Le soja est une légumineuse qui a la capacité, en s’associant avec une bactérie spécifique, de fixer l’azote de l’air et ainsi pouvoir croitre sans apport d’engrais azotée. Cependant le soja est une plante originaire d’Asie dont le partenaire symbiotique est naturellement absent des sols français.
Une fois installées, les populations de Bradyrhizobium spécifiques du soja survivent en général bien dans les sols, mais il est nécessaire de les amener par inoculation lors d’une première culture dans la parcelle. Cette pratique de l’inoculation est devenue familière des producteurs en parallèle du développement des surfaces.
Afin de mettre toutes les chances de son côté pour obtenir un nombre optimal de nodosités sur le système racinaire, plusieurs conditions doivent être satisfaites :
- 1) Avoir un inoculum de qualité, sans contaminant, avec une concentration adéquate d’une souche vivante et efficiente de Bradyrhizobium.
- 2) Réaliser l’inoculation avec précaution, sans eau javélisée, à l’abri de la lumière, et en allant semer en respectant les délais impartis entre inoculation et semis.
- 3) Réaliser le semis dans des conditions de milieu sans facteur limitant majeur pour la nodulation. Les facteurs limitants principaux de la nodulation sont des erreurs de manipulation, des conditions sèches, et la présence à trop forte concentration d’azote minéral
Pour inoculer une culture de soja, plusieurs techniques sont possibles :
Inocula commercialisés à base de Tourbe
La plus ancienne est l’utilisation d’un inoculum sous forme de tourbe. Chaque sachet de tourbe doit contenir au moins 4.1011 bactéries par sachet, ce qui équivaut à un million de bactéries par graine semée. Le contenu du sachet de tourbe est mélangé aux semences après ajout d’environ un litre d’eau non javélisée ou de lait. Il faut une fois le mélange réalisé et conservé à l’abri de la lumière, semer dans un délai de 4 heures. Cette technique initiale a été complétée par des additifs, le plus souvent liquides osmo-protecteurs permettant de limiter les pertes entre inoculation et semis, et permettant un allongement du délais inoculation / semis.
| Fabriquant | Distribution | Produit | Utilisation | Souche | Controle Qualité INRAE |
| BASF | BASF | NPPL | Max 4h av. semis | G49 |
Oui |
| AGRIFUTUR | Ets Gaillard | NITROGEN | Max 4h av. semis | G49 | Oui |
| BASF | BASF | NPPL Force 48 | Inoculation/Semis 0-48h | G49 | Oui |
Inocula commercialisés à base de Tourbe sur micro-granulés d’argile
Face à la difficulté et aux inconvénients de mélanger 100 kg de semences (cases de semences), une autre technique a émergé dans les années 80 en utilisant les micro-granulateurs des semoirs de précision. Il s’agit de mélanger avec le contenu du sachet de tourbe, non pas 100 kg de semences, mais avec 10kgs de micro-granulés d’argile, opération plus facile préservant les semences. Cela aboutit en général à des nodosités mieux réparties sur l’ensemble du système racinaire et moins exposées aux alternances humectation/dessication. On obtient ainsi souvent des nodosités plus régulièrement fonctionnelles avec à l’issue de la culture des gains de rendement et/ou de teneur en protéine.
| Fabriquant | Distribution | Produit | Utilisation | Souche | Controle Qualité INRAE |
| AGRIFUTUR | Ets Gaillard | NITROGEN | Max 4h av. semis | G49 | Oui |
Inocula commercialisés liquides avec adjuvants
Avec les progrès des microbiologistes pour stabiliser les productions des bactéries, sont apparus sur le marché dans les années 90 des inocula liquides, permettant d’utiliser directement une solution bactérienne sans recours à la tourbe, évitant ainsi les opérations nécessaires de préparation d’un tel support : Broyage, neutralisation et stérilisation. Ces inocula sont utilisés avec un adjuvant servant de colle et de source carbonée pour une meilleure survie sur la graine.
| Fabriquant | Distribution | Produit | Utilisation | Souche | Controle Qualité INRAE |
| RIZOBACTER | De Sangosse | Rhisoliq Top | Jusqu'à 10-12 jours | G49 | Oui |
| Cybele Agro Care | Cerience | Vitalianz R soja | Jusqu'à 2-3 jours | G49 | Oui |
En termes de perspectives, on constate ces dernières années des efforts faits par les producteurs d’inocula pour augmenter le délai inoculation/semis. Nous sommes passés successivement de 4h à 48h, puis quelques jours. Aujourd’hui des opérateurs ont des AMM pour des durées plus longues. L’objectif à terme est d’avoir la capacité à inoculer des semences en usine avant commercialisation et libérer l’agriculteur de cette contrainte.
Semences pré-inoculées en usine
Parmi les pionniers, BASF qui commercialise le procédé HICOAT, mais avec une concentration en bactéries encore un peu faible par rapport à la norme INRAE (5.105 contre minimum de 106 b/graine).
| Fabriquant | Distribution | Produit | Utilisation | Souche | Controle Qualité INRAE |
| BASF | Distributeurs de semences | HICOAT | Semences pré-inoculées - Ré-inoculation de sécurité | 532C |
5.105 Bactéries/Grain |
La plupart des opérateurs travaillent à avoir la capacité de proposer au marché, des semences pré-inoculées. La tâche est assez ardue. Il faut en effet être capable de maintenir vivantes plus d’un million de bactéries par graine pendant 2 à 3 mois, durée moyenne des opérations entre traitement et ensachage des semences jusqu’au semis. La surface de la graine constitue a priori un environnement hostile à la survie d’une bactérie gram négative qui ne sporule pas. Il faut donc y associer un produit osmo-protecteur qui puisse également fournir une source carbonée pour sa survie.
Lorsque les opérations d’inoculation et de semis sont réalisées dans de bonnes conditions, les nodosités vont apparaitre sur les racines environ un mois après la levée avec des variations selon les températures et la teneur en nitrate du sol. Un nombre de nodosités de l’ordre de 10 au stade V3 est un bon indicateur de réussite. Néanmoins, ceci ne suffit pas pour bénéficier pleinement de la fixation biologique de l’azote. En effet celle-ci est très sensible aux conditions de milieu et plus consommatrice d’énergie pour la plante que l’assimilation du nitrate. Le facteur limitant principal de la fixation biologique est l’alimentation hydrique. En cas de sécheresse, la plante ne va fonctionner que sur l’assimilation de l’azote minéral du sol et sera donc souvent en situation de carence avec des conséquences sur la productivité.
Avec les évolutions réglementaires, à l’échelle de l’Europe, d’autres inocula peuvent être proposés à la vente. Ceux-ci sont fortement déconseillés. Ils reposent soit sur des souches inconnues, soit au contraire connues pour leurs inconvénients. Souvent, Ils ne satisfont pas non plus aux critères de qualité définis et contrôlés par l’INRAE depuis plus de 40 ans.
| Tout autre inoculum (Liquifix, Biofix In...) est déconseillé à l'emploi. Ces produits ne possèdent pas de contrôle qualité INRAE et les souches de Bradyrhizobium utilisées sont déconseillées. |
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