Les bonnes pratiques à suivre pendant le stockage du colza
Maîtriser la température par la ventilation de refroidissement : c’est capital !
La ventilation est utilisée pour refroidir les graines. Le refroidissement se fait en différentes étapes. Ventiler dès la mise en cellule pour ramener le stock vers 20°C le plus tôt possible après la récolte (déclencher la ventilation dès que les gaines de ventilation sont recouvertes, sans attendre le remplissage complet de la cellule). Puis, si le stock doit être conservé jusqu’au printemps, réaliser 2 à 3 autres ventilations pour stabiliser la température en dessous de 10°C.
Un système aux nombreux avantages
Comme pour les céréales, la ventilation de refroidissement présente de nombreux avantages : elle permet de limiter, voire d’empêcher, le développement d’insectes. Elle permet également d’éviter des accidents de conservation tels que la production de chaleur liée à la respiration des graines et l’acidification des graines qui nuit gravement à la qualité de l'huile.
Conseils de ventilation
L’air de refroidissement est généralement pulsé dans les cellules par des ventilateurs. Veiller à ce que ces derniers travaillent dans la zone normale de leur diagramme débit-pression, soit à une pression au plus égale à 80 % de la pression maximale.
Les pertes de charge (= résistance au passage de l'air de ventilation) introduites par le colza sont importantes, nettement supérieures à celle d'un blé. Pour ventiler le colza, il est judicieux de réduire la hauteur de chargement des cellules ou de réduire éventuellement la vitesse de l’air en ventilant plusieurs cellules avec le même ventilateur.
Dans tous les cas, la durée de ventilation du colza est supérieure d’environ 25 à 40 % par rapport à celle du blé. Pour faciliter la ventilation, éviter les jetées de graines très hautes et la formation de dômes créés par le remplissage (zones de tassement accumulant graines cassées et poussières fines), ou transiler ces dômes.
Les bonnes pratiques à suivre avant le stockage du colza
Nettoyer préalablement à la mise en stockage
Un conseil simple, mais efficace, est le nettoyage soigneux des locaux de stockage avant remplissage (balayage, aspiration) et des circuits de manutention. Le nettoyage doit se faire du haut vers le bas, en faisant attention aux endroits difficiles. Il est obligatoire de détruire les déchets.
Le traitement insecticide des parois de magasin à plat ou de cellules est une pratique autorisée et efficace. Cependant, être prudent dans le cas des graines oléagineuses : les LMR (limites maximales de résidus) étant très basses, il y a un risque de les dépasser en pratiquant cette technique, en particulier si le remplissage se fait peu de temps après le traitement.
Sécher : une basse teneur en eau des graines est une bonne garantie de conservation de la qualité
Pour une bonne conservation sur une longue durée, qui permet d’éviter l’acidification des graines, le développement d’insectes et de moisissures, il est recommandé de stabiliser les graines de colza à une humidité entre 8 et 9 %.
Nettoyer les graines à la réception
Les graines doivent être nettoyées à la réception : une masse de graines nettoyées est plus homogène et permet un meilleur refroidissement par ventilation. Selon les normes de commercialisation, les graines oléagineuses livrées aux huileries ne doivent pas contenir plus de 2 % d’impuretés.
Pour assurer la qualité des produits stockés, veiller au bon réglage de la moissonneuse-batteuse et récolter à la bonne date. Plus en amont, choisir des variétés de précocité adaptée à la région et maîtriser les adventices.
Exigences réglementaires pour le stockage du colza
Insectes du stockage et colza
Les graines de colza ne sont pas sujettes aux attaques d’insectes, contrairement au tournesol qui peut parfois présenter des infestations d’insectes. En revanche, lorsque les conditions de stockage sont mauvaises, des populations d’acariens du colza (Tyrophagus putrescentiae) peuvent se développer. Ce ne sont pas des insectes mais des arachnides, blanchâtres, de très petites tailles (0,5 à 1 mm), ressemblant à une « poussière vivante ». Ils se concentrent en surface des stocks et n’affectent pas la totalité des graines. Ils ne posent généralement pas de problème à la commercialisation des lots mais révèlent plutôt que le grain n’a pas été conservé dans de bonnes conditions.
Interdiction de traiter les graines oléagineuses stockées avec des insecticides de contact
Contrairement aux céréales stockées sur lesquelles sont employés des insecticides de contact de la famille des organophosphorés (pyrimiphos-méthyl, chlorpyriphos-méthyl) et des pyréthrinoïdes (deltaméthrine, pyréthrines, cyperméthrine), aucun de ces produits n’est autorisé sur graines oléagineuses (tournesol, colza, soja) au cours du stockage.
Seul le gazage à la phosphine (PH3, issu d'une application de phosphure de magnésium ou de phosphure d'aluminium) est autorisé sur denrées stockées en tant que traitement général ; il est donc homologué pour la désinsectisation des graines oléagineuses durant leur stockage. Toutefois, la mise en œuvre d’une fumigation à la phosphine est soumise à une réglementation stricte et à une autorisation particulière.
Limites réglementaires de résidus très faibles
Les traitements par insecticides de contact n’étant pas autorisés sur graines oléagineuses stockées, les limites réglementaires de résidus sont très faibles (généralement au niveau de la limite de détection).
La deltaméthrine (sur colza et tournesol) est autorisée en traitement aérien en culture. Les LMR (limites maximales de résidu) retenues correspondent donc aux maximas attendus en respectant les bonnes pratiques agricoles. Elles sont bien inférieures à celles découlant d’un traitement direct des graines de céréales après la récolte.
Limite maximale de résidus (LMR) des produits phytosanitaires en mg/kg (Réglementation européenne harmonisée)
| Substances actives | Colza | Rappel : céréales |
| pyrimiphos-méthyl | 0,5 | 5 (blé, orge) et 0,5 sur maïs |
| chlorpyriphos-méthyl | 0,05 | 3 |
| deltaméthrine | 0,2 | 1 sur blé et riz, 2 sur autres céréales |
| pyréthrines | 3 | 3 |
| cyperméthrine | 0,2 | 2 (blé, orge) et 0,3 sur maïs |
| phosphure d'hydrogène | 0,05 | 0,05 sur blé et orge, 0,7 sur maïs |
En aucun cas, ces limites ne permettent un traitement insecticide sur graines oléagineuses stockées.
Attention aux traitements des locaux vides
Ces mêmes insecticides de contact peuvent être utilisés dans les locaux de stockage vides. Cette pratique peut entraîner la présence de résidus dans les graines qui y sont ensuite entreposées.
Sur graines oléagineuses, les LMR étant basses pour ces substances, il faut éviter de mettre en contact des graines oléagineuses avec des parois de locaux ou du matériel de stockage récemment traités à l’aide d’insecticides de contact, en particulier en cas de cellules de faible capacité.
Pas d’insectes à la commercialisation
L’absence d’insecte vivant fait partie des clauses contractuelles pour la commercialisation des graines oléagineuses. Cela signifie qu’un lot peut être refusé par le client s’il détecte, lors des contrôles à l’agréage, la présence d’un seul insecte vivant quelle que soit l’espèce.
Stockage du colza à la ferme
Les conditions de stockage du colza sont différentes de celles des céréales même si les installations sont identiques.
L’humidité des graines doit se situer autour de 8 % ; ce qui correspond à une humidité relative de l’air de 70%, qui limite le développement de micro-organismes. Trop sec, en dessous de 6-7 %, les graines peuvent se casser lors des manutentions ; au-delà de 9 %, il y a des risques d’échauffement et d’altération de l’huile des graines.
Les bonnes règles de conservation
Récolter des graines saines et à maturité. Eliminer les impuretés au nettoyeur-séparateur (les impuretés sont plus humides et créent des foyers d’échauffement).
Refroidir progressivement les graines dans les cellules de stockage par « doses de ventilation » pour ramener les graines à 10 °C à l’entrée de l’hiver (ou moins si c’est possible). En général trois doses de ventilation suffisent : immédiatement après la récolte, en septembre, en novembre et éventuellement une quatrième dose en décembre ou janvier). Ne pas ventiler si l'écart entre la température des graines de colza et la température de l’air extérieur dépasse 10°C car il y a un risque de condensation sur les parois (porter cet écart jusqu'à 15 °C juste après la récolte car la température ambiante est plus élevée).
Contrôler régulièrement la température de la masse pour détecter un tout début d’échauffement.
Adapter la ventilation au colza : réduire la hauteur de chargement des cellules ou réduire la vitesse de l'air en ventilant plusieurs cellules avec le même ventilateur. Ventiler le colza plus longtemps que le blé (environ 25 à 40 % de temps en plus).
Conduite à tenir à la collecte en cas de présence de graines germées
Sécher les lots rentrés au-delà de 10-12 % d’humidité.
En-dessous de ce niveau d’humidité, ventiler les lots avec graines germées pour les amener rapidement à 7-8 % d’humidité. Ceci permet de réduire fortement le métabolisme de la graine et tout développement de microorganismes qui peuvent très rapidement accélérer la formation d’acidité dans l’huile.
Procéder à des prises d’échantillons pour analyser la teneur en huile et le niveau d’acidité des lots collectés. C'est le seul moyen de cerner l’impact réel du phénomène sur la qualité.
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