Le tournesol présente l’avantage d’être une culture à bas niveau d’intrant (ou d’impact). Néanmoins, les 2 dernières campagnes humides ont été favorables aux maladies et certains s’interrogent sur l’intérêt d’une protection fongicide. Revue des connaissances pour déterminer la pertinence ou non d’une telle intervention.
Les protections fongicides en végétation dans notre région sont rares. Seulement 6% des surfaces sont traitées (enquêtes pratiques culturales Terres Inovia). La lutte contre les maladies repose principalement sur le choix variétal (www.myvar.fr). Néanmoins les 2 dernières campagnes humides ont été favorables aux maladies, en particulier au sclérotinia sur capitule (2023) et au phomopsis (pression exceptionnelle sur variétés sensibles en 2024 en Lorraine et Haute-Marne). En réaction, certains producteurs s’interrogent sur l’intérêt d’assurer une protection fongicide préventive au stade limite passage tracteur avec une spécialité fongicide homologuée et commercialisée (AMISTAR GOLD / PRIORI GOLD ou REVYDAS).
Une efficacité partielle sur phoma et phomopsis sur tige
L’application fongicide préventive réduit la sévérité des symptômes de maladie. Cela s’observe facilement sur les taches de phoma présentes tous les ans. Néanmoins le contrôle des maladies est partiel car les contaminations aériennes peuvent se produire régulièrement jusqu’à la fin du cycle et le fongicide n’a pas d’incidence sur d’éventuelles contaminations racinaires.
Les protections fongicides préventives n’ont aucune incidence sur les maladies du capitule (phoma, phomopsis, sclérotinia). La seule façon de se prémunir d’une attaque de sclérotinia sur capitule, qui est la plus préjudiciable, est de choisir une variété à bon comportement (pas de résistance forte) et de limiter le risque de récolte tardive.
Des gains de rendement non systématiques
L’efficacité visuelle ne se traduit pas systématiquement en rendement. Les seules situations dans lesquelles nous constatons des gains de rendement significatifs, de l’ordre de + 3 à + 5 q/ha, sont des situations avec de fortes pressions phomopsis sur tige. Mais la fréquence de ces attaques reste faible. Dans un réseau de 36 essais sur 3 ans (2013-2015) conduit par Terres Inovia et ses partenaires dans l’Est de la France, des gains de rendement significatifs sont observés dans seulement 20% des situations. Le seuil de rentabilité de l’intervention est atteint dans seulement 44% des situations.
Par ailleurs l’expérience de 2024 avec des attaques historiques de phomopsis sur variétés sensibles montre les limites de la protection fongicide. Dans ces situations, la protection fongicide s’est faite « débordée ». Le bénéfice de l’application fongicide s’est souvent limité à 2 – 3 q/ha non significatif dans les essais. Cela met l’accent sur l’intérêt de sécuriser la production en premier lieu avec le choix variétal.
Pas de généralisation des interventions mais une veille sur des cas particuliers si le mois de juin est pluvieux
Au regard des éléments techniques précités, Terres Inovia ne recommande pas une protection fongicide préventive systématique.
Les agriculteurs qui souhaitent protéger un potentiel de production peuvent néanmoins raisonner au cas par cas selon quelques indicateurs de risque. Les variétés TPS vis-à-vis du phomopsis ne nécessitent a priori pas de protection fongicide. La question peut se poser pour les variétés classées Peu Sensible (PS) ou Sensible (S) vis-à-vis du phomopsis si le mois de juin est particulièrement pluvieux, d’autant plus s’il y a un historique d’attaque sur la parcelle ou aux alentours.
Dans tous les cas, le retour sur investissement ne peut pas être garanti. Car ce sont les conditions climatiques post traitement (humidité et températures) qui concrétiseront le risque ou non.
Tache encerclante de phomopsis sur tige de tournesol - Crédit photo : Aurore Baillet
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