Published on 14 February 2025 | Updated on 16 December 2025

Colza en Centre & Ouest : adapter la fertilisation azotée et soufrée à l’année

Début février est le bon moment pour affiner sa stratégie d’apport d’engrais azoté et soufré. La dose d’azote doit être ajustée à l’état des colzas en sortie d’hiver. Les apports d’azote et de soufre doivent être apportés lorsque les plantes ont la capacité de les valoriser.

​​​​​​Ajuster la dose d’azote à la biomasse sortie d’hiver

Si ce n’est pas déjà fait, il est grand temps d’estimer la biomasse des colzas en sortie d’hiver et d’intégrer cette information dans le calcul de la dose d’azote (https://www.regletteazotecolza.fr). Le poids vert, exprimé en kg/m², permet d’estimer la quantité d’azote déjà absorbée par la culture à l’ouverture du bilan. C’est autant d’azote qu’il n’y aura pas besoin d’apporter sous forme d’engrais. A titre d’exemple, un colza de 0.6 kg/m² en sortie d’hiver a absorbé environ 40 uN, tandis qu’un colza de 2 kg/m² a déjà absorbé 130 uN. La croissance des colzas peut fortement varier selon les situations. C’est pourquoi, il est conseillé de l’estimer par des pesées ou par des services d’imagerie satellite qui offrent une meilleure vision de l’hétérogénéité intra parcellaire. ​​​​​​

Ajuster l’objectif de rendement en fonction des éventuels facteurs limitants

La reprise de végétation est également un moment où il est judicieux de réévaluer l’objectif de rendement de la parcelle pour ajuster la dose d’azote si nécessaire. Une série de questions mérite d’être posée : Le peuplement est-il limitant ? L’enherbement est-il maitrisé ? Y a-t-il une forte pression parasitaire (larves de charançon du bourgeon terminal et/ou de grosse altise) ?... Au regard des problèmes de structure à l’implantation et des cumuls de pluie enregistrés cet automne et cet hiver, il est également judicieux de regarder l’état des racines des cultures. L’enracinement est-il satisfaisant ? Les racines sont-elles nécrosées ? Réviser à la baisse votre objectif de rendement si ces éléments sont impactés négativement.

Quand débuter les apports d’azote ?

La fertilisation azotée est un poste de charge important : autant se donner les moyens pour que l’engrais soit le plus efficace possible en synchronisant les besoins de la plante et la disponibilité en éléments minéraux. Il est inutile d’apporter des engrais sur des cultures en repos végétatif. On visera également un apport avant une pluie annoncée.
Les apports les plus précoces sont à positionner sur les petits colzas lorsque les températures augmentent et que la végétation reprend (stade C1-C2, émission de nouvelles feuilles, début d’élongation de la tige). La dose d’azote pour le premier apport précoce sur les petits colzas doit rester modérée, car leur capacité d’absorption initiale est faible (indice foliaire faible limitant la croissance, système racinaire limité). Pour les colzas moyens à gros, leurs réserves stockées dans les feuilles et les racines sont suffisantes pour la reprise de croissance (voir tableau stratégies de fractionnement).

Stratégies de fractionnement des apports d’azote

Pas d’impasse en soufre au début de la montaison

Les besoins en soufre du colza sont élevés et une carence peut coûter très cher (perte de 10 à 20 q/ha). Il est recommandé d’apporter 75 unités, sous forme assimilable sulfate, dès le début de la montaison (stade C2, entre-nœuds visibles).
En cas d’utilisation d’engrais azoté soufré, attention de ne pas apporter trop d’azote au premier apport ou inversement d’être trop faible en soufre. Il est préférable d’ajuster avec des engrais spécifiques (ammonitrate ou kieserite).

Dans le contexte de l’année avec des précipitations localement très importantes qui ont pu lessiver le soufre et une reprise de la minéralisation potentiellement plus tardive au regard des températures du sol, le risque de carence en soufre est plus important, en particulier dans les sols superficiels et filtrants. Une impasse en soufre peut se révéler préjudiciable, y compris en situation d’apport régulier de matière organique (modulation possible sans descendre en dessous de 50 uN SO3).

Au-delà de 350 mm cumulés de novembre à février, on considère que le risque de lessivage du soufre est élevé. Cette année, le mois de janvier a été particulièrement arrosé. Les régions de Normandie, Pays-de-la-Loire, Bretagne et Poitou-Charentes ont toutes enregistré des valeurs de 150 mm, allant jusqu’à 300 mm de pluie en Bretagne.

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​​​​​​​​Julien Charbonnaud - j.charbonnaud@terresinovia.fr - Centre-Val de Loire
Jean Lieven - j.lieven@terresinovia.fr - Normandie, Ile-de-France Ouest
Thomas Mear – t.mear@terresinovia.fr - Bretagne, Pays-de-la-Loire
Elodie Tourton - e.tourton@terresinovia.fr - Poitou-Charentes, Vendée, Limousin