Point sur le début de cycle du tournesol en zone Nord&Est
Contrairement aux 2 dernières campagnes, les conditions de cette année ont été favorables aux préparations des parcelles et aux implantations des tournesols. L’année dernière, à la mi-mai, des semis et surtout des re-semis avaient encore lieu. Cette année, toutes les parcelles de tournesol (sauf celles derrière CIVE) sont semées. On estime, malheureusement, une baisse de la sole tournesol sur la zone.
Une levée dans l’ensemble rapide
Les premiers semis ont débuté fin mars pour les zones les plus précoces et se sont étalés sur le mois d’avril. Pour les semis d’avril, les levées ont été dans l’ensemble rapides. Les températures moyennes ont plutôt été chaudes et supérieures à la normale. Malgré un déficit de pluie, les quelques averses et le maintien de la fraicheur lors des préparations de sol ont permis une germination et une croissance rapide. A la mi-mai, les stades vont de 1eres feuilles opposées à 6 feuilles pour les premières dates de semis.
Des dégâts de ravageurs limités
Comme chaque année, des dégâts d’oiseaux, de limaces ou de ravageurs souterrains ont pu être observés, mais le pourcentage de parcelles avec des destructions de plantes importantes et nécessitant un re-semis est beaucoup moins élevé que les 2 dernières années. Avec les conditions sèches actuellement, des dégâts de lapins et de lièvres, cherchant à s’abreuver, peuvent être constatés dans les parcelles en bordures de bois ou de talus.
Une efficacité des désherbages chimiques parfois limite
La faible pluviométrie et le vent régulier pendant le mois d’avril ont limité les efficacités des herbicides appliqués au semis. Cela demande un rattrapage à base de Viballa pour des flores spécifiques (chénopodes, mercuriales, Ambroisie). Pour les parcelles semées au semoir monograine, le passage d’une bineuse peut également limiter l’enherbement. Des parcelles présentent des salissements importants en chardons qu’il est possible de détruire en cas de choix d’une variété Express Sun permettant l’application du produit Express SX.
Début de colonisation des tournesols par les pucerons
Depuis 1 semaine, les parcelles de tournesol présentent une colonisation des pucerons du prunier. On note pour l’instant peu de crispation du feuillage. La crispation du feuillage est avant tout une variable d’alerte qui doit inciter à observer les colonies de pucerons sur plante. Les références historiques indiquent qu’une nuisibilité est à craindre si l’on dénombre plus de 50 pucerons par plante. En présence de crispation, il est recommandé de suivre la dynamique des populations de ravageurs qui peut croitre rapidement ou au contraire se réduire grâce aux auxiliaires.
Lire aussi : Les auxiliaires, alliés essentiels pour protéger le tournesol du puceron vert
Crédit photo : Clarisse Guiziou-Jaouen
Etat des pois chiche dans le Sud - mai 2025
Les pois chiches sont actuellement en fin de phase végétative. Il est maintenant temps de préparer la floraison avec ses risques associés : l’ascochytose et/ou l’héliothis.
Semis
Le début de campagne 2025 est marqué par un temps plutôt instable depuis les semis sur les principaux bassins de production (Sud-Ouest, Centre-Ouest et Sud-Est). Les semis ont été plutôt tardifs (notamment dans le Sud-Est) et les créneaux de semis rares. La majorité des semis ont été réalisé en mars, sur la première quinzaine (janvier à début avril selon les secteurs).
Levées
Malgré des températures plutôt fraîches, la culture a levé de façon homogène et aujourd’hui les peuplements seront non limitants pour la mise en place des composantes de rendement. Les nodosités sont en place dans le bassin Sud. On note quelques resalissements de parcelles dû aux pluies. Les toutes premières parcelles arrivent aujourd’hui à début floraison (Sud-Est et Sud-Ouest) et le stade majoritaire est autour de 10 feuilles.
Le stade floraison est un moment critique pour la protection contre les bioagresseurs. A ce jour, l’état sanitaire est plutôt sain mais les premiers symptômes, en bas de plante, peuvent être présents. Pour l’héliothis, malgré quelques toutes premières captures dans nos pièges (Aude, Vaucluse…) le stade critique débutera lors de l’apparition des gousses.
Ces risques sont à moduler en fonction des secteurs de production, voir les articles dédiés.
Lutte contre l’ascochytose, maladie principale du pois chiche
L’ascochytose (Ascochyta rabiei), est la maladie principale du pois chiche. C’est aussi le bioagresseur le plus courant et le plus préjudiciable pour la culture sur tout le territoire. Il existe plusieurs voies de contamination, la plus courante étant la voie aérienne (vent, splashing…) puis une propagation dans la parcelle, en cours de cycle, souvent durant la phase reproductive
Attention cependant, la semence peut également être vectrice : cette contamination, dite « primaire » est très préjudiciable - Voir article implantation du pois chiche
Les tous premiers symptômes sont apparus fin avril. A ce jour, ils sont peu fréquents et peu intenses mais il convient d’être réactif dès lors que la maladie est détectée. Les conditions sont actuellement réunies pour observer des contaminations.
Le développement de l'infection est possible entre 5°C et 30°C, avec une température optimale autour de 20°C. Si l'humidité relative (HR) est supérieure à 98%, avec 20°C, il faut au minimum 7h pour déclarer l'infection, et 17h pour une infection sévère.
Le cycle de contaminations secondaires est très rapide, (4 à 5 jours)
Reconnaitre l’ascochytose et limiter son apparition ?
Quelle stratégie adopter lorsque la maladie est présente ?
Application d’une protection dès l’observation des premiers symptômes afin de protéger la période de floraison est préconisé. Si l’application est tardive, avec des symptômes déjà bien installés, privilégier des spécialités commerciales à base de triazoles ou sdhi.
Exemple de stratégie possible :
Gestion d’héliothis, un ravageur de plus en plus présent
A la faveur d’étés chauds et secs qui se répètent, l’héliothis entraine de plus en plus régulièrement des dégâts dans les parcelles de pois chiche. Les campagnes 2024, 2023 et 2022 en sont de bons exemples. Sur ces campagnes, en fonction des secteurs, et de l’année, la pression a été telle que la gestion en parcelle a pu être très difficile. Le Sud-Ouest et le Sud-Est sont les principaux bassins touchés à ce jour.
Extrait du BSV - 12 juin :
Sud: Risque moyen, à fort pour les parcelles les plus précoces, à l’Est du territoire. Grande vigilance pour les prochaines semaines. La grande majorité des parcelles vont entrer dans la période de risque d’ici les prochains jours. Soyez attentif. Les conditions climatiques actuelles sont propices à l’activité du ravageur.
L’héliothis, c’est quoi ?
L’héliothis ou noctuelle de la tomate, appartient à la famille des lépidoptères et touche de nombreuses espèces cultivées : légumes plein champ (melon, tomate, haricots, etc.), maïs, sorgho, soja ,... Ce lépidoptère peut être très préjudiciable à la culture via son impact direct sur le potentiel de rendement mais aussi sur la qualité des graines. On considère que les dégâts peuvent atteindre 30 à 40% de perte de rendement et peuvent même aller jusqu’à 90% dans les situations les plus propices au ravageur.
Gestion du risque héliothis
La lutte repose sur le suivi des papillons et la détection des pics de vol, qui annoncent de prochaines pontes. En effet, ce sont les larves qui s’alimentent des graines en formation. Le suivi du ravageur passe par le piégeage des papillons mâles via des pièges à phéromone de type Funnel. Le piégeage n’est qu’un indicateur du vol : il permet de détecter le début de vol, la cinétique et les pics. Ce n’est pas un outil de lutte contre le ravageur.
Pour l'Occitanie, Les informations de piégeage sont transmises via le BSV en Occitanie.
Heliothis est attiré par l’apparition des premières fleurs. La phase de risque débute lorsque les plantes atteignent le stade « premières gousses ». Le cœur de la phase de risque s’étend entre les stades « premières graines » et « remplissage des graines », le risque prend fin avec l’apparition des premiè-res gousses mûres.
Dans la période de risque et lorsqu’un pic de vol est observé il est conseillé de déclencher une protection (voir solutions autorisées ci-après). Attention, le ravageur étant polyphage, il se peut que, malgré le pic de vol et la culture dans la phase de risque (ex : stade premières graines), les pontes soient réalisées sur une autre culture plus attractive au moment du vol.
On note deux à trois générations par an (mais il peut en avoir jusqu’à quatre). Généralement, il y a deux générations durant le cycle du pois chiche.
Les jeunes larves, dites L1, L2 consomment surtout du feuillage, elles restent sur le haut du couvert et sont plus faciles à détecter. A ce stade, elles ne causent que peu de dégâts. Les larves L3, L4 consomment particulièrement les graines en cours de remplissage, elles sont donc dommageables à la culture. Elles restent cachées dans les gousses, à l’intérieur du couvert et on note leur passage par les trous laissés sur celles-ci après leur passage.
Des dynamiques multi-partenariales Sud-Ouest pour répondre aux enjeux de l’héliothis
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Dérogation 120j ALTACORAfin de répondre aux enjeux de la lutte contre le principal ravageur de la culture, une demande de dérogation 120 jours (art 53 REG 1107/2009) déposée auprès du Ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté Alimentaire par TERRES INOVIA en accord avec FMC a reçu un avis favorable. La spécialité commerciale ALTACOR (AMM 2100122, FMC) bénéficie d’un usage dérogatoire pour la campagne 2025, du 25 avril au 23 août 2025 pour le pois chiche au sein de l’usage Légumineuses potagères (sèches)*Trt Part.Aer.*Chenilles phytophages (uniquement pois chiche). ALTACOR est composé de chlorantraniliprole (350g/kg) et est autorisé à la dose maximale d’emploi de 0,07 kg/ha des stades BBCH40 à BBCH89 en 1 application maximum (délai de rentrée : 6 heures et délai avant récolte : 14 jours). Plus d’informations sur l'article dédié: Dérogation Altacor 2025 |
Stratégies de lutte contre héliothis
Avec Altacor
Sans Altacor
Voir conditions d’emploi sur ephy.anses.fr
La stratégie de lutte contre l’héliothis vise à atteindre les jeunes larves (L1, L2). L’efficacité des solutions disponibles sur les larves les plus développées (L3, L4) est moindre, il faut donc positionner la protection le plus tôt possible après les pontes.
Nos essais 2024 démontrent que les populations d’héliothis sont résistantes aux pyréthrinoïdes : l’efficacité de cette famille d'insecticides n’a donc plus d’intérêt dans la lutte contre le ravageur. Privilégier les solutions alternatives comme les solutions à base de Bt (Dipel DF, Xentari, Delfin par ex), de baculovirus (Helicovex) ou Altacor (dérogation campagne 2025 120 jours, art 53 REG 1107/2009). Les solutions à base de Bt comme par ex Dipel DF et Helicovex sont sensibles au lessivage par les pluies (respectivement 20 mm pour le Bt et 50 mm pour Helicovex - source firme). Leur niveau de rémanence d’action est d’environ 10 jours.
Pour protéger les abeilles et autres insectes pollinisateurs, ne pas appliquer durant la floraison ou en période de production d'exsudat, à l'exception des usages bénéficiant de la mention abeille (F, PE, FPE) ou emploi possible. L'arrêté du 20 novembre 2021 encadre les horaires d’application : dans les 2 heures qui précèdent le coucher du soleil et dans les 3 heures qui suivent le coucher du soleil.
Le désherbage du soja évolue avec l’autorisation à titre dérogatoire de l’ISARD
Autorisation de Mise sur le Marché
Suite à la demande portée par Terres Inovia, Unilet et Légumes de France le 10 février dernier, le Ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté Alimentaire a accordé le 23 avril, à titre dérogatoire, une autorisation de mise sur le marché 120 jours pour ISARD /SPECTRUM / ENCARIT (art53 – REG 1107/2009). Cette autorisation porte notamment sur la culture de soja du 22/04/2025 au 14/08/2025.
Cette dérogation s’inscrit dans le cadre du retrait du S-métolachlore dont le délai de grâce a pris fin au 23/07/2024 pour les dernières utilisations. Tandis que la gestion par voie racinaire des fortes pressions de graminées estivales, apparait aujourd’hui préférable en soja, aucune solution homologuée ne constitue une réelle alternative, alliant spectre d’efficacité et sélectivité au niveau du s-métolachlore.
ISARD bénéficie d’une AMM sur soja à la dose de 1.2 l/ha (recommandations d’usage de 0.7 à 0.9l/ha, voir ci-après)
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ISARD est composé de dmta-P à 720 g/l, apportera une réponse efficace aux pressions de graminées en particulier estivales, voire en ray-grass de manière plus partielle, avec quelques bénéfices en dicotylédones, notamment chénopodes, morelles ou encore laiterons. Les recommandations d’usage varient selon les situations, de 0.9 l/ha en utilisation seule et/ou forte pression graminées, à 0.7 l/ha en pression faible à modérée, ou utilisation associée à une autre solution de pré-levée. |
Il est accompagné des mentions :
- Protection des organismes aquatiques
Spe3 - Pour protéger les organismes aquatiques, respecter une zone non traitée de 20 mètres par rapport aux points d'eau.
- Protection des arthropodes et des plantes non cibles
Spe3 - Pour protéger les plantes non ciblées, respectez une zone tampon non traitée de 5 mètres par rapport à la zone non cultivée adjacente.
- Protection de l’eau et de l’environnement
Spe1 - Pour protéger les eaux souterraines, ne pas appliquer ce produit
ou tout autre produit contenant du diméthénamide-P plus d’une fois tous les 2 ans sur la même parcelle.
Spe1 - Pour protéger les eaux souterraines, ne pas utiliser sur une parcelle située dans le périmètre de protection d’un captage pour l’alimentation en eau potable.
Cette dernière restriction sur les périmètres, mise en place par le Ministère est inhabituelle dans les AMM et s’applique aux captages de prélèvements en eaux souterraines. Elle concerne les périmètres de captage en eaux souterraines dans leur différents niveaux (immédiat, rapproché et éloigné) qui représentent en général des surfaces restreintes (sauf certains périmètres en zones karstiques). Cette restriction ne présage pas du contenu des futurs renouvellements d’AMM ou des AMM par extension (ex : tournesol et soja) toujours en attente (ANSES). L’information sur ces périmètres de captage de prélèvement d’eau souterraine
est à rechercher auprès des Chambres départementales d’Agriculture ou des DRAAF-SRAL.
Alternatives à l’Isard dans les périmètres prioritaires de captage en :
L’usage de l’Isard n’est pas permis dans ces situations, ce qui complexifie indéniablement la gestion des graminées. Par conséquent, les alternatives envisageables sont :
- Successor 600 à base de péthoxamide, 1,5 à 2 l/ha. Performante en sétaire et digitaire, cette solution reste en retrait sur panic.
- Les solutions à base de pendiméthaline telles que Atic-Aqua, Prowl. Face au risque de manque de sélectivité en sols filtrant, bien tenir des recommandations de doses.
- Les anti-graminées foliaires (Stratos Ultra, Agil, Fusilade Max, etc.). Afin d’éviter tout risque d’antagonisme, il est préférable de dissocier l’application de Pulsar et d’antigraminées foliaire avec un intervalle d’une semaine (Pulsar ou Corum puis antigraminées foliaire).
Arnaud Micheneau (a.micheneau@terresinovia.fr)
Ingénieur de Développement. Lutte contre la flore adventice. - Responsable herbicides
Lutte contre l’héliothis (noctuelle de la tomate) du pois chiche - Dérogation 120 jours ALTACOR®
L’héliothis (Helicoverpa armigera) peut s’attaquer au pois chiche, dès le début de la floraison avec une phase de risque importante dès l’apparition des gousses et jusqu’à l’entrée en maturité de la culture. Le ravageur impacte le potentiel de rendement et la qualité des graines sur les parcelles touchées. La pression héliothis a été très importante ces deux dernières campagnes.
Cette année, les semis se sont déroulés de mi-décembre dans le Sud-Est à début avril pour les secteurs de production dans le Centre-Ouest. Dans le Sud-Est, les conditions climatiques de la fin d’hiver ont été pluvieuses, entraînant des retards à la levée et des resemis. Pour les autres secteurs de production la levée a été correcte. Les parcelles vont entrer en floraison d’ici 2 à 3 semaines pour les parcelles les plus précoces.
Afin de répondre aux enjeux de la lutte contre le principal ravageur de la culture, une demande de dérogation 120 jours (art 53 REG 1107/2009) déposée auprès du Ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté Alimentaire par TERRES INOVIA en accord avec FMC a reçu un avis favorable. La spécialité commerciale ALTACOR (AMM 2100122, FMC) bénéficie d’un usage dérogatoire pour la campagne 2025, du 25 avril au 23 août 2025 pour le pois chiche au sein de l’usage Légumineuses potagères (sèches)*Trt Part.Aer.*Chenilles phytophages (uniquement pois chiche).
ALTACOR® est composé de chlorantraniliprole (350g/kg).
ALTACOR® est autorisé à la dose maximale d’emploi de 0,07 kg/ha des stades BBCH40 à BBCH89 en 1 application maximum.
Délai de rentrée : 6 heures Délai avant récolte : 14 jours
Protection de l’eau et de l’environnement
• SPe 1 : Pour protéger les organismes aquatiques, ne pas appliquer ce produit ou tout autre produit contenant du chlorantraniliprole plus d'une année sur deux sur les sols artificiellement drainés.
• SPe 2 : Pour protéger les organismes aquatiques, ne pas appliquer sur sol artificiellement drainé ayant une teneur en argile supérieure ou égale à 45 %.
Protection des organismes aquatiques, des arthropodes et des plantes non cibles
• SPe 3 : Pour protéger les organismes aquatiques, respecter une zone non traitée de 20 mètres comportant un dispositif végétalisé permanent non traité d’une largeur de 5 mètres en bordure des points d’eau.
• SPe 3 : Pour protéger les arthropodes non-cibles, respecter une zone non traitée de 5 mètres par rapport aux zones non cultivées adjacentes.
Protection des abeilles
• SPe 8 : Peut être dangereux pour les abeilles. Application possible durant la floraison et sur les zones de butinage, en dehors de la présence d’abeilles, dans les 2 heures qui précèdent le coucher du soleil ou les 3 heures suivant le coucher du soleil.
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Dose ALTACOR® à appliquer : 0,07 kg/ha Une seule application autorisée par campagne que l’on positionnera en début de programme une fois entrée dans la période de risque et en présence de capture significative de papillons (via réseau de piégeage). L’efficacité d’ALTACOR® est dépendante de la qualité de l’application, adapter le volume de bouillie à la végétation pour en recouvrir la totalité (viser à minima 300 l/ha de bouillie) et du stade des larves (meilleure efficacité sur stades jeune L1-L2). Si les captures d’héliothis se poursuivent, la protection pourra être complétée dans la suite du cycle par des spécialités autorisées à base de Bacillus thuringiensis (Dipel DF, Xentari, Delfin…) ou de baculovirus (Helicovex). |
Pour plus d’informations sur l’héliothis du pois chiche, un article plus complet sur la stratégie de gestion d'héliothis sera disponible très prochainement
- Laurent Ruck - l.ruck@terresinovia.fr - Ingénieur de développement - Protection intégrée des cultures Intrants & Biocontrôle
- Quentin Lambert – q.lambert@terresinovia.fr - Référent national pois chiche et régional Centre et Est Occitanie
Etat des cultures – Pois chiche – Visites d’implantation du 22 avril 2025
En Poitou-Charentes, les pois chiches semés entre début et fin mars sont au stade 4 à 9 feuilles. Les peuplements sont souvent en dessous de l’objectif de 50 plantes levées / m². Les enracinements sont bons et les premières nodosités commencent à se former pour les semis de début mars.
À l’exception de quelques symptômes très localisés de mouche mineuse, aucun dégât de ravageurs ou de maladies n’est à déplorer pour le moment.
Dans l’ensemble, l’enherbement est plutôt faible malgré la présence de renouée liseron, de mercuriale, de ray-grass et de chardon sur certaines parcelles. Un passage de herse étrille ou de houe rotative reste envisageable jusqu’au stade 8-10 feuilles pour les parcelles concernées.
Enfin, des symptômes de phytotoxicité sont observés sur plusieurs parcelles avec parfois jusqu’à 25 % des pieds atteints. En cas de désherbage chimique en prélevée avec KERB FLO, veillez à effectuer le traitement suffisamment en amont de la levée pour éviter tout risque de phytotoxicité.
Guillaume Lamy - Ingénieur Stagiaire - Lentille et Pois chiche zone Centre & Ouest
Réduction de la phytotoxixcité herbicide par les biostimulants, pas d’intérêt observé dans les essais Terres Inovia
Ces dernières années, l’association de l’herbicide de post levée à un biostimulant visant à réduire l’impact de la phytotoxicité de l’herbicide, s’est installée de façon généralisée dans le sud-ouest. L’intérêt de ces solutions suggère deux préalables. D’une part l’impact négatif sur le rendement de l’herbicide de post-levée et d’autre part la compensation par un biostimulant de cette perte supposée. Sur ces deux aspects, Terres Inovia a souhaité apporter des premiers éléments de réponses par la mise en place d’essais expérimentaux en 2023 et 2024
Evaluation de l’impact de l’imazamox sur les performances du soja
L’application d’un herbicide n’est jamais neutre pour la culture qui le reçoit. Les conséquences pour la culture s’observent selon 3 critères visuels : la réduction de vigueur, la décoloration et la déformation des plantes. Un quatrième critère, le plus important mais non observable à l’œil, est celui de la diminution de rendement.
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Figure 1 : Symptôme de décoloration du soja consécutif à une application d'imazamox |
Ce dernier critère est d’autant plus difficile à évaluer autrement que par la pesée, qu’il n’est pas toujours corrélé aux critères visuels. Dans le cas du soja, les symptômes liés à l’application des herbicides telles que l’imazamox ou la bentazone peuvent être fréquemment observés. Dans le cas de la bentazone, des marquages blancs de
Figure 2 : Réduction de vigueur du soja suite à une application d'imazamox (à droite) par rapport au témoin non traité ( à gauche)
5 essais ont été conduits depuis 2016 afin d’évaluer l’impact de l’imazamox sur le soja, dans des conditions variées du sud-ouest (4 essais) et de la Côte d’Or (1 essai), plus ou moins favorables au manque de sélectivité de l’imazamox. La réduction de vigueur et la décoloration du feuillage sont observées de façon systématique. Le fractionnement de la dose en 2 applications à 0.625 l/ha avec adjuvantation induit des symptômes plus marqués qu’une application unique à 1.25 l/ha non adjuvantée. Ces symptômes notés 15 jours après le premier passage (dans le cas du fractionnement), s’estompent déjà lors de la seconde application 10 jours plus tard. Les résultats obtenus sur 3 essais en 2023 et 2024 ne font pas apparaitre d’impact significatif du Pulsar 40 aux doses des 0.625 l/ha +huile ni à 1.25 l/ha, sur le rendement comparativement au témoin non traité (désherbage manuel), confirmant ainsi les résultats déjà obtenus sur 2 essais en 2016.
Graphique 1 : Notes de sélectivité du Pulsar 40 en double application (0,625l/ha + huile) 0 15 jours après le T1 (à gauche) puis 15 jours après le T2 (à droite)
Graphique 2 : Comparaison de rendement du soja entre témoin non traité (désherbage manuel) et modalités avec Pulsar 40 en double application (0,625 l/ha + huile) ou simple application à 1,25 l/ha.
Aucun bénéfice mesuré des biostimulants évalués
En 2024, 2 essais (département 31 et 64) ont permis d’évaluer l’effet de 4 biostimulants sur les symptômes de phytotoxicité causés par l’imazamox aux doses de 1.25 l/ha et en double application à 0.625 l/ha + huile. Il s’agit des produits Kaïshi ; Delfan, Agroptim Sunset et Megafol (dont l’allégation vis-à-vis des stress induits par la phytotoxicité n’est plus soutenue à ce jour par la firme). A noter qu’un seul essai (dans le 64) est retenu pour l’analyse du rendement, l’essai du 31 n’étant pas statistiquement valide. Ces essais viennent enrichir les références obtenues sur 2 essais en 2023, étudiant essentiellement le Kaïshi associé au Pulsar aux mêmes doses.
Concernant les réductions des symptômes de phytotoxicité, il n’apparait pas de bénéfices apportés par les solutions testées, pas même dans les situations où les marquages d’imazamox ont été les plus importants (départements 47 en 2023 (uniquement Kaïshi évalué en 2023) et 64 en 2024).
Les rendements mesurés en 2023 et 2024 sur 3 essais ne font apparaitre aucun bénéfice lié à l’utilisation du Kaïshi en 2023 et 2024 sur 3 essais, ni de Delfan, Agroptim Sunset et Mégafol en 2024, sur 1 essai, bien qu’ayant visuellement fortement réagit aux marquages d’imazamox.
En conclusion
Alors que des symptômes marqués d’imazamox peuvent survenir sur soja, il n’apparait pas d’impact significatif sur le rendement, dans des conditions d’application proches des recommandations voire au-delà (résultats 2023 non présentés avec Pulsar 1l/ha + huile). De même, aucun effet additionnel sur le rendement n’a pu être obtenu à partir des solutions de biostimulants évaluées. En conséquence, ces résultats ne permettent pas de justifier l’investissement de 25-30€ par hectare dans les solutions testées, visant à préserver le rendement d’une éventuelle perte de rendement liée aux applications d’imazamox.
Enfin, rappelons que le respect des bonnes conditions d’application des herbicides de prélevée, en termes de dosage, stade de la culture et conditions de milieu, reste la clé d’un équilibre préservé entre efficacité et sélectivité de la culture.
Graphique 3: Notes finales de sélectivité comparées entre Pulsar en double application utilisé seul ou associé aux solutions de biostimulants 15 jours après le T2 (NB : tendance équivalente lors de la première note de sélectivité à T1 + 15 jours).
Graphique 4 : Rendement obtenu sur soja après double application de Pulsar 60 (0,625 l/ha) utilisé seul, ou associé à différentes solutions de biostimulants
Votre contact régional
- Arnaud Micheneau (a.micheneau@terresinovia.fr) - Sud Nouvelle Aquitaine, Gers, Hautes-Pyrénées
- Quentin Lambert (q.lambert@terresinovia.fr)- Occitanie
- Laura Cipolla (l.cipolla@terresinovia.fr) - AURA & PACA
Les auxiliaires, alliés essentiels pour protéger le tournesol du puceron vert
Le puceron vert du prunier représente le principal insecte parasite sur la culture de tournesol. Cependant, les auxiliaires jouent un rôle clé dans sa régulation. Leur présence précoce sur les parcelles permet souvent de contrôler efficacement les populations de pucerons. En revanche, si les auxiliaires arrivent trop tard par rapport à une infestation importante ou si les pucerons prolifèrent rapidement avant la formation du bouton floral, une intervention peut devenir nécessaire.
Miser sur les auxiliaires
Comme pour de nombreuses espèces de pucerons, les auxiliaires sont essentiels pour limiter les populations. Les prédateurs tels que les coccinelles, les syrphes, les chrysopes et certaines punaises, ainsi que les mycoses, peuvent contribuer à réduire les infestations. Les hyménoptères parasites, quant à eux, agissent plus tardivement, souvent à l'approche de la floraison.
Pour favoriser l’installation des auxiliaires et maximiser leur efficacité, il est important de tolérer une certaine présence de pucerons, tant que le seuil de traitement n’est pas dépassé. Dans les régions chaudes, ces auxiliaires parviennent généralement à maîtriser les populations sans recours aux insecticides. Cependant, dans les régions plus froides, un décalage entre l’apparition précoce des pucerons et l’activité des auxiliaires, comme les coccinelles, peut compliquer la régulation naturelle.
Coccinelle et pucerons verts sur tournesol - Crédit photo : L. Jung
Raisonner la lutte
La gestion des pucerons doit se faire en fonction de l’état du feuillage du tournesol. En effet la présence des pucerons est révélée par une crispation des feuilles. On distingue trois cas :
- Plantes normales : feuilles terminales lisses ou légèrement frisées, sans infestation notable.
- Plantes légèrement atteintes : feuilles frisées avec quelques pucerons, signes de crispation modérée.
- Plantes sévèrement atteintes : feuilles fortement déformées, cloquées, avec une présence importante de pucerons.
Une intervention insecticide est recommandée lorsque plus de 10 % des plantes présentent des crispations avant la formation du bouton floral.
Symptômes de crispations sur feuilles - Crédit photo : L. Jung
Éviter les traitements précoces
Au vu de la période de vol des pucerons ailés et des risques de ré-infestation du tournesol, des interventions trop précoces peuvent nécessiter un renouvellement de la protection, d’autant plus que la faune auxiliaire aura été décimée par cette première intervention. Il faut en revanche être très vigilant à partir de l’apparition des premiers pucerons pour vérifier régulièrement si les phénomènes de crispation sur feuille demeurent dans la limite du tolérable, des infestations pouvant être parfois explosives.
Une nuisibilité généralement modérée
Souvent plus spectaculaires que réellement nuisibles, l’impact des pucerons varie selon le stade de la plante. Plus l’infestation est précoce, plus les pertes potentielles sont importantes. Toutefois, une fois le bouton floral formé, les pertes sont généralement négligeables. La nuisibilité est de l’ordre de 2 et 3 q/ha en cas d’attaque significative, dépassant rarement 4 q/ha.
Si une intervention est nécessaire : quelles solutions ?
Protection des abeilles et autres pollinisateurs durant la floraisonLa phrase SPe8 définit les conditions suivantes : Dangereux pour les abeilles. Pour protéger les abeilles et autres insectes pollinisateurs, ne pas appliquer durant la floraison ou selon les Autorisations de Mise en Marché (AMM) plus anciennes, ne pas appliquer durant la floraison ou en période de production d’exsudats. L’application est possible pour les usages bénéficiant des mentions « emploi possible », emploi autorisé durant la floraison en dehors de la présence d’abeilles » ou pour les anciennes AMM, les mentions F, PE et FPE. L’arrêté du 20 novembre 2021 encadre les horaires d’application durant la floraison : dans les 2 heures qui précèdent le coucher du soleil et dans les 3 heures qui suivent le coucher du soleil. Cette obligation est étendue aux fongicides et aux herbicides. A terme (renouvellement des AMM), l’autorisation d’application en floraison sera conditionnée par l’AMM, toujours dans le respect des horaires. Lorsque des interdictions supplémentaires sont mentionnées sur l’étiquette des produits, elles doivent s’appliquer. |
Tournesol : Quoi de neuf dans le désherbage ?
La campagne 2025 sera la première année de culture en l’absence de S-métolachlore. Cela va-t-il générer des difficultés dans le contrôle des graminées ?
Dans les systèmes céréaliers non-irrigués, la pression des graminées demeure souvent faible à moyenne. Le panic, la sétaire et la digitaire sont les adventices les plus communes et depuis quelques années les producteurs doivent faire face à une recrudescence du ray-grass. La montée de cette problématique est essentiellement en lien avec l’augmentation du stock grainier, et le tournesol reste une culture pivot pour du ray-grass, à condition bien entendu, de ne laisser qu’un minimum d’individus passer à travers et monter à graine.
Dans les assolements irrigués, notamment en rotation avec maïs, la pression des graminées estivales demeure plus importante et nécessite une attention plus particulière.
Le désherbage du tournesol ne bénéficie pas de beaucoup de solutions, mais les solutions actuelles permettent assez facilement de surmonter ce retrait du S-métolachlore.
Les herbicides à base de pendiméthaline
De type PENTIUM FLO, FIBULE ou encore ATIC-AQUA (microencapsulée), présentent une action efficace sur panics, sétaires et digitaires. Ce niveau est en très léger retrait par rapport au S-métolachlore en fortes pressions des graminées estivales, ce qui peut être le cas en rotation avec maïs. La pendiméthaline n’est pas efficace sur ray-grass, mais présente un spectre très avantageux sur chénopodes, renouées et même morelles.
Association pendiméthaline et dmta-P
DAKOTA-P est un compromis qui réunit les qualités de la pendiméthaline et du S-métolachlore. Cet herbicide DAKOTA-P associe pendiméthaline et dmta-P. En forte infestation de graminées, son efficacité est supérieure à la pendiméthaline seule.
Contre le ray-grass, les meilleures efficacités sont obtenues avec DAKOTA-P seul à 3 l/ha. L’association la plus efficace contre ray-grass et contre l’ensemble de la flore dicotylédone et graminée se fera à la dose de 2.5 l/ha avec CHALLENGE, CHANON ou COLT à 2 l/ha ou encore avec PROMAN/INIGO à 2 l/ha.
Stratégies de désherbage
Dans beaucoup de situations en rotation avec colza, DAKOTA-P seul peut être une solution à bon rapport qualité/prix. Une stratégie avec postlevée reste toujours possible avec l’herbicide VIBALLA, pour un spectre complet rattrapant les mercuriales, ammi-majus, chénopodes, xanthiums (efficacité en retrait de l’ordre de 10-20% par rapport aux stratégies avec variétés tolérantes aux herbicides) et surtout ambroisies. En effet, VIBALLA est désormais la référence contre ambroisie. Ce type de stratégie est également envisageable avec pendiméthaline seule mais l’efficacité est en retrait sur laiterons, matricaires, helminthies et séneçons. En programme avec VIBALLA, pour conserver une efficacité suffisante contre renouée, la dose de DAKOTA-P doit rester à 2.5 l/ha.
Les programmes complets de prélevée, renforcé sur dicotylédones type DAKOTA-P ou PENTIUM FLO associé à CHALLENGE 600 ou PROMAN montrent une très bonne efficacité sur renouées, chénopodes comme sur graminées estivales. En absence de ray-grass, la dose de DAKOTA-P à 2 l/ha est dans ce cas, suffisante.
Lors d'utilisation de variétés tolérantes aux herbicides, les programmes avec imazamox (PULSAR 40, PASSAT PLUS, DAVAÏ, SUNBRIGHT) présentent un très bon niveau d’efficacité contre les graminées estivales quelle que soit la base de prélevée choisie. Les essais Terres Inovia montrent que même une base de PROMAN suffira en prélevée, ce qui peut être stratégique en situation avec ambroisie. En effet, l’imazamox en postlevée est efficace contre panics, sétaires et digitaires. Il faut cependant rester vigilant quelle que soit la flore en respectant le bon stade d’application : 1 mois après le semis. Attention, en présence de renouée liseron, une base de prélevée avec pendiméthaline reste de mise.
Pour les programmes avec Express SX, une attention particulière doit être apportée à la prélevée car le tribénuron-méthyl, lui, n’est pas efficace contre les graminées.
Initialement attendus pour un usage en 2025 deux nouveaux herbicides sont attendus à l’homologation, pour des usages désormais attendus en 2026. Le premier associera pendiméthaline et DFF. Cet herbicide est déjà vendu sous le nom de CODIX en céréales. En comparaison d’un PENTIUM FLO, son efficacité sur renouées liseron, laiterons, séneçons, helminthies et matricaires est renforcée. Il est comparable à DAKOTA-P mais en léger retrait sur graminées (-10% d’efficacité environ). Le second est simplement ISARD, à base de dmta-P, substitution de MERCANTOR.
Franck Duroueix - Responsable Protection intégrée des cultures Intrants & Biocontrôle - f.duroueix@terresinovia.fr
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