L’arrivée de l’automne est synonyme de vigilance sur les Altises
Consécutivement aux précipitations parfois très importantes de fin août, qui ont globalement permis une bonne avancée des semis, on observe cette année en Auvergne-Rhône-Alpes des situations contrastées. Dans certains cas extrêmes, notamment en Auvergne où les pluies ont été particulièrement abondantes, des re-semis ont été nécessaires. Les stades de développement des colzas apparaissent relativement hétérogènes, allant de la levée jusqu’à 6 feuilles selon les secteurs et les dates de semis. Cette variabilité est renforcée par des conditions climatiques changeantes : un rafraîchissement ponctuel fin août - début septembre, suivi d’un retour de la chaleur ces dernières semaines. Les prévisions annoncent désormais une baisse des températures à partir de la semaine prochaine. Dans ce contexte, les colzas les plus jeunes restent particulièrement exposés au risque d’attaques précoces de grosses altises.
Au vu des conditions météo, une surveillance est de mise
Le déclenchement du vol de grosses altises est conditionné par une variation de températures. Ces dernières années en Auvergne Rhône-Alpes, le début du vol est enregistré entre le 20 et le 25 septembre. Les premiers retours des réseaux BSV, confirment une arrivée des grosses altises plus précoce que l’année dernière avec des captures en cuvettes significatives sur certains secteurs.
Par conséquent, il est indispensable de surveiller les parcelles dès aujourd’hui, et suivre l’évolution de la situation au travers du BSV (Bulletin de Santé des Végétaux). de la région Auvergne-Rhône-Alpes.
Consulter l’OAD de Terres InoviaEn quelques clics, cet outil estime le risque parcellaire lié aux prélèvements foliaires par les altises lors de la phase levée du colza. Il a été construit en intégrant des résultats d'essais et l'expertise des agents de Terres Inovia. Lien vers l'outil : Estimation du risque lié aux altises adultes |
L’insecte migre sur la parcelle depuis divers abris, où il réalise sa diapause estivale. Peu active le jour, l’altise est active en début de nuit pour s'alimenter au détriment du colza. Quelques jours seulement après l’arrivée sur la parcelle, la ponte a lieu dans le sol, à proximité du collet du colza. Les dégâts causés par les adultes se manifestent par la destruction de surface foliaire, sous forme de morsures circulaires. Concernant les dégâts, ils sont potentiellement préjudiciables et d’autant plus importants que le colza est à un stade peu développé avant 4 feuilles.
Les interventions ne sont pas systématiques !
Avec la seule famille des pyréthrinoïdes à disposition pour lutter contre ce ravageur, l’efficacité sur adultes comme sur les larves de la grosse altise est directement liée au niveau de résistance des populations. Il est par conséquent essentiel d’intervenir uniquement en cas de risque avéré sur adultes ou sur larves et de limiter l’utilisation de ces insecticides (stratégie d’esquive, en semant tôt).
Un danger pour les colzas de la levée à 3 feuilles
De la levée à 3 feuilles, le colza pousse relativement lentement et sa biomasse est faible. Les destructions de feuilles (voire des cotylédons) par les adultes de la grosse altise sont d’autant plus préjudiciables sur des colzas peu développés.
Intervention inutile à partir de 4 feuilles
A partir de 4 feuilles, le colza entre en phase de croissance active. La production de biomasse par la plante est alors plus rapide que les destructions par morsures de l’altise. A partir de ce stade, une intervention contre la grosse altise adulte est inutile. Intervenir sur les adultes se raisonne au regard du risque qu’elles font peser sur les plantules de colza jusqu’à 3 feuilles inclues. Cette intervention n'aura que peu d'impact sur les infestations larvaires qui elles seront visibles à l'entrée de l'hiver et qui devront être gérées spécifiquement.
Si une intervention est nécessaire :
- Pour les régions à forte résistance généralisée aux pyréthrinoïdes (secteur rouge sur la carte), la seule stratégie de gestion passe par un semis et une levée précoce.
- Dans les secteurs où les résistances fortes ne sont pas généralisées (en jaune ou hachuré), intervenir avec un pyréthrinoïde en soirée (adulte actif en début de nuit).
Toutes les pyréthrinoïdes n’ont pas la même efficacité
- 3-4 jours après le traitement, les pyréthrinoïdes lambda-cyhalothrine, cyperméthrine (on peut y associer la deltaméthrine) et l’étofenprox sont comparables.
- 7 jours après le traitement, on observe des différences. Lambda-cyhalothrine, cyperméthrine et deltaméthrine conservent leur efficacité (50 à 60 %). L’étofenprox est en retrait.
- L’esfenvalérate est en retrait à 3-4 jours ou 7 jours.
Votre contact régional
- Alexandra DENOYELLE (a.denoyelle@terresinovia.fr) - Auvergne Rhône-Alpes PACA
Grandes cultures bio : une rencontre technique dans le Gers
Mi-septembre, une journée d’échanges multipartenariale était organisée dans le Sud-Ouest. Quelque trente participants ont pu évoquer le bilan de campagne et visiter une parcelle d’essais.
Ce lundi 15 septembre, Fleurance (Gers) a accueilli la Rencontre technique grandes cultures bio. La journée a été animée conjointement par la chambre d’Agriculture du Gers, Terres Inovia, Arvalis, le LIA - Groupement d’intérêt public d’Occitanie, Agribio Union et le Creabio.
Un après-midi consacré à la visite d’une plateforme d’essais variétaux de soja bio et
à un dispositif trichogramme pour lutter contre les ravageurs du soja. Crédit : Terres Inovia
Au programme de l’événement, une matinée dédiée au bilan de campagne des cultures conduites en bio localement (connaître les ravageurs du soja, point sur les essais variétaux de pois chiche et lentille, association céréales et légumineuses, semi précoce de lentille), et un après-midi sur le terrains à Castelnau d’Arbieu en compagnie de Clémence de Saintignon et Quentin Level, ingénieurs chez Terres Inovia.
Soja bio : les agriculteurs préoccupés par les ravageurs
Pour la trentaine de participants et une classe de BTS, c’était également l’occasion d’échanger et d’enrichir leurs connaissances grâce aux retours des techniciens et des agriculteurs.
La journée a permis d’approfondir la compréhension des cycles des nouveaux ravageurs du soja, afin que les producteurs puissent mieux les repérer, identifier les périodes critiques et adapter leurs pratiques en conséquence. Les participants ont aussi pu découvrir les profils des nouvelles variétés en cours d’évaluation, ainsi que différents travaux en cours de réalisation.
Enfin, la visite au champ a offert une lecture concrète du comportement des variétés et également la présentation d’un essai de biocontrôle utilisant des trichogrammes pour lutter contre les ravageurs du soja. L’ensemble de ces présentations a également constitué un temps fort d’échanges : une occasion pour les participants de poser leurs questions et de discuter sur les problématiques rencontrées sur leurs exploitations et plus largement sur leur territoire.
Contact : Clémende de Saintignon, c.desaintignon@terresinovia.fr
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Altises d'hiver : les bons réflexes, au bon endroit, au bon moment
Du stade cotylédons jusqu’au stade à 3-4 feuilles du colza, la lutte insecticide ne s’envisage, à la parcelle, que si la culture pousse moins vite qu’elle n’est dévorée.
D’après les BSV rédigés à partir des observations des 16 et 17 septembre, la situation est assez contrastée :
- En Poitou-Charentes, à peine 10-15 % des parcelles suivies ont franchi le stade B4. La majorité des situations sont potentiellement exposées au risque mais les captures et les morsures restent à ce jour limitées et supportables.
- En Bretagne et Pays de la Loire, les stades stades majoritaires sont entre 2 et 4 feuilles. Les captures d’altises et les signalements de premiers dégâts sont encore peu fréquents.
- En région Centre-Val de Loire, un tiers des parcelles signalent des captures. A ce jour, 35 à 40 % des parcelles du réseau BSV ont atteint ou dépassé le stade B4.
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En Normandie et Ouest Ile-de-France, respectivement 20 % à 35 % des parcelles ne sont plus menacées du fait du stade du colza. Les captures de grosses altises et les morsures sur plantes sont en augmentation. Entre 50 et 75 % des parcelles ont signalé des captures et/ou des morsures sur plantes.
Dans toutes les régions, les premiers signalements restaient tolérables jusqu’au milieu de cette semaine mais les choses peuvent vite évoluer. Une vigilance absolue s’impose désormais pour les colzas en phase sensible, a fortiori ceux marqués par une faible vigueur au démarrage, des défauts de peuplement et des dégâts occasionnés par d’éventuels autres ravageurs. La hausse des températures doit attirer l’attention sur les menaces et risques potentiels à venir.
Surtout pas d’affolement, éviter les traitements inconsidérés !
Dans un contexte de résistance des altises d’hiver aux pyréthrinoïdes, la lutte insecticide contre les adultes doit être évitée dans la mesure du possible et ne doit s’envisager que :
- si la survie de la culture est incontestablement menacée, du stade cotylédons jusqu’à 3 feuilles étalées du colza ;
- à partir d’un raisonnement à la parcelle (observation minutieuse de l’évolution des dégâts) ;
- si les insectes sont suffisamment actifs et nombreux (rappel : après son arrivée en parcelle, la grosse altise se nourrit du colza la nuit) ;
- si la culture pousse moins vite qu’elle n’est dévorée ;
- en respectant les précautions et règles d’usage des insecticides (volume d’eau…).
En cas de besoin, les traitements se réalisent sur un colza n’ayant pas atteint le stade 3-4 feuilles étalées.
Seuil indicatif de risque : 8 pieds sur 10 avec présence de morsures et avec 25 % de la surface végétative détruite.
NB : tenir compte d’une moyenne de défoliation observée sur toutes les feuilles des plantes. Si le feuillage est déjà gravement affecté par d’autres ravageurs défoliateurs (petites altises, limaces, tenthrèdes par exemple), c’est le pourcentage total de défoliation qui doit être considéré.
Quel insecticide choisir, en dernier recours ?
Dans les régions du Centre et Ouest de la France, la résistance forte de type "SKDR" n’est pas généralisée. Les pyréthrinoïdes restent un moyen de lutte - à utiliser avec parcimonie - pour préserver leur efficacité dans la durée (notamment pour la gestion des larves d’altise, plus dommageables que les adultes).
Dans tous les cas, si besoin, intervenir dans de bonnes conditions de traitement à la nuit tombée. Utiliser un volume de bouillie de 150 ou 200 l/ha.
Dans les essais de Terres Inovia, l’efficacité* moyenne mesurée 7 jours après traitement indique que :
- KARATE ZEON (lambda-cyhalothrine), DECIS PROTECH (deltaméthrine) et la cyperméthrine (CYTHRINE MAX ou SHERPA 100EW) sont comparables.
- TREBON 30EC (etofenprox) est inférieur à KARATE ZEON ou une cyperméthrine.
- MANDARIN GOLD (esfenvalérate) est inférieur aux références. Pour ce produit : fin de distribution le 01/03/2025 et fin d’utilisation au 28/02/2026.
* Efficacité mesurée sur la base du % de destruction foliaire
Points d’attention
- Tout insecticide appliqué au moment du pic d’activité des grosses altises adultes ne saurait garantir une efficacité suffisante pour lutter contre les infestations larvaires ultérieures. Les traitements “d’assurance” ou “ de nettoyage” sont à proscrire. Il sera plus efficace de lutter directement contre les larves.
- L’altise d’hiver adulte est active surtout dans les premières heures qui suivent la tombée de la nuit. C’est pourquoi l’application en soirée, idéalement à l’obscurité, est à privilégier avec un volume de bouillie d’au moins 150 à 200 l/ha.
Altises et morsures : quel risque pour la culture ?
Le seuil de dommage est souvent atteint à partir de 25 % de défoliation des cotylédons et premières feuilles. Plus les dégâts s’accumulent brutalement et tôt (sur cotylédon notamment), ou plus la surface foliaire produite par le colza préalablement est faible, plus l’impact des morsures est élevé.
Les situations agronomiques ayant provoqué une vigueur faible au démarrage sont à surveiller de près : levée tardive, sol motteux, caillouteux, précédent blé ou orge de printemps, lit de semences pailleux, variétés peu vigoureuses au démarrage…
L’observation est la base du raisonnement
Les captures dans les cuvettes jaunes -position enterrée- servent à détecter l’arrivée puis l’activité (Nocturne) des altises d’hiver. Les pièges jaunes ne sont pas un outil de décision de traitement. C’est l’observation très régulière, à la parcelle, de l’état du colza entre les stades cotylédons et 3 feuilles qui guide le raisonnement.
Observer au crépuscule, idéalement dans les 2 heures qui suivent la tombée de la nuit pour apprécier très régulièrement l’évolution de la présence des altises.
Plus que le seuil, la vitesse d’accumulation des dégâts et la vitesse de croissance de la culture sont les critères à prendre en considération, quasiment au jour le jour pour mesurer au mieux le rapport de force. Seul un suivi quotidien permet de bien discerner les morsures anciennes et récentes.
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Consulter l’OAD de Terres Inovia Lien vers l'outil : Estimation du risque lié aux altises adultes |
Julien Charbonnaud - j.charbonnaud@terresinovia.fr - Région Centre-Val de Loire
Jean Lieven - j.lieven@terresinovia.fr - Normandie, Ile-de-France Ouest
Thomas Mear – t.mear@terresinovia.fr - Bretagne, Pays de la Loire
Elodie Tourton - e.tourton@terresinovia.fr - Poitou-Charentes, Vendée, Limousin
Comment réagir face à la présence des altises dans les parcelles de colza ?
Cette année, les morsures d’altises sont observées dans plus de 80 % des parcelles des réseaux BSV du Nord-Est de la France. Ces dégâts sont causés par les petites et grosses altises qui sont actuellement bien visibles dans les parcelles et dont leurs captures en cuvettes jaunes sont plus ou moins importantes.
Une situation plus compliquée que les dernières années
Les pluies irrégulières au mois d’août sur la zone Nord&Est ont compliqué les levées des colzas qui sont en général un peu plus hétérogènes que les dernières années. Les stades des colzas sont également moins avancés. A la mi-septembre, le stade « 4 feuilles » n’est pas encore atteint pour 55 % des parcelles des réseaux BSV de notre zone (Hauts-de-France 85 % / Grand-Est 55 % /Bourgogne Franche-Comté 44 %).
Avant ce stade « 4 feuilles », nous savons que les colzas sont plus sensibles aux morsures d’altises et que la croissance de la culture peut être fortement ralentie.
Assurer une protection si la survie des levées tardives est engagée
L’intervention ne se justifie que si la culture est en péril et que la disparition de la surface foliaire est plus importante que la croissance. Le seuil indicatif de risque fixé à 8 pieds sur 10 portant des morsures et 25 % de la surface foliaire détruite, peut aider à se positionner sur l’intensité des dégâts observés et la nécessité d’une intervention. A partir de 4 feuilles, l’intervention est inutile car le colza rentre dans une phase de croissance active.
Dans le cas de dégâts causés par les petites altises, les pyréthrinoïdes (Karaté Zéon, Decis Protech, Cythrine Max ou Sherpa 100 EW) présentent encore une efficacité et une intervention doit s’envisager au dépassement du seuil indicatif de risque. De plus, présentes initialement dans les colzas de l’année dernière, il ne faut surtout pas détruire les repousses de colza pendant la phase de sensibilité des nouvelles parcelles pour éviter la migration des petites altises vers celles-ci.
En ce qui concerne les grosses altises, la situation n’est pas la même. Dans les régions où la résistance forte aux pyréthrinoïdes (SKDR) n’est pas généralisée, la lutte insecticide contre les altises adultes peut s’envisager avec des pyréthrinoïdes. En revanche, il n’existe plus de solutions insecticides efficaces contre les altises d’hiver adultes dans les secteurs où la résistance SKDR est généralisée. Des tests de produits de biocontrôle sont en cours, mais leur efficacité est limitée et demande souvent un nombre répété de passages.
Résistance aux pyréthrinoïdes des grosses altises pour chaque département
MINECTO GOLD : autorisation dérogatoire pour le colza
Dans le cadre du Plan d’action de sortie du phosmet, Terres Inovia et Terres Univia se sont mobilisés pour la quatrième année consécutive pour assurer aux producteurs une solution opérationnelle de lutte contre les ravageurs d’automne du colza dans un contexte de disponibilité réduite de solutions de traitement, de résistance forte aux pyréthrinoïdes (mutation Skdr) et ce, en complément de tous les outils de la protection intégrée. C’est le concept "colza robuste®".
Afin de contenir le risque de résistance forte des grosses altises aux pyréthrinoïdes dans de nouveaux départements, la dérogation couvre aujourd’hui l’ensemble du territoire. Cette dérogation préfigure une demande d’autorisation de mise en marché (AMM) en attente.
Sur la culture du colza, MINECTO GOLD est autorisé en application unique (1 application maximale par an) à la dose maximale d’emploi de 100 g/ha des stades BBCH16 (6 feuilles du colza) à BBCH19 (9 feuilles ou plus).
Sur moutarde et colza porte graine, les modalités d’usage (nombre et stade d’application) sont différentes.
Principaux éléments règlementaires :
Modalités d’application : test berlèse au préalable et intervention raisonnée selon l’estimation du risque par les outils d’aide à la décision disponibles.
- SPe 1 : Pour protéger les eaux souterraines, ne pas utiliser ce produit ou tout autre produit contenant du cyantraniliprole plus d’une année sur 3 sur la même parcelle.
- SPe 3 : Pour protéger les organismes aquatiques, respecter une zone non traitée (ZNT) de 20 mètres par rapport aux points d’eau comportant un dispositif végétalisé permanent non traité (DVP) d’une largeur de 20 mètres en bordure des points d’eau.
- SPe 3 : Pour protéger les arthropodes non-cibles/les insectes, respecter une zone non traitée de 5 mètres par rapport à la zone non cultivée adjacente.
- SPe 8 : Dangereux pour les abeilles. Pour protéger les abeilles et autres insectes pollinisateurs :
- Ne pas utiliser en présence d’abeilles
- Ne pas appliquer en période de floraison et de production d’exsudat
- Ne pas appliquer sur les zones de butinage
Protection des résidents et personnes présentes : Respecter une distance d’au moins 5 mètres entre la rampe de pulvérisation et l’espace susceptible d’être fréquenté par des résidents ainsi que l’espace fréquenté par les personnes présentes lors du traitement.
La dérogation MINECTO GOLD 120 jours en colza vise la lutte contre les attaques larvaires d’altise d’hiver avec une application unique qui ne peut pas intervenir avant le stade 6 feuilles de la culture et la réalisation d’un test Berlèse préalable.
Les recommandations de Terres InoviaL’application insecticide est un levier de lutte complémentaire aux mesures agronomiques mobilisées pour mettre en place un colza robuste moins sensible aux ravageurs. Tous les ans depuis 2014, Terres Inovia réalise un monitoring de la résistance de l’altise aux pyréthrinoïdes. En 2025, cette carte montre que la résistance forte (mutation Skdr) progresse, via la pression de sélection (utilisation annuelle de pyréthrinoïdes) et au-delà de la zone historique de Bourgogne-Franche Comté (cf carte 2025 ci-dessous). Dans les zones où la résistance est généralisée, MINECTO GOLD est le seul moyen de contrôler les larves. Dans les autres secteurs où ce type de résistance a été identifiée, MINECTO GOLD est une solution pour freiner la progression de cette résistance. Cela peut permettre de façon durable, de contrôler l’altise avec plusieurs solutions. En effet et à ce jour, MINECTO GOLD ne peut être appliqué plus d’une seule fois et ne peut être appliqué qu’à partir de 6 feuilles du colza. Les territoires dans lesquels le risque de développement de la forte résistance des altises aux pyréthrinoïdes est le moins fort correspond au Sud-Ouest et à la Bretagne.
Carte de résistance aux pyréthrinoïdes des altises d’hiver - 2025 L’application est à réaliser si nécessaire, après évaluation à la parcelle, du risque qui dépend de la dynamique de croissance du colza et du nombre de larves (test Berlèse). L’OAD « Colza risques larves de grosse altise » qui permet d’évaluer le risque à la parcelle est en libre accès sur le site de Terres Inovia. Accéder à l'Outil d'Aide à la Décision : Estimation du risque lié aux larves de grosse altise
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Limaces : gestion des populations en cours de campagne
Les limaces peuvent s’attaquer aussi bien aux graines en germination dans le sol, aux hypocotyles ou aux cotylédons qu’aux jeunes feuilles. Les prélèvements foliaires sont nuisibles jusqu’au stade 3-4 feuilles.

Fréquence : moyenne
Nuisibilité : forte
Les limaces peuvent s’attaquer aussi bien aux graines en germination dans le sol, aux hypocotyles ou aux cotylédons qu’aux jeunes feuilles. Les prélèvements foliaires sont nuisibles jusqu’au stade 3-4 feuilles.
Être particulièrement vigilant sur les parcelles à risque. Si les conditions climatiques sont favorables au maintien de la fraîcheur en surface et si des limaces sont présentes, réaliser un épandage d’anti-limaces en plein sur le sol, au moment du semis. Le traitement préventif, qui vise la préservation de la levée, est actuellement la seule manière de protéger efficacement des attaques de limaces sur les cultures de colza.
Les premiers dégâts sont les plus pénalisants, les plantes attaquées étant perdues ou définitivement handicapées et les cotylédons trop largement entamés pour permettre une bonne croissance. Ces dégâts sont irréversibles et un traitement curatif est inefficace. Inversement, les plantes développées deviennent rapidement de moins en moins sensibles aux prélèvements effectués par les limaces.
Si une intervention est nécessaire, 2 substances actives sont disponibles : phosphate ferrique et méthaldéhyde. Tous les anti-limaces à base de méthaldéhyde sont soumis à la RPD. A part Techn’o Intens et Metarex Duo, leur concentration est supérieure ou égale à 3% et ils ont leur changement de classement (phrase H361f) a un impact sur le stockage et leur utilisation. Les solutions de biocontrôle à base de phosphate ferrique sont une alternative à ces contraintes.
En cas de sol sec ou de levée réalisée, poursuivre la surveillance jusqu’au stade 3-4 feuilles. Si les précipitations interviennent avant 3-4 feuilles et déclenchent l’activité des limaces en surface, appliquer rapidement un anti-limaces pour éviter à la culture de prendre trop de retard.
Les prédateurs du sol, comme les carabes, contribuent à réguler les limaces. Limiter les anti-limaces autant que possible.
Colza : les levées favorables ne doivent pas faire oublier d’observer la présence des ravageurs
Grâce aux pluies qui ont débuté dès la mi-août (localement) puis fin août (sur l’ensemble du territoire), les semis ont pu être réalisés sereinement cette campagne et une grande partie de la sole prévue est maintenant semée et/ou levée. Les stades des colzas sur la zone sud et AURA sont compris entre levée en cours et 2 feuilles. Les premiers ravageurs sont présents localement dans les parcelles. On peut citer en premier lieu les limaces. C’est le bon moment pour faire le point sur la reconnaissance et les moyens de lutte si nécessaire.
Ne pas se laisser dépasser par la présence de limaces
Comme en 2024, cette fin d’été est humide et donc favorable à l’activité des limaces. Une attention toute particulière doit être mise en place pour éviter les déconvenues. Des retours d’attaques de limaces sont déjà remontés dans le Sud-Ouest, côté Auvergne-Rhône-Alpes, les conditions humides, rendent la vigilance de mise. Dans les situations à risque, et au vu du climat favorable à l’activité des limaces, une application préventive juste après le semis est conseillée. Puis, pour la majorité des parcelles déjà levées mais n’ayant pas atteint le stade 4 feuilles, le raisonnement du risque doit se faire en fonction de plusieurs critères :
- L’activité des limaces via le suivi d’un piège,
- La dynamique de dégâts observés sur plante,
- La disponibilité des molluscicides,
- Les facteurs parcellaires favorables aux limaces (sol motteux, pailleux ou avec résidus en surface).
Les attaques précoces sont les plus préjudiciables.
La pose d’un piège et vivement conseillée (carton plastifié, tuile, soucoupe plastique, planche,…) ou mieux un véritable piège à limaces. Relevez vos pièges tôt le matin - Voir l'article dédié
Moyen de lutte :
Deux substances actives sont disponibles : phosphate ferrique et méthaldéhyde. N'hésitez pas à consulter le Tableau Anti-limaces présent dans le guide colza 2025.
Maintenir les repousses de colza pour limiter les déplacements de populations de petites altises vers les nouvelles parcelles
Sa présence n’est pas systématique, mais peut être localement préjudiciable. Généralement, on retrouve la petite altise dans les secteurs avec un historique colza : Haute-Garonne, Tarn, Gers, Lot-et-Garonne ou encore la Dordogne.
Des symptômes de petites altises ont été remontées localement en Auvergne Rhône-Alpes sur des parcelles déjà levées.
Les symptômes se traduisent sur la plante par des morsures d’alimentation, ressemblant à ceux de la grosse altise, mais ne perforant généralement pas complètement les feuilles. Les dégâts associés peuvent alors être importants allant jusqu’à la disparition des plantes et potentiellement à la perte totale de la parcelle si le colza est peu développé et peu poussant. Le risque est donc plus présent sur les très jeunes colzas, c’est-à-dire au stade cotylédons et également sur les bordures, zones d’arrivées du ravageur.
Le colza est exposé à la petite altise de la levée jusqu’à 3 feuilles compris. Au-delà, la cinétique d’émission de nouvelles feuilles par la plante compense les pertes par morsure. Le seuil de nuisibilité est défini à 80% de plantes avec morsures et 25% de la surface foliaire détruite.
Moyen de lutte :
L’un des leviers les plus efficaces est celui qui consiste à limiter les risques de colonisation de la parcelle par l’insecte. Pour cela, il est primordial de maintenir en place les repousses de colzas sur les parcelles proches d’un colza en train de lever ou à un stade jeune. Ces repousses constituent des zones refuges. Leur destruction entraine alors le déplacement des populations de petites altises vers les nouvelles parcelles de colza en cours de levée. Par conséquent, la destruction d’une parcelle de repousses pour éviter d’entretenir les populations de petites altises est bien souvent une fausse bonne idée.
En cas de présence sur la parcelle, et si le seuil de nuisibilité est dépassé, les pyréthrinoïdes peuvent être utilisés. En l’absence de référence établies sur des différences d’efficacité entre les pyréthrinoïdes sur petites altises, privilégier les solutions les moins couteuses, telles que la deltaméthrine ou la cyperméthrine. Attention à bien tenir compte du nombre maximum d’application/an. A ce titre il peut être préférable de conserver la lambda-cyhalothrine pour des applications ultérieures.
L’efficacité de ces solutions est parfois mise en défaut, du fait d’une part des arrivées massives et successives d’insectes, et d’autres part des conditions météorologiques d’août ou début septembre chaudes et sèches qui favorisent les pullulations.
En cas de doute, sur l’atteinte du seuil de nuisibilité n’hésitez pas à utiliser notre outil en ligne, valable sur petites et grandes : Estimation du risque lié aux altises adultes altises
Tenthrède de la rave, la réactivité est la clé du succès
Le stade de sensibilité s’étend jusqu’au stade 6 feuilles inclus. Le seuil de nuisibilité est atteint si 25% de la surface foliaire est détruite par le ravageur. L’évolution d’une attaque peut être soudaine.
L’adulte qui est un hyménoptère de 6 à 8 mm, au corps et appendices noirs n’est pas nuisible. Son abdomen de couleur vive est jaune-orangé (critère de reconnaissance). Son arrivée dans les parcelles peut être identifié via les cuvettes jaunes. Attention, une arrivée en nombre ne présage pas forcément d’une forte attaque. Cela doit tout de même pousser à la vigilance et à l’observation.
Moyen de lutte :
Si une attaque est détectée et le seuil de nuisibilité dépassé, la lambda-cyhalothrine (Karate Zeon, Karis 10 CS, Lambdastar), la deltaméthrine (Decis Expert, Decis Protech, Deltastar) ou la cyperméthrine (Cythrine Max) peuvent être utilisées. Attention à bien tenir compte du nombre maximum d’applications/an. A ce titre il peut être préférable de conserver la lambda-cyhalothrine pour des applications ultérieures. Utiliser un volume de bouillie élevé afin d’atteindre la cible, notamment sur des colzas proches de 6 feuilles. Les solutions à base Bacillus thuringiensis (Bt) ne sont pas efficaces contre la tenthrède.
Des attaques rares de vers gris ou noctuelle terricole
Ces attaques sont le plus souvent localisées et restent assez rares à l’échelle du territoire (Gers, façade atlantiques ou Haute-Garonne principalement).
Moyen de lutte :
En cas d’attaque, une intervention est possible à base de cyperméthrine (uniquement Sherpa, 100EW, Aphicar 100 EW, Cyperfor 100EW, Scipio 100 EW)... Il est fortement recommandé d’intervenir le soir (activité nocturne) sur un sol de préférence humide, et d’utiliser un volume de bouillie important de 500l/ha, pour favoriser la pénétration du produit dans les premiers cm du sol. L'idéal pour y parvenir étant de réussir à intervenir sous une pluie (dans la limite de la portance du sol) ou juste avant celle-ci.
Les homologations récentes des microgranulés Trika Super ou Trika Perfect, sont également des solutions autorisées mais leur efficacité sur noctuelles reste à préciser. Ces microgranulés doivent être incorporés à 4 cm au moins donc sans diffuseur. En raison du coût de ces solutions et du caractère aléatoire des attaques de noctuelle, il est préférable de les réserver aux parcelles à risque taupins avéré. Généralement, les attaques s’estompent à partir de 4-6 feuilles, lorsque le collet commence à s’épaissir.
N'hésitez pas à consulter le Tableau récapitulatif des insecticides autorisés en Colza – 2025
Vos contacts régionaux
- Quentin Level (q.level@terresinovia.fr) - Sud Nouvelle Aquitaine, Gers, Hautes-Pyrénées ( Remplaçant d'Arnaud Micheneau)
- Quentin Lambert (q.lambert@terresinovia.fr) – Centre et Est Occitanie
- Alexandra Denoyelle (a.denoyelle@terresinovia.fr) – Auvergne-Rhône-Alpes et Provence-Alpes-Côte d’Azur
Gestion des ravageurs : obtenir un colza robuste grâce à un apport d’azote
Depuis l’automne 2024, il est possible de fertiliser la crucifère en début de cycle, principalement pour lutter contre les larves d’altises. Terres Inovia a mené des essais pour justifier un tel apport.
Selon l’institut, les apports d’azote minéral au semis ou
en végétation sont très bien valorisés. Crédit : Terres Inovia.
Les infestations de larves d’altises à l’automne sur colza sont souvent critiques en raison de l’extension de la résistance de ces populations aux traitements insecticides, lesquels voient leur nombre de solutions diminuer. Il s’avère donc nécessaire de recourir à des techniques de protection intégrée afin que la crucifère soit plus tolérante à ces attaques.
L’apport d’azote minéral au semis ou en végétation à l’automne constitue un des leviers pour produire un colza robuste, bien implanté, avec une croissance continue tout au long de l’automne et une reprise la plus précoce et dynamique possible au printemps.
Cette pratique est possible depuis l’automne 2024 dans le cadre du 7e programme d’actions national « nitrates » (PAN7). Le PAN7 prévoit une réévaluation de cette autorisation en 2027 et exige la preuve que cette pratique n’engendre pas une augmentation significative du risque de lixiviation de l’azote. Ainsi, Terres Inovia et ses partenaires ont conduit, sur les quatre dernières campagnes (2021 à 2024), un réseau national de 104 essais dans les principales régions de production de colza en France (voir les modalités en encadré).
Un intérêt réel et bénéfique
Les résultats concernant la croissance et l’absorption d’azote par les plantes, ainsi que la quantité d’azote minéral dans le sol, montrent qu’en moyenne :
- les apports d’azote minéral au semis ou en végétation sont très bien valorisés et atteignent des niveaux équivalents à l’entrée de l’hiver par rapport aux résultats obtenus sur la modalité témoin. Le gain moyen de biomasse fraîche aérienne est d’environ 500 g/m² pour l’ensemble du jeu de données ;
- les dynamiques de croissance sont quant à elles différentes : la croissance est plus active en fin d’automne (à partir d’octobre) à la suite de l’apport en végétation par rapport à l’apport au semis, en particulier lorsque la croissance plafonne pendant cette période sur le témoin sans apport ;
- les gains de biomasse fraîche aérienne enregistrés à l’entrée et à la sortie de l’hiver, à la suite des apports de 30 unités d’azote au semis ou en végétation, permettent de réduire la dose à apporter au printemps d’une vingtaine d’unités en moyenne. La dose totale d’azote minéral apportée sur la culture pendant l’ensemble de son cycle est donc peu modifiée par rapport à la situation sans apport d’azote minéral au semis ou en végétation à l’automne ;
- les quantités d’azote minéral présentes dans le sol à l’entrée de l’hiver pour les modalités fertilisées en végétation ou au semis sont équivalentes, en moyenne, à celles obtenues pour la modalité non fertilisée. Ces essais illustrent que les risques de perte d’azote par lixiviation à l’automne semblent limités, que l’apport ait lieu au semis ou en végétation. En parallèle, les plantes en profitent davantage, comme l’illustrent les mesures de biomasse fraîche. L’intérêt de fertiliser les colzas à l’automne semble donc réel et bénéfique.
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Protocole des essais : quatre modalités possibles Deux configurations étaient présentes dans tous les essais. D’une part, le témoin, sans apport d’azote ni au semis ni plus tard. D’autre part, un apport de 30 U en végétation à l’automne (souvent en octobre). La troisième modalité, facultative, concerne un apport de 30 U au semis. Enfin, la quatrième modalité, facultative également, requiert 60 U (30 U au semis suivies de 30 U en végétation à l’automne). Tous ces apports concernent de l’engrais minéral. Les principales mesures réalisées portent sur la biomasse aérienne fraîche et la quantité d’azote absorbée par la culture. La quantité d’azote minéral dans le sol (au semis et à l’entrée de l’hiver), le nombre de larves de grosse altise par plante (à l’entrée et à la sortie de l’hiver) ainsi que le pourcentage de plantes avec un port buissonnant et/ou déformées au printemps ont également été étudiés. |
Contacts : Luc Champolivier, l.champolivier@terresinovia.fr - Emile Lerebour, e.lerebour@terresinovia.fr
Lire l'article dans le n° de septembre d'Arvalis & Terres Inovia infos : ici.
Campagne 2024-25 : un bilan très satisfaisant pour le colza
La dernière campagne a été marquée par de bons, voire d’excellents, résultats dans toutes les régions de l’hexagone. Semis, croissance de la plante, ravageurs, floraison, PMG... retour sur les faits marquants dans les différentes régions.
En 2024-25, les surfaces de colza ont atteint 1 263 000 ha, soit une baisse de 4,7% par rapport à 2023-24 (Source Agreste, août 2025).
Le rendement aurait néanmoins progressé d’après les experts de Terres Inovia et les informations de terrain obtenues dans différentes régions, se situant autour de 35 à 36 q/ha au plan national, soit + 10 % par rapport à la moyenne quinquennale (+ 5 à 10 q/ha en règle générale).
Comme toujours, de grandes variabilités s’observent entre parcelles et bassins de production. Le gradient croissant des niveaux de rendement du Sud vers le Nord du pays se vérifie en 2025 (voir carte ci-contre).

Rendements estimés au 08/08/2025 (Source : Terres Inovia et acteurs locaux)
Pas de difficulté insurmontable pour l’installation de la culture
Les semis majoritairement réalisés entre le 15 et le 25 août ont bénéficié de pluies orageuses bénéfiques. Les semis de septembre, régulièrement plus fréquents dans les régions du Nord et du littoral de la Manche, se distinguent par une plus faible vigueur au démarrage. Des températures fraiches et des cumuls pluviométriques importants en septembre ont accentué cet effet. Ces conditions ont par ailleurs favorisé la prolifération des limaces, obligeant un investissement conséquent en produits molluscicides et parfois des re-semis.
D’après le Bulletin de Santé du Végétal (BSV), le stade « 4 feuilles » s’est observé en moyenne autour du 15-20 septembre dans les zones les plus continentales, et vers le 25-30 septembre dans les régions de bordure maritime.
Les altises d’hiver, toujours présentes et un peu plus résistantes aux pyréthrinoïdes, ont épargné les jeunes colzas cette année. Les producteurs ont davantage dû gérer l’arrivée des limaces et tenthrèdes (Bourgogne-Franche Comté, Sud-Ouest, Bretagne), voire les ravageurs souterrains (vers gris en Poitou-Charentes par exemple). Les colonisations par les pucerons verts jusqu’au stade 6 feuilles ont été faibles à modérées, y compris dans les régions historiques du tiers nord du territoire.
Les graminées adventices et les repousses de céréales constituent toujours les enjeux principaux en matière de désherbage. Les molécules à action acinaires ont été dans l’ensemble bien valorisées.
Colza robuste à la fin de l’automne et larves de coléoptères moins nombreuses
Les biomasses avant hiver ont souvent dépassé 1,5 à 2 kg/m² dans le quart nord-est et les régions de Bretagne, Pays de la Loire, Auvergne-Rhône-Alpes. En Poitou-Charentes, Centre Val-de-Loire, Ile-de-France et Normandie, ces valeurs ont été légèrement inférieures (1 à 1.2 kg/m²).
Les larves d’altises n’ont pas -ou peu- inquiété les régions Centre, Grand-Est, Normandie, Ile-de-France et Hauts-de-France. Bien que plus abondantes en Bourgogne, Poitou-Charentes et Auvergne Rhône-Alpes, les larves n’ont finalement pas provoqué de dégâts de grande ampleur. Il en est de même pour les charançons du bourgeon terminal dans les secteurs historiques du Centre, de l’Ile-de-France, de la Bourgogne-Franche Comté et du Grand-Est. Globalement, pour ces deux ravageurs principaux, les dommages ont été limités et sans commune mesure avec ceux des années précédentes, de 2015 à 2021.
Durant l’hiver, des phénomènes d’hydromorphie se sont manifesté dans plusieurs régions (Lorraine, Poitou-Charentes, Sud-Ouest) mais globalement la culture garde bien le cap. Après une reprise de végétation assez calme, le temps a été relativement doux jusque fin mars, ensoleillé et, à l’exception de la région Centre, déficitaire en pluies.
Avec peu de pluies, mais quasiment toujours au bon moment, la culture a donc bien valorisé les nutriments disponibles et les apports de la fertilisation. Par rapport aux cinq années précédentes, les doses d’azote conseillées en 2025 ont été régulièrement inférieures de 10 à 20 U (source AIRBUS-Farmstar).
Au moment d’entrer en floraison, la culture a mis en place une biomasse satisfaisante, sans excès, dans la plupart des bassins de production. Avant cela, les stades D1, D2, E se sont enchainés sur un rythme « normal », 2-3 jours plus tôt que ce qu’indiquent les statistiques pluriannuelles.
Ravageurs discrets et floraison éclatante
Les pics de vols de charançons de la tige ont été plus tardifs que d’habitude, les dégâts directs restant insignifiants. La culture a également dominé face aux méligèthes, y compris dans les régions les plus exposées au risque en 2025 (Sud-Ouest, Nouvelle-Aquitaine). Les variétés « pièges à méligèthes » ont bien joué leur rôle de leurre, comme en 2024.
Avec 3 à 5 jours d’avance par rapport à l’habitude, la floraison du colza a débuté en moyenne du 25 mars au 5 avril selon les régions. De très bonnes conditions étaient réunies en avril, en particulier avec le rayonnement et la température obtenus sur la partie Nord et pour la pluviométrie pour les régions plus au Sud. Des comptages de siliques réalisés par Terres Inovia ou par des partenaires locaux indiquent des valeurs moyennes parmi les plus élevées de ces 10 à 15 dernières années (7 000 siliques/m²) en région Centre-Val de Loire, Hauts-de-France, Bourgogne, Franche-Comté et Grand Est. Les valeurs hautes sont plus fréquentes que d’ordinaire.
PMG moyen et nombre de graines élevé
Après une hausse considérable des températures fin avril, le colza a défleuri rapidement. En mai et juin, le remplissage a globalement bénéficié de bonnes conditions. La pluie a été déficitaire en mai sur les deux-tiers Nord du pays. La fin de cycle du colza a surtout été marquée par une vague de chaleur remarquablement précoce et durable de mi-juin à début juillet. Fin de cycle écourtée, échaudage et perte probable de PMG s’en sont suivis.
Le déficit hydrique déjà installé en mai dans les sols superficiels a pu gagner des sols plus profonds, mais dans l’ensemble, les rendements restent en adéquation avec l’offre climatique et le potentiel des terroirs. Les pluies survenues quelques jours avant la mi-juin ont pu limiter la casse, même si des orages vers le 15 et 25 juin ont causé des dégâts spectaculaires (Normandie, Hauts-de-France, Centre …).
Des PMG variables et moyens entre 3,8 à 4,3 g (- 0,2 à 0,3 g p/r rapport au pluriannuel)


Composantes de rendement établies à partir des regroupements d’essais variétaux, 1 point correspondant à une variété pour un lieu donné.
Les valeurs de PMG résultent des contraintes durant le remplissage ou de l’effet des compensations entre composantes de rendement (en l’absence de facteur limitant, toute augmentation du nombre de graines/m² se traduit par une diminution du PMG).
Dans le jeu de données, le nombre de graines/m² affiche des valeurs moyennes en 2025 parmi les plus élevées depuis plus de 10 ans. Des exceptions sont constatées dans le grand quart Sud-Ouest. Des rendements de près de 60 q/ha sont même enregistrés dans les sols profonds de Hauts-de-France, Normandie mais aussi à d’autres endroits.
Sur le plan sanitaire, on redoutait une résurgence de mycosphaerella mais le temps sec couplé à des vents d’Est en avril et mai a limité les contaminations. De même, la cylindrosporiose et le sclerotinia ont été maîtrisés.
Dans les territoires du Centre et de l’Ouest de la France, le charançon des siliques a pris ses quartiers une dizaine de jours avant le stade sensible (stade G2). Des taux de siliques éclatées ont parfois été jugés élevés mais l’impact réel reste difficile à jauger. Des pucerons cendrés ont été signalés fin mai dans le Centre et Centre-Est du pays mais il a été difficile de réagir dans des circonstances aussi tardives. L’orobanche rameuse, quant à elle, a continué sa propagation en Vienne et Vendée et reste un problème local important en Poitou-Charentes. La hernie des crucifères suscite toujours des préoccupations dans les secteurs historiques. De nouveaux cas sont signalés chaque année.
Partout, les récoltes ont commencé tôt. Les humidités des graines ont chuté rapidement début juillet (5-6 %). Les récoltes se sont ainsi exécutées dans de bonnes conditions et rapidement jusqu’au 14 juillet dans la plupart des régions. Dans la ferveur d’une moisson précoce, certaines parcelles ont sans doute été récoltées trop tôt dans les secteurs septentrionaux. Les pluies survenues en juillet ont d’ailleurs interrompu les moissons et les ont décalées jusque début août dans plusieurs terroirs de Normandie et des Hauts-de-France. Cela a permis de récolter les derniers quintaux.
Enfin, les analyses de graines attestent de teneurs en huile très élevées, voire excellentes, avec plus de 45 % aux normes dans la grande majorité des échantillons. Les chiffres doivent être consolidés mais on s’oriente vers un rendement en huile très satisfaisant, parmi les meilleurs de ces dernières années.
Niveaux de présence des bioagresseurs estimés en 2025

Source : expertise Terres Inovia (BSV, acteurs locaux, suivis…). Ces indicateurs ne reflètent pas un niveau de dégât.
Légende : 0 = absent ou rare ; 1 = faiblement observé ou localisé ; 2 = régulièrement observé ; 3 = fréquemment observé ; 4 = très fréquemment observé
Contact
Jean Lieven- j.lieven@terresinovia.fr
Contre héliothis et punaise verte sur soja : quelles solutions au champ ?
Autrefois cantonnés au Sud-Ouest, la noctuelle de la tomate (ou Héliothis) et la punaise verte gagnent du terrain vers le Nord et l’Est dans les cultures de soja, portés par des étés de plus en plus chauds et secs. Discrets en début de cycle, ils peuvent causer des dégâts en floraison et au remplissage des gousses. Pour préserver rendement et qualité, la surveillance des parcelles et une stratégie de lutte adaptée sont essentielles.
Héliothis : un ravageur discret mais redoutable
Héliothis (Helicoverpa armigera) est un lépidoptère très polyphage auquel on connait plus de 100 plantes hôtes dont le soja. Il peut coloniser le soja dès la floraison et le risque débute avec l’apparition des gousses et se poursuit jusqu’à la maturité. La fécondité est élevée : la femelle peut pondre plusieurs centaines d’œufs.
Papillon héliothis sur soja - Crédit photo : Terres Inovia
Les jeunes larves (L1-L2), visibles en haut du couvert, consomment surtout le feuillage et causent peu de dégâts. En revanche, les larves plus âgées (à partir de L4) consomment les graines en cours de remplissage et sont donc dommageables. Leur présence se repère souvent sur les gousses par des trous d’environ 5 mm aux contours discontinus. Dans la gousse la graine est partiellement consommée et cela correspond globalement à la même zone consommée sur la gousse.
Larve d’Héliothis (stade L5) - Crédit photo : L-M. Allard – Terres Inovia
Les vols restent difficiles à anticiper, mais les pièges à phéromones permettent de repérer les pics de vol et donc les périodes de ponte à venir. Cette année, dans le Jura, deux pièges installés fin juin ont détecté les premiers vols début juillet, avec une activité régulière depuis.
Quelles solutions pour lutter contre Héliothis ?
Sont efficaces des solutions à base de bactéries Bacillus thuringiensis (ex Dipel DF) à positionner sur jeunes chenilles (stades larvaires 1 et 2) ou des solutions à base de baculovirus (Helicovex), à appliquer idéalement dès la détection des œufs ou des premières larves.
Toutefois, en cas de forte pression, ces méthodes montrent parfois des limites en efficacité. Face à ce constat, la filière avait sollicité une dérogation 120 jours (art 53 REG 1107/2009) pour l’utilisation de l’insecticide Altacor. Cette demande a été acceptée en Nouvelle Aquitaine et Occitanie mais n’a malheureusement pas abouti dans la région Grand Est, privant les producteurs de la région d’une solution en situation critique.
Punaise verte : un impact souvent sous-estimé
La punaise verte (Nezara viridula) est de plus en plus présente dans les parcelles de soja, notamment à la faveur des étés chauds et prolongés. Elle s’installe souvent en fin de cycle, lorsque les gousses sont bien formées et les graines en cours de remplissage.
Les adultes puis les larves (5 stades), sont généralement peu nombreux dans les premières semaines de la floraison. Mais des conditions favorables et des pontes abondantes (sous forme de plaques de 30 à 80 œufs) peuvent faciliter l'envahissement progressif des parcelles et conduire à de véritables pullulations dans les 4-6 dernières semaines de végétation jusqu’à la récolte. Les dégâts les plus préjudiciables sont causés par les larves L4 et L5, les plus voraces et dont la population augmente de manière importante en fin de cycle.
1. Oeufs de punaises groupés, 2. Punaises au stade 4, 3. Punaise adulte
Les dégâts sont liés aux prélèvements alimentaires effectués par les adultes et les larves sur les organes de la plante, surtout les gousses (malformations, dessèchements prématurés et même des avortements) et les graines (baisse du poids).
Dégâts de punaises vertes sur graines de soja selon un gradient d’intensité (graine saine à gauche, graine très touchée à droite avec un poids beaucoup plus faible).
Discrète et mobile, la punaise se cache dans le couvert végétal. La surveillance repose sur des observations régulières du feuillage et des gousses. Il faut éviter d’atteindre 3 à 4 individus au stade R6 du soja. Pour cela, il est recommandé d’observer 8 points dans la parcelle. Si on repère régulièrement la présence de quelques punaises (adultes ou larves) dans plus d’une zone sur deux alors, il est préconisé d’intervenir. A partir du stade R6 le seuil 3-4 insectes par mètre linéaire peut être retenu.
Les pertes peuvent atteindre 10 % du potentiel, soit 2 à 4 q/ha selon les situations. Jusqu’à 10 q/ha ont déjà été enregistrés sur des parcelles très touchées dans le Sud-Ouest.
Une seule substance active est utilisable, la lambda-cyhalothrine avec un délai avant récolte de 35 jours. En Agriculture Biologique, il n’existe pas de solution.
| Face à l’intensification des étés chauds, la lutte contre Héliothis et la punaise verte repose sur une surveillance rigoureuse, combinant piégeage pour héliothis et observations au champ pour la punaise. Pour faire face à une pression croissante, il devient essentiel d’étudier des leviers agronomiques préventifs tels que des cultures pièges, en complément d’interventions chimiques ciblées en végétation, lorsque celles-ci sont possibles. |
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