Régulateur à l’automne : à n’appliquer qu’en dernier recours pour ne pas pénaliser la culture

Les stades des colzas sont très hétérogènes en région allant de parcelles tout juste levées dans les Hauts-de-France à des parcelles ayant déjà dépassé les 6 feuilles en Bourgogne-Franche-Comté. Dans la majorité des parcelles (petit et très gros colzas), la question de la régulation ne se pose pas. Mais dans les parcelles atteignant le stade 6 feuilles dans les prochains jours, le recours à un régulateur est parfois envisagé. Attention tout de même à ne pas freiner les colzas dans un contexte où les insectes d’automne commencent à se rencontrer fréquemment dans les parcelles.

On distingue à ce jour 3 typologies de parcelles :

  • Parcelles à 7 feuilles ou plus : le traitement est maintenant inutile. Sur ces parcelles, l’élongation est souvent déjà amorcée et le traitement n’aura que peu d’efficacité.
  • Parcelles à moins de 4 feuilles : la régulation ne se pose pas dans ces dernières, souvent en peine à se développer.
  • Parcelles atteignant les 6 feuilles dans les prochains jours : le traitement ne doit être envisagé qu’en dernier recours mais peut se réfléchir en cas de risque d’élongation avéré.

Elongation du colza à l'automne - Crédit photo : Terres Inovia

Dans ce dernier cas, il est important d’évaluer le risque afin d’éviter de freiner le développement du colza au moment où les insectes d’automne commencent à s’installer dans la parcelle. En effet, l’utilisation d’un régulateur bloque la croissance de la culture pendant deux à trois semaines. Si les conditions ne sont pas favorables à une croissance vigoureuse ou que la pression des insectes est forte, cette intervention peut s’avérer pénalisante. Ainsi, lorsque le risque est faible à modéré ou que l’on observe moins de 30 pieds par m², il est préférable de ne pas utiliser de régulateur.

Pour aider à l’évaluation du risque, un OAD  existe et est disponible ici . Il reprend les critères suivants : 

  • La période d’atteinte du stade 6 feuilles : si le stade 6 feuilles est observé avant le 5 ou 10 octobre, les règles de décision s'appliquent. 
  • La sensibilité variétale : des différences de comportement s’observent dans les essais d’évaluation. Les variétés sont classées en 3 catégories de sensibilité à l’élongation automnale : forte / moyenne / faible. 
  • La densité de plantes de colza : le risque élevé est atteint si peuplement > 50 pieds/m² pour un écartement inférieur à 30 cm ou si peuplement > 15 plantes par mètre linéaire.
  • La réserve azotée disponible pour le colza : le risque élevé concerne les cas où les réserves azotées sont importantes (>100 u) ou si des apports de PRO (Produits Résiduaires Organiques) sont régulièrement effectués à l’échelle de la parcelle. 
  • L'état de croissance au moment de la décision : le risque élevé s'applique aux “gros colzas”, vigoureux et poussants, avec port en rosette, pivot bien développé et feuilles les plus développées très longues (> 20 cm entre la base du pétiole et le bord du limbe). 

 

Quand intervenir ? 

Dans les parcelles avec une densité de plus de 30 pieds/m² et à risque fort ou assez fort d'élongation et uniquement dans ces cas, intervenir avec un régulateur de croissance au stade optimum de 6 feuilles du colza. Au-delà de 8 feuilles, le régulateur freine difficilement les élongations qui sont bien souvent déjà amorcées.

Sur des colzas déjà allongés, le régulateur ne peut, au mieux, que freiner le développement végétatif des plantes et endurcir légèrement le colza. L’efficacité maximale est toujours obtenue en anticipant le phénomène d’élongation, donc avant 7 feuilles. Des conditions « poussantes » favorisent l’efficacité des produits. 

Ce type d’application n’a aucun effet direct sur le comportement du colza au printemps (pas de réduction de taille ni de verse). 

 

Caractéristiques des produits régulateurs de croissance du colza à l'automne

  CARYX SUNORG PRO et autres génériques MAGNELLO (1) MEDAX TOP (2) (3)
Composition Mépiquat-chlorure 210 g/l +
Metconazole 30 g/l
Metconazole 90 g/l Tébuconazole 250 g/l +
Difénoconazole 100 g/ha
Mépiquat-chlorure 300 g/l + prohexadione-calcium : 50 g/L
Dose d'AMM 1,4 l/ha 0,8 l/ha 0,8 l/ha 1,0 l/ha
Dose conseillée
Régulateur de croissance
0.7 l/ha 0,4 à 0,6 l/ha 0,6 à 0,8 l/ha 0,8 à 1,0 l/ha
Coût indicatif 22 € HT/ha 13 à 20 € HT/ha 22 à 30 € HT/ha 26 à 32 € HT/ha

 

(1)  Une seule application/an pour l’usage régulateur. Pas d’application possible de certains produits à base de tébuconazole (ex : BALMORA, HORIZON EW, BALTAZAR, génériques) plus tard en cours de cycle quel que soit l’usage (régulateur de croissance, cylindrosporiose, maladies fongiques des siliques, sclerotiniose).
(2)    Fractionnement possible en 2 applications à 0,5 l/ha. Respecter un intervalle de 14 jours entre deux applications
(3)    2 applications à dose pleine (1 l/ha) maximum par an et par culture (1 intervention à l’automne et 1 au printemps) en respectant un intervalle de 90 jours.

Les mélanges régulateurs + MOZZAR/BELKAR sont déconseillés.

Consulter l’outil "Mélanges de produits phytosanitaires" (en cliquant ici) pour s’assurer que, sur le plan réglementaire, les régulateurs soient bien mélangeables avec les insecticides et herbicides.
 

Automne Hauts-de-France Régulateurs Colza Nicolas Latraye (n.latraye@terresinovia.fr)

Altises d'hiver : les bons réflexes, au bon endroit, au bon moment

Du stade cotylédons jusqu’au stade à 3-4 feuilles du colza, la lutte insecticide ne s’envisage, à la parcelle, que si la culture pousse moins vite qu’elle n’est dévorée.

D’après les BSV rédigés à partir des observations des 16 et 17 septembre, la situation est assez contrastée :

  • En Poitou-Charentes, à peine 10-15 % des parcelles suivies ont franchi le stade B4. La majorité des situations sont potentiellement exposées au risque mais les captures et les morsures restent à ce jour limitées et supportables.
     
  • ​​En Bretagne et Pays de la Loire, les stades stades majoritaires sont entre 2 et 4 feuilles. Les captures d’altises et les signalements de premiers dégâts sont encore peu fréquents.
     
  • En région Centre-Val de Loire, un tiers des parcelles signalent des captures. A ce jour, 35 à 40 % des parcelles du réseau BSV ont atteint ou dépassé le stade B4. 
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  • En Normandie et Ouest Ile-de-France, respectivement 20 % à 35 % des parcelles ne sont plus menacées du fait du stade du colza. Les captures de grosses altises et les morsures sur plantes sont en augmentation. Entre 50 et 75 % des parcelles ont signalé des captures et/ou des morsures sur plantes.
    ​​​​​​

Dans toutes les régions, les premiers signalements restaient tolérables jusqu’au milieu de cette semaine mais les choses peuvent vite évoluer. Une vigilance absolue s’impose désormais pour les colzas en phase sensible, a fortiori ceux marqués par une faible vigueur au démarrage, des défauts de peuplement et des dégâts occasionnés par d’éventuels autres ravageurs. La hausse des températures doit attirer l’attention sur les menaces et risques potentiels à venir.

Surtout pas d’affolement, éviter les traitements inconsidérés !

Dans un contexte de résistance des altises d’hiver aux pyréthrinoïdes, la lutte insecticide contre les adultes doit être évitée dans la mesure du possible et ne doit s’envisager que :

  • si la survie de la culture est incontestablement menacée, du stade cotylédons jusqu’à 3 feuilles étalées du colza ;
  • à partir d’un raisonnement à la parcelle (observation minutieuse de l’évolution des dégâts) ;
  • si les insectes sont suffisamment actifs et nombreux (rappel : après son arrivée en parcelle, la grosse altise se nourrit du colza la nuit) ;
  • si la culture pousse moins vite qu’elle n’est dévorée ;
  • en respectant les précautions et règles d’usage des insecticides (volume d’eau…).

En cas de besoin, les traitements se réalisent sur un colza n’ayant pas atteint le stade 3-4 feuilles étalées.

Seuil indicatif de risque : 8 pieds sur 10 avec présence de morsures et avec 25 % de la surface végétative détruite.

NB : tenir compte d’une moyenne de défoliation observée sur toutes les feuilles des plantes. Si le feuillage est déjà gravement affecté par d’autres ravageurs défoliateurs (petites altises, limaces, tenthrèdes par exemple), c’est le pourcentage total de défoliation qui doit être considéré.

Quel insecticide choisir, en dernier recours ?

​​​​​​​Dans les régions du Centre et Ouest de la France, la résistance forte de type "SKDR" n’est pas généralisée. Les pyréthrinoïdes restent un moyen de lutte - à utiliser avec parcimonie - pour préserver leur efficacité dans la durée (notamment pour la gestion des larves d’altise, plus dommageables que les adultes).

Dans tous les cas, si besoin, intervenir dans de bonnes conditions de traitement à la nuit tombée. Utiliser un volume de bouillie de 150 ou 200 l/ha.

Dans les essais de Terres Inovia, l’efficacité* moyenne mesurée 7 jours après traitement indique que :

  • KARATE ZEON (lambda-cyhalothrine), DECIS PROTECH (deltaméthrine) et la cyperméthrine (CYTHRINE MAX ou SHERPA 100EW) sont comparables.
  • TREBON 30EC (etofenprox) est inférieur à KARATE ZEON ou une cyperméthrine.
  • MANDARIN GOLD (esfenvalérate) est inférieur aux références. Pour ce produit : fin de distribution le 01/03/2025 et fin d’utilisation au 28/02/2026.

 * Efficacité mesurée sur la base du % de destruction foliaire

Points d’attention

  • Tout insecticide appliqué au moment du pic d’activité des grosses altises adultes ne saurait garantir une efficacité suffisante pour lutter contre les infestations larvaires ultérieures. Les traitements “d’assurance” ou “ de nettoyage” sont à proscrire. Il sera plus efficace de lutter directement contre les larves.
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  • ​​​​​​​L’altise d’hiver adulte est active surtout dans les premières heures qui suivent la tombée de la nuit. C’est pourquoi l’application en soirée, idéalement à l’obscurité, est à privilégier avec un volume de bouillie d’au moins 150 à 200 l/ha.

Altises et morsures : quel risque pour la culture ?

Le seuil de dommage est souvent atteint à partir de 25 % de défoliation des cotylédons et premières feuilles. Plus les dégâts s’accumulent brutalement et tôt (sur cotylédon notamment), ou plus la surface foliaire produite par le colza préalablement est faible, plus l’impact des morsures est élevé.

Les situations agronomiques ayant provoqué une vigueur faible au démarrage sont à surveiller de près : levée tardive, sol motteux, caillouteux, précédent blé ou orge de printemps, lit de semences pailleux, variétés peu vigoureuses au démarrage…

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L’observation est la base du raisonnement

Les captures dans les cuvettes jaunes -position enterrée- servent à détecter l’arrivée puis l’activité (Nocturne) des altises d’hiver. Les pièges jaunes ne sont pas un outil de décision de traitement. C’est l’observation très régulière, à la parcelle, de l’état du colza entre les stades cotylédons et 3 feuilles qui guide le raisonnement. 

Observer au crépuscule, idéalement dans les 2 heures qui suivent la tombée de la nuit pour apprécier très régulièrement l’évolution de la présence des altises. 
 
Plus que le seuil, la vitesse d’accumulation des dégâts et la vitesse de croissance de la culture sont les critères à prendre en considération, quasiment au jour le jour pour mesurer au mieux le rapport de force. Seul un suivi quotidien permet de bien discerner les morsures anciennes et récentes.

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​​​​​​​► MINECTO GLOD : autorisation dérogatoire pour le colza

Consulter l’OAD de Terres Inovia

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​​​​​​​​​​​​​​En quelques clics, cet outil estime le risque parcellaire lié aux prélèvements foliaires par les altises lors de la phase levée du colza. Il a été construit en intégrant des résultats d'essais et l'expertise des agents de Terres Inovia.

Lien vers l'outil : Estimation du risque lié aux altises adultes

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Julien Charbonnaud - j.charbonnaud@terresinovia.fr - Région Centre-Val de Loire
Jean Lieven - j.lieven@terresinovia.fr - Normandie, Ile-de-France Ouest
Thomas Mear – t.mear@terresinovia.fr - Bretagne, Pays de la Loire
Elodie Tourton - e.tourton@terresinovia.fr - Poitou-Charentes, Vendée, Limousin

Automne Centre-Val de Loire Normandie et Ouest Ile-de-France Poitou-Charentes, Vendée, Limousin Bretagne, Pays de la Loire Ravageurs Colza Equipe Zone Centre et Ouest

Comment réagir face à la présence des altises dans les parcelles de colza ?

Cette année, les morsures d’altises sont observées dans plus de 80 % des parcelles des réseaux BSV du Nord-Est de la France. Ces dégâts sont causés par les petites et grosses altises qui sont actuellement bien visibles dans les parcelles et dont leurs captures en cuvettes jaunes sont plus ou moins importantes.

Une situation plus compliquée que les dernières années

Les pluies irrégulières au mois d’août sur la zone Nord&Est ont compliqué les levées des colzas qui sont en général un peu plus hétérogènes que les dernières années. Les stades des colzas sont également moins avancés. A la mi-septembre, le stade « 4 feuilles » n’est pas encore atteint pour 55 % des parcelles des réseaux BSV de notre zone (Hauts-de-France 85 % / Grand-Est 55 % /Bourgogne Franche-Comté 44 %). 

Avant ce stade « 4 feuilles », nous savons que les colzas sont plus sensibles aux morsures d’altises et que la croissance de la culture peut être fortement ralentie.

 

Assurer une protection si la survie des levées tardives est engagée 

L’intervention ne se justifie que si la culture est en péril et que la disparition de la surface foliaire est plus importante que la croissance. Le seuil indicatif de risque fixé à 8 pieds sur 10 portant des morsures et 25 % de la surface foliaire détruite, peut aider à se positionner sur l’intensité des dégâts observés et la nécessité d’une intervention. A partir de 4 feuilles, l’intervention est inutile car le colza rentre dans une phase de croissance active.

 

Dans le cas de dégâts causés par les petites altises, les pyréthrinoïdes (Karaté Zéon, Decis Protech, Cythrine Max ou Sherpa 100 EW) présentent encore une efficacité et une intervention doit s’envisager au dépassement du seuil indicatif de risque. De plus, présentes  initialement dans les colzas de l’année dernière, il ne faut surtout pas détruire les repousses de colza pendant la phase de sensibilité des nouvelles parcelles pour éviter la migration des petites altises vers celles-ci. 

En ce qui concerne les grosses altises, la situation n’est pas la même. Dans les régions où la résistance forte aux pyréthrinoïdes (SKDR) n’est pas généralisée, la lutte insecticide contre les altises adultes peut s’envisager avec des pyréthrinoïdes. En revanche, il n’existe plus de solutions insecticides efficaces contre les altises d’hiver adultes dans les secteurs où la résistance SKDR est généralisée. Des tests de produits de biocontrôle sont en cours, mais leur efficacité est limitée et demande souvent un nombre répété de passages.  

 

Résistance aux pyréthrinoïdes des grosses altises pour chaque département

 

Automne Grand Est Ravageurs Colza Mathieu DULOT (m.dulot@terresinovia.fr)

Limaces : gestion des populations en cours de campagne

Les limaces peuvent s’attaquer aussi bien aux graines en germination dans le sol, aux hypocotyles ou aux cotylédons qu’aux jeunes feuilles. Les prélèvements foliaires sont nuisibles jusqu’au stade 3-4 feuilles.

​​​​​​​​​​​​Fréquence : moyenne

Nuisibilité : forte

Les limaces peuvent s’attaquer aussi bien aux graines en germination dans le sol, aux hypocotyles ou aux cotylédons qu’aux jeunes feuilles. Les prélèvements foliaires sont nuisibles jusqu’au stade 3-4 feuilles.

Être particulièrement vigilant sur les parcelles à risque. Si les conditions climatiques sont favorables au maintien de la fraîcheur en surface et si des limaces sont présentes, réaliser un épandage d’anti-limaces en plein sur le sol, au moment du semis. Le traitement préventif, qui vise la préservation de la levée, est actuellement la seule manière de protéger efficacement des attaques de limaces sur les cultures de colza.  

Les premiers dégâts sont les plus pénalisants, les plantes attaquées étant perdues ou définitivement handicapées et les cotylédons trop largement entamés pour permettre une bonne croissance. Ces dégâts sont irréversibles et un traitement curatif est inefficace. Inversement, les plantes développées deviennent rapidement de moins en moins sensibles aux prélèvements effectués par les limaces.

Si une intervention est nécessaire, 2 substances actives sont disponibles : phosphate ferrique et méthaldéhyde. Tous les anti-limaces à base de méthaldéhyde sont soumis à la RPD. A part Techn’o Intens et Metarex Duo, leur concentration est supérieure ou égale à 3% et ils ont leur changement de classement (phrase H361f) a un impact sur le stockage et leur utilisation. Les solutions de biocontrôle à base de phosphate ferrique sont une alternative à ces contraintes.

En cas de sol sec ou de levée réalisée, poursuivre la surveillance jusqu’au stade 3-4 feuilles. Si les précipitations interviennent avant 3-4 feuilles et déclenchent l’activité des limaces en surface, appliquer rapidement un anti-limaces pour éviter à la culture de prendre trop de retard.

​​​​​​​Les prédateurs du sol, comme les carabes, contribuent à réguler les limaces. Limiter les anti-limaces autant que possible.

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Préparation de campagne Automne France entière Ravageurs Colza Céline ROBERT (c.robert@terresinovia.fr), Laurent RUCK ( l.ruck@terresinovia.fr)

Régulateur à l'automne : bien utile ?!

Le retour tardif des pluies dans la majorité de la zone ouest a conduit à des levées fin août début septembre. La question de la régulation ne se pose pas pour toutes ces parcelles. La croissance des plantes pouvant être en plus pénalisée par des phytotoxicités.

​​​Pour quelques cas exceptionnels de levée début à mi-aout, la question de la régulation peut se poser. 
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La grille présentée ci-dessous, a été conçue pour informer des risques et aider à la décision de recourir ou non au régulateur à l’automne. Les critères pris en compte sont : 

  • La période d’atteinte du stade 6 feuilles : si le stade 6 feuilles est observé avant le 10 ou 20 octobre (voir découpages secteurs dans la carte ci-dessous), les règles de décision s'appliquent. 
  • La sensibilité variétale : des différences de comportement s’observent dans les essais d’évaluation. Les variétés sont classées en 3 catégories de sensibilité à l’élongation automnale : forte / moyenne / faible. 
  • La densité de plantes de colza : le risque élevé est atteint si peuplement > 50 pieds/m² pour un écartement inférieur à 30 cm ou si peuplement >15 plantes par mètre linéaire. 
  • La réserve azotée disponible pour le colza : le risque élevé concerne les cas où les réserves azotées sont importantes (>100 u) ou si des apports de PRO (Produits Résiduaires Organiques) sont régulièrement effectués à l’échelle de la parcelle. 
  • L'état de croissance au moment de la décision : le risque élevé s'applique aux “gros colzas”, vigoureux et poussants, avec port en rosette, pivot bien développé et feuilles les plus développées très longues (> 20 cm entre la base du pétiole et le bord du limbe). 

​​​​​​​Quand intervenir ?

Dans les parcelles à risque fort ou assez fort d'élongation et uniquement dans ces cas, intervenir avec un régulateur de croissance au stade optimum de 6 feuilles du colza. Au-delà de 8 feuilles, le régulateur freine difficilement les élongations qui sont bien souvent déjà amorcées. 

Sur des colzas déjà allongés, le régulateur ne peut, au mieux, que freiner le développement végétatif des plantes et endurcir légèrement le colza. L’efficacité maximale est toujours obtenue en anticipant le phénomène d’élongation, donc avant 7 feuilles. Des conditions « poussantes » favorisent l’efficacité des produits. 

Ce type d’application n’a aucun effet direct sur le comportement du colza au printemps (pas de réduction de taille ni de verse). ​​​​​​​

Caractéristiques des produits régulateurs de croissance du colza à l'automne

  CARYX SUNORG PRO et autres génériques MAGNELLO (1) MEDAX TOP (2) (3)
Composition

Mépiquat-chlorure 210 g/l +
Metconazole 30 g/l

Metconazole 90 g/l

Tébuconazole 250 g/l +
Difénoconazole 100 g/ha

Mépiquat-chlorure 300 g/l + prohexadione-calcium : 50 g/L
Dose d'AMM 1,4 l/ha 0,8 l/ha 0,8 l/ha 1,0 l/ha
Dose conseil
Régulateur de croissance
0,7 l/ha 0,4 à 0,6 l/ha 0,6 à 0,8 l/ha 0,8 à 1,0 l/ha
Coût indicatif 22 € HT/ha 13 à 20 € HT/ha 22 à 30 € HT/ha 26 à 32 € HT/ha


(1)  Une seule application/an pour l’usage régulateur. Pas d’application possible de certains produits à base de tébuconazole (ex : BALMORA, HORIZON EW, BALTAZAR, génériques) plus tard en cours de cycle quel que soit l’usage (régulateur de croissance, cylindrosporiose, maladies fongiques des siliques, sclerotiniose).
(2)    Fractionnement possible en 2 applications à 0,5 l/ha. Respecter un intervalle de 14 jours entre deux applications
(3)    2 applications à dose pleine (1 l/ha) maximum par an et par culture (1 intervention à l’automne et 1 au printemps) en respectant un intervalle de 90 jours.

Les mélanges régulateurs + MOZZAR/BELKAR sont déconseillés​​​.
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Consulter l’outil "Mélanges de produits phytosanitaires" (en cliquant-ici) pour s’assurer que, sur le plan réglementaire, les régulateurs soient bien mélangeables avec les insecticides et herbicides.​​​​​​

L’expérience de 2023 – Bon à savoir

​​​​​​​En 2023, un réseau de 33 parcelles disposant de zones AVEC / SANS REGULATEUR a permis d’actualiser des références dans un contexte agro-pédoclimatique très favorable aux phénomènes d’élongation automnale. Les parcelles étaient des « situations à risque » représentatives de la Normandie et de l’Ouest de l’Ile-de-France : semis précoce (21 août en moyenne), majorité de parcelles avec apports de fertilisant organique ou minéral avant semis et atteinte du stade 6-8 feuilles du colza bien avant début octobre. Le régulateur a été appliqué en moyenne le 27 septembre majoritairement au stade B6 et avec CARYX ou SUNORG PRO.
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Les principaux enseignements étaient les suivants :

  • Témoins sans régulateur : 92 % de plantes élonguées. 62 mm d’élongation en moyenne ;
  • Zones avec régulateur : 72 % de plantes élonguées. 37 mm d’élongation en moyenne ;
  • Efficacité moyenne du régulateur : 23 % de réduction du taux de plantes élonguées, 42 % de réduction de la taille de l’élongation ;
  • Maîtrise par le régulateur d’une élongation < 40 mm dans un cas sur deux uniquement ;
  • Meilleures efficacités obtenues dans les situations agronomiques à risque modéré, et non pas à risque élevé : semis les plus tardifs (fin août) et non pas les plus précoces, colza au stade B6-B7 dans les premiers jours d’octobre et non pas à la mi-septembre, biomasse moyenne (moins de 1.5 kg) au moment de la mesure.
  • Il semblerait donc que l’effet du milieu en 2023 ait largement dominé l’effet de la conduite culturale. Le régulateur a fonctionné mais, bien qu’appliqué au bon stade dans des conditions très poussantes, il n’a pas pesé suffisamment pour éviter ou maîtriser le phénomène d’élongation survenu immanquablement dans les situations les plus risquées ;
  • Les situations cumulant des élongations importantes (> 50 mm) et des conditions propices à la verse printanières (variétés, disponibilité en azote) ont pu verser en fin de cycle.
  • Aucun effet significatif du régulateur sur le diamètre au collet et sur la longueur du pivot ;
  • Aucun dégât de gel sur élongation en 2024.

Merci aux partenaires : Chambres d’Agriculture de Normandie, Chambre d’Agriculture de région Ile-de-France, lycée du Robillard, BASF Agro, Soufflet Agriculture, Ets Lepicard et CER France 61


Jean Lieven - j.lieven@terresinovia.fr - Normandie, Ile-de-France Ouest 
Julien Charbonnaud - j.charbonnaud@terresinovia.fr - Centre-Val de Loire 
Thomas Mear - t.mear@terresinovia.fr - Bretagne, Pays de la Loire 

Automne Poitou-Charentes, Vendée, Limousin Centre-Val de Loire Bretagne, Pays de la Loire Normandie et Ouest Ile-de-France Régulateurs Colza Equipe Centre & Ouest

Colza : limiter l'impact des repousses de céréales

Comme souvent, les repousses de céréales sont à redouter, en particulier le long des anciens andains de récolte, après déchaumages. Examinez et mesurez le risque rapidement pour éviter une concurrence préjudiciable durant la phase d’installation.

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Nuisibilité potentielle dès 5-10 repousses de céréales/m²

​​​​​​La compétition exercée par les repousses de céréales vis-à-vis du colza augmente avec leur densité. Elle contre-carre la stratégie de « Colza Robuste » et entraîne souvent des pertes de rendement insoupçonnées.

A partir de 5 à 10 repousses/m² une intervention spécifique est souvent nécessaire. Les repousses d’orge d’hiver sont plus concurrentielles que celles de blé. 

Quand intervenir, et avec quelle solution, pour gérer les repousses ?

En cas de concurrence forte et précoce, il faut intervenir rapidement, dès le stade cotylédon du colza si c’est urgent et à partir d’1-2 feuilles des céréales, même si généralement on patiente jusqu’à 2-3 feuilles au moins.  

Sur repousses, préférer les produits de la famille des « fops » pour leur rapidité d’action. Réserver les produits de type dimes, souvent plus onéreux et moins rapides d’actions, pour un usage anti-ray-grass ou anti-vulpin. 

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Le tableau suivant intègre des exemples de produits. Les doses sont à ajuster au stade des repousses (de 2-3 feuilles à 2 talles) :

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En cas de risque vulpin ou ray-grass associé au risque repousses 
Seules les parcelles avec présence de fortes populations de vulpin ou ray-grass (> 20 à 50 /m²) nécessitent précocement un anti-graminée de type « dime » pour réduire la concurrence jusqu’à l’antigraminée de type Kerb, Ielo. 
Dans ces cas, l’application "une pierre deux coups” doit viser le meilleur compromis « stades / densité » au regard de la dynamique des infestations concomitantes. Dans le cas d’utilisation de cléthodim, le stade des colzas doit être d’au moins 2 feuilles.​​​​​​​

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Respecter les conditions d’application des antigraminées foliaires :  

Le jour J (efficacité) - dans les 3-4 jours qui précédent ou qui suivent l’application (efficacité et sélectivité) :  

  • T°C >10° et < 25°C le jour de l’application, conditions poussantes et plantes réceptives, c’est-à-dire non stressées par un à-coup climatique ; 
  • volume d’eau suffisant (> 150 L/ha) pour toucher correctement la cible ; 
  • temps calme et absence de pluie dans les 1-2 heures qui suivent. 
  • hygrométrie supérieure à 60-70 % ; 

Dans les 3-4 jours qui précédent ou qui suivent l’application (efficacité et sélectivité) :  

  • pas de fortes amplitudes (plus de 15°C entre mini et maxi),  
  • pas de gel ou de fortes pluies de nature à stresser les plantes. 

Julien Charbonnaud - j.charbonnaud@terresinovia.fr - Centre, Val de Loire
Jean Lieven - j.lieven@terresinovia.fr - Normandie, Ile-de-France Ouest
Thomas Mear - t.mear@terresinovia.fr - Bretagne, Pays de la Loire
​​​​​​​Elodie Tourton - e.tourton@terresinovia.fr - Poitou-Charentes, Vendée, Limousin

Automne Centre-Val de Loire Normandie et Ouest Ile-de-France Poitou-Charentes, Vendée, Limousin Bretagne, Pays de la Loire Colza Equipe Centre & Ouest

Colza : les levées favorables ne doivent pas faire oublier d’observer la présence des ravageurs  

Grâce aux pluies qui ont débuté dès la mi-août (localement) puis fin août (sur l’ensemble du territoire), les semis ont pu être réalisés sereinement cette campagne et une grande partie de la sole prévue est maintenant semée et/ou levée. Les stades des colzas sur la zone sud et AURA sont compris entre levée en cours et 2 feuilles.  Les premiers ravageurs sont présents localement dans les parcelles. On peut citer en premier lieu les limaces. C’est le bon moment pour faire le point sur la reconnaissance et les moyens de lutte si nécessaire.

Ne pas se laisser dépasser par la présence de limaces 

Comme en 2024, cette fin d’été est humide et donc favorable à l’activité des limaces. Une attention toute particulière doit être mise en place pour éviter les déconvenues. Des retours d’attaques de limaces sont déjà remontés dans le Sud-Ouest, côté Auvergne-Rhône-Alpes, les conditions humides, rendent la vigilance de mise. Dans les situations à risque, et au vu du climat favorable à l’activité des limaces, une application préventive juste après le semis est conseillée. Puis, pour la majorité des parcelles déjà levées mais n’ayant pas atteint le stade 4 feuilles, le raisonnement du risque doit se faire en fonction de plusieurs critères :

  • L’activité des limaces via le suivi d’un piège, 
  • La dynamique de dégâts observés sur plante,
  • La disponibilité des molluscicides,
  • Les facteurs parcellaires favorables aux limaces (sol motteux, pailleux ou avec résidus en surface).

Les attaques précoces sont les plus préjudiciables.

La pose d’un piège et vivement conseillée (carton plastifié, tuile, soucoupe plastique, planche,…) ou mieux un véritable piège à limaces.  Relevez vos pièges tôt le matin - Voir l'article dédié 

Moyen de lutte :

Deux substances actives sont disponibles : phosphate ferrique et méthaldéhyde. N'hésitez pas à consulter le Tableau Anti-limaces présent dans le guide colza 2025.

Maintenir les repousses de colza pour limiter les déplacements de populations de petites altises vers les nouvelles parcelles

La petite altise peut être régulièrement observée dans les parcelles de colza. A ne pas confondre avec la grosse altise qui arrive sur les parcelles à partir de fin septembre, l’altise des crucifères est observée plus tôt, dès le mois d’août.

Sa présence n’est pas systématique, mais peut être localement préjudiciable. Généralement, on retrouve la petite altise dans les secteurs avec un historique colza :  Haute-Garonne, Tarn, Gers, Lot-et-Garonne ou encore  la Dordogne.

Des symptômes de petites altises ont été remontées localement en Auvergne Rhône-Alpes sur des parcelles déjà levées. 

Les symptômes se traduisent sur la plante par des morsures d’alimentation, ressemblant à ceux de la grosse altise, mais ne perforant généralement pas complètement les feuilles. Les dégâts associés peuvent alors être importants allant jusqu’à la disparition des plantes et potentiellement à la perte totale de la parcelle si le colza est peu développé et peu poussant. Le risque est donc plus présent sur les très jeunes colzas, c’est-à-dire au stade cotylédons et également sur les bordures, zones d’arrivées du ravageur.
Le colza est exposé à la petite altise de la levée jusqu’à 3 feuilles compris. Au-delà, la cinétique d’émission de nouvelles feuilles par la plante compense les pertes par morsure. Le seuil de nuisibilité est défini à 80% de plantes avec morsures et 25% de la surface foliaire détruite.

Moyen de lutte :

L’un des leviers les plus efficaces est celui qui consiste à limiter les risques de colonisation de la parcelle par l’insecte. Pour cela, il est primordial de maintenir en place les repousses de colzas sur les parcelles proches d’un colza en train de lever ou à un stade jeune. Ces repousses constituent des zones refuges. Leur destruction entraine alors le déplacement des populations de petites altises vers les nouvelles parcelles de colza en cours de levée. Par conséquent, la destruction d’une parcelle de repousses pour éviter d’entretenir les populations de petites altises est bien souvent une fausse bonne idée.
En cas de présence sur la parcelle, et si le seuil de nuisibilité est dépassé, les pyréthrinoïdes peuvent être utilisés. En l’absence de référence établies sur des différences d’efficacité entre les pyréthrinoïdes sur petites altises, privilégier les solutions les moins couteuses, telles que la deltaméthrine ou la cyperméthrine. Attention à bien tenir compte du nombre maximum d’application/an. A ce titre il peut être préférable de conserver la lambda-cyhalothrine pour des applications ultérieures.
L’efficacité de ces solutions est parfois mise en défaut, du fait d’une part des arrivées massives et successives d’insectes, et d’autres part des conditions météorologiques d’août ou début septembre chaudes et sèches qui favorisent les pullulations.
En cas de doute, sur l’atteinte du seuil de nuisibilité n’hésitez pas à utiliser notre outil en ligne, valable sur petites et grandes : Estimation du risque lié aux altises adultes altises

Tenthrède de la rave, la réactivité est la clé du succès

La tenthrède de la rave dans sa phase nuisible est une fausse chenille, de couleur gris-noir, qui dévore le limbe des feuilles en laissant les nervures. Les pullulations qui peuvent être importantes ne sont nuisibles que sur jeunes colzas. Au jour de la rédaction de cet article, aucune remontée d’attaque.
Le stade de sensibilité s’étend jusqu’au stade 6 feuilles inclus. Le seuil de nuisibilité est atteint si 25% de la surface foliaire est détruite par le ravageur. L’évolution d’une attaque peut être soudaine.
L’adulte qui est un hyménoptère de 6 à 8 mm, au corps et appendices noirs n’est pas nuisible. Son abdomen de couleur vive est jaune-orangé (critère de reconnaissance). Son arrivée dans les parcelles peut être identifié via les cuvettes jaunes. Attention, une arrivée en nombre ne présage pas forcément d’une forte attaque. Cela doit tout de même pousser à la vigilance et à l’observation.

Moyen de lutte :

Si une attaque est détectée et le seuil de nuisibilité dépassé, la lambda-cyhalothrine (Karate Zeon, Karis 10 CS, Lambdastar), la deltaméthrine (Decis Expert, Decis Protech, Deltastar) ou la cyperméthrine (Cythrine Max) peuvent être utilisées. Attention à bien tenir compte du nombre maximum d’applications/an. A ce titre il peut être préférable de conserver la lambda-cyhalothrine pour des applications ultérieures. Utiliser un volume de bouillie élevé afin d’atteindre la cible, notamment sur des colzas proches de 6 feuilles. Les solutions à base Bacillus thuringiensis (Bt) ne sont pas efficaces contre la tenthrède. 


Des attaques rares de vers gris ou noctuelle terricole

La noctuelle terricole est un insecte discret. La larve responsable des dégâts occasionnés sur colza se niche en journée dans les premiers cm du sol. Elle est active de nuit, venant s’alimenter en sectionnant le colza au niveau du collet. En cas de perte de pieds, il est donc utile de gratter la terre dans les premiers cm pour vérifier sa présence.  

Ces attaques sont le plus souvent localisées et restent assez rares à l’échelle du territoire (Gers, façade atlantiques ou Haute-Garonne principalement). 

Moyen de lutte : 

En cas d’attaque, une intervention est possible à base de cyperméthrine (uniquement Sherpa, 100EW, Aphicar 100 EW, Cyperfor 100EW, Scipio 100 EW)... Il est fortement recommandé d’intervenir le soir (activité nocturne) sur un sol de préférence humide, et d’utiliser un volume de bouillie important de 500l/ha, pour favoriser la pénétration du produit dans les premiers cm du sol. L'idéal pour y parvenir étant de réussir à intervenir sous une pluie (dans la limite de la portance du sol) ou juste avant celle-ci. 
Les homologations récentes des microgranulés Trika Super ou Trika Perfect, sont également des solutions autorisées mais leur efficacité sur noctuelles reste à préciser. Ces microgranulés doivent être incorporés à 4 cm au moins donc sans diffuseur. En raison du coût de ces solutions et du caractère aléatoire des attaques de noctuelle, il est préférable de les réserver aux parcelles à risque taupins avéré. Généralement, les attaques s’estompent à partir de 4-6 feuilles, lorsque le collet commence à s’épaissir. 


N'hésitez pas à consulter le Tableau récapitulatif des insecticides autorisés en Colza – 2025

 

Vos contacts régionaux

  • Quentin Level (q.level@terresinovia.fr) - Sud Nouvelle Aquitaine, Gers, Hautes-Pyrénées ( Remplaçant d'Arnaud Micheneau) 
  • Quentin Lambert (q.lambert@terresinovia.fr) – Centre et Est Occitanie
  • Alexandra Denoyelle (a.denoyelle@terresinovia.fr) – Auvergne-Rhône-Alpes et Provence-Alpes-Côte d’Azur
     
Implantation Automne Ouest Occitanie Rhônes-Alpes Auvergne Ravageurs Colza Quentin Lambert (q.lambert@terresinovia.fr) & Alexandra Denoyelle (a.denoyelle@terresinovia.fr)

Colza en Normandie et Ouest Ile-De-France – point semis et désherbage

La nouvelle campagne débute dans des conditions sèches. Rappels sur les mises en garde et les adaptations en matière de raisonnement du désherbage du colza.

Les données de nos 90 stations météo réparties sur la Normandie et les départements 78, 91 et 95 ont enregistré une moyenne de 3 mm cumulés du 1er au 15 août et 7 mm du 16 au 25 août 2025. Seul le sud de l’Orne et de l’Essonne ont fait exception, des pluies significatives étant survenues le 20 août. 


A l’heure où nous écrivons ces lignes, le temps est changeant, les prévisions météo annoncent un régime plus frais, plus humide… Mais comme souvent dans ce type de contexte, le doute s’installe.

Des semis réalisés dans le sec dans la majeure partie des cas

Les semis sont encore en cours un peu partout mais la plupart est désormais réalisée en Haute-Normandie, Ile-de-France et Orne. La tendance 2025 semble confirmer celle des années précédentes (Tableau 1), alors que le sec s’est installé en août sur une large part de la région. Traditionnellement, les colzas des départements 91, 78, 61et du sud 27 sont les premiers semés. Les levées sont soit en cours soit suspendues à une humidification du lit de semences. Dans le Calvados et la Manche, les chantiers commencent toujours un peu plus tard.

 

Pour rappel, les besoins en eau pour faire lever les colzas dépendent de l’état du sol en surface et de la fraicheur présente au moment du semis. Dans la région, une bonne levée nécessite généralement 10 mm dans des sols limoneux bien affinés et 20-25 mm dans des sols motteux, argileux, pailleux. Plus d’information dans l’article du 18/08/2025.


Cette année, on peut s’attendre à ce que les conditions avant / après semis contrarient les germinations ou vigueurs à la levée en particulier dans les sols les plus difficiles à préparer en août. Nul n’est devin, il est encore trop tôt pour juger mais l’expérience du passé nous amène à rester très vigilant pour les prochaines semaines (ravageurs à la levée, désherbage).

L’efficacité des herbicides en post-semis prélevée est irrégulière par temps très sec

L’action racinaire diminue sur des sols à forte présence de mottes / cailloux. L’efficacité est irrégulière en sols argileux et encore plus en l’absence de pluies dans les semaines qui précèdent ou encadrent les applications. 


Dans les essais de Terres Inovia visant par exemple le ray-grass, l’efficacité des produits en postsemis-prélevée (BUTISAN S, SPRINGBOK, COLZOR TRIO, TANARIS, ALABAMA, à dose « efficace ») avoisine en moyenne 60 % avec une variabilité importante selon les conditions (de 15 à 90 %). En conditions sèches, sur graminées, la napropamide (COLZAMID) en application de présemis incorporée offre une efficacité un peu plus régulière.


Si le scenario de sol sec persiste, les traitements de postsemis-prélevée pourraient s’avérer peu rentables, en particulier sur des flores à enjeu important (graminées, géraniums, coquelicots, laiterons, gaillets).

Des traitements en post-levée précoce possibles

Les produits de type NOVALL, ALABAMA, ANITOP, SPRINGBOK, TANARIS, BUTISAN S, SULTAN et TEROX sont sélectifs du colza et autorisés en postlevée. Appliqués sur sol frais, après retour de pluies, idéalement au plus près du stade « rayonnant »* (cotylédons visibles sur près de 70 % des plantes), ces produits gardent une action racinaire intéressante avant la levée des ray-grass, vulpins, alchémilles, ammi majus, laiterons, coquelicots, gaillets, véroniques, lamiers, matricaires... L’application de certains de ces produits comme ALABAMA ou ANITOP peut être fractionnée (postsemis / prélevée puis postlevée précoce). 


Dans les parcelles à dominante graminées, les produits à base de métazachlore et dmta-p conservent une efficacité dont il ne faut pas se priver si les conditions redeviennent propices pour un traitement de post-levée précoce. Des ajustements dose et types de produits gagnent alors à être apportés dans de nombreuses situations (ex préférez SPRINGBOK 2 ou BUTISAN S 1 à ALABAMA 2) dans la mesure où cette intervention ne constitue « que » la base d’un programme qui sera complété par des antigraminées foliaires et racinaires en entrée hiver. 


Dans le cas où les graminées ne sont pas si préoccupantes ou si le temps sec persiste, il peut être envisagé de se tourner vers des stratégies strictement à base d’herbicides de postlevée (ex : MOZZAR, NERIS, IELO, KERB FLO et/ ou produits spécifiques FOX, CALLISTO, ATIC AQUA, CENT7). L’usage de ces produits de « tir à vue » doit s’appuyer sur un examen régulier des flores présentes (2 à 3 fois en septembre / octobre). 

* ces produits sont autorisés jusqu’aux stade 4 feuilles (TEROX) voire 8 feuilles du colza (NOVALL, ALABAMA, ANITOP, SPRINGBOK, TANARIS, BUTISAN S, SULTAN)

Cela peut vous intéresser : les stratégies herbicides pour le colza

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​​​​Jean Lieven - j.liven@terresinovia.fr - Normandie, Ile-de-France Ouest
 

Implantation Automne Normandie et Ouest Ile-de-France Implantation Désherbage Colza Jean LIEVEN

Colza : Bilan de campagne 2024-2025 - Bretagne / Pays de la Loire

Les années se suivent, mais ne se ressemblent pas. Après deux années de récoltes très décevantes, et des surfaces en bernes pour les régions Bretagne et Pays de la Loire, les attentes étaient fortes pour la campagne 2024-2025.

​​​​​​​Le début de cycle se passe sans soucis particuliers, les levées sont satisfaisantes presque partout et les conditions de pousse à l’automne sont bonnes.

Les biomasses, bien que moins importantes que les deux années précédentes, sont satisfaisantes. 
​​​​​​​En entrée d’hiver, les colzas sont sains, avec une pression des ravageurs faible à modérée selon le secteur.

L’hiver a été pluvieux, et les colzas sont malheureusement restés les pieds dans l’eau pendant plusieurs semaines sur certaines parcelles, impactant fortement leur potentiel.

Fort heureusement, la floraison est efficace, et la phase de remplissage des grains a bénéficié d’un fort rayonnement.

Le manque de précipitation sur la fin de cycle a limité fortement le développement de maladie. Les enracinements plutôt bons ont permis de limiter le stress hydrique des colzas, pour finalement, déboucher sur des rendements bons à très bons ! Malgré des parcelles hydromorphes dépassant rarement les 30 quintaux et les dégâts de grêles, les rendements approchent des 38-39 quintaux en moyenne, c’est 1 tonne de mieux que la campagne précédente ! 

 

Bilan de campagne colza 2024-2025 - Régions Bretagne / Pays de la Loire (hors Vendée)

Thomas Mear - t.mear@terresinovia.fr - Bretagne, Pays de la Loire

Préparation de campagne Implantation Automne Pause hivernale Sortie hiver Montaison Maturité/récolte Bretagne, Pays de la Loire Colza Thomas Mear

Colza : Bilan de campagne 2024-2025 - Poitou-Charentes / Vendée / Limousin

Une fois n’est pas coutume, le début de campagne est suffisamment arrosé. Les semis restent en tendance davantage précoces en août. Les pluies de la 1ère décade de septembre assurent une levée généralisée, excepté en Deux-Sèvres. Fin septembre, la majorité des colzas est correctement installée avec des peuplements et des stades réguliers.

Avec une activité accrue des grosses altises début octobre, la pression et la gravité sont globalement faibles en adéquation avec le développement avancé du colza. Les captures de charançons du bourgeon terminal sont très fréquentes fin octobre sur l’ensemble du Poitou-Charentes. Les larves de grosses altises sont précoces et nombreuses en entrée d’hiver. Le temps moins poussant cet automne donne des colzas à faibles biomasses, l’élongation et les faims d’azote sont moins marquées. À nouveau, les populations de larves de grosses altises augmentent pendant l’hiver. Leur impact est limité, car les colzas ont en tendance poursuivi leur croissance cet hiver.


Le piégeage et la gestion du charançon de la tige du colza sont réalisés la 2ème quinzaine de février. Le vol de méligèthes est précoce fin février, le colza n’a pas encore de fleurs. Finalement, les populations restent contenues et les dégâts sont anecdotiques.

La floraison est classique début avril. La nouaison est exceptionnelle avec un rayonnement satisfaisant. Les hampes sont bien régulières. Le stress hydrique en terres superficielles débute dès la floraison et limite le remplissage dans plusieurs situations ; parfois couplé aux nécroses de mycosphaerella sur siliques. Les pucerons cendrés sont rares et les charançons des siliques/cécidomyies arrivent tôt. L’orobanche rameuse est bien présente, mais ses émergences sont tardives ; elle touche de nouvelles parcelles. 


La fin de cycle est accélérée par les fortes températures de juin, les récoltes sont précoces et se déroulent en bonnes conditions. Le résultat est cohérent avec les conditions climatiques sans à-coup : l’année 2025 est une campagne tranquille. La moyenne en régions est estimée à 35 q/ha avec des rendements assez groupés.

Bilan de campagne 2024-2025 - Régions Poitou-Charentes/Vendée/Limousin

Elodie Tourton - e.tourton@terresinovia.fr - Poitou-Charentes, Vendée, Limousin

Préparation de campagne Implantation Automne Pause hivernale Sortie hiver Maturité/récolte Poitou-Charentes, Vendée, Limousin Colza Elodie Tourton