Published on 19 April 2024 | Updated on 16 December 2025

Implantation du soja: Les points essentiels pour la réussite de la culture

La réussite d’une culture de soja commence bien avant la levée des premières plantules. À l’approche des semis, il est essentiel de garder en tête les étapes clés pour assurer une implantation optimale et poser les bases d’un rendement satisfaisant. Faisons le point sur les 6 points clés.

1. Choix de la parcelle

Tout d’abord, le choix de la parcelle est déterminant et se fera en prenant en compte le type de sol et les possibilités d’irrigation. Le soja peut se conduire en sec dans des sols profonds (RU>120mm) et intermédiaires mais avec une prise de risque sur l’atteinte du potentiel de rendement. Les sols superficiels (RU<80mm) pourront recevoir du soja à condition d’avoir accès à l’irrigation. Tout comme le maïs, le soja a des besoins en eau similaires estimés à 430 mm (mais pas au même moment) pour une production de 35 q/ha, la disponibilité en eau est donc cruciale dans le choix de la parcelle. 

Voir le tableau comparatif des performances technico-économiques des cultures d'été selon les types de sols et la disponibilité en eau

D’autres critères sont à prendre en compte pour le choix de la parcelle. Une attention particulière doit porter également sur les caractéristiques du sol, l’historique sanitaire, son historique soja et sa flore adventice.  

  • La capacité du sol à se réchauffer rapidement : un atout qui permettra un démarrage rapide du soja. Les risques liés aux attaques fongiques (Pithium, Rhizoctone et autres Fusarium) y sont réduits, contrairement aux sols froids ou battants où les attaques sont plus communes.  
  • L’historique de la parcelle en matière de sclérotinia est également en prendre en compte, pour limiter les risques.  

Avantage aux parcelles qui ont déjà porté du soja, car elles sont déjà colonisées par les bactéries spécifiques et indispensables à la fixation d’azote par les nodosités. Dans ces situations la nodulation est alors facilitée. 

2. Le travail du sol : clé de voûte d'une implantation réussie du soja 

La réussite du soja repose sur une préparation soignée du sol, adaptée aux conditions de la parcelle.  L’objectif est d’obtenir un lit de semences fin et nivelé, garantissant un bon contact entre la graine et le sol sans favoriser la formation de croûtes superficielles. Il est également essentiel de préserver une structure aérée dans les 15 premiers centimètres du sol afin de favoriser la symbiose entre le soja et les bactéries fixatrices d’azote. Une bonne porosité facilite l’installation de ces bactéries et assure une nodulation efficace, indispensable à la nutrition du soja et à son autonomie en azote. En sols argileux, une fissuration peut améliorer l’infiltration de l’eau. Enfin, toute intervention doit être réalisée sur un sol ressuyé afin d’éviter le tassement et préserver la structure. Un sol bien structuré permet d’envisager des techniques simplifiées, limitant le nombre de passage, tandis qu’un sol compacté nécessite un travail plus profond pour favoriser son aération et l’enracinement. Lorsque toutes les conditions sont réunies, le semis direct est possible. 

3. L’inoculation des graines : des précautions à prendre

Un inoculum est un produit biologique fragile, prenez des précautions : Après achat, le produit inoculant doit être conservé à température fraiche et à l’abri de la lumière, pour conserver sa qualité.  Semer dans le délai permis par la spécialité après l'ouverture du sachet d'inoculum .

Pas d’azote au semis !  Outre la qualité du produit, la nodulation est souvent soumise à deux facteurs limitants : le manque d’eau et l’excès d’azote minéral du sol, ce dernier ayant pour effet d’inhiber la nodulation. Ainsi, tout apport d’azote au semis est déconseillé car il empêche les nodosités de s’installer et de fonctionner.  

Pour aller plus loin:

 

4. Date de semis, précocité variétale et situation pédoclimatique : le trio décisif pour sécuriser la récolte

Il s’agit en effet d’assurer une récolte dans de bonnes conditions, en tenant compte des risques d’arrière-saison humide.

  • Sud-Ouest, Sud-Est :  Le choix de précocité est globalement libre sur ce secteur.  Privilégier des semis d’avril dans les secteurs les plus chauds d’Occitanie ou du Sud du Lot-et-Garonne où les arrière-saisons permettent d’envisager des récoltes sans trop de craintes. 
  • Pour les départements sous plus forte influence océanique, les secteurs de piémont pyrénéens ou les zones froides, des groupes I seront mieux adaptés sur les dates de semis classiques jusqu’à début mai. En cas de semis plus tardif sur ces zones, il sera plus sécurisant de recourir à un groupe 0, voire 00 pour la Dordogne et le nord Gironde, où le retour de conditions humides en fin de cycle peut perturber les chantiers de récolte à partir de fin septembre.  
  • Auvergne-Rhône-Alpes : Le groupe de précocité 00 s'avère le plus adapté à cette région, on ciblera des dates de semis classiques de début mai. Selon l'altitude, le climat et le type de sol, il est possible d'opter pour différents groupes de précocité. Dans les zones d'altitude ou sous des climats continentaux, les variétés doivent être précocifiées pour éviter des récoltes trop tardives, susceptibles d'être affectées par des épisodes pluvieux. Le long de la vallée du Rhône, le climat méditerranéen permet une plus grande diversité de précocité, avec des variétés provenant des groupes 0, voire du groupe I, au sud de la région (secteur Montélimar) où les arrière-saisons permettent d’envisager des récoltes sans trop de craintes.  

5. Densité de semis : tenir compte des pertes à la levée  

La densité de semis doit tenir compte du taux de faculté germinative et les conditions de semis, pour estimer les pertes, ainsi que la disponibilité en eau au cours du cycle.
Un test de germination est fortement recommandé pour un semis avec des graines de ferme. Si le taux de facultés  germinatives est inférieures à 80%, l’augmentation des densités de semis peut se retrouver incompatible avec un semis au semoir monograine. Dans ces situations, il est préférable de privilégier les semoirs céréales, en bouchant une descente sur 2, de façon à tendre vers un peuplement optimal.

D’autres facteurs influençant le taux de levée, comme le type de sol, le travail du sol, ou encore le risque d’attaques de ravageurs du sol, influencent le taux de levée et sont à prendre en compte pour ajuster la densité de semis.

6. Écartement et bonnes conditions de semis : des choix déterminants 

Le semis, moment clé de l’implantation, doit être réalisé dans de bonnes conditions. Pour garantir une levée rapide et homogène, la température du sol doit atteindre au moins 10°C sur les 5 premiers cm, dans les 24 à 48h après le semis. En dessous de cette température, la germination peut être affectée. Une profondeur de semis comprise entre 2 et 4 cm est idéale pour assurer une bonne émergence tout en limitant les risques de dessèchement des graines.  

L’écartement des rangs joue également un rôle important et doit être adapté à la variété et aux conditions hydriques. Les variétés des groupes 0, I et II supportent des espacements de 25 à 60 cm, avec une meilleure capacité de ramification pour les plus tardives. Un écartement de 80 cm est envisageable pour le groupe I, bien que moins optimal. 

Les essais de Terres Inovia (2014-2016) montrent que 60 cm est l’écartement le plus performant, notamment en conditions irriguées où le soja exprime mieux son potentiel. Cet avantage est encore plus marqué en sols profonds ou bien alimentés en eau. 

Enfin, pour limiter le risque de sclérotinia, il est conseillé de privilégier des écartements d’au moins 50 cm afin d’améliorer l’aération du couvert et réduire les conditions favorables à la maladie. 

Voir aussi : Optimiser le peuplement pour maximiser rendement et rentabilité

Vos contacts régionaux
Arnaud Micheneau (a.micheneau@terresinovia.fr) - Sud Nouvelle Aquitaine, Gers, Hautes-Pyrénées
Quentin Lambert (q.lambert@terresinovia.fr) - Occitanie
Laura Cipolla - Auvergne-Rhône-Alpes, PACA