Published on 4 September 2025 | Updated on 16 December 2025

Colza : les levées favorables ne doivent pas faire oublier d’observer la présence des ravageurs  

Grâce aux pluies qui ont débuté dès la mi-août (localement) puis fin août (sur l’ensemble du territoire), les semis ont pu être réalisés sereinement cette campagne et une grande partie de la sole prévue est maintenant semée et/ou levée. Les stades des colzas sur la zone sud et AURA sont compris entre levée en cours et 2 feuilles.  Les premiers ravageurs sont présents localement dans les parcelles. On peut citer en premier lieu les limaces. C’est le bon moment pour faire le point sur la reconnaissance et les moyens de lutte si nécessaire.

Ne pas se laisser dépasser par la présence de limaces 

Comme en 2024, cette fin d’été est humide et donc favorable à l’activité des limaces. Une attention toute particulière doit être mise en place pour éviter les déconvenues. Des retours d’attaques de limaces sont déjà remontés dans le Sud-Ouest, côté Auvergne-Rhône-Alpes, les conditions humides, rendent la vigilance de mise. Dans les situations à risque, et au vu du climat favorable à l’activité des limaces, une application préventive juste après le semis est conseillée. Puis, pour la majorité des parcelles déjà levées mais n’ayant pas atteint le stade 4 feuilles, le raisonnement du risque doit se faire en fonction de plusieurs critères :

  • L’activité des limaces via le suivi d’un piège, 
  • La dynamique de dégâts observés sur plante,
  • La disponibilité des molluscicides,
  • Les facteurs parcellaires favorables aux limaces (sol motteux, pailleux ou avec résidus en surface).

Les attaques précoces sont les plus préjudiciables.

La pose d’un piège et vivement conseillée (carton plastifié, tuile, soucoupe plastique, planche,…) ou mieux un véritable piège à limaces.  Relevez vos pièges tôt le matin - Voir l'article dédié 

Moyen de lutte :

Deux substances actives sont disponibles : phosphate ferrique et méthaldéhyde. N'hésitez pas à consulter le Tableau Anti-limaces présent dans le guide colza 2025.

Maintenir les repousses de colza pour limiter les déplacements de populations de petites altises vers les nouvelles parcelles

La petite altise peut être régulièrement observée dans les parcelles de colza. A ne pas confondre avec la grosse altise qui arrive sur les parcelles à partir de fin septembre, l’altise des crucifères est observée plus tôt, dès le mois d’août.

Sa présence n’est pas systématique, mais peut être localement préjudiciable. Généralement, on retrouve la petite altise dans les secteurs avec un historique colza :  Haute-Garonne, Tarn, Gers, Lot-et-Garonne ou encore  la Dordogne.

Des symptômes de petites altises ont été remontées localement en Auvergne Rhône-Alpes sur des parcelles déjà levées. 

Les symptômes se traduisent sur la plante par des morsures d’alimentation, ressemblant à ceux de la grosse altise, mais ne perforant généralement pas complètement les feuilles. Les dégâts associés peuvent alors être importants allant jusqu’à la disparition des plantes et potentiellement à la perte totale de la parcelle si le colza est peu développé et peu poussant. Le risque est donc plus présent sur les très jeunes colzas, c’est-à-dire au stade cotylédons et également sur les bordures, zones d’arrivées du ravageur.
Le colza est exposé à la petite altise de la levée jusqu’à 3 feuilles compris. Au-delà, la cinétique d’émission de nouvelles feuilles par la plante compense les pertes par morsure. Le seuil de nuisibilité est défini à 80% de plantes avec morsures et 25% de la surface foliaire détruite.

Moyen de lutte :

L’un des leviers les plus efficaces est celui qui consiste à limiter les risques de colonisation de la parcelle par l’insecte. Pour cela, il est primordial de maintenir en place les repousses de colzas sur les parcelles proches d’un colza en train de lever ou à un stade jeune. Ces repousses constituent des zones refuges. Leur destruction entraine alors le déplacement des populations de petites altises vers les nouvelles parcelles de colza en cours de levée. Par conséquent, la destruction d’une parcelle de repousses pour éviter d’entretenir les populations de petites altises est bien souvent une fausse bonne idée.
En cas de présence sur la parcelle, et si le seuil de nuisibilité est dépassé, les pyréthrinoïdes peuvent être utilisés. En l’absence de référence établies sur des différences d’efficacité entre les pyréthrinoïdes sur petites altises, privilégier les solutions les moins couteuses, telles que la deltaméthrine ou la cyperméthrine. Attention à bien tenir compte du nombre maximum d’application/an. A ce titre il peut être préférable de conserver la lambda-cyhalothrine pour des applications ultérieures.
L’efficacité de ces solutions est parfois mise en défaut, du fait d’une part des arrivées massives et successives d’insectes, et d’autres part des conditions météorologiques d’août ou début septembre chaudes et sèches qui favorisent les pullulations.
En cas de doute, sur l’atteinte du seuil de nuisibilité n’hésitez pas à utiliser notre outil en ligne, valable sur petites et grandes : Estimation du risque lié aux altises adultes altises

Tenthrède de la rave, la réactivité est la clé du succès

La tenthrède de la rave dans sa phase nuisible est une fausse chenille, de couleur gris-noir, qui dévore le limbe des feuilles en laissant les nervures. Les pullulations qui peuvent être importantes ne sont nuisibles que sur jeunes colzas. Au jour de la rédaction de cet article, aucune remontée d’attaque.
Le stade de sensibilité s’étend jusqu’au stade 6 feuilles inclus. Le seuil de nuisibilité est atteint si 25% de la surface foliaire est détruite par le ravageur. L’évolution d’une attaque peut être soudaine.
L’adulte qui est un hyménoptère de 6 à 8 mm, au corps et appendices noirs n’est pas nuisible. Son abdomen de couleur vive est jaune-orangé (critère de reconnaissance). Son arrivée dans les parcelles peut être identifié via les cuvettes jaunes. Attention, une arrivée en nombre ne présage pas forcément d’une forte attaque. Cela doit tout de même pousser à la vigilance et à l’observation.

Moyen de lutte :

Si une attaque est détectée et le seuil de nuisibilité dépassé, la lambda-cyhalothrine (Karate Zeon, Karis 10 CS, Lambdastar), la deltaméthrine (Decis Expert, Decis Protech, Deltastar) ou la cyperméthrine (Cythrine Max) peuvent être utilisées. Attention à bien tenir compte du nombre maximum d’applications/an. A ce titre il peut être préférable de conserver la lambda-cyhalothrine pour des applications ultérieures. Utiliser un volume de bouillie élevé afin d’atteindre la cible, notamment sur des colzas proches de 6 feuilles. Les solutions à base Bacillus thuringiensis (Bt) ne sont pas efficaces contre la tenthrède. 


Des attaques rares de vers gris ou noctuelle terricole

La noctuelle terricole est un insecte discret. La larve responsable des dégâts occasionnés sur colza se niche en journée dans les premiers cm du sol. Elle est active de nuit, venant s’alimenter en sectionnant le colza au niveau du collet. En cas de perte de pieds, il est donc utile de gratter la terre dans les premiers cm pour vérifier sa présence.  

Ces attaques sont le plus souvent localisées et restent assez rares à l’échelle du territoire (Gers, façade atlantiques ou Haute-Garonne principalement). 

Moyen de lutte : 

En cas d’attaque, une intervention est possible à base de cyperméthrine (uniquement Sherpa, 100EW, Aphicar 100 EW, Cyperfor 100EW, Scipio 100 EW)... Il est fortement recommandé d’intervenir le soir (activité nocturne) sur un sol de préférence humide, et d’utiliser un volume de bouillie important de 500l/ha, pour favoriser la pénétration du produit dans les premiers cm du sol. L'idéal pour y parvenir étant de réussir à intervenir sous une pluie (dans la limite de la portance du sol) ou juste avant celle-ci. 
Les homologations récentes des microgranulés Trika Super ou Trika Perfect, sont également des solutions autorisées mais leur efficacité sur noctuelles reste à préciser. Ces microgranulés doivent être incorporés à 4 cm au moins donc sans diffuseur. En raison du coût de ces solutions et du caractère aléatoire des attaques de noctuelle, il est préférable de les réserver aux parcelles à risque taupins avéré. Généralement, les attaques s’estompent à partir de 4-6 feuilles, lorsque le collet commence à s’épaissir. 


N'hésitez pas à consulter le Tableau récapitulatif des insecticides autorisés en Colza – 2025

 

Vos contacts régionaux

  • Quentin Level (q.level@terresinovia.fr) - Sud Nouvelle Aquitaine, Gers, Hautes-Pyrénées ( Remplaçant d'Arnaud Micheneau) 
  • Quentin Lambert (q.lambert@terresinovia.fr) – Centre et Est Occitanie
  • Alexandra Denoyelle (a.denoyelle@terresinovia.fr) – Auvergne-Rhône-Alpes et Provence-Alpes-Côte d’Azur