16,17,19,23,79,85,86,87
Charançon du bourgeon terminal : évaluer le risque avant d’intervenir
La gestion du charançon du bourgeon terminal repose en premier lieu sur la combinaison de leviers agronomiques car les solutions phytosanitaires sont limitées. Terres Inovia fait le point sur l’évaluation du risque à la parcelle et les insecticides à utiliser, lorsque la situation l’exigera. Deux OAD sont proposés pour accompagner agriculteurs et techniciens.
La cuvette jaune pour détecter l’arrivée
Il est important de suivre, en plus des pièges dans les parcelles, un réseau de piégeage comme celui du BSV qui permet d’établir une dynamique de vol à l’échelle d’un territoire et de positionner au mieux la protection insecticide, si elle est nécessaire.
Pour autant, il n’existe pas de relation entre le nombre d’individus capturés et les dégâts.
Les toutes premières captures ont été signalées en région Centre-Val de Loire il y a une dizaine de jours. Ce début de semaine, d’autres piégeages ont été confirmés en région Centre, dans le sud Ile-de-France et dans de rares situations ailleurs sur la partie Ouest de la France (voir cartes issues des données BSV ci-dessus).
Un outil de prédiction des arrivées de charançons du bourgeon terminal
La dynamique de croissance durant l’automne jusqu’en entrée hiver est déterminante
Le risque charançon du bourgeon terminal est réduit pour les colzas levés précocement qui poussent régulièrement au cours de l’automne et jusqu’à l’entrée de l’hiver. Evaluer l’état de la parcelle de colza (mesurer la biomasse aérienne en kg/m² ou g/plante et en observer l’état des pivots) permet de savoir si le colza sera capable de faire face à une attaque de charançons. C’est la combinaison de cet état agronomique et de la présence du ravageur qui permet d’évaluer le risque à la parcelle.
Faut-il intervenir ? Et avec quoi ?
Terres Inovia a développé un outil d’aide à la décision « Colza Risques Charançons du bourgeon terminal » (outil en cours de mise à jour). L’estimation du risque global à la parcelle est associée, si elle est nécessaire, à une recommandation de lutte insecticide. Cet outil permet de classer une parcelle dans un niveau de risque global. Le risque global combine un risque agronomique et un risque lié à la nuisibilité historique du charançon dans le département. L'OAD s’utilise en complément des infos fournies par les BSV, les réseaux de cuvettes jaunes et le modèle de prédiction des vols. A l’automne 2024, les captures en Poitou-Charentes ont augmenté sur l’ensemble du territoire. Dans cette région, la nuisibilité historique est plutôt faible, mais elle pourrait évoluer si cette dynamique de piégeage se poursuit.
La résistance du charançon du bourgeon terminal aux pyréthrinoïdes (mutation KDR), bien que détectée dans les principaux bassins de production reste d’un niveau assez faible. Les pyréthrinoïdes demeurent donc relativement efficaces. En cas de besoin, utiliser un pyréthrinoïde autorisé comme la lambda-cyhalothrine, la deltaméthrine ou la cyperméthrine. L’étofenprox affiche un niveau d’efficacité inférieur.
Un coléoptère discret
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Julien Charbonnaud - j.charbonnaud@terresinovia.fr - Région Centre-Val de Loire
Jean Lieven - j.lieven@terresinovia.fr - Normandie, Ile-de-France Ouest
Thomas Mear – t.mear@terresinovia.fr - Bretagne, Pays de la Loire
Elodie Tourton - e.tourton@terresinovia.fr - Poitou-Charentes, Vendée, Limousin
Altises d'hiver : les bons réflexes, au bon endroit, au bon moment
Du stade cotylédons jusqu’au stade à 3-4 feuilles du colza, la lutte insecticide ne s’envisage, à la parcelle, que si la culture pousse moins vite qu’elle n’est dévorée.
D’après les BSV rédigés à partir des observations des 16 et 17 septembre, la situation est assez contrastée :
- En Poitou-Charentes, à peine 10-15 % des parcelles suivies ont franchi le stade B4. La majorité des situations sont potentiellement exposées au risque mais les captures et les morsures restent à ce jour limitées et supportables.
- En Bretagne et Pays de la Loire, les stades stades majoritaires sont entre 2 et 4 feuilles. Les captures d’altises et les signalements de premiers dégâts sont encore peu fréquents.
- En région Centre-Val de Loire, un tiers des parcelles signalent des captures. A ce jour, 35 à 40 % des parcelles du réseau BSV ont atteint ou dépassé le stade B4.
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En Normandie et Ouest Ile-de-France, respectivement 20 % à 35 % des parcelles ne sont plus menacées du fait du stade du colza. Les captures de grosses altises et les morsures sur plantes sont en augmentation. Entre 50 et 75 % des parcelles ont signalé des captures et/ou des morsures sur plantes.
Dans toutes les régions, les premiers signalements restaient tolérables jusqu’au milieu de cette semaine mais les choses peuvent vite évoluer. Une vigilance absolue s’impose désormais pour les colzas en phase sensible, a fortiori ceux marqués par une faible vigueur au démarrage, des défauts de peuplement et des dégâts occasionnés par d’éventuels autres ravageurs. La hausse des températures doit attirer l’attention sur les menaces et risques potentiels à venir.
Surtout pas d’affolement, éviter les traitements inconsidérés !
Dans un contexte de résistance des altises d’hiver aux pyréthrinoïdes, la lutte insecticide contre les adultes doit être évitée dans la mesure du possible et ne doit s’envisager que :
- si la survie de la culture est incontestablement menacée, du stade cotylédons jusqu’à 3 feuilles étalées du colza ;
- à partir d’un raisonnement à la parcelle (observation minutieuse de l’évolution des dégâts) ;
- si les insectes sont suffisamment actifs et nombreux (rappel : après son arrivée en parcelle, la grosse altise se nourrit du colza la nuit) ;
- si la culture pousse moins vite qu’elle n’est dévorée ;
- en respectant les précautions et règles d’usage des insecticides (volume d’eau…).
En cas de besoin, les traitements se réalisent sur un colza n’ayant pas atteint le stade 3-4 feuilles étalées.
Seuil indicatif de risque : 8 pieds sur 10 avec présence de morsures et avec 25 % de la surface végétative détruite.
NB : tenir compte d’une moyenne de défoliation observée sur toutes les feuilles des plantes. Si le feuillage est déjà gravement affecté par d’autres ravageurs défoliateurs (petites altises, limaces, tenthrèdes par exemple), c’est le pourcentage total de défoliation qui doit être considéré.
Quel insecticide choisir, en dernier recours ?
Dans les régions du Centre et Ouest de la France, la résistance forte de type "SKDR" n’est pas généralisée. Les pyréthrinoïdes restent un moyen de lutte - à utiliser avec parcimonie - pour préserver leur efficacité dans la durée (notamment pour la gestion des larves d’altise, plus dommageables que les adultes).
Dans tous les cas, si besoin, intervenir dans de bonnes conditions de traitement à la nuit tombée. Utiliser un volume de bouillie de 150 ou 200 l/ha.
Dans les essais de Terres Inovia, l’efficacité* moyenne mesurée 7 jours après traitement indique que :
- KARATE ZEON (lambda-cyhalothrine), DECIS PROTECH (deltaméthrine) et la cyperméthrine (CYTHRINE MAX ou SHERPA 100EW) sont comparables.
- TREBON 30EC (etofenprox) est inférieur à KARATE ZEON ou une cyperméthrine.
- MANDARIN GOLD (esfenvalérate) est inférieur aux références. Pour ce produit : fin de distribution le 01/03/2025 et fin d’utilisation au 28/02/2026.
* Efficacité mesurée sur la base du % de destruction foliaire
Points d’attention
- Tout insecticide appliqué au moment du pic d’activité des grosses altises adultes ne saurait garantir une efficacité suffisante pour lutter contre les infestations larvaires ultérieures. Les traitements “d’assurance” ou “ de nettoyage” sont à proscrire. Il sera plus efficace de lutter directement contre les larves.
- L’altise d’hiver adulte est active surtout dans les premières heures qui suivent la tombée de la nuit. C’est pourquoi l’application en soirée, idéalement à l’obscurité, est à privilégier avec un volume de bouillie d’au moins 150 à 200 l/ha.
Altises et morsures : quel risque pour la culture ?
Le seuil de dommage est souvent atteint à partir de 25 % de défoliation des cotylédons et premières feuilles. Plus les dégâts s’accumulent brutalement et tôt (sur cotylédon notamment), ou plus la surface foliaire produite par le colza préalablement est faible, plus l’impact des morsures est élevé.
Les situations agronomiques ayant provoqué une vigueur faible au démarrage sont à surveiller de près : levée tardive, sol motteux, caillouteux, précédent blé ou orge de printemps, lit de semences pailleux, variétés peu vigoureuses au démarrage…
L’observation est la base du raisonnement
Les captures dans les cuvettes jaunes -position enterrée- servent à détecter l’arrivée puis l’activité (Nocturne) des altises d’hiver. Les pièges jaunes ne sont pas un outil de décision de traitement. C’est l’observation très régulière, à la parcelle, de l’état du colza entre les stades cotylédons et 3 feuilles qui guide le raisonnement.
Observer au crépuscule, idéalement dans les 2 heures qui suivent la tombée de la nuit pour apprécier très régulièrement l’évolution de la présence des altises.
Plus que le seuil, la vitesse d’accumulation des dégâts et la vitesse de croissance de la culture sont les critères à prendre en considération, quasiment au jour le jour pour mesurer au mieux le rapport de force. Seul un suivi quotidien permet de bien discerner les morsures anciennes et récentes.
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► La cuvette jaune, le piège incontournable pour détecter l’arrivée des ravageurs du colza
► Gestion en cours de campagne des grosses altises adultes (altises d’hiver)
► Etat des résistances selon la région et le ravageur
► MINECTO GLOD : autorisation dérogatoire pour le colza
Consulter l’OAD de Terres Inovia Lien vers l'outil : Estimation du risque lié aux altises adultes |
Julien Charbonnaud - j.charbonnaud@terresinovia.fr - Région Centre-Val de Loire
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Elodie Tourton - e.tourton@terresinovia.fr - Poitou-Charentes, Vendée, Limousin
Soja : profitez de cette belle semaine pour récolter les parcelles mûres
Au regard des températures exceptionnellement élevées sur juin et début juillet, les sojas se sont rapidement développés. L’accélération de la maturation avec les fortes températures de mi-août a été moins brutale qu’attendue. Les parcelles ont commencé à changer de couleur début septembre. Quand les premières gousses virent au marron beige sur les plantes, les sojas arrivent au stade R7. A ce stade, il reste une vingtaine de jours avant la récolte. L’accalmie de pluie prévue cette semaine devrait permettre de battre les sojas précoces semés début mai.
TOP récolte : les graines « sonnent » dans les gousses
Il est important de bien repérer le stade optimum de récolte du soja qui se caractérise par le fait
L’humidité du grain est généralement comprise entre 14 % et 16 %. Les normes de commercialisation sont de 14 % d’humidité et 2 % d’impuretés. Une récolte avec une humidité supérieure entrainera de fait des frais de séchage qui viendront diminuer la marge de la culture.
De plus, il faut être vigilant et livrer rapidement la récolte car la graine ne se conserve pas au-dessus de 14 % d’humidité.
A contrario, récolter un soja trop mûr est contre-productif car cela augmente le risque d’égrenage et donc la perte de grains à la récolte. A trop attendre, les gousses finissent par vriller et s’ouvrent, laissant tomber les graines au sol. A sur-maturité, il y a aussi un risque de réhumectation et donc de baisse de qualité.
Soja de Varzay (17), le 8 septembre 2025
Récolter tranquillement
Lors de la récolte, il est important d’adopter une vitesse modérée, de l’ordre de 4-5 km/h et de descendre la barre de coupe au maximum. L’objectif est de récolter l’ensemble des gousses, même les plus proches du sol. Si ces conditions ne sont pas respectées, on peut perdre 3 à 4 q/ha en laissant les premières gousses dans le champ.
La coupe flexible : une solution pour récolter les gousses les plus basses
L’une des principales préoccupations au moment de la récolte est d’arriver à récolter l’ensemble des gousses, y compris les plus proches du sol. Les coupes flexibles peuvent répondre à ce problème. En effet, ce type de matériel est capable d’épouser la forme du sol et ainsi de récolter au plus près du sol (jusqu’à 5 cm environ) sur toute la largeur de coupe. Néanmoins, il faut noter qu’il y a encore peu d’équipements de ce type dans la région, le prix est un frein à son développement.
Pour plus d'informations, consulter l'actualité : Récolter du soja avec une coupe flexible
Elodie Tourton - e.tourton@terresinovia.fr - Poitou-Charentes, Vendée, Limousin
Désherbage du lin oléagineux : quel programme pour les semis 2025 ?
Le programme de désherbage antigraminées évolue sur le lin oléagineux d’hiver à la suite du retrait d’AVADEX 480. Découvrez quel programme pour les semis 2025.
COLZAMID (napropamide) en postsemis-prélevée est la solution alternative à l’AVADEX 480 travaillée par Terres Inovia depuis 4 campagnes (essais avec observation de la sélectivité et de l’efficacité). Son utilisation sur lin oléagineux est possible parce que COLZAMID couvre toute la portée de l’usage « Crucifères oléagineuses*Désherbage» (colza, lin, etc,.). Attention, les applications en présemis incorporées ne sont pas sélectives du lin.
En situation de pression en graminées, un désherbage de pré-levée peut être réalisé avec COLZAMID (napropamide) à 1,5 l/ha. L’efficacité sera supérieure ou égale à AVADEX 480 qui lui est incorporé en présemis. Sur colza et en situation de ray-grass, COLZAMID en prélevée est légèrement inférieur à 500-600 g ha de métazachlore. Contre vulpin, COLZAMID est plutôt équivalent. Il faut souligner que les conditions de réussite du désherbage sont meilleures en lin (application fin septembre-début octobre) grâce à des sols souvent plus frais au moment des application. L’efficacité est alors comprise entre 50 et 80%.
Le spectre d’efficacité de COLZAMID sur dicotylédone est intéressant et nettement supérieur à AVADEX480, notamment sur coquelicot, c’est aussi un complément sur les pensées et véroniques. Les efficacités sur matricaire et véronique ne sont pas négligeables.
- Appliquer l’herbicide dans les 48h après le semis
- L’efficacité est abaissée en présence de mottes ou de résidus
- L’application sur sol frais permet une efficacité optimale
- L’efficacité est moins régulière sur des sols argileux
- Ne pas appliquer avant de fortes pluviométries, ni sur sols
- Sur sols limoneux ne pas dépasser la dose de 1,5 l/ha, sur d’autres sols la dose peut être montée à 2 l/ha.
Nous devons préciser qu’à ce jour la société UPL couvre uniquement les applications à 1,5 l/ha.
Cette base sera complétée en végétation par un antigraminées foliaire, dans le cas où les ray-grass et/ou vulpins sont encore sensibles. Une vigilance sera portée sur ces applications, les efficacités fortement affectées par la résistance aux inhibiteurs de l’ACCase (“fop”, “dime” et “den”) sont parfois meilleures pour la cléthodime. Mais la fréquence de la résistance progresse, d’où l’intérêt du désherbage de prélevée, parfois la seule façon de contrôler les graminées. Dans les cultures plus faciles à désherber, il est préférable de limiter le recours à la cléthodime pour faire durer l’efficacité. En colza, pour contrôler les repousses, il est préférable de choisir un « fop » (AGIL, etc,.) et la cléthodime ne doit s’envisager que si l’on vise une efficacité optimale dans un programme avec KERB.
En non labour et au semis, il est fortement recommandé, si le dernier passage d’outil date de plus de 5-8 jours, d’appliquer un glyphosate pour éliminer les premières levée de ray-grass ou de vulpin. Cette technique est préférable à un travail du sol au moment du semis (exemple avec un semis en combiné) qui peut favoriser, encore plus, de nouvelles levées en culture.
Le faux semis est en effet un levier incontournable et, dans la rotation d’autres leviers peuvent être activés pour lutter contre le ray-grass ou le vulpin : introduction d’une culture de printemps, voire deux successives, labour occasionnel, etc,.
En lin d’hiver : attention à la sensibilité au gel des antigraminées foliaires
Une autre donnée doit aussi être prise en compte, celle de l’augmentation de la sensibilité des lins au gel après passage d’un antigraminée foliaire (AGF) à l’automne :
• Dans les zones à hivers froids (Centre, Nord et Est), éviter autant que possible l’usage d’un AGF avant la sortie hiver.
• Dans les zones à hivers plus doux (Sud-Ouest, Ouest), l’application d’un AGF à l’automne est envisageable, seulement en cas de concurrence précoce.
• D’une manière générale : mieux vaut positionner l’AGF en sortie d’hiver.
Régulateur à l'automne : bien utile ?!
Le retour tardif des pluies dans la majorité de la zone ouest a conduit à des levées fin août début septembre. La question de la régulation ne se pose pas pour toutes ces parcelles. La croissance des plantes pouvant être en plus pénalisée par des phytotoxicités.
Pour quelques cas exceptionnels de levée début à mi-aout, la question de la régulation peut se poser.
La grille présentée ci-dessous, a été conçue pour informer des risques et aider à la décision de recourir ou non au régulateur à l’automne. Les critères pris en compte sont :
- La période d’atteinte du stade 6 feuilles : si le stade 6 feuilles est observé avant le 10 ou 20 octobre (voir découpages secteurs dans la carte ci-dessous), les règles de décision s'appliquent.
- La sensibilité variétale : des différences de comportement s’observent dans les essais d’évaluation. Les variétés sont classées en 3 catégories de sensibilité à l’élongation automnale : forte / moyenne / faible.
- La densité de plantes de colza : le risque élevé est atteint si peuplement > 50 pieds/m² pour un écartement inférieur à 30 cm ou si peuplement >15 plantes par mètre linéaire.
- La réserve azotée disponible pour le colza : le risque élevé concerne les cas où les réserves azotées sont importantes (>100 u) ou si des apports de PRO (Produits Résiduaires Organiques) sont régulièrement effectués à l’échelle de la parcelle.
- L'état de croissance au moment de la décision : le risque élevé s'applique aux “gros colzas”, vigoureux et poussants, avec port en rosette, pivot bien développé et feuilles les plus développées très longues (> 20 cm entre la base du pétiole et le bord du limbe).
Quand intervenir ?
Dans les parcelles à risque fort ou assez fort d'élongation et uniquement dans ces cas, intervenir avec un régulateur de croissance au stade optimum de 6 feuilles du colza. Au-delà de 8 feuilles, le régulateur freine difficilement les élongations qui sont bien souvent déjà amorcées.
Sur des colzas déjà allongés, le régulateur ne peut, au mieux, que freiner le développement végétatif des plantes et endurcir légèrement le colza. L’efficacité maximale est toujours obtenue en anticipant le phénomène d’élongation, donc avant 7 feuilles. Des conditions « poussantes » favorisent l’efficacité des produits.
Ce type d’application n’a aucun effet direct sur le comportement du colza au printemps (pas de réduction de taille ni de verse).
Caractéristiques des produits régulateurs de croissance du colza à l'automne
| CARYX | SUNORG PRO et autres génériques | MAGNELLO (1) | MEDAX TOP (2) (3) | |
| Composition |
Mépiquat-chlorure 210 g/l + |
Metconazole 90 g/l |
Tébuconazole 250 g/l + |
Mépiquat-chlorure 300 g/l + prohexadione-calcium : 50 g/L |
| Dose d'AMM | 1,4 l/ha | 0,8 l/ha | 0,8 l/ha | 1,0 l/ha |
| Dose conseil Régulateur de croissance |
0,7 l/ha | 0,4 à 0,6 l/ha | 0,6 à 0,8 l/ha | 0,8 à 1,0 l/ha |
| Coût indicatif | 22 € HT/ha | 13 à 20 € HT/ha | 22 à 30 € HT/ha | 26 à 32 € HT/ha |
(1) Une seule application/an pour l’usage régulateur. Pas d’application possible de certains produits à base de tébuconazole (ex : BALMORA, HORIZON EW, BALTAZAR, génériques) plus tard en cours de cycle quel que soit l’usage (régulateur de croissance, cylindrosporiose, maladies fongiques des siliques, sclerotiniose).
(2) Fractionnement possible en 2 applications à 0,5 l/ha. Respecter un intervalle de 14 jours entre deux applications
(3) 2 applications à dose pleine (1 l/ha) maximum par an et par culture (1 intervention à l’automne et 1 au printemps) en respectant un intervalle de 90 jours.
Les mélanges régulateurs + MOZZAR/BELKAR sont déconseillés.
Consulter l’outil "Mélanges de produits phytosanitaires" (en cliquant-ici) pour s’assurer que, sur le plan réglementaire, les régulateurs soient bien mélangeables avec les insecticides et herbicides.
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L’expérience de 2023 – Bon à savoir
Merci aux partenaires : Chambres d’Agriculture de Normandie, Chambre d’Agriculture de région Ile-de-France, lycée du Robillard, BASF Agro, Soufflet Agriculture, Ets Lepicard et CER France 61 |
Jean Lieven - j.lieven@terresinovia.fr - Normandie, Ile-de-France Ouest
Julien Charbonnaud - j.charbonnaud@terresinovia.fr - Centre-Val de Loire
Thomas Mear - t.mear@terresinovia.fr - Bretagne, Pays de la Loire
Colza : limiter l'impact des repousses de céréales
Comme souvent, les repousses de céréales sont à redouter, en particulier le long des anciens andains de récolte, après déchaumages. Examinez et mesurez le risque rapidement pour éviter une concurrence préjudiciable durant la phase d’installation.
Nuisibilité potentielle dès 5-10 repousses de céréales/m²
A partir de 5 à 10 repousses/m² une intervention spécifique est souvent nécessaire. Les repousses d’orge d’hiver sont plus concurrentielles que celles de blé.
Quand intervenir, et avec quelle solution, pour gérer les repousses ?
En cas de concurrence forte et précoce, il faut intervenir rapidement, dès le stade cotylédon du colza si c’est urgent et à partir d’1-2 feuilles des céréales, même si généralement on patiente jusqu’à 2-3 feuilles au moins.
Sur repousses, préférer les produits de la famille des « fops » pour leur rapidité d’action. Réserver les produits de type dimes, souvent plus onéreux et moins rapides d’actions, pour un usage anti-ray-grass ou anti-vulpin.
Le tableau suivant intègre des exemples de produits. Les doses sont à ajuster au stade des repousses (de 2-3 feuilles à 2 talles) :
En cas de risque vulpin ou ray-grass associé au risque repousses
Seules les parcelles avec présence de fortes populations de vulpin ou ray-grass (> 20 à 50 /m²) nécessitent précocement un anti-graminée de type « dime » pour réduire la concurrence jusqu’à l’antigraminée de type Kerb, Ielo.
Dans ces cas, l’application "une pierre deux coups” doit viser le meilleur compromis « stades / densité » au regard de la dynamique des infestations concomitantes. Dans le cas d’utilisation de cléthodim, le stade des colzas doit être d’au moins 2 feuilles.
Respecter les conditions d’application des antigraminées foliaires :
Le jour J (efficacité) - dans les 3-4 jours qui précédent ou qui suivent l’application (efficacité et sélectivité) :
- T°C >10° et < 25°C le jour de l’application, conditions poussantes et plantes réceptives, c’est-à-dire non stressées par un à-coup climatique ;
- volume d’eau suffisant (> 150 L/ha) pour toucher correctement la cible ;
- temps calme et absence de pluie dans les 1-2 heures qui suivent.
- hygrométrie supérieure à 60-70 % ;
Dans les 3-4 jours qui précédent ou qui suivent l’application (efficacité et sélectivité) :
- pas de fortes amplitudes (plus de 15°C entre mini et maxi),
- pas de gel ou de fortes pluies de nature à stresser les plantes.
Julien Charbonnaud - j.charbonnaud@terresinovia.fr - Centre, Val de Loire
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Lupin d’hiver : réussir son implantation
Les semis de lupin d’hiver vont bientôt commencer. Après une préparation souvent anticipée du sol afin de limiter le risque mouche des semis, l’implantation doit être soignée pour donner à la culture toutes ses chances de réussite.
Choix de la parcelle

Le choix de la parcelle est un critère très important pour la réussite du lupin d'hiver.
Sont à éviter :
- Les parcelles hydromorphes – le lupin est très sensible aux excès d’eau, beaucoup plus que le pois ou la féverole ; les études récentes ont montré qu’il s’agit souvent du 1er facteur limitant le potentiel de rendement.
- Les parcelles présentant un taux de calcaire actif supérieur à 2.5% - le calcaire actif bloque le développement du lupin, qui jaunit, reste nain et finit par disparaitre ;
- Les parcelles présentant un fort risque de salissement – peu de solutions sont homologuées sur lupin, la gestion de l’enherbement est un point sensible de l’itinéraire technique de la culture.
Choisir une parcelle saine, à pH à tendance acide (pH<7), afin de favoriser le bon développement de la culture.
► Comment choisir sa parcelle
Limiter le risque mouche des semis
La mouche des semis est un des principaux ravageurs du lupin. Attirée par les gaz émis par les pailles fraiches en décomposition, la femelle y pond plusieurs centaines d’œufs. Durant les 3 semaines qui suivent, la larve, très attirée par les graines en germination, peut s’attaquer aux jeunes pousses de lupin. Elle creuse ainsi des galeries dans les cotylédons, les tigelles et les jeunes pousses, détruisant le germe et provoquant le pourrissement des tissus.
La période de risque pour le lupin se situe avant le stade 4 feuilles ; au-delà, les tissus sont assez durs pour résister.
Au-delà du travail du sol en amont (idéalement 3 semaines avant le semis) permettant de limiter le risque, l’implantation va également jouer un rôle dans l’atténuation du risque :
- Semer en bougeant au minimum le sol, dans des conditions ressuyées, à 3 cm maximum de profondeur, afin de favoriser une levée dynamique et atteindre rapidement le stade 4 feuilles.
- Semer aux périodes conseillées, un semis trop tôt peut exposer un peu plus le lupin au cycle de la mouche des semis. A l’inverse, un semis trop tardif va limiter la vigueur du début de cycle avant l’hiver.
► Travail du sol pour limiter le risque « mouche des semis »
Variétés
Quatre variétés de lupin d’hiver sont inscrites – ORUS, MAGNUS, ULYSSE et ANGUS. Ce sont principalement ORUS et MAGNUS qui sont multipliées aujourd’hui.
Votre choix doit se faire en fonction du débouché (couleur des graines, teneur en protéines...), et de la localisation de votre parcelle (résistance au froid, précocité à floraison ...).
► Déterminer son choix variétal
Penser à l’inoculum !
Contrairement au pois ou à la féverole, Bradyrhizobium lupini, le rhizobium spécifique au lupin, n'est pas naturellement présent dans tous les sols français. Il est donc fortement conseillé d’inoculer une parcelle portant pour la première fois du lupin, afin d’assurer son autonomie azotée.
Date et densité de semis
Semer le lupin entre le 10 et le 30 septembre. Dans le Sud-Ouest, les semis peuvent être retardés jusqu’à la mi-octobre.
Semer dans de bonnes conditions de ressuyage afin de favoriser la mise en place d’un système racinaire solide.
Ne semer ni trop dense (risque maladie) ni trop profond (perte de vigueur face à la mouche des semis) : semer 25-30 graines/m², à 2-3cm de profondeur – objectif 20 à 25 plantes par m² en sortie d’hiver. L’écartement idéal est de 35-40 cm voire plus si vous souhaiter introduire le binage.
► Dates, densités et profondeur de semis
Désherbage
La gestion de l’enherbement reste l’un des points les plus délicats de l’itinéraire technique de la culture. En effet, peu de produits sont homologués sur lupin, limitant parfois le spectre d’action du désherbage chimique.
La stratégie antidicots reposera sur une prélevée via la pendiméthaline et la clomazone, complété en pré+post par l’isoxaben (CENT 7)
La stratégie antigraminée reposera essentiellement sur la propyzamide (KERB FLO), ainsi que quelques antigraminées foliaires de la famille des FOP.
► Désherbage de prélevée et post-levée sur lupin
Le désherbage mécanique permet un bon complément aux interventions chimiques, l’utilisation quand cela est possible de la herse étrille et surtout de la bineuse permet de maintenir les parcelles dans un meilleur état de propreté.

► Désherbage mécanique du lupin
Périodes d’intervention des différentes techniques de désherbage sur le lupin d’hiver
Association : En conduite biologique, l’association apportera une meilleure maitrise du salissement par la couverture d’une plante associée. Le triticale se prête généralement bien à l’association avec le lupin d’hiver
Attention aux limaces
La limace est, avec la mouche des semis, l’un des principaux ravageurs des jeunes lupins : elle s’attaque aux cotylédons, aux jeunes feuilles, mais également aux racines, sur lesquelles des morsures arrondies peuvent être observées. Ces morsures fragilisent les jeunes plantes et les rendent plus sensibles aux aléas hivernaux (humidité des sols, gels…).
Il est donc important de surveiller ce ravageur dès le semis et de protéger les lupins en cas de présence importante.
►Les ravageurs du lupin : limaces et taupins
Bastien Remurier - b.remurier@terresinovia.fr - Référent protéagineux zone Centre & Ouest
Enquête kilométrique tournesol : bilan de la 2ème visite Poitou-Charentes/Vendée
Les semis se sont échelonnés de début avril jusqu’à la mi-mai pour les plus tardifs. La campagne 2025 est marquée par un stress hydrique et thermique, avec deux grosses vagues de chaleur : du 20 juin au 7 juillet puis du 8 au 18 août. Les tournesols ont souffert de ces deux périodes de canicules, survenues durant le début / pleine floraison puis lors du remplissage.
Quelles sont les conséquences sur l’état sanitaire des tournesols ?
Pour répondre à cette question, les parcelles enquêtées pour le premier bilan sont à nouveau visitées.
Cette année, l’enquête recense 213 parcelles (en 2024, 195 parcelles) observées en région. Le réseau BSV Poitou-Charentes contribue pour 43 % et Terres Inovia pour 57 % (en 2024, respectivement 38 % et 62 %).
Merci aux partenaires Soufflet Agriculture, Océalia, Terre Atlantique, et la Chambre d’Agriculture de Charente pour leur participation à cette enquête terrain, ainsi que les techniciens Terres Inovia de la station expérimentale du Magneraud.
Carte : Répartition des enquêtes tournesol 2025
Caractéristiques des parcelles
Les observations de la deuxième visite sont réalisées entre juin et août, avec une majorité en juillet sur la troisième décade : 75 % des parcelles. Lors de cette deuxième visite, 32 % des parcelles étaient encore au stade floraison (42 % en 2024, lié au retard des semis), 67 % en remplissage, et 2 parcelles avaient atteint le stade récolte. La période d’observation des parcelles enquêtées est habituelle avec des stades classiques.
Sur l’ensemble des parcelles enquêtées, 4 % sont irriguées (7 % sans information). Ce taux est relativement constant entre 3 et 6 % depuis 2021.
Consulter l'intégralité de l'enquete► Enquête kilométrique TOURNESOL : bilan de la 2ème visite |
Solana Vera - s.vera@terresinovia.fr - Ingénieur DRT zone Centre & Ouest
Colza : Bilan de campagne 2024-2025 - Poitou-Charentes / Vendée / Limousin
Une fois n’est pas coutume, le début de campagne est suffisamment arrosé. Les semis restent en tendance davantage précoces en août. Les pluies de la 1ère décade de septembre assurent une levée généralisée, excepté en Deux-Sèvres. Fin septembre, la majorité des colzas est correctement installée avec des peuplements et des stades réguliers.
Le piégeage et la gestion du charançon de la tige du colza sont réalisés la 2ème quinzaine de février. Le vol de méligèthes est précoce fin février, le colza n’a pas encore de fleurs. Finalement, les populations restent contenues et les dégâts sont anecdotiques.
La floraison est classique début avril. La nouaison est exceptionnelle avec un rayonnement satisfaisant. Les hampes sont bien régulières. Le stress hydrique en terres superficielles débute dès la floraison et limite le remplissage dans plusieurs situations ; parfois couplé aux nécroses de mycosphaerella sur siliques. Les pucerons cendrés sont rares et les charançons des siliques/cécidomyies arrivent tôt. L’orobanche rameuse est bien présente, mais ses émergences sont tardives ; elle touche de nouvelles parcelles.
La fin de cycle est accélérée par les fortes températures de juin, les récoltes sont précoces et se déroulent en bonnes conditions. Le résultat est cohérent avec les conditions climatiques sans à-coup : l’année 2025 est une campagne tranquille. La moyenne en régions est estimée à 35 q/ha avec des rendements assez groupés.
► Bilan de campagne 2024-2025 - Régions Poitou-Charentes/Vendée/Limousin
Elodie Tourton - e.tourton@terresinovia.fr - Poitou-Charentes, Vendée, Limousin
Enquête kilométrique tournesol : bilan de la 1ère visite Poitou-Charentes/Vendée
Cette année, l’enquête recense 212 parcelles observées en région entre la fin-mai et la fin-juin (en 2024, 195 parcelles). Le réseau BSV Poitou-Charentes contribue pour 43 % et Terres Inovia pour 57 % (en 2024, respectivement 38 % et 62 %).
Merci aux partenaires Soufflet Agriculture, Océalia, Terre Atlantique, et la Chambre d’Agriculture de Charente pour leur participation à cette enquête terrain, ainsi que les techniciens Terres Inovia de la station expérimentale du Magneraud.
Carte : Répartition des enquêtes tournesol 2025
Caractéristiques des parcelles
Pour cette première période d’observation, les tournesols sont répartis pour 79 % en phase végétative et 20 % en phase bouton floral (en 2024, respectivement 79 % et 19 %). Le stade n’est pas renseigné pour 1 % des parcelles. Le début de campagne 2025 est bien plus précoce que l’année 2024, la majorité des parcelles a été semée dans la période préconisée. La vague de chaleur de la mi-juin au début du mois de juillet a engendré des stress hydrique et thermique sur les tournesols en début et pleine floraison.
Les conditions climatiques ont été favorables à la préparation du sol et à l’implantation, le peuplement est homogène à très homogène dans 79 % des parcelles (en 2024, 72 % et en 2023, 74%).
Consulter l'intégralité de l'enquete► Enquête kilométrique TOURNESOL : bilan de la 1ère visite |
Solana Vera - s.vera@terresinovia.fr - Apprentie DRT zone Centre & Ouest
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