol | |||||
| Faible | Moyenne | Elevée | Faible | Moyenne | Elevée | |
| 25 q/ha |
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30 U | 0 U | 40 U | 30 U | 0 U |
| 35 q/ha |
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40 U |
0 U |
60 U |
40 U |
0 U |
En l’absence d’apport en année n-1 ou n-2, les quantités peuvent être augmentées de 10 u de P2O5 et de 20 u de K2O.
En cas d’exportations des pailles de céréales avant la culture, rajoutez à ces chiffres, et seulement en sols pauvres, 10 à 20 u de P2O5 et 30 à 40 u de K2O.
Se référer aux grilles diffusées par le COMIFER
Pour le bore, les apports sont à raisonner en fonction de la fourniture de son sol, les sols superficiels ou filtrants étant les plus à risque. Plusieurs facteurs aggravants sont à prendre en compte tels que le retour fréquent de cultures exigeantes (tournesol, betterave) ainsi que les mauvaises structures du sol. Dans ces situations à risques, un apport préventif peut être réalisé au semis ou de préférence en végétation.
Tout apport de bore après l'apparition des symptômes est inutile, car les effets de la carence sont alors déjà irrémédiables.
| Apport | Stade | Forme | Dose de bore (B) |
| Au sol | Incorporer ou pas avant le semis (1) | Solide ou liquide | 1.2 kg /ha (3) |
| En application foliaire | Entre les stades « 10 feuilles » et LPT (1) (2) | Liquide : apporter au moins 200 l/ha de bouillie | 300 à 500 g/ha (4) |
(1) Peut être réalisé à l'occasion du désherbage ou de l'application du fongicide.
(2) LPT : limite de passage du tracteur. Le tournesol mesure 55 à 60 cm.
(3) Chélal B : 250 g B/ha au sol - 200 g B/ ha en application foliaire
(4) Soit environ 3 l de produit liquide à 150 g/l de bore
Les auxiliaires, alliés essentiels pour protéger le tournesol du puceron vert
Le puceron vert du prunier représente le principal insecte parasite sur la culture de tournesol. Cependant, les auxiliaires jouent un rôle clé dans sa régulation. Leur présence précoce sur les parcelles permet souvent de contrôler efficacement les populations de pucerons. En revanche, si les auxiliaires arrivent trop tard par rapport à une infestation importante ou si les pucerons prolifèrent rapidement avant la formation du bouton floral, une intervention peut devenir nécessaire.
Miser sur les auxiliaires
Comme pour de nombreuses espèces de pucerons, les auxiliaires sont essentiels pour limiter les populations. Les prédateurs tels que les coccinelles, les syrphes, les chrysopes et certaines punaises, ainsi que les mycoses, peuvent contribuer à réduire les infestations. Les hyménoptères parasites, quant à eux, agissent plus tardivement, souvent à l'approche de la floraison.
Pour favoriser l’installation des auxiliaires et maximiser leur efficacité, il est important de tolérer une certaine présence de pucerons, tant que le seuil de traitement n’est pas dépassé. Dans les régions chaudes, ces auxiliaires parviennent généralement à maîtriser les populations sans recours aux insecticides. Cependant, dans les régions plus froides, un décalage entre l’apparition précoce des pucerons et l’activité des auxiliaires, comme les coccinelles, peut compliquer la régulation naturelle.
Coccinelle et pucerons verts sur tournesol - Crédit photo : L. Jung
Raisonner la lutte
La gestion des pucerons doit se faire en fonction de l’état du feuillage du tournesol. En effet la présence des pucerons est révélée par une crispation des feuilles. On distingue trois cas :
- Plantes normales : feuilles terminales lisses ou légèrement frisées, sans infestation notable.
- Plantes légèrement atteintes : feuilles frisées avec quelques pucerons, signes de crispation modérée.
- Plantes sévèrement atteintes : feuilles fortement déformées, cloquées, avec une présence importante de pucerons.
Une intervention insecticide est recommandée lorsque plus de 10 % des plantes présentent des crispations avant la formation du bouton floral.
Symptômes de crispations sur feuilles - Crédit photo : L. Jung
Éviter les traitements précoces
Au vu de la période de vol des pucerons ailés et des risques de ré-infestation du tournesol, des interventions trop précoces peuvent nécessiter un renouvellement de la protection, d’autant plus que la faune auxiliaire aura été décimée par cette première intervention. Il faut en revanche être très vigilant à partir de l’apparition des premiers pucerons pour vérifier régulièrement si les phénomènes de crispation sur feuille demeurent dans la limite du tolérable, des infestations pouvant être parfois explosives.
Une nuisibilité généralement modérée
Souvent plus spectaculaires que réellement nuisibles, l’impact des pucerons varie selon le stade de la plante. Plus l’infestation est précoce, plus les pertes potentielles sont importantes. Toutefois, une fois le bouton floral formé, les pertes sont généralement négligeables. La nuisibilité est de l’ordre de 2 et 3 q/ha en cas d’attaque significative, dépassant rarement 4 q/ha.
Si une intervention est nécessaire : quelles solutions ?
Protection des abeilles et autres pollinisateurs durant la floraisonLa phrase SPe8 définit les conditions suivantes : Dangereux pour les abeilles. Pour protéger les abeilles et autres insectes pollinisateurs, ne pas appliquer durant la floraison ou selon les Autorisations de Mise en Marché (AMM) plus anciennes, ne pas appliquer durant la floraison ou en période de production d’exsudats. L’application est possible pour les usages bénéficiant des mentions « emploi possible », emploi autorisé durant la floraison en dehors de la présence d’abeilles » ou pour les anciennes AMM, les mentions F, PE et FPE. L’arrêté du 20 novembre 2021 encadre les horaires d’application durant la floraison : dans les 2 heures qui précèdent le coucher du soleil et dans les 3 heures qui suivent le coucher du soleil. Cette obligation est étendue aux fongicides et aux herbicides. A terme (renouvellement des AMM), l’autorisation d’application en floraison sera conditionnée par l’AMM, toujours dans le respect des horaires. Lorsque des interdictions supplémentaires sont mentionnées sur l’étiquette des produits, elles doivent s’appliquer. |
Limiter les dégâts d'oiseaux sur tournesol : état des lieux de la recherche et développement
Fin mars, Terres Inovia et ses partenaires se retrouvaient pour un colloque de restitution sur le projet Lido, dont l'objet est la limitation des dégâts d'oiseaux.
Lancé début 2022 et piloté par Terres Inovia, le projet Lido touche à sa fin. Un colloque de restitution s'est tenu le 25 mars à l'Asiem (Paris 7). Dans l'assistance étaient présents des firmes privées et des acteurs de la recherche et du développement agricoles de France, Suisse et Belgique.
La matinée s'est articulée autour de plusieurs présentations.
- Introduction : un enjeu important mais un sujet encore trop négligé par Christophe Sausse (Terres Inovia)
- Résultats du projet Lido :
- Observatoires territoriaux : quels liens entre dégâts et paysages ? par Lucie Zgainski (Terres Inovia et UMR-Agronomie de l'Inrae)
- Etude sur les déplacements du corbeau freux et lien avec les dégâts, par Michel Bertrand (UMR-Agronomie de l'Inrae ; en photo ci-dessous) et Olivier Crouzet (Offrice français pour la biodiversité)
- Caméras : fréquentation des parcelles et détection automatique, par Michel Bertrand
- Co-conception de stratégies de prévention, par Lucie Zgainski
- Résultats de tests au champ, par Lucie Zgainski
- Peut-on prédire les risques de dégâts ? par Christophe Sausse
- Perspectives scientifiques et appliquées, par Christophe Sausse
Des solutions actuelles peu efficaces face aux dégâts d’oiseaux
L’effarouchement a une efficacité partielle en raison de l’habituation des oiseaux. Contrairement au maïs, aucun usage répulsif oiseau n’est autorisé sur tournesol. Des produits à allégation répulsive en traitement de semences ou en plein sont néanmoins commercialisés mais ceux testés par Terres Inovia ne montrent pas d’efficacité pratique.
Tirs et piégeages peuvent avoir un effet dissuasif local, mais sont conditionnés par le classement des espèces et la disponibilité des chasseurs. Le resemis ne doit être envisagé qu’en dernier recours après vérification des symptômes létaux sur tige.
Hormis le déploiement de l’application de déclaration de dégâts des chambres d’Agriculture, peu d’avancées ont été notées sur le terrain depuis le colloque organisé fin 2022 ans sur le sujet. Le constat est toutefois différent pour la R&D.
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Ce colloque de restitution fait suite à l'état des lieux qui avait été proposé fin 2022 et dont les conclusions peuvent être consultées ici : Dégâts d'oiseaux aux cultures : quelles solutions ? |
Mieux comprendre l’écologie des oiseaux pour trouver une stratégie de gestion efficace
A problème complexe, stratégie simple : pas de solutions sans connaissance en éthologie et écologie. Le projet Lido (financement ANR et Semae) a produit quelques résultats.
- Les facteurs de risque (forêts, tournesol isolé, dates de semis décalées…) sont mieux objectivés. L’intégration des données dans un modèle "boite noire" permet de prédire les risques en fonction du paysage et d’affiner cette prévision en début de campagne en précisant la météo et les intentions de semis. Il s’agit encore d’un concept technologique testé localement et dont la généralisation dépend de la remontée de données de terrain pour améliorer les modèles.
- Une étude connexe sur des corbeaux freux équipés de GPS en lien avec l’Office français de la biodiversité a montré qu’ils élargissent leur aire de prospection autour de la corbeautière une fois l’élevage des jeunes terminé. Cela signifie que les parcelles les plus éloignées des corbeautières, qui ont dépassé le stade sensible à cette période de l’année, ont moins de chances d’être attaquées.
- La constitution d’une banque d’images sur les oiseaux posés a permis de mieux décrire la fréquentation des parcelles selon les espèces. Ces images sont utilisées pour entrainer des modèles de reconnaissance à même d’avertir l’agriculteur ou de déclencher automatiquement l’effarouchement.
Les avancées en R&D
Le développement de répulsifs à base de substance naturelle suit son cours. Sauf surprise, ces produits ne constitueront pas une garantie en cas de forte pression. La R&D sur les effaroucheurs progresse sur les signaux (ex : laser), la réactivité (reconnaissance optique) et l’utilisation de drones. L’intégration de ces briques technologiques est en cours, mais il faudra aborder des questions réglementaires et résoudre l’équation économique avant d’aboutir à des produits commerciaux : faut-il mutualiser ? développer des drones multifonctions ?
Ce bref panorama indique la voie : utiliser des modèles de prédiction pour adapter la protection ; combiner des solutions à efficacité partielle à la parcelle ; et à terme développer des stratégies territoriales pour éviter de déplacer et concentrer les dégâts.
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Signaler les dégâts est important pour informer les pouvoirs publics et produire des connaissances. L’application des chambres permet de le faire en quelques clics
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Le replay du colloque est désormais accessible.
Contact : C. Sausse, c.sausse@terresinovia.fr
Récolte 2024 : la qualité des graines pour le tournesol et le pois
Terres Univia et Terres Inovia analysent chaque année la qualité des graines dans le cadre d'un l’Observatoire piloté par Terres Univia et mis en œuvre par Terres Inovia. Voici, pour la récolte 2024, les résultats pour le pois et le tournesol.
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Tournesol : un rendement en retrait et une qualité dans les norme
La récolte 2024 fait état d’une légère baisse de la surface de tournesol par rapport aux deux campagnes précédentes en raison des conditions pluvieuses au printemps. Le rendement national est inférieur à la moyenne quinquennale mais la qualité reste dans la norme.
Télécharger la fiche sur la qualité des graines du tournesol
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Pois : une bonne qualité des graines et un rendement moyen national en baisse
Les graines issues de la récolte 2024, s’avèrent d’une qualité très satisfaisante. Le rendement, en revanche, est inférieur à celui de la campagne précédente en raison des fortes précipitations qui ont à la fois impacté l’implantation des pois d’hiver et de printemps et renforcé la pression maladie.
Limiter les dégâts d'oiseaux sur tournesol : état des lieux de la R&D
Les semis de tournesol approchent. C’est l’occasion de présenter les méthodes actuelles et futures de prévention des dégâts de colombidés et de corvidés sur la culture.
Des solutions actuelles peu efficaces face aux dégâts d’oiseaux
L’effarouchement a une efficacité partielle en raison de l’habituation des oiseaux. Aucun usage répulsif oiseau n’est autorisé sur tournesol. Des produits à allégation répulsive en traitement de semences ou en plein sont néanmoins commercialisés mais ceux testés par Terres Inovia ne montrent pas d’efficacité pratique. Tirs et piégeages peuvent avoir un effet dissuasif local, mais sont conditionnés par le classement des espèces et la disponibilité des chasseurs. Le resemis ne doit être envisagé qu’en dernier recours après vérification des symptômes létaux sur tige. Hormis le déploiement de l’application de déclaration de dégâts des Chambres d’agriculture, peu d’avancées ont été notées sur le terrain depuis le colloque organisé il y a 2 ans sur le sujet. Le constat est toutefois différent pour la R&D.
Mieux comprendre l’écologie des oiseaux pour trouver une stratégie de gestion efficace
A problème complexe, stratégie simple : pas de solutions sans connaissance en éthologie et écologie. Le projet LIDO (LImitation des Dégâts d’Oiseaux) sur financement ANR et SEMAE a ainsi produit quelques résultats, notamment :
- Les facteurs de risque (forêts, tournesol isolé, dates de semis décalées…) sont mieux objectivés. L’intégration des données dans un modèle « boite noire » permet de prédire les risques en fonction du paysage et d’affiner cette prévision en début de campagne en précisant la météo et les intentions de semis. Il s’agit encore d’un concept technologique testé localement et dont la généralisation dépend de la remontée de données de terrain pour améliorer les modèles.
- Une étude connexe sur des corbeaux freux équipés de GPS en lien avec l’OFB a montré qu’ils élargissent leur aire de prospection autour de la corbeautière une fois l’élevage des jeunes terminé. Cela signifie que les parcelles les plus éloignées des corbeauti ères, qui ont dépassé le stade sensible à cette période de l’année, ont moins de chances d’être attaquées.
- La constitution d’une banque d’images sur les oiseaux posés a permis de mieux décrire la fréquentation des parcelles selon les espèces. Ces images sont utilisées pour entrainer des modèles de reconnaissance à même d’avertir l’agriculteur ou de déclencher automatiquement l’effarouchement.
Les avancées en R&D
Le développement de répulsifs à base de substance naturelle suit son cours. Sauf surprise, ces produits ne constitueront pas une garantie en cas de forte pression. La R&D sur les effaroucheurs progresse sur les signaux (ex : laser) la réactivité (reconnaissance optique) et l’utilisation de drones. L’intégration de ces briques technologiques est en cours, mais il faudra aborder des questions réglementaires et résoudre l’équation économique avant d’aboutir à des produits commerciaux : faut-il mutualiser ? développer des drones multifonctions ?...
Ce bref panorama indique la voie : utiliser des modèles de prédiction pour adapter la protection ; combiner des solutions à efficacité partielle à la parcelle ; et à terme développer des stratégies territoriales pour éviter déport et concentration des dégâts.
Signaler les dégâts est important pour informer les pouvoirs publics et produire des connaissances. L’application des chambres permet de le faire en quelques clics
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Désherbage mécanique du tournesol : un levier pour limiter la concurrence des adventices
Le tournesol est une culture particulièrement sensible à la concurrence des adventices, notamment dans les sols superficiels et/ou lors des années sèches. La maîtrise des adventices dicotylédones et graminées est donc essentielle pour sécuriser le rendement. Dans ce contexte, le désherbage mécanique représente un levier supplémentaire, en complément ou en alternative des herbicides et des pratiques agronomiques préventives.
Anticiper son désherbage avant le semis du tournesol
La stratégie de lutte mécanique doit être définie avant le semis du tournesol et, bien entendu, en fonction du parc matériel disponible. Dans ce cadre, l'itinéraire technique de la culture peut être ajusté en fonction du matériel utilisé. Par exemple, un passage de houe rotative ou de herse étrille plus agressif peut entraîner une légère perte de pieds de tournesol, d'où la nécessité d'augmenter légèrement la densité et la profondeur de semis afin de garantir un peuplement du tournesol optimal. De même, l'utilisation d'une bineuse doit être compatible avec l'écartement du semoir.
Chaque outil a sa période d’intervention
Le passage des différents outils doit être décidé de manière à épargner le tournesol tout en maximisant les chances de destruction des adventices.
Choisir d’intervenir tôt afin de viser des adventices jeunes
Il est important de garder en tête qu’une intervention précoce sera la plus efficace contre les adventices en place. La houe et la herse ne sont efficaces que sur des adventices peu développées (fil blanc, cotylédons, 2 feuilles). La bineuse, quant à elle, peut être efficace sur des adventices plus développées (3-4 feuilles pour la plupart des espèces). Il est recommandé d’intervenir par temps sec (sans pluie prévue dans les jours suivants) et toujours sur un sol bien ressuyé. Il est recommandé également de contrôler les relevées éventuelles d’adventices 8 à 10 jours après le passage des outils.
Tester et ajuster les outils pour maximiser l'efficacité du désherbage
Il est essentiel de tester préalablement les outils en bord de champ sur une distance courte, mais suffisante pour atteindre la vitesse de travail optimale. Ensuite, il convient d'ajuster les réglages des outils afin de maximiser la destruction des adventices sans endommager le tournesol. Cela implique d'adapter la profondeur de travail, l'inclinaison des dents de la herse, ainsi que le choix des socs de la bineuse en fonction du comportement du sol, notamment sa dureté et la présence éventuelle de cailloux. Il ne faut pas hésiter à renouveler les passages en bonnes conditions pédoclimatiques pour éliminer progressivement la majorité des mauvaises herbes, tout en maîtrisant les nouvelles levées.
Efficacité des outils en fonction des espèces d'adventices
Tournesol sauvage : une menace à surveiller de près
Le tournesol sauvage, reconnaissable à ses multiples capitules et sa teinte violacée, constitue une préoccupation croissante pour les producteurs. En 2024, de nouveaux signalements ont confirmé son expansion vers des territoires jusqu’ici épargnés. Ces infestations, souvent issues de pollutions polliniques lors de la production de semences, peuvent rapidement devenir incontrôlables si elles ne sont pas prises en charge dès l’apparition des premiers pieds.
Un impact majeur sur les rendements
Les limites des solutions chimiques
En tant que tournesol, cette adventice résiste aux herbicides classiques. Les produits à base d’imazamox (Pulsar 40, Davaï, Passat Plus) ou de tribénuron-méthyl (Express SX) avaient permis de maîtriser ces infestations dans le passé. Cependant, l’émergence de populations tolérantes à ces herbicides complique à nouveau leur gestion, car aucune solution chimique efficace n’est disponible dans ce cas.
Une détection et une gestion précoces sont essentielles
Pour des infestations modérées, un arrachage avant la moisson reste envisageable, mais il nécessite des précautions pour éviter la dispersion des graines. En cas de fortes infestations, il est conseillé de récolter ces parcelles en dernier et de nettoyer soigneusement les équipements, notamment la moissonneuse-batteuse.
Stratégies agronomiques : clé du contrôle
Les rotations longues sont à privilégier, car elles limitent l’accumulation de graines dans le sol. Après une forte infestation, le labour est à éviter : il enfouit les graines, les conservant viables pour plusieurs années. L’objectif est plutôt de les laisser en surface pour favoriser leur germination via des faux semis.
Avant une culture de printemps, un lit de semences préparé tôt et des semis après le 15 avril permettent de maximiser les levées adventices, détruites ensuite mécaniquement ou avec du glyphosate. En culture de tournesol, lorsque des variétés tolérantes aux herbicides sont utilisées, respectez scrupuleusement les conditions d’application (stade, dose, uniformité). Toute zone non désherbée risque d’engendrer une pollinisation croisée, conférant au tournesol sauvage une tolérance accrue aux herbicides.
Le binage, souvent sous-estimé, reste un complément efficace. Dans les autres cultures, utilisez des herbicides adaptés contre le tournesol sauvage tout en évitant les sulfonylurées si des tolérances existent déjà.
Une mobilisation collective indispensable
Le signalement des infestations sur l’enquête en ligne de Terres Inovia joue un rôle clé. Ces retours permettent de sensibiliser producteurs, conseillers et semenciers à la problématique et d’adopter des mesures préventives adaptées.
La lutte contre le tournesol sauvage repose sur une combinaison d’actions rapides, de solutions agronomiques et d’un suivi rigoureux. La détection précoce et l’intervention immédiate sont essentielles pour éviter qu’une infestation ne compromette durablement les cultures. Les producteurs doivent rester vigilants et mobiliser tous les leviers disponibles pour préserver leur productivité et la qualité de leurs récoltes.
Fanny Vuillemin – f.vuillemin@terresinovia.fr - Chargée d'études adventices & techs alternatives désherbage
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