Qualité de la récolte 2024 des céréales à paille, colza et protéagineux
Des semis jusqu’à la récolte, la campagne culturale 2023-2024 a été particulièrement pluvieuse, entrainant une production de céréales à paille, de pois protéagineux et dans une moindre mesure de colza, plus faible qu’espérée en volume. FranceAgriMer, Arvalis et Terres Inovia livrent dans ce communiqué les premières tendances qualitatives observées dans les territoires. Elles seront affinées au cours des prochaines semaines, au fil des analyses en laboratoire.
Graines de colza à la récolte.
Les pluies incessantes depuis mi-octobre ont perturbé les semis, les interventions des agriculteurs dans les champs ainsi que les chantiers de récolte. Le défaut de rayonnement pendant la floraison ou en fin de cycle, a également affecté le développement de certaines cultures. Cette année encore, plus qu’à l’accoutumée, les situations sont contrastées en fonction des dates de semis, des types de sol, de la luminosité et du recours à des variétés plus ou moins résistantes aux risques biotiques. Seules les régions du Sud de la France présentent un bilan climatique un peu différent.
Blé tendre : des taux de protéine et des indices de chute de Hagberg satisfaisants
Toujours en cours dans les régions les plus septentrionales, les récoltes s’achèvent sur une large partie du territoire. En raison de l’automne très pluvieux, les surfaces cultivées en blé tendre ont diminué de plus de 10 % par rapport à la moyenne quinquennale, pour s’établir à 4,2 Mha. À l’exception de l’extrême Sud-Est, les rendements sont décevants. La production de blé tendre est, à ce stade, estimée à 26,3 Mt par le SSP (- 24 % par rapport à la moyenne 2019-2023).
Les teneurs en protéines sont contrastées selon les régions. La moyenne nationale semble assez proche de celle observée l’an dernier.
La récolte s’annonce globalement satisfaisante concernant les indices de chute de Hagberg.
En revanche, les poids spécifiques sont très irréguliers sur l’ensemble du territoire, en fonction des pluies et de l’ensoleillement. Les moyennes régionales sont assez faibles sur la moitié est du pays, correctes à bonnes sur la moitié ouest. Un travail approprié du grain par les collecteurs permettra d’améliorer ce critère pour les lots proches du seuil contractuel.
Blé dur : un impact du climat contrasté
La moisson est quasiment terminée pour le blé dur. La situation s’avère contrastée entre bassins de production, mais aussi au sein de chaque bassin :
- Les rendements constatés dans l’extrême Sud-Est sont bons, avec des teneurs en protéines un peu faibles dans certaines situations. Les poids spécifiques, les taux de mitadin et de moucheture sont généralement d’un bon niveau. Dans cette zone de production, seule une partie de Rhône-Alpes est plus contrastée, conséquence des conditions climatiques locales.
- L’hétérogénéité des rendements est très marquée dans le Sud-Ouest mais les poids spécifiques y sont généralement bons, avec des valeurs supérieures à la campagne précédente. Les teneurs en protéines sont irrégulières, d’assez faibles à correctes. Le taux de mitadinage est important dans certains secteurs.
- Dans le Centre, la hausse des surfaces par rapport à l’an dernier permet de compenser partiellement la baisse des rendements. Les teneurs en protéines sont majoritairement correctes. Les taux de mitadinage et de moucheture semblent satisfaisants dans la majorité des cas. Seuls les poids spécifiques sont inhabituellement faibles.
- Dans le Centre-Ouest, les rendements sont très hétérogènes et les teneurs en protéines plus basses qu’à l’accoutumée. Les poids spécifiques sont légèrement plus faibles que ceux de la campagne précédente.La production française est estimée à 1,2 Mt, en recul de 17 % par rapport à la moyenne 2019-2023.
Orge d’hiver : des critères de qualité corrects pour la brasserie
Malgré les conditions difficiles au moment des semis, les producteurs ont pu sécuriser les implantations d’orge d’hiver, notamment dans les territoires brassicoles. Ainsi les surfaces sont proches de la moyenne quinquennale à 1,2 Mha (- 2 %). Mais avec des rendements en baisse par rapport à la moyenne des cinq dernières années, la production d’orge d’hiver est estimée à 7,2 Mt (- 15 % par rapport à 2019-2023).
Bien que variables selon les territoires, les teneurs en protéines devraient répondre aux attentes des clients dans la majorité des cas, notamment pour le débouché brassicole. Si les poids spécifiques sont faibles, les calibrages des orges brassicoles sont généralement corrects.
Orge de printemps : de bons calibrages
Suite aux pluies, les récoltes d’orge de printemps sont encore en cours.
Les surfaces, en progression par rapport à 2023, atteignent 573 000 ha mais restent en recul par rapport à la moyenne 2019-2023. Avec un rendement moyen à 56,4 q/ha, la production d’orge de printemps s’élèverait à 3,2 Mt (- 6 % par rapport à 2019-2023). Les teneurs en protéines moyennes oscillent entre 9 et 10,5 % selon les régions. Les poids spécifiques sont faibles, mais les calibrages sont d’un bon niveau.
Colza : très bonne teneur en oméga-3
Avec plus de 1,3 Mha récoltés, les surfaces en colza se maintiennent à un niveau similaire à l’année précédente. Si le rendement moyen s’établit autour de 29,5 q/ha, en deçà de la moyenne quinquennale, la culture a fait preuve de résilience malgré les pluies, grâce à un bon démarrage à l’automne. La production finale s’établirait autour de 3,9 Mt, en progression de 4 % par rapport à la moyenne des 5 dernières années. La qualité globale de la récolte est tout à fait correcte. Les teneurs en huile varient selon un gradient Ouest Est habituel avec une moyenne nationale attendue légèrement sous la tendance pluriannuelle de 43,5 % aux normes. La teneur en oméga-3 serait significativement supérieure de 0,5 à 1 point selon les régions.
Protéagineux : une récolte de pois d’hiver réduite mais riche en protéines
Les pluies ont perturbé les semis et réduit les surfaces de pois à 164 000 ha, en recul de 18 % par rapport à 2023. Près de 60 % des surfaces en pois d’hiver n’ont pu être récoltées hormis dans le sud de la France. La féverole d’hiver et dans une moindre mesure les pois de printemps, ont mieux résisté aux intempéries. Le rendement moyen national s’établirait autour de 28 q/ha pour les protéagineux pour une production évaluée à 685 000 tonnes selon le SSP. Le rendement moyen s’annonce a priori satisfaisant en féverole.
Côté qualité, les graines de pois d’hiver qui ont pu être récoltées, plutôt de petite taille, sont très riches en protéines. Pour le pois de printemps et la féverole, les teneurs en protéines s’annoncent plus conformes aux valeurs habituelles.
Sources des données :
• SSP/Agreste pour les rendements, surfaces et productions (août 2024)
• FranceAgriMer, ARVALIS et Terres Inovia sur la qualité technologique des céréales et des oléoprotéagineux
Documents à télécharger
Les enseignements techniques de 2024 pour réussir son pois d’hiver
Après une campagne climatique hors norme, marquée par une pluviométrie continue du semis à la récolte, les pois d’hiver accusent une importante pression maladie, limitant fortement les possibilités de récoltes et le potentiel final.
Si cet échec sanitaire peut décourager, il est important de recontextualiser cette pression face à un climat extrême et inattendu, non représentatif de ces dernières années. De plus, lors des dernières campagnes, ont été mis en évidence de nombreux leviers agronomiques permettant de limiter la pression maladie, et de sauvegarder le potentiel des pois d’hiver.
En 2024, ces leviers ont également montré de fortes différences dans la dynamique d’évolution de la maladie. Fort de ces enseignements, Terres Inovia propose ses leviers mais également les évolutions techniques à opérer sur ses pois d’hiver pour une meilleure maitrise du potentiel de la future campagne 2025.
Les résultats présentés dans ce dossier technique (à télécharger ici ou en bas de cette actualité) sont le fruit d’un travail collectif réalisé avec l’ensemble des partenaires. Merci à ceux qui ont permis d’alimenter ce bilan de campagne.
Dans ce dossier technique, vous retrouverez un bilan complet sur la campagne de pois protéagineux 2023/2024 :
- Un bilan climatique 2024 sans précédent
- Un complexe de maladies dominé par un champignon type Colletotrichum
- Des profils variétaux plus adaptés au risque de maladie
- Semences certifiées et graines de fermes
- L’implantation, phase de mise en place des stratégies pour limiter le risque maladie
- Déclencher des stratégies précoces plus efficaces
Pour 2025, les clés techniques pour réussir son pois d’hiver
Le contexte climatique 2024 reste très atypique et ne doit pas résumer le risque climatique et sanitaire des pois d’hiver pour les futures campagnes. Ces 10 dernières années climatiques ont même montré, en moyenne, de meilleurs rendements 7 années/10 pour le pois d’hiver à l’inverse du pois de printemps qui plafonne plus souvent avec les risques de printemps chauds et secs.
La gestion du risque de gel et de maladies précoces du pois d’hiver peut se maitriser via le cumul des divers leviers détaillés précédemment et résumés ci-dessous.
Choix d'une parcelle adaptée
Choix de la parcelle plus susceptibles d’entretenir la maladie.
Choix d’une variété résiliente
Un premier classement provisoire des variétés, souvent moins impactées par la maladie
Des différences de comportement variétal
- Tolérance au froid (en particulier pour le Nord-Est de la France) ;
- Tolérance à la chlorose ferrique (pour les sols calcaires et limons froids) ;
- Vigueur sortie hiver : les plantes se redressant rapidement en sortie d’hiver affichent moins d’exposition à la maladie en bas des tiges.
La semence certifiée à privilégier car moins susceptibles de véhiculer une maladie.
Graine de ferme : écartez les lots de semences touchées et/ou présentant un taux de germination anormalement faible. Réalisez un test de germination.
Maîtrise de l’implantation
Préparation du sol
Evitez les problèmes de lissages et compactions limitant l’infiltration de l’eau.
Date de semis
Préférez des semis de mi-novembre à mi-décembre, moins exposés au gel que les semis de début novembre.
Profondeur de semis
Assurez un semis régulier à 5-6 cm (pas moins !) pour protéger le bas des plantes du gel, du déchaussement et de la maladie.
Densité de semis
Respectez les densités de semis en connaissance du taux de germination. Les pois d’hiver ramifient plus qu’il y a 10 ans.
Association
Privilégiez les associations en bio et conduites innovantes, la seconde espèce freine physiquement la propagation de la maladie. Préférez les implantations avec rangs distincts par espèces.
Protéger tôt sa parcelle pour plus d’efficacité
En cas d’hiver favorable au complexe hivernal (douceur et humidité), intervenez à partir du 20 février (stade 4/5 feuilles du pois) avec un fongicide (voir le tableau 4 dans le dossier technique) :
SUNORG PRO 0.8 l/ha
= ou PROSARO 0.8 l/ha
= ou SUNORG PRO 0.6 l/ha + AMISTAR 0.4 l/ha
= ou PROSARO 0.6 l/ha + AMISTAR 0.4 l/ha
C’est le dernier stade permettant d’atteindre le bas des plantes où très souvent, la maladie est installée. Privilégiez un volume de bouillie de 150 l/ha à 200 l/ha (voir la figure 12 dans le dossier technique). Ne négligez pas le volume de bouillie pour permettre une bonne pénétration du traitement dans le couvert végétatif. Ensuite, le couvert se referme et les traitements fin floraison permettent seulement de protéger le dessus du couvert.
Contacts :
Bastien REMURIER – b.remurier@terresinovia.fr
Gwénola RIQUET – g.riquet@terresinovia.fr
Agathe PENANT – a.penant@terresinovia.fr
Coralie BRIER – c.brier@terresinovia.fr
Anne MOUSSART – a.moussart@terresinovia.fr
Véronique BIARNES – v.biarnes@terresinovia.fr
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