Published on 22 October 2025 | Updated on 16 December 2025

Surveillez les larves de grosses altises grâce au test Berlese

Les toutes premières larves de grosses altises peuvent être repérées dès fin octobre. Pour en avoir le cœur net, le test Berlèse est votre meilleur allié.

​​​​La période de surveillance vis-à-vis des larves d’altises débute. Fin octobre, début novembre, les examens directs au champ (recherche de larves dans les pétioles à l’aide d’un cutter ou canif) sont un bon moyen pour « prendre le pouls ». Mais le test Berlèse reste le moyen le plus sûr pour le raisonnement insecticide. Deux précautions valent mieux qu’une. Un premier test Berlese réalisé fin octobre/début novembre suivi, dans ce cas, impérativement d’un second 2 à 3 semaines plus tard est recommandé. Cela permet de couvrir suffisamment large la période d’arrivée potentielle des larves. Dans les régions ou situations généralement très saines (pétioles avec très peu de cicatrices, risque faible), un seul test Berlèse peut suffire. 

► Consulter les BSV rendant compte des prévisions de stades larvaires et analyses de risques :

Les larves les plus dommageables colonisent les colzas bien avant l’hiver

Au début de leur vie, les larves sont relativement mobiles et s’introduisent par la face supérieure des pétioles des feuilles (des trous de galeries évoluant en cicatrices apparaissent alors très vite). Au gré des conditions, elles poursuivent leur développement pendant l’hiver en minant et se réfugiant dans les pétioles des feuilles. Le gel ne tue pas les larves. Dans le pire des cas, les larves gagnent le cœur des plantes avant ou pendant la reprise de végétation en sortie hiver.
Pour cette raison, il convient d’anticiper ! La lutte en novembre/décembre est la seule efficace pour limiter l’impact sur les plantes et notamment les ports buissonnants au printemps.

Pas de discrimination, diagnostiquez tous vos colzas

L'expérience des années récentes montre qu'il convient d’examiner tous types de colzas (gros, petit, sain, stressé, etc.) quel que soit le niveau d’attaques des grosses altises adultes en début de cycle. Les parcelles n'ayant pas nécessité d'insecticide jusqu’alors sont à surveiller au même titre que les autres. Le diagnostic des infestations larvaires est essentiel pour tous les profils de colza.

Berlese = plus simple et plus fiable

La méthode Berlèse peut être utilisée de façon assez rapide et permet sans effort de détecter et dénombrer toutes les larves. L’essayer c’est l’adopter !

Vidéo : Comment faire un Berlese

​​​​​Attention à ne pas confondre les larves

De nombreux techniciens signalent en fin octobre et en fin novembre, la présence d'autres larves lors de la réalisation de test Berlèse ou lors d'observations directement sur les plantes. Le plus souvent sans pattes, il s'agit de larves de diptères et non d'altises d'hiver.

  Autres diptères
dans les pétioles et feuilles
Grosse altise
dans les pétioles
à cette époque de l'année


Gauche : larve de grosse altise au stade L1
Droite : larve de diptère

Taille 5 mm 2 mm au stade L1
4 mm au stade L2
6 à 9 mm au stade L3
Forme larve allongée larve allongée + 3 paires de pattes
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​​​​​​​​​​​​​​Risque très inféodé à la parcelle !

Le risque de dommages liés à la présence de larves d’altises dans un colza dépend de plusieurs facteurs :

  • type d’infestation : nombre de larves, date de leur apparition et dynamique de développement,
  • conditions de milieu : réserve d’azote / phosphore disponible dans le sol, météo hivernale et post-hivernale,
  • biomasse foliaire produite par le colza avant l’hiver et sa capacité ou non à soutenir cette dynamique de croissance le plus tardivement possible,
  • qualité d’enracinement des plantes (état sanitaire, forme et taille des pivots).

De ce fait, la protection insecticide doit être raisonnée pour chaque parcelle. Les enjeux liés aux phénomènes de résistance et à la durabilité des solutions chimiques sont tels que chacun doit se sentir responsable​​​​​​​.

N’intervenez qu’en cas de besoin

​​​​​​OAD Larve de grosse altise

​​​​​En quelques clics, cet outil estime le risque lié aux larves de grosse altise. Il permet de combiner l'aspect agronomique de la parcelle à la pression du ravageur.  

 

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Les colzas à biomasse >1,5 kg/m² le jour de l’observation, ayant une qualité d’enracinement, une croissance continue à l’automne-hiver et une reprise de végétation avant le 25 février supporteront davantage les larves d’altises. Dans ces situations le seuil de traitement peut être réhaussé à 5 larves par plante.​​​​​​​

Attachez une réelle importance aux fortes infestations conjuguées à des risques élevés (petit colza, faim d’azote, pivots défectueux, reprises tardives, etc.). Les dégâts sont généralement plus sévères, faute de vigilance (seuil à 3 larves par plante).

Dans les régions où les larves arrivent tôt (mi à fin octobre) et où les hivers sont doux -secteurs maritimes notamment- maintenez une surveillance des parcelles jusqu’à fin décembre car des ré-infestations larvaires sont possibles.

 

Avec quoi intervenir si nécessaire ?

Il convient en premier lieu de s'informer sur l'état des résistances selon sa région afin de prendre la bonne décision : MINECTO GOLD : autorisation dérogatoire pour le colza

Rappel : nos essais montrent qu’en l’absence de résistance forte SKDR, la lambda-cyhalothrine (Karaté Zéon dans nos essais) est le pyréthrinoïde le plus efficace, supérieur à la cyperméthrine. La deltaméthrine (Decis Protech dans nos essais) est intermédiaire. Les pyréthrinoïdes particuliers etofenprox, tau-fluvalinate, esfenvalérate sont en retrait en termes d’efficacité.

Les insecticides sont efficaces sur des larves d'altises L1 et L2

Pour être efficace, l’intervention chimique doit être positionnée, après avoir « fait le plein », de larves aux stades sensibles (L1 et L2), c'est-à-dire lorsque les larves sont encore mobiles. Dans les essais, les meilleures efficacités sont obtenues en tendance lorsque les températures moyennes ne descendent pas sous 7°C les quelques jours qui encadrent l’intervention.

Les applications de sortie hiver ne sont pas efficaces pour réduire l’impact des insectes sur les plantes.


​​​​​​​Julien Charbonnaud - j.charbonnaud@terresinovia.fr - Centre-Val de Loire
Jean Lieven - j.lieven@terresinovia.fr - Normandie, Ile-de-France Ouest
Thomas Mear – t.mear@terresinovia.fr - Bretagne, Pays-de-la-Loire
Elodie Tourton - e.tourton@terresinovia.fr - Poitou-Charentes, Vendée, Limousin