22,29,35,44,49,53,56,72
Gestion des maladies aériennes de la féverole
Les premiers symptômes de botrytis sont observés sur féveroles d’hiver, et tendent à se développer. L’identification précoce de ces symptômes est indispensable dans le cadre de la gestion préventive du développement de la maladie.
Agir dès l’apparition des premiers symptômes de botrytis
Le botrytis est la principale maladie de la féverole, quelque soient les bassins de production. Il se développe en particulier dans les situations de semis précoce. Cette relation entre la surface nécrosée par le botrytis en fonction de la date de semis, est illustrée par le graphique ci-contre.
Figure 1 : Relation entre la date de semis et la surface foliaire de la féverole nécrosée par le botrytis - données issues de l’observatoire maladies conduit entre 2016 et 2018
Ainsi, les attaques les plus marquées sont fortement influencées par des semis d’octobre jusqu’à début novembre. De ce constat découle la préconisation d’implantation à partir du 10 novembre. La maitrise de la densité constitue également un levier agronomique majeur pour freiner la progression de la maladie dans le couvert au printemps.
Photo 1 : Symptômes de botrytis et d'ascochytose sur fèverole
Caractérisée par de petites tâches de 2-3 mm qui s’agrandissent pour former entre elles des tâches rondes ovales entourées d’un halo brun, la maladie conduit à la nécrose et à la chute prématurée des feuilles. Ces symptômes peuvent s’observer également sur tige avec des tâches plus allongées mais plus rarement sur gousses.
Le botrytis ne doit pas être confondu avec l’ascochytose de la féverole qui se manifeste par des tâches moins nombreuses, diffuses, au centre plus clair (type brûlure de cigarette).
La gestion du botrytis s’intègre dans une stratégie plus globale des maladies
La rouille est une maladie pouvant également impacter la féverole ; elle apparait généralement plus tard dans le cycle de la culture, quand les conditions climatiques deviennent douces et humides. Des pustules orangées, caractéristiques de la rouille, peuvent apparaitre dès début mai, favorisées par des températures supérieures à 20°C en conditions humides. Comme le botrytis, elle provoque une sénescence accélérée des feuilles.
Photo 2 : Symptômes de rouille sur fèverole
La stratégie de lutte doit prendre en compte le risque vis-à-vis de ces deux principales maladies : botrytis et rouille. Elle repose en particulier sur l’azoxystrobine et le pyriméthanil (SCALA). Le PROSARO (ou PIANO) et les solutions à base de metconazole (SUNORG PRO) peuvent aussi trouver un intérêt plus spécifiquement sur rouille.
Les attaques de botrytis sont d’autant plus difficiles à gérer, qu’elles ne sont pas prises aussitôt l’apparition des symptômes. Dès la mi-mars, si les symptômes apparaissent, une première intervention à base de SCALA 0.75 l/ha + AMISTAR 0.5 l/ha est à réaliser. Il s’agit de situations à forte pression. Une seconde intervention d’AMISTAR peut-être réalisée à partir du début floraison. Une troisième application pourra être réalisée entre floraison + 15 j et la fin floraison pour gérer les premières attaques de rouille et compléter le programme sur botrytis.
Photo 3 : Symptômes de rouille et botrytis sur fèverole
Dans des conditions de pression moyenne, avec apparition des premiers symptômes de botrytis autour de la floraison, la première application d’azoxystrobine, associée ou non à du SCALA peut être réalisée début floraison, avant de revenir si besoin avec de l’azoxystrobine entre 15 et 30 jours plus tard selon l’évolution de la maladie. En cas d’une seconde application, et si de la rouille apparait par la suite, il sera toujours possible de réintervenir avec du metconazole (SUNORG PRO).
Etat des cultures - protéagineux d'hiver
Les semis tardifs et les températures fraîches de ce début d’année ont permis une croissance maîtrisée des protéagineux d’hiver.
Pois et féveroles d’hiver sont au stade 2 à 4 feuilles selon les dates de semis. Les enracinements sont bons, et malgré les cumuls d’eau parfois encore importants dans certains secteurs, notamment à l’Ouest (cf. carte), les nodosités se développent correctement.
Parcelle de pois d'hiver (Crédit photo : B. Remurier)
Les pois d’hiver sont sains : quelle que soit la date de semis, on note une absence généralisée du complexe maladies hivernales (colletotrichum, ascochytose, bactériose,) à date. Attention néanmoins à surveiller régulièrement vos parcelles dès maintenant ! Quand les symptômes deviennent visibles, c’est que le champignon est déjà bien présent dans la parcelle. Rappel de la nouvelle stratégie fongicide en fin de note.
Les féveroles d’hiver : la plupart des parcelles sont saines mais certaines peuvent présenter des débuts de symptômes de botrytis. Dans ces situations, une protection courant mi-mars sera à prévoir. Contre le botrytis, privilégier les programmes avec du pyriméthanil (SCALA, TOUCAN) qui apportent une bonne efficacité. Exemple SCALA 0.75L/ha + AMISTAR 0.5 L/ha.
Les lupins d’hiver souffrent d’avantage du trop d’eau, certaines parcelles flétrissent et auront du mal à repartir. La culture est saine pour le moment. La même stratégie fongicide est néanmoins conseillée par rapport à des attaques précoces d’anthracnose, suite à une forte pression l’an passée.
Lupin d’hiver : stratégie fongicide 2025
Nouvelle stratégie fongicide pois d’hiver
Au vu de la pression maladie de la campagne dernière, et même en l’absence de symptômes visibles dans les parcelles, nous recommandons fortement une intervention précoce, dans la dernière décade de février ou la première de mars, afin de freiner le développement du complexe de maladies. Cette nouvelle stratégie résulte des conclusions d’essais et retours terrain, notamment en 2024 où les conditions climatiques extrêmes ont été favorables à un démarrage rapide des maladies (dégâts de gel, sortie d’hiver chaude, forte humidité)
En l’absence de symptômes, renouveler à début floraison ; si des symptômes apparaissent après le premier traitement et que la maladie progresse rapidement (conditions climatiques favorables), ré intervenir 20 jours après la première application puis à début floraison.
Pour une meilleure efficacité, éviter les traitements d’azoxystrobine seules.
Nouvelle stratégie contre le complexe de maladies du pois d’hiver
Attention, ce schéma n’affiche pas les dose et nombres d’applications maximales.
Colza en Centre & Ouest : adapter la fertilisation azotée et soufrée à l’année
Début février est le bon moment pour affiner sa stratégie d’apport d’engrais azoté et soufré. La dose d’azote doit être ajustée à l’état des colzas en sortie d’hiver. Les apports d’azote et de soufre doivent être apportés lorsque les plantes ont la capacité de les valoriser.
Ajuster la dose d’azote à la biomasse sortie d’hiver
Si ce n’est pas déjà fait, il est grand temps d’estimer la biomasse des colzas en sortie d’hiver et d’intégrer cette information dans le calcul de la dose d’azote (https://www.regletteazotecolza.fr). Le poids vert, exprimé en kg/m², permet d’estimer la quantité d’azote déjà absorbée par la culture à l’ouverture du bilan. C’est autant d’azote qu’il n’y aura pas besoin d’apporter sous forme d’engrais. A titre d’exemple, un colza de 0.6 kg/m² en sortie d’hiver a absorbé environ 40 uN, tandis qu’un colza de 2 kg/m² a déjà absorbé 130 uN. La croissance des colzas peut fortement varier selon les situations. C’est pourquoi, il est conseillé de l’estimer par des pesées ou par des services d’imagerie satellite qui offrent une meilleure vision de l’hétérogénéité intra parcellaire.
Ajuster l’objectif de rendement en fonction des éventuels facteurs limitants
La reprise de végétation est également un moment où il est judicieux de réévaluer l’objectif de rendement de la parcelle pour ajuster la dose d’azote si nécessaire. Une série de questions mérite d’être posée : Le peuplement est-il limitant ? L’enherbement est-il maitrisé ? Y a-t-il une forte pression parasitaire (larves de charançon du bourgeon terminal et/ou de grosse altise) ?... Au regard des problèmes de structure à l’implantation et des cumuls de pluie enregistrés cet automne et cet hiver, il est également judicieux de regarder l’état des racines des cultures. L’enracinement est-il satisfaisant ? Les racines sont-elles nécrosées ? Réviser à la baisse votre objectif de rendement si ces éléments sont impactés négativement.
Quand débuter les apports d’azote ?
La fertilisation azotée est un poste de charge important : autant se donner les moyens pour que l’engrais soit le plus efficace possible en synchronisant les besoins de la plante et la disponibilité en éléments minéraux. Il est inutile d’apporter des engrais sur des cultures en repos végétatif. On visera également un apport avant une pluie annoncée.
Les apports les plus précoces sont à positionner sur les petits colzas lorsque les températures augmentent et que la végétation reprend (stade C1-C2, émission de nouvelles feuilles, début d’élongation de la tige). La dose d’azote pour le premier apport précoce sur les petits colzas doit rester modérée, car leur capacité d’absorption initiale est faible (indice foliaire faible limitant la croissance, système racinaire limité). Pour les colzas moyens à gros, leurs réserves stockées dans les feuilles et les racines sont suffisantes pour la reprise de croissance (voir tableau stratégies de fractionnement).
Stratégies de fractionnement des apports d’azote
Pas d’impasse en soufre au début de la montaison
Les besoins en soufre du colza sont élevés et une carence peut coûter très cher (perte de 10 à 20 q/ha). Il est recommandé d’apporter 75 unités, sous forme assimilable sulfate, dès le début de la montaison (stade C2, entre-nœuds visibles).
En cas d’utilisation d’engrais azoté soufré, attention de ne pas apporter trop d’azote au premier apport ou inversement d’être trop faible en soufre. Il est préférable d’ajuster avec des engrais spécifiques (ammonitrate ou kieserite).
Dans le contexte de l’année avec des précipitations localement très importantes qui ont pu lessiver le soufre et une reprise de la minéralisation potentiellement plus tardive au regard des températures du sol, le risque de carence en soufre est plus important, en particulier dans les sols superficiels et filtrants. Une impasse en soufre peut se révéler préjudiciable, y compris en situation d’apport régulier de matière organique (modulation possible sans descendre en dessous de 50 uN SO3).
Au-delà de 350 mm cumulés de novembre à février, on considère que le risque de lessivage du soufre est élevé. Cette année, le mois de janvier a été particulièrement arrosé. Les régions de Normandie, Pays-de-la-Loire, Bretagne et Poitou-Charentes ont toutes enregistré des valeurs de 150 mm, allant jusqu’à 300 mm de pluie en Bretagne.
Julien Charbonnaud - j.charbonnaud@terresinovia.fr - Centre-Val de Loire
Jean Lieven - j.lieven@terresinovia.fr - Normandie, Ile-de-France Ouest
Thomas Mear – t.mear@terresinovia.fr - Bretagne, Pays-de-la-Loire
Elodie Tourton - e.tourton@terresinovia.fr - Poitou-Charentes, Vendée, Limousin
Comment assurer la bonne implantation de la lentille ?
Les semis de lentille pourront démarrer à partir de mi-février dans les secteurs les plus précoces, et début mars sur la majorité des bassins de production. Les objectifs d’une implantation correcte de la lentille sont la levée rapide et homogène de la culture et un enracinement suffisant pour la bonne mise en place de la nodulation.
Bien choisir sa parcelle : le pré-requis pour réussir la culture de la lentille
Les sols superficiels sont bien adaptés pour la culture de la lentille
La culture de la lentille est idéale pour valoriser les sols superficiels présentant une réserve utile faible à moyenne.
L’objectif sera de cibler des parcelles de sols argilo calcaires superficiels, moyens ou des sols volcaniques et granitiques. Il est recommandé de privilégier des sols drainants, aérés et appuyés dont les réserves azotées sont modérées. Les sols à forte réserve utile sont à éviter car ils favorisent une végétation exubérante, augmentant le risque de verse. La mise en place de la nodulation peut être négativement impactée par des sols à forts reliquats azotés et les sols compactés. Enfin, les sols très caillouteux peuvent compliquer les chantiers de récolte.
Limiter les risques biotiques dès le choix de la parcelle
La lentille présente des sensibilités aux champignons telluriques, tels que Aphanomycès euteiches, ou des complexes de Fusarium spp et Pythium spp. Ces pathogènes pénètrent et impactent l’appareil racinaire, caractérisés par des symptômes de nécroses. L’appareil végétatif pourra présenter un jaunissement, un retard de croissance ou des flétrissements foliaires. La lutte contre ces pathogènes est préventive, en évitant le retour trop fréquent de la lentille sur une même parcelle.
Pour Aphanomyces euteiches, le délai de retour de la lentille préconisé est d’au moins 5 ans. La sensibilité à ce ravageur des autres légumineuses est également à prendre en compte. Les autres cultures sensibles à ces pathogènes, (pois, luzerne, certains trèfles…) sont également à prendre en compte dans la rotation (voir tableau ci-dessous).
L'évaluation du potentiel infectieux des parcelles peut être réalisée avant l'implantation :
► Aphanomycès du pois : test du potentiel infectieux d'un sol
Privilégier également des parcelles indemnes de flore adventice difficile, telles que le datura, l’ambroisie, le bleuet ou l’ortie royale. En effet, les solutions de désherbage sur lentille restent limitées ce qui complique la gestion de certaines flores. De plus, la présence de certaines adventices (morelles, xanthium, ambroisie ou encore datura) peut entrainer un déclassement de la récolte vers l’alimentation animale.
Un semis précoce dans un sol ressuyé
Les semis des parcelles de lentille commencent dès mi-février dans les bassins du Sud-Ouest, de la côte atlantique et du Sud-Est, ils se poursuivent jusqu’en mi-avril pour le Centre-Val de Loire, le bassin Champenois ainsi que les nouveaux secteurs de production du Nord et Est. Enfin, les secteurs d’altitudes, comme le Cantal ou la Haute-Loire, réalisent des implantations plus tardives jusqu’à fin mai.
Le sol de la parcelle doit être ressuyé et suffisamment réchauffé afin d’éviter les tassements. La température du sol, à la profondeur de semis, doit être supérieure à 6°C pour favoriser une germination rapide.
La préparation d’un lit de semence aéré et meuble sur les 15 premiers cms est un facteur important pour une bonne implantation de la lentille. En effet, la culture possède un système racinaire fasciculé peu puissant : un travail du sol adéquat permettra une exploration racinaire favorable à une bonne alimentation hydrique lors des périodes plus sèches au cours du cycle.
Semer entre 2 et 3 cm de profondeur avec un semoir à céréales et viser 220-250 plantes/m² levées. Attention aux semis trop denses qui favorisent le développement de maladies et augmentent le risque de verse.
| Semis précoces | Semis tardifs | En altitude |
| 270 gr/m2 | 300 gr/m2 | 300-320 gr/m2 |
En conduite biologique, les densités de semis sont majorées si un désherbage mécanique est prévu. Selon les terroirs, cette majoration varie entre +10 % et +30 % par rapport aux densités préconisées en conventionnel.
Un écartement entre 12 et 17cm sera optimal pour éviter un trop grand salissement de la parcelle. En cas de présence de cailloux, un roulage des parcelles post semis est recommandé pour niveler le sol, il peut être réalisé jusqu’au stade 5-6 feuilles.
La lentille requière une vigilance pour le désherbage mais est peu exigeante en fertilisation.
Lors des premiers stades de son développement, la croissance de la lentille est lente, ce qui limite sa compétitivité avec les adventices. La mise en place d’un programme de désherbage est recommandée pour limiter la croissance de ces adventices.
Pour faire le point sur le désherbage, n'hésitez pas à consulter cet article complet : Le désherbage de la lentille : allier prélevée et post-levée pour optimiser la maitrise de la flore adventice
La nodulation de la lentille avec Rhizobium leguminosarum, naturellement présent dans les sols permet à la culture la fixation de l’azote atmosphérique. Elle est peu exigeante : pour un rendement de 15 à 25q/ha, apporter 30 à 50 unités de P2O5, 60 à 80 unités de K2O et 20 à 25 unités de Mg.
Et le choix de la variété ?
Consultez les résultats complets des essais variétés 2024 sur le site :
Zoé Le Bihan - z.lebihan@terresinovia.fr - Référente lin et lentilles zone Centre & Ouest
Avant l’hiver, mesurez la biomasse et gardez un œil sur le niveau d’infestations de larves d’altises
Les colzas présentent dans l’ensemble un état de croissance plutôt satisfaisant à ce jour, sans atteindre celui de 2023 et 2022, à la même époque. Si ce n’est déjà fait, ou prévu par des outils munis de capteurs et d’analyses d’images, il est essentiel d’estimer l’azote absorbé en entrée d’hiver, via les pesées au champ. Dans le même temps, assurez-vous que la pression larvaire ne présente pas de risque pour les mois à venir.
Les dynamiques de croissance sont moins importantes que l’automne dernier
Sur le plan agronomique, on notera des reliquats post-récolte du précédent souvent élevés et une minéralisation des sols modérée, plutôt décalée sur octobre/novembre. De même, les apports organiques ou minéraux semblent davantage avoir profité du redoux en octobre. Les levées ont pu être tardives et, le cas échéant, les jeunes plantes de colza ont souvent été abimées par des attaques de ravageurs (limaces, etc.). Dans l’ensemble, la croissance des colzas reste globalement correcte mais, somme toute, variable, reliée aux dates de semis, qualité et vigueur de levées et contexte de disponibilité en azote. Les valeurs de biomasse seront indéniablement plus faibles en tendance que l’an passé. Les pesées directes au champ et les estimations par télédétection restent, sans conteste, les moyens les plus sûrs de ne pas se tromper pour les estimations d’azote absorbé avant hiver.
Larves d’altises : deux précautions valent mieux qu’une
Dans le but de décider si un traitement est nécessaire, les niveaux d’infestation sont à évaluer par la méthode Berlèse au moins jusqu’à mi-décembre.
Qu’est-ce qu’un colza « robuste » ? Les repères à avoir en tête
- Un colza présentant 1,5 kg/m² de biomasse à l’entrée de l’hiver a absorbé 75 U N (1 kg de matière verte / m² en entrée hiver = 50 U N absorbé)
- Un colza présentant 1,5 kg/m² de biomasse ou 60 g de biomasse par plante est plus apte à faire face aux infestations larvaires (altises et charançons du bourgeon terminal)
- Un colza ayant majorité de pivots droits et d’une longueur de 15 cm est “robuste” : il a plus de chances de tolérer les aléas sanitaires ou climatiques à venir
- Un colza dont la rosette ne présente pas de signes de rougissement est bien alimenté en azote : pas de faim d’azote, pas de problème racinaire (mouches du chou, hydromorphie...)
- Pour les colzas associés aux légumineuses, une biomasse de légumineuses ayant atteint 200 à 300 g/m² avant hiver est synonyme de réussite d’implantation. Des bénéfices agronomiques peuvent être attendus à partir de ce moment.
Articles liés
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Julien Charbonnaud - j.charbonnaud@terresinovia.fr - Centre-Val de Loire
Jean Lieven - j.lieven@terresinovia.fr - Normandie, Ile-de-France Ouest
Thomas Mear – t.mear@terresinovia.fr – Bretagne, Pays-de-la-Loire
Elodie Tourton - e.tourton@terresinovia.fr - Poitou-Charentes, Vendée, Limousin
Observations d’opportunité des symptômes de mycosphaerella sur colza
La maladie des tâches annelées s’est exprimée sur feuilles dès début mars en Bretagne, et plutôt à la fin du mois en Poitou-Charentes/Vendée. Entretenue par des pluies régulières, elle a poursuivi sa progression vers les siliques au cours du printemps. Les tiges sont plus ou moins marquées selon les situations. Certains essais variétés du réseau Terres Inovia ont également été touchés par le mycosphaerella offrant l’occasion de réaliser des notations de symptômes.
Le mycosphaerella est noté régulièrement dans 4 essais variétés colza :
- Chambre d’agriculture des Pays de Loire – CA85 – Vendée sud : essai C24VCE85053 à Saint Hilaire des Loges (85), le plus précocement touché des 3 essais du Poitou-Charentes/Vendée, attaque violente, quelques émergences d’orobanches rameuses ;
- Chambre d’agriculture Charente-Maritime Deux-Sèvres – CA17 – GDA de l’Aunis : essai C24VCE17054 à Puyravault (17), progression moins rapide et combinée à une infestation d’orobanches rameuses significative ;
- Terres Inovia : essai C24VCE17096 à Chambon (17), attaque la plus lente, colza le moins développé, quelques émergences d’orobanches rameuses ;
- Terres Inovia : essai C24VCE22034 à Dolo (22), seul site de Bretagne, essai le plus touché au moment des notations, également touché par la verse. La notation gravité mycosphaerella sur siliques est la plus tardive de l’ensemble des essais.
Pour ces 4 essais en micro-parcelles, un bloc entièrement Non Traité (NT) fongicide est préservé. Les observations sont réalisées sur ce bloc NT et un bloc voisin Traité (T). Les programmes fongicides appliqués sont :
A gauche, essai C24VCE17054 (Puyravault (17)), bloc NT au fond, 31 mai 2024
A droite, essai C24VCE22034 (Dolo (22)), bloc NT, 10 juin 2024
La gravité des nécroses sur siliques est évaluée pour chaque micro parcelle grâce à une échelle de 1 à 9. La surface atteinte des siliques est estimée sans prélèvement. Les notes paires sont supprimées de l’échelle. La gravité est observée le 31 mai pour les essais C24VCE85053 et C24VCE17054, le 4 juin pour l’essai C24VCE17096 et le 10 juin pour l’essai C24VCE22034.
Nb : des notations sur feuilles sont également réalisées ; non exposées dans cette actualité.
Quel effet du programme fongicide ?
Le bloc protégé a des siliques plus saines, la gravité d’attaque du mycosphaerella est inférieure au bloc NT. Les programmes fongicides sont efficaces, les variétés traitées sont moins touchées.
Quel effet des variétés ?
En conservant les 21 variétés présentes sur les 4 essais et l’ensemble des notations de gravité sur siliques, voici le bilan général :
Nb : Il ne s’agit pas d’une classification officielle des variétés sur le critère mycosphaerella.
- Les notations réalisées en 2024 montrent une certaine hétérogénéité du comportement des variétés d’un essai à un autre, d’une région à une autre – ce qui ne nous permet pas de proposer de classement en 2024.
- Suite à des notations sur feuilles (non détaillées ici), il n’y a pas de corrélation entre la gravité d’attaque sur feuilles (% de surface foliaire touchée) et la gravité d’attaque sur siliques. Par exemple, une variété comme LG ACADEMIC qui montre un faible taux d’attaque sur feuilles décroche fortement sur siliques et inversement une variété comme FELICIANO KWS montre un bon comportement sur silique tout en décrochant fortement sur feuilles. Les variétés les plus saines sur feuilles sont LG AVENGER, HELYPSE et LG ACADEMIC tandis que les variétés les plus attaquées comprennent COGNAC et VALERIAN suivies par LID TEBO et DK EXDEKA.
- Malgré l’idée reçue qui circule dans la plaine, il ne semble pas y avoir de lien entre précocité variétale et intensité d’attaque. Par exemple les 3 variétés précoces à floraison telles que COGNAC, VALERIAN et DK EXDEKA ne montrent pas un comportement identique, ce qui ne nous permet pas de faire un lien entre précocité floraison et expression des symptômes sur siliques.
- Il semblerait que les variétés à bon comportement mycosphaerella et les variétés sensibles restent globalement à leur place avec ou sans traitement fongicide.
- Les résultats de l’année 2024 viennent compléter des notations plus anciennes sur l’observation de différences de comportement. Pour rappel, les notations réalisées sur siliques en 2020 :
Entre 2024 et 2020, les tendances sont proches pour la variété FELICIANO KWS, en revanche LG AVIRON semble moins impacté cette année.
D’autres analyses et résultats viendront compléter ces premières observations courant de l’automne pour aller plus loin.
Elodie Tourton - e.tourton@terresinovia.fr - Poitou-Charentes, Vendée, Limousin
Thomas Mear – t.mear@terresinovia.fr - Bretagne, Pays de la Loire
Semer ses protéagineux de printemps en mars ?
Les pluies régulières de sortie d’hiver compliquent toujours l’accès à de nombreuses parcelles et retardent les chantiers de semis des protéagineux de printemps. Si Terres Inovia conseille des implantations précoces pour esquiver certains stress climatiques et améliorer son rendement, qu’en est-il cette année si la météo n’est pas propice ?
Toujours privilégier un sol ressuyé pour une bonne implantation
Il est essentiel de privilégier un semis dans un sol ressuyé. Les bénéfices d’une date de semis précoce sont annulés si le semis est effectué dans un sol peu portant. Semer dans de bonnes conditions sur sol ressuyé permet de garantir un meilleur enracinement, une bonne nodulation ce qui favorise la robustesse de la culture. Elle sera capable de s’alimenter même en cas de stress hydrique et thermique et de compenser si les conditions redeviennent favorables.
Liens vers l’article implantation pois de printemps et implantation féverole de printemps
Des semis tardifs mais des conditions optimales pour la nodulation cette année
A l’inverse d’autres années telles que 2020 et 2022 présentant un manque d’eau précoce dès le début du cycle des protéagineux, les fortes pluviométries de janvier et février 2024 assurent un début de cycle avec une réserve utile pleine et de bonnes conditions d’humidité dans le premier horizon. Cette humidité est un atout. Elle est essentielle pour le développement et le fonctionnement des nodosités, qui se mettent en place entre 2-3 feuilles et début floraison. Les nodosités assurent 60% à 80% de l’alimentation en azote des protéagineux ; leur activité impacte directement le rendement final ! (cf. graphique 1).
Pour illustrer la qualité de la nodulation et l’intérêt de conditions humides en début de cycle, on peut observer l’indice de nutrition azotée (INN) à début floraison. Cet indicateur traduit une alimentation azotée optimale si la valeur observée est ≥1. En dessous de 0.8, on considère que la plante est en carence azotée. Des mesures d’indice de nutrition azotée (INN) réalisées en 2021, 2023 (années à printemps humides) et 2022 (à printemps sec) montrent des INN plus élevés en faveur des printemps humides (cf. graphique 2).
Les risques climatiques à semer tardivement
Les dates de semis précoces visent principalement à limiter l’exposition à des stress hydriques et thermiques tardifs durant la floraison et le début du remplissage. Lorsqu’il n’est pas possible de semer tôt dans de bonnes conditions, les risques de stress climatiques impactant pour le rendement augmentent. Ils sont estimés en simulant le cycle des pois de printemps selon la date de semis.
Le stress hydrique : les risques vont principalement dépendre de la réserve utile (RU) des sols. Si en fréquence les sols profonds s’en sortent bien dans la plupart des situations, cela est plus nuancé en sol intermédiaire. Pour des semis tardifs vigilance à s’orienter de préférence sur des sols profonds (RU ≥ 120mm) pour ne pas impacter le potentiel des pois et féveroles.
Le stress thermique : le potentiel commence à être affecté dès 20°C cumulés au-delà de 25°C en température maximale journalière durant la phase de floraison et le début remplissage. Les simulations sur le nord de la France montrent que des semis du 15 mars sont encore possibles en limitant le risque dans la plupart des secteurs. Seuls certains secteurs du Centre-Est présentent des risques plus importants de stress thermique. Dans ces secteurs à risque thermique élevé, un semis du 15 mars reste possible en pois sous réserve d’un sol à bonne réserve utile permettant de compenser les pertes d’eau par évapotranspiration.
Des semis au 25 mars (carte de droite) sont plus risqués, si ce n’est sur l’extrême nord de la France et les bordures maritimes. Dans ces cas, privilégier également une bonne réserve utile.
Quelles dates de semis limites pour le pois et la féverole ?
Le pois de printemps se sèmera de préférence avant le 15 mars dans la moitié Nord de la France, modulo le positionnement dans des terres profondes. Par la suite, le Nord-Ouest pourra pousser les semis avec les mêmes recommandations jusqu’à fin mars à moindre risque. Les semis tardifs dans le Centre-Est restent possibles jusqu’à fin mars en connaissance d’une possible réduction du potentiel final selon l’année climatique.
La féverole de printemps sera plus contrainte, liée à son cycle plus tardif que le pois l’exposant d’avantage aux risques climatiques. Si des semis début mars conviennent pour l’ensemble du territoire, seul le Nord-Ouest pourra pousser les dates de semis plus tardivement et uniquement en sols profonds sans contrainte majeur.
Nord-Ouest : Hauts-de-France, Ile de France, Normandie, Bretagne, Nord des Pays de la Loire et du Centre
Centre-Est : Grand Est, Bourgogne-Franche-Comté, Sud des Pays de la Loire et du Centre
Pour le Poitou-Charentes, les semis de protéagineux de printemps sont déconseillés en mars au regard de nos résultats d’essais dates de semis en pois et du risque de stress thermique et hydrique en périodes sensibles de floraison-remplissage.
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