Published on 23 July 2025 | Updated on 16 December 2025

Contre héliothis et punaise verte sur soja : quelles solutions au champ ?

Autrefois cantonnés au Sud-Ouest, la noctuelle de la tomate (ou Héliothis) et la punaise verte gagnent du terrain vers le Nord et l’Est dans les cultures de soja, portés par des étés de plus en plus chauds et secs. Discrets en début de cycle, ils peuvent causer des dégâts en floraison et au remplissage des gousses. Pour préserver rendement et qualité, la surveillance des parcelles et une stratégie de lutte adaptée sont essentielles.

Héliothis : un ravageur discret mais redoutable

Héliothis (Helicoverpa armigera) est un lépidoptère très polyphage auquel on connait plus de 100 plantes hôtes dont le soja. Il peut coloniser le soja dès la floraison et le risque débute avec l’apparition des gousses et se poursuit jusqu’à la maturité. La fécondité est élevée : la femelle peut pondre plusieurs centaines d’œufs. 

Papillon héliothis sur soja - Crédit photo : Terres Inovia

Les jeunes larves (L1-L2), visibles en haut du couvert, consomment surtout le feuillage et causent peu de dégâts. En revanche, les larves plus âgées (à partir de L4) consomment les graines en cours de remplissage et sont donc dommageables. Leur présence se repère souvent sur les gousses par des trous d’environ 5 mm aux contours discontinus. Dans la gousse la graine est partiellement consommée et cela correspond globalement à la même zone consommée sur la gousse.

Larve d’Héliothis (stade L5) - Crédit photo : L-M. Allard – Terres Inovia

Les vols restent difficiles à anticiper, mais les pièges à phéromones permettent de repérer les pics de vol et donc les périodes de ponte à venir. Cette année, dans le Jura, deux pièges installés fin juin ont détecté les premiers vols début juillet, avec une activité régulière depuis.

 

Quelles solutions pour lutter contre Héliothis ?

Sont efficaces des solutions à base de bactéries Bacillus thuringiensis (ex Dipel DF) à positionner sur jeunes chenilles (stades larvaires 1 et 2) ou des solutions à base de baculovirus (Helicovex), à appliquer idéalement dès la détection des œufs ou des premières larves.

Toutefois, en cas de forte pression, ces méthodes montrent parfois des limites en efficacité. Face à ce constat, la filière avait sollicité une dérogation 120 jours (art 53 REG 1107/2009) pour l’utilisation de l’insecticide Altacor. Cette demande a été acceptée en Nouvelle Aquitaine et Occitanie mais n’a malheureusement pas abouti dans la région Grand Est, privant les producteurs de la région d’une solution en situation critique.

 

Punaise verte : un impact souvent sous-estimé

La punaise verte (Nezara viridula) est de plus en plus présente dans les parcelles de soja, notamment à la faveur des étés chauds et prolongés. Elle s’installe souvent en fin de cycle, lorsque les gousses sont bien formées et les graines en cours de remplissage.

Les adultes puis les larves (5 stades), sont généralement peu nombreux dans les premières semaines de la floraison. Mais des conditions favorables et des pontes abondantes (sous forme de plaques de 30 à 80 œufs) peuvent faciliter l'envahissement progressif des parcelles et conduire à de véritables pullulations dans les 4-6 dernières semaines de végétation jusqu’à la récolte. Les dégâts les plus préjudiciables sont causés par les larves L4 et L5, les plus voraces et dont la population augmente de manière importante en fin de cycle.

1. Oeufs de punaises groupés, 2. Punaises au stade 4, 3. Punaise adulte

Les dégâts sont liés aux prélèvements alimentaires effectués par les adultes et les larves sur les organes de la plante, surtout les gousses (malformations, dessèchements prématurés et même des avortements) et les graines (baisse du poids). 

Dégâts de punaises vertes sur graines de soja selon un gradient d’intensité (graine saine à gauche, graine très touchée à droite avec un poids beaucoup plus faible).

Discrète et mobile, la punaise se cache dans le couvert végétal. La surveillance repose sur des observations régulières du feuillage et des gousses.  Il faut éviter d’atteindre 3 à 4 individus au stade R6 du soja. Pour cela, il est recommandé d’observer 8 points dans la parcelle. Si on repère régulièrement la présence de quelques punaises (adultes ou larves) dans plus d’une zone sur deux alors, il est préconisé d’intervenir.  A partir du stade R6 le seuil 3-4 insectes par mètre linéaire peut être retenu.

Les pertes peuvent atteindre 10 % du potentiel, soit 2 à 4 q/ha selon les situations. Jusqu’à 10 q/ha ont déjà été enregistrés sur des parcelles très touchées dans le Sud-Ouest. 

Une seule substance active est utilisable, la lambda-cyhalothrine avec un délai avant récolte de 35 jours.  En Agriculture Biologique, il n’existe pas de solution. 

 

Face à l’intensification des étés chauds, la lutte contre Héliothis et la punaise verte repose sur une surveillance rigoureuse, combinant piégeage pour héliothis et observations au champ pour la punaise. Pour faire face à une pression croissante, il devient essentiel d’étudier des leviers agronomiques préventifs tels que des cultures pièges, en complément d’interventions chimiques ciblées en végétation, lorsque celles-ci sont possibles.