14,27,50,61,76,91,92,93,94,95,75,78

Régulateur à l'automne : bien utile ?!

Le retour tardif des pluies dans la majorité de la zone ouest a conduit à des levées fin août début septembre. La question de la régulation ne se pose pas pour toutes ces parcelles. La croissance des plantes pouvant être en plus pénalisée par des phytotoxicités.

​​​Pour quelques cas exceptionnels de levée début à mi-aout, la question de la régulation peut se poser. 
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La grille présentée ci-dessous, a été conçue pour informer des risques et aider à la décision de recourir ou non au régulateur à l’automne. Les critères pris en compte sont : 

  • La période d’atteinte du stade 6 feuilles : si le stade 6 feuilles est observé avant le 10 ou 20 octobre (voir découpages secteurs dans la carte ci-dessous), les règles de décision s'appliquent. 
  • La sensibilité variétale : des différences de comportement s’observent dans les essais d’évaluation. Les variétés sont classées en 3 catégories de sensibilité à l’élongation automnale : forte / moyenne / faible. 
  • La densité de plantes de colza : le risque élevé est atteint si peuplement > 50 pieds/m² pour un écartement inférieur à 30 cm ou si peuplement >15 plantes par mètre linéaire. 
  • La réserve azotée disponible pour le colza : le risque élevé concerne les cas où les réserves azotées sont importantes (>100 u) ou si des apports de PRO (Produits Résiduaires Organiques) sont régulièrement effectués à l’échelle de la parcelle. 
  • L'état de croissance au moment de la décision : le risque élevé s'applique aux “gros colzas”, vigoureux et poussants, avec port en rosette, pivot bien développé et feuilles les plus développées très longues (> 20 cm entre la base du pétiole et le bord du limbe). 

​​​​​​​Quand intervenir ?

Dans les parcelles à risque fort ou assez fort d'élongation et uniquement dans ces cas, intervenir avec un régulateur de croissance au stade optimum de 6 feuilles du colza. Au-delà de 8 feuilles, le régulateur freine difficilement les élongations qui sont bien souvent déjà amorcées. 

Sur des colzas déjà allongés, le régulateur ne peut, au mieux, que freiner le développement végétatif des plantes et endurcir légèrement le colza. L’efficacité maximale est toujours obtenue en anticipant le phénomène d’élongation, donc avant 7 feuilles. Des conditions « poussantes » favorisent l’efficacité des produits. 

Ce type d’application n’a aucun effet direct sur le comportement du colza au printemps (pas de réduction de taille ni de verse). ​​​​​​​

Caractéristiques des produits régulateurs de croissance du colza à l'automne

  CARYX SUNORG PRO et autres génériques MAGNELLO (1) MEDAX TOP (2) (3)
Composition

Mépiquat-chlorure 210 g/l +
Metconazole 30 g/l

Metconazole 90 g/l

Tébuconazole 250 g/l +
Difénoconazole 100 g/ha

Mépiquat-chlorure 300 g/l + prohexadione-calcium : 50 g/L
Dose d'AMM 1,4 l/ha 0,8 l/ha 0,8 l/ha 1,0 l/ha
Dose conseil
Régulateur de croissance
0,7 l/ha 0,4 à 0,6 l/ha 0,6 à 0,8 l/ha 0,8 à 1,0 l/ha
Coût indicatif 22 € HT/ha 13 à 20 € HT/ha 22 à 30 € HT/ha 26 à 32 € HT/ha


(1)  Une seule application/an pour l’usage régulateur. Pas d’application possible de certains produits à base de tébuconazole (ex : BALMORA, HORIZON EW, BALTAZAR, génériques) plus tard en cours de cycle quel que soit l’usage (régulateur de croissance, cylindrosporiose, maladies fongiques des siliques, sclerotiniose).
(2)    Fractionnement possible en 2 applications à 0,5 l/ha. Respecter un intervalle de 14 jours entre deux applications
(3)    2 applications à dose pleine (1 l/ha) maximum par an et par culture (1 intervention à l’automne et 1 au printemps) en respectant un intervalle de 90 jours.

Les mélanges régulateurs + MOZZAR/BELKAR sont déconseillés​​​.
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Consulter l’outil "Mélanges de produits phytosanitaires" (en cliquant-ici) pour s’assurer que, sur le plan réglementaire, les régulateurs soient bien mélangeables avec les insecticides et herbicides.​​​​​​

L’expérience de 2023 – Bon à savoir

​​​​​​​En 2023, un réseau de 33 parcelles disposant de zones AVEC / SANS REGULATEUR a permis d’actualiser des références dans un contexte agro-pédoclimatique très favorable aux phénomènes d’élongation automnale. Les parcelles étaient des « situations à risque » représentatives de la Normandie et de l’Ouest de l’Ile-de-France : semis précoce (21 août en moyenne), majorité de parcelles avec apports de fertilisant organique ou minéral avant semis et atteinte du stade 6-8 feuilles du colza bien avant début octobre. Le régulateur a été appliqué en moyenne le 27 septembre majoritairement au stade B6 et avec CARYX ou SUNORG PRO.
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Les principaux enseignements étaient les suivants :

  • Témoins sans régulateur : 92 % de plantes élonguées. 62 mm d’élongation en moyenne ;
  • Zones avec régulateur : 72 % de plantes élonguées. 37 mm d’élongation en moyenne ;
  • Efficacité moyenne du régulateur : 23 % de réduction du taux de plantes élonguées, 42 % de réduction de la taille de l’élongation ;
  • Maîtrise par le régulateur d’une élongation < 40 mm dans un cas sur deux uniquement ;
  • Meilleures efficacités obtenues dans les situations agronomiques à risque modéré, et non pas à risque élevé : semis les plus tardifs (fin août) et non pas les plus précoces, colza au stade B6-B7 dans les premiers jours d’octobre et non pas à la mi-septembre, biomasse moyenne (moins de 1.5 kg) au moment de la mesure.
  • Il semblerait donc que l’effet du milieu en 2023 ait largement dominé l’effet de la conduite culturale. Le régulateur a fonctionné mais, bien qu’appliqué au bon stade dans des conditions très poussantes, il n’a pas pesé suffisamment pour éviter ou maîtriser le phénomène d’élongation survenu immanquablement dans les situations les plus risquées ;
  • Les situations cumulant des élongations importantes (> 50 mm) et des conditions propices à la verse printanières (variétés, disponibilité en azote) ont pu verser en fin de cycle.
  • Aucun effet significatif du régulateur sur le diamètre au collet et sur la longueur du pivot ;
  • Aucun dégât de gel sur élongation en 2024.

Merci aux partenaires : Chambres d’Agriculture de Normandie, Chambre d’Agriculture de région Ile-de-France, lycée du Robillard, BASF Agro, Soufflet Agriculture, Ets Lepicard et CER France 61


Jean Lieven - j.lieven@terresinovia.fr - Normandie, Ile-de-France Ouest 
Julien Charbonnaud - j.charbonnaud@terresinovia.fr - Centre-Val de Loire 
Thomas Mear - t.mear@terresinovia.fr - Bretagne, Pays de la Loire 

Automne Poitou-Charentes, Vendée, Limousin Centre-Val de Loire Bretagne, Pays de la Loire Normandie et Ouest Ile-de-France Régulateurs Colza Equipe Centre & Ouest

Colza : limiter l'impact des repousses de céréales

Comme souvent, les repousses de céréales sont à redouter, en particulier le long des anciens andains de récolte, après déchaumages. Examinez et mesurez le risque rapidement pour éviter une concurrence préjudiciable durant la phase d’installation.

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Nuisibilité potentielle dès 5-10 repousses de céréales/m²

​​​​​​La compétition exercée par les repousses de céréales vis-à-vis du colza augmente avec leur densité. Elle contre-carre la stratégie de « Colza Robuste » et entraîne souvent des pertes de rendement insoupçonnées.

A partir de 5 à 10 repousses/m² une intervention spécifique est souvent nécessaire. Les repousses d’orge d’hiver sont plus concurrentielles que celles de blé. 

Quand intervenir, et avec quelle solution, pour gérer les repousses ?

En cas de concurrence forte et précoce, il faut intervenir rapidement, dès le stade cotylédon du colza si c’est urgent et à partir d’1-2 feuilles des céréales, même si généralement on patiente jusqu’à 2-3 feuilles au moins.  

Sur repousses, préférer les produits de la famille des « fops » pour leur rapidité d’action. Réserver les produits de type dimes, souvent plus onéreux et moins rapides d’actions, pour un usage anti-ray-grass ou anti-vulpin. 

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Le tableau suivant intègre des exemples de produits. Les doses sont à ajuster au stade des repousses (de 2-3 feuilles à 2 talles) :

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En cas de risque vulpin ou ray-grass associé au risque repousses 
Seules les parcelles avec présence de fortes populations de vulpin ou ray-grass (> 20 à 50 /m²) nécessitent précocement un anti-graminée de type « dime » pour réduire la concurrence jusqu’à l’antigraminée de type Kerb, Ielo. 
Dans ces cas, l’application "une pierre deux coups” doit viser le meilleur compromis « stades / densité » au regard de la dynamique des infestations concomitantes. Dans le cas d’utilisation de cléthodim, le stade des colzas doit être d’au moins 2 feuilles.​​​​​​​

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Respecter les conditions d’application des antigraminées foliaires :  

Le jour J (efficacité) - dans les 3-4 jours qui précédent ou qui suivent l’application (efficacité et sélectivité) :  

  • T°C >10° et < 25°C le jour de l’application, conditions poussantes et plantes réceptives, c’est-à-dire non stressées par un à-coup climatique ; 
  • volume d’eau suffisant (> 150 L/ha) pour toucher correctement la cible ; 
  • temps calme et absence de pluie dans les 1-2 heures qui suivent. 
  • hygrométrie supérieure à 60-70 % ; 

Dans les 3-4 jours qui précédent ou qui suivent l’application (efficacité et sélectivité) :  

  • pas de fortes amplitudes (plus de 15°C entre mini et maxi),  
  • pas de gel ou de fortes pluies de nature à stresser les plantes. 

Julien Charbonnaud - j.charbonnaud@terresinovia.fr - Centre, Val de Loire
Jean Lieven - j.lieven@terresinovia.fr - Normandie, Ile-de-France Ouest
Thomas Mear - t.mear@terresinovia.fr - Bretagne, Pays de la Loire
​​​​​​​Elodie Tourton - e.tourton@terresinovia.fr - Poitou-Charentes, Vendée, Limousin

Automne Centre-Val de Loire Normandie et Ouest Ile-de-France Poitou-Charentes, Vendée, Limousin Bretagne, Pays de la Loire Colza Equipe Centre & Ouest

Lupin d’hiver : réussir son implantation

Les semis de lupin d’hiver vont bientôt commencer. Après une préparation souvent anticipée du sol afin de limiter le risque mouche des semis, l’implantation doit être soignée pour donner à la culture toutes ses chances de réussite.

​​​​​​​Choix de la parcelle

Le choix de la parcelle est un critère très important pour la réussite du lupin d'hiver.
Sont à éviter :

  • Les parcelles hydromorphes – le lupin est très sensible aux excès d’eau, beaucoup plus que le pois ou la féverole ; les études récentes ont montré qu’il s’agit souvent du 1er facteur limitant le potentiel de rendement. 
  • Les parcelles présentant un taux de calcaire actif supérieur à 2.5% - le calcaire actif bloque le développement du lupin, qui jaunit, reste nain et finit par disparaitre ; 
  • Les parcelles présentant un fort risque de salissement – peu de solutions sont homologuées sur lupin, la gestion de l’enherbement est un point sensible de l’itinéraire technique de la culture. 

Choisir une parcelle saine, à pH à tendance acide (pH<7), afin de favoriser le bon développement de la culture.
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​​​​​​​► Comment choisir sa parcelle

​​​​​​​Limiter le risque mouche des semis

​​​​​​​​​​​La mouche des semis est un des principaux ravageurs du lupin. Attirée par les gaz émis par les pailles fraiches en décomposition, la femelle y pond plusieurs centaines d’œufs. Durant les 3 semaines qui suivent, la larve, très attirée par les graines en germination, peut s’attaquer aux jeunes pousses de lupin. Elle creuse ainsi des galeries dans les cotylédons, les tigelles et les jeunes pousses, détruisant le germe et provoquant le pourrissement des tissus. 
​​​​​​​La période de risque pour le lupin se situe avant le stade 4 feuilles ; au-delà, les tissus sont assez durs pour résister. 
​​​​​​​Au-delà du travail du sol en amont (idéalement 3 semaines avant le semis) permettant de limiter le risque, l’implantation va également jouer un rôle dans l’atténuation du risque : 

  • Semer en bougeant au minimum le sol, dans des conditions ressuyées, à 3 cm maximum de profondeur, afin de favoriser une levée dynamique et atteindre rapidement le stade 4 feuilles. 
  • Semer aux périodes conseillées, un semis trop tôt peut exposer un peu plus le lupin au cycle de la mouche des semis. A l’inverse, un semis trop tardif va limiter la vigueur du début de cycle avant l’hiver. 

Travail du sol pour limiter le risque « mouche des semis »

​​​​​​​​​​​​​​​​​​Variétés

Quatre variétés de lupin d’hiver sont inscrites – ORUS, MAGNUS, ULYSSE et ANGUS. Ce sont principalement ORUS et MAGNUS qui sont multipliées aujourd’hui. 
​​​​​​​Votre choix doit se faire en fonction du débouché (couleur des graines, teneur en protéines...), et de la localisation de votre parcelle (résistance au froid, précocité à floraison ...). 

Déterminer son choix variétal

​​​​​​​Penser à l’inoculum !

​​​Contrairement au pois ou à la féverole, Bradyrhizobium lupini, le rhizobium spécifique au lupin, n'est pas naturellement présent dans tous les sols français. Il est donc fortement conseillé d’inoculer une parcelle portant pour la première fois du lupin, afin d’assurer son autonomie azotée.  

Inoculation du lupin

Date et densité de semis

Semer le lupin entre le 10 et le 30 septembre. Dans le Sud-Ouest, les semis peuvent être retardés jusqu’à la mi-octobre. 
Semer dans de bonnes conditions de ressuyage afin de favoriser la mise en place d’un système racinaire solide. 
Ne semer ni trop dense (risque maladie) ni trop profond (perte de vigueur face à la mouche des semis) : semer 25-30 graines/m², à 2-3cm de profondeur – objectif 20 à 25 plantes par m² en sortie d’hiver. L’écartement idéal est de 35-40 cm voire plus si vous souhaiter introduire le binage. 
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​​​​​​​► Dates, densités et profondeur de semis

Désherbage

La gestion de l’enherbement reste l’un des points les plus délicats de l’itinéraire technique de la culture. En effet, peu de produits sont homologués sur lupin, limitant parfois le spectre d’action du désherbage chimique. 

La stratégie antidicots reposera sur une prélevée via la pendiméthaline et la clomazone, complété en pré+post par l’isoxaben (CENT 7) 

La stratégie antigraminée reposera essentiellement sur la propyzamide (KERB FLO), ainsi que quelques antigraminées foliaires de la famille des FOP. 

Désherbage de prélevée et post-levée sur lupin

Le désherbage mécanique permet un bon complément aux interventions chimiques, l’utilisation quand cela est possible de la herse étrille et surtout de la bineuse permet de maintenir les parcelles dans un meilleur état de propreté. 

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Désherbage mécanique du lupin

Périodes d’intervention des différentes techniques de désherbage sur le lupin d’hiver

Association : En conduite biologique, l’association apportera une meilleure maitrise du salissement par la couverture d’une plante associée. Le triticale se prête généralement bien à l’association avec le lupin d’hiver 

Associer le lupin d'hiver

​​​​​​​Attention aux limaces

La limace est, avec la mouche des semis, l’un des principaux ravageurs des jeunes lupins : elle s’attaque aux cotylédons, aux jeunes feuilles, mais également aux racines, sur lesquelles des morsures arrondies peuvent être observées. Ces morsures fragilisent les jeunes plantes et les rendent plus sensibles aux aléas hivernaux (humidité des sols, gels…). 

Il est donc important de surveiller ce ravageur dès le semis et de protéger les lupins en cas de présence importante. 

Les ravageurs du lupin : limaces et taupins

Bastien Remurier - b.remurier@terresinovia.fr - Référent protéagineux zone Centre & Ouest

Préparation de campagne Implantation Période hivernale Centre-Val de Loire Poitou-Charentes, Vendée, Limousin Normandie et Ouest Ile-de-France Bretagne, Pays de la Loire Implantation Lupin d'hiver Bastien Remurier

Point tournesol en Normandie et Ouest Ile-de-France

Les premières récoltes ont déjà été réalisées par endroit, depuis une dizaine de jours. Un scenario bien à l’opposé de 2024 sur ce point ! Retour sur quelques faits marquants de cette campagne 2025 qui se termine bientôt.

Un départ relativement bon en 2025 

Les conditions pédoclimatiques en avril / mai ont contribué à un bon démarrage du tournesol. L’ampleur des dégâts de limaces ou oiseaux à la levée était remarquablement inférieure aux années récentes. Peu de semis tardifs ou re-semis de mi-mai cette année. De quoi démarrer la campagne plus sereinement.


Avant la floraison, le tournesol a profité d’un temps doux et assez humide jusqu’à ce que le sec et la vague de chaleur de la deuxième quinzaine de juin accélèrent le rythme.
​​​​​​​Dans les sols superficiels en particulier, des effets sur la biomasse et hauteur de plantes ont été pointés. Les pucerons ont été signalés dans tous les secteurs en 2025 avec des phénomènes de crispations régulièrement, mais sans grande inquiétude.


Les premiers fleurons ont été visibles vers le 10 juillet (voire un peu avant pour les plus précoces), ou vers le 20 juillet pour les situations les plus tardives. La floraison s’est déroulée dans des températures à peu près « normales » et en présence de pluies excédentaires dès la mi-juillet.
On peut supposer que le taux de nouaison était correct en 2025 dans la région.

Situation au 05 septembre 2025

Pour le mois d’août, sur le critère « somme des températures depuis la fin floraison », 2025 se place dans le top 5 des années les plus chaudes depuis 20 ans. Les quantités pluviométriques sont souvent déficitaires, et localement excédentaires. La répartition des pluies en août est cependant très inégale.


Dans le sud de l’Orne et le sud de l’Essonne, une pluie significative est survenue le 20 août. Les autres secteurs ont dû attendre fin août pour bénéficier d’eau. Selon l’humidité des sols, la profondeur des sols, les dates de levée et les variétés, on observe donc des écarts de stades de développement et de durée de maintien de feuilles vertes.


Le fait que certaines parcelles aient déjà été récoltées fin août entre 7.5 et 9 % d’humidité (rendements de 27 à 35 q/ha) illustre que la campagne est précoce pour la région. Nous la situons globalement entre 2022 (très précoce et sèche) et 2023.

Les stades rencontrés à ce jour vont de M4 à M1.3 - M2 (voir tableau ci-dessous


Les parcelles aujourd’hui prêtes à être récoltées répondent généralement à l’une ou l’autre des conditions suivantes : 

  • Sols plutôt superficiels ;
  • variétés très précoces (Ex : SY ARCO, LG 50268HOV, LG50276, RGT CAPITOLL, LG50450) voire précoces (ES IDILLIC, SUNBIRD 5, SAVANA, MAS 815 OL);
  • bonne levée après semis du 10-20 avril dans les secteurs précoces du Calvados, de l’Orne, du Sud et Est de l’Eure, des Yvelines, de l’Essonne..
  • peuplements > 6.5 - 7 plantes/m².

Les parcelles au stade proche de M1.3 / M2 devraient être récoltables à compter du 20-25 septembre


Les tournesols « striés » (type SUN BIRD 2) ou tournesol linoléiques (AXELL M, ES AGORA, SY CHRONOS, RGT VUELTA…) semés dans la région vers le 20-25 avril ne devraient pas arriver à maturité avant le 20-25 septembre. 


A noter que certaines variétés voient une maturation se faire plus rapidement au niveau des capitules qu’au niveau des tiges et feuilles (ex : SUNBIRD 5). Il s’agira de bien examiner l’évolution des capitules dans ces cas. Une appréciation « vue de la route » peut être fortement faussée. Quelques feuilles vertes résiduelles sur des plantes aux graines mûres ne doivent pas dissuader de prendre la décision de récolter.​​​​

Récolter à l’humidité optimale permet de maximiser la marge économique

Une récolte en surmaturité, avec un taux d’humidité des graines réduit à 5 %, peut entraîner une baisse de marge de 55 €/ha — car souvent en dehors des seuils de sans remise aux normes d’humidité. Ces pertes sont à comparer à une récolte effectuée au stade optimal, soit à 9 % d’humidité.

Une récolte avec une teneur en eau élevée des graines entraîne également une baisse de marge. Par rapport à une récolte au stade optimal (9 % d’humidité), la marge diminue de 105 €/ha à 13 % d’humidité. 

 

Lire aussi :

Jean Lieven - j.lieven@terresinovia.fr - Normandie, Ile-de-France Ouest

Remplissage des gousses Maturité/récolte Normandie et Ouest Ile-de-France Tournesol Jean LIEVEN (j.lieven@terresinovia.fr)

Colza en Normandie et Ouest Ile-De-France – point semis et désherbage

La nouvelle campagne débute dans des conditions sèches. Rappels sur les mises en garde et les adaptations en matière de raisonnement du désherbage du colza.

Les données de nos 90 stations météo réparties sur la Normandie et les départements 78, 91 et 95 ont enregistré une moyenne de 3 mm cumulés du 1er au 15 août et 7 mm du 16 au 25 août 2025. Seul le sud de l’Orne et de l’Essonne ont fait exception, des pluies significatives étant survenues le 20 août. 


A l’heure où nous écrivons ces lignes, le temps est changeant, les prévisions météo annoncent un régime plus frais, plus humide… Mais comme souvent dans ce type de contexte, le doute s’installe.

Des semis réalisés dans le sec dans la majeure partie des cas

Les semis sont encore en cours un peu partout mais la plupart est désormais réalisée en Haute-Normandie, Ile-de-France et Orne. La tendance 2025 semble confirmer celle des années précédentes (Tableau 1), alors que le sec s’est installé en août sur une large part de la région. Traditionnellement, les colzas des départements 91, 78, 61et du sud 27 sont les premiers semés. Les levées sont soit en cours soit suspendues à une humidification du lit de semences. Dans le Calvados et la Manche, les chantiers commencent toujours un peu plus tard.

 

Pour rappel, les besoins en eau pour faire lever les colzas dépendent de l’état du sol en surface et de la fraicheur présente au moment du semis. Dans la région, une bonne levée nécessite généralement 10 mm dans des sols limoneux bien affinés et 20-25 mm dans des sols motteux, argileux, pailleux. Plus d’information dans l’article du 18/08/2025.


Cette année, on peut s’attendre à ce que les conditions avant / après semis contrarient les germinations ou vigueurs à la levée en particulier dans les sols les plus difficiles à préparer en août. Nul n’est devin, il est encore trop tôt pour juger mais l’expérience du passé nous amène à rester très vigilant pour les prochaines semaines (ravageurs à la levée, désherbage).

L’efficacité des herbicides en post-semis prélevée est irrégulière par temps très sec

L’action racinaire diminue sur des sols à forte présence de mottes / cailloux. L’efficacité est irrégulière en sols argileux et encore plus en l’absence de pluies dans les semaines qui précèdent ou encadrent les applications. 


Dans les essais de Terres Inovia visant par exemple le ray-grass, l’efficacité des produits en postsemis-prélevée (BUTISAN S, SPRINGBOK, COLZOR TRIO, TANARIS, ALABAMA, à dose « efficace ») avoisine en moyenne 60 % avec une variabilité importante selon les conditions (de 15 à 90 %). En conditions sèches, sur graminées, la napropamide (COLZAMID) en application de présemis incorporée offre une efficacité un peu plus régulière.


Si le scenario de sol sec persiste, les traitements de postsemis-prélevée pourraient s’avérer peu rentables, en particulier sur des flores à enjeu important (graminées, géraniums, coquelicots, laiterons, gaillets).

Des traitements en post-levée précoce possibles

Les produits de type NOVALL, ALABAMA, ANITOP, SPRINGBOK, TANARIS, BUTISAN S, SULTAN et TEROX sont sélectifs du colza et autorisés en postlevée. Appliqués sur sol frais, après retour de pluies, idéalement au plus près du stade « rayonnant »* (cotylédons visibles sur près de 70 % des plantes), ces produits gardent une action racinaire intéressante avant la levée des ray-grass, vulpins, alchémilles, ammi majus, laiterons, coquelicots, gaillets, véroniques, lamiers, matricaires... L’application de certains de ces produits comme ALABAMA ou ANITOP peut être fractionnée (postsemis / prélevée puis postlevée précoce). 


Dans les parcelles à dominante graminées, les produits à base de métazachlore et dmta-p conservent une efficacité dont il ne faut pas se priver si les conditions redeviennent propices pour un traitement de post-levée précoce. Des ajustements dose et types de produits gagnent alors à être apportés dans de nombreuses situations (ex préférez SPRINGBOK 2 ou BUTISAN S 1 à ALABAMA 2) dans la mesure où cette intervention ne constitue « que » la base d’un programme qui sera complété par des antigraminées foliaires et racinaires en entrée hiver. 


Dans le cas où les graminées ne sont pas si préoccupantes ou si le temps sec persiste, il peut être envisagé de se tourner vers des stratégies strictement à base d’herbicides de postlevée (ex : MOZZAR, NERIS, IELO, KERB FLO et/ ou produits spécifiques FOX, CALLISTO, ATIC AQUA, CENT7). L’usage de ces produits de « tir à vue » doit s’appuyer sur un examen régulier des flores présentes (2 à 3 fois en septembre / octobre). 

* ces produits sont autorisés jusqu’aux stade 4 feuilles (TEROX) voire 8 feuilles du colza (NOVALL, ALABAMA, ANITOP, SPRINGBOK, TANARIS, BUTISAN S, SULTAN)

Cela peut vous intéresser : les stratégies herbicides pour le colza

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​​​​Jean Lieven - j.liven@terresinovia.fr - Normandie, Ile-de-France Ouest
 

Implantation Automne Normandie et Ouest Ile-de-France Implantation Désherbage Colza Jean LIEVEN

Colza : Bilan de campagne 2024-2025 - Normandie / Ouest Ile-de-France

2025 a offert un très bon voire un excellent bilan technico-économique aux producteurs de colza en Normandie et dans l’Ouest de l’Ile-de-France. Les résultats égalent ou dépassent les scores élevés de 2017 et 2022.

​​​​​Les rendements en parcelle vont de 30 à 60 q/ha -38 à 48 q/ha si on resserre davantage.
​​​​​​​Les moyennes départementales vont de 40 à 46 q/ha. C’est 7 à 10 q/ha de plus par rapport à la moyenne quinquennale. De plus, les teneurs en huile sont en tendance bien plus élevées qu’en 2024.


Ce bilan résulte d’un excellent nombre de graines/m² et d’aucune difficulté majeure à surmonter pendant 10 mois, ce qui est assez rare pour le souligner. Le printemps sec et les températures élevées en fin de cycle ont sans doute soustrait quelques quintaux dans divers terroirs, mais le bilan reste positif.


Couplés à un bon prix de marché, les résultats ont de quoi réjouir, mais n’effaceront pas de la mémoire collective l’ampleur des dégâts provoqués à divers endroits par les orages de grêle les 13 et 25 juin.

Bilan de campagne Colza 2024-2025 Normandie / Ouest Ile-de-France

 

Jean Lieven - j.lieven@terresinovia.fr - Normandie, Ile-de-France Ouest
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Préparation de campagne Implantation Automne Pause hivernale Montaison Maturité/récolte Normandie et Ouest Ile-de-France Colza Jean LIEVEN

Colza : point sur les récoltes en Normandie & Ouest Ile-de-France

Des performances régulièrement très bonnes, voire excellentes clôturent la campagne 2025. Les rendements en parcelle vont de 30 à 60 q/ha -38 à 48 q/ha si on resserre davantage. C’est 7 à 10 q/ha de plus par rapport à la moyenne quinquennale.

La moisson 2025 offre donc finalement un bon voire un excellent bilan aux producteurs de colza en Normandie et dans l’Ouest de l’Ile-de-France. Les résultats égalent ou dépassent les scores élevés de 2017 et de 2022.

Ce bilan résulte d’un excellent nombre de graines/m² et d’aucune difficulté majeure à surmonter pendant 10 mois*, c’est assez rare pour le souligner. Le printemps sec et les températures élevées en fin de cycle ont sans doute soustrait quelques quintaux dans divers terroirs, mais le bilan reste dans l’ensemble positif.

Les résultats, couplés à un bon prix de marché, ont de quoi réjouir, mais n’effaceront pas de la mémoire collective l’ampleur des dégâts provoqués par les orages de grêle les 13 et 25 juin 2025, en Normandie tout particulièrement. 

Les premiers échos indiquent par ailleurs des teneurs en huile élevées, à consolider dans les jours à venir.

* nous écartons bien sûr les cas d’intempéries. L’étendue des dégâts concerne l’Eure en particulier et d’autres secteurs normands ou du sud des Yvelines. Les parcelles les plus abîmées par les orages de grêle en juin termineront entre 5 et 20 q/ha.

Premiers estimatifs de rendements parcellaires (moyennes indicatives)

Ouest Ile-de-France :

  • autour de 40 q/ha dans l’Essonne, pour des récoltes achevées avant la mi-juillet. Des résultats qui ne doivent pas éclipser des fortes irrégularités (28-50 q/ha) ;

  • 42 q/ha dans les Yvelines avec un peu d’hétérogénéité aussi : les conditions assez clémentes en fin de cycle ont succédé à des excès d’eau importants en fin d’hiver, au sud du département notamment ;

  • très bons résultats dans le Val d’Oise, concentrés autour de 44-46 q/ha.

Haute-Normandie :

  • autour de 42 q/ha dans l’Eure, si on écarte les parcelles grêlées. Les très bons rendements (43-48 q/ha) s’observent dans le Roumois, Lieuvin, plateau du Neubourg, Vexin Normand. Le Pays d’Ouche jusqu’aux secteurs de Verneuil d’Avre-et-Iton, réalise souvent des performances de 40-42 q/ha. Les plateaux d’Evreux et St-André, vallées de l’Eure et plateaux de Madrie sortent majoritairement entre 38 et 42 q/ha (32-35 q/ha pour les cas de contre-performances) ;

  • 44-46 q/ha en moyenne en Seine-Maritime dans une fourchette de 38 à 58 q/ha. Les excellents résultats concernent aussi les terres crayeuses, exposées plein sud, comme dans les vallées du Pays de Bray. Les zones du littoral de Dieppe, Eu, Fécamp et surtout le Havre frôlent ou battent des records (plus de 46 q/ha).

Basse-Normandie :

  • 39-41 q/ha en moyenne dans l’Orne. Comme dans le sud 27, nul doute que la fin de cycle a quelque peu pénalisé le poids des graines, au regard des rendements constatés selon les profondeurs de sols. Mais pour la plus grande satisfaction des producteurs, les rendements peuvent monter jusqu’à 50 q/ha et plus. D’une façon générale, c’est 7 à 10 q/ha de plus qu’escompté ;

  • Côté Calvados et Manche, les apparences n’étaient pas trompeuses. Les hauts rendements sont au rendez-vous : plus de 45 q/ha dans le Sud Manche, le Bessin et le Nord de Caen, entre 42 et 45 q/ha dans le Pays d’Auge et un peu moins de 40 q/ha en moyenne dans le terroir de Falaise.

 

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Jean Lieven (j.lieven@terresinovia.fr) - Normandie, Ouest Ile-de-France

Implantation Normandie et Ouest Ile-de-France Récolte Colza Jean LIEVEN (j.lieven@terresinovia.fr)

Travail du sol avant implantation des colzas : observer et s’adapter aux conditions sécheresse des sols

Des récoltes de céréales très précoces dans des contextes de sécheresse globale voire extrême des sols

​​​​​​​​​​​​​​​​​​​​En région Centre-Val de Loire et Poitou-Charentes, les récoltes se terminent, tandis qu’elles sont en cours en Ile de France et en Normandie et déjà bien entamées en Pays de la Loire et Bretagne.
 
Comme il est coutume de le dire, « les années se suivent mais ne se ressemblent pas… » Cette phrase pourrait parfaitement résumer les conditions de récolte de cette année 2025, complètement opposées à l’année précédente, mais non sans conséquences sur les travaux de sols des futures implantations de colza. Dans un contexte de structures de sols pouvant avoir été dégradées lors des implantations des céréales de l’automne dernier, les conditions sèches et chaudes depuis plusieurs mois ont rendu les sols dans un état de sécheresse pouvant être extrême dans certains secteurs. Les perturbations et orages de ces dernières semaines ont été très hétérogènes selon les secteurs, dont nombre d’entre eux ont été très peu arrosés par la perturbation des derniers jours, comme le montre la carte ci-dessous.

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Ainsi, il devient très difficile de réaliser à la fois des observations des structures des sols, mais également de pouvoir anticiper les travaux de sols qui peuvent éventuellement s’envisager dans des secteurs où le sol se trouve à des états d’humidité favorables. Au-delà de la capacité à démarrer les travaux de sol, l’état d’humidité des sols va donc être l’élément clé permettant d’obtenir ou non un travail du sol de qualité, c’est-à-dire qui répond aux objectifs de correction de la structure de sol et de préparation du futur lit de semence. 
Comment observer la structure des sols ? Quels sont les objectifs et les enjeux du travail du sol avant les semis de colza ? Quels peuvent être les impacts sur la réussite de la culture du colza ?

​​​​​​​Voici quelques éléments pour vous permettre de répondre de la meilleure manière possible à ces interrogations.

Les enjeux de l’implantation pour obtenir un colza robuste

​​​​​​​La réussite de l’implantation du colza est devenue une phase cruciale pour obtenir une culture robuste, à même d’exprimer son potentiel et peu sensible aux insectes d’automne. Pour parvenir à ces objectifs, la qualité de la structure du sol et du semis sont des éléments essentiels à l’atteinte de la robustesse du colza. La gestion du travail du sol avant le semis du colza doit permettre d’assurer la porosité verticale de la parcelle, et de répondre à deux objectifs majeurs :​​​​​

  • Obtenir une structure du sol favorable à un bon enracinement du colza : il est donc préférable avant le semis de restaurer une qualité structurale optimale à l’enracinement du colza sur 15 à 20 cm de profondeur. Il est important de déterminer à quelle profondeur se situe l’éventuelle compaction. Aucune obligation de travailler à 20 cm, si le souci est seulement à 8 cm. En l’absence de pluies significatives dans les prochaines semaines permettant de réhumecter l’ensemble de la profondeur de sol nécessitant un travail de sol, une question risque de se poser : l’enracinement du colza peut- il se mettre en place de manière optimale si l’on réalise uniquement un travail de sol de surface pour préparer le lit de semence ? L’expérimentation en bandes mise en place dans le Berry l’été dernier visant à comparer la réussite du colza dans des contextes de structures de sol favorables ou défavorables montre bien que, malgré un semis précoce et une croissance optimale durant tout l’automne, l’état structural aura un impact sur l’homogénéité et la profondeur de l’enracinement, et plus particulièrement la capacité que pourra avoir le colza à avoir une majorité de pivots atteignant au moins 15cm de profondeur (voir graphique ci-dessous).

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​​​​​​​​​​​​Plateforme implantation colza Syppre Berry 2025 : répartition des longueurs des pivots en entrée d’hiver 
selon l’état structural du sol en situation de semis précoce (08/08)

  • ​​​​​​​Préserver et/ou favoriser l’humidité en profondeur pour permettre une germination des graines et un développement rapide des plantes à l’automne : il faut veiller à ne pas faire de travail superflu pour limiter la profondeur et le nombre d’interventions au strict nécessaire.
  • Préparer un lit de semence permettant un positionnement optimal de la graine : l’ensemble des opérations de travail du sol doit permettre d’obtenir une bonne proportion de terre fine et de paille pour favoriser le contact « terre – graine » lors du semis du colza.

 Observer la structure du sol avant toute intervention

Avant de décider de toute intervention mécanique, il est important et nécessaire d’observer la structure de sol dans la globalité de la parcelle, c’est-à-dire dans les zones les plus représentatives, mais également dans les zones de textures de sol différentes.
Dans un contexte d’implantations délicates des céréales à l’automne dernier en conditions humides, l’objectif est de pouvoir caractériser l’état structural du sol, et de déterminer la profondeur et le choix des outils pour les interventions de travail du sol.

L’observation de la structure du sol peut se faire grâce à un test bêche sur l’horizon de travail du sol habituel (en général entre 0 et 20 à 25 cm de profondeur), ou par un profil 3D que l’on réalise à l’aide d’un télescopique.

Les photos ci-dessous ont été prises sur la plateforme SYPPRE Berry après les récoltes d’orge d’hiver et de blé tendre en contexte de sol argileux. Elles présentent des situations de qualités structurales différentes, conduisant à différentes gestions des interventions de travail du sol.

  • 1ère situation : absence complète de zone de compaction sur l’horizon 0-20cm

Comme le montrent les deux photos ci-dessous, on ne retrouve aucune délimitation d’horizons présentant différents niveaux de friabilité ou de compaction des mottes. Dans cette situation, aucun travail profond ne sera nécessaire pour garantir un bon enracinement du colza. Seuls des travaux de sol sur l’horizon de surface pourront être envisagées dans le cadre de la gestion de la paille, des repousses de céréales et de la gestion du lit de semence. En cas de répartition homogène de la paille, le semis direct au semoir à dents pourra également parfaitement s’envisager.
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Photos 1ère situation : absence de zone de compaction (Crédit photo : M. Loos)

  • 2ème situation : présence de zones de compaction sur l’horizon 0-20cm avec des mottes poreuses et friables

Dans ces situations, comme le montrent les photos de la page suivante, une ou plusieurs zones peuvent se délimiter, montrant des niveaux de friabilité ou de compaction des mottes différentes. L’objectif est de bien identifier les différentes profondeurs de ces zones, et de vérifier le niveau de compaction par une observation plus fine de la taille et de la fissuration des mottes. L’enjeu est de vérifier si l’enracinement du colza peut être compromis, et si une intervention mécanique doit se justifier afin de permettre la descente des racines. La photo prise de l’état de fissuration des mottes, et de bonne friabilité par la présence d’une bonne porosité racinaire, indique que le niveau de compaction reste léger, et ne présente pas un frein au développement racinaire du colza. 
Dans ces situations, les travaux de sols et de préparation du semis pourront être équivalents à la situation décrite précédemment.
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Photos 2ème situation : présence de zones de compaction légères mais friables friables (Crédit photo : M. Loos)
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  • 3ème situation : présence de zones de compaction sur l’horizon 0-20cm avec des mottes dures, très peu friables et sans trace de porosité

Il s’agit de situations pouvant résulter de tassements par les moissonneuses après les forts cumuls de pluie précédemment aux récoltes, ou de la présence de zones de compaction plus anciennes n’ayant pas été gérées avant l’implantation de la culture précédente. Comme le montrent les photos ci-dessous, les mottes qui composent les différents horizons de compaction présentent de fortes difficultés à leur émiettement en restant grossières. L’absence de porosité racinaire ne permet pas d’obtenir une certaine friabilité des mottes, notamment sur l’horizon 8-13cm. Le niveau de compaction ne permettra pas un développement optimal des racines du colza, risquant ainsi de limiter la profondeur d’enracinement du colza ainsi que son développement automnal. Dans ces situations, un travail du sol sera donc nécessaire pour corriger les défauts de la structure du sol et permettre un bon enracinement du colza.

Photos 3ème situation : présence de zones de compaction fortes difficilement friables (Crédit photo : M. Loos)

Adapter le travail du sol et le choix de l’outil au diagnostic de la structure du sol


Après l’observation de la structure du sol et la nécessité ou non de réaliser un passage d’outil, il est primordial de se projeter sur l’implantation des colzas.

  • Si l’humidité du sol le permet, réaliser les différents passages le plus tôt possible après la récolte et en amont du semis, et rouler. Le premier passage doit avoir lieu au plus près de la récolte du précédent, ce qui permet de bénéficier de l’humidité résiduelle et de maintenir les remontées capillaires, et donc de limiter le dessèchement des horizons plus profonds.
  • En cas de conditions sèches sur l’ensemble du profil de sol, mieux vaut ne rien faire et patienter que de travailler le sol coûte que coûte avec un outil dont le résultat ne permettra pas d’obtenir l’objectif initial. L’amélioration de l’état structural par le travail du sol peut ne pas être atteinte lors d’un travail en conditions humides (risque de lissage et de tassement), mais également en conditions sèches (création de mottes grossières ne permettant pas d’obtenir un état de porosité optimal).
  • Vérifier le travail réalisé par l’outil lors du travail du sol : au-delà du fait que chaque outil de travail du sol doit être utilisé à sa bonne profondeur d’utilisation (en fonction de son dégagement sou bâti et de son écartement entre dents), il doit également répondre à l’objectif de l’intervention. De même, réduire la profondeur de travail pour passer coûte que coûte en conditions sèches avec un outil qui n’est pas adapté ne permettra pas d’obtenir une structure de sol. Il ne suffit pas de seulement observer le travail de l’outil par son résultat depuis la cabine du tracteur…

 
 

Effet du travail du sol en conditions d’humidité non optimale au regard de l’état de surface ou en profondeur : si l’état de surface semble satisfaisant (gestion de la paille et des mottes), le passage des dents en profondeur ne parvient pas à créer une porosité mécanique optimale et homogène sur l’ensemble de la largeur de l’outil (Crédit photo : M. Geleon).

Adapter la gestion des repousses de céréales en fonction de leur dynamique de levées :
​​​​​​​​​​​si l’humidité du sol le permet, le travail du sol, qu’il soit superficiel ou plus profond, risque de favoriser les levées d’adventices et plus particulièrement des repousses de céréales de la culture précédente. Plus ces levées seront précoces, et plus ces dernières risquent d’assécher le sol en profondeur. Leur destruction doit donc être anticipée afin de maintenir le plus d’humidité dans le sol. En cas de sol sec, et de décalage du travail du sol, veiller à ce qu’un maximum de repousses de céréales puisse lever et être détruite à un stade jeune en amont du semis, afin que ces dernières ne puissent pas entrer en concurrence avec le colza par un assèchement du sol lors de sa levée.

En cas d’implantation en semis direct, il est primordial d’avoir des outils performants pour gérer les résidus pailleux (chasses- paille et herse à paille pour répartir les résidus). Les semoirs à dents offrent dans la plupart des situations une meilleure réussite du semis, en positionnant la graine sous le mulch de paille, en contact avec la terre fine. Le mulch protège le sol et limite l’évaporation. L’absence de travail évite la germination des adventices, surtout des dicots, à condition de semer à vitesse réduite (<6 km/h). Dans ces situations, la croissance précoce est souvent plus lente, ce qui milite pour un semis plus précoce.

En résumé

Les pratiques d’implantation permettent de préparer les conditions essentielles d’un colza robuste : une levée précoce et homogène, des pieds vigoureux avec une profondeur d’enracinement homogène comprise entre 15 et 20cm, une croissance dynamique et continue à l’automne et une reprise dynamique en sortie d’hiver.

  • Observer l’état structural et les conditions d’humidité de sons sol pour décider de travailler ou non, choisir le type d’intervention avec le bon outil et optimiser la profondeur de travail du sol.
  • Anticiper les travaux de sol pour préserver au mieux l’humidité du sol ou favoriser l’effet des pluies potentielles avant le semis.
  • Optimiser le travail du sol : limiter le nombre de passages et de profondeur de travail au strict nécessaire pour gérer la structure du sol, les résidus du précédent ou les bioagresseurs.
  • Adapter la gestion des repousses de céréales (levée et destruction) afin de maintenir la fraicheur au semis et éviter la concurrence par un assèchement du sol à la levée du colza.
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Matthieu Loos - m.loos@terres.inovia.fr​​​​​​​ - Chargé de développement Centre & Ouest
​​​​​​​Julien Charbonnaud - j.charbonnaud@terresinovia.fr - Centre-Val de Loire
Jean Lieven - j.lieven@terresinovia.fr - Normandie, Ile-de-France Ouest
Thomas Mear – t.mear@terresinovia.fr - Bretagne, Pays de la Loire
Elodie Tourton - e.tourton@terresinovia.fr - Poitou-Charentes, Vendée, Limousin

Implantation Maturité/récolte Normandie et Ouest Ile-de-France Poitou-Charentes, Vendée, Limousin Bretagne, Pays de la Loire Centre-Val de Loire Implantation Préparation du sol Colza Equipe Zone Centre & Ouest

Gestion des repousses de colza grêlé : que faire (et ne pas faire) ?

Devant l'ampleur des dégâts provoqués par les deux orages violents du 13 et 25 juin en Normandie tout particulièrement, la gestion des repousses de colza mérite une attention particulière. Le conseil de base est de laisser germer le maximum de graines tombées au sol avant toute opération de travail du sol post-moisson.

Quel que soit le niveau de gravité des orages de grêle, il convient de prendre toutes les dispositions possibles pour limiter dès à présent le salissement ultérieur des cultures par des repousses de colza indésirables.

Recommandations après récolte de colza grêlé :  

  • ​​​​​Important : proscrire tout enfouissement profond de graines de colza sitôt la moisson, et ce même dans le mois qui suit ! Pas de labour et déchaumage profond ! La graine de colza est d’autant plus dormante et persistante dans le temps (jusqu’à 9-10 ans) que son enfouissement se fait profondément.
  • Laisser germer naturellement le maximum de graines présentes au sol avant toute opération de travail du sol. Les pluies de juin / juillet et les températures sont favorables à une germination rapide des graines mûres ou quasi mûres (jusqu’à 70 % de taux de germination, voire plus, on peut déjà l’observer en ce moment). Cette étape est la plus importante car de loin la plus efficace pour agir sur le stock de graines fâcheusement tombé à la surface du sol ;
  • Environ 4-5 semaines après la première levée et/ou après la moisson, un travail du sol très superficiel (strictement inférieur à 5 cm) permettra la destruction des levées et générera simultanément une potentielle seconde levée (ceci est d’autant plus vrai que les graines tombées au sol ont déjà été humectées) ;
  • Cette démarche d’épuisement du stock de graines peut être réitérée plusieurs fois si les conditions météorologiques durant l’été s’y prêtent.


​​​​​​​Penser à bien référencer, à l’échelle du parcellaire, les ilots concernés par du colza grêlé. Ceci vaut encore plus pour les agriculteurs producteurs de colza éruciques désireux de basculer vers du non-éruciques à l’avenir (et inversement).

Une ampleur et une intensité insolites des intempéries en juin 2025


Les parcelles impactées, pour certaines anéanties, se situent essentiellement dans les régions suivantes : Pays d’Ouche (environs de Bernay tout particulièrement), Lieuvin, Roumois, entre Caux et Vexin, pointe du Caux, plateau du Neubourg, sud de l’Eure (Nonancourt, Verneuil), Pays de Lyons, pays d’Argentan et d’Alençon, Caen-Sud, bocage Ornais, sud des Yvelines. La surface globale touchée pourrait atteindre 4 000 à 7 000 ha de colza dont au moins 1 500 à 2 000 sévèrement dégradés.

Les pertes de rendement seront très variables, jusqu’à 50-80 % en règle générale pour des colzas très grêlés. Certaines parcelles sont totalement ruinées, c’est insolite. En cas de grêle à 100 %, pour un potentiel de 30 à 45 q/ha, le nombre de graines/m² tombant au sol fluctue entre 50 000 et 90 000 graines/m² ! Une part non négligeable de graines sera non viable en raison de leur immaturité ou des prédateurs, maladies, conditions de sol en surface, etc. 

Message Terres Inovia co-signé par : 

 


Cotylédons de colza après l’orage du 13/06/2025 – Lignerolles (27) - photo du 27/06/2025
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Après l’orage du 25/06/2025 – Le Plessis- Sainte-Opportune (27) photo du 27/06/2025 ​​​​


​​​​​​​Après l’orage du 25/06/2025, destruction totale – Valailles (27) photo du 27/06/2025

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​​​​​​​Jean LIEVEN - j.lieven@terresinovia.fr  - Normandie, Ouest Ile-de-France

Maturité/récolte Normandie et Ouest Ile-de-France Accidents climatiques Colza Jean LIEVEN (j.lieven@terresinovia.fr)

Face à la hernie des crucifères : protéger son colza, c’est possible !

La hernie des crucifères est une maladie racinaire qui prend de l’ampleur ces dernières années. Les dégâts causés par la hernie peuvent engendrer jusqu’à 100% de pertes de rendement. Face à cette maladie, aucun levier seul ne suffit : la clé, c’est la combinaison.

Une maladie qui s’exprime davantage avec le changement climatique

Ces dernières années, les températures douces et des précipitations importantes à l’automne ont créé des conditions idéales au développement de cette maladie racinaire. Des conditions qui risquent de se réitérer plus souvent avec l’évolution du climat. La hernie des crucifères est causée par le parasite obligatoire Plasmodiophora brassicae. La maladie se traduit dès l’automne, au niveau racinaire, par des boursouflures hypertrophiées sur les racines aussi appelées galles. Des flétrissements peuvent également être visibles sur la partie aérienne, souvent répartis en foyer, pouvant aller jusqu’à la perte de pieds. La conséquence est la perte de rendement. 
Un fois installée dans la parcelle, la maladie s’accroche, et peut y rester plus de 10 ans. Mieux vaut donc anticiper.

Galle de hernie sur colza - Crédit photo : L. Jung

Des conditions à risque bien identifiées

La hernie se développe préférentiellement dans les sols limoneux à pH acide, hydromorphe et battant. Les abats d’eau sur des sols chauds au début de l’automne créent des conditions favorables à l’expression de la maladie.
D’autre facteurs sont également favorables à son développement : 

  • Retour fréquent de crucifères sur la parcelle (colza ou crucifères dans les couverts d’interculture type CIPAN)
  • Mauvais désherbage, notamment des crucifères ou des repousses de colza
  • Mauvais drainage de la parcelle
  • Absence de chaulage pour les sols acides

Si vous cochez plusieurs de ces cases, la vigilance est de mise.
En savoir + sur la localisation de la maladie : Carte de recensement des parcelles avec de la hernie des crucifères

 

Des leviers à combiner pour limiter l’impact

La combinaison de leviers vise à réduire la dissémination de l’agent pathogène, mais aussi réduire l’expression de la maladie et sa nuisibilité, tout en maximisant la durabilité de l’efficacité du levier génétique.

La lutte variétale : premier rempart

L’utilisation d'une variété résistante reste la voie la plus efficace pour contenir la maladie. Le profil des variétés est souvent caractérisé lors de l’inscription des variétés au catalogue français (symbolisée par une étoile sur le tableau suivant), à la demande de l’obtenteur sur un panel de pathotypes (P1, P1*, P2*) de hernie représentatifs en France. Cette caractérisation est gage de confiance. Le profil étant similaire, il y a peu d’erreurs à choisir l’une ou l’autre de ces variétés.

Nouveauté pour la campagne : des variétés avec un nouveau profil, résistance à P1*, arrivent sur le marché. Elles présentent un intérêt pour les cas de contournement déjà observés, avec la présence de P1* dans la parcelle. 

Effet de la variété sur la hernie des crucifères – Crédit photo : L. Jung

Y’a-t-il un intérêt à mélanger des variétés résistantes et sensibles ?

L’intérêt est nuancé à faire des mélanges uniquement pour réduire la perte de rendement engendrée par l’utilisation seule de variétés résistantes. Ces dernières peuvent présenter un déficit de rendement comparé à des variétés sensibles (-9% en 2017 et de -6% en 2023 en moyenne, sur un réseau de parcelles sans hernie), mais ce n’est pas toujours le cas. Le gain de rendement du mélange par rapport au colza résistant seul est aussi difficile à prédire (variabilité inter-annuelle, phénomène de compensation selon le type de sol…).

Bon à savoir : un mélange de variétés R+S peut augmenter l’inoculum dans le sol, mais aucun élément ne permet de dire si cela va favoriser ou limiter l’apparition de pathotypes contournants.

Ainsi avant de réaliser un mélange, il est important de prendre en compte les différentes contraintes de production et de leur importance.

 

Associer les pratiques agronomiques : vos alliées de fond

Pour réduire le potentiel infectieux de la parcelle, on évite le retour fréquent de crucifères (en culture principale ou intermédiaire comme les CIPAN). Le désherbage de la parcelle doit être soigné, notamment si la flore adventice est composée de crucifères. Les repousses de colzas doivent être détruites.

Les sols acides créent des conditions favorables au développement de la maladie. Si le pH de la parcelle est inférieur à 7,2, réaliser un chaulage.

En cas de sols hydromorphes, mettre en place du drainage pour éviter l’accumulation de l’eau dans la parcelle.

 

Prévention, des réflexes à adopter

En cas de suspicion de hernie dans la parcelle, notamment en sol acide et hydromorphe et dans des régions où la présence de hernie est confirmée, il est possible un réaliser dépistage. Le test du chou chinois permet de vérifier si votre sol est contaminé par la hernie. 

En savoir + : Réussir un colza sous pression de hernie

On veille à éviter les contaminations entre parcelles (transport de sols, équipements, fumier, etc.)

Enfin, on n’hésite pas à saisir l’enquête en ligne « hernie des crucifères » pour nous aider à lutter collectivement contre cette maladie : Déclarer en ligne une parcelle avec de la hernie 
 

Préparation de campagne Implantation Maturité/récolte Poitou-Charentes, Vendée, Limousin Normandie et Ouest Ile-de-France Centre-Val de Loire Bretagne, Pays de la Loire Maladies Colza Christophe Jestin