Published on 18 September 2025 | Updated on 16 December 2025

Altises d'hiver : les bons réflexes, au bon endroit, au bon moment

Du stade cotylédons jusqu’au stade à 3-4 feuilles du colza, la lutte insecticide ne s’envisage, à la parcelle, que si la culture pousse moins vite qu’elle n’est dévorée.

D’après les BSV rédigés à partir des observations des 16 et 17 septembre, la situation est assez contrastée :

  • En Poitou-Charentes, à peine 10-15 % des parcelles suivies ont franchi le stade B4. La majorité des situations sont potentiellement exposées au risque mais les captures et les morsures restent à ce jour limitées et supportables.
     
  • ​​En Bretagne et Pays de la Loire, les stades stades majoritaires sont entre 2 et 4 feuilles. Les captures d’altises et les signalements de premiers dégâts sont encore peu fréquents.
     
  • En région Centre-Val de Loire, un tiers des parcelles signalent des captures. A ce jour, 35 à 40 % des parcelles du réseau BSV ont atteint ou dépassé le stade B4. 
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  • En Normandie et Ouest Ile-de-France, respectivement 20 % à 35 % des parcelles ne sont plus menacées du fait du stade du colza. Les captures de grosses altises et les morsures sur plantes sont en augmentation. Entre 50 et 75 % des parcelles ont signalé des captures et/ou des morsures sur plantes.
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Dans toutes les régions, les premiers signalements restaient tolérables jusqu’au milieu de cette semaine mais les choses peuvent vite évoluer. Une vigilance absolue s’impose désormais pour les colzas en phase sensible, a fortiori ceux marqués par une faible vigueur au démarrage, des défauts de peuplement et des dégâts occasionnés par d’éventuels autres ravageurs. La hausse des températures doit attirer l’attention sur les menaces et risques potentiels à venir.

Surtout pas d’affolement, éviter les traitements inconsidérés !

Dans un contexte de résistance des altises d’hiver aux pyréthrinoïdes, la lutte insecticide contre les adultes doit être évitée dans la mesure du possible et ne doit s’envisager que :

  • si la survie de la culture est incontestablement menacée, du stade cotylédons jusqu’à 3 feuilles étalées du colza ;
  • à partir d’un raisonnement à la parcelle (observation minutieuse de l’évolution des dégâts) ;
  • si les insectes sont suffisamment actifs et nombreux (rappel : après son arrivée en parcelle, la grosse altise se nourrit du colza la nuit) ;
  • si la culture pousse moins vite qu’elle n’est dévorée ;
  • en respectant les précautions et règles d’usage des insecticides (volume d’eau…).

En cas de besoin, les traitements se réalisent sur un colza n’ayant pas atteint le stade 3-4 feuilles étalées.

Seuil indicatif de risque : 8 pieds sur 10 avec présence de morsures et avec 25 % de la surface végétative détruite.

NB : tenir compte d’une moyenne de défoliation observée sur toutes les feuilles des plantes. Si le feuillage est déjà gravement affecté par d’autres ravageurs défoliateurs (petites altises, limaces, tenthrèdes par exemple), c’est le pourcentage total de défoliation qui doit être considéré.

Quel insecticide choisir, en dernier recours ?

​​​​​​​Dans les régions du Centre et Ouest de la France, la résistance forte de type "SKDR" n’est pas généralisée. Les pyréthrinoïdes restent un moyen de lutte - à utiliser avec parcimonie - pour préserver leur efficacité dans la durée (notamment pour la gestion des larves d’altise, plus dommageables que les adultes).

Dans tous les cas, si besoin, intervenir dans de bonnes conditions de traitement à la nuit tombée. Utiliser un volume de bouillie de 150 ou 200 l/ha.

Dans les essais de Terres Inovia, l’efficacité* moyenne mesurée 7 jours après traitement indique que :

  • KARATE ZEON (lambda-cyhalothrine), DECIS PROTECH (deltaméthrine) et la cyperméthrine (CYTHRINE MAX ou SHERPA 100EW) sont comparables.
  • TREBON 30EC (etofenprox) est inférieur à KARATE ZEON ou une cyperméthrine.
  • MANDARIN GOLD (esfenvalérate) est inférieur aux références. Pour ce produit : fin de distribution le 01/03/2025 et fin d’utilisation au 28/02/2026.

 * Efficacité mesurée sur la base du % de destruction foliaire

Points d’attention

  • Tout insecticide appliqué au moment du pic d’activité des grosses altises adultes ne saurait garantir une efficacité suffisante pour lutter contre les infestations larvaires ultérieures. Les traitements “d’assurance” ou “ de nettoyage” sont à proscrire. Il sera plus efficace de lutter directement contre les larves.
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  • ​​​​​​​L’altise d’hiver adulte est active surtout dans les premières heures qui suivent la tombée de la nuit. C’est pourquoi l’application en soirée, idéalement à l’obscurité, est à privilégier avec un volume de bouillie d’au moins 150 à 200 l/ha.

Altises et morsures : quel risque pour la culture ?

Le seuil de dommage est souvent atteint à partir de 25 % de défoliation des cotylédons et premières feuilles. Plus les dégâts s’accumulent brutalement et tôt (sur cotylédon notamment), ou plus la surface foliaire produite par le colza préalablement est faible, plus l’impact des morsures est élevé.

Les situations agronomiques ayant provoqué une vigueur faible au démarrage sont à surveiller de près : levée tardive, sol motteux, caillouteux, précédent blé ou orge de printemps, lit de semences pailleux, variétés peu vigoureuses au démarrage…

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L’observation est la base du raisonnement

Les captures dans les cuvettes jaunes -position enterrée- servent à détecter l’arrivée puis l’activité (Nocturne) des altises d’hiver. Les pièges jaunes ne sont pas un outil de décision de traitement. C’est l’observation très régulière, à la parcelle, de l’état du colza entre les stades cotylédons et 3 feuilles qui guide le raisonnement. 

Observer au crépuscule, idéalement dans les 2 heures qui suivent la tombée de la nuit pour apprécier très régulièrement l’évolution de la présence des altises. 
 
Plus que le seuil, la vitesse d’accumulation des dégâts et la vitesse de croissance de la culture sont les critères à prendre en considération, quasiment au jour le jour pour mesurer au mieux le rapport de force. Seul un suivi quotidien permet de bien discerner les morsures anciennes et récentes.

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Gestion en cours de campagne des grosses altises adultes (altises d’hiver)
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​​​​​​​► MINECTO GLOD : autorisation dérogatoire pour le colza

Consulter l’OAD de Terres Inovia

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​​​​​​​​​​​​​​En quelques clics, cet outil estime le risque parcellaire lié aux prélèvements foliaires par les altises lors de la phase levée du colza. Il a été construit en intégrant des résultats d'essais et l'expertise des agents de Terres Inovia.

Lien vers l'outil : Estimation du risque lié aux altises adultes

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Julien Charbonnaud - j.charbonnaud@terresinovia.fr - Région Centre-Val de Loire
Jean Lieven - j.lieven@terresinovia.fr - Normandie, Ile-de-France Ouest
Thomas Mear – t.mear@terresinovia.fr - Bretagne, Pays de la Loire
Elodie Tourton - e.tourton@terresinovia.fr - Poitou-Charentes, Vendée, Limousin