22,29,35,44,49,53,56,72

Désherbage graminées : bien utiliser la propyzamide

​​​​​​​La baisse des températures associée à une certaine humidité des sols permettra dans les prochains jours d’envisager l’application de propyzamide (Kerb Flo) sur les parcelles de colza infestées de graminées. ​​​​​​​Dans ce contexte, un rappel sur les conditions d’utilisation et d’efficacité de cette molécule parait important.

​​​​​​​Rappel : comment agit la propyzamide ?

La propyzamide (contenue dans KERB FLO et produits génériques) a une action antigraminée à 100 % racinaire et systémique, assez lente car le produit doit migrer par les racines. Ainsi, l’efficacité ne se mesure souvent qu’en sortie hiver.

Quelles sont les graminées ciblées ?

Ray-grass, vulpin, repousses de céréales (blé surtout), bromes, folle avoine (d’hiver surtout), pâturin, vulpie, agrostis.
Cette substance active joue un rôle-clé pour le contrôle des graminées en colza.

Rôle clé pour la gestion à long terme du désherbage

La propyzamide limite fortement la pression de sélection de graminées résistantes aux herbicides foliaires. La gestion responsable de cette molécule est un enjeu majeur pour assurer la durabilité du désherbage, notamment en colza. La protection de la ressource en eau et la durabilité des molécules herbicides sont étroitement liées aux pratiques de désherbage.​​​​​​​

3 règles d’or :

1. Une seule application de propyzamide à 750 g/ha par campagne :

  • à partir de début novembre jusqu'à fin décembre pour le colza​​​​​​​

2. Pas d’application sur un sol saturé en eau pour éviter les ruissellements et les échecs (asphyxie racinaire)

​​​​​3. Pour une bonne efficacité :

  • Viser des applications sur sol frais et humide : l'efficacité est dépendante de l’humidité du sol. Le résultat peut être insuffisant en période sèche.
  • En cas d’enracinement profond des adventices, l’efficacité peut être décevante.

Quels sont facteurs pouvant pénaliser l’efficacité de la propyzamide vis-à-vis des graminées ?

  • Levées précoces de graminées (fin août / septembre) et/ou abondantes non maîtrisées par les herbicides avant l’entrée hiver (les racines peuvent alors être trop développées) ;
  • Application trop tardive sur des adventices trop développées (tallage des graminées) ;
  • Façons culturales simplifiées sans labour (présence de mulch) ;
  • Sols à forte teneur en argile (> 35 %) et MO en surface (> 4 %) ;
  • Sols hydromorphes avec asphyxie des graminées (induisant une faible absorption du produit)

Qu’en est-il de l’effet « parapluie » ?

Pour des colzas dotés d’une forte biomasse (> 1.5 kg/m²), les volumes de végétation peuvent être élevés. Les biovolumes et les longs pétioles (plus de 50 cm) font alors obstacle aux herbicides racinaires.

Pour les produits contenant la propyzamide, mieux vaut dans ce cas positionner l’application au plus proche d’une pluie significative pour favoriser sa diffusion dans la végétation jusqu’à la surface du sol. Pour les produits IELO/YAGO/BIWIX/DITOP, pas d’application sous une pluie.

Mélange propyzamide avec un insecticide … à bien considérer

La tentation de mélanger avec un insecticide visant les larves d’altises est souvent grande car elle permet de viser les deux cibles – mauvaises herbes et insectes – en même temps.

Avant une telle décision, assurez-vous que l’infestation larvaire justifie l’insecticide. Les larves d’altises colonisent les parcelles de façon très variable.

De même, si une infestation larvaire justifie d’ores-et-déjà un insecticide, n’attendez pas que les conditions soient réunies pour la propyzamide pour intervenir.

​​​​​​​Visez toujours les meilleures conditions possibles pour chacune des cibles (insecte ou mauvaises herbes) quitte à passer deux fois… plutôt que chercher à faire coûte que coûte « une pierre deux coups ».

Rappel : Le mélange de produit à base de propyzamide avec MINECTO Gold n'est pas recommandé. Plus d’info ici

​​​​​​​Pour aller plus loin

Gestion des graminées hivernales 
 

Julien Charbonnaud - j.charbonnaud@terresinovia.fr - Centre-Val de Loire
Jean Lieven - j.lieven@terresinovia.fr - Normandie, Ile-de-France Ouest
Thomas Mear – t.mear@terresinovia.fr – Bretagne, Pays-de-la-Loire
 Elodie Tourton - e.tourton@terresinovia.fr - Poitou-Charentes, Vendée, Limousin

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Hernie des crucifères : signaler les parcelles touchées, c'est important !

La hernie des crucifères est une maladie racinaire qui prend de l’ampleur ces dernières années, 2025-2026 ne fait pas exception. Les dégâts causés par la hernie sont très variables. Le plus souvent quelques zones ou foyers feront perdre 5 à 20 % du potentiel. Dans les pires cas, cela entraîne la nécessité de retourner la parcelle. Face à cette maladie, aucun levier seul ne suffit : la clé, c’est la combinaison.

Une maladie qui s’exprime davantage avec le changement climatique

Les températures douces durant l'automne combinées aux précipitations importantes en septembre, ont créent des conditions idéales au développement de cette maladie racinaire. La hernie des crucifères est causée par le parasite obligatoire Plasmodiophora brassicae. Les symptômes se manifestent par des boursouflures hypertrophiées (galles) sur les racines.

Des flétrissements et des rougissements sont généralement visibles sur les parties aériennes des plantes, souvent répartis en foyers ou en larges bandes dans les parcelles, pouvant aller jusqu’à la perte de pieds. La conséquence est la perte de rendement.  

Une fois installée dans la parcelle, la maladie peut y rester plus de 10 ans et s’accrochera plus ou moins facilement aux crucifères cultivées dans la rotation, selon les conditions de milieu. Mieux vaut donc anticiper. 

Galle de hernie sur colza - Crédit photo : L. Jung

Prévention, des réflexes à adopter 

Pour les parcelles avec des symptômes de hernie, il n'y a pas de solution corrective efficace. Mais il est important de saisir l’enquête en ligne « hernie des crucifères » pour nous aider à lutter collectivement contre cette maladie : déclarer en ligne une parcelle avec de la hernie. En effet, la quantification des parcelles concernées ainsi que leur localisation permettent de cibler la communication et les programmes de recherche. 

Après le diagnostic de présence de hernie, actuellement, il peut être judicieux de préparer la prochaine campagne, notamment pour les parcelles de l’exploitation en sol acide et hydromorphe, il est possible de réaliser un dépistage. Le test du chou chinois permet de vérifier si votre sol est contaminé par la hernie.  

On veillera en particulier à éviter les contaminations entre parcelles (transport de terres collées aux pneumatiques et aux outils de travail du sol, épandeur d’apports organiques, etc.).

En savoir plus sur la hernie des crucifères  

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Surveillez les larves de grosses altises grâce au test Berlese

Les toutes premières larves de grosses altises peuvent être repérées dès fin octobre. Pour en avoir le cœur net, le test Berlèse est votre meilleur allié.

​​​​La période de surveillance vis-à-vis des larves d’altises débute. Fin octobre, début novembre, les examens directs au champ (recherche de larves dans les pétioles à l’aide d’un cutter ou canif) sont un bon moyen pour « prendre le pouls ». Mais le test Berlèse reste le moyen le plus sûr pour le raisonnement insecticide. Deux précautions valent mieux qu’une. Un premier test Berlese réalisé fin octobre/début novembre suivi, dans ce cas, impérativement d’un second 2 à 3 semaines plus tard est recommandé. Cela permet de couvrir suffisamment large la période d’arrivée potentielle des larves. Dans les régions ou situations généralement très saines (pétioles avec très peu de cicatrices, risque faible), un seul test Berlèse peut suffire. 

► Consulter les BSV rendant compte des prévisions de stades larvaires et analyses de risques :

Les larves les plus dommageables colonisent les colzas bien avant l’hiver

Au début de leur vie, les larves sont relativement mobiles et s’introduisent par la face supérieure des pétioles des feuilles (des trous de galeries évoluant en cicatrices apparaissent alors très vite). Au gré des conditions, elles poursuivent leur développement pendant l’hiver en minant et se réfugiant dans les pétioles des feuilles. Le gel ne tue pas les larves. Dans le pire des cas, les larves gagnent le cœur des plantes avant ou pendant la reprise de végétation en sortie hiver.
Pour cette raison, il convient d’anticiper ! La lutte en novembre/décembre est la seule efficace pour limiter l’impact sur les plantes et notamment les ports buissonnants au printemps.

Pas de discrimination, diagnostiquez tous vos colzas

L'expérience des années récentes montre qu'il convient d’examiner tous types de colzas (gros, petit, sain, stressé, etc.) quel que soit le niveau d’attaques des grosses altises adultes en début de cycle. Les parcelles n'ayant pas nécessité d'insecticide jusqu’alors sont à surveiller au même titre que les autres. Le diagnostic des infestations larvaires est essentiel pour tous les profils de colza.

Berlese = plus simple et plus fiable

La méthode Berlèse peut être utilisée de façon assez rapide et permet sans effort de détecter et dénombrer toutes les larves. L’essayer c’est l’adopter !

Vidéo : Comment faire un Berlese

​​​​​Attention à ne pas confondre les larves

De nombreux techniciens signalent en fin octobre et en fin novembre, la présence d'autres larves lors de la réalisation de test Berlèse ou lors d'observations directement sur les plantes. Le plus souvent sans pattes, il s'agit de larves de diptères et non d'altises d'hiver.

  Autres diptères
dans les pétioles et feuilles
Grosse altise
dans les pétioles
à cette époque de l'année


Gauche : larve de grosse altise au stade L1
Droite : larve de diptère

Taille 5 mm 2 mm au stade L1
4 mm au stade L2
6 à 9 mm au stade L3
Forme larve allongée larve allongée + 3 paires de pattes
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​​

​​​​​​​​​​​​​​Risque très inféodé à la parcelle !

Le risque de dommages liés à la présence de larves d’altises dans un colza dépend de plusieurs facteurs :

  • type d’infestation : nombre de larves, date de leur apparition et dynamique de développement,
  • conditions de milieu : réserve d’azote / phosphore disponible dans le sol, météo hivernale et post-hivernale,
  • biomasse foliaire produite par le colza avant l’hiver et sa capacité ou non à soutenir cette dynamique de croissance le plus tardivement possible,
  • qualité d’enracinement des plantes (état sanitaire, forme et taille des pivots).

De ce fait, la protection insecticide doit être raisonnée pour chaque parcelle. Les enjeux liés aux phénomènes de résistance et à la durabilité des solutions chimiques sont tels que chacun doit se sentir responsable​​​​​​​.

N’intervenez qu’en cas de besoin

​​​​​​OAD Larve de grosse altise

​​​​​En quelques clics, cet outil estime le risque lié aux larves de grosse altise. Il permet de combiner l'aspect agronomique de la parcelle à la pression du ravageur.  

 

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Les colzas à biomasse >1,5 kg/m² le jour de l’observation, ayant une qualité d’enracinement, une croissance continue à l’automne-hiver et une reprise de végétation avant le 25 février supporteront davantage les larves d’altises. Dans ces situations le seuil de traitement peut être réhaussé à 5 larves par plante.​​​​​​​

Attachez une réelle importance aux fortes infestations conjuguées à des risques élevés (petit colza, faim d’azote, pivots défectueux, reprises tardives, etc.). Les dégâts sont généralement plus sévères, faute de vigilance (seuil à 3 larves par plante).

Dans les régions où les larves arrivent tôt (mi à fin octobre) et où les hivers sont doux -secteurs maritimes notamment- maintenez une surveillance des parcelles jusqu’à fin décembre car des ré-infestations larvaires sont possibles.

 

Avec quoi intervenir si nécessaire ?

Il convient en premier lieu de s'informer sur l'état des résistances selon sa région afin de prendre la bonne décision : MINECTO GOLD : autorisation dérogatoire pour le colza

Rappel : nos essais montrent qu’en l’absence de résistance forte SKDR, la lambda-cyhalothrine (Karaté Zéon dans nos essais) est le pyréthrinoïde le plus efficace, supérieur à la cyperméthrine. La deltaméthrine (Decis Protech dans nos essais) est intermédiaire. Les pyréthrinoïdes particuliers etofenprox, tau-fluvalinate, esfenvalérate sont en retrait en termes d’efficacité.

Les insecticides sont efficaces sur des larves d'altises L1 et L2

Pour être efficace, l’intervention chimique doit être positionnée, après avoir « fait le plein », de larves aux stades sensibles (L1 et L2), c'est-à-dire lorsque les larves sont encore mobiles. Dans les essais, les meilleures efficacités sont obtenues en tendance lorsque les températures moyennes ne descendent pas sous 7°C les quelques jours qui encadrent l’intervention.

Les applications de sortie hiver ne sont pas efficaces pour réduire l’impact des insectes sur les plantes.


​​​​​​​Julien Charbonnaud - j.charbonnaud@terresinovia.fr - Centre-Val de Loire
Jean Lieven - j.lieven@terresinovia.fr - Normandie, Ile-de-France Ouest
Thomas Mear – t.mear@terresinovia.fr - Bretagne, Pays-de-la-Loire
Elodie Tourton - e.tourton@terresinovia.fr - Poitou-Charentes, Vendée, Limousin

Automne Centre-Val de Loire Normandie et Ouest Ile-de-France Poitou-Charentes, Vendée, Limousin Bretagne, Pays de la Loire Colza Equipe Zone Centre & Ouest

Rencontre Proléobio Centre & Ouest 2025 : le replay du webinaire disponible !

Chaque année, Terres Inovia et ses partenaires organisent les rencontres Proléobio dont l'objectif est de permettre aux conseillers et techniciens d’échanger sur les pratiques innovantes et les résultats de l’année des oléoprotéagineux en Agriculture biologique (AB).

Le 10 octobre s'est tenu un webinaire Proléobio pour la zone Centre et Ouest dont voici le programme et les points à retenir.

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1. Conjoncture de la filière des oléoprotéagineux en AB par Claire Ortega, Terres Univia

  • Une hausse de la collecte malgré la baisse de la demande entraîne de forts excédents de production en 2023/24.
  • Les conditions climatiques entraînent un fort retrait de la collecte alors que la demande semble repartir en 2024/25 : des bilans “assainis”.
  • Une amélioration de la situation après deux campagnes difficiles : importance de maintenir une bonne adéquation offre/demande (exemple du tournesol), y compris sur les petits marchés (exemple de la lentille). 
  • Des défis techniques sur les légumineuses à graines pour des performances plus stables.
  • Importance de contractualiser ou à minima communiquer ses volumes auprès de son OS pour permettre une bonne lecture du marché. 

2. Enjeux de la multiplication des semences de protéagineux en bio par Jerôme Fillon de Axereal Bio

  • Répondre aux attentes des marchés : suivre avec les services collecte les besoins des transformateurs, être réactif pour la contractualisation des producteurs.
  • Mettre en avant les variétés adaptées à l’AB : choisir parmi les variétés proposées par les obtenteurs, essais variétés pour évaluation en condition bio, tests en parcelles agriculteurs, suivi des parcelles de multiplication.

3. Résultats des essais variétés et itinéraire technique féveroles d’hiver et des printemps semés à l’hiver par Cécile Legall, Terres Inovia (la présentation sera diffusée ultérieurement)

4. Valorisation des protéagineux en alimentation humaine : enjeux de la création d’une filière Féverole et Pois AB par Sebastien Courtois, Ufab

Un défi de structuration de la filière pour développer des partenariats durables entre producteurs, transformateurs et utilisateurs finaux :

  • synchroniser les développements production – besoins,
  • structurer les flux du champ à l’assiette,
  • sécuriser la filière avec une trajectoire triptyque,
  • volumes – prix – qualités

Visionnez le replay !

Contacts : Cécile Le Gall, c.legall@terresinovia.fr et Thomas Mear, thomas.mear@terresinovia.fr​​​​​​​

 

Poitou-Charentes, Vendée, Limousin Bretagne, Pays de la Loire Centre-Val de Loire Normandie et Ouest Ile-de-France Agriculture biologique Pois d'hiver Pois de printemps Lupin d'hiver Lupin de printemps Soja Féverole d'hiver Féverole de printemps agriculture biologique proleobio Oui

L’implantation des pois et féverole d’hiver 1er levier de maitrise de la maladie et du rendement

La phase de semis approche pour les pois et féveroles d’hiver. Afin de minimiser le risque de maladie et de maitriser au mieux le potentiel de rendement, la phase d’implantation est primordiale pour poser les bonnes bases de la réussite de ces cultures.

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Parcelle de pois avec zone hydromorphe en 2024, fortement impactée par la maladie

Choix d’une parcelle non hydromorphe avant tout

Le choix d’une parcelle non hydromorphe est le premier critère à considérer. C’est un facteur important dans le risque de dégâts de gel et de développement des maladies. Par ailleurs, rappelons l’importance du développement des nodosités, nécessitant une bonne aération du 1er horizon. Si certaines parcelles se prêtent plus à l’hydromorphie que d’autres, l’absence de rupture de porosité du sol doit être assurée par la préparation du sol en amont, afin de favoriser au maximum les conditions de ressuyage. A noter que la féverole présente une meilleure tolérance à l’hydromorphie par rapport à un pois ou un blé.​​​

​​​​​​​Choisir une culture et une variété adaptées au type de sol : 

  • Le pois d’hiver s’adapte à de nombreux contextes de sols. Il faudra néanmoins faire attention à bien choisir des variétés avec une bonne tolérance à la chlorose ferrique pour les limons froids et les sols calcaires. Cette carence, même si elle est passagère, peut affaiblir les plantes les rendant plus sensibles à d’autres problématiques telles que les maladies.  
    ​​​​​​​
  • La féverole d’hiver s’adapte également à de nombreux types de sol mais se développera mal sur les sols acides (pH<5.5). Pour les sols basiques (pH<7.5) des carences en bores sont possibles, nécessitant de corriger la situation par un apport de 300g/ha avant début floraison. 

Pour rappel, les caractéristiques et résultats des variétés sont référencées sur le site www.myvar.fr  
Vous y retrouverez les synthèses variétales nationales et régionales parues récemment.

 

Le délai de retour de 5-6 ans entre 2 légumineuses de rente reste une règle importante dans l’insertion des légumineuses dans une rotation afin d’éviter la prolifération de certains bioagresseurs communs tel que l’aphanomyces. A noter que si le pois d’hiver évite en grande partie l’expression de l’aphanomyces en raison de son cycle décalé, la culture peut entretenir l’inoculum. Les parcelles à risque sont à éviter.  
(Plus d’informations sur les légumineuses sensibles ou résistantes à aphanomyces via ce lien)

L’exposition au froid (bassin Nord-Est, parcelle en altitude) n’est pas un facteur rédhibitoire mais des leviers agronomiques doivent s’opérer en conséquence, à commencer par le choix d’une variété à bonne tolérance au froid. Également, la date et la profondeur de semis devront bien s’adapter pour maitriser le risque (cf. partie semis).
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Le travail du sol, garant du risque d’hydromorphie et de maladies 

Attention à vérifier et corriger la structure du sol par un travail adapté. Le pois et la féverole, comme toutes les légumineuses, sont sensibles aux compactions, limitant leur enracinement et la mise en place des nodosités. Il est recommandé d’assurer une bonne structure sur minimum 15-20 cm, zone où s’opère l’essentiel de l’exploration des radicelles et de la mise en place des nodosités. Pour assurer l’autonomie azotée de la légumineuse, la symbiose nécessite un sol aéré pour capter l’azote de l’air présent dans ce 1er horizon du sol. En conséquence, vigilance pour les sols à risque de compaction et/ou d’anoxie tels que les sols séchants, les argiles lourdes et les limons battants et hydromorphes pouvant entraver l’alimentation des pois et féveroles. 

Également la préparation du lit de semence doit être soignée sur 8-10 cm afin de permettre d’enterrer à une bonne profondeur les graines et améliorer le contact sol-graine. Le pois d’hiver demande un lit de semence fin (agrégats <10 mm). A l’inverse la féverole peut s’accommoder d’une préparation plus grossière (agrégats de 2-3 cm). En cas de risque de battance, n’hésitez pas à laisser quelques mottes de 5-6 cm pour limiter le risque de croûte de battance.    

Dans toutes les situations de parcelle, l’écoulement de l’eau doit s’opérer sans obstacle lié à une rupture de porosité. Au-delà du risque d’hydromorphie sur le long terme, c’est avant tout la limitation des fenêtres d’interventions faute d’un bon ressuyage des parcelles qui peut entraver la conduite technique. Également, la stagnation de l’humidité sur la surface favorise le développement des maladies. En 2024, les préparations en TCS telles que les semis directs, ont souvent été moins impactés par la maladie en lien avec un meilleur ressuyage de la surface. Pour rappel, la préparation du sol doit se décider avant tout par la nécessité de correction du sol. 

Eviter la surdensité, pour limiter les maladies et le coût en semences

Le pois et la féverole d’hiver ramifiant plus que les types printemps, il est conseillé de ne pas dépasser les densités recommandées au risque de développer des couverts trop denses au printemps, favorisant les maladies telles que le colletotrichum et l’ascochytose pour le pois ou le botrytis pour la féverole. De plus, la surdensité augmente inutilement la charge en semences pour un risque de perte de rendement plus grand. 

POIS D’HIVER Sol limoneux

Sol argileux, argilo-calcaire
ou caillouteux

Sol de craie
60 à 70 graines/m² 80 à 90 graines/m² 115 graines/m²
PMG 200g 120 à 140 kg/ha 160 à 180 kg/ha  230 kg/ha
PMG 220g 132 à 154 kg/ha 176 à 198 kg/ha   253 kg/ha

 

FEVEROLE D’HIVER Sol limoneux Sol argileux, argilo-calcaire ou caillouteux
20 à 25 graines/m² 30 graines/m²
PMG 450g 90 à 113 kg/ha 135 kg/ha
PMG 500g 100 à 125 kg/ha 150 kg/ha

 

Test de germination nécessaire si utilisation de graines de ferme

Pour les producteurs utilisant leurs graines de ferme, il est important de réaliser un test de germination afin d’adapter la densité. En effet, le taux de germination des graines de ferme est souvent plus aléatoire, pouvant être bien inférieur au taux minimal de 80% de germination des lots certifiés. Également, il faut veiller à écarter les lots présentant des grains cassés, tachés ou déformés, souvent porteurs de maladies bien installées sur les graines. ​​​​​​​
(Plus d’informations sur le test de germination via ce lien).

Pour rappel, la plupart des maladies se transmettent principalement via la semence. L’utilisation de semences certifiées reste une sécurité tant sur la maitrise du taux de germination que sur le risque sanitaire apporté par la graine.

 

Date de semis et profondeur, leviers incontournables pour se prémunir du risque de gel et de maladies

Les dégâts de gel, favorisant l’installation de maladies telles que le colletotrichum ou la bactériose en pois et le botrytis en féverole, sont souvent les premiers facteurs de stress pouvant impacter le potentiel des protéagineux d’hiver. La pression sanitaire de ces dernières années trouve une origine dans l’évolution du climat, avec des hivers plus doux et des gels plus tardifs au début du printemps. Face à cette évolution du contexte, la date et la profondeur de semis doivent également évoluer pour permettre de limiter ce risque. 

2 conditions sont nécessaires pour limiter le risque de gel et de maladies :

  • Retarder les semis afin d’éviter d’avoir des plantes trop développées en sortie d’hiver. Pour rappel, la tolérance au froid est maximale à 2-3 feuilles et chute drastiquement vers 6-8 feuilles. Cette stratégie de semer tard est d’autant plus importante avec des mois d’octobre et début novembre très doux, propices à la croissance excessive des protéagineux. Privilégier les semis de mi-novembre à fin décembre. 

  • Protéger l’épicotyle, zone la plus sensible au gel. Cela évite que les bas de tiges souvent nécrosés en pois d’hiver permettent une remontée des maladies sur la tige par la suite. Semer à 5-6 cm de profondeur les pois d’hiver et 7-8 cm les féveroles d’hiver. Les graines étant vigoureuses, la levée peut s’opérer sur plus d’1 mois si nécessaire sans conséquence sur le potentiel. Favoriser les semoirs à dents afin d’enterrer convenablement les graines. 

Un sol nivelé pour faciliter la récolte et améliorer la sélectivité de la prélevée

Si les nouvelles génétiques présentent une meilleure tenue de tige qu’auparavant, le nivellement du sol reste recommandé sauf dans les sols limoneux sensibles à la battance.  

Un sol bien nivelé permet dans un premier temps de limiter les risques de phytotoxicité du désherbage en prélevée et surtout de faciliter la récolte, en particulier dans les sols caillouteux. Attention, il n’est pas recommandé de rouler en sortie d’hiver au risque de favoriser des blessures mécaniques et le risque de maladies. 

Une fertilisation P et K modérée mais nécessaire

Le pois et la féverole nécessitent une fourniture moyenne en phosphore et potasse, éléments jouant un rôle important dans le métabolisme notamment dans l’enracinement et la nodulation. Comptez 50-60 u de phosphore et 70-80 u de potasse selon la fourniture du sol.

 

Bastien Remurier - b.remurier@terresinovia.fr - Référent protéagineux zone Centre & Ouest

Préparation de campagne Implantation Centre-Val de Loire Bretagne, Pays de la Loire Normandie et Ouest Ile-de-France Poitou-Charentes, Vendée, Limousin Implantation Pois d'hiver Féverole d'hiver Bastien REMURIER

Stratégie de désherbage des protéagineux d’hiver

À l’approche des semis des pois et féveroles d’hiver, la préparation de sa stratégie de désherbage doit se réfléchir en connaissance de la flore de sa parcelle. Si des rattrapages en post-levée existent et peuvent suffire dans des situations de faible salissement, les programmes les plus efficaces se positionnent dès la prélevée et nécessitent de s’anticiper.

Réglementairement, qu’est-ce qu’un protéagineux d’hiver ? 


Les réglementations herbicides varient selon la typologie hiver/printemps des pois et féveroles. Avec des dates de semis parfois tardives des pois et féveroles d’hiver, voire reportées au printemps, des zones de chevauchement des conseils de semis des génétiques hiver/printemps tel que le bassin sud de la France, ou encore le semis de génétiques de printemps en hiver (exemple avec la féverole), il est important de rappeler que la date de semis prime sur la définition réglementaire quelle que soit la génétique utilisée. Ainsi, tout semis avant le 1er février est considéré comme un protéagineux d’hiver et tout semis à partir du 1er février est considéré comme un protéagineux de printemps. 

Gestion des dicotylédones : prélevée, post-levée ou les deux ?

​​​​​​En pois d’hiver, la prélevée est à privilégier pour les situations difficiles (parcelles hydromorphes ne permettant pas de passage précoce en sortie d’hiver), les flores compliquées à gérer en post-levée telles que les coquelicots et renouées, et les infestations d’adventices hivernales telles que le gaillet et la véronique de perse. Cette stratégie pourra se compléter d’une post-levée modulée en cas de forte pression ou si besoin d’un complément sur les flores printanières non contrôlées par l’application de prélevée, comme la matricaire et la fumeterre. Les stratégies tout en post-levée sont à privilégier seulement en connaissance de la flore et si le salissement est facilement maîtrisable. À noter que certains programmes de post-levée sont fractionnables pour une meilleure efficacité ou gérer les levées échelonnées. Les compléments mécaniques en post-levée sont à éviter, pouvant favoriser l’arrivée de maladies. 


En féverole d’hiver, la prélevée est indispensable faute de diversité de solutions possibles en post-levée à l’exception du Corum permettant de gérer seulement certaines flores printanières tel que le chénopode, la mercuriale ou la matricaire. Toutefois, la féverole se prête facilement aux passages mécaniques en post-levée (houe, herse, bineuse). Les stratégies de désherbage mixtes affichent de très bonnes efficacités.   

► Plus d’informations sur les stratégies de désherbage mécaniques et mixtes

Quelques spécificités des programmes antidicotylédone

  • Retrait d’usage du PROWL 400 / PENTIUM FLO / BAROUD SC sur pois et féverole d’hiver : Le retrait d’utilisation du PROWL 400 est effectif depuis le 28/09/2025. La pendiméthaline reste cependant accessible via le NIRVANA S et le BISMARK CS. Pour rappel, PROWL 400 reste homologué sur pois et féverole de printemps.
  • Différences réglementaires du CHALLENGE 600 et du COLT : ces 2 spécialités contiennent de l’aclonifen (600g/L) mais leurs modalités réglementaires d’application sont différentes. Entre doses autorisées et possibilités de double application pré + post, le tableau ci-dessous résume les principales différences d’applications possibles sur pois et féveroles. 

 

*herbicide générique : CHANON, etc,..
P=pois
F=féverole
L=lupin
(1) : respecter un délai de 25 jours entre les 2 applications pour pois d'hiver, 15 jours pour pois de printemps
(2) : respecter un délai de 10 jours entre les 2 applications de postlevée

  • Nirvana S à privilégier en prélevée : le Nirvana S reste un produit efficace pour les stratégies de prélevée de par son spectre d’action large et sa dose autorisé. Le produit peut toutefois être appliqué en post-levée à 2l/ha maximum en l’absence de passage en prélevée. Pour optimiser son efficacité et son spectre d’action, son positionnement en prélevée reste plus intéressant, sachant que le CORUM apportent les mêmes substances actives en post-levée et l’association des 2 produits est interdite (mention H361d).

Exemples de programmes antidicots en féverole d’hiver 

(1) DASH HC ou ACTIROB B

Exemples de programmes antidicots en pois d’hiver 

(1) DASH HC ou ACTIROB B
(2) 2 passages à 8-10 jours (pois de printemps) ou 10-15 jours (pois d'hiver) d'intervalle, pour améliorer l'efficacité à condition de débuter les applications sur adventices de cotylédons à deux feuilles
​​​​​​​(N.B) en l'absence d'application d'aclonifen en pré-levée, CHALLENGE 600 peut être appliqué en postlevée

La gestion des graminées résistantes possible sur protéagineux d’hiver

  • Propyzamide : les protéagineux d’hiver bénéficient du KERB FLO (propyzamide) pour gérer les pressions de graminées résistantes aux autres modes d’action. Le produit s’applique en post-levée précoce à 3-4 feuilles des pois et féveroles.  
    ​​​​​​​
  • ​​​​​​Antigraminées foliaires : en l’absence de graminées résistantes, il est possible d’appliquer en post-levée des antigraminées foliaires (FOP et DIME). A noter que, contrairement aux protéagineux de printemps, la cléthodime n’est pas autorisée sur les pois et féverole d’hiver. 

     

Pour plus d’informations sur les programmes conseillés et les efficacités, référez-vous aux liens suivants :

►Spectre des principaux programmes en pois


​​​​​​​►Spectre des princiaux programmes en féverole

Bastien Remurier - b.remurier@terresinovia.fr - Référent protéagineux zone Centre & Ouest

Implantation Centre-Val de Loire Bretagne, Pays de la Loire Poitou-Charentes, Vendée, Limousin Normandie et Ouest Ile-de-France Pois d'hiver Féverole d'hiver Bastien REMURIER

Colza - Désherbage en post-levée sur dicotylédones : misez toujours sur un bon diagnostic !

C'est le moment, si ce n’est pas déjà fait, de repérer la présence de dicotylédones pour décider d’une éventuelle intervention.

Plusieurs espèces de mauvaises herbes pourront être contrôlées avec les produits de post-levée : MOZZAR/BELKAR, PACK MIZIS, LADIVA, FOX, CALLISTO, IELO, etc. En séquence ou en association, ces produits sont de vrais atouts, à condition de bien examiner les situations et connaître les spectres d’efficacité. Les reports d’intervention, tout particulièrement en raison des conditions humides cette année, doivent reposer sur un bon tour d’un de plaine (identification des mauvaises herbes et stades).

Certaines flores restent toutefois très complexes pour ne pas dire impossibles à contrôler avec les produits de post-levée en colza : citons par exemple les renouées (persicaires, des oiseaux, liseron), rumex, liserons ou encore morelles et amarantes très développées.

​​​​​​​MOZZAR / BELKAR : pour viser un spectre large de dicotylédones

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    ​​​​​​​D’une façon générale, les applications de MOZZAR / BELKAR 0.25 l/ha restent possibles pour les parcelles où l'on observe à ce jour des adventices au stade 2 à 4 feuilles telles que : géraniums, gaillets, alchémille, ammi-majus, bleuet, coquelicot, fumeterre, mercuriale, chardon-marie, chénopode, lamier, laiteron, helminthie, myosotis, repousses de lin. Le colza doit avoir atteint ou dépassé le stade 4 feuilles.
     
  • En application tardive (courant novembre), MOZZAR / BELKAR 0.25 l/ha garde une efficacité sur alchémille, lamier, coquelicot, chardon-marie, fumeterre, gaillet, géraniums en pression faible à moyenne. En revanche, l'efficacité peut décrocher sur capselle, véronique, laiteron, sisymbre, bleuet, matricaire et mercuriale si le stade est déjà bien avancé.
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  • Attention, dans les cas où le colza couvre déjà fortement voire intégralement l’inter-rang, mieux vaut reporter la décision (attendre les premiers froids, tassement du colza) au risque de ne pas rentabiliser le produit limité par un certain « effet parapluie ».

LADIVA ou pack MIZIS (MIZIK + NERIS) :  pour élargir le spectre de MOZZAR

A base d’halauxifen-méthyl, de piclorame et d’aminopyralide, ces solutions renforcent le spectre dicots de MOZZAR, notamment sur pensée et composées (matricaires, laiterons, séneçon, bleuet, chrysanthèmes des moissons…), et ont une meilleure persistance d’action. Les conseils de périodes d’application sont les mêmes que pour MOZZAR : à partir de 4 feuilles du colza. Une seule application par campagne est possible.

Nota Bene :

  • MOZZAR, LADIVA, pack MIZIS détruisent les légumineuses associées au colza.
  • Les produits sont compatibles avec de nombreux insecticides ou antigraminées foliaires associés avec une huile végétale de type ACTIROB. Ne pas mélanger avec les fongicides/régulateurs.
  • En application tardive de MOZZAR, LADIVA ou du pack MIZIS, le mélange avec un produit type KERB FLO est possible avec adjuvant non-ionique de type PHYDEAL, PIXIES, GONDOR, SILWET, etc. LADIVA existe aussi en pack LADIVA FLO (LADIVA + KERB FLO)

Qu’apportent les autres produits de post-levée ?

Le recours à d'autres produits peut s'envisager soit en complément soit pour cibler certaines flores en particulier. Par soucis de sélectivité vis-à-vis du colza, le respect du stade d'application et des conditions d'emploi de ces produits est important.

  • FOX 1 l/ha est un herbicide de contact utilisable à partir de 4-6 feuilles (feuillage sec impératif) surtout pour compléter le spectre des autres produits. Points forts sur jeune mercuriale, morelle, chénopode, sanve, sisymbre, véroniques, pensée, lamier, myosotis. Efficacité également sur de jeunes coquelicots. Sélectif des principales légumineuses associées au colza si ces dernières sont bien développées.
     
  • CALLISTO 0,15 l/ha à partir de 4-6 feuilles du colza. Utilisé seul (sanve et autres moutardes, calépine) ou en association avec CENT 7 0,2 l/ha (ravenelle, barbarée, sisymbre, repousses de betterave) avec possibilité de renouveler 2 à 3 semaines plus tard pour les plus fortes infestations. Il détruit les légumineuses associées au colza.
     
  • IELO / YAGO / BIWIX 1,5 l/ha efficacité sur graminées, bleuets, chardons, matricaires, laiterons, séneçons, coquelicots et dans une moindre mesure sur pensées et véroniques.  Il a une légère action contre géranium disséqué. Ce produit détruit les légumineuses associées au colza. Un sol froid et de la pluie après l’application est nécessaire pour optimiser l’efficacité de la propyzamide. ​​​​​​​​​​​​​​​​​​​​​​​​​​​​​​​​​​​​​​​​​

​​​Pour aller plus loin

Conditions d'application des herbicides
Tableau d'efficacité des herbicides en colza (Juillet 2025)
Consultez l'outil 'Mélange des produits phytosanitaires'

Julien Charbonnaud - j.charbonnaud@terresinovia.fr - Centre-Val de Loire
Jean Lieven - j.lieven@terresinovia.fr - Normandie, Ile-de-France Ouest
Thomas Mear – t.mear@terresinovia.fr – Bretagne, Pays-de-la-Loire
 Elodie Tourton - e.tourton@terresinovia.fr - Poitou-Charentes, Vendée, Limousin

Automne Centre-Val de Loire Bretagne, Pays de la Loire Normandie et Ouest Ile-de-France Poitou-Charentes, Vendée, Limousin Colza Equipe Centre & Ouest

Charançon du bourgeon terminal : évaluer le risque avant d’intervenir

​​La gestion du charançon du bourgeon terminal repose en premier lieu sur la combinaison de leviers agronomiques car les solutions phytosanitaires sont limitées. Terres Inovia fait le point sur l’évaluation du risque à la parcelle et les insecticides à utiliser, lorsque la situation l’exigera. Deux OAD sont proposés pour accompagner agriculteurs et techniciens.

La cuvette jaune pour détecter l’arrivée

​​​​Il est important de suivre, en plus des pièges dans les parcelles, un réseau de piégeage comme celui du BSV qui permet d’établir une dynamique de vol à l’échelle d’un territoire et de positionner au mieux la protection insecticide, si elle est nécessaire.

Pour autant, il n’existe pas de relation entre le nombre d’individus capturés et les dégâts. ​​​​​​​


​​​​Les toutes premières captures ont été signalées en région Centre-Val de Loire il y a une dizaine de jours. Ce début de semaine, d’autres piégeages ont été confirmés en région Centre, dans le sud Ile-de-France et dans de rares situations ailleurs sur la partie Ouest de la France (voir cartes issues des données BSV ci-dessus).

Un outil de prédiction des arrivées de charançons du bourgeon terminal

Simple et en accès libre, l’outil modélise les vols selon les conditions climatiques. C’est une aide pour optimiser le raisonnement des interventions. Les données prédites ne tiennent pas compte des spécificités de chaque parcelle et ne dispensent pas de la surveillance au champ.

La dynamique de croissance durant l’automne jusqu’en entrée hiver est déterminante

Le risque charançon du bourgeon terminal est réduit pour les colzas levés précocement qui poussent régulièrement au cours de l’automne et jusqu’à l’entrée de l’hiver. Evaluer l’état de la parcelle de colza (mesurer la biomasse aérienne en kg/m² ou g/plante et en observer l’état des pivots) permet de savoir si le colza sera capable de faire face à une attaque de charançons. C’est la combinaison de cet état agronomique et de la présence du ravageur qui permet d’évaluer le risque à la parcelle.

Faut-il intervenir ? Et avec quoi ?

Les interventions sont à envisager en cas de captures lorsque les risques historiques et agronomiques évalués sont moyens et forts.
Terres Inovia a développé un outil d’aide à la décision « Colza Risques Charançons du bourgeon terminal » (outil en cours de mise à jour). L’estimation du risque global à la parcelle est associée, si elle est nécessaire, à une recommandation de lutte insecticide. Cet outil permet de classer une parcelle dans un niveau de risque global. Le risque global combine un risque agronomique et un risque lié à la nuisibilité historique du charançon dans le département. L'OAD s’utilise en complément des infos fournies par les BSV, les réseaux de cuvettes jaunes et le modèle de prédiction des vols. A l’automne 2024, les captures en Poitou-Charentes ont augmenté sur l’ensemble du territoire. Dans cette région, la nuisibilité historique est plutôt faible, mais elle pourrait évoluer si cette dynamique de piégeage se poursuit.

La résistance du charançon du bourgeon terminal aux pyréthrinoïdes (mutation KDR), bien que détectée dans les principaux bassins de production reste d’un niveau assez faible. Les pyréthrinoïdes demeurent donc relativement efficaces. En cas de besoin, utiliser un pyréthrinoïde autorisé comme la lambda-cyhalothrine, la deltaméthrine ou la cyperméthrine. L’étofenprox affiche un niveau d’efficacité inférieur.
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Un coléoptère discret

Charançon du bourgeon terminal, ravageur du colza - Terres Inovia - L. Jung
Le charançon du bourgeon terminal est un petit coléoptère qui mesure entre 2,5 et 3,7 mm. Les adultes ne sont pas nuisibles, mais ils pondent dans les pétioles à l'automne. La nuisibilité est due aux larves qui détruisent le bourgeon terminal lorsqu’elles passent dans le cœur des plantes au stade rosette. Au printemps, les plantes ont alors un aspect buissonnant. La lutte contre les larves n’est pas possible avec les insecticides disponibles. La lutte vise donc les adultes avant qu’ils ne pondent.


​​​​​​​​​​​​​​Julien Charbonnaud - j.charbonnaud@terresinovia.fr - Région Centre-Val de Loire
Jean Lieven - j.lieven@terresinovia.fr - Normandie, Ile-de-France Ouest
Thomas Mear – t.mear@terresinovia.fr - Bretagne, Pays de la Loire
Elodie Tourton - e.tourton@terresinovia.fr - Poitou-Charentes, Vendée, Limousin

Automne Poitou-Charentes, Vendée, Limousin Normandie et Ouest Ile-de-France Bretagne, Pays de la Loire Centre-Val de Loire Colza Equipe Centre & Ouest

Altises d'hiver : les bons réflexes, au bon endroit, au bon moment

Du stade cotylédons jusqu’au stade à 3-4 feuilles du colza, la lutte insecticide ne s’envisage, à la parcelle, que si la culture pousse moins vite qu’elle n’est dévorée.

D’après les BSV rédigés à partir des observations des 16 et 17 septembre, la situation est assez contrastée :

  • En Poitou-Charentes, à peine 10-15 % des parcelles suivies ont franchi le stade B4. La majorité des situations sont potentiellement exposées au risque mais les captures et les morsures restent à ce jour limitées et supportables.
     
  • ​​En Bretagne et Pays de la Loire, les stades stades majoritaires sont entre 2 et 4 feuilles. Les captures d’altises et les signalements de premiers dégâts sont encore peu fréquents.
     
  • En région Centre-Val de Loire, un tiers des parcelles signalent des captures. A ce jour, 35 à 40 % des parcelles du réseau BSV ont atteint ou dépassé le stade B4. 
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  • En Normandie et Ouest Ile-de-France, respectivement 20 % à 35 % des parcelles ne sont plus menacées du fait du stade du colza. Les captures de grosses altises et les morsures sur plantes sont en augmentation. Entre 50 et 75 % des parcelles ont signalé des captures et/ou des morsures sur plantes.
    ​​​​​​

Dans toutes les régions, les premiers signalements restaient tolérables jusqu’au milieu de cette semaine mais les choses peuvent vite évoluer. Une vigilance absolue s’impose désormais pour les colzas en phase sensible, a fortiori ceux marqués par une faible vigueur au démarrage, des défauts de peuplement et des dégâts occasionnés par d’éventuels autres ravageurs. La hausse des températures doit attirer l’attention sur les menaces et risques potentiels à venir.

Surtout pas d’affolement, éviter les traitements inconsidérés !

Dans un contexte de résistance des altises d’hiver aux pyréthrinoïdes, la lutte insecticide contre les adultes doit être évitée dans la mesure du possible et ne doit s’envisager que :

  • si la survie de la culture est incontestablement menacée, du stade cotylédons jusqu’à 3 feuilles étalées du colza ;
  • à partir d’un raisonnement à la parcelle (observation minutieuse de l’évolution des dégâts) ;
  • si les insectes sont suffisamment actifs et nombreux (rappel : après son arrivée en parcelle, la grosse altise se nourrit du colza la nuit) ;
  • si la culture pousse moins vite qu’elle n’est dévorée ;
  • en respectant les précautions et règles d’usage des insecticides (volume d’eau…).

En cas de besoin, les traitements se réalisent sur un colza n’ayant pas atteint le stade 3-4 feuilles étalées.

Seuil indicatif de risque : 8 pieds sur 10 avec présence de morsures et avec 25 % de la surface végétative détruite.

NB : tenir compte d’une moyenne de défoliation observée sur toutes les feuilles des plantes. Si le feuillage est déjà gravement affecté par d’autres ravageurs défoliateurs (petites altises, limaces, tenthrèdes par exemple), c’est le pourcentage total de défoliation qui doit être considéré.

Quel insecticide choisir, en dernier recours ?

​​​​​​​Dans les régions du Centre et Ouest de la France, la résistance forte de type "SKDR" n’est pas généralisée. Les pyréthrinoïdes restent un moyen de lutte - à utiliser avec parcimonie - pour préserver leur efficacité dans la durée (notamment pour la gestion des larves d’altise, plus dommageables que les adultes).

Dans tous les cas, si besoin, intervenir dans de bonnes conditions de traitement à la nuit tombée. Utiliser un volume de bouillie de 150 ou 200 l/ha.

Dans les essais de Terres Inovia, l’efficacité* moyenne mesurée 7 jours après traitement indique que :

  • KARATE ZEON (lambda-cyhalothrine), DECIS PROTECH (deltaméthrine) et la cyperméthrine (CYTHRINE MAX ou SHERPA 100EW) sont comparables.
  • TREBON 30EC (etofenprox) est inférieur à KARATE ZEON ou une cyperméthrine.
  • MANDARIN GOLD (esfenvalérate) est inférieur aux références. Pour ce produit : fin de distribution le 01/03/2025 et fin d’utilisation au 28/02/2026.

 * Efficacité mesurée sur la base du % de destruction foliaire

Points d’attention

  • Tout insecticide appliqué au moment du pic d’activité des grosses altises adultes ne saurait garantir une efficacité suffisante pour lutter contre les infestations larvaires ultérieures. Les traitements “d’assurance” ou “ de nettoyage” sont à proscrire. Il sera plus efficace de lutter directement contre les larves.
    ​​​​​​​
  • ​​​​​​​L’altise d’hiver adulte est active surtout dans les premières heures qui suivent la tombée de la nuit. C’est pourquoi l’application en soirée, idéalement à l’obscurité, est à privilégier avec un volume de bouillie d’au moins 150 à 200 l/ha.

Altises et morsures : quel risque pour la culture ?

Le seuil de dommage est souvent atteint à partir de 25 % de défoliation des cotylédons et premières feuilles. Plus les dégâts s’accumulent brutalement et tôt (sur cotylédon notamment), ou plus la surface foliaire produite par le colza préalablement est faible, plus l’impact des morsures est élevé.

Les situations agronomiques ayant provoqué une vigueur faible au démarrage sont à surveiller de près : levée tardive, sol motteux, caillouteux, précédent blé ou orge de printemps, lit de semences pailleux, variétés peu vigoureuses au démarrage…

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L’observation est la base du raisonnement

Les captures dans les cuvettes jaunes -position enterrée- servent à détecter l’arrivée puis l’activité (Nocturne) des altises d’hiver. Les pièges jaunes ne sont pas un outil de décision de traitement. C’est l’observation très régulière, à la parcelle, de l’état du colza entre les stades cotylédons et 3 feuilles qui guide le raisonnement. 

Observer au crépuscule, idéalement dans les 2 heures qui suivent la tombée de la nuit pour apprécier très régulièrement l’évolution de la présence des altises. 
 
Plus que le seuil, la vitesse d’accumulation des dégâts et la vitesse de croissance de la culture sont les critères à prendre en considération, quasiment au jour le jour pour mesurer au mieux le rapport de force. Seul un suivi quotidien permet de bien discerner les morsures anciennes et récentes.

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​​​​​​​Articles liés

Consulter les BSV de votre région
La cuvette jaune, le piège incontournable pour détecter l’arrivée des ravageurs du colza
Gestion en cours de campagne des grosses altises adultes (altises d’hiver)
Etat des résistances selon la région et le ravageur

​​​​​​​► MINECTO GLOD : autorisation dérogatoire pour le colza

Consulter l’OAD de Terres Inovia

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​​​​​​​​​​​​​​En quelques clics, cet outil estime le risque parcellaire lié aux prélèvements foliaires par les altises lors de la phase levée du colza. Il a été construit en intégrant des résultats d'essais et l'expertise des agents de Terres Inovia.

Lien vers l'outil : Estimation du risque lié aux altises adultes

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Julien Charbonnaud - j.charbonnaud@terresinovia.fr - Région Centre-Val de Loire
Jean Lieven - j.lieven@terresinovia.fr - Normandie, Ile-de-France Ouest
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Désherbage du lin oléagineux : quel programme pour les semis 2025 ?

Le programme de désherbage antigraminées évolue sur le lin oléagineux d’hiver à la suite du retrait d’AVADEX 480. Découvrez quel programme pour les semis 2025.

COLZAMID (napropamide) en postsemis-prélevée est la solution alternative à l’AVADEX 480 travaillée par Terres Inovia depuis 4 campagnes (essais avec observation de la sélectivité et de l’efficacité). Son utilisation sur lin oléagineux est possible parce que COLZAMID couvre toute la portée de l’usage « Crucifères oléagineuses*Désherbage» (colza, lin, etc,.). Attention, les applications en présemis incorporé ne sont pas sélectives du lin. 

COLZAMID (napropamide) en postsemis-prélevée est la solution alternative à l’AVADEX 480 travaillée par Terres Inovia depuis 4 campagnes (essais avec observation de la sélectivité et de l’efficacité). Son utilisation sur lin oléagineux est possible parce que COLZAMID couvre toute la portée de l’usage « Crucifères oléagineuses*Désherbage» (colza, lin, etc,.). Attention, les applications en présemis incorporées ne sont pas sélectives du lin.

En situation de pression en graminées, un désherbage de pré-levée peut être réalisé avec COLZAMID (napropamide) à 1,5 l/ha. L’efficacité sera supérieure ou égale à AVADEX 480 qui lui est incorporé en présemis. Sur colza et en situation de ray-grass, COLZAMID en prélevée est légèrement inférieur à 500-600 g ha de métazachlore. Contre vulpin, COLZAMID est plutôt équivalent. Il faut souligner que les conditions de réussite du désherbage sont meilleures en lin (application fin septembre-début octobre) grâce à des sols souvent plus frais au moment des application. L’efficacité est alors comprise entre 50 et 80%.

Le spectre d’efficacité de COLZAMID sur dicotylédone est intéressant et nettement supérieur à AVADEX480, notamment sur coquelicot, c’est aussi un complément sur les pensées et véroniques. Les efficacités sur matricaire et véronique ne sont pas négligeables. 

Conditions d’application du COLZAMID

-    Appliquer l’herbicide dans les 48h après le semis
-    L’efficacité est abaissée en présence de mottes ou de résidus
-    L’application sur sol frais permet une efficacité optimale
-    L’efficacité est moins régulière sur des sols argileux
-    Ne pas appliquer avant de fortes pluviométries, ni sur sols 
-    Sur sols limoneux ne pas dépasser la dose de 1,5 l/ha, sur d’autres sols la dose peut être montée à 2 l/ha. 

Nous devons préciser qu’à ce jour la société UPL couvre uniquement les applications à 1,5 l/ha. 

Cette base sera complétée en végétation par un antigraminées foliaire, dans le cas où les ray-grass et/ou vulpins sont encore sensibles. Une vigilance sera portée sur ces applications, les efficacités fortement affectées par la résistance aux inhibiteurs de l’ACCase (“fop”, “dime” et “den”) sont parfois meilleures pour la cléthodime. Mais la fréquence de la résistance progresse, d’où l’intérêt du désherbage de prélevée, parfois la seule façon de contrôler les graminées. Dans les cultures plus faciles à désherber, il est préférable de limiter le recours à la cléthodime pour faire durer l’efficacité. En colza, pour contrôler les repousses, il est préférable de choisir un « fop » (AGIL, etc,.) et la cléthodime ne doit s’envisager que si l’on vise une efficacité optimale dans un programme avec KERB. 

En non labour et au semis, il est fortement recommandé, si le dernier passage d’outil date de plus de 5-8 jours, d’appliquer un glyphosate pour éliminer les premières levée de ray-grass ou de vulpin. Cette technique est préférable à un travail du sol au moment du semis (exemple avec un semis en combiné) qui peut favoriser, encore plus, de nouvelles levées en culture.

Le faux semis est en effet un levier incontournable et, dans la rotation d’autres leviers peuvent être activés pour lutter contre le ray-grass ou le vulpin : introduction d’une culture de printemps, voire deux successives, labour occasionnel, etc,.

En lin d’hiver : attention à la sensibilité au gel des antigraminées foliaires

Une autre donnée doit aussi être prise en compte, celle de l’augmentation de la sensibilité des lins au gel après passage d’un antigraminée foliaire (AGF) à l’automne :
•    Dans les zones à hivers froids (Centre, Nord et Est), éviter autant que possible l’usage d’un AGF avant la sortie hiver.
•    Dans les zones à hivers plus doux (Sud-Ouest, Ouest), l’application d’un AGF à l’automne est envisageable, seulement en cas de concurrence précoce.
•    D’une manière générale : mieux vaut positionner l’AGF en sortie d’hiver.

 

Préparation de campagne Implantation Début de cycle / croissance Période hivernale Sortie hiver Poitou-Charentes, Vendée, Limousin Sud Aquitaine Bretagne, Pays de la Loire Désherbage Atouts de la culture Lin d'hiver Zoé Le Bihan (z.lebihan@terresinovia.fr)