Published on 27 January 2025 | Updated on 16 December 2025

Fertilisation du colza, apporter la juste dose d’azote, sans négliger le phosphore

Lors de la reprise de végétation, l’azote consommé par le colza depuis la levée jusqu’au repos hivernal est stocké en majorité dans les feuilles et racines. Cet azote sera remobilisé par la plante en particulier vers la tige principale et ramifications, les fleurs puis les siliques et les graines :  autant d’azote déjà absorbé qu’il ne sera donc pas utile d’apporter. Il est donc essentiel de comprendre les besoins en azote des colzas pour adapter sa stratégie. La Réglette Azote Colza® est l’outil incontournable pour raisonner la fertilisation. 

Focus Situation Sud Ouest

Les biomasses automnales des colzas du Sud-Ouest étaient globalement bonnes voir exubérantes. L’arrivée de la fraîcheur début novembre a stoppé la croissance des colzas. On note, dans un certain nombre de parcelles, plutôt à l’Est de l’Occitanie, des pertes de biomasses importantes depuis mi-novembre.

Ceci peut s’expliquer par :

  • L’épuisement des reliquats couplés à un arrêt de minéralisation,
  • Des conditions climatiques moins propices à la croissance
  • Une pression oïdium automnale sans précédent.

Bien que ce pathogène ne soit pas le premier facteur explicatif, il a certainement joué sur l’importance des pertes. Il est rare dans le Sud-Ouest de voir autant de pertes de biomasses fraîches et cela a pu poser question. Aucune crainte pour autant.

Il vaut mieux un gros colza à l’automne qui a perdu sa biomasse, qu’un petit colza depuis le semis. En effet, la croissance automnale du pivot sera un atout au printemps pour capter les besoins en eau et éléments minéraux. De plus, une partie de la l’azote contenu dans les feuilles sera mobilisé dès la reprise de végétation (voir ci-après).   

Des fertilisations en phosphore majoritairement déficitaire à corriger, pour optimiser l’efficience de l’azote

Malgré une fertilisation optimisée du colza en azote, une part plus ou moins importante de l’apport peut se montrer inefficiente, si un autre élément se montre limitant. Souvent élucidée car rarement visible à l’œil, ou confondue avec d’autres causes, la carence en phosphore représente un risque majeur de perte de potentiel. Heureusement, il n’est pas trop tard, pour rattraper une impasse, ou une sous-fertilisation.

Le colza est une plante exigeante en phosphore notamment au stade 5-6 feuilles, correspondant au stade de sensibilité maximale. De ce fait, les apports réalisés au semis permettent d’assurer au colza une croissance dynamique à l’automne. Pourtant, dans les situations à faibles teneurs, soit celle inférieures à 50 ppm Olsen, les apports de phosphore réalisés au semis sont bien souvent inférieurs aux recommandations.

Pour preuve, la dose moyenne de phosphore apportée dans le sud-ouest est de 46 unités, soit légèrement inférieure aux recommandations pour un objectif de 30 q/ha dans une situation dite intermédiaire avec 1 apport tous les 2 ans. Selon la même source, 1/3 des parcelles ne reçoit aucun apport de phosphore.

Un complément peut donc être à envisager sortie hiver, d’autant que 43% des apports sont réalisés à cette période dans le sud-ouest contre 48% sur la période semis/automne et 9% sont fractionnés entre les 2 périodes (Enquête Pratiques culturales Terres Inovia 2022). 

Prendre en compte l’état de son colza pour estimer la dose à apporter 

 
A la faveur de conditions de semis propices à de belles levées, les conditions automnales se sont montrées favorables à la production de biomasse. Les températures négatives des derniers jours ont pu entrainer de la perte de biomasse sur les colzas les plus développés. Dans un certain nombre de parcelles, la perte de biomasse a pu être observée plus précocement, dès novembre.

Par conséquent, les quantités d’azote absorbées à l’automne sont très variables d’une situation à une autre, et nécessitent donc d’être évaluées pour chaque parcelle voire au sein d’une même parcelle. La pesée du colza en entrée puis en sortie hiver, permet d’estimer la quantité d’azote déjà présente dans la plante qui conditionnera, via la Réglette Azote Colza®, la dose d’azote à apporter pour atteindre l’objectif de rendement. 

Biomasse sortie hiver (SH) : à faire sans tarder si ce n’est pas déjà fait, pour raisonner la dose totale à apporter  
Il s’agit de prélever et peser la biomasse aérienne de colza sur 1 m² dans le cas d’un semi au semoir céréales ou bien l’équivalent pour les semis au monograine (1.67 mètre linéaire pour un écartement à 60 cm ou 1.25 mètre linéaire pour un écartement à 80 cm). Idéalement cette mesure est à réaliser deux fois : en entrée hiver (début décembre) puis en sortie hiver (fin janvier), de façon à prendre en compte d’éventuelles perte de feuilles au cours de l’hiver. Si la mesure de début hiver est optionnelle dans notre région, celle de sortie hiver est incontournable. 

Réglette Azote colza®

Une fois les pesées réalisées, les valeurs peuvent être saisies dans l’outil , au même titre que l’objectif de rendement (moyenne olympique des 5 dernières années). L’outil calcule alors la dose d’azote à apporter sur la parcelle. 
L’outil Réglette Azote colza®, labellisé par le COMIFER est disponible gratuitement en version smartphone (à télécharger via le playstore) ou en ligne www.regletteazotecolza.fr 

 

A retenir :

1 kg de biomasse aérienne (c’est-à-dire tout ce qui se trouve au-dessus de la surface sol) en sortie d’hiver représente déjà environ 60 unités d’azote absorbé ; dans le cas d’un colza de 2 kg, ce sont déjà 120 unités d’azote mobilisables par le colza qu’il ne sera donc pas utile d’apporter à la reprise. 

Inutile de fertiliser trop tôt un colza de plus d’1.5 kg/m²

Selon l’état du colza en sortie hiver, et la dose totale d’azote à apporter, la stratégie d’apport sera différente pour permettre de valoriser au mieux chaque unité apportée. Le tableau ci-dessous indique, selon la dose d’azote à apporter, la stratégie de fractionnement conseillée, compatible avec la réglementation en vigueur en Nouvelle-Aquitaine et en Occitanie et en région AURA.  

  • Les « petits colzas »

(Biomasse inférieure à 1kg), n’ont pu stocker que peu d’azote avant la reprise de végétation. Il est donc recommandé de réaliser un premier apport dès l’émission de nouvelles feuilles, en reprise de végétation.  Il n’est pas nécessaire d’apporter plus de 50 unités sur ce premier apport, car la plante n’aura pas la capacité de tout absorber. Mieux vaut alors conserver les unités d’azote supplémentaire, pour un apport un peu plus tard. 

  • Les « gros colzas »

(Biomasse supérieure à 1.5 kg), ne présentant pas de signes de faim d’azote, ont stocké suffisamment d’azote pour assurer la reprise végétative voire même le début de la montaison, c’est dire la production de tige, pour les plus gros. Le premier apport d’azote peut alors être reporté un peu plus tard que sur un petit colza, c’est-à-dire en cours de montaison, voire à l’apparition des boutons.

  • Pour les situations intermédiaires, 

Les colzas dont la biomasse est comprise entre 1 kg/m² et 1.5kg/m², le premier apport se fait en fonction de l’état des colzas, en repérant notamment d’éventuelle signe de faim d’azote. Dans ces situations, anticiper un premier apport comme sur les petits colzas, peut permettre de jouer la sécurité, au cas où ensuite les conditions climatiques, et de portance, ne permettraient pas d’entrer dans la parcelle en temps voulu. 

Ne pas oublier l’apport de souffre 

L’apport de soufre sous forme assimilable sulfate est à positionner idéalement avec l’azote autour du début montaison (stade C2, entre-nœuds visibles, c’est-à-dire apparition de la tige). Les 75 unités recommandées permettent de compenser les exportations par la culture et offre le meilleur rapport rendement/qualité de la graine. Une disponibilité insuffisante entraîne des pertes de rendement pouvant atteindre 10 à 20 q/ha dans les cas les plus graves. En cas d'apport régulier de produit organique, le risque de carence en soufre est plus limité. Mais en année difficile, des carences peuvent s'exprimer. Adapter la dose apportée. 

Les facteurs de risques de carence sont nombreux :  

  • Absence d'apport de soufre dans la rotation avec l'utilisation systématique d'engrais ne comportant que de l'azote.
  • Apport de soufre trop précoce, réorganisation de l'apport en soufre organique (non assimilable).
  • Sols froids du fait d'un hiver marqué qui se prolonge tardivement et/ou d'un début de printemps frais, entraînant un retard de la minéralisation. 
  • Lessivage des formes SO4, aggravé lorsque la pluviométrie cumulée des mois de novembre à février est supérieure à 350 mm. 

Vos contacts régionaux

  • Quentin Lambert (q.lambert@terresinovia.fr) - Occitanie
  • Arnaud Micheneau (a.micheneau@terresinovia.fr) - Sud Nouvelle Aquitaine, Gers, Hautes-Pyrénées
  • Alexandra Denoyelle (a.denoyelle@terresinovia.fr) - Auvergne-Rhône-Alpes & Provence-Alpes-Côte d'Azur