Il n’est pas toujours simple d’implanter les couverts d’interculture ! En effet, à cette époque, le sol est souvent chaud et sec, ce qui n’incite pas à semer une graine ! D’autant plus que la disponibilité des agriculteurs est souvent restreinte à cette époque. Dans le pire des cas, le couvert est semé avec un minimum de frais, ce qui n’est pas gage de réussite !
Pourtant, rappelons-le, le couvert végétal doit être considéré comme une culture à part entière pour maximiser ses bénéfices et valoriser les frais engagés ! Un couvert mal implanté sera très irrégulier et sera peu satisfaisant pour l’agriculteur. Il favorisera l’installation d’adventices qui seront difficiles à détruire ou graineront avant la culture suivante.
Plusieurs facteurs doivent être pris en compte pour assurer la réussite de l’implantation des couverts :
1 - Assurer un bon enracinement avec la présence d’une porosité suffisante
En effet, les capacités de restructuration d’un sol par les couverts végétaux sont limitées. Comme pour les colzas, le semis des couverts végétaux doit s’adapter à la structure du sol :
- Dans les sols sans obstacle à l’enracinement sur les 20 premiers centimètres, un passage de déchaumage est possible pour mulcher les pailles et préparer le lit de semences. Un semis direct (plutôt à dents qu’à disques) est également possible.
- Dans les sols avec des zones de tassement dans les 20 premiers centimètres (conditions humides lors de la récolte ou tassements déjà présents lors de l’implantation de la céréale), il est recommandé de travailler le sol pour permettre un bon enracinement.
Une observation du sol avec un test bêche ou simplement une tige enfoncée dans le sol permet de sécuriser le diagnostic à la récolte de la céréale.
2 - Sécuriser la levée en assurant l’humidité du sol
Dans ce contexte, les implantations en semis direct tirent leur épingle du jeu !
Nous entendons souvent qu’il faut semer tôt le couvert, dès la récolte du précédent. Cette recommandation est vraie si le sol présente encore une fraicheur résiduelle à la moisson. Mais cette situation n’est pas toujours vraie. Dans ce cas, il est conseillé :
- Soit de décaler son semis à une période plus favorable, avant les prochaines pluies annoncées (souvent à une période proche du semis du colza). Avec le changement climatique, les conditions favorables à la croissance des couverts se prolongent sur l’automne, ce qui ne pénalise pas la production de biomasse des couverts végétaux. Ce délai dans le semis peut également être mis à profit pour travailler le sol et gérer des adventices problématiques comme les liserons ou le chardon !
- Soit de semer plus profondément les graines pour aller les positionner dans la fraicheur (à 4-5 cm) essentiellement en semis direct à dents. Mais attention, toutes les graines ne sont pas aptes à germer en profondeur, notamment les petites graines (trèfles, niger ou lin).
3 - Assurer un bon contact sol-graine
Sur ce point, il convient d’être vigilant sur :
- La structure du sol en surface (en lien avec la qualité des passages d’outils),
- La gestion des pailles (exportées ou se munir de dispositifs sur le semoir permettant de limiter la paille de la ligne de semis),
- La qualité de répartition des pailles et menues pailles par la moissonneuse batteuse.
Un mauvais contact sol-graine pénalisera le développement du couvert et favorisera la présence de ravageurs (limaces notamment en présence de mottes ou d’excédents de pailles en surface).
Le semis à la volée avant la moisson est également possible mais il nécessite des conditions particulières (une bonne régularité de semis, des espèces adaptées au semis à la volée comme les vesces ou les crucifères, la présence de pluie suffisante après l’épandage pour favoriser la levée, l’absence de rémanence des herbicides utilisés dans la céréale précédente et la restitution des pailles pour recouvrir les graines, les protéger de la chaleur et maintenir l’humidité).
4 - Adapter les espèces du couvert aux conditions du sol
Chaque espèce présente des exigences en termes de température et humidité du sol. Le graphique ci-dessous illustre les caractéristiques de chacune des espèces. Pour des semis précoces après la moisson en conditions chaudes et sèches, privilégier les composés, le sarrasin ou le sorgho. En conditions intermédiaires, les légumineuses et la plupart des crucifères sont possibles. Attendre le retour de conditions plus fraiches et humides pour le seigle.
Attention également au semis de crucifères en conditions chaudes, notamment sur mi et fin juillet car elles peuvent être fortement attaquées par les petites altises !
Lire aussi : Couverts végétaux : la recette d’un mélange gagnant
| En conclusion, considérez les couverts végétaux comme une culture à part entière en privilégiant les conditions de sol favorables (bonne structure), un bon positionnement de la graine (TCS, labour ou SD à dents) et une humidité suffisante. Pour ce dernier point, avec l’évolution du climat, il ne faut plus trop raisonner au calendrier mais s’adapter aux épisodes pluvieux. Si le sol est sec à la moisson, ne pas hésiter à décaler le semis au retour de conditions plus clémentes ! |
Semis de couvert - Crédit photo : L. Jung
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