Connaître le chanvre
Présentation
Originaire d’Asie centrale, le chanvre, Cannabis sativa L. vulgaris est une plante de la famille des Cannabacées. Il est voisin de l’ortie et du houblon. Il se distingue de son cousin Cannabis sativa L. indica, interdit en France, par son taux de THC (Δ9 – tétrahydrocannabinol). Le chanvre est soumis à la réglementation française et européenne (harmonisées depuis 2004), autorisant dans l’Union européenne uniquement les variétés ayant moins de 0,2 % de THC. Les semences utilisées doivent donc être obligatoirement certifiées et inscrites au catalogue européen.
Semée en avril-mai et récoltée de fin août à octobre, cette culture de printemps à une croissance rapide. Elle atteint en moyenne 3 à 4m de haut. Le chanvre dispose d'un système radiculaire très développé autour d'une racine pivotante. Sa tige, rarement ramifiée, creuse et cannelée, a un diamètre moyen de 1 à 3 cm. Toutefois, les caractéristiques morphologiques (hauteur, diamètre, ramification) sont très dépendantes de l'espèce, de la densité du semis et des conditions environnementales. Comme elle ne nécessite aucun traitement fongicide, insecticide et herbicide au champ, l'implantation et la récolte constituent les deux seules interventions du producteur.
La tige du chanvre
La tige porte des feuilles pétiolées composées de folioles lancéolées inégales, et disposées en opposition tous les 10 à 30 cm. Cette disposition des feuilles évolue vers un mode alterné en début de floraison, caractère visible vers le sommet (inflorescence) des plantes. Le nombre de folioles, toujours impair, varie de 3 à 11 au cours de la croissance de la plante.
La tige du chanvre est composée de l'extérieur vers l'intérieur de plusieurs tissus :
- d'un épiderme protecteur
- de tissus parenchymateux impliqués dans des fonctions métaboliques
- de fibres riches en cellulose regroupées entre elles en faisceaux fibreux et ayant une fonction de soutien. Ce sont ces fibres aux propriétés exceptionnelles qui sont exploitées industriellement. Elles représentent approximativement 30 % du poids sec des tiges
- de tissus conducteurs. Ces derniers comprennent le phloème (transporteur de sève élaborée) et le xylème ou bois (transporteur de sève brute) aussi appelé chènevotte. Cette dernière représente environ 45 % du poids sec des tiges.
Les fleurs de chanvre
Un champ de chanvre en pleine floraison
Les espèces de chanvre majoritairement cultivées en France étant monoïques, les inflorescences femelles et mâles se retrouvent sur la même plante.
Les fleurs femelles sont regroupées en cyme au sommet des tiges. Quand elles sont présentes, les fleurs mâles, composées de 5 sépales jaune-verdâtres, sont organisées en grappes disposées au niveau de la partie apicale des tiges.
Les graines de chanvre
La graine de chanvre, appelée chenevis
Le fruit du chanvre (le chènevis) est un akène de forme ovoïde, de couleur gris-brunâtre, de 3 à 5 mm de longueur et contenant notamment 25 à 30 % de protéines et 35 % d'acides gras.
L’irrigation du chanvre
Une pratique qui doit rester ponctuelle
Le chanvre est une culture rustique dont les besoins en eau sont de 30 à 40 mm/t de matière sèche. Il ne nécessite pas d’irrigation systématique, car il tolère assez bien la sécheresse grâce à son système racinaire profond, pivotant et fasciculé.
L’irrigation est une pratique exceptionnelle dans le cas du chanvre. Irriguez dans les zones à risque important de sécheresse afin de sécuriser le peuplement et d’assurer des rendements corrects en paille et en graines.
Le chanvre valorise bien l’irrigation en zones sèches.
Les gains de rendement possibles
Quand les conditions sont bonnes (sol profond et pluies fréquentes), l’irrigation n’est pas nécessaire et la valorisation de cette eau serait nulle.
En revanche, dans les zones à fort risque de sécheresse, l’irrigation est conseillée pour :
Augmenter le rendement en paille
Deux tours d’eau sont plutôt bien valorisés. Quelle que soit la période des apports, plus de 3 t/100 mm d’eau sont gagnés en moyenne. Un bonus est également observé sur le diamètre des tiges. Le gain de rendement est moins aléatoire dans le cas des apports d’eau précoces (avant ou pendant la floraison) que tardifs (post-floraison)
Augmenter la production de chènevis
En moyenne, deux tours d’eau permettent de gagner environ 2 q/ha de graines (grande variabilité de 0 à 10 q/ha selon les essais). Les apports tardifs (fin floraison à post-floraison) peuvent faire espérer une majoration du rendement de 6,5 q/100 mm.
Le parcours optimum de l’irrigation du chanvre dépend de l’objectif de rendement fixé au semis ou à la signature du contrat avec l’industriel de première transformation.
Économiquement, les gains de rendement (en paille et chènevis) couvrent les frais d’irrigation.
Le fauchage du chanvre en mode battu
En mode battu, les graines (chénevis) sont récoltées les premières.
La récolte du chènevis
Le chènevis est une graine très fragile, qui s’oxyde rapidement. De plus, les inflorescences du chanvre contiennent beaucoup de petites feuilles qui se détachent au battage. Les réglages des machines doivent tenir compte de ces deux paramètres.
Il est préconisé d’utiliser une faible vitesse de battage (400 à 500 tours par minute) et de procéder à un nettoyage des grilles énergique.
Ces caractéristiques imposent que le chènevis soit séché dans les 6 heures suivant la récolte. Le non-respect de cette exigence conduit à un échauffement de la graine qui entraîne des pertes de qualité. Le chènevis conventionnel doit se trouver à moins de 9 % d’humidité.
Selon les systèmes de récolte, le battage et la fauche se feront en un ou deux passages.
Battage et fauche en deux passages
Dans ce cas, la récolte peut s’effectuer avec des moissonneuses batteuses conventionnelles ou axiales. Le tablier de coupe doit être positionné juste au-dessous des inflorescences, le plus haut possible pour qu’un minimum de matière passe dans la machine. Comme pour la moisson des céréales, les volumes de paille importants réduisent la vitesse d’avancement et plus il y a de paille qui entre dans la machine plus les risques d’usure et de bourrage sont élevés.
Le réglage de la machine a une incidence sur la qualité du chènevis.
Il faut utiliser une faible vitesse de battage :
- Moissonneuse batteuse à secoueurs +/- 400 à 500 tours/min
- Moissonneuse batteuse Axial +/- 300 à 350 tours/min
Il est nécessaire de desserrer largement les contres batteurs (en se laissant une marge en cas de bourrage) et de procéder à un nettoyage (grilles et vents) énergique (maximum d’impuretés < 25 %). La vidange de la trémie se fera avec un débit modéré.
1. Fauche de la paille en brins longs à la busatis suite à une moisson du chénevis - 2. Fauche de la paille en brins courts à l’ensileuse
Une fois la moisson du chènevis réalisée, la paille peut être fauchée. Le matériel de fauche doit permette de couper le chanvre écrasé par les roues de la moissonneuse et répondre aux exigences des transformateurs sur la taille des brins (longs ou courts). Pour des raisons pratiques, la faucheuse circulera préférentiellement en sens inverse de celui de la moissonneuse. Pour limiter l’écrasement de la paille par les roues de la moissonneuse, des diviseurs peuvent y être adaptés. Deux systèmes sont actuellement utilisés :
- la faucheuse à sections (photo 1 ci-dessus), le système conventionnel qui nécessite le moins d’investissements et peut être géré individuellement par les agriculteurs
- l’ensileuse modifiée équipée d’un bec Kemper (photo 2 ci-dessus). Cette deuxième solution, contrairement à la première, permet une récolte en brins courts mais entraîne des coûts de récolte très élevés pour les agriculteurs.
Battage et fauche en un seul passage
Deux types de machines combinées ont été développés dans différentes zones de production. Elles permettent, en un seul passage, la récolte du chènevis, la coupe de la paille en brins de longueur égale (autour de 50 cm) et son andainage. Mais l’investissement est lourd et implique une gestion collective de la récolte.
La moissonneuse modifiée avec un bec Kemper
Mise au point par l’industriel de défibrage allemand BAFA, est souvent dédiée exclusivement à la récolte du chanvre car les modifications faites sont importantes. Son débit de chantier moyen est de 1,3 ha/h. Cependant, toute la matière transitant à l’intérieur de la machine, des problèmes peuvent survenir dans les parcelles dont le rendement avoisine ou dépasse les 10 tonnes de matière sèche par hectare (réduction des débits de chantier, bourrages de matière). Par ailleurs des difficultés de triage et de propreté du chènevis peuvent être observés.
Un prototype de récolte double voie
Il a été développé pour être adapté sur des moissonneuses-batteuses conventionnelles. Ce système permet des débits de chantiers de 4 ha/h. Seules les extrémités des tiges passent dans la machine permettant un meilleur tri du chènevis et une meilleure adaptation sur les parcelles à fort potentiel de rendement.
Un prototype de récolte de la graine grâce à un système d’aspiration
Il a été développé pour être adapté sur une ensileuse équipée d’un bec Kemper. Cette innovation mise au point par un producteur de chanvre est actuellement en phase de test.
Quand récolter le chanvre ?
Une influence sur le rendement en graines mais pas en paille
Pour une variété donnée, la date de récolte a peu d’influence sur le rendement paille, sauf, bien sûr, si elle intervient avant la fin de la floraison. Par contre, plus la date est tardive, plus le rendement graines est élevé.
Attention : la graine de chanvre est très déhiscente. Si la récolte est trop tardive, le rendement peut s'effondrer suite à un coup de vent ou une forte pluie.
Chanvre en période de récolte
En mode non battu, mais attention aux récoltes trop précoces
Récolte du chanvre avec ensileuse
La récolte peut s’effectuer dès la fin de la floraison, lorsque l’optimum de rendement en paille est atteint. Néanmoins, à ce stade, les tiges encore très vertes, et la masse foliaire importante peuvent entraîner les conséquences suivantes :
- augmentation du temps de séchage au sol,
- augmentation non contrôlée du rouissage (pourrissement possible car les tiges contiennent beaucoup d'eau),
- fibres et chènevotte de couleur verte, peu prisées par les industriels (défibrage difficile),
- qualité de fibre non optimisée. En effet, les fibres continuent à se rigidifier après la floraison des plantes parallèlement à la maturation des graines, au jaunissement de la tige et à sa défoliation.
En revanche, plus les tiges sont jaunes et défoliées, plus leur fauchage est difficile.
En mode battu au stade optimal de maturité du chènevis
La date de récolte est liée à la précocité de la variété. La récolte du chènevis s’effectue environ 4 à 6 semaines après la date de pleine floraison, communiquée par l’obtenteur variétal.
Cependant, pour une même plante, les graines n’arrivent pas à maturité en même temps. Ainsi, il est admis que le stade de récolte est atteint lorsque les enveloppes des graines les plus basses de l’inflorescence commencent à tomber, que les graines en haut de l’inflorescence sont au stade pâteux et que les tiges sont quasiment totalement défoliées (du 5 septembre pour les variétés les plus précoces au 15-20 septembre pour les plus tardives). Cette date reste un compromis entre la quantité de chènevis mature et les conditions météorologiques qui, si elles se dégradent, peuvent provoquer un égrenage ou la germination sur pied impactant fortement le rendement en chènevis et compromettant la qualité de la paille.
Le mode de récolte se prévoit dès le semis
Le choix du système de récolte est déterminé par le contrat signé entre le producteur et l’industriel de 1ère transformation. Il doit prendre en compte les objectifs de récolte (récolte du chènevis ou non), l’organisation collective ou individuelle de la récolte, les contraintes à l’usine et les débouchés visés. Les différences existantes entre les différents modes de récolte concernent principalement la fauche avec la récolte ou non du chènevis.
L’organisation collective de la récolte permet d'investir dans des machines très performantes mais la réactivité du chantier peut être pénalisée si le nombre de machines disponibles est faible.
A retenirLes dates de récolte dépendent :
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