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Plan de sortie du phosmet : leviers testés et perspectives attendues

02 déc. 2025

Un collectif d’acteurs de la recherche, publique et privée, et du développement agricole s’est mobilisé sur l’ensemble du territoire sur la gestion des ravageurs d’automne du colza.

Le phosmet était le dernier insecticide efficace pour protéger les colzas des attaques d’altises d’hiver et du charançon du bourgeon terminal dans les zones de résistances aux pyréthrinoïdes. Depuis son retrait, la filière colza et les pouvoirs publics ont mis en œuvre le Plan de sortie du phosmet de 2022 à 2025 (1). Son objectif était d’identifier et déployer des stratégies alternatives pour réduire durablement les ravageurs d’automne du colza. Ce programme a donc développé et testé une diversité de leviers appliqués à plusieurs échelles dans une perspective de gestion intégrée des ravageurs d’automne du colza. La plupart des projets du Plan de sortie du phosmet s’achèvent fin 2025 (encadré : Colloque final – 24 mars 2026 à Paris).

Des leviers prometteurs

Certains projets présentent des résultats prometteurs. C’est le cas de la manipulation du comportement de l’altise par l’utilisation de plantes de services et des composés qu’elles émettent. Des brassicacées plus attractives que le colza (navette, chou chinois, radis chinois) ont été caractérisées et testées dans diverses stratégies au champ et à l’échelle du territoire (Ctrl-Alt, Inrae ; Adaptacol², Terres Inovia et partenaires régionaux). En parallèle, les composés qu’elles émettent ont été identifiés et formulés afin d’optimiser le détournement de l’altise du colza soit par des composés dissuasifs (Colzactise, De Sangosse et Inrae), soit des composés volatils attractifs (Ctrl-Alt, Inrae et Agriodor). Ces travaux se poursuivent pour confirmer les efficacités au champ et concevoir les stratégies applicables par les agriculteurs.

Autre exemple, l’utilisation d’acariens prédateurs du sol pour réduire les dégâts causés par les larves d’altises (Moplah, Evolutive Agronomy). Les premiers résultats en laboratoire témoignent d’un bon potentiel de prédation de certaines espèces d’acariens compatibles avec les conditions d’utilisation au champ. Ces résultats restent à confirmer, pour cela, des premiers essais en conditions réelles sont prévus à l’automne 2025.

Grâce au projet Resalt (Inrae, Innolea, Terres Inovia et dix obtenteurs), des progrès sur le levier variétal se dessinent. Chez le colza, parmi 300 génotypes élites évalués, issus des principaux semenciers français, une dizaine présentent de bons comportements face à l’altise. En complément, au sein de 150 accessions de choux, des résistances plus fortes ont été identifiées. Ces approches ouvrent la voie à une diversification des ressources génétiques sur ce critère.
Pour ces leviers, les premiers résultats prometteurs doivent encore être confirmés au champ pour espérer compléter demain la palette de moyens d’action disponibles pour les agriculteurs.

Une dynamique commune

Des actions concrètes sont déjà mises en œuvre par les agriculteurs et leurs conseillers pour appliquer des leviers de robustesse du colza face aux ravageurs d’automne. Les six comités régionaux, animés par Terres Inovia dans Adaptacol², ont contribué à l’acquisition de références sur le terrain et à leur diffusion. En guise d’exemples, depuis 2023, l’évaluation variétale intègre un critère sur le meilleur comportement vis-à-vis des ravageurs (www.myvar.fr).

De plus, depuis l’automne 2024, l’apport d’azote minéral en végétation à l’automne est rendu possible, sous conditions dans la plupart des régions (7e Programme d’actions régional nitrates (2)) et peut contribuer à favoriser l’obtention d’un colza robuste vis-à-vis des ravageurs. En complément, les plantes de services – au sein d’intercultures-pièges à base de radis chinois – contribuent à diluer la pression des ravageurs. 

En trois ans, le Plan a permis de clore certaines pistes pour mieux concentrer les efforts de développement et de transfert sur celles qui s’avèrent les plus prometteuses. Au-delà de l’identification et du déploiement de leviers de gestion, un collectif inédit d’acteurs de la recherche, publique et privée, et du développement agricole s’est mobilisé sur l’ensemble du territoire sur la gestion des ravageurs d’automne du colza (figure 1).

Figure 1: Dispositifs d’acquisition de références
​​​​​​​et de transfert conduits dans Adaptacol² (source : Terres Inovia)

 

Colloque final – 24 mars 2026 à Paris

Le Plan de sortie du phosmet touche à sa fin. L’ensemble des résultats sera présenté lors d’un colloque final, organisé à Paris le 24 mars 2026. Chercheurs, instituts techniques, acteurs de la filière et agriculteurs y partageront leurs acquis et perspectives pour la gestion durable des ravageurs d’automne du colza. Inscriptions en ligne, dans la rubrique Evénements.

 

Testés et non approuvés

Le projet Adaptacol² a contribué à obtenir un positionnement technique sur des produits non-concluants pour réduire la nuisibilité des ravageurs. Des mélanges de variétés de colza ont été testés pour détourner les ravageurs d’automne de la culture d’intérêt. Après 3 campagnes et plus 70 essais, aucune efficacité n’a pu être mise en évidence avec les variétés disponibles aujourd’hui. Des biostimulants ont aussi été testés pour réduire la nuisibilité des ravageurs. Sur les 7 biostimulants testés dans 30 essais, aucun n’a montré un effet sur le gain de biomasse, la réduction des dégâts ou le rendement. Ces pratiques sont donc déconseillées.

Pour d’autres projets, les travaux ont permis de clore le développement de solutions. Le projet Velco-A (porté par BASF) a étudié l’utilisation d’un produit de biocontrôle à base de champignon pour réduire les émergences d’altises. Malgré des résultats prometteurs au laboratoire, la variabilité des efficacités au champ n’a pu être expliqué, ce qui a conduit la firme à suspendre le développement du produit. Le projet DS-Alt (porté par De Sangosse) a exploré en 2024 un produit à base d’extraits de plantes pour gérer les altises adultes. Il a été suspendu en raison de contraintes réglementaires.

 

(1) Terres Inovia et Inrae coordonnent le Plan de sortie du phosmet, lequel s’articulent autour d’onze projets, qui mobilisent une trentaine d’acteurs de la recherche publique et privée, et une centaine d’acteurs du développement.

(2) https://www.prefectures-regions.gouv.fr/bourgogne-franche-comte/Actualites/Signature-du-7e-PAR-Nitrates

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Contact : Laurine Brillault, l.brillault@terresinovia.fr 

Lire l'article dans le n° de décembre d'Arvalis & Terres Inovia infos : ici.