08,10,51,52,54,55,57,88,67,68,77
Propyzamide : les conditions sont favorables
La forte baisse des températures associée à une humidité satisfaisante des sols sur la zone Nord-Est permet aujourd’hui d’envisager l’application de propyzamide pour la gestion des graminées adventices dans les colzas.
La forte baisse des températures associée à une humidité satisfaisante des sols sur la zone Nord-Est permet aujourd’hui d’envisager l’application de propyzamide pour la gestion des graminées adventices dans les colzas.
Le propyzamide (KERB FLO et produits génériques) est une molécule herbicide incontournable dans la gestion du désherbage des parcelles de colza fortement infestées en graminées, notamment lorsque celles-ci sont résistantes à d’autres matières actives. Le propyzamide a une action racinaire systémique sur ray-grass, vulpin, repousses de céréales (surtout blé), bromes, folle-avoine (d’hiver surtout), pâturin, vulpie et agrostis.
Bonnes pratiques d’utilisation
Certaines conditions d’application sont indispensables pour optimiser l’efficacité et préserver la durabilité de la molécule :
- Une seule application de propyzamide à 750 g/ha par campagne, de début novembre à fin décembre sur colza.
- Pas d’application sur un sol saturé en eau pour éviter ruissellements et échecs d’efficacité.
- Viser une application sur sol frais et humide. L’efficacité dépend de l’humidité du sol. Des températures inférieures à 10 °C sont vivement conseillées pour assurer la persistance d’action.
Les résultats expérimentaux montrent que l’application des produits à base de propyzamide n’est pas très sensible à la biomasse et ceci ne doit pas remettre en cause la période optimale. Attention, en raison de l’action foliaire antidicotylédones de l’aminopyralide, respecter un délai sans pluie pour les produits IELO / YAGO / BIWIX / DITOP. Les applications trop tardives (au-delà de novembre) manqueront d’efficacité antidicotylédones.
Mélange herbicide + insecticide : quelle conduite adopter ?
Il est toujours tentant d’économiser un passage en associant l’herbicide et l’insecticide. Mais cela est parfois une mauvaise économie.
En premier lieu, il convient de s’interroger sur la nécessité de l’insecticide. Pour mémoire, le seuil indicatif de risque est de 5 larves par pied pour des colzas bien développés et de 2 à 3 larves par pied pour des petits colzas ou des colzas mal implantés avec des faims d’azote.
Dans les secteurs avec des résistances fortes aux pyréthrinoïdes (secteur SKDR), le mélange MINECTO GOLD + propyzamide est fortement déconseillé par l’institut pour des raisons de comptabilité et d’efficacité. MINECTO GOLD doit impérativement être associé à un adjuvant huileux (type ACTIROB). Or, la présence d’huile provoque la floculation du propyzamide, réduisant fortement son efficacité. Par ailleurs, Minecto Gold s’applique lorsque les températures sont douces et les larves actives pour maximiser son efficacité. Alors que la propyzamide s’applique par temps froid.
De la même manière dans les secteurs qui ne sont pas concernés par les résistances fortes et qui utilisent encore des pyréthrinoïdes pour la lutte contre les larves d’altise, il est souvent préférable de réaliser les interventions séparément. En effet, même si en pratique, le mélange propyzamide + pyréthrinoïdes reste possible, les conditions optimales d’application de l’insecticide (températures douces) diffèrent de celles de l’herbicide (températures fraiches).
Zone Nord & Est - Bilan de campagne soja 2025
La campagne 2025 en soja est marquée par des conditions climatiques contrastées sur la zone Nord et Est. Le printemps sec permet des semis de soja précoces et globalement réussis, même si certaines parcelles connaissent des levées irrégulières. La floraison arrive lors d’une période très chaude, stressant les plantes et limitant la disponibilité en eau. Pendant le remplissage des grains, les différences de pluviométrie entre régions entraînent des développements hétérogènes. Les parcelles arrosées obtiennent de bonnes croissances et sortent leur épingle du jeu avec des rendements atteignant jusqu’à 40-45 q/ha. Les secteurs plus secs présentent des plantes plus courtes et avec un moins bon remplissage. Les rendements sont plus décevants, de l’ordre de 15-25 q/ha et diminués par certains problèmes techniques (désherbage, nodulation, etc.).
Larves de grosses altises : les 1ers Berlèses peuvent débuter
Les captures de grosses altises adultes ont débuté précocement cette année, s’étalant de début septembre pour les secteurs les plus précoces à mi-septembre. Les premières larves commencent à être observées sur la zone Nord & Est.
Larve de grosse altise - Crédit photo : Terres Inovia
La période de surveillance via les tests Berlèse doit débuter à partir de maintenant. Ces 1ères mesures fourniront un début d’estimation quant à la quantité de larves d’altises présentes cette campagne. Compte tenu de la persistance du vol des adultes sur certains secteurs, des émergences échelonnées sont à prévoir. Il est donc fortement recommandé de refaire un test Berlèse 2 à 3 semaines plus tard.
Lire aussi : Comment faire un Berlèse ?
Vous pouvez consulter les périodes potentielles d’apparition des larves en fonction du début de la période de vol dans les BSV :
Attention à ne pas confondre les larves
| Autres diptères dans les pétioles et feuilles |
Grosse altise dans les pétioles à cette époque de l'année |
Gauche : larve de grosse altise au stade L1 |
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| Taille | 5 mm | 2 mm au stade L1 4 mm au stade L2 6 à 9 mm au stade L3 |
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| Forme | Larve allongée | Larve allongée + 3 paires de pattes | |
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N’intervenez qu’en cas de besoin
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Le risque d’avoir des dégâts nuisibles dépend de l’état de croissance du colza à l’entrée de l’hiver et de sa capacité à engager rapidement la montaison au printemps (contexte pédo-climatique, choix variétal, enracinement).
Grille de risque simplifiée adaptée au territoire
| Infestation larvaire | Risque agronomique | Indication de risque |
|
> 5 larves / |
Toutes situations | Risque fort |
| Entre 2-3 et 5 larves / plante |
Biomasse < 45 g/pied |
Risque fort |
| Biomasse > 45 g/pied ET Croissance continue sans faim d'azote (pas de rougissement, disponibilité en azote, bon enracinement) |
Risque moyen | |
| < 2-3 larves / plantes | Toutes situations | Risque faible |
Attachez une réelle importance aux fortes infestations conjuguées à des risques élevés (petit colza, faim d’azote, pivots défectueux, reprises tardives, etc.). Les dégâts sont généralement plus sévères (seuil à 3 larves par plante).
Avec quoi intervenir si nécessaire ?
Il convient en premier lieu de s'informer sur l'état des résistances selon sa région afin de prendre la bonne décision : MINECTO GOLD : autorisation dérogatoire pour le colza
Rappel : nos essais montrent qu’en l’absence de résistance forte SKDR, la lambda-cyhalothrine (Karaté Zéon dans nos essais) est le pyréthrinoïde le plus efficace, supérieur à la cyperméthrine. La deltaméthrine (Decis Protech dans nos essais) est intermédiaire. Les pyréthrinoïdes particuliers etofenprox, tau-fluvalinate, esfenvalérate sont en retrait en termes d’efficacité.
Les insecticides sont efficaces sur des larves d'altises L1 et L2
Pour être efficace, l’intervention chimique doit être positionnée, après avoir « fait le plein » de larves aux stades sensibles (L1 et L2), c'est-à-dire lorsque les larves sont encore mobiles. Dans les essais, les meilleures efficacités sont obtenues en tendance lorsque les températures moyennes ne descendent pas sous 7°C les quelques jours qui encadrent l’intervention.
Les applications de sortie hiver ne sont pas efficaces pour réduire l’impact des insectes sur les plantes.
Comment réagir face à la présence des altises dans les parcelles de colza ?
Cette année, les morsures d’altises sont observées dans plus de 80 % des parcelles des réseaux BSV du Nord-Est de la France. Ces dégâts sont causés par les petites et grosses altises qui sont actuellement bien visibles dans les parcelles et dont leurs captures en cuvettes jaunes sont plus ou moins importantes.
Une situation plus compliquée que les dernières années
Les pluies irrégulières au mois d’août sur la zone Nord&Est ont compliqué les levées des colzas qui sont en général un peu plus hétérogènes que les dernières années. Les stades des colzas sont également moins avancés. A la mi-septembre, le stade « 4 feuilles » n’est pas encore atteint pour 55 % des parcelles des réseaux BSV de notre zone (Hauts-de-France 85 % / Grand-Est 55 % /Bourgogne Franche-Comté 44 %).
Avant ce stade « 4 feuilles », nous savons que les colzas sont plus sensibles aux morsures d’altises et que la croissance de la culture peut être fortement ralentie.
Assurer une protection si la survie des levées tardives est engagée
L’intervention ne se justifie que si la culture est en péril et que la disparition de la surface foliaire est plus importante que la croissance. Le seuil indicatif de risque fixé à 8 pieds sur 10 portant des morsures et 25 % de la surface foliaire détruite, peut aider à se positionner sur l’intensité des dégâts observés et la nécessité d’une intervention. A partir de 4 feuilles, l’intervention est inutile car le colza rentre dans une phase de croissance active.
Dans le cas de dégâts causés par les petites altises, les pyréthrinoïdes (Karaté Zéon, Decis Protech, Cythrine Max ou Sherpa 100 EW) présentent encore une efficacité et une intervention doit s’envisager au dépassement du seuil indicatif de risque. De plus, présentes initialement dans les colzas de l’année dernière, il ne faut surtout pas détruire les repousses de colza pendant la phase de sensibilité des nouvelles parcelles pour éviter la migration des petites altises vers celles-ci.
En ce qui concerne les grosses altises, la situation n’est pas la même. Dans les régions où la résistance forte aux pyréthrinoïdes (SKDR) n’est pas généralisée, la lutte insecticide contre les altises adultes peut s’envisager avec des pyréthrinoïdes. En revanche, il n’existe plus de solutions insecticides efficaces contre les altises d’hiver adultes dans les secteurs où la résistance SKDR est généralisée. Des tests de produits de biocontrôle sont en cours, mais leur efficacité est limitée et demande souvent un nombre répété de passages.
Résistance aux pyréthrinoïdes des grosses altises pour chaque département
Arène Créative ClieNFarms : vers une agriculture bas-carbone dans le Grand Est
Trente acteurs du monde agricole du Grand Est se sont réunis à la Chambre d’Agriculture de l’Aube et de la Haute-Marne pour la seconde édition de l’Arène Créative ClieNFarms, le 11 septembre, à Troyes. Cet événement a permis de dresser un bilan des actions régionales à l’approche de la fin de ce projet européen.

Trois ans d’expérimentation sur des fermes pilotes
Huit exploitations agricoles pilotes ont été suivies pendant trois ans afin de tester différents leviers bas-carbone. Résultat : une réduction moyenne des émissions de GES de 0,4 teqCO2/ha/an.
La variabilité autour de cette moyenne, plutôt meilleure que les prévisions initiales, met en évidence la complexité des dynamiques en jeu. En effet, comme le rappelle Mathieu Dulot, ingénieur de développement à Terres Inovia, « les effets des leviers testés varient fortement selon les contextes pédoclimatiques et les typologies d’exploitations ». À cela s’ajoutent des facteurs extérieurs, notamment les aléas climatiques, qui influencent fortement les résultats. Le contexte économique peut également faciliter les changements de pratiques, notamment pour la fertilisation.
Les méthodes testées pour réduire l’empreinte carbone
Parmi les leviers éprouvés dans les exploitations pilotes, certains se démarquent par leur efficacité :
• La réduction des apports en azote minéral (effet sur les émissions) ;
• L’introduction de couverts d’interculture (effet sur le stockage de carbone) ;
• L’intégration de cultures de légumineuses ou de cultures à bas niveau intrants dans les rotations (effet sur les émissions).
Cependant, leur déploiement à grande échelle a soulevé des questions lors de l’Arène Créative :
• Existe-t-il des débouchés économiques suffisamment attractifs et pérennes permettant l’introduction de nouvelles cultures ?
• Quels impacts des autres productions sur les filières actuelles et sur les industries agroalimentaires locales ?
• Comment s’engager dans des modifications de pratiques et de rotations en maintenant la production et les revenus ?
Le constat partagé est clair : la réflexion à l’échelle du territoire est indispensable pour accompagner la transition bas-carbone.
L’exemple de la Scara : des primes pour accompagner les agriculteurs
La coopérative agricole Scara, première en France certifiée ISO 14067, a présenté son dispositif d’accompagnement. Grâce à cette certification, elle met en place des primes filières bas-carbone, permettant de soutenir financièrement les agriculteurs dans leurs changements de pratiques, tout en répondant aux attentes de ses clients industriels.
Adel Laoussadi, ingénieur agronome et chargé de mission environnement à la Scara, observe « une progression encourageante des volumes bas-carbone, en particulier sur l’orge brassicole et le blé ». Cette dynamique s’explique par l’efficacité des actions mises en place par la coopérative testées depuis plusieurs années. Egalement, l’expert note une demande accrue des clients engagés dans des trajectoires SBTi (Science-Based Targets Initiative). Ce standard fixé par l’association éponyme fixe, en effet, un objectif de réduction des émissions de 36 % entre 2020 et 2030 pour les céréales.
Pour atteindre ces objectifs, la coopérative déploie plusieurs leviers concrets :
• La réduction des apports d’azote d’origine minérale,
• L’adjuvantation des engrais azotés avec des inhibiteurs d’uréase et de nitrification,
• L’usage d’outils d’aide à la décision, notamment l’analyse de la sève xylémienne, qui permet d’affiner l’évaluation des besoins des cultures en éléments nutritifs, ensuite apportés par voie foliaire.
Transition bas-carbone du Grand Est : concilier économie et environnement
La journée a aussi été aussi l’occasion de mettre en avant une étude réalisée dans le cadre du projet ClieNFarms en 2025, dans laquelle différents leviers, testés dans les exploitations, ont été extrapolés à l’échelle de la diversité des territoires du Grand Est.
Elle a notamment mis en évidence le potentiel de l’agriculture du Grand Est à réduire ses émissions nettes de GES. Comme le précise Anne Schneider, chargée d’études de Terres Inovia, « le potentiel d’atténuation estimé à l’échelle Grand Est est plus élevé que celui des situations individuelles des fermes. Pour atteindre ce résultat, il faut miser sur des pratiques ambitieuses, adaptées aux réalités locales, et ne pas hésiter à repenser en profondeur les successions de cultures et leur conduite. »
Un accompagnement technique et financier des agriculteurs ainsi qu’une organisation collective sont à co-construire progressivement pour atteindre ce potentiel. Etienne Lapierre, responsable innovation de Terrasolis, rappelle, à travers l’étude prospective menée en 2024 par l’IDDRI sur le cas de la Champagne-Ardenne, la nécessité de rendre compatible la transition bas-carbone avec la réalité du tissu industriel et des emplois d’une région d’activité.
Ne manquez pas le colloque final de restitution de ClieNFarms
Après plus de quatre ans de travaux, ClieNFarms présentera ses principaux résultats, le 20 novembre à Bruxelles. Ce projet européen d’envergure, qui regroupe plus de 20 partenaires, visait à réduire les émissions de Gaz à Effet de Serre (GES) du secteur agricole d’au moins 50% d’ici 2050. Ce colloque sera aussi l’occasion de favoriser les échanges sur l'avenir de l'agriculture durable en Europe. Informations et inscriptions |
Tournesol : récolter au bon moment pour optimiser la marge économique
Dans les régions du Nord et de l’Est, les récoltes de tournesol s’annoncent particulièrement précoces pour la campagne 2025. Cette avance s’explique par des semis réalisés dès le début du mois d’avril, associés à des températures supérieures aux normales saisonnières. Dans ce contexte, quelques recommandations pour récolter au bon stade s’imposent.
Projections des dates de récoltes pour les variétés de tournesol précoce (Actualisation du 22/08/2025)
Comment reconnaitre le bon stade de récolte ?
Récolter au stade optimal demande une observation attentive du champ. Ce moment clé intervient lorsque la majorité de la parcelle présente les signes suivants :
- Le dos des capitules vire du jaune au brun,
- Toutes les feuilles sont sénescentes,
- La tige se dessèche et passe du vert au beige clair,
- Les graines affichent un taux d’humidité compris entre 9 et 11 %.
Récolter à l’humidité optimale permet de maximiser la marge économique
Une récolte en surmaturité, avec un taux d’humidité des graines réduit à 5 %, peut entraîner une baisse de marge de 55 €/ha — en l’absence de pertes de graines et sans remise aux normes d’humidité —, jusqu’à 140 €/ha en cas de perte de 2 q/ha, toujours sans correction d’humidité. Ces pertes sont à comparer à une récolte effectuée au stade optimal, soit à 9 % d’humidité.
Une récolte avec une teneur en eau élevée des graines entraîne une baisse de marge encore plus marquée. Par rapport à une récolte au stade optimal (9 % d’humidité), la marge diminue de 105 €/ha à 13 % d’humidité, de 192 €/ha à 15 % (avec 1 q/ha de pertes aux normes), et jusqu’à 312 €/ha à 18 % (avec 2 q/ha de pertes aux normes), soit le seuil maximal d’humidité permettant encore une récolte à la moissonneuse-batteuse.
Dans ces simulations économiques, le taux d’impuretés est supposé constant à 2 %, quel que soit le taux d’humidité à la récolte. Cette hypothèse tend à minimiser l’impact économique des récoltes réalisées en dehors du stade optimal.
Un bon réglage de la moissonneuse-batteuse est essentiel pour réduire les pertes et garantir la qualité des graines
Lire aussi :
Zone Nord & Est : Bilan de campagne colza 2024-2025
La campagne colza 2024-2025 s’est illustrée par de très bons rendements dans la région Nord-Est. Après des semis globalement réussis, bien que localement perturbés par les pluies estivales, le colza a profité de conditions automnales et hivernales favorables à son développement, avec des biomasses élevées et peu de carences azotées. La pression des ravageurs a été globalement faible, hormis la déprédation par les limaces, et plus localement des infestations de larves d’altises et de charançon du bourgeon terminal voire de tenthrèdes. La floraison s’est déroulée dans de bonnes conditions, soutenant une bonne nouaison. Les fortes chaleurs de juin ont accéléré la sénescence des siliques et écourté le remplissage des grains, en particulier dans le sud de la zone. Malgré cela, les rendements sont très satisfaisants dans les parcelles qui n’ont pas connu d’accidents.
Lire le bilan de campagne colza 2024-2025 complet ici : Bilan de campagne colza 2024-2025
Chanvre : c’est le débouché qui dicte le mode de récolte
Le chanvre est cultivé sous contrat avec un industriel chargé de la première transformation. Ce contrat peut fixer les modalités de récolte, en fonction des spécificités de l’outil industriel et des débouchés visés. Selon que l’on cherche à valoriser la paille — et en particulier le type de fibre — ou la graine, les pratiques de récolte diffèrent.
Débouché textile
Pour un usage textile, le chanvre est récolté à pleine ou fin de floraison, dès la libération du pollen par les fleurs mâles (90 à 100 jours après semis). Une récolte trop tardive entraîne la formation de fibres secondaires, moins adaptées aux exigences du textile.
Le type de fibre visé détermine le matériel utilisé :
- Fibres longues : La récolte doit permettre de paralléliser les pailles, et ne doivent pas excéder 1 m de long pour s’adapter aux outils de transformation du lin. La machine Hyler Sativa 200A a été développée pour cela. Les pailles étant sectionnées en 2, lors du pressage, les balles de têtes et de pieds doivent être séparées pour un teillage différencié. Ces fibres permettent de produire des vêtements 100 % chanvre.
- Fibres courtes : Récoltées avec une faucheuse à section (type Sauerburger), puis andainées et pressées (balles rondes ou carrées), la paille est ensuite acheminée vers une ligne de transformation dédiée à la production de fibres courtes. Elles sont utilisées en mélange avec du coton pour produire du fil cotonisé.
Débouché graine
Les graines mûrissent 4 à 6 semaines après la floraison. Toutefois, cette maturité n’est pas uniforme au sein d’une même inflorescence : alors que certaines graines sont déjà tombées, d’autres, situées plus haut, peuvent encore être vertes.
Une récolte trop précoce donne trop de grains verts ; trop tardive, elle provoque des pertes par déhiscence. Le stade optimal de récolte peut se résumer ainsi :
- Les enveloppes des graines situées à la base de l’inflorescence commencent à se détacher.
- Les graines situées au sommet sont encore au stade pâteux.
- Les tiges sont presque entièrement défoliées.
- Moins de 10 % des graines restent vertes (ce que l’on peut évaluer en battant des inflorescences à la main).
À ce stade, la paille est également mûre.
Bon stade de récolte du chènevis (moins de 10% de grains verts) - Crédit photo : Louis-Marie Allard Terres Inovia
Deux méthodes de récolte sont possibles :
- Récolte de la graine et de la paille en un seul passage :
Les chanvrières peuvent être équipées de moissonneuses-batteuses spécifiques, de type BAFA. On utilise généralement des becs Kemper d’ensileuse adaptés, et le rotor coupe la paille en segments de 50 à 60 centimètres.
L’ensemble des brins de paille passe dans le batteur et les secoueurs, ce qui permet d’assurer le battage complet de toutes les têtes, même en cas d’hétérogénéité de hauteur sur la parcelle.
Matériel de récolte équipé d’un bec Kemper type BAFA - Crédit photo : Louis-Marie Allard Terres Inovia
- Récolte en deux passages : d’abord la graine puis la paille :
Dans un premier temps, la graine est récoltée avec une moissonneuse-batteuse classique, à condition d’y apporter quelques adaptations simples pour éviter que les fibres de chanvre ne s’enroulent autour des éléments de la machine.
Les principales modifications à prévoir sont :
- L’ajout de tôles de protection sous la machine pour empêcher les fibres d’atteindre et de s’enrouler autour des organes hydrauliques et également de réduire l’usure du matériel liée à l’abrasivité des pailles,
- L’installation de diviseurs à l’avant pour limiter l’écrasement des plantes par les roues.
D’autres équipements peuvent aussi être utiles, comme un système de type col-de-cygne placé entre la barre de coupe et le convoyeur. Ce dispositif permet de relever la hauteur de coupe à plus de 2 mètres, afin de ne récolter que la partie haute des plantes, là où se trouvent les graines. Cela réduit considérablement l’entrée de tiges dans la machine et donc les risques d’enroulement, à l’intérieur comme à l’extérieur.
Une fois la graine récoltée, différentes étapes restent nécessaires pour récupérer et valoriser les tiges. Juste derrière la moissonneuse-batteuse, elles sont coupées au plus près du sol avec une faucheuse à section type Busatis. Elles vont alors sécher et rouir. Sous l’action des conditions climatiques (rosée, pluie, soleil) et des micro-organismes, le rouissage a pour objectif de faciliter la séparation des fibres du bois de la tige. Un à plusieurs passages de faneuse s’avèrent nécessaires pour la réussite de l’opération. Les tiges de chanvre sont alors andainées puis pressées. En attendant d’être acheminées vers les outils industriels, les balles rondes ou carrées seront obligatoirement mises à l’abri.
Séchage rapide : une étape clé pour préserver la qualité de la graine
La graine de chanvre est souvent récoltée avec un taux d’humidité élevé, généralement entre 18 et 20 %, voire davantage. Or, pour pouvoir être stockée en toute sécurité, elle doit être rapidement nettoyée puis séchée dans les 6 à 12 heures suivant la récolte, jusqu’à atteindre une humidité inférieure à 9 %. On évitera ainsi une dégradation de la graine pouvant compromettre sa qualité, en particulier pour un usage alimentaire.
Pour limiter ces risques dès la récolte, il est fortement recommandé de ventiler les bennes de transport à l’aide de souffleries, gaines ou ventilateurs. Cette aération préventive empêche les graines de chauffer et assure une meilleure conservation en attendant le séchage.
Conclusion
La récolte du chanvre ne s’improvise pas : elle doit être rigoureusement adaptée au débouché visé, qu’il s’agisse de fibre ou de graine. Chaque filière impose ses propres exigences en termes de stade de récolte, de matériel et d’organisation, conditionnant directement la qualité des produits obtenus.
La diversité des pratiques – récolte en un ou deux passages, fibre longue ou courte, paille ou chènevis – reflète la richesse des débouchés, mais suppose une bonne coordination entre agriculteurs, industriels et équipementiers.
Contre héliothis et punaise verte sur soja : quelles solutions au champ ?
Autrefois cantonnés au Sud-Ouest, la noctuelle de la tomate (ou Héliothis) et la punaise verte gagnent du terrain vers le Nord et l’Est dans les cultures de soja, portés par des étés de plus en plus chauds et secs. Discrets en début de cycle, ils peuvent causer des dégâts en floraison et au remplissage des gousses. Pour préserver rendement et qualité, la surveillance des parcelles et une stratégie de lutte adaptée sont essentielles.
Héliothis : un ravageur discret mais redoutable
Héliothis (Helicoverpa armigera) est un lépidoptère très polyphage auquel on connait plus de 100 plantes hôtes dont le soja. Il peut coloniser le soja dès la floraison et le risque débute avec l’apparition des gousses et se poursuit jusqu’à la maturité. La fécondité est élevée : la femelle peut pondre plusieurs centaines d’œufs.
Papillon héliothis sur soja - Crédit photo : Terres Inovia
Les jeunes larves (L1-L2), visibles en haut du couvert, consomment surtout le feuillage et causent peu de dégâts. En revanche, les larves plus âgées (à partir de L4) consomment les graines en cours de remplissage et sont donc dommageables. Leur présence se repère souvent sur les gousses par des trous d’environ 5 mm aux contours discontinus. Dans la gousse la graine est partiellement consommée et cela correspond globalement à la même zone consommée sur la gousse.
Larve d’Héliothis (stade L5) - Crédit photo : L-M. Allard – Terres Inovia
Les vols restent difficiles à anticiper, mais les pièges à phéromones permettent de repérer les pics de vol et donc les périodes de ponte à venir. Cette année, dans le Jura, deux pièges installés fin juin ont détecté les premiers vols début juillet, avec une activité régulière depuis.
Quelles solutions pour lutter contre Héliothis ?
Sont efficaces des solutions à base de bactéries Bacillus thuringiensis (ex Dipel DF) à positionner sur jeunes chenilles (stades larvaires 1 et 2) ou des solutions à base de baculovirus (Helicovex), à appliquer idéalement dès la détection des œufs ou des premières larves.
Toutefois, en cas de forte pression, ces méthodes montrent parfois des limites en efficacité. Face à ce constat, la filière avait sollicité une dérogation 120 jours (art 53 REG 1107/2009) pour l’utilisation de l’insecticide Altacor. Cette demande a été acceptée en Nouvelle Aquitaine et Occitanie mais n’a malheureusement pas abouti dans la région Grand Est, privant les producteurs de la région d’une solution en situation critique.
Punaise verte : un impact souvent sous-estimé
La punaise verte (Nezara viridula) est de plus en plus présente dans les parcelles de soja, notamment à la faveur des étés chauds et prolongés. Elle s’installe souvent en fin de cycle, lorsque les gousses sont bien formées et les graines en cours de remplissage.
Les adultes puis les larves (5 stades), sont généralement peu nombreux dans les premières semaines de la floraison. Mais des conditions favorables et des pontes abondantes (sous forme de plaques de 30 à 80 œufs) peuvent faciliter l'envahissement progressif des parcelles et conduire à de véritables pullulations dans les 4-6 dernières semaines de végétation jusqu’à la récolte. Les dégâts les plus préjudiciables sont causés par les larves L4 et L5, les plus voraces et dont la population augmente de manière importante en fin de cycle.
1. Oeufs de punaises groupés, 2. Punaises au stade 4, 3. Punaise adulte
Les dégâts sont liés aux prélèvements alimentaires effectués par les adultes et les larves sur les organes de la plante, surtout les gousses (malformations, dessèchements prématurés et même des avortements) et les graines (baisse du poids).
Dégâts de punaises vertes sur graines de soja selon un gradient d’intensité (graine saine à gauche, graine très touchée à droite avec un poids beaucoup plus faible).
Discrète et mobile, la punaise se cache dans le couvert végétal. La surveillance repose sur des observations régulières du feuillage et des gousses. Il faut éviter d’atteindre 3 à 4 individus au stade R6 du soja. Pour cela, il est recommandé d’observer 8 points dans la parcelle. Si on repère régulièrement la présence de quelques punaises (adultes ou larves) dans plus d’une zone sur deux alors, il est préconisé d’intervenir. A partir du stade R6 le seuil 3-4 insectes par mètre linéaire peut être retenu.
Les pertes peuvent atteindre 10 % du potentiel, soit 2 à 4 q/ha selon les situations. Jusqu’à 10 q/ha ont déjà été enregistrés sur des parcelles très touchées dans le Sud-Ouest.
Une seule substance active est utilisable, la lambda-cyhalothrine avec un délai avant récolte de 35 jours. En Agriculture Biologique, il n’existe pas de solution.
| Face à l’intensification des étés chauds, la lutte contre Héliothis et la punaise verte repose sur une surveillance rigoureuse, combinant piégeage pour héliothis et observations au champ pour la punaise. Pour faire face à une pression croissante, il devient essentiel d’étudier des leviers agronomiques préventifs tels que des cultures pièges, en complément d’interventions chimiques ciblées en végétation, lorsque celles-ci sont possibles. |
Mesurer l’indice foliaire du tournesol : un indicateur du potentiel de la culture
L'indice foliaire, mesuré à la floraison du tournesol, est un déterminant essentiel de la capacité d'interception du rayonnement incident par le couvert et donne une idée du potentiel de la culture.
Tournesol en fleur - Crédit photo : Terres Inovia
L’indice foliaire détermine la capacité de la plante à intercepter les rayons lumineux incidents. Il conditionne en grande partie l'intensité de la photosynthèse par unité de surface de sol et donc la croissance de la culture. En effet, une surface foliaire trop importante génère de l'ombre alors qu'une surface foliaire faible réduit la capacité de la plante à intercepter le rayonnement.
Un indice foliaire compris en 2,5 et 3 est un indicateur d’une bonne interception des rayons sans entraîner une consommation excessive d’eau. Hors de cette fourchette, le potentiel de rendement de la culture est impacté.
La mesure, réalisable facilement au champ, est à réaliser à la floraison du tournesol. Vidéo tuto de la mesure :
Pour faciliter le calcul, cliquez sur le lien suivant pour télécharger une feuille de calcul pré-remplie
A lire aussi : Point technique Réussir son implantation pour obtenir un tournesol robuste
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