Published on 3 July 2025 | Updated on 16 December 2025

Face à la hernie des crucifères : protéger son colza, c’est possible !

La hernie des crucifères est une maladie racinaire qui prend de l’ampleur ces dernières années. Les dégâts causés par la hernie peuvent engendrer jusqu’à 100% de pertes de rendement. Face à cette maladie, aucun levier seul ne suffit : la clé, c’est la combinaison.

Une maladie qui s’exprime davantage avec le changement climatique

Ces dernières années, les températures douces et des précipitations importantes à l’automne ont créé des conditions idéales au développement de cette maladie racinaire. Des conditions qui risquent de se réitérer plus souvent avec l’évolution du climat. La hernie des crucifères est causée par le parasite obligatoire Plasmodiophora brassicae. La maladie se traduit dès l’automne, au niveau racinaire, par des boursouflures hypertrophiées sur les racines aussi appelées galles. Des flétrissements peuvent également être visibles sur la partie aérienne, souvent répartis en foyer, pouvant aller jusqu’à la perte de pieds. La conséquence est la perte de rendement. 
Un fois installée dans la parcelle, la maladie s’accroche, et peut y rester plus de 10 ans. Mieux vaut donc anticiper.

Galle de hernie sur colza - Crédit photo : L. Jung

Des conditions à risque bien identifiées

La hernie se développe préférentiellement dans les sols limoneux à pH acide, hydromorphe et battant. Les abats d’eau sur des sols chauds au début de l’automne créent des conditions favorables à l’expression de la maladie.
D’autre facteurs sont également favorables à son développement : 

  • Retour fréquent de crucifères sur la parcelle (colza ou crucifères dans les couverts d’interculture type CIPAN)
  • Mauvais désherbage, notamment des crucifères ou des repousses de colza
  • Mauvais drainage de la parcelle
  • Absence de chaulage pour les sols acides

Si vous cochez plusieurs de ces cases, la vigilance est de mise.
En savoir + sur la localisation de la maladie : Carte de recensement des parcelles avec de la hernie des crucifères

 

Des leviers à combiner pour limiter l’impact

La combinaison de leviers vise à réduire la dissémination de l’agent pathogène, mais aussi réduire l’expression de la maladie et sa nuisibilité, tout en maximisant la durabilité de l’efficacité du levier génétique.

La lutte variétale : premier rempart

L’utilisation d'une variété résistante reste la voie la plus efficace pour contenir la maladie. Le profil des variétés est souvent caractérisé lors de l’inscription des variétés au catalogue français (symbolisée par une étoile sur le tableau suivant), à la demande de l’obtenteur sur un panel de pathotypes (P1, P1*, P2*) de hernie représentatifs en France. Cette caractérisation est gage de confiance. Le profil étant similaire, il y a peu d’erreurs à choisir l’une ou l’autre de ces variétés.

Nouveauté pour la campagne : des variétés avec un nouveau profil, résistance à P1*, arrivent sur le marché. Elles présentent un intérêt pour les cas de contournement déjà observés, avec la présence de P1* dans la parcelle. 

Effet de la variété sur la hernie des crucifères – Crédit photo : L. Jung

Y’a-t-il un intérêt à mélanger des variétés résistantes et sensibles ?

L’intérêt est nuancé à faire des mélanges uniquement pour réduire la perte de rendement engendrée par l’utilisation seule de variétés résistantes. Ces dernières peuvent présenter un déficit de rendement comparé à des variétés sensibles (-9% en 2017 et de -6% en 2023 en moyenne, sur un réseau de parcelles sans hernie), mais ce n’est pas toujours le cas. Le gain de rendement du mélange par rapport au colza résistant seul est aussi difficile à prédire (variabilité inter-annuelle, phénomène de compensation selon le type de sol…).

Bon à savoir : un mélange de variétés R+S peut augmenter l’inoculum dans le sol, mais aucun élément ne permet de dire si cela va favoriser ou limiter l’apparition de pathotypes contournants.

Ainsi avant de réaliser un mélange, il est important de prendre en compte les différentes contraintes de production et de leur importance.

 

Associer les pratiques agronomiques : vos alliées de fond

Pour réduire le potentiel infectieux de la parcelle, on évite le retour fréquent de crucifères (en culture principale ou intermédiaire comme les CIPAN). Le désherbage de la parcelle doit être soigné, notamment si la flore adventice est composée de crucifères. Les repousses de colzas doivent être détruites.

Les sols acides créent des conditions favorables au développement de la maladie. Si le pH de la parcelle est inférieur à 7,2, réaliser un chaulage.

En cas de sols hydromorphes, mettre en place du drainage pour éviter l’accumulation de l’eau dans la parcelle.

 

Prévention, des réflexes à adopter

En cas de suspicion de hernie dans la parcelle, notamment en sol acide et hydromorphe et dans des régions où la présence de hernie est confirmée, il est possible un réaliser dépistage. Le test du chou chinois permet de vérifier si votre sol est contaminé par la hernie. 

En savoir + : Réussir un colza sous pression de hernie

On veille à éviter les contaminations entre parcelles (transport de sols, équipements, fumier, etc.)

Enfin, on n’hésite pas à saisir l’enquête en ligne « hernie des crucifères » pour nous aider à lutter collectivement contre cette maladie : Déclarer en ligne une parcelle avec de la hernie